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Petite Larme

Autre titre de Muriel Morandi

Éditions JMG para science :


La lecture d’âme (2016)
Petite Larme

Conte mystique de Muriel Morandi


Copyright © 2017 Muriel Morandi
Tous droits réservés.
ISBN 13 : 978-1544668017

ISBN 10 : 1544668015
Dépot Légal : mars 2017
Impasse sur la villa 4 1742 Autigny
la.muriel.morandi@gmail.com
Remerciements

Que de gratitude pour vous tous chers lecteurs/lectrices


car sans vous l’œuvre de la nouvelle humanité ne verrait
pas le jour.
Je voudrais remercier toutes les personnes qui ont
d’une manière ou d’une autre ont contribué à ce conte.
Une pensée particulière à mon fils Mickaël qui m’a inspi-
ré sur différents chapitres du texte.
Je remercie du fond du coeur l’illustrateur Hari
Abriyoko pour la réalisation de la couverture.
Je remercie Lionel d’autoedite.net pour la mise en
page des versions papier et numériques.
Un remerciement universel pour toutes les larmes du
monde, les enfants dans tous les pays qui pleurent la mi-
sère, la pauvreté, la violence, la maltraitance, l’injustice.
Je voudrais vous dire de garder espoir car une étoile
veille toujours sur vous.
Chers lecteurs et lectrices,
Vous comprendrez mieux certains aspects de ce conte
mystique, si vous prenez en considération qu’il s’agit
d’un enseignement spirituel profond.
Sur notre chemin de vie, il y a toujours une étoile qui
nous accompagne.
Sommaire

Préface de Muriel Morandi 13

1 - Introduction 19

2 - La fin d’un temps 21

3 - Les multiples visages de l’amour 31

4 - La délivrance du cœur 39

5 - L’étoile de vie 49

6 - La joie du paradis intérieur 55

7 - Le miroir et le papillon 65

8 - Le voyage mystique 73

9 - Le rêve de la vérité 79
10 - Les élixirs de l’âme et les bulles de l’esprit 87

11 - La main à l’intérieur du coeur 95

12 - L’oubli des forces sombres 103

13 - Les sylphides ouvrent le chemin 111

14 - La messagère de lumière 117

15 - La nouvelle humanité 123


Préface de Muriel Morandi

Il y a quelques années de cela, une chose incroyable


m’est arrivée. Une mystérieuse larme est venue boulever-
ser ma vie et me sortir de ma souffrance.
Toute ma vie, j’ai cherché à comprendre l’humanité.
Ma seule réponse fut surprenante « l’humanité n’a pas
d’autres exemples d’humanité sur laquelle s’appuyer ».
Comment comprendre la nature humaine ? Que se
passe-t-il dans l’âme de l’homme pour qu’il puisse
s’éloigner ainsi de la lumière? Pourquoi cette quête irres-
ponsable de vouloir tout détruire ?
Donc, j’ai continué de rêver à une autre humanité, je
voulais couper tous les liens qui me retenaient enchaînée
à la souffrance. Je ne voulais plus me soumettre à un
conditionnement humain extérieur accablant. Je souhai-
tais découvrir la vérité, parce que quelque part en moi, je
savais que seule la vérité pouvait me libérer.
Dans ma tête, je ruminais sans cesse les mêmes ques-
tionnements, les mêmes rancunes, mon esprit n’était pas
libre. Je me sentais prisonnière à l’intérieur de moi et je
voulais m’évader, partir pour fuir. Mais ma petite voix
intérieure, qui résonnait en moi, ne cessait de me répéter
« partir ne changera rien, c’est ici que tu dois changer
quelque chose ! ».

13
Et si je laissais quelque chose de moi-même dans
chaque humain ? Se pourrait-il qu’une seule étincelle que
je laisse en quelqu’un puisse créer tout ce dont il a be-
soin ? Cela serait si merveilleux que mon esprit puisse
générer des milliards d’étincelles en milliards de mil-
liards d’étincelles pour créer un meilleur monde.
Plus je m’approchais de la vérité, plus je m’éloignais
de la fatalité ! Je voulais progresser, devenir initiée, plu-
tôt que victime.
Petit à petit, j’ai introduit dans ma vie la nourriture
des puissances supérieures ; la spiritualité, la méditation,
l’écoute intérieure afin de grandir, et d’élever mon être
pour devenir un plus grand moi.
Les humains devraient comprendre qu’il est important
de faire un travail sur eux-mêmes, car nombreux sont
ceux qui ignorent cela !
La valeur d’une personne doit être reconnue et respec-
tée, ce qui n’est pas toujours le cas. C’est une grande le-
çon d’humilité !
Si vous voulez être libre, vous devez accepter votre
propre valeur et reconnaître votre hiérarchie intérieure.
Tous les modes d’apprentissages et tout le travail que
vous faites sur vous-même vont vous permettre de trou-
ver votre propre rang. Si vous vous considérez comme un
esclave de la vie, vous ne pouvez pas diriger votre monde

14
intérieur et votre vie, vos pensées, vos émotions, vos dé-
sirs…
Le jour où un initié m’a contactée en me posant une
question pertinente, j’ai été très troublée en écoutant ses
paroles :
— Pourquoi te caches-tu jusque dans le cosmos ?
Au début, je n’ai pas trop compris son intention de
vouloir m’aider à me libérer de mon propre emprisonne-
ment. Je n’avais pas conscience de ma hiérarchie inté-
rieure. Je pensais que je n’avais pas une grande place
dans mon royaume. Même pire, je n’avais pas de
royaume !
Je savais que cette révélation était profondément im-
portante, sans pour autant savoir ce qui allait se passer
par la suite.
Ce n’est que quelques semaines plus tard, alors que
j’étais dans une phase de réflexion sur tout mon parcours
de vie que la tristesse m’envahit. Un sentiment mélangé
de colère et d’impuissance émergea du très fond de mon
être.
C’est alors qu’une Petite larme est tombée au sol. Elle
restait là, immobile, comme une bulle magique.
Bien-entendu que ce n’était pas la première fois que je
pleurais, mais jamais auparavant je n’avais remarqué mes
larmes. En tous les cas, jamais de cette manière.
15
Cette Petite larme n’était pas une larme ordinaire, elle
était différente, je l’ai sentie fragile. J’ai su intuitivement
que cette larme communiquait avec mon cœur.
C’est à cet instant que je me suis interrogée : pourquoi
est-ce que les larmes tombent au sol ? Pourquoi les
larmes ne montent-elles pas au ciel ?
L’histoire qui suit est dédiée à cette Petite larme du
monde qui se reflète à travers votre propre lumière.
Je suis convaincue que cette histoire voyagera dans le
monde entier et que Petite larme vivra pour toujours en
chacun de vous.
Ici, quelque part
Muriel

16
« Pour vous, pour tous, je suis venue.
Ma présence est le nouveau monde que vous
devez expérimenter par vous-même. »

Méhora l’étoile de l’espoir


1

Introduction
Il y a très longtemps, dans le lointain des galaxies, une
étoile du nom de Méhora s’échappa de son nid douillet.
Elle parcourut un long chemin dans l’étendue des astres.
Un sourire aux lèvres et une larme à l’œil.
Parmi les myriades d’étoiles qui illuminent les cieux,
elle décida d’entreprendre un voyage vers la terre.
C’est ainsi qu’elle ouvrit ses yeux sur le monde endor-
mi et qu’elle découvrit un secret qui dévoile
l’inimaginable.
Qui mystérieusement s’évapora par-delà le souffle de
vie, partageant son essence au monde.
Soyez bien attentifs, elle est ici parmi nous, et voudrait
vous dire quelque chose…

19
2

La fin d’un temps


C’est ainsi que tout a commencé. Elle entendit la voix de
ses parents, lointaine, comme s’ils se trouvaient à des
milliers d’années-lumière. Elle n’arrivait pas à se réveil-
ler, elle se sentait toute endolorie. Ils parlaient d’une voix
douce, qui la plongeait encore un peu plus dans les pro-
fondeurs.
« Méhora, réveille-toi, ouvre les yeux au monde. »
Lorsqu’elle a ouvert les yeux, elle a senti une petite
larme au coin de l’œil. Puis, gentiment, elle est descen-
due sur terre. La petite larme s’est posée délicatement sur
le sol, elle resta là, immobile, comme une bulle magique.
A ce moment, elle eût une vision. Une vision très éloi-
gnée des fantômes étrangers. Elle vit des jours tristes, des
nuits sombres, des ombres aux corps errants, des destins

21
Muriel Morandi

ruinés, une humanité en pleine crise. Un froid intense


congela tout son être.
Elle cacha son front dans ses mains ne comprenant pas
cette atroce vision qui ne la quittait plus. Elle était toute
seule face à sa douleur. L’heure grise des désespoirs
semblait figée.
Elle s’était aventurée dans une mystérieuse forêt au
creux d’une vallée. Encerclée d’arbres monumentaux
dont les branches s’étiraient tels des bras qui se raccro-
chaient les uns aux autres. Le paysage sans lumière sem-
blait endormi sur terre, une faible lueur luisait au milieu
de la forêt glaciale.
Soudain, elle entendit une petite voix qu’elle connais-
sait. Une voix qui avait fait palpiter son cœur tellement
elle avait prié sa détresse avec toutes les fibres de son
être.
Elle se retourna. A sa grande stupéfaction, Petite larme
se tenait là, devant elle, allongée sur le sol comme pétri-
fiée.
Elle semblait imprégnée de l’éternité et de ses mondes.
A bout de force, découragée. C’est à ce moment, que Pe-
tite larme lui dit d’une voix presque inaudible :
— Mon cœur est brisé, je viens de là, et je retourne là,
d’où je viens. Je retourne au sol, parce que la fin se
trouve à nos pieds.

22
Petite larme

L’amertume avait marqué son visage, Petite larme


semblait tellement fatiguée. Elle portait les fardeaux de
sa propre existence, pénibles à supporter et difficiles à
déposer. Tout paraissait tellement obscur que Méhora
ressentit du chagrin, comme une rivière brûlante qui cir-
culait dans ses veines.
— Non, Petite larme ! lui répondit Méhora, en haussant
sa voix, il ne doit pas y avoir de fin. Vois en chaque fin,
un début de quelque chose de nouveau. Imagine que tu
puisses inventer chaque jour une nouvelle fleur. Imagine
que cette fleur puisse faire pousser l’amour dans ton
cœur. Tu deviendrais la jardinière de ton cœur et tu culti-
verais les plus belles fleurs du monde.
— Hélas, je ne sais pas inventer des fleurs ! répondit
Petite larme le regard vide.
La nature semblait inanimée, le paysage était silencieux
et immobile. Tout était interrompu, comme si le temps
s’était arrêté.
— Il reste toujours un peu de parfum sur tes mains
pour faire éclore une nouvelle vie. Ne te fane pas, Petite
larme, tu peux toujours refleurir ta vie, poursuivit Mého-
ra en lui posant la main sur son épaule.
Une pensée vagabonde traversa son esprit ; est-ce que
la beauté de la vie est si fragile pour que la tristesse
puisse l’inonder de l’intérieur ?

23
Muriel Morandi

— Je n’arrive plus à fleurir ma vie. J’ai si mal au fond


de moi. Comme un grand vide à l’intérieur de moi qui me
fait tant souffrir ! Mystérieuse messagère, je suis désolée,
pardonne-moi, murmura Petite larme entre ses sanglots.
Petite larme plissa son front au creux de sa douleur,
voulant porter sa vie ailleurs. Elle n’était déjà plus là. Le
monde glissait sous ses pieds, elle touchait le fond de ses
désespoirs. La tête baissée, elle n’avait plus le courage
d’affronter la vie.
Après une brève pause, Méhora reprit :
— Non ! Ecoute-moi, je t’en prie, tu n’as pas le droit
de dire ça. Tu n’es pas seule, désormais je suis là pour
toi. Le vide qui dévore ton cœur se remplira de lui-même.
Parfois, il est utile de faire le vide en soi pour recevoir les
plus belles choses. Je sais que tu as traversé des moments
difficiles et sache que je ne t’abandonnerai pas.
Qu’importe le passé, qu’importe l’avenir, mon père me
dit toujours que la meilleure chose est de croire que tout
peut renaître.
Elle avait tant de peine de la voir si malheureuse. Un
voile sombre masquait son visage. Ses yeux bleu tur-
quoise étaient froids et sans lumière. Ils reflétaient celle
qui a vu le monde, qui a vécu et qui n’attend plus rien
d’autre. Elle restait là, pâle comme une statue, sa longue
chevelure lisse noir brillante avec des reflets bleus de mi-
nuit tombant comme une cascade le long de son dos. Son
24
Petite larme

visage à l’ovale pur et ses traits fins animait la passion la


plus ardente.
Inhalant la fumée de sa tristesse, petite larme répondit :
— Je ne veux plus vivre, je suis fatiguée et triste. Elle
posa ses deux mains sur le sol, et reprit son souffle avant
de continuer. Je ne veux plus de demain. Je n’ai plus la
force de me relever.
Elle se condamnait à l’obscurité plutôt que de continuer
à vivre. Plus rien n’avait d’importance que la fin qui se
trouvait à ses pieds. Méhora devait absolument trouver
les mots justes qui permettraient à Petite larme de redon-
ner un sens à sa vie.
— Si tu es triste, c’est parce que ton cœur ne sourit
plus. Lorsque le cœur n’arrive plus à sourire, tout l’éclat
de la vie se perd. Je t’en prie Petite larme, prends ma
main et relève-toi. Je te donnerai la force de continuer,
insista Méhora en douceur.
Quelques secondes plus tard, elle s’agenouilla à côté de
Petite larme. L’humidité du sol était imprégnée des par-
fums des plus petites plantes. Une étrange alchimie se ré-
pandait dans tout son être.
— A quoi bon ? Je suis lasse, ne vois-tu pas ? Interro-
gea Petite larme le cœur lourd en levant légèrement la
tête.

25
Muriel Morandi

— Bien-sûr que je le vois. Je voudrais que tu restes en-


core un peu. Enfin, que tu restes aussi longtemps que cela
durera. Ne dissipe pas mon songe, je me réveille au
monde. Tu pourrais devenir ma meilleure amie. On pour-
rait apprendre à se connaître, répondit Méhora en lui sou-
riant.
Elle savait précisément que Petite larme devait déve-
lopper une influence positive pour échapper à son mal-
heureux destin. Qu’il y a toujours une nouvelle vie qui
s’appelle « demain » et qui commence « ici et mainte-
nant ».
— Je suis très touchée, mais sache que je ne suis pas le
genre d’amie que tu imagines, insista Petite larme en lui
jetant un regard furtif.
— Je ne te demande rien, juste d’être mon amie. Je sais
que tu es une amie merveilleuse. Je n’ai pas besoin que tu
me prouves quoi que ce soit. Tu es la larme mystique qui
éclaire le monde des humains. Une seule larme peut
changer toute une humanité. Je t’en supplie je viens de si
loin.
Elles se regardèrent pendant un long moment sans rien
dire, un échange de regards qui en disait long dans une
atmosphère palpable. Puis, Petite larme répondit :
— Non, tu fais une erreur, je ne suis pas celle que tu
penses. Mes yeux sont aveuglés par la souffrance, je ne

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Petite larme

peux pas voir au-delà de mon chagrin. Je ne fais que


descendre dans les profondeurs pour crier ma douleur
dans le silence. Chaque larme est une douleur qui se
cache. Tu arrives trop tard, l’humanité est un océan de
larmes qui se déchainent.
— Tu oublies le nombre de fois que tu montes en
larmes de joie pour émerveiller le monde ! Et l’humanité
va renaître, tel le phénix qui renait de ses cendres, pour-
suivit Méhora d’un ton bienveillant.
— Je me souviens surtout du nombre de fois que j’ai
frôlé le sol des deuils, de la maladie, et des malheurs. Il y
a tant de souffrances, ici-bas, tant de murs qui séparent
les uns des autres et tant d’injustices. Les suicides, les
viols, les tueries, les cancers, les morts tragiques ont
hantées toutes mes vies.
Durant plus de deux siècles, j’ai pris l’apparence
d’une Petite larme sous plusieurs identités. J’ai été toutes
les larmes du monde, et aujourd’hui tout est fini.
L’extinction de la vie a déjà commencé, grand nombre
d’espèces ont déjà disparu.
C’est la fin, tu ne comprends donc pas ? lui dit-t-elle,
les larmes coulant sur ses joues en formant une flaque sur
le sol.
L’espace d’un instant Méhora aperçut que l’aura de Pe-
tite larme qui enveloppait son être diminuait de plus en

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Muriel Morandi

plus. Elle pouvait sentir les vibrations muettes des cou-


leurs de son aura terne qui influençaient son état interne.
— Je comprends très bien que la marche du monde a
été orientée vers le faux, reprit Méhora en ancrant ses ra-
cines profondément pour se protéger des vibrations néga-
tives. Tu dois savoir que la vanité des humains a voulu
toucher à l’ordre originel des créations. Or, ceci est le
propre de l’humain et non la cause du monde. Ce que je
veux dire, c’est que le monde n’a pas changé, ce sont les
humains qui ont voulu contrôler le monde. Mais les
étoiles brillent toujours pour éclairer le cœur des
hommes. C’est aux humains d’être les gardiens de leur
propre monde.
Je suis venue t’apporter la bonne nouvelle qui va chan-
ger ta vision du monde.
Le miroir de ses yeux révélait une fatalité effrayante.
Méhora voulait l’aider, lui laver sa vie de sel et d’eau, re-
donner vie à son espoir perdu.
— Quelle bonne nouvelle ? Demanda-t-elle d’un ton
prémonitoire en la fixant droit dans les yeux. Je ne veux
pas te décevoir, mais c’est fini ! L’humanité dans peu de
temps disparaîtra.
— Oui, une excellente nouvelle Petite larme. Le nou-
veau monde est sur le point d’arriver. La vérité changera
le cœur des hommes et du monde. Je viens pour te parler

28
Petite larme

d’un secret qui dévoile l’inimaginable. Je te demande de


me laisser une chance de t’aider, expliqua Méhora cal-
mement.
Petite larme détourna son regard, puis réfléchit lon-
guement avant de répondre :
— Je ne peux pas changer mon destin, tout est fini.
Adieu, je meurs.
— Attends ! s’écria Méhora. Tu peux changer le cours
de ta vie. Je t’en prie, accorde-moi un instant et tu le sau-
ras.
Méhora ne pouvait pas la laisser mourir. Toutes ses
épreuves douloureuses avaient anéanti Petite larme. Sa
tristesse remontait à fort loin. Elle voulait poursuivre le
voyage avec elle, ne plus regarder en arrière. Mais elle
savait que pour renaître, il faut d’abord mourir.
Quoiqu’il en soit, elle allait tout faire pour changer ses
larmes en sourire et l’aider à aspirer l’air d’une nouvelle
vie.
Tout en sachant que quelque chose d’insaisissable allait
et venait comme des vagues et qu’il fallait simplement se
laisser guider par le flux de la vie.
Elle demandait juste un instant pour changer le cours
d’une vie.

29
3

Les multiples visages de l’amour


Méhora ouvrit ses bras vers le ciel et pria son père.
Même si des milliards de kilomètres les séparaient, son
père était toujours à l’écoute de ses prières. Elle lui de-
manda de lui offrir l’inspiration qui permettra à Petite
larme de changer sa vision du monde.
A ce moment, la nature s’éveilla et la pluie commença
à tomber. De petites perles d’eau inondèrent rapidement
le sol. L’esprit de Méhora avait pénétré le monde qui
s’était animé à nouveau. La forêt répondait à son appel et
ouvrait grand son cœur.
Petite larme tremblait et toutes ses forces
l’abandonnaient. Elle était livide, son teint pâle se fondait
dans le paysage. Elle avait perdu tout l’éclat de la vie.

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Muriel Morandi

— Tout peut changer Petite larme. Tu peux toujours


recommencer une nouvelle vie, lui dit Méhora en lui sou-
riant.
— Je ne veux plus m’éveiller au matin, tu as fait tout ce
long chemin pour rien. Je te le répète, je suis désolée, in-
sista Petite larme.
— Je ne bougerai pas de là, tant que tu restes au sol !
Ta douleur peut être évitée. Accepte mon aide, je vou-
drais te soulager de ton fardeau, poursuivit Méhora en
posant sa main sur l’épaule de Petite larme.
— Ne vois-tu donc pas que je porte les chaînes de la
misère humaine ? De vie en vie, je vole au secours des
plus faibles, je prends soin des plus petits, je tends la
main aux plus démunis, tout cela est en vain, car
l’humanité est sans issue. Le pouvoir endort les peuples,
les malheureux sont enchaînés les uns aux autres, même
la liberté est enchaînée par toutes sortes de lois, répon-
dit-elle en cachant son visage dans ses mains.
Méhora devait absolument trouver le moyen de faire
comprendre à Petite larme que son état sombre la détrui-
sait. Le maquillage de son existence coulait sur le sol, en
laissant des traces noires, telle la suie grasse qui emprei-
gnait sa vie.
— Je vais t’aider à te libérer de tes chaînes. Je désire
t’offrir encore un moment afin de mêler nos larmes, juste

32
Petite larme

un moment. Dépose ton cœur entre mes mains, pour tout


ce qu’il y a de temps humain. Je n’ai rien d’autre à faire
ici-bas que d’aimer. J’ai tant entendu parler de toi, laisse-
moi te connaître, insista Méhora d’une voix douce.
Petite larme lui répondit en lui jetant un regard lourd et
rempli d’anxiété.
— Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard.
L’amour m’a rendue malheureuse. J’ai voulu croire en la
bonté, la générosité, l’amour, mais rien de tel n’est pos-
sible dans ce bas monde. Tous mes espoirs ont été usur-
pés, violés, trahis, brutalisés, jusqu’à anéantir la plus pe-
tite graine d’espoir en moi. Hélas, l’amour n’existe plus.
Je ne veux plus être une mendiante de l’amour. Je me
sens prisonnière dans un monde qui n’est pas le mien !
Une fleur des champs jaune attira l’attention de Mého-
ra, elle câlinait les eaux cristallines en s’accrochant à la
terre comme un bébé s’accroche aux bras de sa mère.
Comme c’est beau ! pensa-t-elle. Elle puisa la force dans
cette image pour animer le cœur de Petite larme avant de
poursuivre :
— L’amour a de multiples visages. Il peut apparaître
partout, en tout, et devant tout. Seul l’amour est capable
de comprendre l’histoire du monde. Garde confiance en
l’amour, car il est ton seul espoir. L’amour transcende
toutes les erreurs humaines pour illuminer les cœurs.

33
Muriel Morandi

Méhora eu la vision d’un mur épais qui bloquait la vie


de Petite larme, un mur de protection qu’elle avait cons-
truit autour d’elle. Cependant, les fondations de son mur
étaient si fragiles qu’un petit rien pouvait l’ébranler.
— L’amour est une imagination qui m’a poursuivie
jusque dans la chair. J’ai assez vécu d’expériences pour
le savoir. J’ai dû éteindre l’idée de vivre de nombreux
amours. Cela se termine toujours en larmes. Ajouta Pe-
tite larme le regard vide.
Son regard éteint semblait totalement absorbé par le
désespoir. Toute la beauté en elle s’était fanée, elle ne
pouvait voir l’invisible amour qui ne se fane jamais.
— Il y a des choses que l’on sait au fond de nous-
même, reprit Méhora en fronçant légèrement les sourcils.
C’est identique pour l’amour, on ne peut pas cacher
l’amour, car il se manifeste toujours. L’amour est le seul
chemin que nous puissions choisir quels que soient les
chemins que nous avons parcourus. Ta mission est de ne
plus perdre le lien avec l’amour.
Petite larme remarqua pour la première fois la beauté
mystérieuse de Méhora. Chacun de ses mouvements lais-
saient découvrir un peu plus de son émanation. Debout
dans sa longue robe blanche, elle posait naturellement en
fixant l’horizon. Ses longs cheveux bouclés et dorés res-
semblaient à l’éclat du soleil. Son visage ovale et lumi-
neux soutenait l’intensité de son regard sincère. Dans ses
34
Petite larme

grands yeux or on pouvait voir tous les rêves en pleine


lumière.
Sa présence est un privilège céleste pensa Petite larme
avant de poursuivre.
— Pour une raison obscure, je me suis éloignée de
l’amour. Mais lorsque je te regarde, je vois une présence
qui embrasse toute la terre. Je ne peux pas expliquer,
comme si tu venais d’ailleurs. Tu es une mystérieuse
messagère qui parle à mon cœur. Je ressens une puis-
sante émotion qui monte en moi. Quelque chose se passe
en moi, je peux sentir la présence de mon âme prison-
nière d’injustices.
Le ciel se couvrait de plus en plus. D’étranges phéno-
mènes apparaissaient dans le ciel. Les nuages se dépla-
çaient très rapidement. Un nuage en forme d’anaconda
combattait un autre nuage en forme de panthère. Cet
étrange phénomène symbolisait l’état d’esprit de Petite
larme qui se reflétait jusque dans le ciel ; son double obs-
cur combattait sa force intérieure. Méhora savait lire dans
le ciel, elle connaissait tout ce que montre le ciel.
— Il y a cent mille manières d’aimer. Mais un seul mot
pour le dire « je t’aime ». Apprends à aimer l’amour et il
t’aimera en retour au centuple. Vois le visage de l’amour
qui éclot devant toi, car chaque amour a un visage !
poursuivit Méhora tout en regardant défiler les nuages en
quête d’une réponse à la vie de Petite larme.
35
Muriel Morandi

— Donner un visage à l’amour, en voilà une étrange


manière d’aimer, finit par dire Petite larme.
— Ne crains pas d’aimer à nouveau et tu verras le vrai
visage de l’amour. C’est dans ces moments précis que tu
peux percevoir l’authentique vérité de ton propre amour.
Tant que tu ne t’aimes pas, tu ne peux pas prétendre ai-
mer quelqu’un d’autre. Ton chagrin est devenu une ob-
session. Tu as refoulé l’amour pour ne plus souffrir. Tout
ceci va changer, je vais te guider pas à pas vers la recon-
naissance de ta véritable condition spirituelle.
— Tu parles du vrai but de la vie ? questionna Petite
larme avec un certain intérêt.
— Oui, ce qui concerne la vérité de ta vraie vie spiri-
tuelle. Pour le savoir, il va falloir l’expérimenter.
— Est-ce que tu veux parler d’une vie que je ne con-
nais pas ? s’intéressa Petite larme d’avantage.
— Oui, je suis venue t’enseigner la vérité sacré de ta
vie spirituelle. Je voudrais te parler d’un secret, un secret
qui remonte loin. Celui « du monde de derrière », le
monde que l’humanité a refoulé à ses pieds.
— Je n’ai jamais entendu parler du secret « du monde
de derrière », j’avoue que cela évoque quelque chose en
moi. Peut-être que la vie n’est pas telle que l’on croit la
vivre ! répondit-elle en hochant la tête d’un air étonné.

36
Petite larme

— Mon secret a une influence sur le monde. Il parle


d’un peuple nouveau qui aurait découvert la vraie vie.
Mais pour connaître mon secret, il va falloir te relever et
vouloir cheminer avec moi.
La pluie semblait ne plus s’arrêter, elle pleurait toutes
les larmes du monde. La vie de Petite larme était pleine
de nuages. Cependant, l’anaconda n’avait pas vaincu la
panthère. Son double obscur avait disparu dans le ciel.
Méhora avait reçu sa réponse et pouvait s’en réjouir, car
elle savait que le soleil apparaissait toujours derrière les
nuages lourds de l’existence.
Petite larme se redressa comme guidée par une force
intérieure qui la poussa à se relever. A ce moment,
l’amour reprit le fleuve de son seul instant. Car l’amour
est toujours vainqueur, il connait le chemin intérieur qui
mène au bonheur.
Il y a toujours une raison et un moment pour aimer
pensa Méhora en lui tendant la main pour l’aider à se re-
lever.

37
4

La délivrance du cœur
Le clapotement de la pluie exprimait l’inspiration du
moment. Tous les sens étaient réunis en un. Peut-être
était-ce l’influence de la pluie, mais la perspective pour
Petite larme de vouloir quitter ce monde semblait l’avoir
abandonnée. Une connexion spirituelle s’installait en elle
qui devenait plus importante que la mort.
Un petit lézard doré traversa le chemin entre les flaques
d’eau. Il cligna des paupières en passant devant Petite
larme, il voulait s’assurer qu’elle l’avait remarqué afin
d’éviter qu’elle lui marche dessus.
— Cette pluie me donne la chair de poule. L’air est
mouillé et si tu regardes les fils de la pluie, ils sont tous
identiques. Je trouve la pluie monotone, énonça Petite
larme avec lassitude.

39
Muriel Morandi

Méhora suivait toujours du regard le petit lézard doré,


quelque part il ressemblait à Petite larme. Il fuyait le
monde extérieur en se faufilant derrière tous les recoins
possibles afin d’échapper à un destin malheureux. Puis,
elle poursuivit :
— La monotonie tranquillise l’âme et elle permet de se
reposer un peu. Tu peux trouver beaucoup de change-
ments dans la monotonie.
— Franchement, je ne vois pas comment la monotonie
peut amener des changements ! Elle a toujours la même
forme, et le même langage, insista Petite larme.
— Justement, continua Méhora en clignant des yeux,
c’est pour te faire comprendre quelque chose. Il y a un
rythme dans la monotonie qui t’enseigne la voie du chan-
gement, il suffit de voir au-delà des apparences
Le petit lézard doré se faufila sous une branche cassée,
on dirait qu’il aime ça les branches cassées ! Un léger
craquement détourna l’attention de Petite larme, elle fit
mine de ne rien entendre. Elle avait perdu le fil de la
conversation.
— Où en étions-nous déjà` ? Dit-elle la tête ailleurs…
— Nous parlions de la monotonie, je vois qu’elle prend
déjà un autre sens pour toi !

40
Petite larme

— Ah oui ! Le lézard doré a rompu la monotonie. Mais


quand-même cette pluie mouille beaucoup ! répliqua Pe-
tite larme en hochant la tête.
— Petite larme, sais-tu que la pluie donne la jouissance
à la nature ? Tant que l’eau coulera doucement vers le
ruisseau de ton cœur, dans l’enfer ou le paradis, les
amours continueront d’exister. Toi aussi, tu continueras
d’exister.
Petite larme se retourna pour faire face à Méhora.
— La pluie permet à la nature de grandir, moi je ne
fais que tomber sur le sol ou dans les mains des hommes.
Ils ne peuvent pas me voir grandir, car ils sont tous
aveuglés par ma présence. J’inonde de tristesse l’âme du
monde. Personne ne peut apprendre à m’aimer,
s’exclama-t-elle.
Une brindille d’herbe se mit à danser avec le vent. De
petites gouttelettes de pluie sautillaient de droite à
gauche. Le vent s’amusait à les faire danser toutes sortes
de chorégraphies.
— La pluie continue de tomber, même si les hommes
ne savent pas aimer. Elle puise sa force dans les jardins
des paradis oubliés. Ne te morfonds pas dans ton chagrin
Petite larme, il y a toujours une étincelle qui brille
quelque part. Tu es une messagère qui parle au cœur de
chaque humain. En quelque sorte tu es l’esprit de la vie

41
Muriel Morandi

de chacun! Lui enseigna Méhora en la fixant droit dans


les yeux.
Petite larme écoutait attentivement, elle se sentait atti-
rée par la puissance des mots de Méhora. Une force in-
connue la poussa à rester encore un moment près d’elle.
— Personne n’a jamais fait de telles révélations. J’ai
toujours cru que je n’étais qu’une malédiction pour
l’humanité ! Je suis la plupart du temps un symbole de
tristesse et rarement celui de la joie, répondit Petite
larme avec étonnement.
— Qu’est-ce que tu racontes ? Dieu tout puissant, tu
n’es pas une malédiction, mais une « bénédiction » pour
toute l’humanité. Tu es inestimable, tant que tu es vraie.
Là où il y a une larme, c’est qu’il y a un cœur, s’exclama
Méhora en faisant mine de la gronder.
— Il y a quelque chose d’étrange qui se passe en moi,
comme un chamboulement intérieur, je ressens des gout-
telettes de pluie pénétrer mon âme. Une sensation
étrange traverse mon corps, un tourbillon qui…Je
suis…heu…bredouilla Petite larme.
Elle n’arrivait pas à finir sa phrase, elle se trouvait dans
un état second. Comme coupée d’elle-même, elle voulait
résister et en même temps se laisser aller.
— Laisses-toi aller, Petite larme. Ne mets pas de résis-
tance à ce qui vient à toi, car la résistance bloque l’élan

42
Petite larme

spirituel. Tu vis pleinement une expérience spirituelle.


Chaque gouttelette est un espoir d’amour pour le monde.
Elle te tombe sur ton âme comme un sentiment de pure
vérité. Une seule goutte suffit à remplir un océan. Tout ce
qui s’offre à toi est un signe ou un présage, expliqua Mé-
hora en lui souriant.
— Je ne vois pas la différence entre un signe et un pré-
sage ? Tu utilises des mots différents qui veulent dire pa-
reil ! questionna Petite larme sérieuse.
— Il y a pourtant une différence, car le signe annonce
le présage. Le signe revient tant que l’on n’a pas élucidé
le présage. En quelque sorte, on peut comprendre le pré-
sage par la manifestation du signe. D’ailleurs, la plupart
du temps, les signes viennent par deux.
— Comment cela par deux ? Pourquoi pas par trois ou
quatre ? demanda-elle surprise.
— Douce Petite larme, le nombre 2 indique l’équilibre
réalisé ou les menaces latentes. Il est la première division
(le créateur et la créature, le blanc et le noir, le masculin
et le féminin…) Tous les animaux le savent, ils sont at-
tentifs aux signes. Ils respectent la loi des signes.
— Dans ce cas, je dois être un mauvais présage! Un
présage funeste qui annonce la mort et la fin de quelque
chose. La fin d’une histoire d’amour, la fin d’un temps,

43
Muriel Morandi

la fin d’une époque, la fin d’une vie, a-t-elle ajouté avec


fermeté.
Méhora se demanda pourquoi Petite larme se faisait au-
tant de mal à elle-même, en projetant sans cesse des as-
pects négatifs et en se dévalorisant constamment. Elle
ajouta en la regardant avec une beaucoup de tendresse :
— Au contraire Petite larme, tu es un présage annon-
ciateur d’une profonde transformation vers une renais-
sance. Tu es le commencement de toute chose. Lors-
qu’une larme tombe au sol, cela annonce une nouvelle
vie, une réelle transformation de l’être, une perle
d’amour qui s’exprime.
Il y eu un long silence avant que Petite larme puisse re-
prendre la parole. Elle sentait l’importance de se détacher
de toutes ses inquiétudes. Elle ne pouvait plus cacher ce
qu’elle ressentait au plus profond d’elle-même.
— J’ai peur de mourir Méhora, parce que je ne con-
nais pas ce qu’il y a après la mort.
— Avant la mort, il y a la vie. Et après la mort, il y a
une vie. La mort est juste un changement de lieu, ce n’est
pas une fin. Pense à l’artiste qui a peint une toile et qui
doit s’en séparer. La toile restera son œuvre, elle change-
ra juste de lieu et de propriétaire. C’est identique pour la
mort, on reste soi et on change juste de lieu. Cesse de
t’inquiéter de la mort avant qu’elle ne soit là. Pense à la

44
Petite larme

vie et au processus de vie qui continue dans un ailleurs. Il


y a un nouveau monde juste derrière qui ouvre la voie de
la transformation.
Petite larme ne pouvait renier que quelque chose
d’étrange se passait. Elle avait besoin d’être rassurée de
savoir que tout ceci n’était pas qu’un rêve.
— Dis-moi, tu existes réellement ? interrogea-t-elle lé-
gèrement confuse.
Le battement de ses longs cils courbés faisait penser à
des ailes inquiètes qui n’arrivent plus à voler.
— Oui, je suis bien réelle. Si tu me vois, c’est toi que
tu vois à travers moi. Je te guiderai vers un monde incon-
nu qui va t’émerveiller. Un monde dans lequel les larmes
sont des étoiles scintillantes qui illuminent les cieux, lui
répondit Méhora en souriant.
Des filtres de lumière se reflétaient à travers les arbres.
Un lien intense s’établissait entre la nature et l’être.
Après quelques minutes, on pouvait voir des couleurs,
des reliefs striés qui influencent la perception de la na-
ture.
— Ce monde inconnu me semble si lointain, énonça Pe-
tite larme l’esprit ailleurs. Je le sens inaccessible. Depuis
le temps que j’existe, j’ai vu la même histoire se répéter,
et jamais je n’ai connu un monde différent. Tous les
mondes se ressemblent, toutes les planètes, tous les

45
Muriel Morandi

astres, tout est identique. On croit qu’on peut atteindre le


« nirvana » en touchant les étoiles, et pourtant, rien de
tel ne se produira jamais.
Soudain, Méhora éprouva une sensation d’apaisement,
comme lorsqu’elle communique avec son père, un senti-
ment d’assurance que tout allait changer pour Petite
larme.
— J’aimerais que tu puisses toucher les étoiles, lui dit-
elle en souriant.
— C’est impossible ! Personne ne peut toucher les
étoiles ! s’exclama Petite larme en soulevant ses sourcils.
— Bien sûr ! Tout le monde peut toucher les étoiles. Il
suffit de rester immobile, sans même devoir te déplacer.
Elles sont là, dans ton cœur et c’est depuis là qu’elles
montent au ciel.
Méhora posa son index sur le cœur de Petite larme. Elle
ressentit les battements de son cœur en attente d’amour.
Puis, une lueur blanche émana de son cœur.
— Tu es une magicienne Méhora ! Avec toi tout devient
magique. Je n’ai pas de mots pour exprimer ma grati-
tude, énonça Petite larme.
— La magie s’accomplit lorsque le cœur s’illumine !
Ton cœur m’a déjà exprimé sa gratitude. Petite larme,
veux-tu bien être mon amie ? interrogea Méhora en la re-
gardant droit dans les yeux.
46
Petite larme

Petite larme leva ses yeux et la fixa profondément.


L’étincelle s’anima dans ses yeux bleu turquoise où l’on
aime s’y perdre. La main du destin effleura toutes les
profondeurs de son être. Méhora était sous le charme, un
sourire se devinait sur ses lèvres. Petite larme prit une
profonde inspiration avant de répondre :
— Je sens mes yeux se remplir de ta douceur profonde.
Si bien, merveilleusement bien, je sens d’inoubliables
larmes monter vers les cieux. Oui, je veux bien être ton
amie. Je veux bien toucher les ailes de ton cœur.
Méhora avait envie d’aller loin, très loin, comme les
bohémiens de son cœur. Elle voulait s’évader dans les
sentiers interdits, partir loin de tous ces chagrins, là où
les jours sont plus longs, vers les rivages des bienheu-
reux.
Elle avait enfin une véritable amie !

47
5

L’étoile de vie
Emportées par le rapide tourbillon du temps, elles sont
restées ensemble toute la journée. Le vent mêlant les
odeurs de la forêt en transportant le parfum de la vie.
Cachées derrière un buisson, elles observaient ce qui se
passait autour d’elles. Désormais, Petite larme semblait
pleinement engagée dans cette aventure. Elle était en
train de découvrir une nouvelle réalité spirituelle et elle
désirait demeurer auprès de sa nouvelle amie.
On pouvait entendre le murmure des arbrisseaux qui
ouvraient leurs branches pour donner refuge aux moi-
neaux. Ils sautillaient les pattes écartées sur toutes les
branches, et ils ne cessaient de crier.
Petit larme semblait un peu agacée, elle ne put
s’empêcher de froncer ses sourcils.

49
Muriel Morandi

— Ils piaillent beaucoup ces petits moineaux ! Tout ce


vacarme est vraiment désagréable ! dit-elle sur un ton cri-
tique.
— Les oiseaux chantent toujours, même si les branches
sur lesquelles ils sont posés craquent, parce qu’ils savent
qu’ils peuvent encore voler, lui répondit Méhora.
Petite larme s’étonna, ses pupilles étaient grandes ou-
vertes et laissaient entrevoir une curiosité latente.
— La nuit va bientôt tomber et je suis toujours là, lui
dit-elle un peu évasive.
— Oui, Petite larme, tu es toujours une Larme du
monde. Lorsque la nuit tombe, j’écoute « le silence » qui
m’offre toutes les réponses. On entend mieux lorsque
toutes les voix se sont tues et on peut comprendre ce que
les mots ne peuvent pas exprimer.
— Le silence m’a donné trop de temps pour penser.
Toutes ses conversations sans paroles, m’ont enfermée
sur moi-même. Je me sens prisonnière à l’intérieur de
moi-même, répondit Petite larme en posant fermement un
pied sur le sol.
— Tu penses être prisonnière de la vie, alors que tu es
libre de la vivre. La vie se communique, comme si elle
rayonnait. Cesse de remettre en cause ce que tu as fait de
ta vie, et vois plutôt tout ce que la vie t’offre.

50
Petite larme

Petite larme leva sa tête et pris une profonde respiration


en dégageant une longue mèche de ses cheveux noirs
bleutés de son front.
— Dis-moi « Méhora » que signifie ton prénom ? Je
l’aime beaucoup, interrogea Petite larme d’une voix lim-
pide.
L’attitude gracieuse de Petite larme n’échappa pas à
Méhora. Sa corpulence fine et petite ondulait dans le
paysage. Sa longue robe mauve lui donnait un charme
supplémentaire.
— « Méhora » signifie « étoile de l’espoir » répondit-
elle jovialement.
— Es-tu mon étoile de vie ? demanda-t-elle instincti-
vement.
— Oui, je suis ton étoile de vie. Une étoile qui reflète
une Petite larme, acquiesça Méhora.
— C’est beau ce que tu dis, j’ai des étoiles plein les
yeux ! Je sais que tu es l’étoile qui me montre le chemin
d’un scintillement intérieur. Tu es venue à moi pour que
je réanime mon étincelle. Est-ce bien juste ? continua-t-
elle d’interroger.
— Tout ce que je désire est que nos dimensions puis-
sent s’unir afin d’élever la conscience du monde. Je suis
venue encourager l’aspiration de la vie future.

51
Muriel Morandi

Méhora resta un instant silencieuse, puis se tourna vers


Petite larme en la regardant avec beaucoup de tendresse.
Au même instant, la pluie diminua son rythme. Une déli-
cieuse sensation de fraîcheur harmonisait toute la nature.
— Une chose arrive lorsqu’on ne sait pas qu’on
l’attend, murmura Méhora.
— De quoi veux-tu parler ? S’étonna Petite larme.
— Oh, excuse-moi, j’étais plongée dans mes songes.
J’ai vu le visage de la fraîcheur et j’ai entendu sa confi-
dence. J’ai senti sa fraîcheur me souffler un nouvel élan,
poursuivit Méhora.
— Un nouvel élan auquel tu ne t’attendais pas ? Est-ce
bien juste ? questionna Petite larme.
— Je ne sais, je ne peux pas encore le savoir. C’est
juste une sensation qui me traverse. Comme un éternel
recommencement que je ne connais pas. Une délicieuse
fraîcheur reste dans mon cœur. C’est ainsi que l’on peut
accéder à la partie la plus importante de nous-mêmes.
— Comment ça ? Je ne comprends pas très bien, de-
manda Petite larme intriguée.
— Accéder à la partie la plus importante de toi-même,
c’est expérimenter ta propre spiritualité. On ne peut pas
imposer la spiritualité, elle doit se découvrir en soi-
même. Chacun à sa propre manière de l’expérimenter.

52
Petite larme

Garde cette pensée présente à ton esprit, dit-elle avec sin-


cérité.
— Oui, je m’en souviendrai, acquiesça Petite larme
d’un signe de tête.
Les petits moineaux avaient quitté les arbrisseaux et
s’étaient envolés en s’alignant les uns derrière les autres.
Tous les signes annonçaient de beaux présages ! Une
étincelle brillait dans les yeux de Petite larme qui embra-
sait toute la terre.
Les souvenirs d’un passé accablant s’effaçaient du pay-
sage pour laisser place à un panorama sacré. Quelque
chose commençait à changer, sans même devoir faire des
efforts particuliers.

53
6

La joie du paradis intérieur


On ne sait pas combien de jours sont passés depuis leur
rencontre, peut-être que plusieurs jours sont passés. La
pluie avait cessé et il faisait de plus en plus chaud. Le so-
leil s’était introduit comme un roi, il brillait sur les
champs et dans la forêt.
Tous les arbres et toutes les herbes accueillaient les
bras brûlants du soleil. La nature leur offrait son plus
beau spectacle. De l’or brillait sur les champs de fleurs,
une merveilleuse journée s’annonçait.
Une sorte de puissante lumière s’animait d’une in-
croyable beauté tout autour de Méhora, comme si
l’intégralité de l’univers illuminait tout son être.

55
Muriel Morandi

Petite larme ouvrit ses yeux, le soleil y entra. Son vi-


sage s’illumina comme les décorations de Noël. Le bleu
turquoise de ses yeux reflétait un ciel sans nuage.
— Bonjour, mon amie, lui dit Méhora d’un air jovial.
— Bonjour, Méhora. Cela fait longtemps que je n’ai
pas ouvert les yeux au soleil. Pourtant, j’ai vu naître des
milliers de soleils, mais je ne l’ai encore jamais vu de
cette manière. Mes sensations sont teintées d’émotions.
J’ai envie de pousser un cri de joie. S’exclama Petite
larme.
— Oh ! Petite larme dans une journée aussi belle, un
cri de joie est une renaissance. Le soleil est un doux pro-
tecteur qui nous ouvre aux faveurs des cieux, répondit
Méhora en ouvrant grand ses bras vers le soleil.
— Oui, c’est vrai, la joie m’a tant manqué ! C’est fan-
tastique de ressentir à nouveau cette ivresse intérieure
qui fait tourner ma tête, lui dit-elle en tournant sur elle-
même.
L’impact de la pensée de Petite larme de l’influence
positive de joie était aussi authentique que la lumière du
jour. Une aura dorée émanait sur les champs de fleurs, la
nature était animée d’une joie immense.
— L’émerveillement fait grandir. Plus tu es heureuse,
plus cela est contagieux. Il y a toujours un endroit à

56
Petite larme

l’intérieure de toi où il y a de la joie. Souviens-t-en aussi


souvent que la douleur te visite.
J’aimerais entendre ton cri de joie, poursuit Méhora en
la regardant dans les yeux.
Petite larme poussa un cri d’émerveillement, un cri de
joie qui éveilla les beaux sentiments. Une joie unique et
sans retour. Une petite larme de joie que le soleil a bénie
avec envie.
Puis, le monde juste derrière a montré la face de sa
beauté. Encore des amours, encore des pensées, jusqu’au
bout rien ne s’arrête et toujours renaît, où rien ne périt,
d’où plus rien ne fait mal.
— Parle-moi du monde qui vient juste derrière. J’ai
envie de connaître ton secret, murmura petite larme au
creux de son oreille.
— Mon secret existait bien avant l’humanité et bien
avant que l’âme anxieuse fut habitée. L’humanité con-
temple sa lointaine lueur aveuglément, depuis qu’elle est
humanité. Indifférente aux yeux qui les auront observées,
mon secret est au-delà de toutes les espérances, lui confia
Méhora en levant les yeux au ciel.
— Je t’en prie, j’ai envie de savoir. Tu m’as redonné
l’espoir. L’espoir que je puisse encore m’émerveiller de
ce monde. Dit-elle spontanément.

57
Muriel Morandi

— Le monde ne cessera jamais d’émerveiller. C’est ton


monde intérieur qui a cessé de t’émerveiller. Mon secret
est un présage divin qui voit le monde avec
l’émerveillement de l’enfant, poursuivit Méhora en éten-
dant sa main vers les champs de fleurs.
— Je ne suis qu’une petite larme, ton secret décon-
centre ma foi. Il me donne envie d’examiner mes prières,
de comprendre ce qu’il y a juste derrière. Derrière le
monde qui m’a éteinte, le monde de l’humanité qui m’a
ensevelie dans le tourment. Jusqu’à ce jour, où tu m’as
reconnue, alors que je tombais sur le sol d’un sommeil de
pierre, ajouta Petite larme d’une voix mielleuse.
Une abeille butinant une fleur écoutait la conversation.
Leurs yeux se sont croisés, et instantanément, elles se
sont plu. Méhora ignorait cette nouvelle naissance, elle
n’avait rien demandé. L’abeille était juste là, enivrant de
son nectar.
Méhora encore troublée par la féerie de cette nouvelle
rencontre répondit :
— Les yeux de ton âme s’éveillent. Cette terre que tu
as foulée avec tes pieds t’a fait sentir l’oubli. Mon monde
écoute l’herbe qui pousse et respire son parfum. Il entend
le chant des oiseaux qui exprime la naissance d’un nou-
veau jour.

58
Petite larme

— Les oiseaux chantent tous les jours, même si mon


monde intérieur pleure. Ton monde semble bien meilleur,
car il éveille la vie. Les lois des hommes qui dominent le
monde nous condamnent à mourir, et non à la renais-
sance d’un nouveau jour, répliqua-t-elle en lui jetant un
bref coup d’œil.
— Dans le monde de derrière, il y a une loi que rien
n’ébranlera, que personne ne défiera. Une loi d’un devin
du juste et du bon. L’apothéose intérieure d’une cons-
cience sans mœurs. Seulement, mon secret parle du
peuple de « demain », lui répondit Méhora en fixant
l’horizon.
— J’ai envie de découvrir ce monde. Je suis attirée en
toi, je voudrais te ressembler. Tu es si belle, et ton cou-
rage m’impressionne. Moi, je ne sais même plus si
quelque chose existe. Le temple vide et triste a affaibli
mon cœur. J’ai tant voulu tout aimer que je suis devenue
malheureuse. Raconte-moi ton histoire, parle-moi encore
de ton secret, il m’émeut. Cette humanité « de demain »
me donne tant envie de la connaître, insista Petite larme
en se mordillant la lèvre supérieure.
L’abeille fit un clin d’œil à Méhora. Sa complicité était
évidente, elle voulait lui exprimer sa reconnaissance. Une
fine et délicate poudre d’or ornait son manteau. Son far-
deau l’alourdissait, mais elle volait encore.

59
Muriel Morandi

— L’humanité « de demain » existe dans le plus pro-


fond anonymat, reprit Méhora avec sérénité. Tout est
marqué d’un signe vivant. Toute âme est marquée de son
sceau. L’humanité « de demain » a toujours quelque part
où aller reposer sa tête, elle guide ses pas dans le chemin
de la paix.
— L’humanité n’a jamais connu la paix, elle a toujours
existé dans la détresse, la douleur et la souffrance, ré-
pondit Petite larme en continuant de mordiller sa lèvre
supérieure.
Un sourire se dessina sur le visage de Méhora qui re-
marqua qu’une fine poudre d’or du nectar de l’abeille
maquillait les lèvres aux contours bien dessinés de Petites
larme. Ce qui lui donnait un charme indéfinissable.
— Sache Petite larme que cette nouvelle humanité est
si pure, qu’elle emporte avec elle tous les biens essentiels
de la vie. C’est un cercle d’humanité qui se donne la
main en s’éclairant chacun de sa propre flamme inté-
rieure et se laisse stimuler par l’énergie créatrice, pour-
suivit Méhora d’un ton chaleureux.
— N’est-ce pas un peu ennuyeux ? Car cela me semble
vide de sens. L’humanité n’apprendrait plus de ses er-
reurs. Cela m’a l’air trop parfait, une telle humanité ! In-
terrogea Petite larme en écarquillant ses paupières.

60
Petite larme

— L’ennuie n’existe pas pour les gardiens de la terre,


même dans le sommeil ils ne s’endorment pas ! Si tout
était trop parfait, il n’y aurait plus d’aventure, plus de
plaisir, plus de hasard, plus d’évolution. Personne ne sau-
rait que le feu brûle, que la pluie mouille et que la terre
sèche. Tout ce qui est parfait n’est pas forcément sincère.
D’ailleurs la maladresse de la spontanéité est plus sincère
que la préméditation du mensonge.
— J’aimerais faire de ce jour unique, une éternité qui
dure. Jamais personne ne m’a tenu un tel discours. Je
dois admettre que je suis sous le charme. J’aimerais sa-
voir si le paradis existe ? demanda-t-elle curieuse.
— Cela fait si longtemps que tu existes d’une incurable
envie d’un paradis qui te paraît si lointain. Pourtant, ce
paradis se trouve avant tout en toi, seulement tu ne peux
pas le voir.
La clarté avec laquelle Méhora envisageait la vie ne
laissait pas Petite larme indifférente. Elle était suspendue
à ses lèvres, chaque parole nourrissait son cœur.
— Quelque part dans ce monde, je cherche le paradis.
Peut-être comme une lueur d’espoir pour apaiser ma
souffrance. Je ne dois pas chercher le paradis, n’est-ce
pas ? C’est le paradis qui viendra à moi ? questionna-t-
elle en sautillant légèrement.

61
Muriel Morandi

— Si tu cherches le paradis comme une lueur d’espoir,


tu ne le trouveras pas. Car le paradis n’est pas un lieu, il
n’est pas un idéal, il est un état d’âme. Il ne suffit pas de
dire je désire troquer ma souffrance contre un paradis, ni
de vouloir chercher en dehors de toi un lieu qui puisse
compenser ta détresse. Non, le paradis n’est autre que la
paix de ton cœur.
— Je ne suis qu’une Petite larme qui a perdu confiance
en la vie. Je ne croyais plus en l’humanité. Tu m’as ou-
vert les yeux et je peux à nouveau voir. Aujourd’hui, mon
visage se tourne vers le soleil et je peux enfin voir le pa-
radis de notre amitié, lui confia Petite larme en la fixant
avec tendresse.
Petite larme découvrait l’inconnu, elle sentait un peu
d’elle s’arracher d’elle-même. Même si elle était tombée
au sol, elle pouvait encore recommencer. On pouvait sen-
tir l’envie de changer ses larmes en joies intenses.
— L’amitié sèche les larmes et elle tend sa main ou-
verte pour partager tout ce qu’elle aime. Elle donne son
temps, et elle offre une partie d’elle-même qui ne lui re-
viendra pas, poursuivit Méhora en inclinant légèrement la
tête.
— Ton amitié montre que je ne dois pas renoncer, ne
pas me résigner, ne pas abandonner et continuer de me
battre pour tout ce qui en vaut la peine, s’exclama Petite
larme.
62
Petite larme

— Lorsque tu auras compris que se battre est une illu-


sion, tu pourras vaincre tout ce qui te ronge de l’intérieur
et qui t’empêche de valoriser la vie, au-delà des idées re-
çues. Toi seule décides de créer ton monde. Tous les es-
paces vides en toi ont été laissés pour être comblés. Les
croyances des hommes ont dit : qu’il faut se battre pour
réussir sa vie. L’univers dit : qu’il suffit simplement
d’être, poursuivit Méhora avec conviction.
— Est-ce que tu sous-entends qu’il est inutile de se
battre ? Mais dans ce cas, on n’aura jamais rien ! Car
rien ne s’acquiert facilement ! J’ai toujours appris à me
battre pour obtenir quelque chose, s’étonna-t-elle d’un
signe de tête.
— L’idée même de se battre n’est pas en osmose avec
l’univers, car l’univers n’a pas besoin d’eau pour éteindre
le feu. Rien que l’énergie du mot « se battre » est une
énergie lourde et négative. Tu es une étincelle entre deux
mondes, l’un visible et l’autre invisible, et si tu acceptes
« le tout » tel qu’il est, tu peux transformer tes larmes en
sourires et t’en réjouir.
Le soleil se mit à bailler, il a rempli les ruches de miel
et il est parti se reposer un peu. Il s’éloignait de plus en
plus, il est allé se coucher. Petite larme s’est approchée
encore un peu plus de Méhora. L’heure qui existe
s’approchait. Le visage de la lune est apparu, elle a souri

63
Muriel Morandi

avec un clin d’œil. Puis, le chant de l’illumination silen-


cieuse les a endormies l’une contre l’autre.

64
7

Le miroir et le papillon
Une larme et une étoile ont dormi ensemble plusieurs
nuits. Elles avaient construit une cabane dans la forêt
avec des branches et des bambous. Elles s’y sentaient
bien, près de la nature, respirant en plein air en prenant le
temps de vivre. Se nourrir de ce que prodigue la nature :
des plantes, des herbes, des baies sauvages, leur procurait
un sentiment d’autonomie et de bonheur.
Elles se sont encore rapprochées, pour faire connais-
sance. Les journées précédentes semblaient s’être dérou-
lées comme dans un rêve.
Petite larme découvrait le secret du monde de derrière.
Elle posait beaucoup de questions et Méhora répondait à
toutes ses questions. Un secret demande beaucoup de pa-
tience, les animaux et la nature le savent, ils vivent leurs

65
Muriel Morandi

secrets chaque jour, chaque saison, chaque année et de-


puis des siècles. Ce qu’ils savent aussi est qu’un secret
aussitôt révélé se dénude. Et que, plus la curiosité
s’éveille, plus le secret se dévoile aux oreilles du monde.
Méhora porte son secret depuis si longtemps, le partager
l’allège, cela remonte à loin.
C’était le début de l’après-midi, Méhora venait
d’embrasser la terre après avoir terminé sa méditation,
alors que Petite larme était assise un peu plus loin à ne
rien faire.
— Penses-tu que moi aussi je pourrais voir le monde
de derrière ? demanda Petite larme spontanément.
— Un jour, tu pourras le voir. Etape par étape, petit à
petit, tu pourras le voir. Un beau jour, il luira dans ton
cœur et va t’émerveiller de sa splendeur, lui répondit
Méhora en se frottant les mains pour nettoyer le reste de
terre.
Un long sourire animait le visage de Petite larme. Elle
avait fait le plein d’énergie et elle observait la beauté du
lieu.
— Comme ça ! S’exclama-elle !
Méhora un peu distraite, lui répondit : Que veux-tu dire
par comme ça ?
— Je veux dire que « c’est comme ça que je veux
vivre ! ».Je suis heureuse, car le bonheur fleurit sous mes
66
Petite larme

yeux et j’ai trouvé un asile prêt de toi. Je me sens bien


avec toi. Je ne suis plus seule ! poursuivit-t-elle joviale-
ment.
— Je resterai toujours prêt de toi. Parce que dans
chaque larme, il y a une étoile. Et que rien ne peut nous
séparer. Tu pourras me voir partout où l’amour fleurit, lui
confia Méhora avec tendresse.
Après s’être assises sur un tronc d’arbre tout en dégus-
tant les baies sauvages comestibles qu’elles avaient cueil-
lies dans la forêt, elles discutèrent encore un moment de
la meilleure manière de voir le monde. Méhora expliqua
à Petite larme que toutes les expériences qu’elle avait vé-
cues avaient leurs raisons d’être, et que, nul ne peut com-
prendre la vie sans passer par ses étapes. Personne
n’avait jamais parlé d’une manière aussi directe à Petite
larme, mais elle savait que son amie avait raison.
— Oh, regarde Méhora, il y a un papillon blanc qui
s’est posé sur ma main. Il secoue la poudre de fleur de
ses ailes sur ma main, s’exclama Petite larme d’un ton
jovial.
Méhora battait des cils en signe d’émerveillement, puis
répondit :
— Un papillon symbolise la présence de l’âme. Ce qui
signifie que ton âme est prête à se manifester. C’est mer-
veilleux, accueille pleinement ce moment !

67
Muriel Morandi

— Mon âme veut me rencontrer ? interrogea Petite


larme intriguée.
Le papillon blanc s’était confortablement installé sur
l’index de Petite larme, les ailes grandes ouvertes. Il fai-
sait des petits mouvements avec ses pattes savourant
pleinement la plénitude de la vie.
— Lorsque le papillon vient à toi, tu peux t’attendre à
de grands changements. Ton âme désire se connecter
avec ton être afin que tu puisses t’élever dans d’autres
sphères. Pour l’instant, elle s’installe en toi pour capter ta
fréquence vibratoire, plus elle s’approche, plus elle peut
identifier le taux vibratoire de ton être, poursuivit Méhora
en passant sa main au-dessus du papillon.
— Oh, c’est fantastique ! Donc, mon âme est présente ?
interrogea Petite larme touchée par l’attention du papillon
blanc.
— Bien-entendu, l’âme est tout ce qui t’anime. Ton
âme est toujours présente, tout comme la légèreté de
l’être est indispensable pour s’élever. Elle a besoin
d’identifier ton énergie terrestre afin de t’emmener dans
les plus hautes sphères de ton être divin.
Méhora ne put s’empêcher de sourire tout en démêlant
les cheveux de son amie qui s’entremêlaient tout le
temps. La vie est ainsi faite de nœuds qui entremêlent
toutes nos pensées, se dit-t-elle intérieurement.

68
Petite larme

— Je crois que ta vie est lavée, Petite larme. Nous pou-


vons commencer à voir ce qu’il y a derrière cette vie.
— Tu veux dire ce qu’il y a derrière le miroir ? deman-
da Petite larme étonnée.
— Oui, en quelque sorte. Il suffit de passer de l’autre
côté, derrière le miroir des apparences du monde. Je ne
t’ai pas devinée, je t’ai simplement trouvée là, juste der-
rière l’humanité qui t’a faite larme. Loin de tout ce que
l’on sait, nos cœurs se sont trouvés. Dans le miroir, tu
n’es pas celle que tu vois, tu es celle qui pleure toutes les
nuits dans les miroirs d’autrui. Derrière les décors de
l’existence immense, il y a un décor d’une humanité en-
core inconnue, poursuivit Méhora en finissant de coiffer
Petite larme.
Petite larme plissa ses lèvres. Elle pensait à une ré-
ponse, sachant que Méhora avait le don de ne jamais rien
oublier. C’est comme si elle lisait dans ses pensées.
— Je voudrais que mes yeux brillent de la clarté mys-
tique, afin de faire rougir le soleil. Continuer de vivre
auprès de toi et entendre le chant de mon âme. Pensa à
voix haute Petite larme.
— Lorsque tu pourras regarder la lumière du jour en
fermant les yeux et que tu arriveras à garder la même
clarté dans ton imagination, tu seras totalement éveillée.

69
Muriel Morandi

De l’autre côté du miroir, tout est clarté, lui confia Mého-


ra en levant les yeux au ciel.
— Je n’ai jamais réussi à garder la lumière en moi, et
de l’autre côté du miroir, je ne vois qu’un monde absent.
Il faudrait changer tous les miroirs de l’humanité par des
miroirs colorés, roses, bleus, jaunes, verts, rouges, des
miroirs du paradis ! J’ai tant besoin de toi pour changer
mes larmes en joie intense, répondit Petite larme en po-
sant sa main sur celle de son amie.
Le bruit de la rivière proche faisait sentir « l’amour »
devant tout ce qui passe. Juste derrière, suivait une hiron-
delle. Elle planait dans les airs et sur les eaux et elle dé-
posa délicatement une poussière d’âme sur les cheveux
de Petite larme qui ne remarqua rien.
— Il faut avant tout changer tes miroirs intérieurs et les
remplacer par de purs miroirs. Tant que tu es dominée
par tes pensées, les miroirs sombres se refléteront à
l’extérieur. Les pensées influencent le regard intérieur, il
faut dominer tes pensées, ajouta Méhora avec sincérité.
— Mais, c’est impossible, car les pensées sont si nom-
breuses et ce n’est pas facile de pouvoir freiner les pen-
sées, s’enquit Petite larme.
— Adresse-toi à tes pensées, c’est à toi de dire Non!
Stop ! Arrêtez ! Si tu ne donnes pas l’ordre à tes pensées,
elles vont s’organiser par elles-mêmes pour te diriger.

70
Petite larme

C’est toi seule qui gouvernes ton monde, pas tes pensées.
C’est pour cela que tes pensées doivent être de purs mi-
roirs brillants, expliqua Méhora en se contentant de re-
garder son amie.
— Je vais m’y efforcer, je te le promets, acquiesça Pe-
tite larme d’un signe de tête.
— Une promesse est souvent faite pour ne pas être te-
nue. Contente-toi de faire de ton mieux selon tout ce qui
se présente à toi, que cela soit un obstacle, un échec, une
contrariété, tout doit pouvoir te rendre meilleure.
— D’accord, je ne ferai plus de promesses ! Je vais
tout faire pour devenir meilleure. J’ai une idée ; je pense
que la meilleure façon d’y arriver est d’essayer de vivre
au quotidien tout ce que tu m’enseignes. Qu’en penses-
tu ? interrogea Petite larme en levant les épaules.
— Je pense que c’est une excellente idée ! Tout est relié
à l’émergence de la conscience. Jusqu’à retrouver
l’intégralité de la connexion avec ta source Divine. Tout
viendra au bon moment, selon ta propre évolution.
Petite larme a lavé son cœur et sa vie. Méhora resta au-
près d’elle, le temps d’un secret qui invoque des choses
cachées, des grandes choses qu’elle ne connaît pas en-
core.
L’hirondelle s’éloigna dans le ciel, elle plana dans les
airs. Libre de vivre l’intense amour. Elle se dirigea vers

71
Muriel Morandi

l’inconnu, vers d’autres horizons, là où les jours et les


nuits se confondent.
Petite larme souffla son vœu au joli papillon blanc qui
s’envola comme un espoir aux amours éternels. Vole pa-
pillon blanc, vole et reviens vite !

72
8

Le voyage mystique
Une légère brise soufflait comme une caresse subtile. La
nature s’abandonnait totalement en se laissant aller en
toute confiance. Les feuilles se laissaient balancer paisi-
blement sur les branches des arbres. Cela faisait penser à
ces moments de la vie où l’on n’a rien d’autre à faire que
de laisser faire la nature.
Plus Petite larme grandissait, plus la taille de l’inconnu
devenait grande. Elle ne savait pas ce qu’il y avait devant
elle, et ce que le monde de demain sera pour elle. Elle ne
tenait plus en place, on aurait dit qu’elle avait le feu sous
ses pieds. Même si elle concentrait toute son attention sur
les enseignements de Méhora, il lui semblait que tout al-
lait très vite. Beaucoup d’informations et de révélations
arrivaient en même temps. Elle pensa même que le ciel
lui tombait sur la tête !
73
Muriel Morandi

— Méhora, je t’en prie, dis-moi d’où tu viens ? lui de-


manda-elle spontanément.
— Trouve en une seconde l’infini de la jouissance, la
jouissance du beau. Regarde le ciel et trouve cette beauté
imminente. Ensuite, je te dirai d’où je viens. Répondit-
elle en la regardant profondément.
— Comment dois-je faire ? interrogea Petite larme avec
étonnement.
— Il faut juste oser te lancer dans le sublime. En fai-
sant l’expérience de l’expansion de ta conscience comme
si tu pouvais toucher de ta main les nuages. Il faut es-
sayer encore et encore jusqu’à ce que tu puisses y arriver.
Apprends à devenir une initiée de la véritable beauté,
celle de ta divinité, poursuivit Méhora en ouvrant ses
paumes des mains vers le ciel.
— Un peu comme si je dois fusionner avec mon essence
divine ? demanda Petite larme.
— Oui, fusionner avec ton essence divine est le chemin
qui mène à la jouissance du beau. Il suffit de trouver
l’instant parfait de la beauté de ton ciel intérieur et de
l’étendre à l’infini. Relie-toi depuis ton cœur au cœur de
l’univers afin de reconnaître ton essence divine, lui en-
seigna Méhora avec les gestes.
— Je t’en prie Méhora guide-moi, je ne sais pas com-
ment faire, insista Petite larme un peu anxieuse.

74
Petite larme

— Seul le cœur spirituel est capable de se relier à


l’essence. Il est nécessaire d’élever ta vibration afin de
faire descendre l’esprit Divin en toi. Une petite étincelle
de ton essence Divine suffit à fusionner avec ton cœur et
ton être.
Es-tu prête ? demanda Méhora avec douceur.
Petite larme leva la tête un instant pour réfléchir afin de
donner un ordre à ses pensées. Comme un général qui
donne un ordre à ses soldats !
— Je suis prête…répondit Petite larme
— Alors ferme les yeux et imagine…Imagine-toi ce
qu’il y a derrière ce ciel, imagine-toi un monde secret.
Un monde où personne ne sait se rendre, toi seule peut le
connaître, toi seule peut le voir.
Un rayon de soleil entra dans les yeux de Petite larme,
la couleur de ses yeux bleu turquoise étincelait encore
d’avantage, on pouvait y voir un océan d’amour. Puis,
elle ferma les yeux un instant.
— Laisse ton esprit suivre son pèlerinage, deviens
larme mystique couronnée de tous les temps et tous les
univers. Puise ta force dans les foyers des Saints rayons
qui font de toi une étoile en larme. Sillonne l’immensité
de ton âme, purifie- toi dans les airs condensés qui rem-
plissent les larmes du monde.

75
Muriel Morandi

— J’ai l’impression que je sors de mon corps, je


m’envole comme le papillon blanc, dit Petite larme les
yeux toujours fermés.
— Va, Petite larme, vers mon monde présent derrière
les chagrins qui chargent l’existence. Va, élance-toi vers
les champs de blés lumineux qui n’en finissent pas. C’est
de là que je viens, le monde de derrière est celui qui
plane sur la vie et comprend sans effort les merveilles du
monde, ajouta Méhora en se connectant à Petite larme
pour l’aider à faire ce voyage mystique.
— Mon Dieu ! Comme c’est beau ! Je m’élance dans
les cieux d’une seule larme, comme une aile qui
m’emporte dans les sphères étoilées. Je peux atteindre
les plus hauts sommets, je vois la vie au-dessus, tout est
plus beau. Jamais je n’ai connu cette sensation d’être au-
dessus de tout, c’est fantastique !
Petite larme se détachait du monde ordinaire, regardant
la vie au-delà de son vécu. Son souffle ne faisait plus
qu’un avec l’univers.
— Je m’élève au-delà de la terre, et je perçois
l’immensité du cosmos. C’est comme si j’avais mille ans
en une seule seconde, poursuivit-t-elle en inspirant pro-
fondément, je sens l’inspiration d’un amour éternel. Je
vois de purs miroirs qui rendent toute chose plus belle
que les étoiles, une plus belle que l’autre, encore une, il
n’y a pas de fin. Je ne peux pas l’expliquer autrement, je
76
Petite larme

me sens au fond de l’inconnu et je trouve un nouvel infi-


ni, partout et en tout. Mon Dieu ! C’est grandiose ! Ja-
mais je n’aurais imaginé pouvoir aller si loin. Je sens
l’amour de la terre qui m’entoure de ses bras puissants.
Un amour que j’ai tant cherché durant toutes mes vies
sur terre.
Méhora l’écoutait tout en ramassant des branches
mortes avec délicatesse. Elle sépara les brindilles des
branches afin de préparer un petit feu.
— Suis-je toujours là ? s’inquiéta Petite larme en fixant
profondément son amie.
— Oui, je te rassure, tu n’as pas bougé. Tu es dans
l’état de grâce du flux, ce qui signifie que tu as expéri-
menté la concentration énergétique optimale. C’est un
état de pleine présence. Tu peux t’évader partout, tout en
restant là. Plus on expérimente cet état de grâce du flux,
plus on se rapproche de notre Divinité, jusqu’à la recon-
naître et la dilater en nous, lui dit Méhora avec sérénité.
— En tout cas, je suis prête à recommencer, car je me
sens si bien ! J’ai une grande sensation de clarté qui
reste en moi. Comme si tout ce que j’ai vécu est bel et
bien réel, s’exclama Petite larme.
— C’est bien réel, Petite larme. Bien plus réel que tu
ne le penses. Tu as exploré tes capacités d’être pleine-
ment présente et tu t’es impliquée à créer une autre réali-

77
Muriel Morandi

té afin de dépasser le seuil de tes fausses croyances. Car


les fausses croyances servent souvent d’idéologies pour
alimenter un système de pensées. Tu as reconnu la puis-
sance de l’amour qui t’a entouré dans ses bras puissants.
Bientôt tu seras prête à l’accueillir dans ta vie.
Puis, elle adressa un sourire serein à Petite larme tout
en entassant les branches sèches et les petites brindilles
l’une sur l’autre afin de préparer le feu, car la nuit allait
bientôt tomber.
Petite larme regarda fixement le feu et ses paupières
devenaient de plus en plus lourdes. Elle s’endormit paisi-
blement, comme un ange qui détient les doux secrets de
l’univers. Elle soupirait dans le jardin des roses du para-
dis. Le long fleuve de ses douleurs se dissipait sous le
ciel détaché d’un jadis imparfait.
Méhora contempla les étoiles toute la nuit sans se las-
ser. Elles ressemblaient à des âmes solitaires séparées les
unes des autres, éclairées d’une lueur bienveillante, l’une
envers l’autre. Des souvenirs lointains animaient son ciel
intérieur. Et elle a vu sa mère.

78
9

Le rêve de la vérité
Après un si merveilleux festin d’une nuit étoilée, Méhora
a contemplé la sagesse maternelle. La douce protectrice
de son enfance l’a bercée durant toute la nuit. Elle a dé-
couvert ses rêves dans la lueur illusoire entourée
d’étoiles. Sa lueur lui est si familière, Méhora aime sa
mère céleste. Petite larme était dans ses bras, une mère
berçait une larme. Tout le paysage dormait au milieu des
galaxies. Il y avait un silence sans désirs, sans mémoires.
Un silence qui garde son secret et s’en va quand le jour
apparaît.
Et le jour est venu…
— J’ai fait un beau rêve.
Lui dit Petite larme d’une voix encore ensommeillée.

79
Muriel Morandi

— Raconte-moi ton rêve, Petite larme. J’ai hâte de le


découvrir, lui répondit Méhora.
— Oh ! C’est un rêve d’une étreinte infinie. La lune me
berçait dans ses bras, je me suis blottie comme un oiseau
au fond de son nid. Puis, j’ai vu les larmes des nuits étoi-
lées, défiler devant moi. Et toutes ces larmes étaient des
espoirs qui font rêver toutes les galaxies, lui répondit Pe-
tite larme avec tendresse.
Le secret du monde de derrière se sentait au plus pro-
fond de ses lèvres, Petite larme reflétait tous les miroirs
d’autrefois. Les miroirs d’une humanité encore inconnue.
Transportée au-delà de la vie, plus loin que les miroirs
d’un passé encore endormi, elle découvrait une autre vie.
— Un ange a recueilli le rêve que tu pleures. Le rêve
des espoirs perdus dans le néant des illusions qui
s’évaporent vers un ailleurs. Le monde de derrière ouvre
la voie de la nuit transparente, d’une nouvelle humanité
qui retrouve tout son ciel étoilé dans son cœur, lui répon-
dit Méhora en esquissant un sourire.
— Oh, comme je voudrais revivre cette expérience, im-
plora Petite larme.
— Maintenant que tu te souviens des cieux, tu te sou-
viendras aussi que ton ange ne te laisse jamais tomber.
Ton ange t’a emmené par la main jusqu’aux étoiles pour
te faire voir les larmes des cieux. Le ciel t’offre tout le

80
Petite larme

bonheur, l’amour et le sentiment qu’il existe un plan su-


périeur qui te guide toujours, poursuivit Méhora en la re-
gardant avec tendresse.
Petite larme resta immobile. Elle se sentait protégée par
une puissance supérieure. Elle se laissa immerger par
cette émotion de bien-être dans le plan lumineux qu’elle
venait d’expérimenter. Puis, elle reprit :
— Dans mon rêve, les astres se suivaient en me libé-
rant de mes chaînes. J’ai vu mes passions, mes rêves,
mes désirs qui flottaient dans l’espace, comme un film
qui défilait devant moi. Puis, j’ai entendu une voix cha-
leureuse qui a enflammé mon cœur, comme un père qui
m’appelait à lui, mais je ne l’ai pas vu.
Méhora comprit immédiatement que son amie prenait
conscience de la puissance Divine qui était toujours à ses
côtés qui provenait du monde de derrière.
— Et maintenant, le vois-tu ? reprit-elle en pointant son
doigt vers le soleil tout en posant une main sur son cœur.
Il te frappe de sa lumière, celui qui fait passer tous les
soucis de la terre jusque dans le ciel. Il connaît la loi de la
beauté et nous y emmène, il ne perd jamais espoir.
— Oui, je le vois. Le soleil de ma vie intérieure. Il se
reflète dans les moindres courbes de mon cœur. Il brille
de partout, il peint le monde de son rayonnement et il
tend les bras vers la belle saison. Il me fait me souvenir

81
Muriel Morandi

de l’âme de Dieu et il me donne l’élan d’une nouvelle


vie. Lui répondit-elle encore sous l’émotion.
Dans l’espoir de ce moment, depuis le début de leur
amitié, Méhora absorba tout le champ énergétique qui les
entourait en sentant sous ses pieds l’autre extrémité de la
terre. Elle intégrait l’immensité de l’univers en quelques
secondes. Puis elle reprit :
— Vois mon père, vois donc, là-bas, l’infini horizon où
tout renaît. Mon vieux père ne peut pas mourir, sa sphère
est si haute, il porte le flambeau des âges et des mondes.
L’heure de ton sommeil viendra à disparaître Petite
larme. Et la naissance d’une humanité sans mensonges et
sans anxiété caressera les âmes en paix.
Tout près d’elles se trouvait un chêne qui pencha la
tête, curieux de leur conversation. Vêtu jusqu’aux bras
d’un feuillage fleurissant, inspirant les tendres aveux,
c’est ainsi qu’il fait des heureux. Et Méhora l’entendit lui
dire :
« Je suis soumis à d’autres lois, à la charnelle vêture
des mémoires humaines. Sais-tu que les larmes
s’enracinent au destin ? »
Méhora répondit au vieux chêne : oui, je sais aussi que
la sève des larmes monte au ciel.
Le vieux chêne resta silencieux, il a juste traversé sa
pensée. Elle reprit la conversation en pensant qu’il était

82
Petite larme

important que Petite larme puisse renouer avec son moi


Divin.
— C’est en permettant tout ce qui désire être que tu
peux accéder à un plan plus lumineux de ton être. Ton
rêve t’a montré ce que tu avais besoin de comprendre, a-
t-elle ajouté en inclinant légèrement la tête.
— Je sais qu’avant, je n’avais pas cette vision de moi-
même. Mais aujourd’hui, j’ai changé, j’ai pardonné mon
passé, lui répondit Petite larme instinctivement.
— Pardonner est important en acceptant » tout ce qui
est », tel qu’il est, dans le moment présent. Tout ce qui
arrive est relié avec ce « tout ce qui est ». C’est en restant
dans une sensation durable d’amour, de joie, de protec-
tion, de paix intérieure que tu accèdes au véritable cycle
de ton être Divin.
La beauté du soleil qui s’élevait au-dessus des mon-
tagnes touchait en chacune la part commune de
l’humanité. Elle les emmenait loin au fond d’elles-
mêmes en touchant les ailes de la plénitude.
— Comment puis-je accéder à cet état d’être ? deman-
da Petite larme d’un ton mielleux.
— Il suffit de rester toujours reliée à ta vérité inté-
rieure, tant que tu alimentes les mensonges tu n’es plus
alignée. Même la moitié de la vérité est pleine de men-

83
Muriel Morandi

songes. Tu déformes la réalité en idéalisant le vrai du


faux, lui fit- elle remarquer.
— Oui, mais parfois un mensonge peut nous sauver
d’une situation, continua Petite larme l’air inquiète.
— Certaines vérités ne se respirent pas, tout comme
certains mensonges se sentent. Cela signifie qu’il y a des
vérités qu’on ne veut pas voir et des mensonges que l’on
fait semblant de croire. La prise de conscience d’une vé-
rité intérieure éclaire un part de soi dans l’obscure.
— Je suis d’accord avec toi. Seulement, parfois il peut
y avoir des vérités qui blessent. Par exemple, que l’on
n’ose pas dire à quelqu’un sans devoir le blesser, répon-
dit Petite larme en fixant profondément son amie.
— La plupart des êtres humains ne cherchent pas la vé-
rité comme une guide intérieure, mais comme une
croyance d’un monde idéal. La vérité intérieure voit le
monde tel qu’il est. Tu es seule responsable de ce que tu
dis et tu n’es pas responsable de ce que l’autre entend. Si
tu dis une vérité blessante, c’est que tu pars d’une mau-
vaise intention. Car la vérité ne doit pas blesser, mais ré-
concilier l’être avec lui-même en nourrissant son âme,
poursuivit Méhora en regardant son amie dans les yeux.
— Oui, mais parfois un mensonge peut faire moins de
mal qu’une vérité qui touche ? Répondit Petite larme en
soulevant le bas de sa robe pour se déplacer.

84
Petite larme

— Une vérité qui nourrit l’âme est un travail de trans-


formation intérieure. Si tu dis un mensonge, tu profères
des paroles que tu ne pourras plus transformer. Car les
paroles prononcées par le mensonge ou la médisance
provoquent des dégâts dans les régions invisibles. Il est
important de prendre conscience des différents plans qui
interagissent entre la parole et la pensée. Car si tu te con-
centres sur tes pensées, tu peux arrêter tes paroles avant
qu’elles ne prennent forme.
— Alors je ne vais plus mentir ! Je m’appliquerai à
surveiller mes pensées et je dirai la vérité intérieure de
mon âme sans blesser personne. Merci Méhora, je gran-
dis chaque jour d’avantage grâce à toi.
Vieux chêne ne put s’empêcher de répondre toujours
relié à l’esprit de Méhora :
— On naît d’une idée, moi je suis né de l’idée d’un ro-
seau qui devient bois. Ça c’est une vérité !
Méhora se mit à rire. Un rire de vérité de joie qui anima
toute la forêt en gratifiant sa présence.
Petite larme semblait un peu fatiguée, toutes ses con-
versations affaiblissait son énergie, Méhora lui proposa
de retourner dans la cabane pour se reposer un peu. Elle
lui raconta une histoire du monde de derrière afin qu’elle
puisse se détendre dans le calme.

85
Muriel Morandi

Petite larme aime bien les histoires, les histoires qui ne


sont jamais finies, de forêts immenses habitées de contes,
de légendes et de poésies romantiques. Les histoires de
fées et de lune coiffée, d’ogres et de pieds cassés. Chaque
jour, Méhora lui raconte une autre histoire et elle se re-
connaît dans chacune d’entre elles.

86
10

Les élixirs de l’âme et les bulles


de l’esprit
Quelques semaines plus tard, en début de matinée alors
qu’elles marchaient dans la forêt, quelque chose
d’incroyable arriva.
Tout en marchant, des pensées d’intégrations du monde
de derrière vinrent à l’esprit de Petite larme.
Elles n’étaient pas seules, des enfants jouaient au cerf-
volant avec le vent de l’espoir. Ils étaient joyeux, laissant
errer leurs vues au-dessus et offrant leur jeune âme au
vent. Quel beau miracle ! Au-delà de la vie oubliée par
les yeux, il n’existe pas de plus merveilleux que des en-
fants qui s’amusent au sein de l’ordinaire.

87
Muriel Morandi

Un rayon d’éclat déposa son reflet de cristal dans les


yeux de Petite larme. Dans son regard ébloui, une petite
étoile était née. Et ce fut alors, pour elle, le premier prin-
temps de sa nouvelle vie.
— Méhora, regarde j’ai allumé mon esprit. Je voudrais
mêler mon âme à tes yeux, juste un instant. Pour
t’accompagner dans le monde de derrière, supplia Petite
larme de son regard intense.
Méhora marchait d’un rythme harmonieux en lien avec
son orientation intérieure. Elle lui répondit tout en conti-
nuant sa marche.
— Ton esprit reflète la loi de derrière. Avant les fleurs,
avant les arbres, avant les moissons, avant les hiron-
delles, ton esprit a dansé avec la nature. Tu connais en si-
lence le secret des jours et des nuits qui illuminent les vé-
rités de ton cœur. Tu as vu les pieds nus des nymphes fu-
gitives, les printemps des amours insensées, les yeux vi-
vants de toute la nature et par-delà le temps, tu verras
l’étendue des millions d’astres.
Les ailes du cerf-volant les frôlèrent en passant, tou-
jours plus souriantes et plus tendres en leurs jeux. Ce qui
n’échappa pas au regard de Méhora qui s’interrompit
quelques secondes avant de reprendre :

88
Petite larme

— Ecoute la vie au loin et le secret d’une humanité


vierge se lira au plus profond de tes lèvres dans la mu-
sique de l’infini.
— Une humanité vierge ? Qui n’a jamais connu les in-
justices de la pauvreté et des esprits corrompus qui ven-
dent leur âme aux profits. Je voudrais être en ces lieux, je
voudrais la regarder cette nouvelle humanité, sans rien
dire, sans rien demander. Explique-moi, je t’en prie, se
languit Petite larme.
— Une humanité qui posera ses regards sur
l’innocence, ses regards lassés du mal et libérés des
pleurs, qui aura rendu les monstres aux enfers, qui aura
combattu les tyrans du malheur. Une humanité vierge qui
entrera dans la nuit des siècles révolus vers une naissante
aurore. Il n’y aura plus de plaisirs éphémères, plus de
lacs dans les cœurs, plus de ténèbres à combattre, juste
l’amour à durer, poursuivit Méhora en observant toujours
le jeu des enfants.
— Je connais trop le besoin de souffrance. Peut-être
que les hommes ne veulent pas de cette nouvelle humani-
té ? demanda Petite larme en inclinant sa tête vers le bas.
Méhora inspira profondément, tout en contournant un
tronc d’arbre, avant de répondre pour puiser en elle les
vérités du monde. Ses yeux couleur or resplendissaient
comme les aurores.

89
Muriel Morandi

— La souffrance est comme une échine implantée dans


l’esprit des humains. Une fois que l’échine est retirée,
l’amour peut guérir la souffrance. L’homme souffre dans
sa solitude, il souffre pour les autres et il se rend compte
qu’il a besoin d’elle pour comprendre l’amour.
— Je souhaiterais retirer cette échine dans mon cœur
pour toujours. Parce que moi, je voudrais jouer avec les
nuages, parler avec le vent et danser avec les étoiles.
M’élever au-dessus des montagnes, au-dessus des lacs,
au-dessus du monde, par-delà le soleil, par-delà les
éthers et par-delà les sphères étoilées. Je ne veux plus
souffrir ! s’exclama-t-elle avec détermination tout en le-
vant ses yeux au ciel.
Le parfum frais des enfants transportait l’esprit
d’encens jusque dans les champs. Un mélange d’ambre et
de musc parfumait le vent. Des peuples de beautés in-
connues dansaient sous l’azur du ciel. Méhora se mit à
l’écoute des peuples inconnus vers une perspective plus
vaste avant de répondre.
— Regarde l’azur du ciel, Petite larme. C’est là que je
vis, au milieu de l’azur et des splendeurs, imprégnés
d’odeurs rafraichissantes. Dans le monde de derrière de
purs miroirs qui font toute chose plus belle.
— Tu as de la chance, tu m’y emmèneras un jour ? lui
demanda Petite larme impatiente.

90
Petite larme

— Oui, je t’y emmène chaque instant. Petite larme,


laisse le parfum qui circule dans l’air se mêler à ton âme.
Goûte l’élixir de ton âme, abreuve-toi de ton encens ma-
gique, ajouta-t-elle en tourbillonnant sur elle-même.
— Je ne comprends pas encore, tu veux dire que je dois
boire l’élixir de mon âme ? Je n’ai jamais expérimenté
une telle chose ! s’enquit-elle perplexe.
— Oh ma douce amie, il suffit de te donner toute en-
tière. De t’abandonner dans la totalité de ton être Divin.
Comme le papillon qui ouvre ses ailes, comme la pluie
qui donne sa jouissance à la nature. Comme une brindille
d’herbe qui danse avec le vent, comme le chant des oi-
seaux, comme le soleil qui est un doux protecteur.
Comme l’abeille qui enivre de son nectar, comme le pa-
pillon qui symbolise la présence de ton âme, comme ton
ange qui a recueilli ton rêve afin de toucher les étoiles et
de voir le visage de l’amour, en tout, et partout, lui ensei-
gna Méhora en énumérant toutes les étapes spirituelles.
Petite larme décida de s’allonger sur le sol afin de vivre
pleinement cette expérience transcendantale de gouter
l’élixir de son âme. Pour la première fois, elle avait la
sensation de faire qu’une avec la terre. Après avoir fait le
vide avec son esprit, elle s’élança pleinement dans cette
aventure.
— Je me donne toute entière à mon âme. Le goût par-
fumé de mon âme allège mon esprit. C’est absolument
91
Muriel Morandi

exquis ! Tous mes sens se fondent en un et mon haleine


fait des sons harmonieux, ma voix fait des parfums dans
l’air. Regarde je fais des bulles magiques…Lui dit-elle
en lui montrant du doigt sa bulle d’air.
Des petites bulles s’échappaient de son esprit, comme
autant de pensées qui remontaient sans interruption à la
surface.
— La légèreté de ton être apaise la pesanteur des
siècles vécus. La beauté des choses qui te traversent se
transforme en bulles magiques pour que tu puisses souf-
fler l’espoir plus loin, poursuivit Méhora en s’allongeant
à côté de son amie.
— C’est extraordinaire ! Mes pensées sont comme des
bulles de savons qui remontent à la surface. Je les souffle
pour qu’elles puissent s’élever, et elles s’éclatent pour
laisser les pensées libres comme l’air, ajouta Petite larme
pleinement présente dans cet espace magique.
— Il y a toujours un idéal qui flotte au-dessus des pen-
sées, comme des bulles magiques. Elles s’élèvent vers un
idéal qui se pense. C’est intéressant, d’apprendre à penser
léger, car cela permet de libérer les pensées, continua
Méhora en ouvrant ses bras pour se relier de la terre au
ciel.

92
Petite larme

Le son des cloches les éveillèrent en racontant leurs


histoires. Pour les entendre, elles se laissèrent porter en
entrant dans l’univers du son.
Les enfants ont emmené le cerf-volant et s’en sont allés
gaiement. Elles sont restées là, au creux d’une époque
bientôt nue, attendant les couleurs d’automne.

93
11

La main à l’intérieur du coeur


Les arbres ont pleuré toutes leurs feuilles ; un duvet feuil-
lu rouge, marron et jaune a couvert le sol. Les voix de
l’été se sont tues comme une évidence. Le vent était vêtu
d’une brume qui voilait toute la forêt et tout ne se voyait
qu’au dernier moment.
Petite larme prit la main de Méhora, elle avait besoin
de se sentir en sécurité. Méhora connaissait trop bien
cette main, douce et blanche qui peut ouvrir tous les tré-
sors.
Son front brillait derrière les voiles de la brume, Mého-
ra sentit sa petite main devenir moite. Puis, Petite larme
demanda :
— L’avenir me semble bien trouble. Je n’y vois rien,
tout est flou et pourtant mes yeux sont grands ouverts.

95
Muriel Morandi

Que peut-on voir dans cette brume épaisse ? interrogea


Petite larme inquiète.
— C’est parce que tu n’y mets pas ton cœur, Petite
larme. L’espace d’un seul instant, la lumière suffit à dis-
siper toutes les vapeurs. Et la vie a un sens, dès l’instant
que toute notre brume se balaye. Tu peux tout voir ce qui
se cache en toi, tout, absolument tout, lui répondit Mého-
ra en la rassurant.
— Comme quoi par exemple ? demanda Petite larme.
— Il ne suffit pas de couvrir les mensonges d’un duvet
feuillu. Observe le feuillage d’automne, il a dénudé tous
les arbres pour tenir chaud à la terre. Et la terre cache les
mouvements de son cœur. Tout comme toi petite larme,
tu caches au fond de toi un automne dont tu rêves, cou-
vert de secrets, de pensées, d’histoires et de souvenirs.
Une ombre se cache dans chaque âme, c’est ainsi, lui
confia Méhora en prenant une feuille rousse dans ses
mains.
— Comment chasser cette ombre ? Moi, je pleure dans
ce monde et mon âme chante dans l’autre, poursuivit Pe-
tite larme perplexe.
— La vie est ainsi faite d’ombre et de lumière, de té-
nèbres et de la clarté. Cependant, ton ombre te suit et tu
es irrésistiblement jetée en avant. Parce que c’est en
avançant que tu vas chercher la lumière. L’ombre n’est-

96
Petite larme

elle pas source de l’élan créateur qui cherche à naître et te


pousse à aller vers la lumière ? lui demanda Méhora en
jetant la tête en arrière.
A ce moment, petite larme lâcha sa main d’un geste
brusque. Au même instant, Méhora surprit un petit écu-
reuil qui enterrait ses glands. Il la regarda de ses yeux
vifs et pétillants. Il lui confia qu’il était désolé, mais qu’il
n’avait pas le temps pour les folies des passants.
Petite larme était livide, elle s’assit un instant avant de
reprendre la conversation.
— J’ai peur, car j’ai l’impression que tu me parles du
monde de derrière. Etant donné qu’il se trouve derrière
et que mon ombre me suit, ce monde serait donc fait de
noirceur et d’inconnu ?
— Quand ton ombre est devant toi, c’est que le soleil
est dans ton dos, poursuivit Méhora en toute quiétude.
Donc, le soleil est un père protecteur qui reflète sa lu-
mière en ombre. A l’inverse, c’est identique ; si ton
ombre te suit, c’est que le soleil est devant toi. Tout est
mystérieusement associé, uni, parfait. Tous les éclats sont
nés dans la noirceur. Dans un espace nocturne on cherche
toujours tout ce qui reflète une lumière. Ma douce Petite
larme, c’est dans la nuit que l’on perçoit le mieux la lu-
mière, répondit Méhora le cœur léger.

97
Muriel Morandi

— Les chagrins et les deuils se sont introduits durant


mon sommeil dans ma bulle. Je les ai tous accueillis,
parce que c’est mon rôle, je suis une larme. J’ai connu
tant de chagrins d’amour qui ne voulaient plus me quit-
ter.
Tout en suivant du regard la chute lente des feuilles
cuivre de Vieux chêne, Méhora pensa qu’il y a toujours
quelque chose dans la vie qui nous étonne encore. Puis,
elle poursuivit :
— Je vais te confier encore un peu plus de mon secret,
ainsi tu y penseras à chaque fois qu’un chagrin te visitera
la nuit. Le chagrin s’est introduit dans les draps du mys-
tère durant ton sommeil. Personne ne peut comprendre le
chagrin, car il inspire la vie. Le monde d’où je viens dé-
voile tous les mystères aux âmes ignorées.
— Je n’aime pas les mystères, ils me font peur, parce
qu’on ne saura jamais ce qu’ils signifient ! Moi j’aime la
clarté, j’aime ce qui se comprend tout de suite, énonça
Petite larme avec conviction.
— La peur pollue l’âme, Petite larme. Si tu es dominée
par sa présence, tu es limitée dans la puissance. Dans
chaque mystère, il y a une clarté évidente. Pour atteindre
la beauté, il suffit de tourner son regard vers le vrai. Le
mystère du cœur s’endort dans les bras de l’âme, à
l’écoute d’un ailleurs, ajouta Méhora calmement.

98
Petite larme

— Que signifie le mystère du cœur ? interrogea Petite


larme en la fixant droit dans les yeux.
— Je ne sais pas trop par où commencer. Mais je vais
tout de même essayer de te le dire. C’est déjà le début
d’un mystère. Parfois on pénètre des mystères sans le sa-
voir, si on est attentif à tous les petits miracles de la vie.
C’est dans la contemplation que les plus beaux mystères
du cœur s’ouvrent à toi. Si ton cœur est fermé, il ne peut
pas voir. S’il y a une absence de réaction, c’est que tu ne
peux pas voir avec ton coeur. Il est important de guérir
ton cœur, car il y a des blessures qui ne se voient pas, lui
répondit Méhora.
Les soupirs des bois emmenaient les oiseaux vers
d’autres lieux. Les arbres ressemblaient à des pèlerins qui
s’engouffrent dans les profondeurs de l’âme. Petite larme
tenant la main de l’espoir de son amie attendrissait leurs
cœurs. Puis, en toute humilité elle demanda :
— J’aimerais que tu m’aides à guérir mon cœur. Que
dois-je faire ?
— Avec joie mon amie. Il est nécessaire de tourner ton
cœur vers la guérison. Lorsque ton cœur te fait mal, ta
tendance sera de te fermer. Si au contraire, tu ouvres ton
cœur lorsque tu ressens une blessure, tu pourras
l’identifier. Pour cela, il faut sentir la blessure, et poser
ta main à l’intérieur de ton cœur pour la guérir. Cela
demande du courage d’oser aller sentir sa blessure et de
99
Muriel Morandi

crier sa douleur avec elle jusqu’à la guérir. Si ta blessure


te demande de pleurer, alors pleure avec elle. Si elle te
demande de crier, alors crie avec elle. Si tu poses ta main
à l’intérieur de ton cœur, ta blessure d’où qu’elle pro-
vienne sera immédiatement guérie, ajouta Méhora en po-
sant sa main sur son cœur.
— Merci, merci, Méhora. Je m’en souviendrai tou-
jours. Dès que je sentirai une blessure, je poserai ma
main à l’intérieur de mon cœur pour la guérir, lança-t-
elle avec enthousiasme.
Méhora esquissa un sourire en laissant son amie se
plonger dans son être profond. Puis, elle se déplaça un
peu plus loin pour admirer le coucher du soleil.
Soudain, Petite larme comprit qu’il était inutile de
chercher plus loin. La guérison était en elle. Toutes les
expériences qu’elle avait vécues avec sa nouvelle amie,
l’avaient totalement transformée.
Les odeurs suaves des champignons lui rappelaient
l’intuition de la terre. Et les diverses formes chapeautées
ressemblaient à des petits parasols. Cette image
d’humilité lui donna envie d’explorer d’avantage les
éclats du monde.
Monsieur écureuil était de retour, il voulait récupérer
ses glands. Après avoir rapidement gratté la terre, il
s’enfuit en tenant deux glands dans ses pattes et se mit à

100
Petite larme

grimper sur une branche du chêne, où il aimait se balan-


cer.
Petite larme était heureuse, elle voyait la vie différem-
ment sous l’influence sacrée de la beauté qui l’habite.

101
12

L’oubli des forces sombres


Le lendemain, tout était trempé, les feuilles mortes
étaient mouillées et le chêne toussait. Il avait dû attraper
une vilaine grippe. Méhora lui a donné à boire l’eau de
lune. Quelques minutes plus tard, il ne toussait plus, l’eau
de lune l’avait entièrement guéri.
« Merci, Méhora, l’eau du paradis a pénétré mes ra-
cines, je me sens beaucoup mieux », lui confia le chêne
d’une voix limpide.
Petite larme déplia lentement ses paupières, ses yeux
encore peuplés de visions nocturnes. La froideur d’une
nuit qui gronde réfléchissait sur son teint pâle. Il restait
encore un peu d’eau de lune, que Méhora lui servit dans
une écorce de chêne en forme de pichet.

103
Muriel Morandi

— Bonjour Méhora ! lui dit-elle les paupières à moitié


ouvertes.
Méhora était radieuse, un doux rayon d’espoir illumi-
nait son visage. Son aura céleste animait la profondeur de
son regard. Sa sagesse se répandait comme une lumière
mystérieuse, et sa beauté intérieure inspirait tout le vi-
vant.
— Bonjour Petite larme ! répondit-t-elle d’une voix en-
jouée en lui tendant le pichet remplit d’eau. Tiens, un peu
d’eau de lune te fera un grand bien.
— Hum, l’eau de lune est délicieuse. Elle glisse lente-
ment dans ma gorge et sa fraîcheur est comme de la
glace bleue. C’est la première fois que j’en bois et je res-
sens un bien-être immédiat ! lança-t-elle avec étonne-
ment.
— L’eau de lune a des effets thérapeutiques puissants !
Elle a des pouvoirs extraordinaires. C’est une eau
qui s’imprègne de l’énergie de mère lune, et qui a des
propriétés mystiques de blanchir l’âme. Ce qui signifie
qu’elle purifie ton âme et te donne beaucoup d’énergie.
Plus tu en bois, plus tu deviens puissante et forte, et tu
pourras penser de façon plus claire. De plus, l’eau de
lune invoque le grand amour qui est bientôt de retour, dé-
clara Méhora en souriant.

104
Petite larme

— J’adore l’eau de lune ! C’est trop bon, je voudrais


en boire tous les jours. Comme ça je deviendrai forte et
je serai en pleine forme, lui répondit Petite larme en se
penchant vers elle.
Petite larme éternua plusieurs fois à suivre. En donnant
un élan à son âme vers le monde meilleur dont on ne
parle plus. Des milliards de particules d’eau ont été pro-
pulsées vers un autre futur, celui qui a été si longtemps
gardé secret.
— A tes souhaits, petite larme ! s’exclama Méhora en
souriant.
— Merci, Méhora. Je souhaite ne rien oublier, ni
l’abeille, ni la fleur de lys, ni l’hirondelle, ni le chêne, ni
la brume, ni Monsieur écureuil, ni l’elfe, ni l’eau de lune,
lorsqu’on sera à jamais endormies sous terre, poursuivit
Petite larme instinctivement.
— L’oubli, c’est la vie. C’est ainsi que naît la pensée
unique, au fond du vide de la nuit. A chaque fois dans un
espace inconnu une nouvelle pensée vit en toi. L’oubli
repose en paix, tout s’envole, tout s’efface pour continuer
de vivre dans un autre au-delà, lui répondit-t-elle.
Au moment même où Méhora parla de l’oubli, tout
mouvement cessa autour d’elle, Petite larme se tourna
vers elle pour la regarder.

105
Muriel Morandi

— Alors, je vais me souvenir, reprit Petite larme en es-


quissant un sourire. Je vais me souvenir de tous les bons
souvenirs. Je préparerai un autel pour mes bons souve-
nirs de l’oubli. Et je prierai chaque jour devant l’autel de
l’oubli pour me souvenir de toi.
— Je t’offrirai les meilleurs souvenirs des jours qui
viennent. Les jours qui passent n’auront plus
d’importance, lorsque tu auras retrouvé confiance en la
vie. Seuls les jours qui viennent combleront tous les
vides et le manques des jours passés, ajouta Méhora en
songeant à tout ce qu’elles ont déjà vécu ensemble.
La pensée unique de faire confiance en la vie habitait
pleinement Méhora. Elle agissait toujours en pensant par
elle-même. Elle avait une autre manière de percevoir le
monde, tout était un éternel recommencement qui prend
son élan depuis le cœur.
— Lorsque tu auras confiance en la vie, reprit Méhora,
à la hauteur de ton véritable être, tu n’auras plus besoin
de te soumettre en dessous de toi-même. Tu deviendras
celle que tu es destinée à devenir.
Un elfe maladroit tomba de la branche sur laquelle il
était assis depuis un moment, espionnant toute la conver-
sation. Il s’excusa discrètement en remontant sa petite
jupe en prenant sa chaussure rouge dans la main pour
échapper aux regards rieurs.

106
Petite larme

On pouvait entendre le seul rire des yeux de Petite


larme à qui la mésaventure de l’elfe charmant n’échappa
pas.
— J’aimerais connaître qui je suis. Connaître ma véri-
table nature afin de voir mon propre reflet dans tous les
miroirs, pensa Petite larme à haute voix.
Une feuille morte tomba sur l’épaule de Méhora. Elle
la prit délicatement dans sa main en l’examinant dans les
moindres détails. Cette feuille semblait différente des
autres, elle ressemblait étrangement à la feuille de la
connaissance du monde de derrière, une blonde lumière
et des contours or harmonisaient ses divines formes. Une
synchronicité évidente entre une larme et une feuille
morte plongea Méhora dans un moment de silence.
— Si tu veux connaître qui tu es, reprit Méhora, il te
suffit d’atteindre l’état suprême de toi-même. Gravir le
sommet de ton être jusqu’à contempler sa lumière. Lors-
que tu auras éclairé tous les états sombres en toi-même,
tous les états lumineux seront éclairés. Tu verras ton re-
flet dans la lumière qui se dégagera de toi.
— Comment puis-je éclairer les états sombres en moi-
même ? Je crois qu’il est temps que je puisse régler cela
en moi-même, demanda-t-elle en s’appuyant sur un tronc
d’arbre.

107
Muriel Morandi

— Souviens-toi de ce que je t’ai enseigné. Vois le vi-


sage de l’amour qui éclot devant toi. Apprends à aimer
l’amour et il t’aimera en retour au centuple, car l’amour
n’a pas de fin. Tu as voulu quitter le monde en te laissant
dominer par les forces sombres. Ces forces sont puis-
santes mais pas infinies. Le monde de derrière ne com-
munique pas avec les forces sombres car elles consom-
ment de l’énergie inutilement. Il est important d’être tous
consciente de l’énergie qui t’habite. Plus tu alimentes les
forces sombres, plus tu es habitée par des énergies inu-
tiles. Tu peux choisir si ton énergie a un effet bénéfique
ou destructeur de ton bien-être, répondit Méhora d’une
voix chaleureuse.
— Le monde de derrière ne parle jamais des forces
sombres? Car ici-bas elles sont omniprésentes. Elles vio-
lent les droits de l’homme en se servant de toutes sortes
d’idéologies pour contrôler les peuples, les nations, les
pays, et même la terre. Donc, la plupart des humains ne
savent pas maîtriser leurs énergies, lança-t-elle surprise
tout en cambrant légèrement son dos.
— Non. Personne n’en parle, car cela ralentit les éner-
gies lumineuses. Dans le monde de derrière, personne
n’est confronté au choix entre les forces du bien et du
mal. Chacun est en lien permanent avec les forces lumi-
neuses et créatrices. Pense aux rayons du soleil qui
éclaire tous les êtres et la terre de manière égale. Ses
rayons favorisent la croissance, l’action, l’innovation, la
108
Petite larme

régénération et le renouvellement. Le soleil est la source


du bonheur des mondes supérieurs qui éclaire les mondes
inférieurs. Tout est énergie, rien ne peut vivre sans éner-
gie. Savoir maîtriser ses énergies, c’est être conscient de
nos pouvoirs, expliqua Méhora en souriant intérieure-
ment de la posture amusante de Petite larme.
— Merci Méhora de ta patience. Grâce à toi, je deviens
une enfant de la terre, une Petite larme qui découvre la
vie. J’ai allumé mon esprit et je peux voir toutes les
ombres que j’ai créées dans mes mémoires. Tout devient
différent, je peux permettre à la vie d’apparaître sous
toutes ses formes, je m’en réjouis ! S’exclama Petite
larme en levant ses bras au ciel.
Le soleil s’était couché, un crépuscule voilé s’étendait
sur les montagnes. Dans la nuit au fond des bois quelque
chose disparait comme une ombre.
Le parfum d’elfe était devenu familier, son arôme sub-
til se dégageait parmi les arbres. Son regard bienveillant
qui les observait brûlait d’une passion envoûtante.
Assis sur une pierre regardant les cieux, le charmant
elfe aux yeux émeraude pleurait des larmes de roses, puis
il dit en chuchotant au vent :
« Voilà bientôt l’hiver ! »

109
13

Les sylphides ouvrent le chemin


La neige avait effacé tout le paysage en le couvrant d’un
duvet blanc. On pouvait suivre les pas des oiseaux, tout
était encore plus beau. Vieux chêne était grincheux, il dé-
testait la neige et ne cessait de secouer ses branches en
éternuant.
Petite larme s’amusait avec Monsieur écureuil dans sa
cachette en oubliant le temps qui passe, les longs sanglots
du vent, les deuils, les chagrins…et en retrouvant son
cœur innocent.
La neige faisait penser à l’azur clair et limpide du
monde de derrière. Méhora était nostalgique, elle pensait
aux siens, aux déesses des cieux, aux amours de Vénus,
et à toute sa famille qu’elle avait quittée pour voyager
vers la terre.

111
Muriel Morandi

Tout était d’un calme absolu, des flocons de neige fins


et délicats dansaient dans les airs en jouant de la mu-
sique. Ils plongeaient vers le bas du sol en fermant le sol
au-dessus tout de blanc. Soudain, Méhora entendit des
voix lyriques :
— « Venez, ô mes amours. »
— Mais qui donc parle ? demanda Méhora en regardant
autour d’elle.
— « Venez danser des amours éternelles. »
Lorsque Méhora tourna le dos, elle se trouva face à des
sylphides craintives dans des robes de neige dansant en
ronde. Des êtres de lumière qui transcendent les beautés
de la nature offrant leurs dons précieux. Un spectacle ex-
traordinaire qui émerveillait toute la nature.
— Quel privilège de les entendre et de les voir ! Devant
leurs présences, j’éprouve de la gratitude. Elles exaucent
mes vœux, en lumière intense, énonça Méhora en sou-
riant.
— Qu’elles sont belles ! Qui sont-elles et pourquoi
sont-elles là ? interrogea Petite larme enfin sortie de sa
cachette.
— Ce sont des sylphides. Des esprits de l’air qui veu-
lent du bien à l’humanité. Elles désirent prendre contact
avec nous. Elles se montrent telles que tu peux les voir.
Car elles ont la capacité de prendre l’apparence qui nous
112
Petite larme

caractérise. Elles sont venues en âmes lumineuses des


univers célestes pour nous ouvrir le chemin vers une lune
de mystère et un soleil radieux de lendemains.
— Oh, c’est merveilleux. Mais dis-moi pourquoi je n’en
ai jamais vues auparavant ? lui demanda-t-elle discrète-
ment.
— Parce que tu n’as pas regardé la vie chaque jour
avec un nouveau regard. Tu as subi des siècles de vies, au
lieu d’agir en maître de tes vies. On ne voit que ce que
l’on est capable de voir vraiment, seul le cœur peut voir
au-delà de tout ce qui est défini. Le cœur ressent tout ce
qui ne se voit pas. Si tu changes ta façon de voir les
choses, tu auras la capacité de voir toutes les énergies du
vivant, lui répondit Méhora d’un ton admiratif.
Une sylphide grande et mince s’approcha un peu plus
de Petite larme. Elle avait une apparence humaine avec
des ailes transparentes et d’une merveilleuse beauté.
— Quelle chance de pouvoir voir des sylphides ! Re-
prit-t-elle encore émerveillée. Je crois bien qu’elles ont
un pouvoir, car je respire plus lentement, et mon cœur
bat plus vite. J’en ai le souffle coupé, c’est comme si mes
pensées me laissaient enfin respirer. Ça me fait le plus
grand bien. Wow mes pensées sont légères comme les
bulles d’air et tout devient clair dans mon esprit. Je res-
pire la pureté de la vie.

113
Muriel Morandi

— En te levant le matin, souviens-toi de ce moment


précieux, de respirer la vie. Les sylphides sont venues te
délivrer du mensonge. Elles souhaitent que tu puisses re-
naître chaque jour. Elles t’ouvrent le chemin de la juste
vision de ta nouvelle humanité, celle qui doit naître en
toi, comme une évidence expliqua Méhora en essayant
d’attraper les flocons de neige.
Monsieur Ecureuil se promenait entre les sapins blancs.
Ses petits pas crissaient dans la neige fraîche et parfois il
glissait sur les bordures gelées en secouant les branches
des sapins qui n’appréciaient pas qu’on les dérange.
Voyant que Petite larme se taisait, Méhora se rapprocha
d’elle afin d’écouter ce qu’elle avait à lui dire.
— La solitude me pèse encore, reprit Petite larme d’un
ton morose. J’ai toujours eu l’impression d’être seule au
monde.
Méhora inspira profondément avant de répondre, un
frisson la traversa de la tête aux pieds.
— La solitude te met en lien direct avec toi-même en te
permettant de te découvrir. Si tu ne fais pas face à ta soli-
tude, tu ne vois pas toutes tes richesses. Dans la solitude,
c’est avec toi-même que tu es. C’est à l’intérieur de cet
espace que tu vis avec tes propres ressources sans être
distraite par la présence de l’autre. Je te conseille
d’apprécier et de valoriser pleinement la rencontre avec

114
Petite larme

toi-même, car cela révèle ta propre humanité et ton iden-


tité unique d’existence. La solitude ne doit pas mener à
l’isolement, parce que l’isolement n’est rien d’autre que
le côté sombre de la solitude. Si tu ressens l’isolement,
c’est que tu n’es plus reliée avec toi-même et par consé-
quent tu es déconnectée de tes propres ressources.
— Quel est le chemin dont tu parles ? demanda Petite
larme d’un ton admiratif
— Le chemin n’est pas de suivre les traces, c’est le
chemin lui-même qui trace ton destin. Il y a toujours un
chemin lumineux en toi-même. Le chemin se construit en
marchant, il te suffit de continuer d’avancer, pas à pas
vers ta destinée.
Si tu fais de ta vie un chemin vers le paradis, tu y entre-
ras par la porte de ton choix. Si tu n’essaies pas, tu ne
sauras pas.
Les sylphides claquaient des mains au rythme d’un
flamenco qui résonnait dans les bois. Une ambiance so-
nore magique réunissait tous les êtres de la nature vivant
dans les bois. Ce moment était manifestement un signe
que quelque chose d’important allait se passer. Méhora
reprit sur un ton prémonitoire.
— Vite, vite Petite larme. C’est le moment de partir.
Les sylphides nous ouvrent le portail céleste. Nous de-
vons y aller maintenant, car elles ne pourront pas mainte-

115
Muriel Morandi

nir le rythme longtemps. Lorsque des sylphides tapent


des mains, cela signifie que l’on doit se tenir prêtes à
s’élever dans les autres sphères.
Le rythme résonnait de plus en plus fort, une puissante
lumière émanait de partout, on ne voyait plus rien, seule
le cœur pouvait guider les pas. Petite larme prit la main
de Méhora pour se sentir en sécurité, elle avait attendu ce
moment depuis si longtemps qu’elle pouvait à peine y
croire. Elle allait enfin connaître le monde de derrière,
partir loin derrière les chagrins.
— Venez tourbillonnez avec nous, venez interroger
l’univers, s’exclama une sylphide en voltigeant autour
d’elles.
Une sylphide les emmena par la main au bal des tour-
billons. Petite larme était rayonnante, elle dansait sur les
notes du silence en virevoltant dans tous les sens. Même
Monsieur écureuil dansait dans les bras du vieux chêne
en se dandinant maladroitement.
Et elles ont dansé autour de la terre, autour du soleil,
autour de la lune. Elles ont dansé libres comme l’air, lé-
gères comme le vent et le portail s’est ouvert.

116
14

La messagère de lumière
Les voilà sur le chemin de la voie lactée, déesses dans les
cieux, accompagnées des sylphides. Elles sont montées
vers l’océan céleste et leurs yeux en étaient éblouis.
Derrière le lointain de la terre, devant les étoiles d’or
qui défilent, l’une après l’autre. Attirées par les chants
divins que tout l’univers a créés. Sous le profond regard
de la voûte étoilée, elles s’aventuraient dans les confins
des galaxies.
La voix de petite larme a charmé pour la première fois
la voûte céleste.
— Quelle aventure extraordinaire ! Jamais je n’aurais
pu imaginer que cela existe, qu’il puisse y avoir autant
d’êtres de lumière qui défilent devant moi, comme des

117
Muriel Morandi

spectres par milliers qui me précèdent. Je flotte dans


l’espace, heureuse, libre et légère.
Au-delà du bien et du mal, dans les profondeurs de
l’humilité, tout était plus vrai. Des mondes nouveaux
d’harmonie et de lumière qui inspiraient l’éternité. Les
astres communiquaient par les verbes de l’âme qui reflé-
tait le langage commun de l’univers.
— Flotte, Petite larme au-dessus des vérités, c’est ainsi
que les vérités se réalisent et deviennent des astres qui il-
luminent la vie. Flotte entre les ombres qui s’effacent de-
vant la pure lumière, s’exprima Méhora d’un ton chaleu-
reux.
Petite larme était entrée en contact avec l’essence in-
temporelle. Elle voyait le reflet de sa pure lumière,
l’éther éternel.
— C’est cela l’amour ? Oui, mon Dieu je le sens, c’est
cela l’amour ! s’exclama Petite larme.
— L’amour est les battements du cœur de la vie. Tout
l’univers est régi par l’amour. L’amour dévoile son mys-
tère pour vêtir ton âme. Ainsi, tu reprends l’apparence de
ton origine, tu es celle qui se voit, ici et partout, simulta-
nément dans le décor de l’amour qui t’entoure. De purs
miroirs de ton être céleste, poursuivit Méhora.
Les sylphides dansaient avec les étoiles, il y avait une
grande fête dans le ciel.

118
Petite larme

— Les miroirs des astres me révèlent une autre réalité,


une nouvelle humanité peuplée de myriades d’étoiles plus
belles l’une que l’autre, plus resplendissantes, plus vi-
vantes que les esprits humains endormis dans la terre.
De purs miroirs qui reflètent l’amour inconditionnel !
énonça Petite larme en contemplant les mystères de
l’univers.
Petite larme s’élevait dans les plus hautes sphères de
l’amour, comme si toutes les Divinités animaient son
être. D’une voix douce, elle se confia aux étoiles.
— Jamais je n’avais connu cette flamme divine qui
anime tout mon être, je me réjouis de cet amour caché
qui complète mon âme. Je suis là, dans les plus beaux
jardins des astres, et je vois tout ce qui éclot en moi. Je
suis au paradis ! Oui, c’est l’éclosion de mon paradis in-
térieur ! Je m’ouvre à ma nouvelle vie ! S’exclama Petite
larme les yeux remplis de larmes de joie.
A cet instant, l’amour de la terre entra en contact avec
Petite larme, la flamme sacré s’embrasa dans tout
l’univers. Une fusion tantrique fit vibrer toutes les ga-
laxies.
— Le monde de derrière n’est plus une énigme pour toi,
tu connais à présent, le rayonnement intérieur qui éclaire
tous les espaces vides en soi. Tu as réussi à sentir la lu-

119
Muriel Morandi

mière descendre en toi pour devenir une Petite larme


mystique, répondit Méhora spontanément.
— Oh oui ! Je suis une Petite larme mystique, une mes-
sagère de lumière, et cela va changer beaucoup de
choses pour les humains. Je vais parler de la vérité, je
vais leur dire la chance qu’ils ont de pouvoir voir le so-
leil qui vient de si loin pour offrir un spectacle merveil-
leux dans le monde entier. Qu’ils peuvent toucher les
étoiles depuis leur cœur et qu’ensuite elles s’illuminent
dans le ciel, ajouta Petite larme émerveillée.
Les siècles de lumières s’étendaient devant elle, l’âge
d’or étincelait de partout. Le portail de lumière s’ouvrait
en elle, lui offrant les plus belles créations de sa Divinité.
Petite larme s’élança sur le chemin de son âme, célé-
brant les plus beaux moments de sa vie. Des créatures
mystiques plus lumineuses les unes que les autres, plus
resplendissantes illuminaient les cieux.
— Même si je ne te vois pas Méhora, je ressens ta pré-
sence, je sais que tu es là, tout près de moi. Je peux res-
sentir ton souffle divin, comme un éther infini qui peuple
tous les mystères de la vie. Je sais à présent, ce qu’est la
vie, énonça Petite larme calmement.
Méhora inspira le plus beau moment avant de lui ré-
pondre. Car il y a un moment de gloire dans la vie d’une
larme qui arrive quand on ne s’y attend pas.

120
Petite larme

— Tu sais à présent que les planètes restent autour de


mon père « le soleil », car si elles s’éloignaient de lui
elles mourraient, elles ne pourraient pas exister sans sa
lumière. Tout comme toi, Petite larme, qui as voulu mou-
rir, car tu t’étais éloignée de la lumière. Maintenant, tu
connais la vie et tu peux la transmettre au monde.
Les sylphides dansaient avec les anges sur une douce
mélodie dans un univers calme. La douceur de chaque
mouvement ondulait dans l’espace en créant des images
de couleurs qui défilaient dans l’espace.
— Je transmettrai le monde qui va naître en moi, par-
delà le tout qui nous unit. Je continuerai de parler de toi,
j’illuminerai le monde de ta pensée unique. lança-t-elle
en touchant une étoile de sa main éthérée.
Une poussière d’étoile scintillait dans la main de Petite
larme, elle sut à cet instant qu’une étoile restera à jamais
dans son cœur.
— Tu deviendras la muse qui redonnera la vie au
peuple des ombres, une Petite larme suffit à éveiller un
peuple endormi .Tu deviendras la muse de la forêt en-
chantée, du vent gémissant, du tonnerre grondant, de la
pluie horizontale, des hivers glacials, des cieux féeriques
sur terre. Et le soleil de ton cœur brillera de partout, reprit
Méhora instinctivement.

121
Muriel Morandi

— Et je clamerai ton nom sur les monts sacrés, sur les


plus hauts sommets, sur les océans déchaînés, sur les
continents, sur les villes, sur les villages, partout, je le
clamerai, ajouta Petite larme en haussant la voix.
— Et tu vivras dans le temple de l’azur bleu, assise sur
un trône de cristal. Et tu berceras les larmes des enfants
du ciel et de la terre en les endormant dans l’éther. Tous
les enfants verront les Dieux qui, dans la lumière du
sommeil, se dorent de sourires.
— Je marcherai pieds nus et ton nom sera connu. Je
leur dirai la vérité sur leurs vies. Le peuple sortira dans
les champs, s’évadera de ses murs, quittera la grande
dame de corruption, enterrera les armes de la détresse et
viendra rejoindre la nouvelle humanité.
A ce moment, le miracle de la vie illumina la terre. Pe-
tite larme marcha dans les cieux de l’humanité en foulant
sous ses pas un royaume lumineux. C’est ainsi que le
monde de derrière s’éleva au-dessus de la nouvelle terre.
Des nuages roses se détachaient sur un ciel d’un bleu
profond. Les nuages se déplaçaient à toute vitesse, em-
portant avec eux le secret de l’humanité qui s’éleva assez
haut pour voir au-delà des horizons.

122
15

La nouvelle humanité
Lorsque l’heure est venue, les cieux se sont ouverts pour
toute l’humanité. Le dernier jour n’existait plus, c’était le
début du premier jour d’une nouvelle humanité.
Petite larme s’arrêta un instant et regarda autour d’elle.
L’océan des ténèbres avait disparu, seul l’amour vivant
soulevait toutes les poitrines. Le suprême désir avait fait
son chemin, il redonna la vie au peuple sombre.
L’ancien monde s’était endormi sous terre. Les sources
de la vie étaient offertes en abondance. La grandeur de la
clarté rendait toutes choses plus belles. Petite larme, por-
tait en elle une lumière cristalline qui illuminait la terre.
Un monde plein de couleurs et de magie a vu jour. Les
femmes dansaient dans les champs sur des rythmes de
transe en ouvrant leurs poitrines, pendant que les

123
Muriel Morandi

hommes les admiraient tout en labourant les vertes col-


lines dans l’oubli des plaisirs artificiels passés.
Les enfants peignaient devant la toile du ciel en trem-
pant les doigts dans les couleurs de l’arc-en-ciel. Les
anges gardiens veillaient sur eux en préservant leurs in-
nocences. Car un enfant, c’est la joie qui vient à nous
pour nous éclairer.
Quel spectacle magnifique ! On pouvait sentir une
harmonie égale pour tous, chacun vivant sa vie en pleine
conscience. Le soleil s’approchait de plus en plus, il ve-
nait en maître du monde dans le royaume de chaque hu-
main.
Une jolie fleure attira l’attention de Petite larme. Dou-
cement, elle se baissa à sa hauteur pour respirer son par-
fum. La jolie fleur lui offrit ses pétales et son cœur en
souvenir d’une étoile.
Petite larme ferma les yeux pour sentir le parfum de
l’amour sur ses mains. Au plus profond d’elle-même, elle
savait qu’elle n’aurait jamais connu le secret du monde
de derrière, si elle n’était pas tombée au sol, en pensant
que la fin se trouvait à ses pieds.
Elle pleurait de joie la métamorphose. Enfin libérée du
poids de l’atlas d’une humanité accablée. Le sourire du
monde habitait ses yeux. C’est alors qu’elle s’adressa à
toute l’humanité :

124
Petite larme

— Je vous parle à tous, le nouveau cercle de


l’humanité, car je suis la muse du chemin spirituel que
chacun emprunte. Je suis la pure lumière qui inspire
toutes les créations. Parce qu’une larme est en chacun
d’entre vous, et que la larme symbolise la vie.
Je vous le dis, je suis la vie de chacun.
Monsieur Ecureuil et le lézard doré écoutaient attenti-
vement, ils aimaient s’informer des sagesses éternelles.
Pendant que l’abeille butinait les fleurs de lys tout en dé-
tenant les énigmes les plus impénétrables de l’existence.
L’aura de tout le vivant illumina la forêt, tout se voyait
dans son ensemble. Les esprits de la nature accompagnés
des sylphides touchaient les âmes pour ouvrir les portails
des cœurs.
— Regardez les fleurs danser dans les blés, reprit Pe-
tite larme, écoutez attentivement les chuchotements du
vent, voyez les couleurs dans les miroirs du monde. Per-
mettez à ce qui désire être de devenir ! Tissez dans la
toile de la destinée les meilleurs moments de la vie. Ou-
vrez tous les champs des possibles pour laisser éclore la
beauté d’une nouvelle humanité, libre et légère.
L’elfe qui avait perdu sa chaussure rouge s’assit à côté
de Petite larme. Il avait toujours été là, depuis le début. Il
avait un petit air malicieux qui lui allait à ravir, il
n’appartenait à personne. Cela pouvait se sentir, cette li-

125
Muriel Morandi

berté qui puise son énergie dans les plus beaux moments
de la vie.
— Je m’adresse à vous tous, le cercle de la nouvelle
humanité, pour vous dire que votre vie est lavée. Car
lorsqu’une étoile sourit une larme à l’œil, c’est un pré-
sage d’une nouvelle humanité en chacun de vous,
s’adressa Petite larme en se mettant debout face à toute
l’humanité.
Le vieux chêne racontait les héritages de l’amour aux
petits moineaux « rien de grand n’a de début, ni de fin »
disait-t-il à demi penché. Il parlait des amoureux qui
avaient gravées leurs vies à son tronc. Reviendront-ils un
jour ? demanda vieux chêne à une jeune fille en quête
d’amour. Qui sait ? Finit-il par dire d’une voix suave.
Partout où est l’amour, le bonheur est donné aux autres.
— Venez à moi, enfants de l’âge d’or, reprit Petite
larme, avancez sur la voie dorée de toutes les vérités.
Venez ensemencer notre planète, laissez-vous porter par
le grand vent du changement. Unissez-vous à la nouvelle
conscience et à l’expérience spirituelle vivante.
L’hirondelle se posa sur l’épaule de Petite larme, elle
portait sur ses ailes un nuage de joie. Si léger qu’on au-
rait dit une bulle d’espoir. Elle caressa son doux plumage
en guise de beaux présages.

126
Petite larme

Une douce mélodie semblait bercer la vie. Petite larme


repensa à Méhora et à tous les beaux moments qu’elles
ont passés ensemble. Elle savait désormais qu’elle pou-
vait compter sur elle et qu’elle lui avait montré la voie. Et
que, désormais, elle regardera la vie comme un flot de vi-
sages d’amours sans cesse changeants.
Petite larme leva les yeux au ciel, en posant délicate-
ment sa main à l’intérieur de son cœur. Elle savait à pré-
sent que son étoile était là dans son cœur, et elle pouvait
enfin respirer la vie.
Avec douceur, elle saisit l’hirondelle du bout de ses
doigts pour la déposer sur une branche d’arbre. Puis, elle
reprit parole :
— Pouvez-vous entendre votre cœur qui bat ? Voyez-
vous cette main douce qui veut tenir la vôtre ? Dans ma
main, il y le cœur de la pureté qui a décidé de revenir.
Parce qu’une étoile m’a tant aimée, dit-elle en prenant la
fleur dans ses mains.
Tous les regards étaient rivés sur Petite larme qui tenait
délicatement au creux de sa main la jolie fleur.
L’hirondelle restait immobile, comme si le temps était
suspendu dans les airs. Petite larme fixa profondément
tout le monde, de ses yeux émanait une puissante lu-
mière. Rien de tel, n’avait jamais existé auparavant. Elle
communiquait avec Méhora dans le flux de la vie.

127
Muriel Morandi

— Méhora, mon étoile, j’enseignerai tes sagesses à


toute l’humanité. Pour que chaque humain puisse te ren-
contrer. Car tout le monde doit trouver son étoile pour
apprendre à aimer la vie. Je m’agenouillerai devant
l’autel des souvenirs pour chérir ta mémoire. Je te lais-
serai vivre telle que tu es, telle que tu le souhaites. Et je
ferai ce que tu as toujours voulu : donner un visage à
l’amour, sourire, aimer, et continuer…
Une lueur d’espoir brillait dans la grande route de
l’infini. Méhora filait vers l’avenir comme une comète.
Elle avait fait un si beau voyage. Petite larme sut à cet
instant, que son étoile allait rejoindre les siens en emme-
nant avec elle une Petite larme.
Puis, le monde de derrière se plaça devant. Le soleil
brilla de ses mille rayons et mûrit lentement l’œuvre de
cette nouvelle humanité.
Désormais Petite larme n’était plus seule, elle savait
que son étoile veillait sur elle.
Dès lors, naquit une humanité vierge, dénudée de tous
malheurs, qui redonna des raisons d’être que la nature
même avait oubliées et dont l’infini amour s’étend dans
tout l’espace et vit dans tous les temps.
Et depuis ce jour-là, plus rien ne sera pareil…

128
Poésie de Petite larme

Une petite larme s’est noyée dans le monde de son esprit

Elle a perdu son âme dans l’oubli

Dans une solitude profonde, elle a cherché la vie

Et elle a trouvé une étoile venue de l’infini.


Biographie

Muriel Morandi est née à


Fribourg en Suisse.
Après une carrière dans
le management commercial
d’entreprise, Muriel connait
une profonde évolution spi-
rituelle qui change sa vie.
En 1999, elle ouvre un cabinet de développement per-
sonnel et se spécialise dans la lecture d’âme en fondant
sa propre méthode.
Quelques années plus tard, elle suit une formation de
maïeuticienne en psychologie afin de perfectionner ses
connaissances.
Auteure du livre « la lecture d’âme » en 2016 aux édi-
tions JMG Para Science, Muriel prend un nouvel élan
dans sa carrière d’écrivaine. La même année, elle co-écrit
la pièce de théâtre « mon ami » de l’auteur Haci Mercan
et joue le rôle du monologue.
Aujourd'hui, Muriel consulte pour la lecture d'âme
dans son cabinet à Fribourg en Suisse et par Skype pour
les autres pays. Elle donne de nombreuses conférences,
séminaires, stages, ateliers en Suisse et en France.
131
Muriel Morandi

Depuis janvier 2017, Muriel partage ses enseigne-


ments spirituels avec sa propre chronique " en quête spi-
rituelle" sur les ondes de radio "( info sur son site). Elle
invite des personnes à témoigner d'une vie hors du com-
mun.
Visitez son site pour tous renseignements :
www.murielmorandi.com

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Petite larme,

Tombée du ciel, comme un message en bouteille.

Au premier rayon de soleil, elle vous émerveille.

Poussée par le vent, comme une force éternelle.

Elle vous emmène dans un conte de merveille.

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