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Chapitre III: La Cogénération

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A) Objectifs
A la fin de ce chapitre, l’étudiant sera capable:
- de définir la cogénération et de connaitre ses caractéristiques;
- de cerner les avantages et les contraintes de la cogénération;
- de connaitre les types et les différents composants d’un
cogénérateur;
- de connaitre comment choisir un cogénérateur et le type de
combustible;
- et d’avoir une idée sur la trigénération.
Pour mieux comprendre le cours, des travaux dirigés seront
organisés.

B) Contenu du cours et TD :
Le cours tourne autour de sept points centraux tels que :
➢ les généralités sur la cogénération;
➢ les différents composants d’un cogénérateur ;
➢ les principaux types de cogénération ;
➢ les choix technologiques;
➢ les types de combustibles ;
➢ la relation entre la Cogénération et la biomasse ;
➢ la trigénération
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I- Généralités

I-1-Définition

De façon générale la cogénération est un principe de production simultanée de


deux formes d’énergie différentes à partir d’une même source d’énergie primaire.
Mais la définition la plus courante stipule que la cogénération permet de produire
simultanément de la chaleur et de l’énergie mécanique. Elle est une
technique efficace d'utilisation des énergies fossiles et renouvelables, en
valorisant une énergie rejetée généralement dans l'environnement, comme la
chaleur. Il faut noter que l’énergie existe sous plusieurs formes et qu’il est possible
de passer d’une forme à une autre. Une centrale de cogénération peut donc fournir
les couples d’énergies suivants :

➢ Mécanique/Thermique (chaleur ou froid) ;


➢ Electrique/Thermique (chaleur ou froid).

La figure 1 présente le cas d’un système de cogénération utilisant un moteur ou


une turbine à partir d’une combustion, nous obtenons une énergie électrique et
thermique.

Figure 1 : La cogénération : Electricité/Chaleur


I-2-Caractéristiques

La cogénération est une manière intelligente de produire de la chaleur et de


l'électricité afin d’obtenir un bon rendement énergétique global. La Figure 2
montre que pour la même production d’énergie finale, la part d’énergie valorisée
passe de 68 % en production séparée à 85 % par cogénération. Donc la
cogénération réduit la consommation d’énergie primaire et par conséquent agit
aussi sur les impacts environnementaux.

Figure 2: Production séparée (à droite) et combinée (à gauche) de chaleur et


d’électricité

Le tableau 1 présente le calcul des rendements thermique et électrique pour la


production combinée et séparée de chaleur et d’électricité.
Tableau 1 : Comparaison des rendements avec production combinée et séparée
de chaleur et d’électricité

La cogénération conduit à une production décentralisée d’électricité qui, à


travers le réseau électrique, peut alimenter des clients proches ou éloignés. Elle
conduit à une production de chaleur qui doit être consommée à proximité. Les
différents systèmes de cogénération sont :

− Cogénération : gamme 1 MWe–250 MWe (industrie, réseaux de chaleur) ;

− Mini-cogénération : gamme 200–600 kWe (immeuble, ...) ;

− Micro-cogénération: gamme 5–50 kWe (maison individuelle, petit

bâtiment).

I-3-Les avantages de la cogénération

I-3-1- Energie et performance

La chaleur est exploitée par la cogénération alors que dans une centrale électrique
classique, elle est perdue. On note qu’une installation thermoélectrique
centralisée, qui produit seulement de l’électricité à partir d’un combustible, a un
rendement de 30 à 40 %. Une installation thermique performante, produisant
seulement de la chaleur à partir d’un combustible, a un rendement sur PCI de 90
% environ. Mais, une installation de cogénération produisant de l’électricité et
valorisant la chaleur, a un rendement électrique de l’ordre de 20 % et un
rendement thermique de l’ordre 70 %. Donc, le rendement global est de l’ordre
de 90 %.

I-3-2- Réduction des émissions

Cette production combinée de chaleur et d'électricité par cogénération


permet une économie en énergie primaire. Bien sûr le gestionnaire participera
activement à cette dynamique globale d'économie d'énergie primaire tout en
conservant un bon confort et pour les mêmes besoins. On note que les émissions
de gaz à effet de serre, dont le CO2, sont également problématiques. Donc, une
économie d'énergie primaire implique directement une réduction des émissions
polluantes. Pour le CO2, à chaque kWh de gaz naturel épargné, correspond 251 g
de CO2 en moins dans l'atmosphère.

I-3-3- Décentralisation de la production d’électricité

Un autre avantage de la cogénération est de pouvoir répartir la production


d’électricité sur tout le territoire et d’équilibrer l’alimentation des réseaux en
période de pointe. Ainsi, les pertes en ligne sont réduites et en plus la disponibilité
de l’énergie électrique est assurée.

I-4-Les contraintes de la cogénération

I-4-1-Equilibre : production/besoins

Produire de l’énergie localement et réduire les pertes électriques est une bonne
chose. Il faut donc éviter de générer de la chaleur qui ne sera pas consommée. La
cogénération offre la possibilité d’exploiter à la fois l’énergie thermique et
l’énergie électrique sur le site ou à proximité tout en minimisant les pertes
éventuelles avec un bon équilibre entre la production et les besoins.

I-4-2-Rentabilité financière

Un projet industriel nécessite un bon contrat d’achat d’électricité avec une bonne
disponibilité de la production électrique. Pour que le contrat soit viable, il faut
évaluer le coût financier total en tenant compte de nombreux paramètres : coût de
l’énergie primaire et son évolution, prix de l'électricité, coût d’exploitation et
d’utilisation de la chaleur. Les projets de grande ampleur ont besoin d’avoir une
vision à long terme sur les conditions économiques.
II-Les différents composants d’un cogénérateur
Le cogénérateur est principalement composé des entités suivantes :

❖ le moteur: Son rôle est de transformer le combustible (gaz, biogaz, huile


végétale, …) en énergies mécanique ;
❖ la génératrice : elle transforme l’énergie mécanique du moteur en énergie
électrique ;
❖ Le raccordement électrique : Il permet l’acheminement de l’énergie
électrique depuis la génératrice vers le circuit électrique, avec toutes les
protections nécessaires ;
❖ Les échangeurs de chaleur : Ils récupèrent la chaleur du moteur et des
fumées pour la raccorder au système de production de chaleur existant ;
❖ Le raccordement hydraulique : son rôle est d’amener l’énergie thermique
depuis les échangeurs du groupe de cogénération jusqu’au circuit
d’utilisation de la chaleur, le plus souvent un système de chauffage central ;
❖ un ballon tampon : Il permet stocker une partie de la chaleur produite
dans un ballon tampon pour l'utiliser lorsque la demande de chaleur est plus
importante ;
❖ un système de régulation : Il sert à réguler l’ensemble des équipements du
cogénérateur.

III-Les principaux types de cogénération


Il existe actuellement cinq familles de systèmes de cogénération diffèrent par leurs
systèmes de conversion, leurs sources d’énergie et leurs rendements typiques (voir
Tableau 2).
Tableau 2 : Les technologies de cogénération

III-1-Moteur à combustion interne

Les moteurs de cogénération sont disponibles dans une gamme de puissance allant
de quelques dizaines de kW à environ 4 MW. Ces moteurs produisent deux types
d'énergie thermique :

− une énergie "basse température" (environ 95 °C), récupérée sur le bloc

moteur ;
− Une énergie "haute température" (environ 450 °C), sur les gaz

d'échappement.

Ces moteurs sont conçus à partir d’un groupe électrogène sur lequel sont placés
des échangeurs de chaleur (figure 4). Leurs rendements électriques se situent
généralement entre 35 et 45 %. La récupération de chaleur permet des
températures de sortie entre 70 et 90°C, ce qui convient aux applications
domestiques. Les différents types de moteurs à combustion existants sont : le
moteur diesel et le moteur au gaz.
Figure 4: Cogénération par moteur à combustion interne

III-2- Moteur Stirling

Ces moteurs présentent l’avantage d’une combustion externe d’où la possibilité


d’utiliser différents combustibles y compris le bois. Ces moteurs sont encore dans
la phase R&D et donc ils ont un rendement médiocre avec un coût assez élevé. Ils
forment avec les moteurs Ericsson, la famille des moteurs thermiques dits "à air
chaud" ou "à gaz chaud". Cette famille se caractérise par :

− un fonctionnement alternatif avec apport de chaleur externe ;

− des cylindres de compression et de détente séparés ;

− un fluide de travail gazeux monophasique ;

− un élément régénérateur.

La Figure 5 illustre le principe du moteur Stirling. La chaleur est échangée avec


les sources chaude et froide par l'intermédiaire d’échangeurs thermiques (H et K).
Au cours du cycle, le régénérateur (R), placé à l’intérieur du moteur, échange de
la chaleur avec le fluide. Le travail moteur est fourni par le piston de détente (E).
Par contre, un travail non moteur est reçu par le piston de compression (C).
Figure 5: Schéma de principe de la structure du moteur Stirling

Il existe différents types de moteurs dont le fonctionnement est associé à un cycle


de Stirling : moteurs Stirling (alpha, bêta, gamma), moteurs Stirling à piston libre,
moteur à double effet, moteur rotatif, etc. Ces différentes architectures n’influent
pas fondamentalement sur le fonctionnement du 10 cycle thermodynamique. Par
exemple, le moteur Alpha comporte deux pistons, reliés mécaniquement, dans
deux cylindres séparés et connectés par le régénérateur. Ceci est illustré dans la
figure 6.

Figure 6: Schéma de principe de fonctionnement du moteur Stirling de type ALPHA


III-3-Piles à combustibles

Cette technologie peut présenter un rendement électrique assez élevé, mais elle
n’est pas encore totalement assez avancée pour une diffusion commerciale.
Néanmoins, la micro-cogénération semble être, à l’heure actuelle, l’une des
applications les plus prometteuses pour les piles à combustibles. Cette technologie
permet d'envisager des applications tant domestiques qu'industrielles. Son
rendement est meilleur que celui de la cogénération par moteur ou turbine.
L'augmentation du coût des énergies fossiles devrait fortement encourager
l'utilisation de cette technologie.

III-4- Moteur à cycle Rankine

Ces moteurs comme les moteurs Stirling présentent l’avantage d’une combustion
externe d’où la possibilité d’utiliser une plus grande variété de sources d’énergie.
Ils ont un rendement assez modéré qui dépend du niveau de température des
sources d’énergie. Il est donc préférable de dimensionner l’installation de ce
moteur sur la base de la demande de chaleur. Selon leur dimensionnement, ils
peuvent être employés pour des procédés industriels, des réseaux de chaleur, des
bâtiments tertiaires ou résidentiels.

III-5-Micro-turbines

Les micro-turbines peuvent utiliser une grande variété de combustibles. Ils ont un
faible taux d’émission de GES, et requièrent une faible maintenance par rapport
au moteur à combustion interne. Leur puissance globale actuelle (thermique et
électrique) est de l’ordre de 25 à 80kW.
IV-Choix technologiques
Les unités de micro-cogénération sont extrêmement simples à installer et sont
très flexibles. Pour l’installation, il suffit de réaliser les branchements au réseau
de chauffage, au réseau d’électricité et à l’arrivée du combustible. En plus, ces
unités sont souvent livrées « clé en main », dans des caissons insonorisés de
taille raisonnable. Un bon choix technologique consiste à trouver la taille et le
type de cogénération (se reporter au tableau 2). Pour cela, il est nécessaire de
connaitre avec précision :

• les besoins énergétiques de l’installation ;


• l’installation actuelle (puissance, rendement, heures de
fonctionnement…) ;
• le coût des différentes énergies.

V-Types de combustibles
Dans une approche environnementale, les combustibles utilisables peuvent être
classés selon leur origine : fossile ou renouvelable. Ceci suivant le tableau 3 ci-
dessous:

Tableau 3 : Les types de combustibles


VI- Cogénération et biomasse
La biomasse, qu’elle soit d'origine ligneuse, agricole, agro-alimentaire ou
résidentielle, constitue une source d'énergie renouvelable et, bien souvent aussi,
un déchet difficile à gérer. Dans ce contexte, la gazéification de produits ligneux
et la biométhanisation de déchets agricoles et résidentiels alimentant une unité de
cogénération peuvent apporter des réponses tant du point de vue énergétique
qu'environnemental. Les techniques de gazéification ou de biométhanisation
permettent maintenant de bien maîtriser les processus de combustion et de limiter
ainsi les émissions de polluants. Ces technologies valorisent ainsi efficacement
une source d'énergie renouvelable, présente abondamment et encore largement
sous exploitée. L'économie en CO2 engendrée par des cogénérations à partir de la
biomasse est effectivement très importante. Par ailleurs, les cogénérations à partir
de la biomasse rendent également possible la création de nouvelles filières
d'activités économiques et de nouveaux pôles d'excellence technologique. Enfin,
elles peuvent apporter des éléments de réponse à la lancinante question du
traitement des déchets. Dans certains cas et sous certaines conditions, elles
présentent, en effet, une réponse intégrée à ce problème majeur de société.

VII- La trigénération
VII-1-Définition

La trigénération ou production combinée de chaleur, d'électricité et de froid, est


le procédé par lequel la chaleur produite par une centrale de cogénération est
utilisée pour générer de l'eau réfrigérée pour la climatisation ou la réfrigération
(figure 7).

La valorisation de l’unité de cogénération pour la production de froid peut être


réalisée de deux manières:
✓ Indirecte: La chaleur récupérée de l’unité de cogénération est utilisée pour
produire de la vapeur ou de l’eau chaude dans une chaudière classique.
L’unité de réfrigération est alors alimentée par l’eau chaude ou la vapeur
provenant de la chaudière. Ce système présente l’avantage de disposer
d’eau chaude ou de vapeur pour d’autres applications.
✓ Directe : La chaleur récupérée est envoyée directement au générateur de
l’unité de réfrigération. Ce système présente l’avantage de ne pas utiliser
de chaudière, permettant une économie en frais d’investissement et de
maintenance. En outre, le système est plus compact.

Figure 7 : La Trigénération : Electricité/Chaleur/Froid

VII-1-Les types de technologies de trigénération

La trigénération offre deux types de technologies:

VII-1-1- Les machines à absorption

Ces machines utilisent, comme absorbant réfrigérant :

➢ Le couple Eau-Ammoniac adapté pour les moyennes et grandes puissance


à des températures de refroidissement inférieures à 5°C. Les applications
sont de type industriel, pour une puissance frigorifique allant jusqu’à
plusieurs MW.
➢ Le couple Bromure de Lithium-eau, utilisé pour le conditionnement d’air
(T>5°C) dans les bâtiments. Le COP est plus élevé (0,7-1,2).
VII-1-1- Les machines frigorifiques à absorption

Ces machines fonctionnent avec le couple gel de silice/eau. Les applications


concernent les besoins en eau froide jusqu’à 3°C (applications dans les nouvelles
constructions). Les machines disponibles sur le marché répondent à une puissance
frigorifique nominale de 50 à 353 kWf.

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