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Le concept de l’innovation et des projets innovants

L’innovation est le maître mot de la compétition économique actuelle, marquée par la


mondialisation des échanges. Elle représente incontestablement un véritable levier de
pérennité et de croissance du tissu économique pour créer les activités et les emplois de
demain.

L’innovation est un enjeu essentiel pour l’économie marocaine. Elle occupe un rôle
stratégique dans la modernisation et le développement de l’ensemble des forces vives de la
société. Pour le Maroc, l’innovation et le développement technologique sont désormais des
facteurs clés pour la compétitivité des entreprises. Il s’agit de construire dès aujourd’hui un
écosystème adéquat incluant les entreprises innovantes, les porteurs de projets, les centres
techniques et les universités.

Qu’est-ce que l’innovation ?


L’innovation, dans son sens commun, concerne les nouvelles techniques, les nouveaux
produits, les nouveaux services ou encore les nouveaux procédés.
Sur le plan sémantique, l’innovation peut être définit comme « le fait d’introduire quelque
chose de nouveau dans une pratique, dans un domaine particulier ».
D’un point de vue théorique la notion de l’innovation a été introduite par Joseph Schumpeter,
qui a insisté sur le rôle majeur de l’innovation comme moteur de l’économie. Schumpeter
définit l’innovation en tant que processus de destruction-créatrice, qui constitue le moteur de
la dynamique du capitalisme, et qui est le fruit du travail d’entrepreneur individuel qui rompt
le flux circulaire de l’économie.
Plus couramment, la définition du Manuel d’Oslo est la plus retenue : une innovation est la
mise en œuvre d’un produit ou d’un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d’une
nouvelle méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les
pratiques d’une entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures.
L’OCDE reconnaît donc aujourd’hui 2 formes majeures d’innovation «non technologiques» :
 l’innovation de commercialisation qui « désigne la mise en œuvre d’une nouvelle
méthode de commercialisation impliquant des changements significatifs de la
conception ou du conditionnement, du placement, de la promotion ou de la tarification
d’un produit. »
 l’innovation d’organisation, qui « désigne la mise en œuvre d’une nouvelle
méthode organisationnelle dans les pratiques, l’organisation du lieu de travail ou les
relations extérieures de l’entreprise ».

Typologie d’innovation 
Selon une étude de Garcia and Calantone menée en 2002, il s’est avéré possible de mesurer le
degré de nouveauté. Garcia and Calantone se sont rendus compte que malgré la multitude de
classifications et typologies existant dans la littérature, il y a un consensus sur l’idée de
mesurer l’innovation selon les discontinuités technologiques ou de marketing et sur un niveau
micro ou macro.
En effet, selon leur étude, les produits innovants ont deux aspects qui peuvent être sources de
discontinuités : l’aspect technologique et l’aspect marketing. Un produit innovant peut
nécessiter l’apparition de nouveaux marchés et l’acquisition de nouvelles compétences de
commercialisation. D’un autre côté, un produit innovant peut nécessiter un saut scientifique et
technologique, des nouvelles ressources de recherche et développement et des nouveaux
procédés de fabrication.
En se basant sur ces deux aspects (niveau macro/micro et l’impact technologique/ marketing),
Garcia et Calantone ont proposé une manière de classer les innovations et donc d’évaluer le
degré de nouveauté, selon trois catégories : innovation incrémentale, innovation radicale et
innovation réellement nouvelle.
Toutes les typologies d’innovation existant dans la littérature peuvent être classées sous l’une
de ces catégories proposées :
- Les innovations radicales sont celles qui présentent des discontinuités technologiques et
de marketing à l’échelle du monde, du secteur industriel (niveau macro) et aussi à l’échelle de
l’entreprise (échelle micro). Internet est un exemple emblématique ou l’iPhone combiné avec
l’Appstore.
Les innovations réellement nouvelles sont celles, qui sur un niveau macro, présentent des
discontinuités technologiques ou de marketing, mais pas les deux à la fois. Sur un niveau
micro, elles présentent des combinaisons de discontinuités technologiques et de marketing. Il
s’agit généralement de l’évolution de certaines gammes de produit (par exemple le Walkman
de Sony), de l’enrichissement d’une gamme existante par une nouvelle technologie (les
imprimantes laser de Canon) ou la conquête d’un nouveau marché par une nouvelle
technologie (les premiers fax).
- Les innovations incrémentales sont celles qui présentent des discontinuités
technologiques ou de marketing seulement sur un niveau micro. Ce sont des produits qui
présentent des nouvelles fonctions ou améliorations à une technologie existante sur un marché
existant. On peut citer l’exemple des rasoirs jetables àlames multiples et à vibration ou des
aspirateurs sans sac.
Les principales méthodes actuellement utilisées dans un contexte
d’innovation 

 LA MÉTHODE CK :
La méthode CK(concept-knowledge ou concept/connaissance) est une méthode de
créativité qui formalise le processus de conception d’idées, « d’objets inconnus ». Issue de
travaux de recherche aux Mines Telecom, elle permet la synthèse entre l’espace de créativité
(Creativity) et l’espace de savoir (Knowledge).
Cette méthode permet d’inventer ou de ré-inventer des produits/services innovants tout en
cadrant la réflexion tout au long du processus d’idéation.

 LA MÉTHODE DU DESIGN THINKING :


Le Design Thinking est une approche, initialement développée à Stanford, centrée sur
l’analyse des usages et l’intégration en continue de ces analyses dans la définition de
solutions. Sa mise en œuvre fait appel essentiellement à des techniques d’observation,
d’exploration et d’analyse des usages en situation réelle. Elle permet de bien cerner le contour
du problème à résoudre qui donnera lieu à l’innovation. Le Design Thinking permet un
processus d’analyse des usages décrit au travers de 5 étapes principales : définir, imaginer,
synthétiser, prototyper et tester.
Il permet une approche croisant à la fois une pensée analytique et intuitive. La mise en œuvre
d’une approche Design Thinking permet de mieux ancrer les projets dans la réalité des usages.

 LA MÉTHODE LEAN STARTUP :


La méthode Lean Startup préconise un processus de conception itératif de l’offre
innovante basée sur 3 étapes principales : Apprentissage (Learn), Conception (Build) et
Mesure (Measure).
Inspiré des pratiques agiles de développement logicielles, l’objectif est de se baser sur des
cycles courts de conception pour s’assurer que l’effort engagé pour développer l’offre se
concentrera, aux attentes des utilisateurs et aux besoins à satisfaire.

 LE BUSINESS MODEL CANVAS :


Le Business model Canvas est une méthode basée sur un canevas A4 découpé en 9 cases.
Il peut s’adapter tout autant à des projets innovants qu’à des projets peu innovants. Le LEAN
STARTUP CANVAS est une adaptation du canevas pour les enjeux de startups. L'objectif est
de décrire notamment le cœur de l’activité du projet, le fonctionnement de « l’usine de
production » et sa raison d’être en terme de proposition de valeur pour les clients.
Largement diffusé et utilisé aujourd’hui, il offre un support efficace et facilement partageable
pour synthétiser les informations qui font la solidité et la cohérence d’un Business Model.

Projet et Innovation
La relation entre projet et innovation est complexe dans la mesure où il semble exister une
convergence a priori entre les deux notions. Les projets constituent en effet une forme typique
du fonctionnement « organique » caractéristique des organisations innovantes. Et de fait la
littérature sur le management de l’innovation se réfère fréquemment, explicitement ou non, au
projet.
Qu’est-ce qu’un projet innovant?
L’innovation peut s’entendre de deux manières: soit vis-à-vis des moyens et méthodes
d’action mis en place pour traiter un problème, soit vis-à-vis du thème lui-même.

Ainsi sera considéré innovant un projet proposant une façon originale de traiter un problème
connu, ou abordant une thématique originale, ou les deux.

Les caractéristiques des projets selon Midler :


• Une démarche finalisée par un but et fortement contrainte. Un projet se défini d’abord par
l’objectif à atteindre, décliné en terme de performance, de délai et de coût, et disparaît
avec sa réalisation ;
• Une prise en compte de la singularité de la situation. L’atteinte des objectifs assignés au
projet suppose d’intégrer sa singularité ce qui remet le plus souvent en cause les modes de
fonctionnement des acteurs métiers de l’entreprise ;
• Une affaire de communication et d’intégration de différentes logiques. La logique des
projets suppose, à l’opposé des principes tayloriens de division du travail, la combinaison
des expertises des différentes acteurs (recherche, marketing, production…) de la définition
de la cible, jusqu’à la mise sur le marché du produit. L’organisation de la coopération
entre les acteurs est alors un point clé de l’efficacité du projet.
• Un processus d’apprentissage dans l’incertitude. Un projet est, par essence, une activité
risquée. Il faut s’engager dans le projet pour savoir s’il ira jusqu’à son terme et où ce
terme se situera exactement. Les acteurs découvrent chemin-faisant problèmes et solutions
selon une logique décrite par Schön comme une « conversation avec la situation » qui
répond aux acteurs, les surprend et les oblige à lancer de nouveaux apprentissages.
• Une convergence dans une temporalité irréversible. Contrairement à l’horizon des métiers,
celui des projets est clairement borné par une fin annoncée ex-ante. Entre le début et la fin
du projet se déploie un processus d’apprentissage que Midler décrit comme une
dynamique irréversible où l’on passe d’une situation on l’on ne sait rien mais où tout est
possible, à une autre où le niveau de connaissance a atteint son maximum mais où toutes
les marges de manoeuvre ont été utilisées.
• Un espace ouvert et fluctuant. Il n’est pas possible de définir a priori les frontières du projet
qui mobilise différents métiers dans l’entreprise mais également différentes entreprises
(un constructeur automobile et ses fournisseurs, par exemple).

Le processus d’innovation 
1. Créer les conditions de l’innovation
La formation et les expériences de la plupart des gens ne les ont pas préparés à l’innovation
mais plutôt à la reproduction des apprentissages déjà réalisés. Une entreprise deviendra
innovante si un grand nombre de ses employés et de ses équipes le sont.
C’est le leadership de la haute direction qui conditionnera l’attitude des employés face à
l’innovation. Pour soutenir ses employés, l’entreprise doit mettre en oeuvre des pratiques
managériales qui favorisent :
• l’apprentissage de nouvelles habiletés intellectuelles;
• l’initiative;
• le travail en équipe;
• la participation et le développement des personnes.2
2. Définir des cibles d’innovation
Les innovations ne doivent pas apporter uniquement quelque chose de nouveau mais un
avantage concurrentiel aux entreprises. La vision de l’entreprise doit orienter les efforts d’une
démarche d’innovation. Pour ce faire, l’entreprise doit bien connaître son environnement
d’affaires en misant sur :
• une démarche de planification stratégique;
• des activités de veille technologique, commerciale et stratégique;
• une définition des domaines d’innovation et des résultats à atteindre.3
3. Approfondir la connaissance des problématiques
Le manque d’innovation provient souvent du fait que nous sommes trop pressés de trouver
une solution. Beaucoup d’énergie et de ressources sont ainsi gaspillées. Pour éviter de trouver
une bonne solution à un mauvais problème, il est important d’approfondir la connaissance du
véritable problème par des techniques appropriées.
Cette étape est à réaliser avec les personnes-clés, c’est-à-dire les propriétaires du problème,
ceux qui le comprennent bien et ceux qui mettront la solution en application (dirigeants,
employés, clients internes, clients externes, fournisseurs, etc.).
4. Générer des idées
Après avoir expérimenté des méthodes d’analyse afin d’identifier le bon problème l’entreprise
doit pouvoir identifier et mettre en oeuvre des solutions innovantes et adaptées.
Afin de se doter d’un large éventail de pistes et de solutions dans une perspective
d’innovation, la participation de personnes aux profils différents (équipes multidisciplinaires)
jumelée à l’utilisation de techniques de créativité sont requises.5
5. Développer le projet retenu
Passer trop rapidement de l’idée initiale au développement constitue une grave erreur, car les
changements effectués en début de parcours coûtent moins cher que ceux apportés à la fin.
Afin de réduire les coûts et les incertitudes et d’éviter les retours en arrière, il est important
pour l’entreprise de segmenter en phases le développement du projet. Cette étape propose un
processus concret composé de portes, de phases et de livrables, et dans lequel des décisions
sont prises à chacune des phases.7
6. Mettre en oeuvre les projets développés
C’est à cette étape que les résultats des efforts seront récoltés.
Pour profiter des avantages de l’innovation tout en minimisant les inconvénients, la
planification et le suivi s’imposent. Cette étape vise à s’assurer que l’innovation sera adoptée
par les clients, les employés, les fournisseurs, etc. Elle comprend :
• la planification, la gestion et la communication du changement;
• la gestion et le suivi du projet;
• le développement des compétences.

Les caractéristiques des processus d’innovation


- le degré de nouveauté : il n’y a pas de connaissances a priori qui peuvent être réutilisées
ce qui contribue à donner un caractère unique au projet
- l’incertitude : les finalités du processus d’innovation varient en fonction de l’acquisition
de connaissances des acteurs des projets (exemple : le produit final lancé sur le marché à
l’issue du projet est souvent différent du concept initial voire du premier cahier des charges
rédigé par les innovateurs).
- l’incomplétude de l’information : la nouveauté est associée à une découverte donc à
l’émergence de nouvelles informations au cours du processus. De plus, certaines décisions
sont à prendre sans disposer de tous les éléments d’information souhaités par le décideur
(information non disponible, information trop coûteuse…).
- l’apprentissage constructiviste : le processus d’innovation est un processus
d’apprentissage. Les acteurs apprennent en concevant, ils acquièrent de nouveaux savoirs en
relevant des obstacles techniques. Ces processus intellectuels sont difficiles à modéliser
- la variabilité : il n’existe pas de processus type et l’étude des processus in situ montre que
le séquençage des tâches et les méthodologies mises en oeuvre en entreprises sont différents.
- la forme non linéaire du processus, composé d’allers-retours entre phases amont et
aval, recherche fondamentale, marketing et consommateurs. Elle n’est pas linéaire a priori,
mais peut l’être a posteriori ce qui pourra permettre la définition d’un modèle générique.
- l’intégration des besoins des clients mais aussi des acteurs dans l’environnement du
projet favorisant une vision éco-systémique du projet d’innovation

L’innovation constitue un levier de création de valeur déterminant dans la conjoncture


économique actuelle. Son impact ne se mesure plus seulement au sein des laboratoires de
recherche. L’innovation a pris une dimension globale impliquant à la fois la sphère publique
et privée et ce, tout au long du processus de l’innovation, allant de l’idée jusqu’à la
commercialisation du produit ou du service innovant.
Au niveau de l’entreprise, l’innovation participe au renforcement de la compétitivité et à la
mise en place d’une organisation et d’une stratégie axées sur la performance opérationnelle et
commerciale. Sur un plan macroéconomique, l’innovation joue un rôle primordial dans la
relance de la croissance et la dynamisation des échanges à l’international.

Bibliographie :
- Laure Morel, Mauricio CAMARGO, Vincent BOLY, CHAPITRE 5 Comment réussir le pilotage
d’un projet d’innovationdans une PME/PMI ?;
- Sylvain Lenfle. Peut-on gérer l’innovation par projet ?. Faire de la recherche en management
de projet, Vuibert Fnege, pp.11-34, 2004. ‌hal-00262935‌
- https://www.economie.gouv.qc.ca/fileadmin/contenu/formations/mpa/
materiel_pedagogique/defi_innovation/processus_innovation.pdf
- https://www.vianeo.com/fr/component/content/article/12-blog-events-innovation/129-6-
methodes-innover

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