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DRISS BENHIMA
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– La propriété du patrimoine créé revenant à l’ONE, l’Office a pu mobiliser des sources importantes de
financement concessionnel. Le PERG est un programme de développement à caractère social apprécié
des agences de coopération sauf des institutions hostiles au subventionnement de l’énergie électrique.
Le Perg a rencontré des contradicteurs. La première objection a concerné la capacité des ruraux marocains
a honorer leurs factures d’électricité. La réponse est dans le calcul opéré préalablement au PERG dans une
étude du Centre de Développement des Énergies Renouvelables sur les coûts de non-électricité. Les ser-
vices minimum rendus par l’énergie électrique dans les domaines de l’éclairage et de l’électronique domes-
tique varient entre 90 Dh/mois et 130 Dh/mois suivant les régions et correspondent aux achats de bougies,
de pétrole lampant, de recharges de batteries et de piles électriques. A la même période, les études inter-
nationales faisaient état de 9$/mois en moyenne mondiale. Par ailleurs, les statistiques de l’ONE relèvent
une moyenne de consommation « rurale pauvre » de 50 Dh/mois. Un foyer branché au PERG a donc les
moyens de payer l’abonnement PERG et de rembourser sa participation de 2 500 Dh étalée sur 7 ans, soit
40 Dh/mois, au-delà de sa consommation mensuelle d’énergie de 50 Dh environ.
Une objection plus doctrinale est venue des milieux intéressés par la libéralisation du marché de l’électri-
cité. L’électrification rurale est fortement subventionnée, le branchement d’un foyer rural modeste repré-
sente 19 ans de consommation, et près de quatre siècles de marge. La péréquation entre consommateurs
urbains et ruraux que représente le financement du PERG contredit le principe de vérité des coûts et péna-
lise la création d’un marché privatisé de l’énergie qui considère l’électricité comme une marchandise desti-
née à un marché concurrentiel et à des clients solvables. Les schémas de la Banque Mondiale proposés à
des pays voisins sont très clairs, à l’image de celui du Sénégal : privatisation de l’ensemble de la SENELEC,
de la production à la distribution, mais création au sein du ministère de l’énergie d’un Service de l’Électrifica-
tion Rurale dont on voit bien qu’il ne disposera pas de budgets conséquents et qu’il est essentiellement
orienté vers le photovoltaïque. Le réseau pour les clients qui en ont les moyens est un palliatif pour les
autres. Au Maroc, le PERG prévoit le réseau jusqu’à un coût de branchement de 27 000 Dh/foyer, soit
22 500 Dh de subvention par l’ensemble des consommateurs pour brancher un client individuel qui peut ne
pas dépasser 1000 Dh par an de consommation.
Le PERG est donc un programme social qui favorise néanmoins le développement économique. Première-
ment, il facilite les branchements liés à la production agricole. En effet, l’agriculteur qui opère un branche-
ment individuel à un réseau financé dans le cadre du PERG ne paye que le tronçon de ligne supplémentaire
dont il a besoin pour se raccorder. Deuxièmement, l’arrivée du PERG signifie le passage à la force motrice
électrique, en particulier au pompage électrique, moins coûteuse que les forces motrices utilisant des carbu-
rants. L’électricité permet aussi l’installation d’ateliers qui facilitent la mécanisation du monde rural.
Enfin, et il s’agit d’une des surprises découvertes lors des études d’impact commandées par l’ONE, l’élec-
tricité apporte le froid, que ce soit le froid domestique qui permet la conservation des aliments, en particulier
de la viande, ou bien le froid plus industriel qui permet la conservation du lait et promeut ainsi la production
laitière.
Le PERG a été officiellement annoncé lors d’un Conseil de Gouvernement d’août 1995. Il est remarquable
de souligner que le PERG se réduit juridiquement à des conventions signées entre communes rurales et
ONE, approuvées par la Direction Générale des Collectivités Locales qui vérifie au passage la solvabilité des
Communes signataires. Le PERG n’a nécessité ni loi particulière, ni décret, mais il constitue, toutefois, un
investissement régulièrement soumis au Conseil d’Administration, et représente, de ce fait, une initiative
gouvernementale clairement définie et identifiée.
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Voici comment se présentent les résultats du PERG durant la période 1996-2003 :
Durant cette période les réalisations, toutes techniques confondues, ont concernés 12 292 villages (dont
11 346 villages en réseaux et 946 villages en solaire) et ont permis l’accès à l’électricité à 872 765 foyers
(dont 862 306 foyers en réseaux et 10 459 foyers en solaire) soit l’équivalent d’environ 6 400 000 habitants
en milieu rural .
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