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L'effectivité de la sentence arbitrale : arbitrage belge et arbitrage commercial internation

Auteur : M'Chaâr, Yasmina


Promoteur(s) : Boularbah, Hakim
Faculté : Faculté de Droit, de Science Politique et de Criminologie
Diplôme : Master en droit à finalité spécialisée en droit des affaires (aspects belges, européens et internationaux
Année académique : 2019-2020
URI/URL : http://hdl.handle.net/2268.2/9155

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Département de Droit

L’effectivité de la sentence arbitrale : arbitrage belge et


arbitrage commercial international

Yasmina M’CHAAR

Travail de fin d’études


Master en droit à finalité spécialisée en droit des affaires (aspects belges,
européens et internationaux)

Année académique 2019-2020

Recherche menée sous la direction de :


Monsieur Hakim BOULARBAH
Professeur
RESUME
Au cours des dernières décennies, l’arbitrage a acquis une importance accrue dans le monde
des affaires. L'arbitrage commercial international est désormais devenu la norme en matière
de règlement des litiges dans la plupart des transactions commerciales internationales. Les
parties expriment leur consentement en insérant une clause d'arbitrage dans le contrat.
Bien que l'exécution de la sentence arbitrale pose parfois problème, les règles établies par les
conventions contraignent les États et les parties à exécuter la sentence arbitrale.
La reconnaissance et l'exécution dépendent de l'efficacité du régime qui est prévu à cet effet.
Dans cette perspective, le défi pour le régime applicable est de fournir des modes efficaces de
mise en œuvre en vertu desquels la partie gagnante peut se voir reconnaître et faire exécuter la
sentence arbitrale.
Ce travail examinera l’effectivité de la sentence arbitrale belge en droit belge et dans quelles
mesures les sentences arbitrales rendues à l’étranger sont reconnues et exécutées dans le
contexte de la Convention de New-York.
L’importance de la reconnaissance et de l’exécution découle du fait que l'arbitrage est
considéré sans valeur si la sentence reste lettre morte dans le pays ou l’exécution est
recherchée.
Table des matières
INTRODUCTION .................................................................................................................... 4
PARTIE I LA SENTENCE ARBITRALE EN DROIT BELGE ....................................... 6
CHAPITRE I : GENERALITES ...................................................................................................... 6
i. Cadre juridique .......................................................................................................................... 6
ii. La notion de la sentence arbitrale ............................................................................................. 7
iii. La notion d’effectivité de la sentence arbitrale ......................................................................... 8
iv. Les différents types de sentences .............................................................................................. 8
v. Conditions de forme et conditions de fond de la sentence arbitrale ........................................ 10
vi. Sentence arbitrale versus jugement ......................................................................................... 10
CHAPITRE II L’effectivité de la sentence arbitrale belge ......................................................... 11
SECTION I Des effets de sentence arbitrale favorisant son effectivité…….……………….11
i. L’autorité de la chose jugée .................................................................................................... 11
ii. Force probante de la sentence arbitrale ................................................................................... 13
SECTION II Une mise en œuvre effective prévue par la législation national .…..…………13
i. L’absence d’appel ................................................................................................................... 13
ii. Procédure en exequatur ........................................................................................................... 15
iii. Recours en annulation limité contre la sentence arbitrale....................................................... 16
SECTION III Autres mesures tendant à l'application maximale de la sentence
arbitrale………………………………………………………………………...........…………..19
i. Astreinte .................................................................................................................................. 19
ii. Mesures visant à sauvegarder la sentence ............................................................................... 19
iii. Des recours limités contre les décisions émanant des juges étatiques. ................................... 19
iv. Principe de l’autonomie de la convention d’arbitrage ............................................................ 20
PARTIE II L’EFFECTIVITE DE LA SENTENCE : ARBITRAGE INTERNATIONAL
COMMERCIAL ..................................................................................................................... 22
CHAPITRE I GENERALITES ..................................................................................................... 22
i. L’arbitrage commercial international et son cadre juridique .................................................. 22
CHAPITRE II LA CONVENTION DE NEW-YORK ................................................................ 24
i. Buts et objectifs de la Convention........................................................................................... 24
ii. Champ d’application ............................................................................................................... 25
iii. Caractéristiques de la Convention tendant à l’effectivité de la sentence ................................ 26
iv. Les règles générales d’interprétation favorisant l’exécution des sentences ............................ 29
v. Quelques arrêts mettant en évidence la grande contribution de la Convention de New-York,
en matière de reconnaissance et exécution des sentences arbitrales ............................................. 31
vi. Motifs de refus ........................................................................................................................ 32
CHAPITRE 3 LA CONVENTION DE NEW-YORK DANS LE DROIT BELGE .................. 33
CONCLUSION ...................................................................................................................... .35
BIBLIOGRAPHIE..…...…………………………………………………………………… 37


2

3
I. INTRODUCTION
Au cours des dernières décennies, l’arbitrage, processus alternatif aux tribunaux traditionnels
fournissant une solution flexible et économique aux litiges, a acquis une importance accrue
dans le monde des affaires. En effet, l'arbitrage commercial international est devenu la norme
en matière de règlement des litiges dans la plupart des transactions commerciales
internationales ; les parties exprimant leur consentement en insérant une clause d'arbitrage
dans leur contrat. Le succès de l'arbitrage dépend, dans une grande mesure, de la capacité à
exécuter facilement1 une sentence arbitrale, tant au niveau national qu'international.
Bien que l'exécution de la sentence arbitrale puisse encore se révéler problématique, les règles
établies par les conventions contraignent les parties, en ce compris les États, à exécuter la
sentence.
Il est réellement important de permettre aux parties de rendre effective une sentence arbitrale
car, sans cette possibilité, l’arbitrage risquerait d’être considéré comme étant sans valeur,
voire même dénué de sens, si la sentence n’était pas exécutée. C’est pourquoi les législations
nationales et internationales prévoient la mise en œuvre effective des conventions d’arbitrage.
La reconnaissance et l'exécution d’une sentence arbitrale étrangère dépendent de l'efficacité
du régime juridique belge et international. Comme l’a souligné le Professeur Howard M.
Holtzmann : « Si les hommes d'affaires ne sont pas raisonnablement sûrs d’aboutir à une
sentence arbitrale, il n’y aura peu ou pas d'arbitrage2. » De ce point de vue, il est important
pour le droit applicable de fournir des modes d'exécution efficaces en vertu desquels la partie
gagnante peut faire reconnaître et exécuter une sentence arbitrale judiciaire étrangère.
Il est important de souligner que le souhait d’arriver à une réelle effectivité de la sentence
arbitrale n’est pas synonyme d’exécution automatique de la sentence arbitrale. En effet, il est
également primordial de laisser à la partie qui succombe la possibilité de pouvoir refuser
l’exécution d’une sentence arbitrale illégale, par exemple.
Ce travail de fin d’études sera divisé en deux parties. Dans un premier temps, ce travail
examinera principalement l’effectivité de la sentence arbitrale belge en droit belge et dans un
deuxième temps, nous examinerons dans quelles mesures les sentences arbitrales rendues à
l’étranger sont reconnues et exécutées dans le contexte de la Convention de New-York.

1
B. HANOTIAUX., « Les grands enjeux de l'arbitrage commercial international », b-Arbitra, 2015/1, p. 8.
2
H. HOLTZMANN., 60 Years of ICC Arbitration: a Look at the Future, pp. 361.
2
H. HOLTZMANN., 60 Years of ICC Arbitration: a Look at the Future, pp. 361.

5
PARTIE I LA SENTENCE ARBITRALE EN DROIT
BELGE
Dans la première partie de ce travail, il convient tout d’abord de s’attarder sur le cadre
juridique en droit belge, ensuite nous passerons en revue sommairement quelques notions,
ensuite nous examinerons les méthodes mises en œuvre pour garantir au maximum
l’effectivité des sentences arbitrales belges et nous terminerons par observer quelques
mesures garantissant également une effectivité de la sentence arbitrale

CHAPITRE I : GENERALITES
i. CADRE JURIDIQUE
Première loi belge en la matière3, la loi du 4 juillet 1972 sur l’arbitrage se fonde sur la loi
uniforme annexée à la Convention européenne en matière d’arbitrage de Strasbourg du 20
janvier 19664.
Le résultat espéré de cet accord européen n'a pas été atteint.5 En 1988, la première loi sur
l'arbitrage a, par conséquent, été partiellement réformée selon le modèle de la Commission
des Nations Unies pour le droit commercial international (ci-après CNUDCI).
Ce n'est qu'avec la loi du 24 juin 20136 que la Belgique a rendu son droit de l’arbitrage
conforme à la loi type de la CNUDCI. La loi du 24 juin 2013 relative à l’arbitrage est entrée
en vigueur le 1er septembre 20137 et modifie la sixième partie, de sorte que le siège de la
matière se situe désormais aux articles 1676 à 1723 du Code judiciaire.
La nouvelle loi sur l'arbitrage est plus qu’une simple réforme : en effet, l'ancienne partie VI
du Code judiciaire est remplacée dans son intégralité par les nouveaux articles 1676 à 1722 du
Code judiciaire. Le souhait du législateur était de mettre en œuvre une réforme globale par le
biais de la loi en établissant ainsi une loi d'arbitrage plus moderne et avancé8.
Cependant, alors que la loi CNUDCI distingue clairement l’arbitrage international de
l’arbitrage national, et ce, parce que ladite loi met l’accent sur l’arbitrage international sans
avoir pour but d’intervenir sur la réglementation de l’arbitrage national, le législateur belge,
quant à lui, n’a pas introduit cette distinction de façon à favoriser tant les uns que les autres9.
Le législateur estimait également que cette distinction pouvait amener à des différends sur la
question du caractère national ou international de l’arbitrage, ceux-ci pouvant mener à des

3
Loi du 4 juillet 1972 approuvant la Convention européenne portant loi uniforme en matière d'arbitrage, faite à
Strasbourg le 20 janvier 1966, et introduisant dans le Code judiciaire une sixième partie concernant l'arbitrage.
4
M, DAL., « La nouvelle loi sur l'arbitrage », J.T., 2013/40, n° 6542, p. 786.
5
G. DE LEVAL, « Chapitre 1 - L’arbitrage » in Droit judiciaire – Tome 2, p. 1377.
6
Loi du 24 juin 2013 modifiant la sixième partie du Code judiciaire relative à l’arbitrage, M.B, 28 juin 2013.
7
O. CAPRASSE, » Introduction au nouveau droit belge de l’arbitrage », actualité en droit judiciaire, p.405 ; Loi
du 24 juin 2013 modifiant la sixième partie du Code judiciaire relative à l’arbitrage, M.B, 28 juin 2013
8
O. CAPRASSE, op. cit., p.402.
9
M. PIERS et D. DE MEULEMEESTER, “Nieuwe arbitragewet, België is voortaan een ‘Uncitral
modelwetland”, NJW 2013, 726-736 ; D. DE MEULEMEESTER et M PIERS, « De nieuwe Belgische
Arbitragewet », p. 88.


6
différends sur la question du caractère national ou international et ainsi, créer une insécurité
juridique10.
Néanmoins, la nouvelle loi belge maintient une distinction en ce qui concerne le recours en
annulation de la sentence arbitrale entre des parties belges et non belges. Ainsi, à l'exclusion
du recours en annulation prévu à l'article 1717 du Code judiciaire, le législateur belge a traité
l'arbitrage international et national de manière égale. Comme nous le verrons dans la suite de
cette lecture, cette exclusion prévoit la possibilité pour les parties à l'arbitrage international de
renoncer à leur droit de faire annuler la sentence arbitrale, à condition qu'il n'y ait pas de lien
avec la Belgique, sans compter le lieu où se situe la procédure d'arbitrage11.
Avec cette nouvelle loi sur l'arbitrage, la Belgique rejoint la liste de plus de soixante pays qui
se sont inspirés en tout ou en partie de cette loi type. À certains égards, cette loi belge va
même au delà de la loi type12.
Finalement, en 2016, la loi dite « Pot-pourri IV13» a également apporté quelques légères
modifications à la sixième partie du Code Judiciaire afin de : « renforcer encore la simplicité
et l’efficacité de la procédure. (...) Pour l’essentiel, il s’agit de conforter des solutions déjà
acquises sous la réforme de 2013 en évitant des difficultés d’interprétation14»15.

ii. La notion de la sentence arbitrale


Le but ultime de l’arbitrage est d’aboutir à une décision définitive tranchant un litige. Appelée
« sentence arbitrale », cette décision est par conséquent inhérente à la procédure d'arbitrage
puisqu’elle marque la fin de cette dernière.
En effet, l’article 1710 du Code judiciaire dispose que: « Le tribunal arbitral tranche le
différend16. » Il s’agit de l’élément le plus distinctif entre l’arbitrage et les autres méthodes
alternatives de résolution des conflits : l'arbitrage pourra mener à un jugement de nature
privée qui, en outre, pourra aboutir à une exécution forcée, à l'issue d'une procédure
d'exequatur17.
La notion de sentence arbitrable ne fait pas l’objet d’une définition précise dans notre
législation nationale18.

10
Doc. parl., Ch. repr., n° 53 2743/001, p. 6 ; G. DE LEVAL, « Chapitre 1 - L’arbitrage » in Droit judiciaire –
Tome 2, Bruxelles, Larcier, 2015, p. 1380.
11
M. PIERS, « De nieuwe Belgische Arbitragewet », p. 88.
12
M. PIERS et D. DE MEULEMEESTER, «Nieuwe Arbitragewet. België is voortaan een «Uncitral
Modelwetland», NJW, 2013, 726-736; M. PIERS et D. DE MEULEMEESTER, «The Adoption of the Uncitral
Model Law Encourages Arbitration in Belgium», b-Arbitra, 2013, pp. 367 - 404.
13
Loi du 25 décembre 2016 modifiant le statut juridique des détenus et la surveillance des prisons et portant des
dispositions diverses en matière de justice, MB 30 décembre 2016.
14
Doc. 541986/001 p,.20.
15
M. DAL, “Quelques précisions apportées au droit de l'arbitrage”, J.T. 2017, p. 641, n°32
16
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, « Titre 2 - La nature juridique de la sentence » in L'arbitrage en droit belge et
international – Tome I - Le droit belge, Bruxelles, Bruylant, 2015, p. 457.
17
O. CAPRASSE, « La sentence arbitrale », Act. dr., 2003, p674-2003.
18
O. CAPRASSE, Les grands arrêts de la Cour de cassation belge en droit de l'arbitrage, b-arbitra 1/2013, p.
148.


7
Nous pouvons définir la sentence arbitrale comme étant la décision par laquelle est clôturée la
procédure d’arbitrage. En effet, par cette décision, le tribunal arbitral tranche de manière
définitive le litige qui lui a été soumis19. C’est en tout cas ce qu’il ressort d’un arrêt de la Cour
de cassation française qui précise que: « les actes des arbitres qui tranchent de manière
définitive, en tout ou en partie, le litige qui leur est soumis, que ce soit sur le fond, sur la
compétence ou sur un moyen de procédure qui les conduit à mettre fin à l’instance.20 »

iii. La notion d’effectivité de la sentence arbitrale


Dans le dictionnaire, effectivité est définie comme suit: « caractère de ce qui est effectif21 »,
autrement dit, ce qui produit des effets. Cette notion concerne la réalisation d'un objectif
souhaité. L'effectivité est ici synonyme de la capacité de concrétisation de l’objectif
recherché22.
L’arbitre poursuit le desiratum suivant: « la sentence arbitrale ne doit pas rester lettre
morte 23 ». C’est précisément ce résultat que nous tentons d’obtenir en favorisant un
maximum l’effectivité de la sentence arbitrale. Autrement dit, l’effectivité de la sentence
arbitrale correspond, par conséquent (doit aboutir) à la mise en œuvre de la décision/ de celle-
ci.
Par ailleurs, toute l’efficacité de la procédure d’arbitrage dépend de l’exécution de la sentence
arbitrale qui en résulte. Pour que l’arbitrage soit efficace, il faut que la sentence arbitrale soit
effective. Le législateur belge a donc prévu tout un arsenal législatif qui tend à garantir un
maximum son effectivité24.

iv. Les différents types de sentences


Le Code judiciaire précise à l’article 1713, paragraphe 1er, que : « le tribunal arbitral statue
définitivement ou avant dire droit par une ou plusieurs sentences »25.
Ainsi, le droit belge compte plusieurs sortes de sentence : les sentences définitives, les
sentences partielles et les sentences avant-dire droit26.
La sentence définitive est la décision qui tranche définitivement tous les points du litige27.

19
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, L’arbitrage en droit belge et international, 3e éd., Tome I : Le droit belge,
Bruxelles, Bruylant, 2015, p. 453.
20
Cass. fr., 12 octobre 2011, Rev. arb., 2012, p. 86, note F.-X. Train.
21
Information tirée du site : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/effectivité/27904.
22
Information tirée du site :
https://www.senate.be/www/?MItabObj=pdf&MIcolObj=pdf&MInamObj=pdfid&MItypeObj=application/pdf&
MIvalObj=16778219 pp. 7-8.
23
E. GAILLARD, « Effectivité des sentences arbitrales, immunités d’exécution des États et autonomie des
personnes morales dépendant d’eux. Réflexion sur trois principes incompatibles », op. cit., p. 120. ; L.
BERNHEIM VAN DE CASTEELE, « Les principes fondamentaux de l'arbitrage », Bruxelles, Bruylant, 2012,
p.621
24
Voy. infra., Chapitre 2.
25
G. KEUTGEN et G.-A. op. cit., p. 453.
26
Ibid.
27
Ibid.


8
La sentence partielle est, quant à elle, celle qui règle de manière définitive un ou plusieurs
éléments du litige28.
Quant à la sentence avant-dire droit, il s’agit de l’équivalent arbitral des jugements avant-dire
droit29 : elle sert à ordonner une action préalable afin d’enquêter ou de régler provisoirement
la situation entre les parties30. Elle n’est pas obligatoire31. Il convient à l’arbitre de décider si
une telle mesure sera utile au déroulement de la procédure. Ainsi, dans le cas où la sentence
avant-dire droit risque de créer un moyen dilatoire comme, par exemple l’allongement de la
procédure d’arbitrage, il serait préférable de l’écarter. En revanche, si l’arbitre l’estime
nécessaire, il peut décider de rendre plusieurs sentences avant-dire droit dans un même
litige32.
Comme nous le verrons, ces deux types de sentences répondent aux mêmes conditions de
forme que la sentence définitive.
Tant les sentences partielles que les sentences avant-dire droit peuvent servir de base à une
demande de force exécutoire33.
Ces deux sentences diffèrent des sentences définitives en ce qu'elles n'épuisent pas la
compétence du tribunal arbitral sur les questions résolues. En effet, les sentences définitives
épuisent la compétence du tribunal arbitral34, mais uniquement sur les points qui y sont
tranchés.
L’arbitre peut rendre également une sentence dite « d’accord-parties »35. En vertu de l’article
1712, paragraphe 2, du Code judiciaire, les parties qui parviennent à un accord peuvent
solliciter du tribunal arbitral qu’il constate cet accord36. Cette sentence produit les mêmes
effets que la sentence rendue sur le fond du litige37. Celle-ci doit contenir les mentions
prévues à l’article 1713 du Code judiciaire. De plus, le tribunal arbitral doit aussi vérifier que
cet accord soit conforme à l’ordre public38.
Enfin, il existe également des sentences additionnelles, qui viennent compléter la sentence
finale39. Cette sentence a lieu lorsque le tribunal a oublié de statuer sur un point du litige40.

28
M. DAL, « La nouvelle loi sur l'arbitrage », J.T., 2013/40, n° 6542, pp. 785-795.
29
G. DE LEVAL, « Chapitre 1 - L’arbitrage » in Droit judiciaire – Tome 2, Bruxelles, Larcier, 2015, p. 1409
30
Voy. art. 19, al. 2, C. jud. ; A. FETTWEIS, Manuel de procédure civile, 2e éd., op. cit., p. 257.
31
Doc. parl., Ch. repr., n° 1374/1-97/98, p. 8
32
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, L’arbitrage en droit belge et international, 3e éd., Tome I : Le droit belge,
Bruxelles, Bruylant, 2015, p. 453.
33
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 455 ; O. CAPRASSE, « La sentence arbitrale », Act. dr., 2003, pp.
676-2003 et réf. citées ndbp n°15.
34
Article 19, al. 1er du Code Judiciaire, O. CAPRASSE, « La sentence arbitrale », Act. dr., 2003, pp. 667-2003
35
O. CAPRASSE et B. HANOTIAU, « L'annulation des sentences arbitrales », J.T., 2004, p. 44.
36
O. CAPRASSE, op. cit., pp. 677.
37
M. Dal, op, cit., p. 792.
38
Article 1712, paragraphe 1er du C. Jud.
39
Article 1715 du C. jud.
40
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 515.


9
v. Conditions de forme et conditions de fond de la sentence arbitrale
Les conditions de forme siègent à l'article 1713 du Code judiciaire.
Comme mentionné plus haut, la législation belge s’est fortement inspirée de la loi type de la
CNUDCI et, plus précisément, de son article 31 en ce qui concerne les conditions de forme et
de fond, bien qu’elle aille parfois au-delà de la loi type et, dans un même temps, s’en éloigne.
Par exemple, en ce qui concerne les sentences arbitrales rendues en Belgique, la législation
nationale exige qu’elles soient motivées, ce que la loi type n’exige pas, cette dernière
permettant aux parties de convenir que la sentence ne soit pas motivée41.
Conformément à l’article 1713, paragraphe 3 du Code Judiciaire, « la sentence arbitrale est
rendue par écrit et signée par l'arbitre. Dans une procédure arbitrale comprenant plusieurs
arbitres, les signatures de la majorité des membres du tribunal arbitral suffisent, pourvu que
soit mentionnée la raison de l'omission des autres.»
Les conditions de fond, quant à elles, sont au nombre de deux. Premièrement, la sentence
arbitrale doit être motivée42. Deuxièmement, l’article 1713, paragraphe 5, du Code judiciaire
précise les mentions obligatoires devant apparaître dans la sentence arbitrale : « la sentence
comprend notamment, outre le dispositif, les mentions suivantes : a) les noms et domiciles
des arbitres; b) les noms et domiciles des parties; c) l'objet du litige; d) la date à laquelle la
sentence est rendue; e) le lieu de l'arbitrage déterminé conformément à l'article 1701, §
1er.»43

vi. Sentence arbitrale versus jugement


La sentence arbitrale crée les mêmes effets dans les relations entre les parties qu'une décision
judiciaire44. Cela signifie que la sentence arbitrale entre les parties est dotée de l’autorité de la
chose jugée45.
Tout comme le jugement, la sentence arbitrale peut aboutir à un titre exécutoire. En effet, elle
constitue un acte juridictionnel 46 puisqu’elle produit les mêmes effets qu’une décision
judiciaire, sans, cependant, disposer du caractère exécutoire47.
Par conséquent, la sentence arbitrale est contraignante : toutes les parties doivent se
conformer à cette décision. Néanmoins, si l'une des parties ne s’exécute pas, l’autre partie
peut demander au tribunal de première instance de revêtir la sentence arbitrale de la formule
exécutoire48. Cette procédure d’exequatur permet ainsi à une partie de faire exécuter la

41
H. BOULARBAH, O. VAN DER HAEGEN et J. RAYEE, « Guide to challenging and enforcing arbitration
awards », in Global Arbitration Review, London, Law Business Research Ltd, p. 187.
42
Article 1713, paragraphe 4 du C. Jud.
43
M. Dal, « La nouvelle loi sur l'arbitrage », J.T., 2013/40, n° 6542, pp. 785-795.
44
Article 1713 paragraphe 9 du C. Jud.
45
G. DE LEVAL, « Chapitre 1 - L’arbitrage » in Droit judiciaire – Tome 2, Bruxelles, Larcier, 2015, p. 1414.
46
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, L’arbitrage en droit belge et international, 3e éd., Tome I : Le droit belge,
Bruxelles, Bruylant, 2015, p. 561.
47
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 482.
48
O. CAPRASSE, « La sentence arbitrale », Act. dr., 2003, p. 692.


10
sentence arbitrale contre la volonté de l'autre partie, sans avoir à suivre une nouvelle affaire
devant le vrai juge49.
Alors qu’il est possible de faire appel des jugements, sauf si la loi en dispose autrement50, il
n'est pas toujours possible de faire appel de la sentence arbitrale ; tout dépend de ce que les
parties ont convenu au départ. Cependant, si aucun appel n'est possible, les parties peuvent
toujours saisir le tribunal pour demander l'annulation de la sentence arbitrale.51
Contrairement au jugement, la sentence arbitrale est issue d’une convention d’arbitrage qui
repose sur un accord entre les parties52. Ainsi, celles-ci peuvent choisir de ne pas soumettre
leur différend à un juge, mais à des arbitres53. Ainsi, en vertu de l’article 1681 du Code
judiciaire : « Une convention d’arbitrage est une convention par laquelle les parties
soumettent à l’arbitrage tous les différends ou certains des différends qui sont nés ou
pourraient naître entre elles au sujet d’un rapport de droit déterminé, contractuel ou non
contractuel. »
Finalement, contrairement aux sentences arbitrales, les jugements sont en général rendus en
audiences publiques. La sentence, quant à elle, est notifiée aux parties conformément à
l’article 1713 paragraphe 8 du Code Judiciaire54 et doit, en principe, faire l’objet d’un dépôt
au greffe du tribunal de première instance55 (sauf si les parties y renoncent).

CHAPITRE II L’effectivité de la sentence arbitrale belge


SECTION I. Effets de la sentence arbitrale favorisant son effectivité
Sous cette rubrique, nous examinerons brièvement deux effets, qui tendent à garantir
l’effectivité de cette dernière.

i. L’Autorité de la chose jugée


L’autorité de la chose jugée est l’élément qui permet de distinguer l’arbitrage des autres
modes de résolution de conflits56.
A l’heure actuelle, le caractère juridictionnel des sentences arbitrales n’est plus contestable.
Consacrée dans la sixième partie du Code judiciaire, la sentence arbitrale possède les mêmes
effets qu'un acte judiciaire57, si ce n’est qu’elle ne dispose pas de la force exécutoire58.

49
Il convient de préciser que l’arbitre est également considéré comme étant un véritable juge par le Code
judiciaire, à cet égard, voir notamment G. KEUTGEN et G.-A. DAL, L’arbitrage en droit belge et international,
3e éd., Tome I : Le droit belge, Bruxelles, Bruylant, 2015, p. 561.
50
voy. Les articles 616 et s. du C. Jud.
51
G. DE LEVAL, « Chapitre 1 - L’arbitrage » in Droit judiciaire – Tome 2, Bruxelles, Larcier, 2015, p. 1419.
52
G. DE LEVAL, op. cit., p. 1386.
53
G. KEUTGEN, G-A. DAL, « L’efficacité de l’arbitrage » in Droit, Économie et Valeurs, Bruxelles, Éditions
Larcier, 2014, p. 636.
54
P. DE BOURNONVILLE, « Arbitrage », Rép. not., Tome XIII, La procédure notariale, Livre 6, Bruxelles,
Larcier, 2017, p.181 n° 243.
55
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, L’arbitrage en droit belge et international, 3e éd., Tome I : Le droit belge,
Bruxelles, Bruylant, 2015, p. 509.
56
PH. FOUCHARD, E. GAILLARD et B. GOLDMAN, Traité de l’arbitrage commercial international, Paris,
Litec, 1996, p. 14, no 13 infra, nos 15, 23 et 26.
57
G. DE LEVAL, op. cit., p. 1414.


11
En effet, dés le prononcé de la sentence arbitrale, celle-ci bénéficie de l’autorité de la chose
jugée59 et ce, sans même avoir à intenter une procédure d’exequatur au préalable.60 C’est ainsi
qu’il est souligné dans les conclusions du procureur général R. Hayoit de Termicourt : «le
jugement arbitral existe comme tel dès que la sentence est rendue signée par les arbitres;
l’exequatur n’est requis que pour donner à la sentence force exécutoire61. »
Cependant pour qu’il y a une autorité de la chose jugée, il faut : « un acte définitif62 tranchant
un différend, aux termes duquel le juge dit le droit, soit en réglant entièrement le fond du
droit, soit en tranchant certains points seulement du procès ou des incidents de celui-ci, de
telle façon que l’examen du juge n’ait plus à s’exercer sur ce qu’il a décidé63. 64 »
En vertu de l’article 1717 du Code judiciaire, l’autorité de chose jugée permet à la sentence de
subsister tant que celle-ci ne fait pas l’objet d’une annulation65 ou d’une réformation par voie
d’appel lorsque cette possibilité a été prévue par les parties66. En vertu de l’article 28 du Code
judiciaire, la sentence acquiert force de chose jugée lorsque la décision ne peut plus être
susceptible d’appel ou d’opposition.
Conformément à l’article 23 du Code judiciaire : « l'autorité de la chose jugée n'a lieu qu'à
l'égard de ce qui a fait l'objet de la décision. Il faut que la chose demandée soit la même; que
la demande repose sur la même cause, quel que soit le fondement juridique invoqué; que la
demande soit entre les mêmes parties, et formée par elles et contre elles en la même
qualité67. »
Selon nous, l’autorité de la chose jugée peut être considérée comme un bouclier contre la
partie succombante qui voudrait intenter une action en justice sur une cause dont l’objet a déjà
été tranché par une sentence. En effet, le tribunal rejettera alors l'action en justice au motif que
le litige a fait l’objet d’une décision définitive qui jouit déjà de l’autorité de la chose jugée.
En outre, le fait que l'autorité de la chose jugée se cantonne aux parties à l'arbitrage ne signifie
pas que la sentence arbitrale n'a aucun effet à l'égard des tiers. Effectivement, tout comme les
jugements, les sentences imposent leurs existences à tous. A cet égard, nous pouvons parler
de l'opposabilité de la sentence arbitrale68.
Il est important de ne pas confondre cette opposabilité avec l’autorité de la chose jugée. Etant
relative, cette dernière ne lie que les parties. Semblable aux jugements, la sentence jouit

58
O. CAPRASSE, « La sentence arbitrale », Act. dr., 2003, p. 686.
59
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, L’arbitrage en droit belge et international, 3e éd., Tome I : Le droit belge,
Bruxelles, Bruylant, 2015, p. 509 ; P. DE BOURNONVILLE, « Arbitrage », Rép. not., Tome XIII, La procédure
notariale, Livre 6, Bruxelles, Larcier, 2017, p.181 n° 246.
60
P. DE BOURNONVILLE, « Arbitrage », Rép. not., Tome XIII, La procédure notariale, Livre 6, Bruxelles,
Larcier, 2017, p.181 n° 246.
61
Rendu sur les conclusions du procureur général R. Hayoit de Termicourt dans un arrêt de la Cour de cassation
du 10 juin 1954 (Pas., 1954, I, 859).
62
Sur la notion de décision définitive, voy. C. jud., art. 19 et 24.
63
Rapport Van Reepinghen, Doc. parl., Sénat, sess. 1963-1964, no 60, p. 27 (et la doctrine citée note 56).
64
P. DE BOURNONVILLE, « Arbitrage », Rép. not., Tome XIII, La procédure notariale, Livre 6, Bruxelles,
Larcier, 2017, p.48 n° 8.
65
Article 1717 C. jud.
66
Article 1716 C. jud.
67
O. CAPRASSE, op. cit., p. 687.
68
Ibidem.


12
également d’un effet obligatoire entre parties et va à l’encontre d’un renouvellement du
procès, et n’a par conséquent autorité qu’entre parties69.

ii. Force probante de la sentence arbitrale


Nonobstant le fait que la sentence ne soit pas rendue par un juge étatique 70 elle bénéficie
d’une force probante authentique en vertu de son caractère juridictionnel71; celle-ci vaut
jusqu’à inscription de faux72 à condition que l’arbitre n’ait pas agi en dépassant la limite de
ses attributions73. En ce qui concerne les constatations personnelles du tribunal arbitral soit «
ce que l’arbitre a pu lui-même constater », cette force probante vaut tant à l’égard des parties
que des tiers74.

SECTION II. La mise en œuvre effective des sentences arbitrales prévue par la
législation nationale
Comme l’a souligné le Professeur Emmanuel Gaillard, « le principe d’effectivité des
sentences correspond à [une] attente des parties.75» C’est pourquoi il existe, dans le droit
belge, tout un arsenal législatif qui tend à assurer un maximum son exécution. Sous cette
rubrique, nous allons faire le point sur plusieurs mesures qui tendent à contribuer à
l’effectivité des sentences. En premier lieu, nous verrons l’absence d’appel, principe en droit
belge dont le but est de protéger la sentence. Ensuite, nous étudierons la procédure en
exéquatur qui permettra d’aboutir à l’exécution de la sentence arbitrale. Nous examinerons
également l’existence d’un recours en annulation très limité dont l’objet est de soutenir à son
tour l’effectivité de la sentence arbitrale. Enfin, nous verrons quelques mesures qui méritent
d’être citées pour leur contribution à une certaine effectivité de la sentence arbitrale.

i. L’absence d’appel
Parmi les moyens mis en place pour garantir l’effectivité de la sentence et afin d’assurer
l’efficacité de la procédure d’arbitrage, nous pouvons citer l’absence d’appel de la décision du
tribunal arbitral, qui, comme précité, est le principe en droit belge.
Dans un souci d’efficacité, l’arbitrage, tant par sa raison que par sa nature même, vise à
limiter un maximum les recours devant les tribunaux. En plus de cette efficacité et du souhait

69
Ibid., pp. 687 - 688.
70
Ibid., p. 688.
71
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, L’arbitrage en droit belge et international, 3e éd., Tome I : Le droit belge,
Bruxelles, Bruylant, 2015, p. 481, n°592.
72
P. DE BOURNONVILLE, « Arbitrage », Rép. not., Tome XIII, La procédure notariale, Livre 6, Bruxelles,
Larcier, 2017, p.183 n° 247.
73
M. HUYS et G. KEUTGEN, L’arbitrage en droit belge et international, Bruxelles, Bruylant, 1981, p. 312.
74
O. CAPRASSE, « La sentence arbitrale », Act. dr., 2003, p. 687 – 2003 et réf. citées ndbp n° 96 ; M. HUYS et
G. KEUTGEN, L’arbitrage en droit belge et international, Bruxelles, Bruylant, 1981, p. 312
75
E. GAILLARD, « Effectivité des sentences arbitrales, immunités d’exécution des États et autonomie des
personnes morales dépendant d’eux. Réflexion sur trois principes incompatibles », op. cit., p. 120 ; L.
BERNHEIM VAN DE CASTEELE, Les principes fondamentaux de l'arbitrage, Bruxelles, Bruylant, 2012, p.
621.


13
d’obtenir une décision définitive, l’arbitrage se veut également rapide76 ; cette qualité étant
d’ailleurs réputée comme l’un des plus grands avantages de cette voie alternative de
résolution des litiges. C’est dans cette optique qu’en 1972, la Convention européenne de
Strasbourg a supprimé la possibilité de faire un appel contre une décision arbitrale devant le
juge étatique77.
Nous retrouvons ce même principe dans le droit belge ; c’est ainsi que, conformément à
l’article 1716 du Code judiciaire, « il ne peut être interjeté appel contre une sentence
arbitrale que si les parties ont prévu cette possibilité dans la convention d'arbitrage. Sauf
stipulation contraire, le délai pour interjeter appel est d'un mois à partir de la communication
de la sentence, faite conformément à l'article 1678. ». Il ressort de cette disposition qu’un
appel ne peut être interjeté contre une sentence arbitrale sauf dans le cas où les parties ont
stipulé cette possibilité dans la convention d'arbitrage78.
Cependant, cette possibilité pour les parties de prévoir un appel de la sentence est limitée aux
sentences rendues en Belgique et ne vaut dès lors pas pour les sentences rendues à
l’étranger79.
Néanmoins, les cas dans lesquels la convention d'arbitrage (ou un règlement d'arbitrage)
organise un appel sont assez rares.80 En effet, l’appel aura pour effet de priver en quelque
sorte l’arbitrage de cette rapidité recherchée. En effet, l’appel d’une sentence arbitrale
consiste à réexaminer la procédure dans son entièreté, fond compris81. C’est la raison pour
laquelle, les règlements des centres d’arbitrage écartent cette possibilité de manière
générale82. Ainsi, l’article 35 du Règlement du CEPANI dispose que : «1. La Sentence est
définitive et rendue en dernier ressort. Les parties s’engagent à l’exécuter sans délai. 2. Par
la soumission de leur différend à l’arbitrage conformément au Règlement et hormis
l’hypothèse où une renonciation expresse est requise par la loi, les parties renoncent à toutes
voies de recours auxquelles elles peuvent valablement renoncer. » Nous retrouvons également
le même principe à l’article 35.6 du Règlement d’arbitrage CCI.
De plus, lorsque les parties prévoient une possibilité d’interjeter un appel contre la sentence
mais sans en fixer un délai, le délai sera fixé à un mois à partir de la communication de la
sentence83.
Cette absence d’appel a, sans aucun doute pour effets de consolider l’autorité de la chose
jugée, renforcer l’effectivité de la sentence et ainsi augmenter l’efficacité de l’arbitrage84.

76
Néanmoins, il convient de préciser que dans la pratique la durée est dans la majorité des cas plus longue que
ce que les parties avaient anticipé. A cet égard, voy. Rubino-Sammartano, M., « Chapitre 26. - Rapidité et
efficacité dans l’arbitrage » in Arbitrage international, Bruxelles, Bruylant, 2019, p. 1159.
77
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, L’arbitrage en droit belge et international, 3e éd., Tome I : Le droit belge,
Bruxelles, Bruylant, 2015, p. 526.
78
G. DE LEVAL, « Chapitre 1 - L’arbitrage » in Droit judiciaire – Tome 2, Bruxelles, Larcier, 2015, p. 1419;
Article 1716, paragraphe 1er, du C. jud. ; L. DEMEYERE et H. VERBIST « De nieuwe belgische arbitragetwet
van 24 juni 2013 », R.W., 2014-2015, p. 99.
79
Bruxelles,17 janvier 1974, Pas., 1974, II, 104.
80
G. DE LEVAL, op. cit., p. 1414.
81
M. RUBINO-SAMMARTANO, « Chapitre 31. - Recours contre les sentences arbitrales » in Arbitrage
international, Bruxelles, Bruylant, 2019, p. 1371
82
P. DE BOURNONVILLE, « Arbitrage », Rép. not., Tome XIII, La procédure notariale, Livre 6, Bruxelles,
Larcier, 2017, p.190 n° 262.
83
Article 1716 du C. jud.


14
ii. Procédure en exequatur
Comme expliqué précédemment, l’efficacité de l’arbitrage repose sur l’effectivité de la
sentence arbitrale, qui implique une exécution de la décision finale de l’arbitre à l’instar d’une
décision de justice étatique.
Dans la grande majorité des cas, les sentences arbitrales sont exécutées de manière
volontaire85. D’ailleurs, c’est précisément ce comportement positif qui est conforme à l’esprit
de l’arbitrage86. Pourtant, certaines parties se montrent parfois peu enclines à exécuter lesdites
sentences, de sorte qu’il existe des cas où la sentence n’est pas exécutée volontairement.
Contrairement au juge, l’arbitre ne jouit pas d’une compétence d’imperium87 ; par conséquent,
la sentence arbitrale ne bénéfice pas d’une force exécutoire de plein droit88, contrairement à
un jugement.
Bien qu’il s’agisse d’un acte juridictionnel, la sentence arbitrale n’est pas en soi un titre
exécutoire contrairement à un acte judicaire89. Cependant, la sentence arbitrale lie les parties
et peut être exécutée en justice dans le cadre d'une procédure en exequatur. Une décision du
tribunal de première instance reste nécessaire pour faire exécuter la sentence arbitrale90. Ainsi,
lorsque la partie succombante n’exécute pas volontairement une sentence arbitrale, la partie
gagnante peut introduire une demande d’exequatur.91 Cette procédure est prévue aux articles
1719 à 1721 du Code judiciaire92.
Cet exequatur aura comme effet de rendre la sentence arbitrale immédiatement93 exécutoire
de manière irréductible94.
L’acte qui attribue la force exécutoire aux sentences est l’ordonnance d’exequatur95. Cette
dernière permet d’avoir recours aux forces publiques afin de mettre en exécution l’obligation
qu’elle contient96. Cette décision accordant l’exécution de la sentence produit des effets sur
l’entièreté du territoire belge97.

84
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, L’arbitrage en droit belge et international, 3e éd., Tome I : Le droit belge,
Bruxelles, Bruylant, 2015, p. 526.
85
O. CAPRASSE, « La sentence arbitrale », Act. dr., 2003, p. 692 – 2003 ; Keutgen, G., Dal, G.-A., op. cit., p.
560.
86
P. DE BOURNONVILLE, « Arbitrage », Rép. not., Tome XIII, La procédure notariale, Livre 6, Bruxelles,
Larcier, 2017, p.186 n° 253.
87
D. DE MEULEMEESTER, H. VERBIST, « Afdeling 6. - Arbitrale uitspraak » in Arbitrage in de Praktijk,
Gent, Uitgeverij Larcier, 2013, p. 232
88
Keutgen, G., Dal, G.-A., op. cit., p. 567 ; BERNHEIM VAN DE CASTEELE, L., Les principes fondamentaux
de l'arbitrage, Bruxelles, Bruylant, 2012, p. 621.
89
O. CAPRASSE, op. cit., p. 689 – 2003
90
Comme dispose l’article 1719 du Code judiciaire: « La sentence arbitrale, rendue en Belgique ou à l'étranger,
ne peut faire l'objet d'une exécution forcée qu'après avoir été revêtue de la formule exécutoire, entièrement ou
partiellement, par le tribunal de première instance conformément à la procédure visée à l'article 1720. »
91
G. KEUTGEN et G.-A. Dal, op. cit., p. 481 ; B. HANOTIAUX et B. DUQUESNE, « L'exécution en Belgique
des sentences arbitrales belges et étrangères », J.T., 1997/17, n° 5841, p. 305-316, n°19.
92
M. DAL, « La nouvelle loi sur l'arbitrage », J.T., 2013/40, n° 6542, p.794.
93
E. GAILLARD et B. SIINO, « Guide to challenging and enforcing arbitration awards », in Global Arbitration
Review, London, Law Business Research Ltd, p. 109.
94
Keutgen, G., Dal, G.-A., op. cit., p. 490.
95
Ibid., p. 578.
96
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 557.
97
Ibid., p. 571.


15
Néanmoins, afin que la sentence puisse être revêtue de la formule exécutoire par le tribunal de
première instance, l’article 1719, paragraphe 2, du Code judicaire, subordonne la force
exécutoire au fait que la sentence ne puisse plus être attaquée auprès des arbitres, soit que la
sentence arbitrale soit définitive, (c’est à dire qu'aucun recours arbitral n'est possible, sous
réserve des voies de recours)98. Par ailleurs, le cas où l’arbitre omet de statuer sur un élément
du litige, n’aura aucune incidence sur la procédure d’exéquatur99. De plus, il faut avoir
déposée la sentence au greffe du tribunal de première instance100.
Une fois saisi, le tribunal de première instance n’examine plus le fond du litige. Par ailleurs,
aucun appel contre la décision du tribunal ne peut être interjeté101. Seul un pourvoi en
cassation reste possible102.
Toutefois, la procédure en exequatur n’est pas automatique, l’article 1721 du Code judiciaire
énumère des causes de refus de reconnaissance et d’exécution des sentences arbitrales, qui
s'inspirent de l'article 36 de la loi type de la CNUDCI103, permettant à la partie succombante
de résister à l'exécution sentence arbitrale illégale.

iii. Recours en annulation limité contre la sentence arbitrale


Le recours en annulation n'est pas un recours dans lequel le fond de la sentence arbitrale est
examiné 104 . En effet, le juge vérifie seulement la légalité des sentences en se basant
uniquement sur les causes d’annulation siégeant à l’article 1717 du Code judicaire105.
Il importe de préciser que seules les sentences rendues en Belgique peuvent faire l’objet d’un
recours en annulation, peu importe la nationalité des parties et le type de litige106.
La réforme de 2013 a réduit le nombre de causes d’annulation. Le but étant toujours, malgré
la possibilité d’introduire un recours en annulation, de sauver la sentence, c’est ainsi que
lorsqu’il est possible d’annuler la sentence que de manière partielle, cette solution sera
privilégiée107.
La législation prévoit un délai pour pouvoir introduire une demande d’annulation. Ainsi,
conformément à l’article 1717, paragraphe 4, du Code judiciaire : « une demande
d'annulation ne peut être introduite après l'expiration d'un délai de trois mois à compter de la
date à laquelle la sentence a été communiquée, conformément à l'article 1678, à la partie

98
O. CAPRASSE, « La sentence arbitrale », Act. dr., 2003, p. 694 ; G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 576
99
Liège, 29 juin 1988, Ann. dr. Liège, 1990, pp. 247 à 250 ; Keutgen, G., Dal, G.-A., « Titre 4 - Les effets de la
sentence arbitrale » in L'arbitrage en droit belge et international – Tome I - Le droit belge, p. 489.
100
O. CAPRASSE, op. cit., p. 693. et réf. citées ndbp n°120.
101
Cela a été une des avancées majeures de la loi du 24 juin 2013, ainsi le législateur a supprimé le double degré
de juridiction afin de simplifier les procédures d’exequatur et des recours en annulation et en réduire la durée.
https://justice.belgium.be/fr/nouvelles/autres_communiques/news_2013-11-12
102
M. DAL, « La nouvelle loi sur l'arbitrage », J.T., 2013/40, p. 786.
103
H. BOULARBAH, O. VAN DER HAEGEN et J. RAYEE, « Guide to challenging and enforcing arbitration
awards », in Global Arbitration Review, London, Law Business Research Ltd, p. 193.
104
G. DE LEVAL, « Chapitre 1 - L’arbitrage » in Droit judiciaire – Tome 2, p. 1420.
105
Bruxelles, 22 juin 2009, Rev. arb., 2009, p.574, note A. MOURRE.
106
O. CAPRASSE et B. HANOTIAU, « L'annulation des sentences arbitrales », J.T., 2004, p.415, n°16 ; B.
HANOTIAU ET O. CAPRASSE, op. cit., p. 415, n° 14 ; H. VERBIST, « De vordering tot vernietiging van de
arbitrale uitspraak na de hervorming van het Belgische arbitragerecht door de wet van 24 juni 2013 », De nieuwe
arbitragewet 2013, intersentia, 2013, p. 113 ; G. DE LEVAL, op. cit., p. 1419
107
G. DE LEVAL, op. cit., p. 1423.


16
introduisant cette demande, ou, si une demande a été introduite en vertu de l'article 1715, à
compter de la date à laquelle la décision du tribunal arbitral sur la demande introduite en
vertu de l'article 1715 a été communiquée, conformément à l'article 1678, à la partie
introduisant la demande d'annulation. »
L’article 1717, paragraphe 3 du Code judiciaire, qui reprend la quasi totalité de l’article 34 de
la loi type CNUDCI 108 , énumère limitativement les causes d’annulation de la sentence
arbitrale109. De plus, ces causes d’annulation font l’objet d’une interprétation stricte110. Il est
important de préciser qu’il ne s’agit pas de faire un appel.
En principe, le recours en annulation est réservé aux parties à la convention d’arbitrage. Par
conséquent, le recours ne peut être introduit par des tiers, ces derniers ne pouvant se voir
opposer la sentence, à l’exception des ayant-droits et du cessionnaire d’une créance
litigieuse111.
Cependant, la Cour de cassation a amoindri ce principe, puisque dans un arrêt du 29 janvier
1993, elle a admis que, s’agissant de l’hypothèse d’une fraude, un tiers puisse également
former un recours en annulation contre une sentence arbitrale à laquelle il n'est pas partie,
mais qui n'avait été menée que dans le but de porter atteinte aux droits de ce tiers112.
La Cour constitutionnelle a décidé dans un arrêt du 16 février 2017, que les tiers lésés par une
sentence arbitrale devraient pouvoir exercer un recours contre la sentence arbitrale par le biais
d'une procédure de tierce opposition introduite devant les tribunaux nationaux. Par
conséquent, un tiers a désormais le droit de contester une sentence arbitrale de la même
manière qu'un tiers peut contester une décision judiciaire113. Il n'en reste pas moins qu'un tiers
ne peut pas contester l'exécution d'une sentence arbitrale114.
Afin de pouvoir introduire un recours en annulation, il faut remplir une condition de
recevabilité 115, libellée à l’article 1717, paragraphe 1er, comme suit : « une demande en
annulation n'est recevable que si la sentence ne peut plus être contestée devant les arbitres»,
en d’autre termes, lorsqu’il s’agit d’une sentence définitive116.
La décision du tribunal de première instance sur la demande d'annulation ne peut pas faire
l’objet d’un appel 117 . En effet, conformément à l'article 1680, paragraphe 5 du Code
judiciaire, le tribunal de première instance statue en première et dernière instance. Cependant,
tout comme pour la procédure d’exéquatur, un pourvoi en cassation contre la décision du

108
M. DAL, « La nouvelle loi sur l'arbitrage », J.T., 2013/40, n° 6542, p. 793.
109
G. DE LEVAL, « Chapitre 1 - L’arbitrage » in Droit judiciaire – Tome 2, p. 1421.
110
Bruxelles, 22 juin 2009, Rev. arb., 2009, p.574, note A. MOURRE ; G. KEUTGEN et G.-A. DAL, « Titre 2 -
Les voies de recours contre la sentence arbitrale » in L'arbitrage en droit belge et international – Tome I - Le
droit belge, p. 531.
111
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 553.
112
O. CAPRASSE, « Les grands arrêts de la Cour de cassation belge en droit de l'arbitrage », b-Arbitra 2013,
p.149, n°1.
113
Une contestation connue sous le nom de tierce-opposition (derdenverzet), comme le prévoit l'article 1122 du
Code judicaire ; H. BOULARBAH, O. VAN DER HAEGEN et J. RAYEE, « Guide to challenging and
enforcing arbitration awards », in Global Arbitration Review, London, Law Business Research Ltd, p. 190.
114
H. BOULARBAH, O. VAN DER HAEGEN et J. RAYEE, op. cit., p. 194.
115
M. DAL, op. cit., p. 793.
116
G. DE LEVAL, op. cit., p. 1420.
117 M. DAL, « La nouvelle loi sur l'arbitrage », J.T., 2013/40, n° 6542, p. 793


17
tribunal de première instance reste possible en vertu de l’article 609, paragraphe 1er, du Code
judicaire118.
Par ailleurs, la demande en annulation ne suspend pas d’office la sentence arbitrale.
Cependant l’article 1714, paragraphe 1er, du Code judiciaire offre la possibilité à l’une des
parties de demander au juge d’en ordonner la suspension119.
Avant la réforme de 2013, pour certains motifs la nullité de la sentence arbitrale était
automatique lorsqu’elle était demandée au juge.
Désormais, l’article 1717, paragraphe 3, a), ii in fine, dispose que « ne peut toutefois y avoir
annulation s’il est établi que l’irrégularité n’a pas eu d’incidence sur la sentence arbitrale.»
En effet, la nouvelle loi belge sur l'arbitrage de 2013, en s’éloignant de l’article 34.4 de la loi
type, prévoit que la sentence arbitrale ne peut être annulée s'il peut être démontré que la
violation des droits de la défense ou la violation de la procédure convenue n'a pas affecté la
décision 120. Avec cet article, le législateur a souhaité prévenir que l’annulation ne soit
accordée sans importance des conséquences des irrégularités121. L’idée est de favoriser la
reconnaissance et l’exéquatur de la sentence.
En outre, deux autres mesures visent à sauvegarder une sentence arbitrale. L’article 1717, § 5
(concernant la violation des droits de la défense) dispose que les cas visés à l’article 1717, §
3, (a), (i), (ii), (iii) et (v) du Code judiciaire ne peuvent être considérés comme des motifs
d'annulation de la sentence arbitrale, lorsque la partie qui les invoque en avait connaissance
durant la procédure d'arbitrale mais omettant de les invoquer en temps utile122. L’article 1717,
paragraphe 5 fait référence au principe de loyauté procédurale contenu à l'article 1679 du
Code judiciaire et souhaite empêcher les parties de conserver certains griefs jusqu'au moment
d'une procédure en annulation123.
Bien que la demande d'annulation fasse l'objet d'une vaste doctrine, en pratique, elle entraîne
rarement l'annulation de la sentence arbitrale124.
Conformément à l’article 1717, paragraphe 4, du Code judiciaire : « une demande
d'annulation ne peut être introduite après l'expiration d'un délai de trois mois à compter de la
date à laquelle la sentence a été communiquée, conformément à l'article 1678, à la partie
introduisant cette demande, ou, si une demande a été introduite en vertu de l'article 1715, à
compter de la date à laquelle la décision du tribunal arbitral sur la demande introduite en
vertu de l'article 1715 a été communiquée, conformément à l'article 1678, à la partie
introduisant la demande d'annulation. »

118 Ibid. ; Doc. parl., Ch., n° 2743/001, p. 14 ; memorie van toelichting, Parl.St. Kamer 2012-13, nr.
53/2743/001, p. 14.
119 G. KEUTGEN, G.-A. DAL, cit. op., p. 553 ; G. DE LEVAL, cit. op., p. 1424.
120 Art. 1717, § 3(a)(ii) en (v) Ger.W du C. jud.
121 KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 538.
122 G. DE LEVAL, op. cit., p. 1420.
123 Ibid.
124 L. DEMEYERE et H. VERBIST « De nieuwe belgische arbitragetwet van 24 juni 2013 », R.W., 2014-2015,
p.100. ; H. VERBIST, «Het echte, becijferde beeld van arbitrage in België», R.W., 1998-99, p. 362 ; B.
HANOTIAU et O. CAPRASSE, «L’annulation des sentences arbitrales», J.T., 2004, 413.


18
SECTION III Autres mesures tendant à une application maximale de la sentence
arbitrale
Sous cette rubrique, nous verrons quelques mesures qui méritent également d’être citées en
raison de leur contribution à une certaine effectivité de la sentence arbitrale.

i. Astreinte
En 1998, le législateur donne la possibilité aux arbitres d’assortir la sentence arbitrale d’un
incitant, à savoir l’astreinte afin d’assurer l’efficacité de l’arbitrage125, qui comme nous le
savons, a pour but ultime d’aboutir à l’exécution de la sentence définitive. Cette possibilité
fait toujours partie de notre droit actuel, à juste titre, l’article 1713, paragraphe 7 du Code
judiciaire prévoit : « Le tribunal arbitral peut condamner une partie au paiement d'une
astreinte. Les articles 1385bis à octies sont d'application mutatis mutandis. »

ii. Mesures visant à sauvegarder la sentence


Comme mentionné précédemment, l’article 1717, paragraphe 5 (concernant la violation des
droits de la défense) dispose que les cas visés à l’article 1717, paragraphe 3, (a), (i), (ii), (iii)
et (v) du Code judiciaire ne peuvent être considérés comme des motifs d'annulation de la
sentence arbitrale, lorsque la partie qui l'invoque en avait connaissance durant la procédure
arbitrale et ne l'a pas invoquée à ce moment-là126. L’article 1717, paragraphe 5, fait référence
au principe de loyauté procédurale contenu à l'article 1679 du Code judiciaire et souhaite
empêcher les parties de conserver certains griefs jusqu'au moment d'une procédure en
annulation127.
Un autre moyen qui consiste à préserver la sentence arbitrale, contenu dans l’article 1717,
paragraphe 6, du Code judiciaire, et qui nous provient de la loi type CNUCDI permet au
tribunal de suspendre la procédure d’annulation, à la demande d’une partie, pour ordonner au
tribunal arbitral la possibilité de reprendre la procédure128 ou de prendre toute autre mesure
qu'il jugera nécessaire pour éliminer les motifs d'annulation.
Il s’agit de réviser par amendement afin de sauver la sentence arbitrale. Il est important de
préciser qu’il ne s’agit pas de faire un appel. Cette disposition est motivée par le souci de faire
en sorte que les sentences arbitrales puissent produire le plus d'effets possible. L'annulation
des sentences doit rester le dernier moyen de remédier à toute irrégularité129. Lorsque la
sentence peut faire l’objet d’une correction par le tribunal arbitral, il est préférable de suivre
cette solution130.

iii. Des recours limités contre les décisions émanant des juges étatiques.
Lorsqu’on s’intéresse à la philosophie sur laquelle s’est appuyé le législateur lors de la
réforme de 2013, nous constatons que le souhait de départ était de mettre sur pied des
procédures étatiques agissant de manière efficace afin d’aider davantage le développement de

125
O. CAPRASSE, « La sentence arbitrale », Act. dr., 2003, p. 694.
126
G. DE LEVAL, « Chapitre 1 - L’arbitrage » in Droit judiciaire – Tome 2, p. 1420.
127
G. DE LEVAL, op. cit., p. 1420.
128
Keutgen, G., Dal, G.-A., op. cit., 2015, p. 550.
129
Ibid., p. 551.
130
Doc., Ch., sess. 2012-2013, n°522743/001, p.42; G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 551.


19
l’arbitrage. La procédure arbitrale qui avait pour but d’être rapide perdrait beaucoup d’intérêt,
si finalement, les contrôles des juges étatiques dans le cas d’un recours en annulation ou une
procédure d’exequatur finissaient par s’étendre sur de nombreuses années. Etant conscient de
cela et voulant éviter cette réalité, le législateur a réduit les voies de recours contenu dans le
Code judiciaire131.
Ainsi, outre ce qui est contenu dans la loi type, le législateur belge avait la volonté de garantir
des « procédures judiciaires d’appui et des contrôles rapides 132 ». C’est pourquoi, le
législateur a supprimé le double degré de juridiction, seules l’instance et la cassation restant
possibles. En majeure partie, les interventions des juges étatiques dans le cadre d’une
procédure arbitrale comme notamment, l’exequatur et le recours en annulation ont été
assujettis à des procédures rapides et simplifiées, et toujours avec une limitation des
recours133.

iv. Principe de l’autonomie de la convention d’arbitrage


L’article 1690, paragraphe 1er, du Code judiciaire dispose qu’: «une convention d’arbitrage
faisant partie d’un contrat est considérée comme une convention distincte des autres clauses
du contrat. La constatation de la nullité du contrat par le tribunal arbitral n’entraine pas de
plein droit la nullité de la convention d’arbitrage134. » En effet, dans le cas où un contrat,
contenant une clause compromissoire, devrait être annulé, la clause compromissoire continue
à subsister. Partant de là, ce principe tend à une possibilité de sauvetage de la convention
d’arbitrage. Partant de là, ce principe peut être considéré comme étant une protection qui a
pour but de favoriser l’efficacité de la procédure d’arbitrage135 qui elle à son tour, a pour but
d’aboutir à une effectivité de la sentence arbitrale136.
v. Exclusion expresse du recours en annulation par des parties non belges
Comme mentionné précédemment, lors de la réforme de 2013, le législateur belge n'a pas
souhaité introduire une distinction entre les arbitrages nationaux et internationaux137 afin de
favoriser autant les arbitrages nationaux qu’internationaux138. De plus, comme précité, cette
distinction peut mener parfois à des différends sur la question du caractère national ou
international de l'arbitrage, qui étaient susceptibles de créer une insécurité juridique139.
Néanmoins, la nouvelle loi belge sur l’arbitrage a maintenu une distinction en ce qui concerne
le recours en annulation de la sentence arbitrale entre des parties belges et non belges. À
l'exclusion du recours en annulation de l'article 1717 du Code judiciaire, l'arbitrage
international et national sont traités de manière égale.

131
G. DE LEVAL, « Chapitre 1 - L’arbitrage » in Droit judiciaire – Tome 2, p. 1385.
132
Ibid, p.1380.
133
Ibid.
134
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 231.
135
voy. ad. gen. J. MATRAY, «L’autonomie de la clause d’arbitrage», dans Arbitrage et modes alternatifs de
règlement des conflits, Liège, CUP, 2002, pp.147 et s.
136
Cependant, il existe des exceptions à ce principe, par exemple le vice ne peut affecter la clause
compromissoire.
137
M. PIERS et D. DE MEULEMEESTER, “De nieuwe Belgische Arbitragewet” p. 88.
138
G. DE LEVAL, op. cit., p. 1374.
139
Doc. parl., Ch. repr., n° 53 2743/001, p. 6 ; G. DE LEVAL, op. cit., p. 1380.


20
Cette exclusion prévoit la possibilité pour des parties à l'arbitrage international de renoncer à
leur droit de pouvoir intenter un recours en annulation contre la sentence arbitrale, à condition
qu'il n'y ait pas de lien avec la Belgique, sans compter le lieu où se situe la procédure
d'arbitrage140.
Ainsi, conformément à l’article 1718 du Code judiciaire, les parties qui mènent un arbitrage
en Belgique sans avoir un lien avec cette dernière, ont le droit d’exclure le recours en
annulation de manière conventionnelle141142143 à condition que cette volonté d’exclure le
recours en annulation soit inscrite dans une déclaration expresse144.

140
D. DE MEULEMEESTER et M PIERS, « De nieuwe Belgische Arbitragewet », p. 88.
141
Civ. Bruxelles, 8 mars 2007, R.D.C., 2007, p. 841 et note D. MATRAY et G. MATRAY ; Rev. arb., 2007, p.
305 et note A. MOURRE et L. RADICATI DI BROZOLO ; cela a été par Bruxelles, 22 juin 2009, Rev. arb.,
2009, p. 574 et note A. MOURRE.
142
La loi du 19 mai 1998 avait prévu que si les parties n’avaient aucun rapport avec la Belgique, le recours en
annulation était automatiquement exclu. Cela a crée un problème et a crée l’effet inverse. En effet, en Belgique,
cela avait pour effet qu’on ne contrôle plus rien donc cela a eu pour effet une contre-publicité. C’est pourquoi en
1998, le législateur choisit pour un système de opt-out, c’est à dire qu’il faut choisir expressément d’exclure le
recours expressément par le biais d’une clause expresse. Désormais, il est imposé de prévoir cette possibilité
d’exclusion du recours en annulation par une clause expresse. A cet égard, voy P. DE BOURNONVILLE, «
Arbitrage », Rép. not., Tome XIII, La procédure notariale, Livre 6, Bruxelles, Larcier, 2017, p.186 n° 282 ; M.
RUBINO-SAMMARTANO, « Chapitre 31. - Recours contre les sentences arbitrales » in Arbitrage
international, Bruxelles, Bruylant, 2019, p. 1417.
143
M. DAL., « La nouvelle loi sur l'arbitrage », J.T., 2013/40, n° 6542, p. 794.
144
O. CAPRASSE et B. HANOTIAU, « L'annulation des sentences arbitrales », J.T., 2004, p. 415. n°16.


21
PARTIE II L’EFFECTIVITE DE LA SENTENCE :
ARBITRAGE INTERNATIONAL COMMERCIAL
La première partie de ce travail était consacrée à l’effectivité de la sentence arbitrale belge en
droit belge. Dans cette seconde partie du travail, nous allons examiner comment l’arbitrage
commercial international tente à son tour de garantir l’effectivité de la sentence arbitrale.
Lorsqu’une sentence est rendue dans un autre Etat que la Belgique, trois régimes différents
peuvent trouver à s’appliquer afin de procéder à la reconnaissance et l’exécution de celle ci :
la Convention de New York, les dispositions contenues dans le Code Judiciaire belge et les
traités bilatéraux entre la Belgique et la France, la Belgique et les Pays-Bas, la Belgique et
l’Allemagne et enfin la Belgique et la Suisse145. Dans le cadre de ce travail, nous examinerons
uniquement la Convention de New-York.

CHAPITRE I GENERALITES
i. L’arbitrage commercial international et son cadre juridique
Suite à l’intensification des transactions commerciales, l’arbitrage commercial international
s’est grandement développé. Aujourd’hui, il constitue le mode par excellence des résolutions
des conflits sur le plan international146.
En effet, l’arbitrage commercial international est largement privilégié lorsqu'il s'agit de
résoudre des différends commerciaux transfrontaliers, et cela en raison de ses avantages
généralement mis en avant, à savoir, la vitesse, la neutralité, la flexibilité, la confidentialité et
la facilité de mise en œuvre des sentences arbitrales, au niveau local, mais surtout au niveau
international147.
Comme nous l’avions vu dans la première partie de ce travail, dans la grande majorité des cas,
les sentences arbitrales sont exécutées de manière volontaire148. Néanmoins, dans la pratique,
il existe des cas où la sentence arbitrale n'est pas respectée de manière spontanée.
Ainsi, une décision favorable ne marque pas la fin de la procédure. Par conséquent, la partie
ayant eu gain de cause devra demander au tribunal d'exécuter la sentence arbitrale. Celle-ci
peut rencontrer des difficultés inattendues dans le pays où la reconnaissance et l'exécution de
la sentence sont demandées, en raison des règles différentes applicables et de la manière dont
elles sont appliquées par les tribunaux nationaux.
Il va sans dire que cette situation crée une incertitude pour les parties et compromet
l’effectivité de la sentence arbitrale et par conséquent l'efficacité de l'arbitrage en tant que

145
H. BOULARBAH, « Successfully enforcing an arbitral award » in What Counsel in Arbitration can do, must
do or must not do?, Bruxelles, Bruylant, 2015, p. 109.
146
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 671.
147
D. DE MEULEMEESTER, Arbitrage: boetiekrecht?, 2007, p. 28 ; D. DE MEULEMEESTER et H.
VERBIST, Arbitrage in de Praktijk, 2013, 2-4; G. BORN, International Commercial Arbitration (2nd edition), I,
77-81, 89-90.
148
O. CAPRASSE, « La sentence arbitrale », Act. dr., 2003, p. 692 ; G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p.
560.


22
méthode de résolution des litiges. Afin de pallier ce problème, plusieurs instruments
internationaux ont donc tenté d'apporter une solution.
Dans le cadre de l’arbitrage commercial international, nous allons porter notre attention sur la
Convention pour la reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères de New-
York du 10 juin 1958. En effet, la Convention européenne sur l’arbitrage commercial
international de Genève du 21 avril 1961 a un champ d’application plus restreint et diffère de
celui de la Convention de New-York149.
L’importance de la reconnaissance et de l’exécution de la sentence arbitrale découle du fait
que l'arbitrage est considéré sans valeur si la sentence reste lettre morte dans le pays ou
l’exécution est recherchée.
Ainsi, il a été retenu dans l’affaire China National150 : «Les objectifs de la Convention [sont]
la résolution rapide des litiges et aussi d’éviter le contentieux devant un juge étatique
[...] »151.
Bien qu’il jouisse d’une grande popularité, le concept même de l’arbitrage international ne
fait pas l’objet d’une définition uniforme152.
Afin de distinguer l’arbitrage national de l’arbitrage international, nous retrouvons de
multiples critères153. Il existe des conventions qui ont établi des critères objectifs et subjectifs.
Ainsi, comme le dispose la loi type de la CNUDCI et plus précisément en son article 1er, 3),
a), b) et c), un arbitrage est international lorsque : « Les parties à une convention d’arbitrage
ont, au moment de la conclusion de ladite convention, leur établissement dans des Etats
différents ; ou b) Un des lieux ci-après est situé hors de l’Etat dans lequel les parties ont leur
établissement : i) le lieu de l’arbitrage, s’il est stipulé dans la convention d’arbitrage ou
déterminé en vertu de cette convention ; ii) tout lieu où doit être exécutée une partie
substantielle des obligations issues de la relation commerciale ou le lieu avec lequel l’objet
du différend a le lien le plus étroit ; c) ou Les parties sont convenues expressément que
l’objet de la convention d’arbitrage a des liens avec plus d’un pays154 » 155.
Néanmoins, il importe de préciser que ces critères distinguant les arbitrages nationaux des
arbitrages internationaux n’ont pas échappé aux critiques, débats et contestations. Cependant,
nous nous épargnerons les détails en ce qui concerne ce sujet dans le contexte de ce travail.
Tout comme pour l’arbitrage national, la source de l’arbitrage international est la convention
d’arbitrage, qui sera dans la majorité des cas, introduite dans des contrats156. Ainsi que nous

149
M. RUBINO-SAMMARTANO, « Chapitre 34. - Exécution et reconnaissance dans un autre état »
in Arbitrage international, Bruxelles, Bruylant, 2019, p. 1491.
150
Tribunal de district américain du District Sud de New York, 13 novembre 2009, China National
Chartering Corp. et. al c. Pactrans Air Sea Inc., Yearbook Commercial Arbitration, 2010, p. 499.
151
M. RUBINO-SAMMARTANO, op. cit., p. 1529.
152
KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 697.
153
Ibid.
154
Article 1er de la Loi type de la CNUDCI sur l’arbitrage commercial international, 1985.
155
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., pp. 699 - 670.
156
M. HUYS et G. KEUTGEN, L’arbitrage en droit belge et international, Bruxelles, Bruylant, 1981, p. 447 ; G.
KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 727.


23
l’avons vu précédemment, cette convention d’arbitrage traduit l’intention des parties de non
pas soumettre leurs différends aux juges étatiques, mais plutôt aux arbitres157.
L’exclusion des compétences des juridictions nationales est autant un des avantages essentiels
de l’arbitrage national qu’international. En effet, cette compétence sera donnée à la juridiction
arbitrale158.

CHAPITRE II LA CONVENTION DE NEW-YORK


Sous cette rubrique, nous allons examiner le rôle de la Convention de New-York et dans
quelles mesures, elle tend à assurer à l’effectivité de la sentence arbitrale.

i. Buts et objectifs de la Convention


L'objectif premier des rédacteurs de la Convention de New-York était de revoir le régime
existant dans le cadre de la Convention sur l'exécution des sentences arbitrales étrangères
signée à Genève en 1927 dans le but de supprimer les obstacles inutiles à la reconnaissance et
à l'exécution, et de maximiser la circulation des sentences arbitrales étrangères159.
Cette convention constitue un progrès considérable en ce qui concerne la coopération
internationale. En effet, grâce à elle, l’arbitrage est devenu encore plus efficace dans son rôle
qui est la résolution des litiges160.
Pour atteindre cet objectif, les rédacteurs ont commencé par créer une présomption quant à la
nature contraignante des sentences161.
Ensuite, ils ont supprimé l'exigence du double exequatur162. En effet, suite au problème créé
par l’exigence du double exequatur163, la Convention de New-York, remplace la condition
selon laquelle la sentence doit être « finale » dans l’Etat d’origine, par la condition qui impose
que la sentence soit obligatoire, ce qui lui permettra d’être reconnue même dans le cas où
celle-ci fait l’objet dans son l’Etat d’origine, d’un recours164.
Puis, ils ont inversé la charge de la preuve des conditions de reconnaissance et d'exécution, de
sorte qu’elle repose désormais sur la partie qui lutte contre la reconnaissance de la sentence165.

157
C. SERAGLINI et J. ORTSCHEIDT, Droit de l’arbitrage interne et international, Paris, Montchrestien –
Lextenso éditions, 2013, p. 479.
158
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 721.
159
E. GAILLARD et B. SIINO, « Guide to challenging and enforcing arbitration awards », in Global Arbitration
Review, London, Law Business Research Ltd, p. 86.
160
Ibid.
161
Ibid.
162
Voy. M. GOMEZ JENE, « Doble Execuátur Del Laudo Arbitral Extranjero », Revista de Arbitraje Comercial
y de Inversiones, 2012, p. 264 ; M. RUBINO-SAMMARTANO, « Chapitre 3. - Sources du droit international de
l’arbitrage » in Arbitrage international, Bruxelles, Bruylant, 2019, p. 99.
163
Ibid.
164
Nous pouvons déduire ce droit de l’article VI de la Convention de New York qui dispose: « [s]i l’annulation
ou la suspension de la sentence est demandée à l’autorité compétente visée à l’article V, § 1er, e, l’autorité
devant qui la sentence est invoquée peut, si elle l’estime appropriée, surseoir à statuer sur l’exécution de la
sentence [...] »
165
M. RUBINO-SAMMARTANO, op. cit., p. 99.


24
Enfin, ils ont permis aux tribunaux des États contractants d'exercer leur pouvoir
discrétionnaire pour refuser la reconnaissance ou l'exécution des sentences arbitrales
étrangères en se basant sur les causes de refus énumérées à l'article V de la Convention166.
La clé du succès de la Convention de New-York est la prévoyance de ses rédacteurs, qui ont
fixé des conditions strictes pour la reconnaissance et l'exécution des sentences arbitrales
étrangères, tout en laissant aux États contractants la liberté d'appliquer des règles plus
libérales pour la reconnaissance et l'exécution, comme le prévoit l'article VII, paragraphe 1er.
À cet égard, la Convention est un instrument tourné vers l'avenir, qui a pu évoluer et suivre la
formidable croissance de l'arbitrage international depuis son adoption167.
Enfin, il ne fait plus aucun doute que cette convention est consacrée à la résolution des litiges
provenant du commerce international168.

ii. Champ d’application


L’article 1er de la Convention de New-York dispose que : « La présente Convention
s’applique à la reconnaissance et à l’exécu- tion des sentences arbitrales rendues sur le
territoire d’un État autre que celui où la reconnaissance et l’exécution des sentences sont
demandées, et issues de différends entre personnes physiques ou morales. Elle s’applique
également aux sentences arbitrales qui ne sont pas considérées comme sentences natio- nales
dans l’État où leur reconnaissance et leur exécution sont demandées. »
Cet instrument indispensable ne se borne pas aux seuls litiges commerciaux169. En effet, cette
Convention ne fait aucune distinction entre les arbitrages de nature civile et les arbitrages de
nature commerciale170. Ainsi, il est contenu dans son article 1er, paragraphe 3, qu’ « au
moment de signer ou de ratifier la présente Convention, d’y adhérer ou de faire la
notification d’extension prévue à l’article X, tout Etat pourra, sur la base de la réciprocité,
déclarer qu’il appliquera la Convention à la reconnaissance et à l’exécution des seules
sentences rendues sur le territoire d’un autre Etat contractant. Il pourra également déclarer
qu’il appliquera la Convention uniquement aux différends issus de rapports de droit,
contractuels ou non contractuels, qui sont considérés comme commerciaux par sa loi
nationale. »
Cette convention octroie aux Etats contractants la possibilité de limiter le champ d’application
des conflits, en émettant une réserve commerciale 171 , qui seront considérés comme
commerciaux dans la législation nationale de l’Etat en question. Ainsi, avec cette réserve,
l’Etat contractant a la possibilité de distinguer les arbitrages commerciaux des arbitrages non
commerciaux172.

166
E. GAILLARD et B. SIINO, op. cit., p. 86.
167
E. GAILLARD et B. SIINO, op. cit., p. 86.
168
M. RUBINO-SAMMARTANO, « Chapitre 3. - Sources du droit international de l’arbitrage » in Arbitrage
international, Bruxelles, Bruylant, 2019, p. 96.
169
C. SERAGLINI et J. ORTSCHEIDT, Droit de l’arbitrage interne et international, Paris, Montchrestien –
Lextenso éditions, 2013, p. 35.
170
E. LOQUIN, L’arbitrage du commerce international, Issy-les-Moulineaux, Lextenso éditions, 2015, p. 17.
171
M. RUBINO-SAMMARTANO, op. cit., p. 1536.
172
C. SERAGLINI et J. ORTSCHEIDT, op. cit., p. 35.


25
Cette réserve a été insérée lors de la conférence de New York de 1958, parce qu’on craignait
que, sans cette clause, il soit impossible pour certains pays de droit civil, qui font une
distinction entre les transactions commerciales et non commerciales, d'adhérer à la
Convention. À compter d'aujourd'hui environ un tiers des États contractants a utilisé la
réserve commerciale. Dans la pratique, celle-ci n'a généralement pas posé de problème car les
tribunaux ont tendance à interpréter le terme ‘commercial’ largement173.
Il existe une deuxième réserve, qui contient ce que l'on appelle l'exigence de réciprocité174. Si
un État signataire choisit d'adopter cette réserve de réciprocité, cela signifie que ses tribunaux
étatiques n'exécuteront une sentence arbitrale en vertu de la Convention que si cette sentence
a été rendue sur le territoire d'un autre État signataire. En d’autres termes, l’exécution de la
sentence varie en fonction du lieu où elle est rendue : si elle est rendue dans un État signataire
de la Convention, l’exécution sera possible175.
Toutefois, considérant le grand nombre d’Etats ayant ratifiés la Convent de New-York, à
savoir 163 depuis l’adhésion des Palaos le 30 mars 2020176, cette réserve n’a plus beaucoup
d’importance177.

iii. Caractéristiques de la Convention tendant à l’effectivité de la sentence

a. L'obligation de reconnaître les sentences et les règles de procédure prévues dans


chaque État contractant où la reconnaissance et l'exécution sont demandées178
Le but principal de la Convention de New-York est de favoriser un maximum la
reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères. C’est ainsi, que l’article II
de la Convention oblige les Etats parties ainsi que les tribunaux à considérer comme légitime
la validité des conventions d’arbitrage.
De plus, l’article III de la Convention dispose que : « Chacun des États contractants
reconnaîtra l’autorité d’une sentence arbitrale et accordera l’exécution de cette sentence
conformément aux règles de procédure suivies dans le territoire où la sentence est invoquée,
aux conditions établies dans les articles suivants. Il ne sera pas imposé, pour la
reconnaissance ou l’exécution des sentences arbitrales auxquelles s’applique la présente
Convention, de conditions sensiblement plus rigoureuses, ni de frais de justice sensiblement
plus élevés, que ceux qui sont imposés pour la reconnaissance ou l’exécution des sentences

173
A.-J. VAN DEN BERG, « The New York Convention of 1958: An Overview », Brussels, Belgium, p. 5 ; M.
RUBINO-SAMMARTANO, « Chapitre 35. - Reconnaissance et exécution en vertu de la convention de New
York » in Arbitrage international, Bruxelles, Bruylant, 2019, p. 1536.
174
M. RUBINO-SAMMARTANO, « Chapitre 35. - Reconnaissance et exécution en vertu de la convention de
New York » in Arbitrage international, Bruxelles, Bruylant, 2019, p. 1536.
175
M. RUBINO-SAMMARTANO, op. cit., p. 98.
176
information disponible sur : http://www.newyorkconvention.org/countries.
177
Keutgen, G., Dal, G.-A., « Partie V - Exécution de la sentence » in L'arbitrage en droit belge et international
– Tome II, Bruxelles, Bruylant, 2012, p. 1112.
178
E. GAILLARD et B. SIINO, « Guide to challenging and enforcing arbitration awards », in Global Arbitration
Review, London, Law Business Research Ltd, p. 89.


26
arbitrales nationales. » Ainsi, découle de cette disposition, une obligation générale de
reconnaître les sentences arbitrales179.
Toutefois, les Etats parties conservent la liberté de pouvoir organiser cette procédure selon
leur propres règles 180 . Néanmoins, cette procédure doit être conforme à l’article III,
paragraphe 2, de la Convention, en d’autres termes, cette procédure doit respecter les:
« conditions contenues dans la Convention et sans pouvoir imposer des « conditions
sensiblement plus rigoureuses, ni des frais de justice sensiblement plus élevés, que
ceux qui sont imposés pour la reconnaissance ou l’exécution des sentences arbitrales
nationales.181»
L’idée est de rendre possible la reconnaissance des sentences étrangères dans un maximum de
cas182.
La présomption relative à la nature contraignante des sentences établie en vertu de l'article III,
ainsi que la procédure simplifiée de reconnaissance et d'exécution prévue à l’article IV de la
Convention, incarne un « parti-pris183 » au bénéfice de l’exécution des sentences arbitrales184.
Ce « parti-pris » se retrouve également dans l'article VII paragraphe 1er de la Convention,
comme expliqué ci-après.

b. La disposition la plus favorable


Comme susmentionné, ce « parti-pris » se reflète également dans l'article VII, paragraphe 1er
de la Convention de New-York, aussi connu comme « la disposition la plus favorable »185.
Conformément à son paragraphe 1er, cet article prévoit: « Les dispositions de la présente
Convention ne portent pas atteinte à la validité des accords multilatéraux ou bilatéraux
conclus par les États contractants en matière de reconnaissance et d’exécution de sentences
arbitrales et ne privent aucune partie intéressée du droit qu’elle pourrait avoir de se
prévaloir d’une sentence arbitrale de la manière et dans la mesure admises par la législation
ou les traités du pays où la sentence est invoqué »186.
Ainsi, cette « more favourable-right provision187 » signifie que la Convention de New York
ne s'applique pas lorsque le droit national ou tout autre convention applicable dans le pays
dans lequel l’exécution de la sentence est demandée, crée un régime plus favorable pour la

179
A.-J. VAN DEN BERG, « The New York Convention of 1958: An Overview », Brussels, Belgium, p. 12.
180
Civ. Bruxelles, 3 nov. 1987, J.L.M.B, 1987, p. 1488 ; Keutgen, G., Dal, G.-A., « Titre IV - Sentence arbitrale
» in L'arbitrage en droit belge et international – Tome II, Bruxelles, Bruylant, 2012, p. 1114.
181
Keutgen, G., Dal, G.-A., op. cit., p. 1114.
182
Hanotiaux, B. et Duquesne, B., « L'exécution en Belgique des sentences arbitrales belges et étrangères », J.T.,
1997/17, n° 5841, pp. 305-316.
183
B. HANOTIAUX et B. DUQUESNE, op. cit., pp. 305 - 316.
184
Ibid.
185
M. RUBINO-SAMMARTANO, « Chapitre 35. - Reconnaissance et exécution en vertu de la convention de
New York » in Arbitrage international, Bruxelles, Bruylant, 2019, p. 1532.
186
G. KEUTGEN AND G. A. DAL, op. cit., p. 590; H. VAN HOUTTE, K. COX ET S. COOLS, « Overzicht
van rechtspraak : Arbitrage (1972-2006) », R.D.C., 2007, pp. 155 à 156, n°150.
187
A. HANSEBOUT, « De tenuitvoerlegging van een ‘vernietigde' buitenlandse arbitrale sententie onder het
Verdrag van New York », R.D.C.-T.B.H., 2009/10, p. 1005.


27
reconnaissance ou l'exécution de la sentence arbitrale en question188. Cela a pour but de
contribuer à l'exécution et à la mise en œuvre des sentences arbitrales.
Ainsi, la partie gagnante peut choisir librement le régime et les conditions qui régiront la
reconnaissance et les motifs de refus de l’exequatur. Par ailleurs, ce choix du régime
applicable appartient à la partie gagnante seule et ne pourra pas être renversé. Ce choix offre à
la partie gagnante un grand avantage dans la procédure d’exequatur189. En effet, elle a le droit
de choisir le régime le plus favorable en vertu de l’article VII de la Convention de New-
York190. Cependant, le professeur Albert Jan van den Berg soutient qu’il n’est pas possible de
combiner deux régimes191, ainsi lorsque un choix de régime est fait, la procédure sera régie
entièrement par le seul régime choisi192.
Néanmoins, si l’association de différentes conventions n’est pas permise, il importe de
préciser que certaines peuvent toutefois être complémentaires. En effet, le Professeur van den
Berg constate que La Convention européenne et celle de New-York sont complémentaires.
Conformément, à l’article IX.2 de la Convention européenne : « Dans les rapports entre
États contractants également parties à la Convention de New York du 10 juin 1958 sur la
reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères, le § 1er du présent article
a pour effet de limiter l’application de l’article 5, § 1er, (e), de la Convention de New
York aux seules causes d’annulation qu’il énumère» 193.
Il importe de préciser qu’aucun des traités bilatéraux conclu par la Belgique ne donne lieu à
un traitement plus avantageux de l’exequatur des sentences arbitrales étrangères194.
La raison d'être de cette disposition est de permettre la reconnaissance et l'exécution des
sentences arbitrales étrangères dans le plus grand nombre de cas possible195.

c. Simplification des conditions requises pour la reconnaissance et l’exécution de la


sentence
Les conditions devant être remplies pour la reconnaissance et l’exécution de la sentence
arbitrale se trouvent à l’article IV de la Convention.
188
Ibid. ; G. BLOCK, “Le droit belge de l’arbitrage et la Convention de New York du 10 juin 1958” in
L’arbitrage. Travaux offerts au professeur Albert Fettweis, Brussel, E.Story-Scientia, 1989, 131.
189
H. BOULARBAH, « Successfully enforcing an arbitral award » in What Counsel in Arbitration can do, must
do or must not do?, Bruxelles, Bruylant, 2015, p. 110.
190
G. KEUTGEN et G. A. DAL, op. cit., p. 590, No. 724 ; H. VAN HOUTTE, K. COX ET S. COOLS, «
Overzicht van rechtspraak : Arbitrage (1972-2006) », R.D.C., 2007, pp. 155 à 156, n°150.
191
M. RUBINO-SAMMARTANO, « Chapitre 35. - Reconnaissance et exécution en vertu de la convention de
New York » in Arbitrage international, Bruxelles, Bruylant, 2019, p. 1532.
192
A.-J. VAN DEN BERG, « The New York Arbitration Convention of 1958 », Kluwer, 1981, pp. 85-86;
G. BLOCK, “Le droit belge de l'arbitrage et la Convention de New York du 10 juin 1958” in L'arbitrage.
Travaux offerts au professeur Albert Fettweis, Brussel, E.Story-Scientia, 1989, p. 131.
193
M. RUBINO-SAMMARTANO, op. cit., p. 1492.
194
G. KEUTGEN et G. A. DAL, « Partie V - Exécution de la sentence » in L'arbitrage en droit belge et
international – Tome II, Bruxelles, Bruylant, 2012, p. 1112
195
A.-J. VAN DEN BERG, « The New York Arbitration Convention of 1958 », Kluwer, 1981, p. 82 ; P. COLLE
en H. BOULARBAH, “De invloed van het bestaan van mogelijke nietigheidsgronden op het exequatur van een
buitenlandse scheidsrechterlijke uitspraak” in Liber Amicorum J. Van Den Heuvel, Brussel, Kluwer, 1999, 170 ;
A. HANSEBOUT, « De tenuitvoerlegging van een ‘vernietigde' buitenlandse arbitrale sententie onder het
Verdrag van New York », R.D.C.-T.B.H., 2009/10, p. 1005.


28
Il n’est plus contesté que la Convention de New-York a pour objectif de faciliter l’exécution
des sentences arbitrales. C’est ainsi, que l’article IV, paragraphe 1er, de la Convention, n’exige
la réunion que de quelques conditions par la partie demanderesse, demandant l'exécution
d'une sentence arbitrale : cette partie demanderesse doit seulement fournir l'original dûment
authentifié de la sentence arbitrale ou une copie conforme de celle-ci ainsi que l'original de la
convention d'arbitrage ou une copie conforme de cette dernière196.
La sentence est reconnue par la Convention comme un titre suffisant. Comme l’a souligné le
Professeur Philippe Fouchard, il s’agit : « de la reconnaissance de l’autorité de la
décision arbitrale au plan international à l’instar des jugements étatiques. 197 »
Il va sans dire qu’avec la simplification des conditions requises pour la reconnaissance et
l’exécution de la sentence, la Convention a mis fin à l’inconvénient principal, à savoir le
double exequatur auxquelles étaient soumises les sentences arbitrales avant l’adoption de la
Convention de New-York. En effet, avant l’entrée en vigueur de ladite Convention, la
sentence arbitrale devait d’abord obtenir l’exécution forcée dans le pays où elle avait été
rendue avant que les tribunaux d'un autre pays ne puissent l'exécuter198.
En remplissant ces conditions, la partie qui demande l'exécution produit un commencement
de preuve lui permettant d'obtenir l'exécution de la sentence. Il appartient ensuite à la partie
perdante de prouver que l'exécution ne doit pas être accordée sur la base des motifs énumérés
de manière exhaustive à l'article V, paragraphe 1er, que nous examinerons brièvement dans la
suite de cet exposé199.
Le deuxième paragraphe de l'article IV prévoit que la partie qui demande l'exécution doit
également produire une traduction de la sentence arbitrale et de la convention d'arbitrage si
elles ne sont pas rédigées dans la langue officielle du pays où l'exécution de la sentence est
demandée200.
Bien que le libellé de l'article IV, paragraphe 2, laisse entendre que la présentation d'une
traduction de la convention d'arbitrage et de la sentence arbitrale est obligatoire201, il est jugé
qu'une traduction n'est pas nécessaire lorsque le juge connaît suffisamment bien la langue
étrangère202.

iv. Les règles générales d’interprétation favorisant l’exécution des sentences


La convention doit faire l’objet d’une interprétation uniforme sur un fondement
international203.

196
B. HANOTIAUX et B. DUQUESNE, « L'exécution en Belgique des sentences arbitrales belges et étrangères
», J.T., 1997/17, n° 5841, p. 305-316 ; G. KEUTGEN et G.-A. DAL, « Partie V - Exécution de la sentence »
in L'arbitrage en droit belge et international – Tome II, Bruxelles, Bruylant, 2012, p. 1016.
197
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 1016.
198
E. GAILLARD et B. SIINO, « Guide to challenging and enforcing arbitration awards », in Global Arbitration
Review, London, Law Business Research Ltd, p. 92 ; G. KEUTGEN et G-A DAL, op. cit., pp. 604 - 605.
199
A.-J. VAN DEN BERG, « The New York Convention of 1958: An Overview », Brussels, Belgium, p. 13.
200
E. GAILLARD et B. SIINO, op. cit., p. 93.
201
avec les termes “doit traduire”.
202
A.-J. VAN DEN BERG, « The New York Convention of 1958: An Overview », Brussels, Belgium, p. 13.
203
B. HANOTIAUX et B. DUQUESNE, « L'exécution en Belgique des sentences arbitrales belges et étrangères
», J.T., 1997/17, n° 5841, p. 305-316, n°32.


29
Le principe qui domine en grande partie la Convention de New-York est celui du favor
arbitrandum. En effet, l’objectif des rédacteurs était de simplifier l’exécution des sentences.
Comme précité, la convention de New-York affirme un « parti-pris » au bénéfice de
l’exécution des sentences arbitrales, selon certains tribunaux se trouvant aux Etats-Unis. C’est
pourquoi, la charge de la preuve repose sur la partie contestant la sentence204.
Par ailleurs, les causes de refus de la reconnaissance et de l’exécution des sentences font
l’objet d’une interprétation stricte205. Par exemple, il incombe à la partie contre laquelle
l’exequatur est demandée de prouver les griefs de l’article V, paragraphe 1er, de la
Convention. Ce n’est que dans des situations graves, que le rejet de la demande peut être
justifié. En ce qui concerne les causes de refus contenues dans l’article V, paragraphe 2, celles
ci justifient uniquement le refus en raison d’une violation de l’ordre public dans les cas les
plus extrêmes206.
Le principe du favor arbitrandum, veut également que lorsque le tribunal est saisi, il observe
des causes de refus d’exequatur dans le contexte de l’article V, paragraphe 1 ou celui de
l’article V, paragraphe 2 de la Convention, et jouisse d’un pouvoir discrétionnaire afin
d’accorder l’exéquatur207. En effet, selon la doctrine, la convention de New York confère au
tribunal un pouvoir discrétionnaire208. Ceci a été déduit de version anglaise de l’article V,
pargraphe 2, dans laquelle nous retrouvons les termes « may be refused209 », qui signifient en
français « pourront être refusées210 »211. A cet égard, la version anglaise est plus explicite que
la version française212.
Le deuxième principe qui tend à l’effectivité de la sentence, est le principe de non-réexamen.
En effet, il est habituel que la sentence ne fasse pas l’objet d’un ré-éxamen du fond par le juge
de l’exequatur. De plus, l’existence d’une erreur de fait ou de droit n’est pas énumérée parmi
les griefs contenus dans l’article V de la Convention. Plusieurs décisions rendues en Europe et

204
B. HANOTIAUX et B. DUQUESNE, op. cit., pp. 305 - 316, n°33.
205
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, « Partie V - Exécution de la sentence » in L'arbitrage en droit belge et
international – Tome II, Bruxelles, Bruylant, 2012, p. 1114.
206
B. HANOTIAUX et B. DUQUESNE, op. cit., p. 310, n°33.
207
Ibid.
208
Ibid., ; P. COLLE et H. BOULARBAH, « De invloed van het bestaan van mogelijke nietigheidsgronden op
het exequatur van een buitenlandse scheidsrechterlijke uitspraak » in Liber Amicorum J. Van Den Heuvel,
Brussel, Kluwer, 1999, p. 168.
209
En effet, le texte anglais de l’article V, 2 de la cCnvention de New-York dispose que : « 2. Recognition and
enforcement of an arbitral award may also be refused if the competent authority in the country where
recognition and enforcement is sought finds that: (a) The subject matter of the difference is not capable of
settlement by arbitration under the law of that country; or (b) The recognition or enforcement of the award
would be contrary to the public policy of that country. »
210
Le texte francais de l’article V, 2 de la Convention de New-York dispose que: « 2. La reconnaissance et
l’exécution d’une sentence arbitrale pourront aussi être refusées si l’autorité compétente du pays où la
reconnaissance et l’exécution sont requises constate: a) Que, d’après la loi de ce pays, l’objet du différend n’est
pas susceptible d’être réglé par voie d’arbitrage; ou b) Que la reconnaissance ou l’exécution de la sentence
serait contraire à l’ordre public de ce pays. »
211
A.-J. VAN DEN BERG, The New York Arbitration Convention of 1958, Kluwer, 1981, PP. 265-266;
B. HANOTIAU et B. DUQUESNE, op. cit., p. 310 , n°34 ; P. COLLE ET H. BOULARBAH, « De invloed van
het bestaan van mogelijke nietigheidsgronden op het exequatur van een buitenlandse scheidsrechterlijke
uitspraak » in Liber Amicorum J. Van Den Heuvel, Brussel, Kluwer, 1999, 168 ; Keutgen, G., Dal, G.-A., op.
cit., p. 1114.
212
B. HANOTIAUX et B. DUQUESNE, op. cit., p. 310. n°34.


30
aux Etats-Unis ont confirmé ce principe213. En effet, dans un arrêt de la Cour suprême de
Luxembourg214, il a été jugé que : « La Convention de New York ne prévoit aucun contrôle
sur la manière dont les arbitres tranchent sur le fond, avec comme seule réserve le respect
de l’ordre public international. Même si elle est flagrante, une erreur de fait ou de droit par
le tribunal arbitral n’est pas un motif de refus d’exécution de la sentence arbitrale 215. »
Finalement, comme exposé précédemment, la charge de la preuve repose sur la partie
perdante. Tout comme le principe précédent, celui-ci est également admis par la jurisprudence
et la doctrine. Néanmoins, ce principe ne s’appliquera pas aux griefs contenus à l’article V,
paragraphe 2 de la Convention, étant donné que le juge de l’exequatur les invoque d’office216.

v. Quelques arrêts mettant en évidence la grande contribution de la Convention de


New-York, en matière de reconnaissance et exécution des sentences arbitrales
Il semble que les conventions internationales favorisent largement l’exécution des
sentences217. Et plus particulièrement la Convention de New-York218.
Ainsi, dans l’affaire Kober219, le juge de l’Etat de New-York a affirmé que « tant qu’il existe
une justification tout juste acceptable au refus de l’arbitre de reporter l’affaire, la sentence
arbitrale devrait être exécutée 220 ».
Dans l’affaire Explosions221, il a été reconnu par la Cour de cassation d’Abu Dhabi, que :
« par effet de l’adhésion des Émirats arabes unis à la Convention de New York de 1958 – les
sentences arbitrales étrangères doivent être reconnues et déclarées exécutoires sans
soumettre cette décision à des conditions plus strictes que celles pour la déclaration d’exé-
cution de sentences arbitrales rendues dans son propre pays222. »
La Convention de New-York encourage expressément l’exécution des sentences223.
Il est important de souligner que la reconnaissance d’une convention d’arbitrage consacrée à
l’article II de la Convention attribue un caractère obligatoire à la sentence arbitrale.
Dans un arrêt la Cour suprême du Luxembourg224, a confirmé que « La Convention de New
York ne prévoit aucun contrôle sur la manière dont les arbitres tranchent sur le fond, avec

213
B. HANOTIAUX et B. DUQUESNE, op cit., pp. 305-316, n°35; Cela a également été confirmé par la Cour
d'appel de Bruxelles dans l'arrêt précité du 24 janvier 1997.
214
Cour suprême du Luxembourg, 24 novembre 1993, Yearbook Commercial Arbitration, 1996, p. 623.
215
M. RUBINO-SAMMARTANO, « Chapitre 35. - Reconnaissance et exécution en vertu de la convention de
New York » in Arbitrage international, Bruxelles, Bruylant, 2019, p. 1545.
216
B. HANOTIAUX et B. DUQUESNE, « L'exécution en Belgique des sentences arbitrales belges et étrangères
», J.T., 1997/17, n° 5841, p. 305-316. n°36 ; Arrêt de la cour d'appel de Bruxelles du 24 janvier 1997.
217
M. RUBINO-SAMMARTANO, op. cit., p. 1477.
218
M. BERARD et K. LEWIS, « Privy Council Confirms Pro-enforcement Approach Under New York
Convention », ASA Bull., 2014, p. 869 ; M. RUBINO-SAMMARTANO, op. cit., p. 1544.
219
Kober c. Kelly, n° 06 Civ. 3341, 2006, WL 1993248, au 2 (SDNY, 18 juillet 2006) ; M. RUBINO-
SAMMARTANO, op. cit., p. 1477.
220
M. RUBINO-SAMMARTANO, op. cit. p. 1477.
221
Cass. (Abu Dhabi) (ch. com.), 16 juin 2011, Explosions Alavesus SAC (Espagne) c. United Management
Chile Ltd, BCDR International Arbitration Rev., 2014, p. 125.
222
M. RUBINO-SAMMARTANO, op. cit., p. 1478.
223
M. BERARD et K. LEWIS, « Privy Council Confirms Pro-enforcement Approach Under New York
Convention », ASA Bull., 2014, p. 869 ; M. RUBINO-SAMMARTANO, op. cit., p. 1544.
224
Cour suprême du Luxembourg, 24 novembre 1993, Yearbook Commercial Arbitration, 1996, p. 623.


31
comme seule réserve le respect de l’ordre public international. Même si elle est flagrante,
une erreur de fait ou de droit par le tribunal arbitral n’est pas un motif de refus d’exécution
de la sentence arbitrale225. »
Pour finir, la Bundesgerichtshof 226 a affirmé qu’ « (i) omettre de présenter les documents
nécessaires lors de la demande d’exécution n’empêche pas cette partie de présenter cette
demande à nouveau ; (ii) la légalisation d’une sentence arbitrale n’est pas nécessaire si
l’authenticité du jugement n’est pas contestée » 227

vi. Motifs de refus


La Convention de New York est d’une grande importance pour la reconnaissance et
l’exécution des sentences arbitrales étrangères. Toutefois, l'article V de la Convention
contient également des causes de refus.
Il existe deux catégories de cause de refus : d’une part, les refus devant être soulevés d’office
par le juge et, d’autre part, ceux qui seront uniquement pris en compte si la partie contre qui
l’exequatur est demandée les soulève228.
De manière générale, les tribunaux ont interprété de manière restrictive les causes de refus
prévues à l'article V de la Convention229.
Les tribunaux ont toujours estimé que la Convention ne permet pas de refuser la
reconnaissance et l'exécution d'une sentence arbitrale pour des motifs autres que ceux
énumérés à l'article V de la Convention 230 . Ainsi que nous l’avons vu, ces motifs ne
comprennent notamment pas le cas de la sentence erronée en droit ou en fait rendue par un
tribunal arbitral231. Nous rappelons également que les tribunaux ne peuvent pas réexaminer le
fond de la sentence arbitrale232. Cela a été confirmé à l'unanimité par les tribunaux233.
Par ailleurs, en vertu du principe du favor arbitrandum, la Convention accorde aux
juridictions des Etats contractants la faculté de refuser la reconnaissance et l'exécution d'une
sentence pour les causes prévues à l'article V, toutefois, sans les obliger à le faire234.
Ainsi, les Etats contractants jouissent d’un pouvoir discrétionnaire afin de pouvoir tout de
même accorder l’exéquatur235. En effet, selon la doctrine, la convention de New York confère

225
M. RUBINO-SAMMARTANO, op. cit., p. 1545.
226
Cour suprême fédérale allemande, 4 octobre 2010, Yearbook Commercial Arbitration, 2011, p. 340 ; M.
RUBINO-SAMMARTANO, op. cit., p. 1479.
227
M. RUBINO-SAMMARTANO, op cit., p. 1479.
228
G. KEUTGEN ET G.-A. DAL, « Titre 4 - L’exécution des sentences rendues à l’étranger » in L'arbitrage en
droit belge et international – Tome I - Le droit belge, Bruxelles, Bruylant, 2015, p. 605.
229
B. HANOTIAUX et B. DUQUESNE, « L'exécution en Belgique des sentences arbitrales belges et étrangères
», J.T., 1997/17, n° 5841, p. 305-316. n°42.
230
E. GAILLARD et B. SIINO, « Guide to challenging and enforcing arbitration awards », in Global Arbitration
Review, London, Law Business Research Ltd, p. 86.
231
B. HANOTIAUX et B. DUQUESNE, op. cit., p. 305-316. n°35.
232
Idem.
233
E. GAILLARD et B. SIINO, op. cit., p. 94
234
Idem.
235
B. HANOTIAUX et B. DUQUESNE, op. cit., p. 310, n°34.


32
au tribunal un pouvoir discrétionnaire236. Comme précité, ceci a été déduit de l’article V,
paragraphe 2, de la version anglaise de la Convention, dans laquelle nous retrouvons les
termes « may be refused237 », qui signifient en français « pourront être refusées238»239. A cet
égard, la version anglophone est plus explicite que la version française240.
Ainsi, ce libellé discrétionnaire, a conduit un certain nombre de tribunaux nationaux à adopter
une position selon laquelle ils ne sont pas tenus de refuser la reconnaissance et l'exécution
d'une sentence même dans les cas où l'un des motifs de refus a été établi241.

CHAPITRE 3 LA CONVENTION DE NEW-YORK DANS LE DROIT BELGE


La Belgique a signé la Convention le 10 juin 1958 et l'a ratifiée le 18 août 1975. La
Convention de New York est entrée en vigueur le 16 novembre 1975. Toutefois, la Belgique a
formulé une réserve de réciprocité en vertu de l'article I, paragraphe 3 de la Convention. Par
conséquent, il ne s'applique qu'à la reconnaissance et à l'exécution des sentences arbitrales
rendues sur le territoire d'un État contractant. En Belgique, la Convention est applicable en
matière commerciale et civile.242
Suite à la réforme de 2013, la procédure d’exécution des sentences arbitrales en droit belge, a
fait l’objet d’une unification, et par conséquent, elle ne distingue plus les sentences arbitrales
rendues à l’étranger de celles rendues en Belgique243.
Une sentence arbitrale est qualifiée d’étrangère lorsque celle est rendue à l’étranger. Ainsi, la
nationalité de la sentence sera définie par ce lieu244.

236
Ibid. ; P. COLLE en H. BOULARBAH, « De invloed van het bestaan van mogelijke nietigheidsgronden op
het exequatur van een buitenlandse scheidsrechterlijke uitspraak » in Liber Amicorum J. Van Den Heuvel,
Brussel, Kluwer, 1999, p.168.
237
En effet, le texte anglais de l’article V, paragraphe 2, de la Convention de New-York dispose que : « 2.
Recognition and enforcement of an arbitral award may also be refused if the competent authority in the country
where recognition and enforcement is sought finds that: (a) The subject matter of the difference is not capable of
settlement by arbitration under the law of that country; or (b) The recognition or enforcement of the award
would be contrary to the public policy of that country. »
238
Le texte français de l’article V, paragraphe 2, de la Convention de New-York dispose que : « 2. La
reconnaissance et l’exécution d’une sentence arbitrale pourront aussi être refusées si l’autorité compétente du
pays où la reconnaissance et l’exécution sont requises constate: a) Que, d’après la loi de ce pays, l’objet du
différend n’est pas susceptible d’être réglé par voie d’arbitrage; ou b) Que la reconnaissance ou l’exécution de
la sentence serait contraire à l’ordre public de ce pays. »
239
A.-J. VAN DEN BERG, The New York Arbitration Convention of 1958, Kluwer, 1981, pp. 265-266;
B. HANOTIAU et B. DUQUESNE, « L'exécution en Belgique des sentences arbitrales belges et
étrangères », J.T., 1997, p. 310 , n°34; P. COLLE et H. BOULARBAH, “De invloed van het bestaan van
mogelijke nietigheidsgronden op het exequatur van een buitenlandse scheidsrechterlijke uitspraak” in Liber
Amicorum J. Van Den Heuvel, Brussel, Kluwer, 1999, p. 168 ; G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit.,p. 1114.
240
B. HANOTIAUX et B. DUQUESNE, op. cit., p. 310.
241
E. GAILLARD et B. SIINO, « Guide to challenging and enforcing arbitration awards », in Global Arbitration
Review, London, Law Business Research Ltd, p. 94 ; China Agribusiness Development Corporation v. Balli
Trading, High Court of Justice (England and Wales), 20 January 1997, XXIV Yrbk Com. Arb. 732 (1999).
242
H. BOULARBAH, O. VAN DER HAEGEN et J. RAYEE, « Guide to challenging and enforcing arbitration
awards », in Global Arbitration Review, London, Law Business Research Ltd, p. 191.
243
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, « Titre 4 - L’exécution des sentences rendues à l’étranger » in L'arbitrage en
droit belge et international – Tome I - Le droit belge, Bruxelles, Bruylant, 2015, p. 589.
244
F. RIGAUX ET M. FALLON, p. 785, n° 14.23, et Civ. Bruxelles, 3 novembre 1987, J.L.M.B., 1987, p.
1488 ; G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 591.


33
Enfin, concernant les sentences étrangères, les dispositions contenues dans le Code judiciaire,
concernent uniquement l’exéquatur des sentences et non pas leur annulation. L’annulation
d’une sentence sera demandée dans l’Etat qui a rendu la sentence245.
Par ailleurs, la sentence arbitrale étrangère ne doit pas avoir été rendue exécutoire dans son
pays d’origine afin de pouvoir introduire une demande d’exequatur246. En d’autres termes, la
sentence n’est, plus soumise à la formalité du double exequatur. En effet, la Convention a
considéré que ce double exequatur conduisait à des complications pouvant allonger la
procédure d’exequatur, voire compromettre l’effectivité de la sentence arbitrale247.
L’article 1721, paragraphe 3, du Code judiciaire, nous indique que le Code judiciaire ne
s’appliquera uniquement en l’absence d’une convention internationale multilatérale ou
bilatérale248. Ainsi, le régime prévu par le Code judiciaire est subsidiaire.
Lorsque le demandeur est face à plusieurs conventions internationales, celui-ci a le droit de
choisir le régime le plus favorable249. Il n’est également plus nécessaire que la sentence ait fait
l’objet d’une homologation250 dans l’Etat où elle a été prononcée251.
De plus, concernant les documents nécessaires à la reconnaissance de la sentence arbitrale,
suite à l'entrée en vigueur des dernières modifications de la loi belge sur l'arbitrage en janvier
2017, il n'est plus requis de fournir au tribunal l'original ou une copie de la convention
d'arbitrage252.
En droit belge, c’est le tribunal de première instance qui est compétent pour connaître des
demandes de reconnaissance et d'exécution des sentences arbitrales253.
En revanche, dans le cas d'une sentence étrangère, l’article 1720, paragraphe 2 dispose que :
« Lorsque la sentence a été rendue à l'étranger, le tribunal territorialement compétent est le
tribunal de première instance du siège de la cour d'appel dans le ressort de laquelle] la
personne contre laquelle la déclaration exécutoire est demandée a son domicile et, à défaut
de domicile, sa résidence habituelle où, le cas échéant, son siège social, ou à défaut, son
établissement ou sa succursale. Si cette personne n'a ni domicile, ni résidence habituelle, ni
siège social ni établissement ou succursale en Belgique, la demande est portée devant le
tribunal de première instance du siège de la cour d'appel de l'arrondissement dans lequel la
sentence doit être exécutée.»

245
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 591.
246
Doc., Ch., sess. 1970-1971, 988, n° 1, p. 37 ; voy. aussi M. STORME et B. DEMEULENAERE, International
Commercial Arbitration in Belgium, Deventer, Kluwer, 1989, p. 111.
247
Doc., Ch., sess. 1972-1973, 497, n° 1, p. 7 ; KEUTGEN, G., DAL, G.-A., op. cit., p. 609.
248
Civ. Bruxelles, 3 novembre 1987, J.L.M.B., 1987, p. 1488 ; Civ. Bruxelles, 25 janvier 1996, J.T., 1997, p. 6 ;
G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op. cit., p. 589.
249
H. VAN HOUTTE, K. COX ET S. COOLS, « Overzicht van rechtspraak : Arbitrage (1972-2006) », R.D.C.,
2007, pp. 155 à 156, n°150 ; Anvers, 25 octobre 1999, R.G.D.C., 2001, p. 539 ; Civ. Hasselt, 24 février 1997,
R.G.D.C., 1997, p. 232 ; G. KEUTGEN et G.-A. DAL, op cit., p. 590.
250
Bruxelles, 24 janvier 1997, J.T., 1997, p. 319 et Rev. arb., 1998, p. 181, note J. Linsmeau.
251
KEUTGEN, G., DAL, G.-A., op. cit., pp. 591 – 592.
252
H. BOULARBAH, O. VAN DER HAEGEN et J. RAYEE, « Guide to challenging and enforcing arbitration
awards », in Global Arbitration Review, London, Law Business Research Ltd, p. 192.
253
Article 1720, paragraphe 1er, C. Jud.


34
CONCLUSION
Dans ce travail de fin d’études, nous avons tenté de confirmer que tant le droit belge, que le
droit international mettent en œuvre des méthodes afin de garantir au maximum l’effectivité
des sentences arbitrales.
Nous avons constaté que l’absence d’imperium dans le chef de l’arbitre ne constitue pas un
frein à l’obtention de l’exécution de la sentence arbitrale. En effet, la procédure d’exequatur y
remédie largement.
De plus, l’absence d’appel a, sans aucun doute, pour effet de consolider l’autorité de la chose
jugée et, partant, renforcer l’effectivité de la sentence.
Il est évident que la réforme de 2013 a grandement renforcé l’arbitrage et donc, favorisé
l’effectivité de la sentence arbitrale. Le législateur a souhaité contribuer à l’effectivité de la
sentence arbitrale et nous pouvons dire que c’est chose réussie. La réduction du nombre de
causes d’annulation ou encore l’octroi d’une possibilité de sauver des sentences arbitrales sont
des exemples assurant la réussite de cette réforme. En effet, ces mesures encouragent
vivement le recours à l’arbitrage.
En ce qui concerne les sentences arbitrales rendues à l’étranger, la Convention de New-York
semble avoir un avenir radieux devant elle. En effet, un cadre commun assure la
reconnaissance et l’exécution des sentences étrangères.
Grâce à son régime « parti-pris » au bénéfice de l’exécution des sentences, il est évident que
l’objectif de la Convention, qui est de favoriser un maximum l’effectivité des sentences
arbitrales, est atteint. Par ailleurs, « la disposition du plus favorable 254 » et le pouvoir
discrétionnaire laissé aux tribunaux semblent contribuer à l'exécution et à la mise en œuvre
des sentences arbitrales.
Nonobstant le fait que cette Convention réserve des causes de refus à la reconnaissance et à
l’exécution des sentences arbitrales, il n’en demeure pas moins que le favor arbitrandum
accorde aux juridictions des Etats contractants la faculté de refuser la reconnaissance et
l'exécution d'une sentence, toutefois, sans les obliger à le faire.

254
M. RUBINO-SAMMARTANO, « Chapitre 35. - Reconnaissance et exécution en vertu de la convention de
New York » in Arbitrage international, Bruxelles, Bruylant, 2019, p. 1532.


35

36
BIBLIOGRAPHIE

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