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11/ 2007
AVANT-PROPOS
er
Une nouvelle codification du code du travail entrera en vigueur le 1 mars 2008 (ordonnance n° 2007-329 du
12 mars 2007).
Cette nouvelle codification ne modifiera pas les conditions d’exercice du droit de grève dans les services
publics hors un renforcement du droit de la défense en cas de méconnaissance du code du travail.
er
L’étude s’appuie sur la renumérotation en vigueur au 1 décembre 2007.
Elle compte un chapitre spécifique sur la continuité du service public dans les transports et notamment aux
mécanismes de prévention des conflits (loi n° 2007-1224 du 21 août 2007).
I. INTRODUCTION 5
B. LE PREAVIS................................................................................................... 11
1° LE DEPOT DE PREAVIS PAR UNE ORGANISATION SYNDICALE REPRESENTATIVE ....................... 11
2° LE DESTINATAIRE DU PREAVIS ........................................................................... 12
3° LES MOTIFS DU RECOURS A LA GREVE ................................................................... 13
4° LE RESPECT DU DELAI ET LES MENTIONS OBLIGATOIRES ............................................... 13
5° LES HEURES ET LA DUREE DE LA GREVE : L’INTERDICTION DES GREVES TOURNANTES .............. 13
6° L’OBLIGATION DE NEGOCIATION ........................................................................ 14
E Employeur................................................................ 18, 22 à 28
Établissement scolaire............................................. 101, 102
État .......................................................................... 24, 61, 116, 126, 131, 181
Exécution partielle de l'activité................................. 7, 8
Exemple................................................................... 66 à 67
S Salaire...................................................................... 14
Salarié de droit privé................................................ 24, 83
Sanction disciplinaire ............................................... 8, 9, 31, 32, 51, 107, 118, 119, 151, 157
Service fait .............................................................. 116 à 121
Service minimum ..................................................... 46, 47, 78, 165, 174 à177
Service public indispensable ................................... 56 à 60
Service public industriel et commercial ................... 84, 159 à 160
Service public de transport de voyageurs................ 159 à 194
Soutien à un mouvement de grève.......................... 85 à 88
Stagiaire................................................................... 24
Supplément familial de traitement ........................... 140
Suppression d'emploi .............................................. 14
Syndicat .................................................................. 29 à 32, 99, 124
U Usager du service public ......................................... 94 à 98, 100 à 102, 175,178 à 180, 193
Loi n° 2007- 1224 du 21.08.2007 sur le dialogue social et la continuité du service public
dans les transports terrestres réguliers de voyageurs.
Loi n° 2005-270 du 24.03.2005 portant statut général des militaires.
Ordonnance n° 58-696 du 6.08.1958 relative au statut spécial des personnels des services
extérieurs de l’administration pénitentiaire.
La jurisprudence de la Cour de cassation est située dans cette étude à titre indicatif
parce que les textes applicables sont identiques dans les deux cas et l’on peut
supposer une similitude d’interprétation des normes.
Code du travail – art L 521-2 à 6
I. INTRODUCTION
3. Définition
4. Évolution juridique
Au nom de la continuité du service public, le droit de grève a longtemps été interdit dans la
fonction publique.
Le Conseil d’État, quant à lui, considère que le droit de grève constitue une liberté
fondamentale au sens de l’article L 521-2 du code de justice administrative.
CE 262186 du 09.12.2003
Ce principe est repris pour la fonction publique dans le titre I du statut général portant droits et
obligations des fonctionnaires à l’article 10 de la loi n° 83-634 : « les fonctionnaires exercent le
droit de grève dans le cadre des lois qui le réglementent ».
Loi 83-634 du 13.07.1983 – art. 10
En l’état actuel du droit, il n’existe pas de loi réglementant de façon générale et exhaustive la
grève dans les services publics.
Le juge administratif, compétent pour les collectivités et établissements publics, ainsi que le
juge social pour les litiges intéressant les établissements et entreprises privés chargés d’une
mission de service public, dont les EPIC, ont précisé le cadre jurisprudentiel dans lequel
s’exerce le droit de grève, c’est-à-dire les modalités de son exercice et les limites imposées
par la nécessaire conciliation de ce droit avec d’autres principes et droits constitutionnels ou
objectifs de valeur constitutionnelle.
6. Gestion du personnel
De plus, le droit de grève étant une liberté fondamentale, les conséquences sur la carrière des
agents de leur participation à une grève sont strictement réglementées.
la cessation du travail,
A défaut d’un de ces éléments, la grève est qualifiée d’illégale par le juge et l’agent s’expose à
des sanctions.
7. La grève suppose un arrêt de travail total. N’est pas qualifié de grève le ralentissement
d’activité ou l’exécution partielle d’activité, ou son exécution dans des conditions
volontairement défectueuses.
8. De ce fait, les juges prohibent la grève perlée (au ralenti ou partiellement), c’est-à-dire la
mauvaise exécution du travail.
Ne sont pas regardés comme grévistes, des sapeurs pompiers professionnels qui refusent
d’accomplir certaines tâches administratives leur incombant, à la suite de consignes
syndicales.
CE 87210 du 14.02.1992
ème
Le refus des enseignants d’accueillir le 26 élève n’est pas un arrêt de travail.
CE 01-827 du 20.05.1977
Le fait de s’abstenir de remplir une partie de ses missions pour réclamer le versement d‘une
prime est une faute. Dans une affaire, un agent de surveillance avait volontairement omis lors
de ses rondes de nuit de vérifier tous les points de contrôle pour percevoir la prime de travaux
supplémentaires alors que cela ressortissait de ses missions. Il a été sanctionné par une
exclusion de fonction de 20 mois. Les juges précisent que si les agents de surveillance
souhaitaient contester leurs conditions de travail, il leur appartenait de déposer un préavis de
grève, de manière à ce que la ville puisse prendre des dispositions nécessaires pour assurer
la protection des bâtiments alors que le plan « vigipirate » était déclenché.
CAA Paris 01PA02371 du 06.07.2005
REMARQUE :
Les agents pratiquant la grève du zèle ou perlée peuvent se voir infliger des sanctions
disciplinaires mais pas des retenues sur rémunérations ( voir n° 118-119 et 157-158).
10. La grève doit reposée sur une action concertée et collective des agents.
11. Si un agent cesse son travail pour des revendications professionnelles mais que cet arrêt a le
caractère d’un agissement individuel, son action n’est pas qualifiée de grève.
CE 05.07.1957 / Cohen
12. En revanche, le juge admet que le droit de grève puisse s’exercer exceptionnellement par un
seul agent s’il est, à raison de sa situation, le seul à pouvoir défendre utilement ses
revendications professionnelles.
Cass. Soc. 4514 PBR du 13.11.1996
CAA Marseille 96MA10733 du 18.06.1998
13. La grève doit soutenir des revendications professionnelles afin notamment de défendre ou
d’améliorer la situation juridique et économique des agents.
Ce critère est le plus important. Il a donné lieu à de nombreux contentieux, le juge retenant
une interprétation assez large des motifs professionnels.
15. Les revendications portant sur la défense des retraites ont un caractère professionnel.
Cass. Soc. 04-45.738 du 15.02.2006
Concernant les retraites, l’employeur ne peut considérer comme abusif un préavis de grève
relatif à la négociation d’un accord de branche et à la négociation d’un nouveau décret fixant le
régime de retraite. L’employeur, un EPIC, avait demandé la suspension de cette grève au
motif que la négociation de l’accord d’entreprise ne pouvait être que postérieure à l’adoption
par les pouvoirs publics de ce décret, et qu’il ne pouvait satisfaire cette revendication. Le juge
considère qu’il s’agit bien d’une revendication professionnelle.
TGI Paris 13.07.2001 Opéra de Paris
16. Récemment, il a été admis que la défense du mode d’exploitation d’un service public est
une revendication d’ordre professionnel, et la capacité de l’employeur à satisfaire ces
revendications professionnelles est sans incidence sur la légitimité de la grève. En l’espèce,
les agents d’une régie de transport, un EPIC, ont fait grève pour que la communauté urbaine
ne soumette pas l’exploitation du futur réseau de tramway à la procédure de délégation de
service public. En effet, le recours à une délégation de service public pouvait conduire à
concéder le service à une personne privée.
Cass soc. 06-17.802 du 23.10.2007
REMARQUE :
18. Le juge a considéré que les cessations concertées du travail ne revêtant pas un caractère
professionnel sont illicites mais la charge de la preuve du caractère non professionnel d’une
grève revient à l’employeur. Autrement dit, le juge considère que toute grève est présumée
appuyer des revendications professionnelles.
CE du 18.02.1955 / Bernot
19. Quant bien même, toutes les conditions relatives à la grève seraient remplies, le juge refuse
de valider certaines grèves en raison des conditions de leur déroulement, et notamment la
méconnaissance de la liberté de travail des salariés non grévistes.
20. Le juge interdit la grève dite « sur le tas », c’est-à-dire une cessation du travail qui comporte
une occupation des locaux.
CE 65509 du 11.02.1966
Cass. 02-15.500 du 22.06.2004
21. De même, sont prohibés les piquets de grève à l’extérieur des locaux qui ont pour but
d’empêcher les non-grévistes de pénétrer sur le lieu de travail.
Ces deux types de cessation concertée de travail sont de nature à justifier des poursuites
disciplinaires.
La grève dans les services publics est réglementée depuis la loi n° 63-773 du 31 juillet 1963
codifiée aux articles L. 521-2 à 6 du code du travail (prochainement articles L. 2512-1 à 5).
AVERTISSEMENT
Ce formalisme ne concerne pas tous les employeurs du secteur public, et notamment ne
s’applique pas aux agents des communes de moins de 10 000 habitants.
23. Les employeurs dont le personnel est soumis à une procédure spécifique de
déclenchement de la grève sont listés par le Code du travail.
1° LE PRINCIPE
de l’État,
des régions,
des départements,
Dans la fonction publique territoriale, sont donc concernés tous les personnels qui rentrent
dans cette classification (fonctionnaires titulaires et stagiaires, non titulaires, et salariés de
droit privé).
REMARQUE :
25. Les assistants maternels de droit public sont donc soumis à ces dispositions.
Réponse ministérielle publiée au JO du 05.01.1998 / question écrite 2824
Une réponse ministérielle rappelle « le droit de grève s’y exerce sous le contrôle du juge de
l’excès de pouvoir. Celui-ci est le seul compétent pour apprécier la légalité des mesures que le
maire, responsable du bon fonctionnement des services publics placés sous son autorité,
pourrait éventuellement être appelé à prendre lorsque les circonstances particulières le
justifient ».
Réponse ministérielle publiée au JO du 25.12.1995 / question écrite 31372
27. Il est recommandé de prévoir dans un règlement intérieur local les règles applicables à
l’exercice du droit de grève.
28. Si les communes de moins de 10 000 habitants sont exclues du champ d’application du code
du travail, cela ne saurait faire obstacle à l’application du principe général de comptabilité
publique dont est issu l’article 20 de la loi du 13 juillet 1983 selon lequel seuls les services
faits justifient le versement de la rémunération ( voir n° 106 à 145).
Loi 83-634 du 13.07.1983 – art. 20
B. LE PREAVIS
En dehors des communes de 10 000 habitants et moins, les personnels qui font usage du
droit de grève doivent respecter un préavis avant la cessation concertée du travail ».
Code du travail – art L.521-3 alinéa 1
29. Le dépôt d’un préavis de grève poursuit un double objectif. D’une part, interdire les grèves
surprises et, d’autre part, éviter la cessation de travail en rendant obligatoire la négociation
entre les parties avant le début de la grève. En cas d’échec de la négociation, l’autorité peut
prendre les mesures nécessaires afin d’atténuer les effets de la grève en informant les
usagers de la grève à venir, en requérant du personnel, …
Le préavis doit émaner de « l’organisation ou d’une des organisations syndicales les plus
représentatives sur le plan national, dans la catégorie professionnelle ou dans l’entreprise,
l’organisme ou le service intéressé ».
Code du travail – art L.521-3 aliéna 2
31. Si le dépôt du préavis par une organisation syndicale représentative est une condition de
validité d’une grève, le juge administratif considère toutefois que la participation à un
mouvement de grève déposé par une organisation syndicale non représentative n’est pas
constitutive d’une faute dès lors que les agents concernés n’ont pas délibérément méconnu
cette condition.
CE 90634 – 90635 – 91565 – 91656 – 91657 – 91658 – 91515 du 08.01.1992
32. Par analogie, cette jurisprudence s’applique à toute participation à une grève irrégulièrement
déclenchée, dès lors qu’il n’est pas établi que l’attention des agents grévistes ait été appelée
sur la nécessité de vérifier que le préavis de grève était valide et qu’ils n’ont pas sciemment
méconnu les dispositions énoncées à l’article L. 521-3 du code du travail.
Réponse ministérielle publiée au JO du 26.09.2006 / question écrite 96478
En revanche, le personnel qui s’associe au mouvement de grève alors qu’il a été averti par
l’employeur de l’irrégularité du préavis commet une faute disciplinaire pouvant être
sanctionnée.
Cass. Soc. 05-40.663 du 11.01.2007
2° LE DESTINATAIRE DU PREAVIS
33. Le préavis doit être adressé à l’autorité exécutive s’il s’agit d’une administration ou à
l’organe dirigeant pour un établissement.
34. Mais une organisation syndicale représentative peut déposer auprès d’une autorité publique
un préavis de grève national sans qu’il soit nécessaire qu’un préavis soit déposé auprès de
chaque collectivité ou établissement concerné.
CE 73894 du 16.01.1970
Réponse ministérielle publiée au JO du 13.05.1991 / question écrite 39557
Ainsi, pour la fonction publique territoriale, un préavis de grève national peut être déposé
auprès du Premier ministre ou du ministre chargé des collectivités territoriales qui répercute
l’information auprès des exécutifs locaux.
35. Le préavis doit préciser les motifs d’ordre professionnel du recours à la grève ( voir n° 13
à 18).
Code du travail – art. L. 521-3
36. « Le préavis doit parvenir cinq jours francs avant le déclenchement de la grève à l’autorité
hiérarchique ou à la direction de l’établissement ».
Code du travail – art. L. 521-3
Rappelons que pour le calcul des cinq jours francs, le jour du dépôt du préavis (dies a quo) et
le jour de l’arrêt du travail (dies a quem) ne comptent pas. De plus, si le délai expire
normalement un samedi, un dimanche, un jour férié ou chômé, il est prorogé jusqu’au premier
jour ouvrable suivant à 0 heure.
Nouveau code de procédure civile – art. 641 et 642
EXEMPLE :
Pour un préavis reçu le vendredi, le calcul des 5 jours francs est le suivant :
− le délai court à compter de samedi à 0 heure,
− dimanche,
− lundi,
− mardi,
− mercredi, jusqu’à 24 heures,
− la grève peut avoir lieu le jeudi. S’il s’agit d’un jour férié, le commencement de la
grève est repoussé au vendredi.
41. L’article L. 521-4 du code du travail prohibe les grèves tournantes. Ainsi, les heures de
cessation et de reprise du travail ne peuvent pas être différentes pour les diverses catégories
ou divers membres du personnel intéressé.
Pour la fonction publique territoriale, cela signifie que les différentes catégories d’agents et
que les différents services doivent cesser le travail au même moment.
lors d’un conflit, chaque organisation syndicale représentative peut prévoir une date de
cessation du travail différente.
un préavis unique portant sur des arrêts de travail de courte durée (inférieure à une
heure) étalés sur plusieurs jours, peut être déposé valablement.
le dépôt de préavis successifs est autorisé
Cass. Soc. 01-15.709 du 04.02.2004
Cass. Soc. 04-17.116 du 07.06.2006
REMARQUE :
En outre, les agents disposent d’une grande latitude dans la mise en œuvre du droit de
grève ( voir n° 103 à 105).
6° L’OBLIGATION DE NEGOCIATION
43. Les parties au conflit social doivent négocier pendant la durée du préavis (article L 521-3 du
code du travail). Compte tenu des spécificités de la fonction publique territoriale, les autorités
territoriales ne sont compétentes que si les revendications portent sur des domaines relevant
directement de leur pouvoir (horaires et conditions de travail, augmentation du régime
indemnitaire dans la limite des maxima fixés par les textes, …). En effet, dès lors que le conflit
porte sur des revendications intéressant l’ensemble des fonctionnaires et nécessitant une
modification de la réglementation, seul le gouvernement peut négocier.
De manière identique au juge administratif, le juge social admet la licéité d’une grève même si
les revendications à l’appui du mouvement ne s’adressent pas directement à l’employeur mais
au Gouvernement. Le caractère professionnel des revendications n’est pas remis en cause
dans ce cas de figure ( voir n°34).
Cass. Soc. 04-45.738 du 15.02.2006
REMARQUE :
Aucune disposition législative ou réglementaire n’oblige l’autorité à répondre à un préavis
ou à se prononcer sur sa recevabilité.
CE 72.660 du 20.06.1990
Les limites au droit de grève édictées par le législateur ne sont pas générales à tous les
services publics. Elles concernent soit des catégories d’agents spécifiques, soit certains
secteurs d’activité. Ces dispositifs particuliers ne concernent pas directement la fonction
publique territoriale.
Les dispositifs de réquisition civile, militaire ou préfectorale ont un caractère général, mais
sont rarement mis en œuvre.
Depuis la reconnaissance constitutionnelle du droit de grève, des lois ont été édictées pour
priver certains fonctionnaires du droit de grève.
46. Le législateur, sans interdire l’exercice du droit de grève, a imposé un service minimum à
certains services publics.
Les réquisitions militaires et civiles sont issues de lois anciennes, qui, en raison de leur
finalité, ne sont plus mises en œuvre.
La réquisition par l’autorité préfectorale a été instaurée par la loi pour la sécurité intérieure du
18 mars 2003. Elle autorise le préfet, sous certaines conditions, à requérir le personnel
gréviste.
Loi 2003-239 du 18.3.2003
a) La réquisition militaire
49. La réquisition militaire est prévue par la loi du 3 juillet 1877, modifiée par la loi du
21 janvier 1935.
De plus, la réquisition des agents des services publics des communes ne peut valablement
s’exercer que si le décret a été notifié au maire, chef de l’administration communale.
CE du 05.12.1941 / Sellier
50. La réquisition civile est régie par la loi du 11 juillet 1938 relative à l’organisation générale de
la Nation en temps de guerre et l’ordonnance n° 59-147 du 7 janvier 1959 portant organisation
de la défense.
Le Conseil d’État a jugé que les décrets portant réquisition ne sont pas entachés d’excès de
pouvoir s’ils sont pris en vue d’assurer la continuité du fonctionnement d’un ensemble de
services ou d’entreprises indispensables pour les besoins du pays.
EXEMPLES :
Considérant que la grève des agents assurant la sécurité aérienne est de nature à porter à la
satisfaction des besoins du pays une atteinte suffisamment grave, leur réquisition est justifiée.
CE 09.02.1966 / Fédération nationale de l’aviation civile
N’est donc pas justifiée, la réquisition de certains personnels grévistes d’une régie autonome
des transports, puisque les interruptions de service d’une durée variable sur les différentes
lignes du réseau. La grève doit porter une atteinte suffisamment grave soit à la continuité de
service des transports, soit à la satisfaction des besoins de la population.
CE 24.2.1961 / Isnardon
REMARQUE :
La réquisition licite oblige les agents à reprendre leur activité. A défaut, ils s’exposent à
des sanctions disciplinaires et pénales (amende et emprisonnement).
c) La réquisition préfectorale
Cette procédure exceptionnelle est précisément décrite par le code général des collectivités
territoriales (CGCT).
Code général des collectivités territoriales - art. L 2215-1
Le Conseil d’État a, de son côté, fortement encadré cette procédure, en exigeant que les
mesures préfectorales imposées par l’urgence soient proportionnées aux nécessités de l’ordre
public.
EXEMPLE :
Le Conseil d’État, saisi d’un recours en cassation contre une ordonnance rendue par le juge
du référé-liberté, s’est prononcé sur des arrêtés de réquisition de l’autorité préfectorale.
En raison d’une grève des sages-femmes d’une clinique commencée le 28 novembre 2003, le
préfet avait procédé à la réquisition de l’ensemble des sages-femmes par arrêté en se fondant
sur l’urgence et les risques graves de troubles à la santé publique.
La santé publique étant d’ordre public, le préfet (article L 2215-1 du CGCT), était bien habilité
à requérir certains personnels en grève d’un établissement de santé (public ou privé), afin de
maintenir un effectif suffisant pour garantir la sécurité des patients et la continuité des soins.
Néanmoins, ce pouvoir n’est conféré au préfet qu’en cas d’urgence et les mesures, qui en
découlent, doivent être proportionnées aux nécessités de l’ordre public.
53. Dans l’affaire, les arrêtés de réquisition ont été annulés pour illégalité manifeste en tant qu’ils
procédaient à la réquisition de l’ensemble des sages-femmes pour assurer non pas un service
minimum, mais pour permettre le fonctionnement complet du service de gynécologie-
obstétrique, et portaient donc, une atteinte grave à la liberté fondamentale que constitue le
droit de grève.
CE 262186 du 09.12.2003
Face à l’insuffisance des limites législatives à l’exercice du droit de grève, le Conseil d’État a
défini les termes de la conciliation du droit de grève avec d’autres normes constitutionnelles et
fixé un cadre à l’action des administrations. Dans certaines hypothèses, les employeurs
publics peuvent demander à certains agents grévistes d’assurer leur service.
54. Le droit pour une autorité administrative, d’exiger la présence du personnel gréviste
pour assurer un service continu, ne se confond pas avec les réquisitions définies
précédemment, dont les fondements juridiques sont issus de lois spécifiques. Les mesures
propres à assurer la continuité du service public, la nature et l’étendue des limites apportées à
l’exercice de la grève sont admises par le juge, mais soumises à son contrôle.
AVERTISSEMENT
La jurisprudence sur ces questions s’appliquent aux services dits indispensables et
concernent peu la fonction publique territoriale.
Le Conseil d’État rappelle qu’au plan constitutionnel « le droit de grève s’exerce dans le cadre
des lois qui le réglementent ». En l’absence de réglementation, la reconnaissance du droit de
grève n’a pas pour conséquence d’exclure les limitations qui doivent être apportées à ce droit
en vue d’en éviter un usage abusif ou contraire aux nécessités de l’ordre public ou aux
besoins essentiels de la Nation.
56. Le Conseil constitutionnel a considéré, à propos du service minimum, que l’administration doit
pouvoir assurer, en cas de grève, la continuité des missions du service public
indispensables à la satisfaction des besoins essentiels des usagers et de la puissance
publique.
C Cel 86-217 DC du 18.09.1986
57. Les autorités doivent limiter le service continu aux seules activités des services publics dits
indispensables.
58. Sont considérés comme tels, les services publics dont l’activité conditionne le fonctionnement
des services indispensables à :
l’action gouvernementale,
à la conservation du matériel,
et à l’ordre public.
59. Dans la fonction publique territoriale, tous les services publics locaux ne sont pas
concernés. A titre indicatif, un service continu peut être organisé dans les services des SDIS,
de la police municipale, l’état civil, le service des élections en période électorale, …
60. Même limitée, l’obligation de continuité de certains services publics semble s’imposer à
toute collectivité.
Le Conseil d’État considère en effet, « qu’il incombe à l’autorité administrative de prendre les
mesures nécessaires pour assurer la continuité du service public, notamment en cas
d’interruption due à la grève des agents de ce service ».
CE 7.636 du 18.01.1980
En outre, en dépit de cet arrêt, le juge n’a jamais engagé la responsabilité pour faute de
l’administration qui n’a pas assuré la continuité du service public ( voir n° 89 à 92).
61. En application de la jurisprudence Dehaene, les autorités compétentes pour limiter l’exercice
du droit de grève sont :
Le gouvernement
Le ministre chargé de l’information peut prendre des mesures limitant l’exercice du droit de
grève par les agents de la Radiodiffusion française en désignant le personnel nécessaire
pour assurer le fonctionnement des services d’information à destination de la métropole,
des territoires d’outre-mer et des pays étrangers.
CE du 14.03.1956 / Hublin et autres
Les chefs de service
Il revient aux organes exécutifs des établissements publics de limiter l’exercice du droit de
grève.
CE 3.326 du 20.04.1977
Cette jurisprudence est transposable aux établissements publics dépendant des
collectivités territoriales.
Les organes dirigeants des entreprises ou sociétés gérant des services publics
Pour les entreprises ou sociétés concernées, l’organe dirigeant est compétent pour assurer
la continuité du service public.
CE 98.807 du 14.10.1977
62. Seules trois catégories de personnels peuvent être concernées par un service continu,
compte tenu de la nature de leurs missions.
Les greffiers en chef et les secrétaires-greffiers qui sont des auxiliaires indispensables à
l’exercice des fonctions des chefs des juridictions et des magistrats peuvent se voir refuser
l’exercice du droit de grève car une cessation concertée de travail de leur part
compromettrait l’action de la justice et porterait une atteinte grave à l’ordre public.
CE 4.850 du 21.12.1977
63. Il est également nécessaire de déterminer le nombre d’agents concernés par la réquisition
administrative.
Les contours du service continu sont certainement le point plus délicat à apprécier pour une
administration confrontée à une grève de ses agents.
64. L’instauration d’un service continu ne peut conduire à instaurer un service normal,
comme l’a indiqué le du Conseil Constitutionnel à propos du service minimum.
C Cel 86-217 DC du 18.09.1986
Chaque service concerné doit apprécier les circonstances qui entourent la grève.
65. Le pouvoir de réglementer l’exercice du droit de grève ne doit pas outrepasser les limitations
rendues strictement nécessaires par la conservation des installations et du matériel,
par la préservation de la sécurité physique des personnes, par l’exigence du bon
fonctionnement des services indispensables à l’action gouvernementale, ou par l’ordre
public.
Réponse ministérielle publiée au JO le 29.09.2003 / question écrite 21830
EXEMPLES :
Les décisions du directeur de la Poste de désigner 10 agents pour assurer un service
minimum sont annulées car il n’apparaît pas que les tâches de chargement et de
déchargement des camions, la répartition du courrier, le traitement des « colissimo » et la
réception de la clientèle « aient dû impérativement être assurées pour la sécurité des
personnes, la sauvegarde des installations ou le maintien des liaisons indispensables à
l’action gouvernementale ».
TA Châlons en Champagne 96-1731 du 03.02.1998
67. D’une manière générale, les mesures limitant l’exercice du droit de grève qui présentent
un caractère général et absolu sont interdites par le juge. Seuls les agents indispensables à
l’exécution des obligations du service minimum peuvent être requis et uniquement si les non-
grévistes sont en nombre insuffisant.
EXEMPLES :
La décision du directeur général d’un centre hospitalier régional d’interdire l’exercice du droit
de grève à 650 agents sur les 958 figurant au plan de travail pour la journée est annulée car
l’effectif de 650 agents est jugé, supérieur à celui nécessaire à un fonctionnement suffisant
des services.
CE 92162 du 07.01.1976
L’arrêté imposant le maintien en service pendant la journée de grève d’un effectif suffisant
pour assurer le fonctionnement à 50 % de la halte-garderie et de la crèche municipale, a, eu
égard à la nature du service, porté une atteinte excessive au droit de grève des agents
concernés.
TA Lyon 9201619 du 13.11.1997
Dans le cadre d’une grève au sein d’un SDIS, la décision de maintenir un effectif supérieur à
l’effectif minimum de garde permanente prévu par un décret porte une atteinte excessive au
droit de grève car un tel maintien n’est pas nécessaire pour permettre l’indispensable
continuité du service public.
CAA Lyon 98LY01713 du 22.05.2001
L’arrêté par lequel le président d’un CCAS réquisitionne la totalité des personnels des crèches
et mini-crèches municipales est annulé en tant qu’il porte une atteinte excessive au droit de
grève des agents concernés.
TA Rennes 02885 du 01.07.2004
68. Dans le respect des conditions exposées ci-dessus, certaines réquisitions sont jugées
légales par le juge.
EXEMPLES :
Le maire, en tant que chef des services placés sous son autorité et responsable de la sécurité
publique, peut légalement réquisitionner 14 sapeurs-pompiers en plus du service minimum
assuré depuis le début du mouvement, eu égard à la situation, la nature et l’ampleur de la
manifestation (14 juillet).
TA Nouméa 9900345 et 9900346 du 02.03.2000
Par conséquent, le ministre peut légalement limiter l’exercice du droit de grève par les agents
des douanes de la branche de la surveillance lorsqu’ils sont affectés à des missions de
contrôle et de sûreté ou chargés de l’exécution d’enquêtes judiciaires car ces missions
concourent à la préservation de la sécurité des personnes et des biens ainsi qu’à la protection
du territoire national.
CE 270171 du 15.05.2006
La mise en œuvre du service public continu ne peut se faire qu’en respectant les exigences
jurisprudentielles ( voir n° 54 à 68).
Elles n’ont pas à être précédées de la consultation du comité technique paritaire pour les
questions d’organisation du service, ni des commissions administratives paritaires pour les
questions individuelles.
Fixer la liste du personnel tenu d’assurer ses fonctions en cas de cessation concertée du
travail, compte tenu de la particularité de leurs missions.
Établir par avance la proportion d’emplois nécessaires par services ou par missions,
activités.
REMARQUE :
71. Selon une jurisprudence constante, l’autorité qui définit par la voie de circulaires les
modalités d’organisation d’un service continu n’épuise pas son pouvoir et reste
compétente, selon les cas d’espèces, pour restreindre l’exercice de la grève à des agents ne
figurant pas sur la liste de ceux dont la présence avait été exigée par la circulaire.
CE 149284 et 149293 du 25.09.1996
72. Afin d’assurer le service continu, l’autorité peut requérir individuellement le personnel
devant assurer son service. Pour les collectivités territoriales, cette réquisition se matérialise
par un acte administratif, un arrêté individuel ou une lettre. Elle sera soigneusement motivée
et régulièrement notifiée.
La légalité externe
73. L’acte portant réquisition doit être signé par l’autorité compétente et notifié. Le fait que
des agents requis refusent de signer le registre de notification n’a pas de conséquence sur la
légalité des arrêtés.
TA Nouméa 9900345 et 9900346 du 02.03.2000
74. En application de la loi n° 79-587 du 11 juillet 1979, les décisions qui restreignent l’exercice
d’une liberté publique doivent être motivées. Par conséquent, les décisions limitant
l’exercice du droit de grève doivent être motivées, c’est-à-dire comporter les raisons de
fait qui imposent la présence personnelle de l’agent à son poste de travail lors d’une grève.
Loi 79-587 du 11.07.1979 – art 1
TA Paris du 08.06.1989
La légalité interne
76. L’autorité peut requérir des agents grévistes dont les activités ne figurent pas dans l’arrêté
portant organisation minimum des services publics et les affecter aux services concernés.
TA Orléans 00-73 du 20.11.2003
77. Si l’ordre de réquisition précise les activités pour lesquelles le service doit être maintenu, le
personnel requis, et le cas échéant affecté à ce service, peut également effectuer les
activités courantes compte tenu de l’impossibilité technique de les différencier des activités
mentionnées dans l’ordre de réquisition.
TA Rouen 96181 et 96190 du 20.10.1999
78. Le juge admet la légalité d’une réquisition qui intervient, en cas de nécessité, en plus du
service minimum déjà assuré depuis le début de la grève. En l’espèce, les manifestations
du 14 juillet justifient la réquisition de sapeurs-pompiers grévistes en plus de ceux prévus pour
le service minimal.
TA Nouméa 9900345 et 9900346 du 02.03.2000
79. L’administration peut modifier les missions des agents non grévistes :
L’administration peut définir les missions des agents non grévistes et modifier leurs tâches en
fonction des priorités opérationnelles. Le directeur, loin de prendre des décisions
réglementaires, s'est borné, comme il devait le faire, à prendre des mesures d'ordre intérieur,
qui, comme telles, ne sont pas susceptibles d'être contestées par la voie du recours pour
excès de pouvoir.
CE 177948 du 06.12.1996
Le régime juridique diffère selon qu’il est question d’un service public administratif ou d’un
service public industriel et commercial.
81. Afin d’assurer la continuité du service public, l’autorité peut recourir à du personnel de
remplacement.
Cependant, le remplacement du personnel gréviste ne doit intervenir que dans les cas où le
juge admet l’intervention des autorités pour limiter l’exercice du droit de grève à certains
agents ( voir n° 62 - 63).
82. Parce que l’exécution d’un service public administratif est confiée à des agents publics,
l’administration qui souhaite procéder au recrutement de personnel d’appoint doit recruter des
agents non titulaires.
Loi 84-53 du 26.01.1984 – art 3
83. Ce n’est que lorsque des circonstances exceptionnelles rendent impossible ce mode de
recrutement qu’elle est autorisée de procéder au recrutement de personnel de droit privé
par le biais d’entrepreneurs de travail temporaire.
CE 07.636 du 18.01.1980
La possibilité de recruter du personnel « extérieur » est limitée car le juge reconnaît très
rarement l’existence de circonstances exceptionnelles.
84. Dans les services publics industriels et commerciaux, il est interdit de conclure un contrat
pour remplacer un salarié dont le contrat est suspendu à la suite d’un conflit collectif de travail.
Cette interdiction vaut autant pour les salariés recrutés par contrat à durée déterminée (code
du travail – art L 122-3) que pour les salariés d’entreprises de travail temporaire (code du
travail – art L 124-2-3).
Code du travail – art L 122-3 et L 124-2-3
L’administration ne peut pas légalement soutenir une grève en apportant une aide financière
aux grévistes ou en fermant les services publics. Le recours à ces deux procédés est jugé
illégal.
85. Le conseil municipal d’une commune ne doit pas intervenir dans un conflit collectif du travail
en apportant un soutien financier aux grévistes.
CE 124674 du 28.07.1993
86. En revanche, le conseil municipal peut décider d’accorder des aides à des fins sociales car
cette action présente un objet d’utilité communale.
EXEMPLES :
Le Conseil d’État a admis la légalité d’une délibération accordant la gratuité pendant deux
mois des restaurants scolaires aux enfants des cheminots grévistes.
Par ailleurs, ces mesures ne portent pas une atteinte illégale au principe d’égalité des
citoyens.
CE 89.288 du 11.10.1989
Plus récemment, le juge a validé l’attribution par une commune de subventions à divers
syndicats : « Les communes et leurs groupements peuvent accorder des subventions à des
organisations syndicales en vue de la réalisation d'actions (contribuant au développement
économique ou social local à condition qu'elles se rattachent de façon suffisamment directe à
un intérêt public local et sous réserve qu'elles ne soient pas attribuées pour des motifs
politiques ou pour apporter un soutien à l'une des parties dans un conflit collectif du travail. ».
CE 264596 du 04.04.2005
87. La fermeture des services communaux motivée par la volonté de soutenir les agents
grévistes à l’occasion d’une journée de mobilisation organisée dans le cadre d’un mouvement
de grève national est illégale.
Les décisions d’un maire et d’un président d’une communauté urbaine de fermer les services
dans le but de défendre la fonction publique et le service public sont prises pour un motif
étranger à l’intérêt de la commune et de la communauté urbaine ou au bon fonctionnement
des services et sont donc illégales.
CE 250294 du 23.06.2004
88. En revanche, est légale la décision de fermer les services municipaux motivée par des
raisons de sécurité. Selon le juge, une commune peut fermer les établissements scolaires
lorsque des syndicats de personnels municipaux et de l’éducation nationale ainsi qu’une
fédération de parents d’élèves ont appelé à une manifestation. Cette décision n’est pas de
nature à compromettre l’exercice d’une liberté publique ou individuelle.
TA Saint-Denis ordonnance 0500528 du 15.05.2005
89. Le juge n’a jamais reconnu la responsabilité pour faute des autorités qui n’ont pas assuré la
continuité du service public.
Relativement à des grèves des agents chargés du contrôle aérien, le Conseil d’État considère
que l’État n’a pas commis de faute de nature à engager sa responsabilité en s’abstenant de
réquisitionner les agents concernés ou d’engager contre eux des poursuites disciplinaires
alors qu’il s’est s’efforcé de rétablir par d’autres moyens la continuité du service public.
CE 48.630 du 06.11.1985
CE 66.927 et 66.928 du 12.06.1987
90. Seule la carence systématique de l’État pourrait être constitutive d’une faute engageant
sa responsabilité.
91. Les autorités n’engagent pas leur responsabilité pour faute en n’assurant pas la continuité du
service public si elles font le nécessaire pour mettre fin au conflit en poursuivant les
négociations ou si elles ont informé les usagers de la grève à venir.
Le seul fait de poursuivre les négociations engagées avec les catégories de personnels
démontre, l’absence de carence systématique de l’État.
CE 45.746 du 06.11.1985
92. De même à propos d’une grève des brigadiers-cantonniers des canaux municipaux, le juge
considère que la ville de Paris n’a pas commis de faute en n’assurant pas la continuité du
service public dans la mesure où elle a pris les précautions nécessaires pour avertir à
l’avance les intéressés de la grève, en l’espèce 3 jours avant le début de la grève.
CE 56.280 du 17.01.1986
Plus récemment, le Conseil d’État a précisé que s’il appartient aux organes dirigeants de la
RATP de garantir la continuité du service public, il ne résulte pas de ce principe qu’ils seraient
tenus d’édicter à tout moment une réglementation du droit de grève, notamment en l’espèce
alors que la régie dispose d’un dispositif contractuel d’alarme sociale et que l’État dispose du
pouvoir de réquisition. La présidente de la régie n’a commis aucune erreur de droit en ne
saisissant pas le conseil d’administration à cette fin, et n’a pas entaché sa décision d’une
erreur d’appréciation.
CE 278999 du 08.03.2006
93. Quant à la responsabilité sans faute, elle n’est établie que si le préjudice subi par les
usagers présente une gravité et une spécialité suffisantes ou autrement dit s’il revêt un
caractère anormal ouvrant droit à réparation.
94. Le juge ne reconnaît que très rarement la condition de préjudice grave ou anormal.
95. Ainsi, le préjudice résultant d’une grève revêt un caractère normal et n’ouvre pas droit à
réparation pour les usagers, si la grève a été exercée dans le respect des lois et des
décisions réglementaires.
CE 56.280 du 17.01.1986
96. De même, les sociétés de compagnie aérienne exerçant la majeure partie de leurs activités en
dehors de l’espace aérien français ne sont pas dans une situation différente de celle de
l’ensemble des usagers de l’aéroport. Par conséquent, leurs préjudices ne présentent pas
de gravité ou de spécialités suffisantes pour engager la responsabilité de l’État en l’absence
de faute.
CE 48.630 du 6.11.1985
CE 66.927 et 66.928 du 12.06.1987
97. A contrario, des compagnies aériennes exploitant des lignes intérieures ou une activité de
charter essentiellement orientée sur la desserte des aéroports français et qui ont subi des
pertes de recettes dues à des mouvements de grève à l’origine d’annulation de nombreux vols
et d’une diminution importante du trafic de voyageurs sont dans une situation différente de
celle de l’ensemble des usagers des aéroports ou des entreprises liées au transport aérien.
Par conséquent, le dommage qu’elles ont subi, notamment en raison de la longueur du
mouvement de grève, revêt une gravité suffisante ouvrant droit à réparation. La
responsabilité sans faute de l’État est, dans ce cas, établie.
CE 45.746 du 6.11.1985
REMARQUE 1 :
98. Les usagers du service public, qui ont subi un préjudice du fait d’une cessation collective de
travail, ne peuvent engager que la responsabilité de l’autorité administrative et non celle des
grévistes car il n’existe pas de liens directs entre le mouvement de grève et le préjudice subi.
Ils pourront se prévaloir soit de la faute commise par l’autorité en ne prenant pas les
dispositions nécessaires pour assurer le fonctionnement normal du service (responsabilité
pour faute), soit de l’atteinte au principe d’égalité devant les charges publiques résultant du
préjudice anormal qu’ils auraient éprouvé de ce fait (responsabilité sans faute).
Cette solution s’applique quand bien même les agents grévistes auraient commis des
manquements disciplinaires en participant à un mouvement de grève prohibé par un texte
législatif (des mouvements de grève par exemple des agents chargés du contrôle de la
navigation aérienne).
CE 48.630 du 06.11.1985
CE 66.927 et 66.928 du 12.06.1987
99. La responsabilité des syndicats peut être mise en œuvre sur la base de l’article 1382 du
Code civil. La Cour de cassation en a précisé les limites : si la responsabilité civile d'un
syndicat ne peut en principe être engagée à l'occasion de l'exercice du droit de grève,
constitutionnellement reconnu notamment du fait du préjudice indirect subi par des tiers, il en
est autrement lorsque le syndicat a effectivement participé à des agissements constitutifs
d'infractions pénales ou à des faits ne pouvant se rattacher à l'exercice normal du droit de
grève.
Cas soc 80-13.958 du 09.11.1982
Ainsi, la responsabilité de syndicats a été retenue dans la mesure où ils « avaient été
constamment les instigateurs et les organisateurs de ce mouvement et qu'ils en avaient
assuré la maîtrise et la poursuite, en incitant par des directives l'accomplissement des actes
fautifs par les agents qui participaient au mouvement ».
Cas soc 97-15.291 du 26.01.2000
100. Les usagers doivent être informés à l’avance de l’impossibilité d’assurer la continuité d’un
service public. Pour le juge, cette information suffit à écarter la responsabilité de
l’administration qui n’a pas assuré la continuité d’un service public ( voir n° 92).
101. Cette obligation d’information s’avère d’autant plus nécessaire quand il est question d’une
grève du personnel enseignant.
102. En l’état actuel du droit, aucun texte n’oblige les communes d’assurer l’accueil des enfants
dans les écoles et établissements scolaires en cas de grève du personnel enseignant.
Néanmoins, si la commune décide d’assurer le service directement ou par l’intermédiaire d’un
centre de loisirs, elle le fait sous sa responsabilité.
Réponse ministérielle publiée au JO du 02.11.1995 / Question écrite 12679
Le maire, responsable de la sécurité des personnes sur la voie publique, prendre utilement
toutes les mesures nécessaires pour que la protection des enfants qui se présenteraient
quand même à l’école soit assurée.
Réponse ministérielle publiée au JO du 19.91.1994 / Question écrite 17552
103. Le personnel n’a pas à se déclarer gréviste à l’avance, sauf dispositions législatives
contraires.
En effet, si le préavis de grève est une condition de mise à l’exercice du droit de grève, il ne lie
pas le personnel. De plus, l’exercice de la grève, étant un droit individuel, aucun engagement
ne peut priver le salarié du droit de faire grève. La signature d’un planning de rotation (période
d’activité aérienne) ne prive pas un pilote de ligne de son droit de grève.
Cass. Soc. (assemblée plénière) 04-40.289 du 23.06.2006
104. Les grévistes ne sont pas tenus de cesser le travail pendant toute la durée indiquée par
le préavis.
Cass. Soc. 96-45.659, 96-45.760 et 96-45.709 du 12.1.1999
105. Les agents peuvent rejoindre le mouvement de grève à tout moment à leur convenance,
même 2 jours après le début fixé par le préavis.
Cass. Soc. 03-43.934 du 08.12.2005
1° LE PRINCIPE
106. Le droit de grève ne fait pas obstacle au principe selon lequel l’absence de service fait
donne lieu à une retenue sur rémunération.
Le fondement légal à la retenue pour fait de grève tire les conséquences des articles 20 de la
loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 et 87 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 qui lient le droit à
rémunération à l’accomplissement du service.
Loi 83-634 du 13.07.1983 – art. 20
Loi 84-53 du 26.01.1984 – art. 87
107. Le Conseil constitutionnel rappelle que cette retenue s’inscrit dans le champ de la
réglementation de la comptabilité publique relative à la liquidation du traitement et qu’elle est
indépendante de l’action disciplinaire.
Conseil constitutionnel 77-83 DC du 20.07.1977
108. La retenue sur traitement n’a pas non plus le caractère d’une pénalité financière.
Conseil constitutionnel 87-230 DC du 28.07.1987
109. Par conséquent, la retenue, simple mesure comptable, n’est soumise à aucune procédure
particulière.
CE 10.892 du 18.04.1980
Par conséquent, les jours de grève n’ont aucune incidence sur le calcul des jours de congés
annuels et d’ARTT.
112. Cependant, un agent gréviste n’a plus droit à la protection fonctionnelle issue de l’article
11 de la loi du 13 juillet 1983, ni à l’imputabilité au service de l’accident dont il a été
victime.
En effet, un incident survenu lors d’une grève ne peut pas être regardé comme ayant lieu dans
l’exercice des fonctions ou à l’occasion de l’exercice des fonctions.
TA de Rennes du 18.02.1988 / M. Robert Guiziou
113. L’autorité n’a aucun pouvoir d’appréciation de l’opportunité d’opérer la retenue pour
absence de service fait. Elle se trouve en situation de compétence liée.
Réponse ministérielle publiée au JO du 17.11.2003 / Question écrite 23433
CAA Nantes 00NT00744 du 19.02.2004
Aucun protocole d’accord signé entre l’autorité et les organisations syndicales ne peut prévoir
une retenue sur traitement contraire aux dispositions législatives et réglementaires en la
matière. Un tel protocole n’a pas de valeur juridique.
CAA Douai 99DA0153 du 30.05.2001
114. De même, il n’est pas permis de considérer les jours de grève comme des jours de congé ou
des jours relevant de l’aménagement et de la réduction du temps de travail. Il ne peut pas y
avoir une compensation des jours de grève par l’octroi de jours de congé.
Circulaire ministérielle (fonction publique, réforme de l’Etat et aménagement du territoire) FPPA0300123C du
30.07.2003 / publiée au du JO du 05.08.2003
Réponse ministérielle publiée au JO du 17.11.2003 / Question écrite 23433
115. De même, la récupération postérieure des journées de grève par des heures
supplémentaires est interdite.
CE 76.767 et 76.768 du 23.03.1973
La définition du service fait n’est pas identique dans les trois fonctions publiques.
L’agent, bien qu’il effectue ses heures de service, n’exécute pas tout ou partie des
obligations de service qui s’attachent à sa fonction.
Loi 77-826 du 22.07.1977
118. C’est la raison pour laquelle, en cas de grève perlée, forme de cessation concertée de travail
prohibée par le juge, l’autorité ne peut pas procéder à une retenue sur traitement puisqu’il n’y
a pas absence de service fait.
En revanche, les agents qui accomplissent la totalité de leurs heures de services mais
refusent d’accomplir certaines tâches commettent une faute professionnelle passible de
sanctions disciplinaires (refus d’obéissance hiérarchique).
CE 95NT00941 du 21.02.1996
CE 146119 du 27.04.1994
119. De façon identique, en cas de grève du zèle, qui consiste à suivre scrupuleusement les
consignes et instructions pour paralyser le déroulement normal du service, la retenue sur
rémunération est illégale.
Dans une affaire, les agissements d’un agent technique de l’Office national des forêts qui
avaient rendu impossible l’exécution du service et obliger le responsable à faire cesser
l’activité. Cette attitude peut faire l’objet de sanction disciplinaire mais pas d’une retenue sur
rémunération.
CE 93288 du 21.09.1992
120. Pour effectuer les retenues sur traitement pour absence de service fait en raison de l’exercice
du droit de grève, l’employeur est autorisé par le juge à recenser les absences et à en
demander aux personnels de remplir des états de service.
EXEMPLES :
La circulaire d’un inspecteur d’académie prévoyant que chaque enseignant émargera sur une
liste en face de son nom en indiquant les jours pour lesquels il n’était pas en grève ou se
trouvait en absence régulière ne comporte aucune restriction ni au droit syndical ni au droit de
grève.
CE ordonnance 258677 du 25.07.2003
L’administration peut mettre en place un système de pointage des agents non grévistes à
l’extérieur des locaux administratifs, en raison du blocage de l’entrée des locaux par les
grévistes, afin qu’ils fassent connaître leur situation au regard du mouvement de grève.
122. Le Conseil d’État juge que les notes ou circulaires prévoyant le recensement des agents non
grévistes ont le caractère de mesures d’ordre intérieur insusceptibles de recours pour excès
de pouvoir.
La liste établie en application de telles circulaires ou notes a pour seul objet de permettre à
l’administration de constater les services faits et par conséquent n’est pas une décision faisant
grief.
Donc, seuls les actes pris sur la base de ces listes peuvent faire l’objet d’un recours pour
excès de pouvoir.
CE 97.985 du 04.02.1976
CE 23.351 du 13.10.1982
123. L’agent qui ne s’est pas déclaré non gréviste, doit apporter la preuve par tout moyen
qu’il a effectivement accompli son service ou qu’il était en absence régulière. A défaut, il
peut légalement être regardé comme n’ayant pas accompli ses obligations de service. Le juge
institue donc une présomption de service non fait. Et, l’autorité pourra prélever sur ses
traitements les retenues pour fait de grève.
CE 90.478 du 31.5.1974
TA Pau 00-2004 du 4.12.2002
Inversement, le juge annule la décision portant retenue sur rémunération si l’agent a apporté
la preuve qu’il a assuré son service.
CE 79.766 du 28.12.1988
Si les retenues ont été effectuées à tort, l’agent a droit au paiement des sommes non versées
ainsi qu’aux intérêts légaux.
CE 81.280 du 05.01.1973
REMARQUES :
124. Un agent bénéficiant d’une décharge totale d’activité de service n’a aucune obligation de
service à l’égard de l’administration. Cette dernière n’a pas à lui demander s’il a participé à la
grève et ne peut considérer que le silence gardé par l’intéressé justifie une retenue sur
rémunération.
TA de Paris 9214886/5 du 07.05.1997
L’interdiction est donc faite à l’administration de procéder à une retenue sur rémunération d’un
agent titulaire d’un mandat syndical et bénéficiant d’une décharge de service un jour de grève,
nonobstant la circonstance qu’il appartient au syndicat qui a donné le mot d’ordre de grève.
Réponse publié au JO du 02.05.1995 / question écrite 24623
125. A l’inverse, l’autorité territoriale peut légalement requalifier l’exercice du droit d’alerte et de
retrait en droit de grève en l’absence de danger grave et imminent justifiant le retrait.
Les droits d’alerte et de retrait sont des droits individuels qu’un agent peut exercer de concert
avec d’autres sans caractériser un arrêt collectif de travail. Il en va autrement quand l’agent
participe à une cessation concertée du travail afin d’appuyer des revendications et en
l’absence de danger grave et imminent justifiant le retrait.
TA de Cergy-Pontoise 0106154 du 16.06.2005
126. Pour la fonction publique d’État, depuis la loi n° 87-588 du 30 juillet 1987, c’est la règle du
trentième indivisible qui s’applique.
Loi 87-588 du 30.07.1987
Conseil constitutionnel 87-230 DC du 28.07.1987
Quel que soit la durée de la grève durant une journée, la retenue est égale à un trentième du
traitement mensuel.
CAA Bordeaux 96BX30269 du 07.12.2000
127. Pour le personnel des établissements et entreprises privés chargés de la gestion d’un
service public, le code du travail prévoit l’application de la règle du forfait ou semi-
proportionnel.
Code du travail – art L 521-6
Loi 82-889 du 19.10.1982
ème
Pour une absence n’excédant pas une heure, la retenue est de 1/160 du traitement
mensuel, pour une absence dépassant une heure sans excéder une demi-journée, la retenue
ème
est de 1/50 et pour une absence entre une demi-journée et une journée, la retenue est de
ème
1/30 .
CE 178809 du 30.04.1997
129. Un agent en grève durant une journée complète supportera une retenue sur rémunération
ème
d’1/30 , nonobstant la circonstance que l’organisation de son temps de travail l’amène à
effectuer un nombre d’heures variables selon les jours.
ème
Donc, une retenue égale au 30 , est le maximum de retenue qui pourra être appliqué à une
cessation d’activité égale à une journée normale de travail, que l’obligation de service soit de
9 heures ou de 3 heures.
Lettre de la DGCL du 05.07.2000
130. La retenue pour fait de grève ne peut, en principe, porter que sur les jours effectivement non
travaillés pour lesquels l’agent a une obligation de service.
131. Néanmoins, le Conseil d’État a jugé que si une grève se poursuit pendant plusieurs jours
consécutifs, les retenues sur rémunération s’opèrent sur toutes les journées comprises du
premier jour inclus au dernier jour inclus où cette absence de service fait est constatée.
Cette règle s’applique même si durant certaines journées, l’agent n’avait aucun service à
accomplir (par exemple jours fériés, samedis ou dimanches).
CE 03.918 du 07.07.1978
On peut s’interroger sur l’applicabilité de cette jurisprudence aux agents grévistes territoriaux.
Car, d’une part, le cas d’espèce concerne la fonction publique d’État pour qui la règle de la
retenue est celle du trentième indivisible alors que la fonction publique territoriale est assujettie
à la règle de la stricte proportionnalité de la retenue à l’absence de service fait. Et, d’autre
part, cette décision est relative aux enseignants qui, en raison des conditions particulières
d’exercice de leurs fonctions, se voient appliquer des règles jurisprudentielles spécifiques.
En effet, le Conseil d’État considère qu’un enseignant qui déclare soutenir un mouvement de
grève alors qu’il n’a pas de cours à assurer, peut légalement être regardé comme n’ayant pas
accompli ses obligations de service et par conséquent une retenue sur sa rémunération est
justifiée.
CE 72787 et 72788 du 17.12.1993
Il a jugé qu’un agent qui n’a aucun service à effectuer le 21 mai alors qu’il s’est déclaré
uniquement en grève les 20 et 22 mai et n’a pas manifesté sa volonté de s’associer au
mouvement de cessation d’activité pour la journée du 21 mai, doit percevoir le trentième de la
rémunération mensuelle afférente à la journée du 21 mai.
Ainsi, la retenue sur rémunération ne peut être opérée que pour les jours de grève où l’agent a
une obligation de servir.
TA Grenoble 0305875 du 30.03.2007
132. En revanche, est légale, une retenue sur rémunération pour une journée de grève exercée un
jour férié dès lors que l’agent a une obligation de service qui ouvre droit à une indemnité
particulière ou à un repos compensateur.
CE 78802 du 19 .03.1971
133. Cette position jurisprudentielle s’applique à toutes les hypothèses d’obligation de service :
jour férié,
week-end,
heures supplémentaires,
astreinte,
permanence.
134. Le juge considère que la permanence, assurée par des agents en raison des nécessités de
service, fait partie de leurs obligations professionnelles. La retenue sur rémunération des
agents grévistes concernés est légale.
TA Paris 0200879 du 16.09.2004
136. En revanche, si les gardes sont suivies d’un repos compensateur, le juge considère qu’au
regard de la spécificité de ces conditions de travail, la période de repos compensateur, qui est
le complément indissociable de la journée de service, doit être prise en compte pour
l’application de la retenue.
Ainsi, pour chaque garde non travaillée suivie d’un repos compensateur de 2 jours, la retenue
doit être effectuée sur la rémunération de 3 jours.
CAA de Nantes 06NT00634 du 29.12.2006
REMARQUE :
137. La retenue sur rémunération d’un agent à temps partiel est assise sur la rémunération à
laquelle il a droit en raison de ses obligations de service, c'est-à-dire à la fraction égale au
rapport entre la durée hebdomadaire de ses services et la durée des obligations
hebdomadaires de service d’un agent exerçant à temps plein.
TA Grenoble 0305875 du 30.03.2007
d) L’assiette de la retenue
138. La retenue pour absence de service fait est assise sur l’ensemble de la rémunération :
Le traitement.
L’indemnité de résidence.
139. Les primes versées annuellement sont incluses dans l’assiette de calcul de la retenue.
CE 71.710 du 22.03.1989
Aussi, les primes et indemnités qui ne sont pas versées selon un rythme mensuel « doivent
être ramenées à un équivalent moyen mensuel, sur la base du montant versé à ce titre au
cours de l’année précédente, afin de calculer le montant » à retenir.
Réponse ministérielle publiée au JO du 06.10.2003 / question écrite 23310
140. Sont cependant exclus de l’assiette de la retenue les sommes allouées au titre du
remboursement de frais professionnels et les suppléments pour charge de famille.
Réponse ministérielle du 21.09.1998 / question écrite 11469
Le supplément familial de traitement est maintenu dans la mesure où il est versé, non pas en
fonction des services faits, mais des charges de famille.
141. Rappelons qu’une retenue excédant la portion saisissable définie aux articles L 145-2 et
R 145-2 du code du travail est illégale.
Code du travail – art. L 145-2 et R 145-2
CE 90690 du 13.02.1974
CAA de Nantes 90NT00456 du 20.02.1992
REMARQUE :
143. En cas de grève exercé seulement lors des heures supplémentaires, la retenue pour
absence de service porte sur l’ensemble de la rémunération que l’agent devrait percevoir pour
une telle journée de service. En effet, aucune distinction doit être opérée entre les
rémunérations perçues pour les obligations de service correspondant au service statutaire et
celles pour les heures effectuées au-delà.
CE 126310 et 131850 du 26.7.1996
144. Depuis un avis du Conseil d’État du 8 septembre 1995, aucune cotisation d’assurance
maladie, maternité et invalidité ne peut être opérée sur la fraction du traitement non payée
pour service non fait.
145. Et, concernant la pension de retraite, en application de l’article L 61 du code des pensions
civiles et militaires de retraite, la fraction du traitement non payée pour absence de service fait
ne donne pas lieu au prélèvement de cotisations et de retenues pour pension.
Code des pensions civiles et militaires de retraites – art L61
CE avis 169379 du 08.09.1995
CE 93NT00638 du 12.02.1996
TA Versailles 9904523 du 16.06.2003
Ainsi, les périodes concertées de cessation de travail ne sont pas prises en compte pour le
calcul des droits des fonctionnaires au regard de la retraite.
CAA Nantes 00NT00744 du 19.02.2004
En droit public, l’agent qui participe à une cessation concertée du travail n’est pas considéré
avoir rompu les liens avec l’employeur public. Nonobstant sa situation de gréviste, il doit être
regardé comme étant dans une position statutaire d’activité.
147. Une circulaire ministérielle du 26 février 2001 va dans ce sens et précise que la grève ne
peut avoir d’incidence sur l’avancement d’échelon et de grade.
Circulaire du ministre de l’économie, des finances et de l’industrie 2B-01-148 du 26.02.2001
REMARQUES :
La circulaire ministérielle du 26 février 2001 rectifie une précédente circulaire en date du
26 juin 2000 qui indiquait, à tort, que les périodes de grève ne devaient plus être prises en
compte pour l’avancement de grade, de classe ou d’échelon des agents grévistes.
De même, le Conseil d’État, saisi de l’annulation de cette circulaire, a fait droit au
requérant en soulevant l’incompétence du ministre pour édicter une règle relative aux
avancements d’échelons et de grades qui s’ajouterait aux dispositions statutaires.
Circulaire ministérielle (économie, finances et industrie) 2B-01-148 du 26.02.2001
Circulaire ministérielle (économie, finances et industrie) 2B-00-592 du 26.06.2000
CE 223283 du 16.11.2001
150. A contrario, une cessation de travail qui ne présente pas le caractère d’une grève,
justifie la radiation des cadres pour abandon de poste après une mise en demeure
infructueuse de reprendre le travail.
En l’espèce, la lettre adressée au maire indiquant « si dans un délai de huit jours vous ne
nous avez pas reçu, le personnel se mettra en grève pour une durée illimitée », ne confère
pas à la cessation de travail de l’intéressé le caractère d’une grève.
CE 27.687 du 07.01.1983
151. L’interdiction de sanctionner un agent du fait de sa participation à une grève licite ne fait pas
obstacle à la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire pour les éventuelles fautes
commises par l’agent durant la grève.
A titre d’exemple, les agents qui utilisent sans autorisation du matériel appartenant à
l’administration durant des grèves commettent une faute susceptible de sanction disciplinaire.
Réponse publiée au JO du 19.02.1996 / question écrite 33923
Peut être sanctionnée la justification tardive ou intervenue dans des conditions irrégulières de
la participation à un mouvement de grève. Cependant, elle ne saurait justifier la radiation des
cadres pour abandon de poste car l’agent n’a pas rompu les liens qui l’unissaient au service.
CE 85350 du 11.12.1998
152. L’article L 521-5 du code du travail prévoit une procédure spécifique en cas de violation
des dispositions tendant à prohiber les grèves surprises et tournantes.
153. Autrement dit, les droits à la défense qui se matérialisent par la mise en place d’une
procédure disciplinaire ne sont respectés que pour les sanctions les plus lourdes.
De plus, ce même article prévoit que la révocation n’entraîne pas la perte des droits à la
retraite.
Code du travail – art L 521-5
Et, concernant un agent public non titulaire, il ne peut pas être licencié sans le respect des
droits à la défense.
CE 191534 du 07.07.1999
er
154. Avec l’ordonnance du 12 mars 2007, qui entrera en vigueur au plus tard le 1 mars 2008,
cette procédure spécifique sera renforcée
155. L’article L 2521-4 alinéa 3 dispose que « les sanctions ne peuvent être prononcées qu’après
que les intéressés ont été mis à même de présenter des observations sur les faits qui leur
sont reprochés et d’avoir accès au dossier les concernant ». Cette nouvelle rédaction tend
donc un peu plus au respect du principe du contradictoire.
Les dispositions concernant les révocations et les rétrogradations restent, quant à elles,
inchangées.
Code du travail – art L 2521-4
156. Rappelons que la jurisprudence est protectrice à l’égard des grévistes qui participent à
une grève irrégulièrement déclenchée. Si leur attention n’a pas été appelée sur l’irrégularité
de la grève et s’ils n’ont pas sciemment méconnu les dispositions législatives, leur
participation à la grève n’est pas constitutive d’une faute ( voir n° 32).
157. Dans tous les autres cas, l’agent qui commet une faute est passible de sanctions dans le
respect de la procédure disciplinaire.
C’est notamment les hypothèses de participation aux grèves prohibées par le juge (grèves sur
le tas, perlée et du zèle) ( voir n° 9 à 24 et 118 - 119).
158. Rappelons qu’une procédure disciplinaire n’est pas exclusive d’autres sanctions. Le cas
échéant, la responsabilité civile et pénale des grévistes peut être engagée. Par exemple,
l’agent gréviste qui pratique une grève sur le tas s’expose à une condamnation pénale car il
entrave la liberté du travail.
159. Le service public de transport régulier de personnes est qualifié de service public industriel
et commercial (SPIC) par la loi dite « LOTI ».
L'État et, dans la limite de leurs compétences, les collectivités territoriales ou leurs
groupements organisent les transports publics réguliers de personnes et peuvent organiser
des services de transports à la demande. L'exécution du service est assurée soit en régie par
une personne publique sous forme d'un service public industriel et commercial, soit par une
entreprise ayant passé à cet effet une convention à durée déterminée avec l'autorité
compétente.
Loi d’orientation des transports intérieurs 82-1153 du 30.12.1982 - art 7
160. Les SPIC sont gérés sous l’empire du droit privé en général, et par conséquent le personnel
relève donc du Code du travail, sauf lorsque le service est géré en régie, le directeur et le
comptable qui sont des agents publics selon une jurisprudence constante.
La qualification de service en un SPIC explique que les procédures énoncées par la loi sur le
dialogue social et la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de
voyageurs s’inscrivent dans une procédure de négociation relevant du droit du travail :
négociation dans le cadre d’accord cadre ou de branche, etc.
En pratique, au niveau local, le service transport public de personnes est très rarement géré
en régie directe ou avec la seule autonomie financière. Dans la majorité des cas il est confié :
à une régie ayant l’autonomie financière et la personnalité morale : cette régie est alors un
EPIC, par exemple la RATP à Paris,
à une entreprise privée délégataire de service public, le plus souvent une société
d’économie mixte.
REMARQUE :
La Cour de Cassation a déterminé que le syndicat mixte, qui n’assure pas lui-même le
SPIC, mais en organise l’action, a un caractère administratif et n’est pas soumis à la
convention collective nationale des réseaux de transports de voyageur. Les activités de
coordination de service relèvent a contrario d’un service public administratif.
Cass. soc 06-41840 du 18.10.2007
161. La loi vise à assurer la continuité du service public de transport terrestre régulier de
personnes à vocation non touristique en cas de perturbation prévisible du trafic. Elle tend
également à améliorer le droit d’information des usagers et la prévisibilité du trafic.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007
Les grèves.
Les incidents techniques, dès lors qu’un délai de 36 heures s’est écoulé depuis leur
survenance.
Les aléas climatiques, dès lors qu’un délai de 36 heures s’est écoulé depuis le
déclenchement d’une alerte météorologique.
Tout événement dont l’existence a été porté à la connaissance de l’entreprise de transport
par le représentant de l’État, l’autorité organisatrice de transport ou le gestionnaire de
l’infrastructure depuis 36 heures.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 4 – I
La loi rappelle que si le droit de grève est un principe à valeur constitutionnelle, il doit être
concilié avec d’autres principes constitutionnels et justifie donc des aménagements ou des
limitations.
164. Par conséquent, la continuité du service public de certains transports terrestres à vocation non
touristique tend à assurer la mise en œuvre des principes constitutionnels tels que :
165. Le niveau minimal de service doit notamment permettre d’éviter que soit portée une atteinte
disproportionnée à l’organisation des transports scolaires et à l’accès au service public de
l’enseignement les jours d’examens nationaux et de prendre en compte les besoins
particuliers des personnes à mobilité réduite.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 4 – I
166. La loi est applicable aux services publics de transport terrestre régulier de personnes à
vocation non touristique.
Sont exclus les transports maritimes et aériens, les transports terrestres à caractère
commercial et les activités de fret.
167. Par autorité organisatrice de transport (AOT), il faut entendre toute collectivité publique ou
groupement de collectivités ou établissement public compétent, directement ou par
délégation, pour l’institution et l’organisation d’un service public de transport terrestre régulier
de personnes à vocation non touristique.
En effet, depuis la loi du 30 décembre 1982 portant loi d’orientation des transports intérieurs
(LOTI), le transport public de voyageurs est un service public relevant de la compétence
exclusive des collectivités publiques et elle permet aux autorités organisatrices de choisir le
mode de gestion de leur service.
Loi 82-1153 du 30.12.1982
168. La loi concerne donc les collectivités territoriales, autorités organisatrices des transports
collectifs :
Des syndicats mixtes peuvent être également des autorités organisatrices des transports
collectifs.
De plus, les régions sont chargées de l’organisation du transport ferroviaire régional des
voyageurs et des services routiers effectués en substitution de ces services ferroviaires.
169. Les entreprises de transport désignent les entreprises ou les régies nécessairement
industrielles et commerciales, chargées d’une mission de service public de transport terrestre
régulier de personnes à vocation non touristique.
Donc, les entreprises exploitantes des réseaux de transport assurent la gestion du service
public de transport, lorsque l’AOT leur a confié cette mission. Ces entreprises peuvent être
gérées directement par la collectivité en régie. Elles peuvent prendre également la forme
d’établissements publics ou de sociétés privées délégataires ou concessionnaires de services
publics.
170. Au niveau de l’entreprise, l’accord-cadre doit organiser une procédure de prévention des
conflits et tendre au développement du dialogue social. Il doit fixer les règles d’organisation et
de déroulement de la négociation préalable.
171. En effet, le dépôt d'un préavis de grève ne peut intervenir qu'après une phase de
négociation préalable entre l'employeur et la ou les organisations syndicales représentatives
qui envisagent de déposer un préavis. Cette obligation de négocier a pour but de traiter les
conflits en amont et d’éviter le déclenchement de la grève.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 2 – I aliéna 1
172. Au niveau de la branche, des négociations doivent également être engagées pour la signature
d’un accord de branche qui doit poursuivre les mêmes objectifs que l’accord-cadre.
Les branches concernées dans le secteur des transports terrestres réguliers de voyageurs
sont :
Les accords-cadres comme les accords de branches doivent être signés avant le
er
1 janvier 2008.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 2 – I aliénas 1 et 2
L’accord de branche s’applique lorsqu’aucun accord-cadre n’a pu être signé. Cependant, dès
la signature de l’accord-cadre, il s’applique en lieu et place de l’accord de branche.
La loi prévoit que les accords-cadres déjà signés dans les entreprises de transports avant le
er
1 juillet 2008, sont mis en conformité, par voie d’avenant, avec la loi au plus tard le
er
1 janvier 2008 (sont notamment visés les accords-cadres de la RATP et de la SNCF).
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 2 – III
er
Et, en cas d’absence d’un accord-cadre et d’un accord de branche au 1 janvier 2008, un
décret pris en Conseil d’État s’appliquera à titre supplétif, dans l’attente de la signature d’un
accord-cadre ou d’un accord de branche.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 2 – I aliénas 3
De quelle manière une organisation syndicale représentative notifie à l’employeur les motifs
de la grève envisagée conformément à l’article L. 521-3 du code du travail.
Le délai, dont dispose l’employeur, à compter de cette notification, pour réunir les
organisations syndicales représentatives qui ont procédé à la notification. Ce délai ne peut
pas dépasser trois jours.
La durée de la négociation entre l’employeur et les organisations syndicales
représentatives qui ont procédé à la notification en sachant que cette durée ne peut pas
excéder huit jours francs à compter de cette notification.
Les informations que l’employeur doit transmettre aux organisations syndicales
représentatives qui ont procédé à la notification en vue de favoriser la réussite du
processus de négociation, ainsi que le délai dans lequel ces informations doivent être
fournies.
Les conditions du déroulement de la négociation préalable entre les organisations
syndicales représentatives et l’employeur qui ont procédé à la notification.
Les modalités d’élaboration du relevé de conclusions de la négociation préalable, ainsi que
les informations qui doivent y figurer.
Les conditions d’informations des salariés sur les motifs du conflit, la position de
l’employeur, la position des organisations syndicales représentatives qui ont procédé à la
notification, ainsi que les conditions dans lesquelles ils ont communication du relevé de
conclusions de la négociation préalable.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 2 – II
REMARQUE :
Cet article s’applique sans préjudice des dispositions de l’article L 521-3 du code du
travail.
174. Les dessertes prioritaires sont définies par l’AOT après consultation des structures
représentant les usagers afin d’organiser la continuité du service public en cas de perturbation
prévisible du trafic ( voir n° 163).
175. A la lecture des rapports législatifs, l’expression représentant des usagers semblerait
désigner non seulement les associations d'usagers, mais aussi le Conseil économique et
social régional (CESR) et les associations agréées de consommateurs.
177. Le niveau minimal de service doit permettre « la couverture des besoins essentiels de la
population » ( voir n° 164 - 165).
Les dessertes prioritaires ainsi que les niveaux de service sont rendus publics.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 4 - I
178. L’entreprise de transport élabore un plan de transport afin d’assurer les priorités de desserte
et les niveaux de service définis par l’AOT.
Selon l’article 7 de la loi, tout usager a le droit de disposer d’une information gratuite, précise
et fiable sur le service assuré en cas de perturbation du trafic. Cette information doit être
délivrée par l’entreprise au plus tard 24 heures avant le début de la perturbation prévisible.
Ces plans sont soumis à l’approbation de l’AOT après consultation des institutions
représentatives du personnel.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 4 – II
180. Les plans de transport et d’information sont rendus publics et intégrés aux conventions
d’exploitation. Les conventions déjà conclues par les AOT avec les entreprises de transport
er
sont modifiées pour tenir compte de ces plans avant le 1 janvier 2008. Les modifications
peuvent prendre la forme d’avenant.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 4-III
er
Au regard de l’obligation de modifier les conventions avant le 1 janvier 2008, il faut en
déduire l’obligation pour l’entreprise de transport d’élaborer les plans de transport et
d’information avant cette même date.
REMARQUES :
Les AOT incorporent dans les conventions conclues avec les entreprises de transport
des critères sociaux et environnementaux de qualité de service.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 12
Notons que les collectivités territoriales sont directement et préalablement informées des
plans de desserte et des horaires maintenus.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 4 – III
D’autre part, le préfet arrête les priorités de desserte ou approuve les plans de transport et
d’information, en cas de carence de l’AOT et après une mise en demeure infructueuse. Le
er
préfet ne dispose de cette prérogative que si, à compter du 1 janvier 2008, les plans n’ont
pas été intégrés aux conventions d’exploitations.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 4 – IV
182. Pour la prévisibilité du service en cas de perturbation prévisible du trafic, un accord collectif
er
doit être signé avant le 1 janvier 2008 et négocié entre l’entreprise de transport et les
organisations syndicales représentatives. L’accord collectif est notifié au préfet et à l’AOT.
A défaut d’accord, il revient à l’employeur de définir un plan de prévisibilité qui sera notifié au
préfet et à l’AOT. Mais dès la signature d’un accord collectif, il se substitue au plan de
prévisibilité.
183. Cet accord collectif « recense par métier, fonction et niveau de compétence ou de
qualification, les catégories d’agents et leurs effectifs, ainsi que les moyens matériels
indispensables à l’exécution » du service.
184. L’accord fixe les conditions de révision de l’organisation du travail en cas de perturbation
prévisible du trafic et d’affectation du personnel disponible pour mettre en œuvre le plan de
transport adapté.
Notons qu’en cas de grève, les personnels disponibles sont ceux qui ne sont pas grévistes.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 5 - I
4° LE RECOURS A LA GREVE
185. Rappelons que la loi rend obligatoire une négociation préalable au dépôt du préavis de
grève ( voir n° 171).
186. En cas de grève, les catégories d’agents recensés dans l’accord collectif informent au
minimum 48 heures avant la grève de leur intention d’y participer. L’information doit être
donnée au chef d’entreprise ou à la personne qu’il a désignée à cet effet.
L’agent ou le salarié qui méconnaît cette obligation de se déclarer gréviste 48 heures avant
est passible d’une sanction disciplinaire.
187. Cette déclaration individuelle de participation à une grève est couverte par le secret
professionnel et ne peut être utilisée que pour l’organisation du service. L’utilisation de ces
déclarations à d’autres fins ou leur communication à des personnes autres que celles
chargées de l’organisation du service est passible des peines prévues à l’article 226-13 du
code pénal : « la révélation d'une information à caractère secret par une personne qui en est
dépositaire soit par état ou par profession, soit en raison d'une fonction ou d'une mission
temporaire, est punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende ».
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 5 – II
Code pénal – article 226-13
188. La loi interdit la pratique des préavis glissants. Quand une organisation syndicale
représentative dépose un préavis de grève conformément aux dispositions de l’article L 521-3
du code du travail, la même organisation ne peut pas déposer de nouveau un préavis pour
les mêmes motifs avant l’échéance du délai du préavis en cours et avant que la procédure de
négociation préalable au dépôt d’un préavis de grève n’ait été mise en œuvre.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 3
Code du travail – article L 521-3
189. La loi ouvre la possibilité de désigner un médiateur dès le début de la grève afin de
favoriser le règlement amiable des différends. L’employeur ou l’organisation syndicale peut
décider de cette désignation, mais le médiateur doit être choisi d’un commun accord.
L’article L 524-2 du code du travail, accorde au médiateur « les plus larges pouvoirs pour
s'informer de la situation économique des entreprises et de la situation des travailleurs
intéressés par le conflit. Il peut procéder à toutes enquêtes auprès des entreprises et des
syndicats et requérir des parties la production de tout document ou renseignement d'ordre
économique, comptable, financier, statistique ou administratif susceptible de lui être utile pour
l'accomplissement de sa mission. Il peut recourir aux offices d'experts et, généralement, de
toute personne qualifiée susceptible de l’éclairer.
Les parties remettent au médiateur un mémoire contenant leurs observations. Chaque
mémoire est communiqué par la partie qui l'a rédigé à la partie adverse ».
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 6 – I
Code du travail – article L 524-2
190. Il est prévu une procédure de consultation portant sur la poursuite de la grève.
Dans les vingt-quatre heures de la décision d’organiser la consultation, l’employeur définit les
conditions du vote. Le vote est secret et son résultat n’affecte pas l’exercice du droit de grève.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 6 – II
191. Une retenue sur la rémunération des salariés grévistes est effectuée. Elle est strictement
proportionnelle à la durée non travaillée en raison de la participation à la grève.
193. Si le plan de transport ou le plan d’information est mal ou pas exécuté, l’AOT impose à
l’entreprise de transport, si elle en est directement responsable, le remboursement,
l’échange ou la prolongation de validité des titres de transport en fonction de la durée
d’inexécution de ces plans qui n’ont pas pu être utilisés. Pour l’usager qui a contracté un
abonnement, la loi prévoit une obligation de prolongation de sa validité.
Une convention entre l’AOT et l’entreprise est établie pour définir les modalités pratiques de
ce remboursement. La loi prévoit que la charge du remboursement ne peut être supportée
directement par l’AOT. Si la convention stipule que la non réalisation du plan de transport
entraîne des pénalités, l’AOT peut les affecter au financement du remboursement des
usagers.
Loi 2007-1224 du 21.08.2007 – article 9
194. Après chaque perturbation, un bilan d’exécution des plans de transport et d’information est
communiqué à l’AOT par l’entreprise de transport.