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Oedipe roi de Sophocle

Œdipe Roi est une tragédie grecque de Sophocle (-495 ; -406) écrite vers - 425. La
pièce raconte l’histoire de Oedipe roi de Thèbes qui apprend au fil de la pièce que sa
femme est en réalité sa mère et qu’il a tué son père lors de son arrivée à Thèbes.
Pour autant la pièce peut être comprise de deux manières différentes. D’un côté, c’est
un enfant abandonné qui fuyant ceux qu’ils pensent être ses parents, se retrouvent à
commetre l’irréparable et l’inceste. Mais l’on peut aussi imaginer la pièce et la
révélation d’OEdipe comme étant un complot. En effet, ce serait Créon qui, épris de
jalousie, aurait monté contre le roi une conspiration pour le forcer à s’exiler. C’est par
ce biais là que René Girard présente Oedipe comme une victime émissaire dans son
livre La Violence et le sacré. La pièce prend place chronologiquement au moment où
Oedipe découvre son inceste et son parricide. L'œuvre est écrite quelques années
après la défaite athénienne dans la guerre du Péloponnèse dans laquelle Sophocle
fut nommé stratège. La tragédie s’inscrit dans son cycle thébain : trois tragédies se
passant à Thèbes, avec Oedipe à Colonne et Antigone. La tragédie grecque est un genre
théâtral bien précis. Elle est définie par l’opposition entre les personnages joués par
les acteurs et entre le chœur situé commentant l’action située en contrebas de ceux-
ci. Elles ont la plupart du temps les mêmes sujets que les épopées. C’est-à-dire, les
mythes, la Guerre de Troie, les travaux d’Héraclès etcaetera. Buste de Sophocle

L'œuvre est divisée en 9 parties distinctes : d’un prologue, de l’entrée du chœur


(Parodos), de trois épisodes entrecoupés de trois intermèdes dit stasimon, puis est se
termine par un Exodos. En fonction des deux sens de lecture proposés plus haut, il est
possible de voir différents thèmes abordés dans cette pièce. Si l’on part du principe que
tout n’est que complot, alors c’est les thèmes de l’envie, incarné par Créon, cela se voit
clairement dans la phrase issus du deuxième épisode “Je ne me trompe pas au point de
vouloir autre chose que l’honneur et le profit”. Et le complot est illustré alors par tous les
personnages de la pièce. Ou alors, si Oedipe à vraiment commis l’irréparable, c’est le
destin inévitable qui est représenté par la révélation de l’oracle et bien sur l’inceste et le
parricide qui s’illustre d’elle même avec la phrase de Oedipe dans le troisième épisode “je
suis né de qui je ne devais pas, je suis uni à qui je ne dois pas, j’ai tué qui je n’arais pas dû”.
Mais pour autant, les thèmes de la recherche de la vérité accompagnée du doute, et de
la punition appuyée de sa violence, illustrable avec la pendaison hors scène de Jocaste
ou la crevaison des yeux d’OEdipe, sont communs aux deux lectures du texte. La
condition humaine est le thème le plus important de l'œuvre. En effet, Oedipe est
l’incarnation de tous les humains acculés à leur destin, ne pouvant avancer que dans une
seule direction. Mais il finit par l'accepter en se crevant les yeux.

ŒDIPE

J’ai choisi cette œuvre car je connaissais le sujet mais Ne m’explique pas que ce n’est pas là
que partiellement. Mes parents étant psychologues se ce que j’avais de mieux à faire, ne me conseille plus.
sont un jour retrouvés à parler d’Oedipe et de son Si j’y voyais, de quels yeux regarder mon père
complexe et depuis je suis intrigué par cette approche à mon arrivée dans l’Hadès,
psychanalytique. C’est donc pour mieux comprendre ou une malheureuse mère quand sur tous deux
ce par quoi l’on passe tous que j’ai décidé de lire j’ai fait pis que de quoi se pendre.
Oedipe Roi de Sophocle. Un passage m’a beaucoup Et mes enfants, nés comme ils sont nés,
plus par sa prose et par son sujet. C’est une tirade de aurai-je envie de voir leur visage ?
Je ne verrai plus jamais de mes yeux cette cité
Oedipe située dans l’Exode. Il y fait part de sa
ni les remparts, ni les saintes effigies des dieux.
souffrance quant à ses actes et de son incapacité à
Je m’en suis banni moi-même, malheur !
pouvoir voir le monde après cela. Il demande dans
quand, illustre comme pas un des fils de Thèbes,
cette section à ce que l’on bannisse de la cité pour
j’ai donné ordre à tous de chasser cet impie,
comme punition, mais il choisit comme manière plus celui que les dieux révélaient impur
drastique de s’exiler lui-même de ce monde en et de la race de Laïos.
s’empêchant de le voir. Car en effet, c’est une manière Après avoir dénoncé ma souillure
de ne plus faire partie de ce monde que de ne plus allais-je les regarder en face ? Certes non.
ressentir le monde par la vue. Il n’est désormais plus Et si je pouvais fermer les sources de l’ouïe
visualisable et sa représentation est plus difficile. dans mes oreilles, je n’hésiterais pas
à claquemurer mon pauvre corps, qu’il soit
aveugle et sourd, car il est doux de rester
étranger à la conscience de ses malheurs

La traduction de l'œuvre de Jean Grosjean qui apparaît dans l’édition Folio


Classique rend la lecture difficile. En effet, le texte est ardu et n’est pas
toujours facile à comprendre. Que ce soit des mots désuets, ou même des
syntaxes de phrases complexes. Pour autant cette écriture offre à l’auteur un
moyen pour exprimer la souffrance des personnages. La souffrance étant
complexe - tant par sa forme que par son manque de source par moment -
est durement restituable, le langage soutenu utilisé dans l'œuvre s’offre alors
comme un excellent porte-voix. La forme s’accorde avec le fond. Cela se
ressent particulièrement lorsque OEdipe parle (cf l’Exode). L'œuvre m’a plus
dans l’ensemble. J’insisterais tout particulièrement sur la façon dont même en
connaissant l'œuvre et l’histoire qu’elle raconte l’on arrive tout de même à
l’apprécier. A l’instar d’un bon film dont la connaissance du synopsis
n’empêche pas son appréciation, OEdipe Roi est une tragédie qui peut se lire
en connaissant la pièce. Le fait que nous lecteurs, on fasse déjà les liens
entre le fait que il est bien tué Laïos et le fait que ce soit son père mais que le
personnage lui ne le sait pas encore. Cela crée un petit décalage qui nous
poussent à continuer pour savoir comment il va savoir pour le parricide. On
est piqué tout du long de la tragédie par un petit élan pour savoir comment
Œdipe enfant rappelé à la vie par le berger Phorbas qui l'a détaché de l'arbre
Oedipe va s’en sortir et comment il va découvrir la vérité. C’est le point qui De Antoine Denis Chaudet
m’a le plus intéressé dans l’ensemble du livre.

De plus, la pièce dépasse son temps et peut résonner encore aujourd’hui. Je fais ici
référence à deux choses. A l’aspect psychanalytique tout d’abord. En effet, Freud reprend
la figure d’OEdipe pour expliquer un phénomène qui se passe chez l’enfant à son plus
jeune âge. L’enfant ressentira un amour pour la personne de sexe opposé chez les
parents et une envie de prendre donc la place de l’autre membre du couple qu’il
considère alors comme rival. C’est ce que l’on appelle le complexe d’OEdipe. Il est
universel, tout le monde le traverse, et l’on a pu mieux comprendre ce phénomène grâce
à l'œuvre de Sophocle. Puis ensuite, je fais référence au film Oedipus Rex de Piero Paolo
Pasolini. C’est un film sorti en 1967, racontant à sa manière et en changeant quelques
éléments de l’histoire, la tragédie de Sophocle. L'œuvre connaît donc sous deux formes
un renouveau au XXeme siècle prouvant ainsi son intemporalité. Le personnage d’Oedipe
ici rencontre plusieurs crises personnelles. D’abord celle liée à la peur de tuer ses
parents, qui l’a accompagné durant son adolescence après la révélation de l’oracle. Puis
celle liée à l’inceste. C’est cet acte qui le poussera à se crever les yeux et à ce que l’on exil.
Et puis celle liée au parricide, l’acte irrémédiable. Il tue de plus le mari de sa femme. Cela
l'accompagne pendant toute la tragédie en arrière-plan et tire le fil de la pièce. Toutes ses
crises ayant des impacts sur les autres personnages de la pièce créent donc une crise
générale. Celle-ci se traduit par la pendaison de Jocaste lorsqu’elle apprend. Mais ce n’est
pas la seule conséquence de la crise interne de Oedipe. Il y a aussi Créon qui passe par
un moment de folie essayant de prendre le pouvoir. Le contexte créera aussi une autre
crise mais qui n'apparaîtra que dans une tragédie future, celle d' Antigone dans la pièce
éponyme. On peut donc clairement intégrer la tragédie Oedipe Roi de Sophocle dans le
parcours “Crise personnelle, crise familiale”.

On pourrait même voir dans la pièce Juste la fin du monde de


Jean-Luc Lagarce une inspiration de la tragédie de Sophocle.
Que ce soit dans le personnage d’Antoine qui ressemble à
celui de Créon dans l’impulsivité et dans le fait qu’ils assistent
tous les deux au retour d’un personnage tiers qui spoliera tout
ce qu’ils ont essayé de construire durant son absence. On
pourra par contre difficilement rapprocher Oedipe Roi de la
parabole du fils prodigue étant donné la chronologie. Un
rapprochement est aussi à faire sur une vérité tapie que le
lecteur connaît mais pas les personnages. Que ce soit la mort
imminente de Louis ou l’inceste et le parricide de Oedipe. Bien
que dans Juste la fin du monde la vérité n'éclate pas, du moins
pas oralement. La structure des œuvres est aussi semblable
sur certains points. Que ce soit la présence d’Intermède et la
présence d’un semblant de chœur dans les personnages des
femmes dans la seconde partie scène deux chez Lagarce.
Le retrour du fils prodigue de Rembrandt

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