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Chapitre 5 : LA STABILITE DES PENTES

INTRODUCTION

Les pentes des talus peuvent poser un problème de stabilité, lorsqu’elles


ne sont pas soutenues par des écrans ou murs de soutènement. Le risque
le plus courant est le glissement de massifs de sol de la partie haute du
talus vers l’aval. Par contre, il existe une inclinaison des talus en deçà de
1
laquelle, ils restent auto stables. En effet, lorsque l’angle d’inclinaison du
talus par rapport à l’horizontal est très faible, la stabilité est constatable.
Mais lorsque cette inclinaison augmente, il arrive un seuil au-delà duquel,
la stabilité n’est plus assurée. Ce seuil est appelé « l’angle du talus
naturel ».

Malgré les développements significatifs dans la compréhension des lois


de comportement des sols, la stabilité des talus demeure encore un sujet
de recherche pour les ingénieurs du génie civil. Ceci est valable aussi bien
pour les talus naturels ou bien artificiels. Les premières méthodes
d’estimation du degré de stabilité de tels talus sont dues à Coulomb.
Cullmann a développé sur la base de cette approche de Coulomb une
méthode d’estimation du coefficient de sécurité pour la stabilité de ces
talus.

Une autre analyse du dimensionnement pour la stabilité des talus, et qui


est devenue conventionnelle, se base sur une méthode qui est due à
Fellenius (1936). Dans cette méthode, le profil de la surface de rupture
pour les talus est une surface supposée cylindrique. La trace de ce
cylindre dans une section transversale est un arc de cercle. Ce cercle est
appelé cercle de rupture.

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On considère alors les
Fellenius, Wolmar Knut Axel, 1876-1957
moments des forces
Wolmar Fellenius a étendu la
méthode du cercle de glissement, motrices et celui des forces
qui était applicable aux sols résistantes. Ces moments
purement cohérents, à des sols
ayant un angle de frottement et une sont calculés par rapport au
cohesion internes.
Il a aussi introduiten 1926 le
centre du cercle de rupture.
concept de coefficient de sécurité Le ratio entre le moment des
pour les fondations, tel que c’est
utilisé de nos jours.
forces résistantes et celui
des forces motrices est posé 2
égal à F. Ce paramètre F est appelé le coefficient de sécurité. Si F > 1,
alors on conclut que pour ce cercle de rupture, il y a stabilité.

Cette méthode de Fellenius est basée sur des observations des surfaces
de rupture dans les Alpes suisses et sur des sols homogènes et purement
cohérents, donc à angle de frottement interne nul.

En considérant alors un
sol stratifié et ayant un
angle de frottement
interne et une cohésion
non nuls, Bishop
(1955) a introduit la
méthode des tranches.
Dans cette méthode,
des hétérogénéités du
sol, sont prises en
compte, ainsi que la présence d’eau qui engendrerait alors une pression
interstitielle. L’idée de cercle de rupture de Fellenius est toujours gardée.
Mais dans cette méthode de Bishop, la partie du massif susceptible de
glisser est découpée verticalement en tranches d’égales épaisseurs.
Chaque tranche prend appui sur le cercle de rupture.

En 1937, Taylor proposa une variation de la méthode de Fellenius,


appelée la méthode des cercles de glissement. Plus tard, Morgenstern et
Price (1965) ont proposé une méthode qui est plus générale. Dans cette
dernière, la ligne de rupture peut être circulaire ou bien quelconque.

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Chen et al. (1971), ont développé une autre méthode base sur le
équilibres limites et la théorie de la plasticité. Il a montré que la ligne de
rupture est en fait une spirale logarithmique. Les résultats de ses calculs
ont été très satisfaisants par rapport aux observations qui ont été faites.
Cependant la complexité de sa courbe a été dissuasive pour une large
utilisation de sa méthode.

Ainsi la méthode simplifiée des Bishop, reste couramment employée dans


les calculs de stabilité des talus. En effet, outre les simplifications
3
introduites dans les calculs par la non prise en compte de ces forces
normales et tangentielles entre tranches, Bishop a démontré aussi que
dans cette méthode simplifiée, le coefficient de sécurité ainsi calculé est
en fait une borne inférieure, donc est dans le sens de la sécurité.

LA STABILITE D’UNE PENTE INFINIE

Désignons par  l’angle d’inclinaison de la pente, par rapport à l’horizontale. La


pente est sur une très grande longueur, si bien qu’elle est considérée comme
infinie. Ceci s’applique à un terrain avec une pente constante, sur une grande
longueur.

X

O

Hc Hc hauteur critique

Le système d'équations définissant l'équilibre indéfini devient alors :

 xx  xy
( x, z )  ( x, z )   x
x z

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 xy  zz
( x, z )  ( x, z )   z
x z

Avec le schéma ci-dessus, on voit que :  x   sin  et  z   cos  et


l’intégration de ce système d’équations aux dérivées partielles donne :

 xx  f (z ) ;  xz  z sin  et  zz  z cos 


4
Pour que le massif soit en équilibre, écrivons que l’état d’équilibre reste
surabondant ou limite. C’est-à-dire :

   .tg  c 

z sin   z cos  .tg  c


Remarques :

1. Lorsque le sol est purement cohérent, c = 0. On constate que l’inégalité


est obtenue si et seulement si tg  tg . On retrouve une autre
définition de l’angle du talus naturel.
2. Lorsque c ≠ 0, alors l’équilibre peut être obtenue, écrivons que l’équilibre
est obtenu à la base d’une couche du sol d’épaisseur H. Cette épaisseur
correspond à une profondeur z, avec :
z  h cos 
Cet équilibre sera limite lorsque l’épaisseur de la couche de sol atteint une
valeur critique Hc qui correspond à une profondeur Zc. La relation entre Hc
et Zc est donnée par : Z c  H c . cos 
 .H c . cos  . sin    .H c . cos2  .tg  c
ou encore  .H c . cos  .(tg  tg )  c
2

 .H c 1

c cos  .(tg  tg )
2

3. Lorsque l’angle b est inférieur à l’angle de frottement interne, l’équilibre


reste surabondant, même si la cohésion est nulle ou non.
Exemple pour  = 45° et = 30° et le sol a une cohésion de 29 kN/m2 avec un
poids volumique apparent  = 17kN/m3

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29x103
H c (m) 

cos2 45 x(tg 45  tg 30) x17 x103 
H c  8.07m

La même question pour un sol dont l’angle de frottement interne est nul et tous
les autres paramètres restant inchangés donne :

29x103 5
H c (m)   3.41m
 
cos2 45 x(tg 45) x17 x103

LA STABILITE D’UNE PENTE FINIE

La méthode du « coin de coulomb »

Cette méthode est due à Cullmann. Considérons un talus permettant de


passer de l’altitude des points A et B, avec une pente d’inclinaison . Pour
vérifier la stabilité, traçons des surfaces dont les traces dans le plan de la
figure sont les droites AC, AD, AE, etc…

Si nous considérons que le risque de glissement


existe sur un de ces plans, alors le plan en
question sera appelé « plan de glissement ».
Tous ces plans peuvent être repérés par l’angle 
de leur inclinaison par rapport à l’horizontal.  variant alors de 0 à , tous
les plans potentiels seront décrits.
Examinons alors l’équilibre d’un de ces plans caractérisés par son angle
. Les caractéristiques du sol sont notées , c et . La hauteur du talus ou
le dénivelé est noté H. Le poids des terres susceptibles de glisser est
d’intensité W.
1
𝑊 = 𝛾𝐻 2(𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃 − 𝑐𝑜𝑡𝑔𝛼 ) (1)
2
La projection de ce poids sur le plan de glissement (matérialisé sur la
figure par le segment AD) sera notée W T et sur la normale à ce plan W N.
Elles sont données respectivement par :

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𝑊𝑁 = 𝑊𝑐𝑜𝑠𝜃 et 𝑊𝑇 = 𝑊𝑠𝑖𝑛𝜃
Or l’équilibre surabondant exige que :
𝜏 < 𝜎𝑡𝑔∅ + 𝑐
On notera que 𝜏 et 𝜎 sont les contraintes réelles de cisaillement et
normale, tandis que 𝜎𝑡𝑔∅ + 𝑐 = 𝜏𝑚𝑎𝑥 . Le coefficient de sécurité peut aussi
|𝜏𝑚𝑎𝑥 |
se définir comme le rapport 𝐹 = |𝜏|
. Faisant ces remarques, on peut

écrire l’inégalité ci-dessus sous la forme suivante :


6
𝑐𝐻
𝑊𝑠𝑖𝑛𝜃 < 𝑊𝑐𝑜𝑠𝜃 𝑡𝑔∅ +
𝑠𝑖𝑛𝜃
On constatera aussi que pour un sol purement pulvérulent, c = 0, alors

l’inégalité ci-dessus permet d’écrire que l’équilibre restera surabondant tant


que l’on aura :
𝑡𝑔𝜃 < 𝑡𝑔∅
Dans ce cas alors, l’on retrouve l’angle d’inclinaison limite lorsqu’il y aura

l’égalité entre  et . On comprend alors pourquoi  est appelé angle du

talus naturel. Mais la correspondance n’est valable que lorsque la cohésion


est nulle.

Lorsque cette cohésion du sol n’est pas nulle, l’expression qui traduit cet

équilibre surabondant est :


1 2 𝑐𝐻
𝛾𝐻 (𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃 − 𝑐𝑜𝑡𝑔𝛼 )(𝑠𝑖𝑛𝜃 − 𝑐𝑜𝑠𝜃 𝑡𝑔∅) <
2 𝑠𝑖𝑛𝜃
Qui peut encore s’écrire :
2𝑐
𝑠𝑖𝑛𝜃 (𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃 − 𝑐𝑜𝑡𝑔𝛼 )(𝑠𝑖𝑛𝜃 − 𝑐𝑜𝑠𝜃 𝑡𝑔∅) <
𝛾𝐻
Cette inégalité peut aussi se mettre sous la forme suivante :
sin(𝛼 − 𝜃 ) . sin(𝜃 − ∅) 2𝑐
<
𝑠𝑖𝑛𝛼. 𝑐𝑜𝑠∅ 𝛾𝐻
ou encore
cos(𝛼 + ∅ − 2𝜃 ) − cos(𝛼 − ∅) 4𝑐
<
𝑠𝑖𝑛𝛼. 𝑐𝑜𝑠∅ 𝛾𝐻

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Le premier terme de cette inégalité est maximal lorsque :
1
𝜃 = 𝜃𝑐𝑟𝑖𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒 = (𝛼 + ∅)
2
Alors l’inégalité devient lorsque 𝜃 = 𝜃𝑐𝑟𝑖𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒 l’équilibre surabondant est

réalisé si :
1−cos(𝛼−∅) 4𝑐 1
< ; avec 𝜃 = 𝜃𝑐𝑟𝑖𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒 = (𝛼 + ∅)
𝑠𝑖𝑛𝛼.𝑐𝑜𝑠∅ 𝛾𝐻 2
7

En introduisant le coefficient de sécurité sera F qui devra vérifier F > 1

lorsque 𝜃 = 𝜃𝑐𝑟𝑖𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒
1 |𝑊𝑇 | |(𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃 − 𝑐𝑜𝑡𝑔𝛼 )𝑠𝑖𝑛𝜃|
= =
𝐹 |𝑊 𝑡𝑔∅ + 𝑐 𝐻 | | (𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃 − 𝑐𝑜𝑡𝑔𝛼 )𝑐𝑜𝑠𝜃 𝑡𝑔∅ +
2𝑐
|
𝑁 𝑠𝑖𝑛𝜃 𝛾. 𝐻. 𝑠𝑖𝑛𝜃
Dans cette équation, on donnera à l’angle 𝜃 la valeur :
1
𝜃 = 𝜃𝑐𝑟𝑖𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒 = (𝛼 + ∅)
2
𝑡𝑎𝑛∅
On peut constater que lorsque 𝐶 = 0, 𝐹 =
𝑡𝑎𝑛𝜃

Exemple :
2
Pour un talus de 20m de dénivelé, on choisit l’angle α tel que tgα = ,
3

l’angle de frottement interne du massif supposé homogène est ∅ = 35°,


sa cohésion interne est c = 10kPa et le poids volumique γ = 15,5 kN/m3 .
1 1
Solution : 𝛼 = 33.7°donc, 𝜃 = 𝜃𝑐𝑟𝑖𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒 = 2 (𝛼 + ∅) = 2 (35 + 33.7) = 34.4°,
et le coefficient de sécurité est de 4.5. (Remarque : si au lieu de 𝑡𝑔𝛼 = 2/3,
on passait à 𝑡𝑔𝛼 = 1, alors le coefficient de sécurité baissera pour devenir
1.46. De même si l’angle de frottement interne du sol passait à 20° alors le
coefficient de sécurité pour une hauteur de 6 m deviendrait 2,0 tandis
qu’avec une hauteur de 20m, il ne serait que de 0.97 donc on sera d éjà à
la rupture).

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LA METHODE DES CERCLES DE RUPTURE

Des observations in-situ ont montré que les surfaces de rupture ne sont

pas planes, mais plutôt incurvées. Ceci a conduit à une approche qui a été
une avancée par rapport aux travaux de Cullmann basés sur « le coin de

Coulomb ». 8

d L’équilibre cette fois a été étudié en


O
 supposant que la surface de
R
W B rupture est une portion de cylindre

 droit. Dans le plan de figure sera
M


A alors un arc de cercle de centre O

et de rayon R.

Il s’agit alors de procéder de la

même façon que pour le coin de

Coulomb, mais avec une ligne de

rupture qui sera un arc de cercle.

Ce mode de rupture selon une surface cylindrique est plus réaliste que celui

du « coin de Coulomb ». Mais il donne de bons résultats pour un sol

purement cohérent pour l’estimation de la stabilité à court terme.


En tout point M de l’arc de cercle AB, le sol est supposé en équilibre. Les

contraintes  et  vérifient la relation :≤maxcuu (cuu est la cohésion


interne pour un sol non consolidé et non drainé).
Le coefficient de sécurité est donné par le rapport entre le moment des

forces résistantes sur le moment des forces motrices. Or les forces motrices
se limitent au poids W de la partie susceptible de glisser et son moment est

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alors W.d. Pour les forces résistantes, elles sont dues à la mobilisation du
cisaillement maximal le long de l’arc de cercle. Leur moment par rapport

au centre du cercle est : 𝐑𝟐 . 𝛀. 𝐂𝐮𝐮 avec 𝛀 désignant l’angle AOB.


𝐑𝟐 . 𝛀. 𝐂𝐮𝐮
𝐹=
𝑾. 𝒅
Lorsque le sol est purement cohérent, cette méthode donne encore d’assez

bonnes solutions. 9

LES METHODES DE FELLENIUS ET DE BISHOP

Le mécanisme retenu dans les méthodes qui vont suivre fait l’hypothèse

que la ligne de rupture est un arc de cercle. Les développements en ont été

assurés par l'Ecole suédoise1, puis par l'Ecole britannique2. La méthode

consiste essentiellement à découper le talus en tranches verticales et à


étudier l'équilibre de ces tranches ; chaque cercle retenu comme surface

de glissement potentiel est ainsi étudié : celui qui fournit la plus faible valeur

du coefficient de sécurité représente la solution du problème. Le coefficient


de sécurité est déterminé comme le rapport des moments résistants sur les

moments moteurs. Ces moments sont calculés par rapport au centre du

cercle.
Les différences entre ces deux méthodes sont :

 Fellenius : surface cylindrique, mais sans efforts entre les tranches

 Bishop : surface cylindrique, mais efforts horizontaux et verticaux pris

en compte entre les tranches.

1
Fellenius & al (1927).
2
Bishop (1955).

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LA METHODE DES TRANCHES DE FELLENIUS

On traitera deux cas. Dans le premier, le massif est constitué d’un sol

homogène et sans la présence d’une nappe phréatique. Dans le second 10

cas, le massif est toujours homogène, mais il est considéré en présence

d’une nappe phréatique, cette dernière étant statique. Ce second cas

correspond par exemple à une digue ou un barrage en terre homogène.

Méthode de Fellenius sans nappe phréatique


Si on raisonne en contraintes totales, les forces motrices pour chaque
tranche, sont uniquement constituées par le poids 𝑤𝑖 de la tranche. Les

forces résistantes sont au pied de chaque tranche et comprennent :

 la résistance au cisaillement 𝑇𝑖
 la réaction normale 𝑁𝑖 .

On notera que les moments par rapport au centre du cercle des 𝑁𝑖 sont
nuls. Les moments résistants sont maximaux lorsque les 𝑇𝑖 sont maximales.
𝑀𝑟é𝑠
Alors 𝐹 = avec MR le moment résistant et MM le moment moteur. Par
𝑀𝑚𝑜𝑡

conséquent : 𝑀𝑟é𝑠 sera la somme des moments des forces de frottements


Timax à la base de chaque tranche.

𝑀𝑚𝑜𝑡 = somme des moments des poids Wi des tranches.

𝑀𝑟é𝑠 = ∑ Timax R = R ∑ Timax puisque toutes ces forces Timax sont

tangentielles au cercle de rayon R. 𝑀𝑟é𝑠 = ∑𝑖=𝑛 𝑖=𝑛


𝑖=1 Timax R = 𝑅 ∑𝑖=1 Timax =

𝑖=1 (𝑐∆si + WNi tg )


𝑅 ∑𝑖=𝑛

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𝑀𝑟é𝑠 = 𝑅 ∑𝑖=𝑛
𝑖=1 (𝑐∆si + Wi cosαi . tg ).

Où c est la cohésion et  l'angle de frottement interne du sol, qui supposé

homogène, et 𝑊𝑁𝑖 est la projection du poids de la ième tranche sur la


tangente au cercle. (𝑊𝑁𝑖 est de direction radiale 𝑊𝑁𝑖 = 𝑊𝑖 . 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 ).

Le moment des forces motrices est celui engendré par les composantes

tangentielles des poids et que sont les 𝑇𝑖 = 𝑊𝑖 . 𝑠𝑖𝑛𝛼𝑖 . d’où : 11

𝑀𝑚𝑜𝑡 = 𝑅 ∑ 𝑊𝑖 𝑠𝑖𝑛𝛼𝑖

Le coefficient de sécurité est alors :


∑ c ∆Si + 𝑊𝑖 . 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 tg )
𝐹=
∑ 𝑊𝑖 𝑠𝑖𝑛𝛼𝑖
Si toutes les tranches sont d’égale épaisseur x, on peut exprimer ∆Si =
∆x
. On obtient alors la relation suivant qui donne le coefficient de
cosαi

sécurité :
∆x
∑c + 𝑊𝑖 . 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 tg )
cosαi
𝐹=
∑ 𝑊𝑖 𝑠𝑖𝑛𝛼𝑖
La méthode de Fellenius est donc graphique. Il suffit de décomposer la
partie du massif à l’intérioeur du cercle en tranches d’égales épaisseurs ∆x.

On calcule alors les surfaces de chaque tranches et donc le poids 𝑊𝑖 , pour

une epaisseur égale l’unité. Pour chaque tranche, on relève l’angle αi que

fait sa tangente par rapport à l’horizontale. Le coefficient de sécurité pour


ce cercle est alors calculé selon la formule ci-dessus.

Méthode de Fellenius avec nappe phréatique

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Le poids de la ième tranche est noté W i. Il donne une composante normale
au pied de la tranche qui vaiut alors W i cosi. La pression interstitielle
𝑢𝑖 est normale à l’arc de cercle limitant la base de la tranche et son
intensité ne dépend que de la
profondeur du milieu de la
tranche dans la nappe. Elle
vaut et la force due à cette
pression interstielle vaut
∆𝑥.𝑢𝑖 12
∆𝑠𝑖 . 𝑢𝑖 = .
𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖
La force normale effective due
au poids des terres et à la
pression effective au pied de la
tranche vaut alors :
∆𝑥. 𝑢𝑖
𝑁𝑖′ = 𝑤𝑖 . 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 −
𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖
Tandis que le cisaillement maximal vaut au pied de la même tranche :
imax =c’+’tg’.

On note ici que l’angle de frottement et la cohésion internes sont pris dans
le long terme. Ce cisaillement engendre une force qui est égale à :
(c’+’tg’).x/cosi=c’.x/cosi + ’tg’.x/cosi = c’.x/cosi + Ni’tg’.
Cette égalité peut encore s’écrire :
𝑐 ′ .∆𝑥 ∆𝑥.𝑢𝑖
c’.x/cosi + Ni’tg’= + (𝑤𝑖 . 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 − )𝑡𝑔∅′
𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖
Ainsi, le moment par rapport au centre du cercle dû à cette force de
Δx Δx
cisaillement est égal à : R(c ′ . +(wi . cosαi – ui . ). tgϕ′ . Le moment
cosαi cosαi
résultant pour toutes ces forces de cisaillement pour l’ensemble des n
tranches sera de le moment résistant :
𝑖=𝑛
Δx Δx
𝑀𝑟é𝑠 = ∑ R [c ′ . +(wi . cosαi – ui . ). tgϕ′ ]
cosαi cosαi
𝑖=1
Le moment moterur est calculé reste inchangé par rapport au cas où la
nappe phréatique n’était pas présente. Le coefficient de sécurité s’exprime
alors :
∑𝑖=𝑛 ′ Δx Δx ′
𝑖=1 [c . cosα +(wi . cosαi – ui . cosα ). tgϕ ]
i i
𝐹= 𝑖=𝑛
∑𝑖=1 𝑤𝑖 𝑠𝑖𝑛𝛼𝑖

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La seule différence intervient avec la présence de la nappe phréatique qui
Δx
est traduite par le terme −ui . . tgϕ′ qu’il faut ajouter pour chaque
cosαi
tranche i. Comme énoncé aussi précédemment, cette méthode reste
graphique. Il y a juste lieu de noter la profondeur de chaque tranche dans
la nappe phréatique et la multiplier par le poids volumique de l’eau pour
avoir ui = (profondeur dans la nappe). γw .

LA METHODE DES TRANCHES DE BISHOP3


13
La méthode de Bishop est conduite avec le même procédé de découpage
en tranches verticales, pour la partie du sol susceptible de glisser. Ce
glissement probable est supposer avoir lieu sur selon des surfaces de
glissements cylindriques droites.

Le schéma de principe est le suivant. On notera que Bishop prend en


compte les efforts normaux et tangentiels entre deux tranches adjacentes
:

On notera dans ce schéma que :

1- les réactions normale et


tangentielle en pied de tranche
sont notés N’ et T’, tandis que la
pression interstitielle au même
point est notée u.

2- les indices portant les numéros


des tranches sont occultés dans
la figue pour l’alléger le
schéma.

Décomposition en tranches selon la méthode de Bishop

L’équation traduisant l’équilibre d’une tranche est projetée selon la verticale et


elle donne alors après projection :
𝑤𝑖 + 𝐻𝑛−1 − 𝐻𝑛+1 − 𝑁𝑖.′ 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 − 𝑇𝑖′ . 𝑠𝑖𝑛𝛼𝑖 = 0

3
Bishop, A.W. (1955) "The Use of the Slip Circle in the Stability Analysis of Slopes", Geotechnique,
Great Britain, Vol. 5, No. 1, Mar., pp. 7-17

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On en tire en posant : ∆𝐻𝑖 = 𝐻𝑛−1 − 𝐻𝑛+1
′ 𝑤𝑖 + ∆𝐻𝑖 − 𝑇𝑖′ . 𝑠𝑖𝑛𝛼𝑖
𝑁𝑖. =
𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖
Au pied de la tranche, le critère de Coulomb : 𝜏 ≤ 𝜎𝑖 ′ 𝑡𝑔∅′ + 𝑐 ′. Où 𝜎𝑖 ′ est la
contrainte effective, reliée à la contrainte totale et à la pression interstitielle
par la loi de Terzaghi 𝜎𝑖 ′ = 𝜎𝑖 − 𝑢𝑖 . En introduisant cette loi de Terzaghi dans
l’inégalité ci-dessus, on obtient :
𝜏𝑖 ≤ (𝜎𝑖 − 𝑢𝑖 )𝑡𝑔∅′ + 𝑐 ′
14
En intégrant cette inégalité le long de l’arc de cercle matérialisant le pied de la
𝑏𝑖
tranche et dont la longueur est ∆𝑠𝑖 = , en désignant par 𝑏𝑖 l’épaisseur de
𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖
la tranche.
𝜏𝑖 . ∆𝑠𝑖 ≤ (𝜎𝑖 . ∆𝑠𝑖 − 𝑢𝑖 . ∆𝑠𝑖 )𝑡𝑔∅′ + 𝑐 ′ . ∆𝑠𝑖
On peut remplacer 𝜎𝑖 . ∆𝑠𝑖 par 𝑁𝑖.′ et 𝜏𝑖 . ∆𝑠𝑖 par 𝑇𝑖.′ et l’inégalité devient alors :
𝑇𝑖.′ ≤ (𝑁𝑖.′ − 𝑢𝑖 . ∆𝑠𝑖 )𝑡𝑔∅′ + 𝑐 ′ . ∆𝑠𝑖
La 2ème partie de cette inégalité est 𝜏𝑖𝑚𝑎𝑥 . ∆𝑠𝑖 , avec 𝜏𝑖𝑚𝑎𝑥 = 𝐹. 𝜏𝑖 où F est le
coefficient de sécurité. L’inégalité ci-dessus devient alors une égalité, avec
l’introduction de F.

(𝑁𝑖.′ − 𝑢𝑖 . ∆𝑠𝑖 )𝑡𝑔∅′ + 𝑐 ′ . ∆𝑠𝑖
𝑇𝑖. =
𝐹
𝑤𝑖 + ∆𝑥𝑖 −𝑇𝑖′ .𝑠𝑖𝑛𝛼𝑖
En remplaçant dans cette nouvelle équation 𝑁𝑖.′ par , on obtient
𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖
alors :
𝑤𝑖 + ∆𝐻𝑖 − 𝑇𝑖′ . 𝑠𝑖𝑛𝛼𝑖
( − 𝑢𝑖 . ∆𝑠𝑖 ) 𝑡𝑔∅′ + 𝑐 ′ . ∆𝑠𝑖
𝑐𝑜𝑠𝛼 𝑖
𝑇𝑖.′ =
𝐹
Ce qui permet d’écrire :
𝑤 + ∆𝐻𝑖
𝑡𝑔𝛼 . 𝑡𝑔∅′ ( 𝑖 − 𝑢𝑖 . ∆𝑠𝑖 ) 𝑡𝑔∅′ + 𝑐 ′ . ∆𝑠𝑖
𝑖 𝑐𝑜𝑠𝛼 𝑖
𝑇𝑖.′ (1 + )=
𝐹 𝐹
ou encore :
𝑤 + ∆𝐻𝑖
1 ( 𝑖 − 𝑢𝑖 . ∆𝑠𝑖 ) 𝑡𝑔∅′ + 𝑐 ′ . ∆𝑠𝑖
𝑐𝑜𝑠𝛼 𝑖
𝑇𝑖.′ = [ ]
𝐹 𝑡𝑔𝛼𝑖 . 𝑡𝑔∅′
(1 + )
𝐹
Ce qui peut encore s’écrire, avec ∆𝑠𝑖 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 = 𝑏𝑖

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1 (𝑤𝑖 + ∆𝐻𝑖 − 𝑢𝑖 . ∆𝑠𝑖 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 )𝑡𝑔∅′ + 𝑐 ′ . ∆𝑠𝑖 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖
𝑇𝑖.′ = [ ]
𝐹 𝑡𝑔𝛼𝑖 . 𝑡𝑔∅′
𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 (1 + )
𝐹

1 (𝑤𝑖 + ∆𝐻𝑖 − 𝑢𝑖 . 𝑏𝑖 )𝑡𝑔∅′ + 𝑐 ′ . 𝑏𝑖


𝑇𝑖.′ = [ ]
𝐹 𝑡𝑔𝛼𝑖 . 𝑡𝑔∅′
𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 (1 + )
𝐹
La somme des moments résistants est R ∑i=n
i=1 Ti. et celle des moments

15
moteurs est R ∑i=n
i=1 wi . sinαi D’où l’expression donnant la valeur du
coefficient de sécurité pour la formule générale de Bishop:
𝑖=𝑛
1 (𝑤𝑖 + ∆𝐻𝑖 − 𝑢𝑖 . 𝑏𝑖 )𝑡𝑔∅′ + 𝑐 ′ . 𝑏𝑖
𝐹 = 𝑖=𝑛 ∑[ ]
∑𝑖=1 𝑤𝑖 . 𝑠𝑖𝑛𝛼𝑖 𝑡𝑔𝛼𝑖 . 𝑡𝑔∅′
𝑖=1 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 (1 + )
𝐹
Si l’on fait l’hypothèse que ∆Hi = 0, on obtient la formule simplifiée de

Bishop, et qui est la plus utilisée :


𝑖=𝑛
1 (𝑤𝑖 − 𝑢𝑖 . 𝑏𝑖 )𝑡𝑔∅′ + 𝑐 ′ . 𝑏𝑖
𝐹 = 𝑖=𝑛 ∑[ ]
∑𝑖=1 𝑤𝑖 . 𝑠𝑖𝑛𝛼𝑖 𝑡𝑔𝛼𝑖 . 𝑡𝑔∅′
𝑖=1 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 (1 + )
𝐹
Dans cette formule, on peut rappeler les grandeurs qui apparaissent.
 Les 𝑢𝑖 sont les pressions interstitielles la base de la tranche i,

 les 𝑏𝑖 sont les largeurs horizontales des tranches (ou l’épaisseur des

tranches),

 les 𝛼𝑖 l’inclinaison de l’arc de cercle limitant la base de la tranche


(assimilable un segment de droite),

 les 𝑤𝑖 est le poids dû la tranche i,

Dans cette méthode de Bishop, c’est par des itérations que l’on parviendra
au calcul du coefficient de sécurité. Si le massif est hétérogène, les wi sont

calculés en tenant compte des hétérogénéités dans chaque tranche. Les

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angles de frottement et la cohésion internes dans le long terme sont les
valeurs prises au pied de chaque tranche.

Prédimensionnement
16

Lors de l’établissement d’un projet, il est possible d’avoir une première idée

des formes des talus, pour peu qu’on a une idée de la nature du terrain.

On peut se référer au tableau qui suit, à titre indicatif. Selon la nature du


terrain et que l’on soit en déblai ou en remblai, et selon qu’on est ou non
en présence de nappe phréatique pouvant inonder le terrain. Le tableau ci-

après peut servir de guide de prédimensionnement. Cependant, avant


d’arrêter définitivement les paramètres géométriques de la pente, un calcul

préalable sera nécessaire, après une reconnaissance du sol et la

détermination des paramètres géomécaniques en laboratoire.

Schéma et paramétrage (en déblai ou en remblai)

Déblai remblai
Nature du sol
sec immergé sec immergé
Paramètre du talus °) H/V °) H/V °) H/V °) H/V
Roche compacte 80 1/5 80 1/5 45 1/1 45 1/1

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Roche fissurée 55 2/3 55 2/3 45 1/1 45 1/1
Débris rocheux 45 1/1 40 5/4 45 1/1 40 5/4
Terre et pierres 45 1/1 30 2/1 35 3/2 30 2/1
Terre argileuse 40 5/4 20 3/1 35 3/2 20 3/1
Gravier et sable 35 3/2 30 2/1 35 3/2 30 2/1
Sable fin 30 2/1 20 3/1 30 2/1 20 3/1

CONCLUSION
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Dans ce chapitre, nous venons de voir des méthodes anciennes proposées par
les géotechniciens pour résoudre ce problème de stabilité des pentes. Bien
que toutes ces méthodes soient encore employées de nos jours, celles de
Bishop et celle de Fellenius sont les plus fréquemment rencontrées dans la
pratique professionnelle. D’autres méthodes existent et la recherche dans ce
domaine est toujours en cours.

De manière pratique, que ce soit avec la méthode de Fellenius ou bien celle

de Bishop, la démarche consiste à se donner un cercle de rupture

arbitrairement. Après l’application de la méthode des tranches, un coefficient

de sécurité est calculé. Si ces coefficient est inférieur à la valeur spécifiée dans
le marché, alors on sait que la pente du talus n’est pas acceptable. Si par

contre, pour tous les cercles possibles, tous les coefficients de sécurité calculés
sont supérieurs à la valeur spécifié, on peut accepter le talus comme stable.
Dans le cas où un talus est supposé instable avec le niveau de sécurité exigé,

Il faudra soit construire un soutènement ou bien abaisser la pente du talus. Si


la solution retenue dans ce cas est l’abaissement de l’inclinaison, il faudra voir
d’abord la possibilité ou non d’une augmentation de l’emprise. Si cette
augmentation est possible, on se donne une autre pente plus faible et le calcul

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en tranches est recommencé avec la nouvelle forme géométrique pour voir
quel sera le coefficient de sécurité qui en découlera.

Il faudra tout de même noter que dans les deux approches développée par

Fellenius et Bishop, le calcul peut se faire assez facilement par Excel.

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