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SOUTENEMENT MINIER
Dan Tolgyesi
Directeur général
Association minière du Québec
Avant propos
1 Introduction
Introduction
1.1. Concepts de base
Le but d'un guide pratique de soutènement minier est de pouvoir fournir aux ingénieurs qui oeuvrent
en contrôle des terrains un outil de travail efficace pour la conception et la mise en application du
soutènement des excavations minières. Les besoins de l'ingénieur vont inclure une connaissance des
divers types de soutènement disponibles et des règles d'applications ainsi que d'avoir accès à
l'expérience acquise dans des applications similaires. Bien que les règles établies en ingénierie du roc
doivent être respectées, le soutènement est une opération essentiellement pratique et l'expérience
acquise est une composante principale du mécanisme de conception.
L'action réelle du soutènement est très complexe. Une explication simplifiée des différentes fonctions
du soutènement a été donnée par McCreath et Kaiser (1992). En se référant à la Figure 1.1, il est
possible d'identifier ces principales fonctions comme étant le renforcement du massif rocheux, la
retenue des blocs de roche, le lien entre les éléments de rétention ou encore le maintien sécuritaire
de ces derniers.
Maintien
Renforcement
Figure 1.1 Une explication simplifiée des différentes fonctions du soutènement, d'après
McCreath et Kaiser (1992).
Le but ultime du renforcement du massif rocheux est d'augmenter sa résistance, c'est-à-dire d'aider le
massif rocheux à se supporter lui même, Hoek et Brown (1980). De plus, pour des raisons de
sécurité, il est nécessaire de retenir le roc fracturé. Lorsque les contraintes sont élevées, le
soutènement empêche les ruptures progressives qui peuvent conduire à un effilochage du massif
rocheux. Enfin, la fonction de maintien est nécessaire pour solidariser les éléments du système de
soutènement en vue d'obtenir un terrain stable. Elle est également nécessaire pour éviter les chutes
de terrain. En pratique, un système de soutènement effectif est composé d'éléments de support
individuels qui agissent ensemble pour donner un renforcement ou un support ayant comme fonction
la rétention ou le maintien du massif rocheux.
Une particularité importante du soutènement dédié aux excavations minières est la différence de
philosophie qui préside dans le contrôle des terrains dans un contexte minier par rapport à celui
effectué pour des infrastructures de génie civil. L'objectif principal du soutènement d'excavations de
génie civil est d'assurer une absence de déformation durant la vie de l'excavation, dans un milieu le
plus souvent statique. Dans le cas d'excavations minières, l'objectif principal est de contrôler les
Introduction 2
déformations, de façon économique et pour une période de temps raisonnable, dans un milieu
dynamique et changeant. Et la vie utile d'un tunnel routier est d'au moins cinquante ans, tandis que la
vie utile d'une rampe de mine est généralement de moins de dix ans, ce qui amplifie les nécessités
économiques et temporelles particulières au domaine minier.
1.2. Les effets liés à une excavation
Le développement de stratégies conduisant au choix du système de soutènement nécessite une
bonne compréhension des effets engendrés par une excavation sur le massif rocheux environnant.
Hudson et Harrison (1997) illustrent clairement à la Figure 1.2 une explication conceptuelle des trois
effets principaux liés à la création d'une excavation souterraine. Ces trois effets sont décrits plus en
détails à la droite de la Figure 1.2.
Il appartient à l'ingénieur de définir l'importance d'un déplacement du massif rocheux ainsi que son
amplitude maximum tolérable. Il est très important de savoir si les déplacements sont associés au
mouvement d'un bloc dans l'excavation, ou si le massif rocheux se déforme comme un tout, ou si une
rupture survient dans le roc intact. Il est possible que ces trois mécanismes soient actifs en même
temps. Il est donc nécessaire de bien les comprendre pour pouvoir décider de la stratégie de
stabilisation appropriée.
Le troisième effet, l'accroissement du débit d'eau, est également important car il engendre des
variations de pression dans le massif rocheux, qui ont tendance à pousser les blocs dans l'excavation
avec une possibilité d'augmenter l'altération ainsi que la détérioration de la roche avec le temps. De
plus, la réduction des contraintes effectives dans la roche intacte diminue la résistance à la
compression de la matrice rocheuse. Ces conséquences deviennent de plus en plus apparentes au
fur et à mesure que le débit d'eau augmente.
Il y a deux façons de considérer la présence de déplacements aux abords des parois d'une
excavation. La première consiste à les laisser survenir naturellement et la seconde à s'y opposer en
mettant en œuvre des méthodes de stabilisation.
L'adoption de stratégies d'ingénierie minière qui tiennent compte de ces effets est basée sur le
principe que nous ne devons pas vouloir maintenir aveuglément les conditions initiales (par exemple
en installant des supports ou des renforcements massifs et en rendant étanche l'excavation); nous
devons traiter ces effets comme une opportunité de comprendre le comportement du massif rocheux
et de développer une ingénierie concordante.
Introduction 3
Les déplacements
surviennent suite à la
diminution de la
résistance du massif
τ Dans le massif
Les contraintes normales
rocheux la valeur des σn = 0
contraintes principales
perpendiculaires et les et leur orientation sont
contraintes de modifiées. Une des
cisaillement tangentielles Contraintes
aux parois de principales devient
l'excavation s'annulent. perpendiculaire à une
des parois de
l' ti
Figure 1.2 Une explication conceptuelle des effets liés à une excavation, d'après
Hudson et Harrison (1997).
1.3. La structure géologique
La plupart des excavations minières sont réalisées dans un massif rocheux présentant des
discontinuités. La présence de plans de faiblesse provoque une division du massif rocheux en une
série de blocs dont la taille, la forme et l'orientation, influencent la stabilité des ouvrages souterrains.
La Figure 1.3 illustre les caractéristiques importantes de la structure géologique.
L'orientation, la direction du pendage et le pendage: on pose l'hypothèse que les discontinuités sont
planes. Par conséquent, la direction du pendage (l'orientation de la droite avec la pente la plus raide
dans le plan de la discontinuité) et le pendage (l'angle que cette droite fait avec le plan horizontal)
Introduction 4
La persistance, la taille et la forme: l'étendue de la discontinuité dans son propre plan, de même que
les facteurs tels que la forme, et les dimensions caractéristiques associées peuvent être évalués en
considérant les discontinuités comme des disques pour les besoins d'analyse et d'échantillonnage.
La rugosité: bien que les discontinuités soient considérées planes par hypothèse pour le besoin de
l'analyse de l'orientation et de la persistance, leur surface peut être rugueuse. La rugosité d'une
discontinuité peut être quantifiée en se référant aux diagrammes standards ou de façon
mathématique, ISRM (1981).
L'ouverture: il s'agit de la distance la plus courte entre les deux faces d'une discontinuité. Cette
distance constitue une valeur constante pour les surfaces adjacentes parallèles et planes, une valeur
variant linéairement pour les surfaces adjacentes non parallèles mais planes, et une valeur très
variable pour les surfaces adjacentes rugueuses.
Famille de discontinuités: l'orientation de la plupart des discontinuités n'est pas aléatoire. En effet,
elles se regroupent généralement suivant une orientation préférentielle associée à leurs mécanismes
de formation. Donc, il est très souvent nécessaire de considérer le concept de famille de
discontinuités qui consiste en un ensemble de discontinuités parallèles ou subparallèles. Le nombre
de ces familles caractérise la géométrie des blocs d'un massif rocheux donné.
La taille du bloc: comme l'illustre la Figure 1.3, l'intersection de plusieurs familles de discontinuités
implique la présence de blocs. En terme d'excavation et de soutènement, il est utile d'avoir un estimé
de la blocométrie du massif rocheux, qui définit à la fois la taille des blocs et la distribution de la taille
des blocs, Hadjigeorgiou et al. (1998).
1.4. Le zonage
Pour les besoins d'ingénierie, il est d'usage de diviser le massif rocheux en zones qui présentent le
même comportement ou les mêmes propriétés. En définissant un domaine géotechnique, il est
nécessaire de considérer entre autres les facteurs suivants: la résistance du massif rocheux, les
propriétés des discontinuités (l'orientation, l'espacement, la persistance et la résistance), le champ de
contraintes induites, la blocométrie, le module de déformation du massif rocheux, etc.
Les systèmes de classification du massif rocheux procurent une méthodologie simple pour déterminer
l'étendue des différentes zones géotechniques. Les trois méthodes de classification les plus
populaires sont: le RQD de Deere et al. (1967), le système RMR de Bieniawski (1973) et le système Q
par Barton et al. (1974), voir Annexe A.
Introduction 5
Il existe plusieurs méthodes de mesure des contraintes in situ. Arjang (1996) et Corthésy et al. (1993)
ont fourni des revues détaillées de ces techniques et ont énuméré les avantages et inconvénients de
chacune d'elles. Les méthodes les plus couramment utilisées sont présentées dans le Tableau 1.1.
Principe Méthode
Rétablissement Vérin plat (1D)
Fracturation Fracturation hydraulique (2D)
Récupération Cellule BDG du USBM (2D)
Récupération Cellule CSIR "Doorstopper" (2D)
Récupération Cellule CSIRO (3D)
Arjang et Herget (1997) ont recensé l'ensemble des mesures de contraintes naturelles réalisées dans
plusieurs sites du Bouclier canadien pour des roches précambriennes, soit
des granités, des gneiss granitiques, des roches volcaniques ou encore des roches sédimentaires
métamorphisées, Tableau 1.2. Arjang et Herget (1997) ont été obligés de tenir compte de l'existence
de valeurs particulièrement élevées de contraintes verticales σ v et de contraintes horizontales
σ h observées dans certaines mines et qui ne pouvaient pas être mises en doute. Ils ont accepté que
ces valeurs élevées ( σ v , σ h ) étaient causées par le voisinage de zones particulières au point de vue
tectonique (zone de faille, proximité d'un intrusif), Arjang (1996) a aussi proposé un modèle empirique
spécifique à la région de l'Abitibi, Tableau 1.3.
Aussi spécifique à l'Abitibi, Corthésy et al. (1998) ont élaboré un modèle de prédiction des contraintes
in situ dans la région de la faille Cadillac, Tableau 1.4. Ils suggèrent cependant que les relations
empiriques soient utilisées avec précaution parce que l'on observe une grande dispersion dans les
données disponibles. La source de cette dispersion est un ensemble de facteurs qui vont inclure le
mode de formation du gisement et des structures géologiques, la quantité et la variation spatiale des
structures géologiques, les propriétés du massif rocheux ainsi que les zones d'influence des
excavations.
Introduction 6
Tableau 1.2 Orientation et grandeur des contraintes avec la profondeur, pour le Bouclier
canadien, d'après Arjang et Herget (1997).
Tableau 1.3 Orientation et grandeur des contraintes selon la profondeur, pour l'Abitibi,
d'après Arjang (1996).
Tableau 1.4 Variation d'orientation des contraintes et de grandeur des contraintes avec
la profondeur le long de la faille de Cadillac, d'après Corthésy et al. (1998).
Puits Chantiers
Rampes d'accès Accès aux chantiers
Le niveau de développement principal Accès au forage
Garage ...........
Sortie de secours
Lors des étapes préliminaires de la planification, il peut être possible de déplacer une excavation de
façon à tirer avantage de meilleures conditions de terrain. Stacey et Page (1986) ont identifié les
paramètres critiques permettant d'optimiser la géométrie d'une excavation comme sa localisation, son
orientation, sa forme et sa taille. Dans certaines situations, il peut être possible de localiser
l'excavation au sein d'une roche compétente afin d'éviter ou de limiter les problèmes d'instabilité,
Figure 1.4.
Un autre paramètre important est la forme optimale de l'ouvrage excavé. Il est actuellement
recommandé que les excavations soient conçues de façon à tirer profit de la forme naturelle stable du
massif rocheux rencontré, Figure 1.6. Cette forme devrait également être choisie en fonction de l'état
de contraintes en place afin de limiter l'instabilité du massif rocheux. Par exemple, une forme elliptique
orientée dans la direction des contraintes principales majeures minimise la grandeur des contraintes
aux abords des parois de l'excavation, Figure 1.7. Cependant, lorsque la roche est peu résistante ou
lorsque les contraintes sont élevées, il peut être parfois préférable d'opter pour une forme permettant
une rupture contrôlée et progressive du massif rocheux qui sera maintenu en place par la suite. Enfin,
lorsqu'on augmente la taille d'une excavation, les risques de rencontrer de grands plans de faiblesses
sont accrus et les problèmes d'instabilité qui y sont reliés augmentent également.
Introduction 8
Bloc stable
Bloc instable
Figure 1.5 Modification de l'orientation d'un ouvrage souterrain, d'après Stacey et Page
(1986).
Figure 1.7 Influence de l'orientation des contraintes, d'après Stacey et Page (1986).
Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 10
Figure 2.1 Comportement du massif rocheux autour d'une excavation, d'après Hoek et al.
(1995).
Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 11
Lorsque les excavations sont creusées dans un massif rocheux dont les contraintes sont de faibles à
modérées, leur stabilité est surtout influencée par le régime structural caractérisé par la présence de
joints ou d'autres plans de faiblesse. Dans ces circonstances, les supports sont utilisés pour stabiliser
des blocs individuels du terrain à faible déformation. L'analyse par la méthode traditionnelle d'équilibre
limite est alors adaptée à la détermination de la stabilité et l'influence du support. Les logiciels tels que
Unwedge, Carvalho et al. (1992), facilitent l'analyse de la stabilité des blocs. Si la matrice rocheuse
est très altérée ou fragmentée, le comportement global s'assimile plutôt à de l'écoulement.
Lorsque les excavations sont creusées dans un massif rocheux aux contraintes très élevées, la
rupture progresse en passant par l'écaillement fragile et la formation de plaques dans le cas d'un
massif rocheux avec peu de joints, ou par un mode de rupture beaucoup plus ductile pour un massif
rocheux avec beaucoup de joints. La phase finale de rupture survient par glissement des blocs le long
des discontinuités, entraînant leur effondrement. Cette rupture est souvent accompagnée d'un
soulèvement du plancher et d'une convergence majeure des parois.
2.2. Description qualitative des terrains
Le principe de base d'une description qualitative est de déterminer les mécanismes responsables de
l'instabilité. Il est donc important de reconnaître, parmi les situations géostructurales typiques des
excavations souterraines, celles qui peuvent amener des chutes de terrain. La Figure 2.2 décrit des
géologies structurales typiques rencontrées autour d'une excavation souterraine.
Un bloc en coin potentiellement instable Roc lité horizontalement situé sous du roc
intact, soumis au poids des terrains sus-jacents
Roc de faible résistance lité horizontalement Blocs de roc individuels pouvant tomber sous
l’effet de la gravité ou des contraintes en place
Figure 2.2 Géologies structurales typiques d'une excavation souterraine, d'après Stillborg
(1994).
Le «Mining Accidents Prévention Association of Ontario» a produit une documentation élaborée sur
les chutes de terrain, Lalonde (1983). Les Figures 2.3 et 2.4 montrent différentes situations dans
lesquelles on peut avoir des chutes de terrain associées à des ruptures du massif rocheux, d'après
Lalonde (1983).
Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 12
Rupture par tension Fissures verticales au toit dues aux Terrain fragmenté ou
contraintes de tension fracturé dû à des
contraintes de tension
Eponte supérieure
Eponte inférieure
Pilier original
Contour du pilier
après le cisaillement
Rupture par cisaillement
Cisaillement le long du pilier dû à de
fortes contraintes.
Un coup de toit est une rupture soudaine et violente d'un massif rocheux accompagnée d'un
événement sismique. Hediey (1992) définit cet événement sismique comme un mouvement passager
du terrain causé par une libération soudaine de l'énergie potentielle ou de l'énergie de déformation
emmagasinée dans la roche. Par conséquent, l'énergie sismique rayonne sous forme d'ondes de
déformation. La magnitude d'un événement sismique est généralement calculée à partir de l'amplitude
maximale de l'onde de déformation exprimée sur une échelle logarithmique. Un coup de toit désigne
également un événement sismique causant des blessures physiques à des personnes ou des
dommages aux installations souterraines. La principale caractéristique des coups de toit est leur
nature soudaine.
Les récentes années ont vu une prolifération de la recherche sur les coups de terrain comme en
réfèrent les travaux de Hediey (1992), Kaiser et al. (1996) et de Simon et al. (1998). Wahistrôm (1973)
présente trois conditions géologiques pouvant favoriser l'occurrence de coups de terrain, Figure 2.5.
En a) le poids du terrain dans le cas d'un tunnel foncé à grande profondeur dans un granité fragile,
cause une déformation semi - plastique dans une lentille de schiste à mica peu compétente. Le coup
de terrain (zone hachurée) se produit dans le granité du tunnel au point le plus rapproché de la lentille.
En b) l'injection forcée d'un dyke dans un quartzite dur produit des contraintes résiduelles qui
favoriseront l'occurrence d'un coup de terrain dans le mur du tunnel. Finalement, en c) les forces
ayant causé une déformation élastique dans une roche ignée résistante, sont dirigées vers
l'excavation et peuvent initier un coup de terrain.
Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 14
Kaiser et al. (1996) ont identifié trois mécanismes majeurs des dommages causés par les coups de
toit, qui peuvent être déclenchés aussi bien par l'accumulation de contraintes que par des
événements sismiques, Figure 2.6. On distingue: a) Le gonflement du massif rocheux dû à la
fracturation: il a lieu lorsque les contraintes autour de l'excavation excèdent soudainement la
résistance du massif rocheux, ayant comme effet la création d'une zone fracturée. Une forme
différente de gonflement survient lorsque le massif autour de l'excavation connaît une rupture causée
par un chargement excessif d'une structure géologique, b) L'éjection des blocs due au transfert de
l'énergie sismique: le transfert de l'énergie sismique provenant de l'onde de contrainte sismique peut
causer une éjection violente des blocs dans la périphérie de l'excavation. Ce phénomène, qui est par
ailleurs très commun dans les mines de l'Afrique du Sud, ne semble pas être un phénomène courant
dans es mines canadiennes, c) Les chutes de roches dues à un séisme: ceci survient lorsqu'une
onde sismique accélère dans un volume de roche initialement stable sous des conditions statiques.
Figure 2.6 Mécanismes des dommages causés par les coups de toit, d'après Kaiser et al.
(1996).
Il est d'autant plus important d'identifier le mécanisme dominant que pour fournir un support optimal, la
conception doit mener à un soutènement spécifique au mécanisme et aux dommages anticipés.
Kaiser et al. (1996) ont montré que, même si la sévérité du dommage dépend de plusieurs facteurs, le
mécanisme est surtout caractérisé par la profondeur et l'étendue latérale du roc endommagé autour
de l'excavation, Figure 2.7. La prédiction des
zones endommagées peut être empiriquement basée sur les données des coups de toit précédents
sur le site.
Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 15
Kaiser et al. (1996) proposent une série de corrélations entre les mécanismes de dommage et la
nature des dommages anticipés. Cette information est très utile quand on cherche le système de
soutènement approprié pour différentes situations. Le Tableau 2.1 est tiré du «Canadian Rockburst
Handbook» par Kaiser et al. (1996), et résume les principales caractéristiques mécaniques et
physiques reliées au mécanisme de dommage associé à un coup de terrain. Ces caractéristiques
permettent de définir quel type de soutènement sera approprié au coup de terrain attendu et aux
dommages anticipés.
Tableau 2.1 Mécanismes de dommage des coups de terrain, d'après Kaiser et ai. (1996).
Note. c : convergence anticipée avec un système de support adéquat; Ve vélocité de la roche éjectée ou
déplacée; a : accélération sismique; g: accélération gravitationnelle; e : épaisseur de la zone affectée; na : non
applicable.
L'objectif de la stabilisation du massif rocheux est de maintenir l'intégrité de l'excavation comme il fut
déterminé par les objectifs d'ingénierie. Le renforcement consiste à accroître la résistance interne du
roc aux sollicitations mécaniques; on insère les boulons ou les câbles dans le massif rocheux, de
sorte que le massif est rigidifié et renforcé avec comme objectif qu'il puisse s'autosupporter, Figure
2.8.
Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 16
Boulons
Ex: Une face
boulonnée
Le renforcement induit
les forces stabilisatrices
dans le massif rocheux
Couche de
béton Discontinuités
Le support consiste à introduire des éléments structuraux de façon à inhiber ou du moins à contrôler
la déformation du massif rocheux à la paroi de l'excavation, Figure 2.9. On peut utiliser les anneaux
de béton coulé, le béton projeté ou dans les conditions extrêmes les cintres d'acier. Dans la roche
intacte, les éléments structuraux appliquent des forces ou des contraintes qui restreignent les
déplacements du milieu. Dans des conditions de roche très fracturée, les éléments structuraux
inhibent le déplacement des blocs individuels.
Ex : Un anneau de
segment de béton
coulé
Les modes d'action du renforcement par boulons et par câbles d'ancrages se rangent parmi quatre
grandes classes: la suspension des terrains, l'armature des terrains lités et stratifiés, le
développement d'une voûte et la stabilisation des blocs critiques, Figure 2.10.
Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 17
a b
c d
Ce mode d'action est le plus simple à concevoir. On accepte que le soutènement doive porter la
totalité du poids d'une couche de terrain mince ou de très mauvaise qualité. La suspension ne
s'applique qu'à des situations extrêmes, rencontrées dans certains terrains sédimentaires dont la
stratification est relativement horizontale. Le mode d'action par suspension s'apparente un peu au
support, sauf que les éléments structuraux de renforcement sont internes, par rapport à la position
externe des éléments de support.
Ce mode d'action des boulons est relativement simple: sa fonction est de solidariser par friction les
premières strates du massif rocheux, de façon à former une poutre de plus grande épaisseur et
autoportante. Les forces auxquelles sont soumises les couches solidarisées sont, d'une part, leur
poids propre, et d'autre part, celles produites par les contraintes verticales (toit) ou horizontales (murs)
provenant de la concentration des contraintes naturelles à la paroi. Ces forces causent le flambage
des couches vers l'intérieur de la galerie.
Le mécanisme principal qui mène à la formation d'une voûte rocheuse au toit d'une excavation
souterraine est le blocage du mouvement des fissures. Lors du percement d'une cavité souterraine, il
est maintenant reconnu qu'une certaine convergence des parois se produit. Cette convergence nous
intéresse car elle correspond à la période de formation d'une voûte naturelle par le massif rocheux
dans la zone détendue qui s'affaisse sous l'action de la gravité. L'action du boutonnage dans ces
conditions consiste à restreindre le mouvement des blocs de roche et maintenir en place ces blocs en
vue d'éviter leur chute, laquelle amorcerait un désenchevêtrement du terrain. Par conséquent, le
renforcement contrôle l'affaissement de la masse rocheuse pendant que la voûte naturelle se
construit. Par contre, le concept de voûte artificielle créée par des boulons tensionnés au toit de
Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 18
l'excavation est le résultat de la zone de compression uniforme produite par la tension entre la coquille
et la plaque d'appui. Ce mécanisme est applicable autant dans le roc massif que très fracturé;
toutefois, la zone de compression est accompagnée d'une zone de traction entre les boulons, et cette
région doit être protégée par du grillage ou des boulons plus courts. Ce mécanisme explique l'action
du boutonnage sur la stabilisation du toit des excavations souterraines dans les massifs rocheux très
fracturés. De tels terrains sont typiques des exploitations minières de minerais métalliques qui sont
situées dans des roches ignées du type magmatique (granité, diorite, gabbro) ou volcanique (rhyolite,
andésite, basalte) ou dans des roches métamorphiques (schistes et gneiss granitiques). Les mines
québécoises situées dans le bouclier canadien s'apparentent particulièrement bien à ce type de
géologie.
Figure 2.11 Le concept de l'interaction roc - soutènement, d'après Hoek et Brown (1980).
Fiches techniques 19
3 Fiches techniques
3.1. Introduction
Une enquête a été menée auprès de mines souterraines métallifères du Québec et du Nouveau-
Brunswick à propos des différents types de soutènements actuellement utilisés et de leurs domaines
d'utilisation, Lemy et al. (1998). Les résultats de cette enquête sont synthétisés à la Figure 3.1, qui
montre que le boulonnage et la fixation du grillage sont des méthodes de soutènement utilisées dans
toutes les mines sondées. On remarque également que la pose de câbles d'ancrage et du béton
projeté sont des pratiques courantes dans la stabilisation des excavations minières.
Figure 3.1 Différents types de soutènements utilisés dans 15 mines du Québec et du Nouveau-
Brunswick, d'après Lemy et al. (1998).
Des câbles d'ancrage de diverses longueurs sont posés dans la majorité des mines afin de renforcer
les épontes du gisement et le toit des grandes ouvertures provisoires (chantiers, intersection de
galeries,..) ou permanentes (accès critiques, points de soutirage, galeries de roulage,...) ainsi que
pour certains travaux de réhabilitation. Le grillage est très utilisé avec ou sans béton projeté dans les
ouvrages permanents mais aussi dans les excavations temporaires (murs et toits des chantiers et des
galeries) lorsque la qualité de la roche n'est pas suffisante. Les treillis sont fixés à l'aide de boulons et
sont parfois accompagnés de traverses de soutènement. La totalité des mines québécoises (et des
mines modernes en général) utilise les boulons pour renforcer les parois de leurs excavations et pour
installer le grillage.
Ce chapitre présente une liste des données techniques sur les principaux systèmes de soutènement.
Sauf indication contraire, ces informations proviennent de sources variées, incluant les données des
manufacturiers, des publications variées, de l'information fournie directement par la communauté du
contrôle des terrains ainsi que l'expérience des auteurs. Pour fin de présentation, l'information est
généralement synthétisée et les multiples références ne sont pas mentionnées, sauf lorsque l'on fait
directement référence à un auteur ou une publication. De l'information plus complète est disponible
dans les ouvrages de Hadjigeorgiou et al. (1998) pour les boulons d'ancrage, Hutchinson &
Diederichs (1996) pour les câbles d'ancrage et Norcad (1995) pour le béton projeté.
Fiches techniques 20
Les boulons à ancrage mécanique sont formés d'une tige d'acier filetée à une extrémité pour recevoir
la coquille tandis que l'autre extrémité est terminée par une tête forgée ou filetée pour recevoir un
écrou. On place toujours une plaque d'appui près de la tête afin de pouvoir tensionner les boulons.
Avantages:
Relativement économique.
Offre une action de soutènement dès son installation.
Un couple est appliqué à la tête du boulon et un tensionnement s'exerce dans
la tige.
Avec l'ajout de ciment ou d'une résine pour éviter la corrosion, il peut devenir
un mode de soutènement permanent.
En examinant la plaque d'appui, on peut savoir si le boulon reste efficace.
Des tests simples peuvent être réalisés pour vérifier son efficacité, ce qui n'est
généralement pas possible avec tous les autres types de boulons.
Limitations:
Usage limité aux conditions de roche modérément dure à dure:
Ils ne sont pas recommandés pour la roche tendre parce que le contact entre la
roche et
la coquille d'expansion n'est pas stable.
Ils ne sont pas recommandés pour la roche très dure parce que la prise de la
coquille d'expansion sur ce type de roche est insuffisante.
Les vibrations causées par un sautage (jusqu'à 20 m du site de boulonnage)
peuvent engendrer une perte de tension dans les boulons.
Le tensionnement doit être vérifié à intervalles réguliers.
Fiches techniques 21
Information technique:
Le boulon Rebar (valeurs typiques):
Diamètre de la tige: 20 mm
Limite élastique de l'acier: 120 RN
Résistance à la rupture de l'acier: 180 RN
Pourcentage d'allongement à la rupture: 15 %
Poids du boulon (sans la plaque d'appui ni l'écrou): 2.6 kg/m
Longueur des tiges: 0.45 à 6 m
Diamètre du trou de forage recommandé: 35 à 40 mm
Propriétés des résines (valeurs typiques):
Densité: 1.85
Résistance en traction: 17 MPa
Résistance en compression: 110 MPa
Résistance au cisaillement: 50 MPa
Module d'élasticité: 7000 MPa
Coefficient de Poisson: 0.3
Allongement à la rupture: 0.2 %
Avantages:
Prise rapide (1 à 30 minutes).
Possibilité de tensionnement si l'on utilise deux résines à temps de prise, différents.
Résistance à l'arrachement très élevée.
Offre une bonne protection contre la corrosion du boulon lorsque le scellement recouvre
l'ensemble de la barre.
Offre une meilleure résistance à l'arrachement que le boulon à ancrage mécanique
dans des conditions de vibrations causées par un sautage près du site de boulonnage.
Limitations:
Coût de la résine relativement élevé.
Toxicité des vapeurs et risques d'irritation de la peau et des yeux.
Inflammabilité des résines.
Temps de prise variable avec la température.
Sensibilité à la chaleur et au froid.
Les cartouches de résine non utilisées ont une durée de vie limitée (aussi courte que 6
mois).
Fiches techniques 22
Avantages:
Les tiges peuvent être assemblées bout à bout par des manchons.
Moins coûteux à l'achat que le boulon scellé à la résine.
Résistance à l'arrachement élevée.
Très bonne protection contre la corrosion, particulièrement approprié pour les
installations permanentes.
Limitations:
Prise lente (environ 1 jour).
Manque de contrôle sur la qualité du coulis (risque de ségrégation) et de
l'ancrage (si le fond du trou n'est pas rempli ou si de grandes fractures
ouvertes sont présentes).
Pose plus ardue dans les trous de forage vers le haut.
Temps de pose des boulons est plus long à cause du temps de préparation et
de pompage du coulis.
Fiches techniques 23
Ce boulon (marque déposée de Atlas Copco) est formé d'un tube d'acier qui est déformé
mécaniquement pour le ramener à un diamètre plus petit. Le boulon est ensuite gonflé par pression
d'eau et la résistance à l'arrachement est produite par le frottement du boulon contre la paroi du trou.
Yielding
Information technique : Standard Super standard
Diamètre d'origine du tube (mm) 41 54 41
Épaisseur du tube (mm) 2 3 2
Diamètre recommandé du trou de forage (mm) 32 à 38 43 à 52 32 à 38
Longueurs disponibles (m) 0.6 à 12 2.1 à 8 0.6 à 5.5
Pression d'installation à la pompe (MPa) 30 30 30
Charge de rupture minimum du boulon (kN) 100 200 85
% d'allongement minimum à la rupture 15 15 35
Avantages :
Son installation est simple et rapide. Il offre une action de soutènement dès son installation.
II est approprié pour des conditions variables de terrain.
Sa résistance à l'arrachement est élevée par rapport aux boulons de type Split Set et sa
tolérance face au diamètre du trou de forage est élevée.
Les boulons défectueux sont rapidement détectés lors de l'installation par le niveau de la
pression d'eau.
Ce type de boulon peut supporter sans perte d'efficacité de grands déplacements (de l'ordre
du diamètre du trou de forage en cisaillement) dans le massif rocheux.
Limitations :
Relativement coûteux à l'achat par rapport aux boulons à ancrage mécanique.
Une pompe spéciale est requise pour l'installation.
Dans certaines conditions, peut être sensible à la corrosion. Cependant un modèle avec un
revêtement élastique procure une protection efficace contre la corrosion dans la plupart des
conditions. Des modèles en acier inoxydables sont aussi disponibles.
Sa résistance à l'arrachement est variable selon le type de roche, le diamètre du trou de
forage et la pression de gonflement.
Dans certains cas (collet très fracturé, roc sous contraintes) le gonflement du boulon peut
causer l'effritement de la paroi rocheuse autour du collet du trou de forage. On peut
remédier à ce problème en plaçant un manchon (un tube rigide) sous la plaque d'appui
avant l'installation.
Fiches techniques 24
Le boulon à friction de type Split Set (marque déposée de Ingersoll Rand Co.) est formé d'un tube
d'acier de longueur variable, fendu dans le sens de la longueur et destiné à être inséré dans un trou de
forage de diamètre légèrement inférieur. Les boulons de type Roc-Set sont similaires aux Split Set.
Information technique: SS-33 SS-39 SS-46
Diamètre du tube (mm) 33 39 46
Diamètre du taillant recommandé (mm) 31 à 32 35 à 38 41 à 44
Longueur du tube (m) 0.9 à 2.9 0.9 à 3 0.9 à 3.7
Résistance typique à la rupture (kN)) 110 130 180
Ancrage initial attendu (tonnes) 3à5 3à5 5à9
Charge de dépassement de la limite élastique (kN) 83 95
Pourcentage d'allongement à la rupture (%) 16 16 16
Poids du boulon (kg/m) sans la plaque d'appui 1.6 1.8 2.8
Avantages:
L'installation est simple et ne nécessite pas d'équipement spécifique (il peut
être installé à l'aide d'un adaptateur sur la foreuse).
II offre une action de soutènement dès son installation. La force d'ancrage
augmente souvent avec le temps.
Ce type de boulon peut supporter sans faillir de grands déplacements dans le
massif rocheux.
II peut être employé dans diverses conditions de terrain. Il est cependant
moins approprié lorsque la roche est très fracturée ou très tendre.
II convient particulièrement bien dans le cas de roches modérément
fracturées, puisqu'il va se déformer et se plier sans se rompre.
Employé avec un grillage, il retiendra la roche fracturée.
En principe, le détachement de l'anneau et la fermeture de la rainure donnent
une bonne indication du changement de pression.
Limitations:
Relativement coûteux par rapport aux boulons à ancrage mécanique.
Sensible à la corrosion, il n'est pas recommandé pour une excavation
permanente; cependant, certains modèles en acier inoxydable ou galvanisé
peuvent apporter une amélioration importante.
Le diamètre du trou est un paramètre critique.
Fiches techniques 25
Paramètres critiques:
Très sensible à une réduction du module d'élasticité de la roche sous 10 GPa.
Sensible aux variations de contraintes. Une importante relaxation du massif
rocheux peut faire tendre vers zéro la force d'adhérence.
Contrôle de qualité nécessaire en tenant compte de l'opération de scellement et
de l'entreposage.
Qualité et propreté de la surface du toron.
Avantages:
Facilement disponible, peu coûteux à l'achat et simple à installer.
Peut être transporté en bobine continue.
Convient à des trous de plus petit diamètre que celui nécessaire aux torons de
géométrie modifiée.
Ajout d'une plaque et ancrage de surface facilement réalisables.
Système relativement ductile.
Limitations:
Grande sensibilité aux paramètres évoqués ci-dessus.
Force d'adhérence plus faible et plus grande longueur de scellement critique.
Caractéristiques principales:
Rigidité initiale:
Double de la rigidité initiale d'un toron ordinaire.
Capacité de déplacement:
Variable.
Peut être importante pour un scellement avec faible rapport eau : ciment.
Capacité de chargement:
Charge à l'arrachement pour de petites longueurs de scellement est 35 à 80%
supérieure à celle des torons ordinaires.
Rupture du toron à 20-22 tonnes en raison de l'excentricité de la charge appliquée
sur chacun des brins.
Paramètre critique:
La prise des "birdcage" doit être solide. Un "birdcage" mal scellé réduit son efficacité et
augmente la difficulté de l'installation.
Avantages:
Coût légèrement plus élevé que celui des torons ordinaires.
Système rigide et résistant.
Pas de canal central contribuant à l'écoulement du scellement lors de l'installation.
Limitations:
Ne peut être muni d'une plaque à moins qu'une section de toron ordinaire soit
laissée à l'extrémité.
Difficile à insérer et à manipuler.
Ne peut être transporté en bobine continue.
Nécessite des trous de grand diamètre.
Le comportement du câble en cisaillement pur ou partiel peut être imprévisible en
raison
de la mise en charge inégale des différents brins.
Ne peut être installé à l'aide d'un inséreur de câbles automatique standard.
Caractéristiques principales:
Note: Taille recommandée de l'écrou de 12 à 16 mm.
Rigidité initiale:
La rigidité pour une longueur de scellement de 300 mm est au moins 100% plus
grande que celle d'un câble monotoron. De plus grands écrous donnent une plus
grande rigidité à l'arrachement.
Capacité de déplacement:
Pour des confinements modérés et une longueur de scellement de 300 mm, la
rupture du câble apparaît entre 25 et 30 mm pour un écrou de 15.9 mm et entre
40 et 50 mm pour un écrou de 12.7 mm.
Capacité de chargement:
Charge à l'arrachement 100 à 200% plus grande que celle d'un câble monotoron
(pour une longueur de 300 mm) dépendamment du scellement et du
confinement.
Résistance en tension:
limite élastique: 20 tonnes
tonnes rupture: 25 tonnes
Paramètres critiques:
Sensible à la taille de l'écrou; maximum recommandé est 16 mm
Sensible à la réduction du module d'élasticité de la roche sous 10 GPa. Capacité
toujours 2 à 3 fois plus grande que celle d'un câble monotoron dans ces
conditions.
Avantages:
Ductilité satisfaisante (ajustée par la taille de l'écrou).
Trou de petit diamètre.
Limitations:
Ne peut être fabriqué, pour l'instant, en bobines continues.
Modes de rupture différents avec des écrous de grande taille.
Caractéristiques principales:
Rigidité initiale:
Environ le double de la rigidité d'un toron ordinaire.
50% de la charge d'arrachement après 2 à 5 mm et 100% à 20 mm.
Capacité de déplacement:
Limitée mais satisfaisante. La rupture des brins apparaît entre 20 et 30 mm.
Capacité de chargement:
Charge à l'arrachement proche de la résistance du toron pour une longueur de
scellement de 300 mm, un rapport eau:ciment de 0.4 et une grande gamme de
confinements.
Rupture des brins à partir d'environ 24 tonnes.
Paramètres critiques:
Légèrement sensible à une réduction du module d'élasticité de la roche sous 10
GPa.
Le scellement doit remplir la structure en bulbe pour assurer un transfert de charge
efficace.
Charge d'arrachement imprévisible pour un diamètre du bulbe supérieur à 35 mm.
Avantages:
Peu coûteux et simple à installer.
Peut être transporté en bobine continue.
Peut facilement être adapté pour être muni d'une plaque ou de sections non
scellées.
L'espacement entre les bulbes, et leur diamètre peuvent être spécifiés pour
correspondre à l'application.
Limitation:
Un mauvais scellement peut résulter en une amélioration minime par rapport au
câble monotoron
Avantages:
Support immédiat.
Support à long
terme.
Limitations:
Installation en deux étapes.
Installation:
Se placent entre la tête du boulon et la paroi ou un accessoire (traverse,
grillage).
La plaque doit faire le meilleur contact possible avec la paroi (voir remarques).
Pour favoriser un meilleur contact, on peut utiliser des rondelles biseautées ou
hémisphériques avec les boulons posés à angle.
Avantages:
Les plaques bombées et triangulaires favorisent un meilleur contact plaque -
paroi lorsque la paroi est très irrégulière.
Les plaques plus flexibles (6 mm) sont recommandées spécialement avec une
paroi très irrégulière.
Limitations:
Les plaques bombées sont plus sensibles aux petits déplacements dans le roc.
Lors d'une grande mise en tension du boulon, les plaques plates concentrent
les contraintes près du trou et causent l'effritement de la paroi à cet endroit.
Fiches techniques 30
Usage:
Soutenir le poids des terrains susceptibles de se détacher.
Se protéger contre les chutes de blocs.
Stabiliser les parois de l'ouverture.
Capacité portante généralement suffisante pour porter le poids des terrains
susceptibles de se détacher dans un rectangle de 1.2 m x 1.2 m.
Capacité portante maximale à un déplacement de 40 cm pour un grillage à
mailles entrelacées et de 28 cm pour celui à mailles soudées.
Avantages:
Le grillage est relativement économique et mis en place rapidement.
II est facile à attacher à des soutènements déjà installés à l'aide de plaques et
de boulons
supplémentaires.
II est facilement réparé.
II permet de retenir en place des petits blocs.
II aide à la stabilité structurale en favorisant l'effet de voûte.
Il s'oppose à la projection de roches lors d'un coup de terrain.
Limitations:
La capacité portante dépend de la qualité de la pose des boulons d'ancrage,
des plaques d'appui (acier ou bois) et du grillage lui-même.
Le grillage ne peut supporter de charges excessives de la part de la roche
fracturée sans se rompre.
Le grillage #9 est souvent endommagé par des fragments de roche provenant
de sautages voisins s'il est installé à proximité de la face libre. L'utilisation d'un
calibre supérieur (#6) réduira les dommages.
Le calibre #6 est moins flexible et est plus difficile à utiliser dans les coins.
Fiches techniques 31
Installation:
Placée entre la plaque d'appui en acier et le grillage.
Avantage:
Protection efficace du grillage.
Limitations:
Perte de tension à long terme (dommage, dégradation).
Tension initiale réduite dans le boulon.
Installation:
Placé entre la plaque d'appui et la paroi.
Avantage:
Avertissement de la mise en tension.
Limitations:
Peuvent causer des pertes de tension à long terme si la déformation attendue
ne se produit pas ou si le bloc est fendu ou pourri.
Tension initiale réduite.
Fiches techniques 32
Installation
Placée entre l'écrou (ou la tête forgée) et la plaque
d'appui.
Avantages:
Avantageuse avec une plaque de bois et du grillage.
Augmente la tension lors de la pose.
Réduit les pertes de tension à long terme
Limitations:
Non recommandable avec des têtes forgées si les boulons sont posés à angle.
Rondelle biseautée
Fiches techniques 33
Données techniques:
Bandes en acier.
Dimensions: épaisseur 6mm (1/4 ") ou moins, 100 mm (4") de largeur et longueur
variable 0.9 m (3'), 1.2 m (4'), 1.8 m (6') ou 2.4 m (8').
Installation:
Posée avec tous types de boulons.
Appliquée perpendiculairement aux discontinuités.
Placée au toit ou à la paroi.
Placée entre la paroi et la plaque d'appui.
Dans le cas de parois très irrégulières, on utilisera des traverses minces.
Avantages:
Efficace dans certaines conditions.
Limitations:
Peut réduire la tension à la pose si le terrain est irrégulier.
Fiches techniques 34
3.19. Mineguard™
Description:
Support d'excavation de type enduit projeté. Membrane solide en polyuréthane
(Urylon 201-15).
Propriétés déterminées en laboratoire (-40 et +40°C; taux d'humidité: entre 35 et 98%):
Résistance en tension :
Directement après l'installation: 11 MPa
Après 10 ans et en immersion 30 jours dans NaOH : 4.5 MPa
Applications:
Le produit est testé actuellement dans plusieurs mines.
Soutènement minier conseillé pour les zones moyennement à très fracturées.
Épaisseur de l'enduit recommandée: minimum de 1.5 mm, optimum de 4 mm.
Vitesse d'application: entre 1.77 et 2.3 m^min.
Avantages:
Rebond : <<1 %.
Allongement (directement après la pause) : 110 %
Le produit possède sa résistance maximale après quelques minutes.
Aucun risque environmental après la pause.
Le revêtement mis en place ne modifie pas significativement les conditions de
ventilation.
Limitations:
L'élongation change beaucoup en fonction du temps (328 % après 15 ans et en
immersion 30 jours dans NaOH).
Risques environnementaux durant le transport et pendant l'utilisation :
respiration.
L'humidité sur les parois enduites rend la membrane poreuse.
Référence: Archibald et al. (1997).
Fiches techniques 35
Le béton projeté est un mortier ou un produit de béton. Il est acheminé d'un équipement spécialisé à
un boyau et projeté de façon pneumatique avec une haute vélocité sur une surface. Le béton et le
mortier appliqués pneumatiquement ont été utilisés de façon croissante dans le support des
excavations souterraines. La flexibilité de l'équipement, la méthode de mélange et la disponibilité
mettent souvent en valeur le soutènement par béton projeté. Il existe deux techniques de projection:
par voie sèche (avec ou sans prémouillage) et par voie mouillée ou humide.
Avantages:
Contrôle instantané sur l'eau de mixage directement sur la lance au bout du
boyau.
Meilleur contrôle lorsque le type et la composition du ciment projeté varient.
Transport plus facile sur de longues distances.
Arrêt et reprise de l'opération sans aucun problème.
Permet de développer une plus grande résistance.
Seule la quantité d'eau nécessaire à l'hydratation du ciment est ajoutée à la
sortie de la buse, donc le rapport eau/ciment reste faible, ce qui limite le retrait
du béton.
La vitesse de projection du mélange sur la surface d'application est élevée, ce
qui permet une bonne adhérence du béton.
Limitations:
Les rebondissements, donc les pertes, qui sont très importants (25 à 40% du
mélange).
La production de poussière à la projection.
Avantages:
L'eau pour le mixage est contrôlée directement à l'entrée et peut être mesurée.
L'eau de mixage est bien mélangée au ciment.
Moins de poussière et moins de perte de ciment lors des opérations.
Capable d'une plus grande production une fois en opération.
Capable d'automatiser le mode de projection.
Limitations:
La compacité et l'adhérence du béton en place est moins satisfaisante qu'avec
la voie sèche.
Le silicate de soude, utilisé généralement comme accélérateur, doit être utilisé
dans des proportions plus importantes. Il en résulte une diminution des
caractéristiques du béton qui ne peut être compensée que par un dosage plus
important en ciment.
Fiches techniques 36
Dosages typiques pour le béton projeté renforcé de fibre d'acier, d'après Wood (1992).
Composantes Voie humide Voie sèche
3 3
kg/m % matériel humide kg/m % matériel sec
Ciment Portiand 420 18.1 420 19.0
Fumée de silice 40 1.7 2.2
Agrégats 1600 68.9 1670 75.5
Fibres en acier 60 2.6 60 2.7
Accélérateur 13 0.6 13 0.6
Superplastifiant 6L 0.3
Contenant pour eau 2L 0.1
Entraînement d'air Si nécessaire
Eau 180 7.7 Contrôle à la buse
Total 2321 100 2213 100
Conception des systèmes de soutènement 37
4.2. Méthodologie
II existe plusieurs procédures de conception des systèmes de soutènement. Différentes méthodes ont
été développées au fil des années, certaines considérant les spécificités du site étudié et d'autres, le
type du support utilisé. Un point de départ intéressant est la méthodologie proposée par Hoek et al.
(1995), Figure 4.1. La première étape de cette procédure consiste à recueillir les données
géomécaniques qui peuvent être utilisées pour caractériser le massif rocheux. Ensuite, il est
nécessaire de vérifier si le mécanisme de rupture attendu est induit par les caractéristiques
structurales du massif ou par l'accumulation des contraintes autour de l'excavation. Si l'analyse
entreprise suggère l'utilisation d'un support, alors il est nécessaire de choisir le type de support
approprié et de réaliser sa conception, son installation ainsi que son monitoring. Ces sujets seront
traités dans la suite de ce chapitre et du guide. Plusieurs types de support peuvent appropriés à une
situation particulière. Dans ce cas, le choix du type de support est basé sur la disponibilité des
équipements existants ainsi que sur les coûts qui leur sont associés. En pratique, il est parfois
nécessaire de réévaluer la conception puisque de nouvelles informations deviennent souvent
disponibles avec le temps. C'est pourquoi, il est important d'essayer de relier la conception initiale et
la surveillance afin de fermer la boucle de la procédure de conception.
Dans plusieurs cas, le mode de rupture peut être, en réalité, plus complexe que prévu lorsqu'il existe
une interaction des contraintes avec la structure géologique. Enfin, la qualité des données de terrain
doit également être prise en considération. Il est recommandé que chaque analyse tienne compte de
la variation des données récoltées.
Ruptures dues à la gravité et contrôlées par Ruptures causées par les contraintes en
la structure du massif place dans le massif rocheux environnant
Installation du soutènement avec un contrôle de qualité strict pour s'assurer que la longueur réelle des
boulons d'ancrage et des câbles l'ancrage, le tensionnement et le scellement, le béton projeté effectif,
l'installation des cintres lorsque nécessaire, sont appropriés
Évaluation de l'influence du sautage et des coups de toit sur le soutènement
L > h + 0.75m
W = f × s×c× h×γ
W
B ≥W L−h≥
A
Légende:
c = espacement des boulons le long de l'axe de
W = poids du roc supporté par un boulon l'excavation (m)
individuel (tonne métrique) h = épaisseur de la couche de roche instable (m)
f = facteur de sécurité γ = poids volumique de la roche (tonne/m3)
s = espacement des boulons, perpendiculairement à L = longueur du boulon (m)
l'axe de l'excavation (m)
A = capacité d'ancrage (tonnes/m)
B = capacité du boulon (tonnes métriques)
Figure 4.3 Renforcement d'une couche instable de roc lité horizontalement avec un roc
encaissant solide, d'après Stillborg (1994).
4.5. Renforcement d'une unité du massif rocheux
Lang et Bischoff (1982) ont suggéré que la base du boulonnage du toit réside dans le renforcement de
l'unité du massif rocheux, Figure 4.4. L'unité en question est la zone d'influence de chaque boulon.
Une série de renforcements d'unités du massif rocheux constitue le renforcement de la structure et la
stabilité est assurée si la tension minimale que peut supporter le boulon est plus grande que la valeur
minimale T.
Conception des systèmes de soutènement 41
Légende:
(1) non supporté (5) boulonnage et béton projeté renforcé de fibre
(2) boulonnage ponctuel (6) revêtement en béton coulé ou béton projeté avec fibre
(3) boulonnage systématique (7) revêtement en béton coulé
(4) boulonnage et béton projeté
Figure 4.9 Abaque simplifié de conception du soutènement par le système du NGI.
Conception des systèmes de soutènement 46
Légende:
1) Non supporté 6) Béton projeté renforcé de fibres et
2) Boulonnage ponctuel boulonnage, 9-12 cm
3) Boutonnage systématique 7) Béton projeté renforcé de fibres et
4) Boulonnage systématique et béton projeté boulonnage, 12-15 cm
non renforcé 8) Béton projeté renforcé de fibres et
5) Béton projeté renforcé de fibres et boulonnage, >15 cm, renforcé de cintres
boulonnage, 5-9 cm 9) Revêtement en béton coffré
Figure 4.10 Abaque de conception du soutènement par le système du NGI, d'après
Grimstad et Barton (1993).
L'abaque présenté à la Figure 4.10 est probablement plus approprié pour des excavations de génie
civil. Barton et al. (1974) ont proposé de déterminer la pression de soutènement nécessaire à l'aide de
la classification du NGI, Tableau 4.2.
Conception des systèmes de soutènement 47
Figure 4.11 Analyse de stabilité par le système RMR, d'après Bieniawski (1989).
Bieniawski (1989) suggère que l'on puisse aussi déterminer la pression de soutènement à partir du
RMR. Hutchinson et Diederichs (1996) ont utilisé la relation proposée par Unal (1983) pour calculer la
longueur requise du câble et évaluer la densité requise de câble monotoron et de câble à double
toron. Cette méthode est présentée à la Figure 4.13 et à la Figure 4.14.
100 − RMR
Tension induite =γ p
100
100 − RMR
Ht = p
100
γ = poids volumiques
p = portée de l'excavation
Longueur du câble = Ht + 2 m
Longueur du boulon = Ht + 1 m
Conception des systèmes de soutènement 49
Figure 4.12 Analyse de stabilité par le système RMR, présentation proposée par Hutchinson et
Diederichs (1996).
Réduire la densité de câblage de 20% pour les excavations provisoires comme les chantiers.
Figure 4.14 Calcul de la densité de câblage, d'après Hutchinson et Diederichs (1996).
4.10. Règles Empiriques
Quatre séries de règles empiriques de sélection des caractéristiques du renforcement sont présentées
ici. Le Tableau 4,3 résume les règles développées par le "U.S. Corps of Engineers" (1980) pour des
excavations de portée variant entre 4.5 et 30 m et des hauteurs variant entre 4 et 60 m. Malgré la
popularité de ces règles, les excavations étudiées avaient une profondeur inférieure à 150 m et
étaient destinées à des applications de génie civil. Ces règles sont utilisées strictement pour les
analyses préliminaires.
Tableau 4.3 Règles du "U.S. Corps of Engineers" (1980).
Longueur minimale du boulon:
La plus grande valeur entre:
Le double de l'espacement des boulons.
Trois fois la largeur des blocs critiques potentiellement instables définis par
l'espacement moyen des joints dans le massif rocheux.
Pour une excavation de portée inférieure à 6 mètres, la longueur des boulons sera la
moitié de la portée. Pour une portée de 18 à 30 mètres, la longueur des boulons sera
le quart de la portée du toit. Pour des excavations entre 6 et 18 mètres on utilise des
boulons entre 3 et 4.5 mètres de longueur.
Pour des excavations ayant plus de 18 mètres de hauteur et situées sous la nappe
phréatique, la longueur des boulons sera le cinquième de la hauteur de l'excavation.
Espacement maximum:
La plus petite valeur de:
La demi-longueur des boulons.
Une fois et demie la largeur des blocs critiques potentiellement instables définis par
l'espacement moyen des joints dans le massif rocheux.
1.8 m. lorsque l'utilisation de grillages (mailles soudées ou entrelacées) est prévue,
un espacement des boulons de plus de 1.8 mètres rend l'utilisation du grillage
difficile.
Espacement minimal:
0.9 à 1.2 m
Conception des systèmes de soutènement 51
Les règles de Farmer et Shelton (1983) ont été développées à partir d'une synthèse de l'expérience
rapportée par divers auteurs pour la sélection de l'espacement et de la longueur des boulons. Ces
règles s'appliquent dans les terrains contenant 3 familles de discontinuités ou moins, avec surfaces de
contact sans altération et fermées, Tableau 4.4 et Figure 4.15.
Tableau 4.4 Règles empiriques de Farmeret Shelton (1983).
Portée de # de familles
Conception du boulonnage Commentaires
l'excavation de joints
<15 m ≤ 2 inclinées de L = 0 .5 B L'utilisation des boulons vise à créer une
0° à 45° par s = 0 .5 L poutre au-dessus de la portée. Les boulons
rapport à (selon l'épaisseur et de la entièrement scellés vont donner la plus
l'horizontale résistance des strates) grande rigidité tangentielle aux discontinuités.
Installation des boulons Dans le roc faible, des boulons tensionnés
perpendiculairement au devraient être utilisés; des boulons installés
litage lorsque c'est possible, sub-horizontalement devraient accompagner
avec du grillage pour les discontinuités verticales.
prévenir l'écaillement.
<15 m ≤ 2 inclinées de À la paroi : Le boulonnage à la paroi est conçu de façon
45° à 90° par L > h sinψ à prévenir le glissement le long de
rapport à (lorsque installés discontinuités planaires. L'espacement
l'horizontale perpendiculairement aux devrait être tel que la capacité d'ancrage du
discontinuités) système soit supérieure au poids de
glissement ou de basculement des blocs. Les
L > h tanψ boulons devraient être tensionnés
(lorsque installés suffisamment pour prévenir le glissement le
horizontalement). long des faces des joints.
<15 m ≤3 avec L = 2s Les boulons devraient être installés
contact S = (3 ou 4) × dimensions rapidement après l'excavation pour prévenir
des blocs. le déconfinement et conserver les contraintes
Installation de boulons tangentielles. Un prétensionnement devrait
perpendiculairement à la être appliqué pour créer une région de
paroi avec du grillage pour confinement radial. Les murs devraient être
prévenir l'écaillement. boulonnés lorsque le coin inférieur d'un bloc
apparaît sur un mur.
>15 m ≤ 2. Pour le boulonnage principal Le boulonnage primaire est similaire à celui
L1 = 0.3B proposé pour les excavations de plus petit
diamètre. Le boulonnage secondaire (et
s1 = 0.5 L1 tertiaire) complète le boulonnage primaire
Pour le boulonnage dans les cas d'excavations de plus grande
secondaire envergure.
L2 = 0.3s1
s 2 = 0.5 L2
Installation de grillage pour
prévenir l'écaillement des
parois
>15 m ≤3 avec Pour le boulonnage principal Le boulonnage primaire devra avoir une
contact L1 = 0.3B capacité suffisante pour soutenir les blocs de
dimensions importantes.
s1 = 0.5 L1
Pour le boulonnage
secondaire
s 2 = (3 ou 4) × bloc typique
L2 = 2 s 2
Conception des systèmes de soutènement 52
h
L > h sinψ
h
L > h tanψ
Figure 4.15 a) Détermination de la longueur des boulons dans les murs. b) Patron de
boulonnage primaire, secondaire et tertiaire dans une excavation ayant une
grande portée, (L: Longueur des boulons (m)).
Les règles de Laubscher (1984) sur l'espacement des boulons ont été utilisées en Australie.
Elles sont reprises dans le tableau suivant.
Tableau 4.5 Règles de Laubscher (1984).
Longueur minimale du boulon :
• La moitié de la portée de l'excavation.
• Le double de l'espacement des boulons.
• Trois fois la largeur des blocs critiques potentiellement instables définis par l'espacement
moyen des joints dans le massif rocheux.
• Pour une portée de 18 à 30 mètres, la longueur des boulons sera le quart de la portée du
toit.
Espacement :
• La demi-longueur des boulons.
• Une fois et demie la largeur des blocs critiques potentiellement instables définis par
l’espacement moyen des joints dans le massif rocheux.
Les deux abaques de la Figure 4.16 résument les travaux et l'expérience des auteurs dans les mines
canadiennes pour la détermination de la longueur des boulons et câbles de soutènement. Ces deux
abaques sont applicables dans le cas d'excavations permanentes.
Figure 4.18 Dimensionnement du soutènement par câbles d'ancrage, pour le toit d'une
excavation.
4.12. Conception du soutènement des excavations par béton projeté
La méthode de NGI, (voir Figures 4.9 et 4.10) fourni une méthode pour déterminer
l'applicabilité du béton projeté ainsi que l'épaisseur nécessaire. Également, on peut se servir
des règles empiriques pour la détermination de la pression à partir de Q ou RMR. Pour les
excavations temporaires, on utilise une épaisseur typique de béton projeté entre 4 et 6 cm et
pour les grandes excavations on utilise une épaisseur de 10 cm. Grimstad et Barton (1993)
suggère de déterminer l'épaisseur nécessaire de béton projeté renforcé de fibres pour les
excavations permanentes à partir des recommandations de la Figure 4.18.
Barret et McCreath (1995) ont développé des modèles déterministiques de design illustrant
l'efficacité du béton projeté pour supporter les blocs bien définis évitant ainsi la déstabilisation
progressive du massif rocheux. On distingue les modèles basés sur la perte d'adhérence, sur
le cisaillement direct, sur la flexion et sur le cisaillement par poinçonnement, Tableau 4.6.
Conception des systèmes de soutènement 55
II est à noter que l'espacement entre les boulons d'ancrage est de 20 à 40% supérieur quand on
utilise le béton projeté renforcé de fibres par rapport au boulonnage seul. L'utilisation de béton
renforcé de fibres d'acier permettra l'augmentation de l'espacement entre les boulons, Tableau 4.7.
Tableau 4.7 Espacement entre les boulons, d'après Barton et Grimstad (1994).
Espacement entre les boulons d'ancrage
Q = 0.1 Q=1.0 Q=10 Q=30
Sans béton projeté 1.2 m 1.4 m 2.0 m 3.4 m
Avec béton projeté 1.3 m 1.6 m 3.0 m 4-5 m
Légende:
t = épaisseur de béton projeté t C = coefficient de poussée
W = poids du bloc de roche L = longueur des boulons d'ancrage perpendiculaire
au plan
f 28 = résistance en compression du béton
θ = angle indiqué sur la figure
projeté après 28 jours
Figure 4.20 Détermination de l'épaisseur de béton projeté pour soutenir un bloc en forme
de coin, d'après Fernandez-Delgado 1979.
Conception des systèmes de soutènement 57
Figure 4.21 Diagramme de résistance des piliers en béton projeté en fonction de leur
diamètre, d'après Habiyaremye (1998).
4.13. Conception du soutènement dans les conditions propices aux coups
de toit
On pourrait se demander si les modèles empiriques qui ont été développés pour les conditions de
contraintes allant de faibles à intermédiaires sont applicables pour les conditions de contraintes
élevées. Des tentatives ont été faites afin d'étendre l'applicabilité des systèmes NGI et RMR aux
conditions propices aux coups de terrain. Dans le système NGI, le facteur SRF a été révisé dans ce
but. La plus récente version, reprise en annexe A, tient compte des valeurs de SRF supérieures à 400
pour les conditions sévères de coups de terrain. C'est une augmentation remarquable lorsque l'on
compare avec la valeur 1 pour les conditions de contraintes faibles. Lorsque l'on utilise le système
RMR, Lang et al. (1991) suggèrent que la valeur dérivée du RMR soit réduite de 20 pour les
conditions propices aux coups de terrain, Figure 4.22.
Kaiser et al. (1996) suggèrent que le rôle du soutènement est directement lié avec ie mécanisme de
dommage et la sévérité du dommage, Tableau 4.8.
Conception des systèmes de soutènement 58
Figure 4.22 RMR modifié pour les conditions de coups de terrain, d'après Lang et al.
(1991).
Tableau 4.8 Rôle du soutènement pour les différentes conditions de coup de toit, d'après Kaiser et al.
(1996).
Mécanisme de Sévérité du
Rôle du système de soutènement
dommage dommage
Gonflement sans mineure Tolérer les dommages mineurs ou augmenter la résistance du massif
éjection rocheux pour empêcher l'initiation des fractures.
modérée Renforcer le massif rocheux pour limiter la fracturation du massif et
contrôler les déplacements avec une pression de soutènement.
majeure Contrôler la fracturation du massif rocheux et survivre aux grands
déplacements,
Gonflement avec mineure Retenir des petits volumes du massif éjecté avec un système de
éjection soutènement rigide et limiter les déplacements du massif rocheux.
modérée Retenir des petits volumes du massif éjecté avec un système de
soutènement rigide et survivre aux déplacements du massif rocheux.
majeure Survivre aux déplacements du massif rocheux et absorber de
l'énergie,
Éjection mineure Retenir des petits volumes du massif éjecté avec un système de
soutènement rigide et absorber de l'énergie.
modérée Absorber de l'énergie, survivre aux déplacements du massif rocheux
et retenir le massif éjecté.
majeure Absorber de l'énergie, survivre aux déplacements du massif rocheux
et retenir le massif éjecté.
Chute de blocs mineure Augmenter la résistance du massif rocheux pour éviter les ruptures ou
le relâchement de contraintes.
modérée Augmenter la résistance du massif rocheux et maintenir en place le
massif fracturé.
majeure Maintenir l'intégrité du massif rocheux et garder en place le massif
fracturé.
Conception des systèmes de soutènement 59
Table 4.9 Systèmes de soutènement appropriés au massif subissant des coups de terrain,
d'après Kaiser et al. (1996).
La Figure 4.23 donne un exemple de résultats de modélisation numérique d'un chantier d'extraction.
Les zones de relaxation définies par de très faibles valeurs de σ 1 et σ 2 sont sujettes à l'écaillage par
gravité. Le soutènement à aide de câbles de type bulge ou détors est une solution raisonnable pour
contrôler la stabilité à ces endroits. Les zones de contraintes élevées signifient que le roc intact
pourrait être .amené au-delà de son point de rupture. Le soutènement en galerie devra tenir compte
des contraintes élevées, du potentiel de cisaillement des discontinuités et de rupture de la roche
intacte par cisaillement et clivage axial.
5 Applications standard
5.1. Introduction
Un standard de soutènement consiste en une application de soutènement utilisée systématiquement
dans une région donnée d'un massif rocheux. On vise alors à standardiser le type de soutènement, la
longueur des tiges utilisées ainsi que la méthode et le patron d'installation. Un standard est aussi
généralement un minimum que l'opérateur peut et se doit d'ajuster si les conditions de terrain le
demandent. On peut créer un nouveau standard pour des conditions plus problématiques, ou inclure
une option pour du terrain moins compétent dans le standard de base. Ces standards sont créés par
le département d'ingénierie, en collaboration avec les opérations souterraines, incluant la supervision
et les mineurs eux-mêmes. C'est en travaillant en équipe que l'ingénieur responsable du contrôle des
terrains pourra fournir aux opérateurs des standards efficaces, pratiques et acceptables pour les
conditions particulières de l'opération minière en question.
La présente section décrit une liste d'applications typiques les plus courantes, pour des excavations à
court terme et à long terme. On y discute aussi des paramètres longueur et espacement relativement
à ces pratiques acceptées. Sauf pour des cas bien spécifiques, on ne divulgue pas la source de
l'application. Il suffit de savoir que toutes ces applications typiques sont tirées ou inspirées de
pratiques de soutènement rencontrées dans les mines canadiennes.
5.2. Généralités
Les pratiques courantes mises en place dans les opérations minières canadiennes possèdent des
traits communs qu'il est intéressant d'observer. Ces similarités touchent à la longueur des boulons
utilisés, au patron de soutènement utilisé, ainsi qu'au type de soutènement.
L'utilisation du boulonnage dans le cas d'une excavation peu profonde dans un roc massif vise
uniquement à soutenir de rares blocs lâches, tandis que le soutènement installé dans un roc massif
soumis à un champ de contraintes élevées aura à renforcer le roc, absorber l'énergie de déformation
qui peut s'échapper de façon violente et retenir les blocs détachés. Il est donc évident que la définition
du comportement anticipé d'une excavation est nécessaire pour réaliser la conception du système de
soutènement. La Figure 5.1 classe de façon pratique les principales conditions de terrain, leur
influence sur une excavation et le soutènement approprié.
L'orientation et la densité des structures géologiques du massif rocheux vont influencer fortement
l'orientation des boulons et des câbles. La Figure 5.2 présente plusieurs cas où l'orientation des
boulons est fonction de l'orientation des joints; on essaie de garder le boulon le plus perpendiculaire
au plan de fracture tout en ne s'éloignant pas plus de 10° à 15° de la normale à la paroi. Lorsque les
angles par rapport à la paroi sont inférieurs à 75°, les boulons scellés ou à friction devraient être
utilisés. La Figure 5.3, d'après Hutchinson et Diederichs (1996) présente une série de
recommandations similaires pour l'installation de câbles d'ancrage en chantiers et au toit des galeries.
5.2.1. Patron d'installation
On définit généralement le patron de boulonnage par l'espacement entre les boulons d'une même
rangé, multiplié par la distance entre les rangées. Cependant, on peut aussi parler de patron de
boulonnage ayant un espacement de 1.2 m entre les boulons; ce dernier patron ,est différent d'un
patron 1.2 x 1.2 m carré car la distance entre les boulons est toujours inférieure ou égale à 1.2, tandis
que pour le cas du 1.2 x 1.2 m carré, la portée entre les boulons peut atteindre 1.7 m diagonalement.
En pratique, le patron varie généralement entre 0.9 x 0.9 m et 1.5 x 1.5 m. Au-delà d'un patron
extrême de 1.8 x 1.8 m, on parle de boutonnage au besoin.
Applications standard 62
Roc massif
Patron de boulons avec grillage et/ou Patron de boulons serrés ou béton projeté
béton projeté pour contrôler l'effritement renforcé de fibres. Dans les cas extrêmes
de blocs de surface on peut utiliser des cintres d'acier.
Figure 5.1 Classes de comportement du massif rocheux, d'après Hoek et al. (1995).
Le patron de boulonnage en quinconce (diamond) peut également être défini par l'espacement entre
les boulons d'une rangée et la distance entre les rangées. Bien que ce type d’arrangement produise la
même surface active que le patron carré pour un boulon individuel, il minimise la portée entre les
boulons et réduit la densité générale du boulonnage au toit. Si on a fait le design en considérant la
pression de soutènement par unité de surface, on devra calculer la densité de boutonnage qui en
résulte et choisir le patron de boulonnage requis. En conclusion, on devra avoir le nombre de boulons
requis par mètre carré de toit ou de murs. Le Tableau 5.1 donne un aperçu de la densité de
boulonnage correspondant au patron de boulonnage typique utilisé.
Applications standard 63
Figure 5.2 Orientation recommandée des boulons selon l'orientation respective des
structures géologiques, d'après Choquet (1987).
situation. Dans le cas d'une exploitation longitudinale, chaque sautage affecte le soutènement en
place, et les contraintes sont directement reprises par les boulons; des boulons plus longs ou des
câbles sont très souvent utilisés en supplément au boulonnage primaire.
5.2.3. Type de boulon
Les principaux critères qui gèrent le choix d'un type de boulon sont: les caractéristiques du massif
rocheux, le potentiel de corrosion, la durée de l'excavation, la dimension de l'excavation, les
contraintes naturelles et induites ainsi que les coûts d'achat et d'installation.
5.2.4. Grillage
Le grillage est utilisé pour remplir deux fonctions bien distinctes : premièrement, on peut l'utiliser
comme protection contre les chutes de roches du toit et des parois, et deuxièmement, on peut l'utiliser
comme élément structural de soutènement. Lorsque utilisé comme élément de protection, la capacité
mécanique requise pour le grillage n'est pas aussi critique, bien qu'elle doit être capable de retenir le
poids du roc qui se détache entre les boulons. Lorsque il est utilisé comme élément structural, le
grillage doit être capable de résister aux charges et déplacements spécifiés par l'ingénieur. Dans tous
les cas, il est préférable d'installer le grillage de façon à mouler le contour de l'excavation. Le grillage
doit être installé de façon à ce que le boulon ait au moins 2 mailles de tous les côtés; une distance de
recouvrement de 20 à 30 cm est couramment observée.
Une application très intéressante du treillis de gros calibre est le remplacement des traverses en acier.
Ceci permet de fournir une meilleure couverture du terrain, d'éliminer le relâchement des traverses
suite au bris d'un boulon, d'éliminer les bandes lâches causées par le mauvais alignement des trous
de la traverse avec le boulon ou le câble d'ancrage. De plus, on peut par la suite recouvrir le grillage
de béton projeté, avec des résultats bien supérieurs à ceux résultant de l'emploi des traverses
métalliques.
Applications standard 66
d'utiliser des boulons de longueur variant entre 1.8 et 2.4 mètres. Si la qualité du terrain est moindre,
on pourra ajouter du boulonnage secondaire, incluant des boulons de longueur supérieure à 2.4
mètres, et même des câbles d'ancrage. L'espacement du soutènement secondaire est souvent de
l'ordre du double de celui du boulonnage primaire. Les Figures 5.5 et 5.6 présentent, pour deux
excavations de chantier typiques, le boulonnage primaire ainsi que le boulonnage secondaire (si
besoin) qui consiste en de longs boulons de grande capacité ou des câbles d'une longueur au moins
50% plus grande que les boulons de base.
Figure 5.6 Soutènement d'une galerie très large foncée dans le minerai (sill).
Applications standard 68
Figure 5.7 Exemple de soutènement de longue durée pour excavation à long terme d'une
opération mécanisée.
Applications standard 69
Figure 5.8 Exemple de soutènement de longue durée pour une grande excavation à long
terme.
Dans le cas d'excavations de petite dimension, comme une galerie de halage sur rails par exemple, si
la galerie est une voie principale de halage ou d'accès aux chutes à minerai ou à stérile, il est sage
d'installer un soutènement qui n'aura pas besoin d'être réhabilité après deux ou trois ans. L'utilisation
de grillage est recommandée, de façon à minimiser l'entretien de la galerie. En effet, l'écaillage et le
boutonnage sont des opérations extrêmement coûteuses lorsque effectuées sur une excavation qui
doit être disponible en tout temps.
La Figure 5.9 donne un exemple de soutènement de longue durée pour une petite excavation. Les
boulons sont adaptés à la dimension de l'excavation. On peut y retrouver des boulons de 1.5 à 1.8
mètres de longueur et le type de boulons est traditionnellement de la rebar à la résine, bien que
d'autres types de boulons ont été utilisés avec succès.
Figure 5.9 Exemple de soutènement de longue durée pour une petite excavation
permanente.
Applications standard 70
Figure 5.11 Soutènement de point de soutirage dans des conditions très difficiles
(boutonnage dense, béton projeté et câbles d'ancrage).
5.3.5. Monteries
Le soutènement d'excavations inclinées telles monteries de ventilation et cheminées à minerai ou à
stérile se doit d'être minimisé. Pour ce faire, une localisation dans un terrain compétent est justifiable
économiquement; aussi justifiables sont les dépenses de forage de définition et de classification du
terrain, qui permettent une localisation optimale des excavations et ainsi de minimiser les dommages
et les réparations.
Les monteries et cheminées non alésées sont généralement plus ébranlées à cause des vibrations et
des gaz de sautage. Il est recommandé de soutenir les murs des monteries appelées à servir de
sortie de secours. Dans le cas de monteries inclinées destinées à servir de cheminées à minerai, à
stérile ou de ventilation, le soutènement de l'éponte supérieure est recommandé seulement si
nécessaire. Le soutènement de l'éponte inférieure doit être minimisé et choisi de façon à ne pas
favoriser un blocage futur de l'excavation.
Le soutènement vise à prévenir la dégradation de l'excavation à long terme, et doit être capable de
garder ses capacités mécaniques durant la vie entière de l'excavation. Les boulons mécaniques ne
semblent pas être adéquats pour les monteries et cheminées; non seulement sont ils sensibles aux
vibrations, mais leur efficacité peut être rendue presque nulle suite à l'usure ou la dégradation de la
paroi. Les boulons scellés et les boulons à friction, sans plaques d'appui, sont bien mieux adaptés à
cette application.
Le grillage sans béton projeté n'est recommandable qu'à l'éponte supérieure, et ce dans des cas
critiques seulement. Le grillage accroît le risque d'accrochage et de blocage dans la cheminée à
minerai ou à stérile. La Figure 5.12 donne un exemple schématique d'une monterie où l'éponte
supérieure est boulonnée systématiquement mais où les autres parois ne sont boulonnées qu'au
besoin.
Applications standard 72
Figure 5.13 Soutènement long par câbles, Super Swellex ou Dywidag pour un chantier
longitudinal.
5.3.7. Chantiers transversaux dans des terrains friables peu
compétents
L'exemple de la Figure 5.14 décrit une application dans une mine québécoise située dans des terrains
schisteux très peu compétents. Le soutènement primaire est fourni par des boulons à friction et des
rebars à la résine de 2.1 m de longueur. Le soutènement secondaire est constitué de Super Swellex
ou de câbles d'ancrage de 3.6 m de longueur. La performance observée, ainsi que la vitesse
d'installation requise sont des facteurs qui influencent la décision de choisir des câbles ou des
boulons à friction Super Swellex.
Figure 5.14 Exemple de soutènement d'un chantier transversal par longs boulons ou
câbles.
Applications standard 74
Figure 5.15 Exemple de soutènement dans des terrains lités qui se déforment beaucoup.
5.3.9. Chantier dans des schistes très déformables et champ de
contraintes très anisotrope
Le cas particulier présenté à la figure 5.16 est celui d'une galerie dans le minerai (court terme, environ
3 mois), dans un massif rocheux de schistes très déformables, soumis à un champ de contraintes très
anisotrope causé par la proximité d'autres chantiers importants. Les déformations observées au toit, à
l'éponte supérieure ainsi qu'au plancher de l'éponte inférieure témoignent du champ de contraintes
orienté diagonalement à la galerie. Dans ce cas particulier, le soutènement utilisé aux murs et
spécialement aux extrémités très sollicitées, est un soutènement qui permettra de suivre le terrain.
Les boulons de surface sont des boulons à friction (Split Set ou Yielding Swellex), tandis que le
soutènement en profondeur sera soit des câbles d'ancrage ou des Super Swellex, plus rapides à
installer. La longueur du soutènement profond est de l'ordre de la portée de la galerie.
Le toit est supporté par du soutènement plus rigide, tel que la rebar à la résine ou le Swellex de 2.1
mètres de longueur, car le but du boulonnage est surtout de supporter les dalles qui pourraient se
former parallèlement au toit. Le toit est en effet dans une zone de compression et est plus ou moins
gardé en place par les pressions induites.
σ1
σ1
Figure 5.16 Exemple de soutènement lourd dans des conditions fortement anisotropes et
des terrains très déformables.
Applications standard 75
Figure 5.17 Exemple de soutènement de chantier coupe et remblai par longs câbles
d'ancrage.
Figure 5.18 Exemples de soutènement d'un toit de chantier par longs câbles d'ancrage,
d'après Fuller (1983).
Applications standard 76
Figure 5.19 Exemple de soutènement d'éponte supérieure de chantier par longs câbles
d'ancrage (Fuller, 1983).
5.3.11. Soutènement d'excavations larges par câbles et bretelles (roof
truss) ou élingues
La Figure 5.20 présente une application conventionnelle de soutènement par bretelle. L'ancrage du
câble peut se faire par une cartouche de ciment, par de la résine ou par un boulon à friction (Split Set
généralement ou Swellex). La plongée des ancrages recommandée est de l'ordre de 60 degrés, Birôn
et Arioglu (1982), et la distance entre le trou et le premier support est d'environ 60 cm. L'ajustement
de la pression sur le toit est réalisé par le coincement de poutres de bois. Les câbles devraient être
prétensionnés à au moins 2 tonnes, Birôn et Arioglu (1982).
La Figure 5.21 présente le système développé par Atlas Copco pour le soutènement par
bretelle; le nom du produit est le SIRT (Swellex Integrated Roof Truss). Dans ce système,
les poutres de bois sont remplacées par des boulons Swellex portant des supports recevant
le câble, et les ancrages des extrémités sont remplacés par des supports conçus à cette fin.
Applications standard 77
La Figure 5.22 donne un schéma détaillé de l'application de bretelle de toit avec des Split Set, Scott et
Castle (1981).
Figure 5.22 Bretelle de soutènement utilisant des Split Set et des cartouches de ciment.
Applications standard 78
Figure 5.23 Pré-soutènement d'une galerie d'accès dans des schistes à séricite et zone de
faille, d'après Charette et Lessard (1997).
Applications standard 79
Figure 5.24 Pré-soutènement d'une galerie de halage dans une zone de faille, d'après
Charette et Lessard (1997).
Applications standard 80
Figure 5.25 Pré-soutènement des murs d'une galerie préalablement à la prise d'un
parement.
Figure 5.26 Pré-soutènement d'un point de soutirage, d'après Hoek et Brown (1980).
Applications standard 81
Le tableau suivant, traduit de Hoek et al. (1995) résume plusieurs recommandations d'application du
béton projeté dans les mines.
Tableau 5.2 Résumé des applications recommandées du béton projeté dans les mines pour
différents états de massif rocheux.
Description du Comportement du
Support nécessaire Utilisation du béton projeté
massif rocheux massif rocheux
Roche Pas d'effritement, Aucun. Aucun.
métamorphique ou d'écaillement ou de
éruptive. rupture.
État de contraintes
faibles.
Roche sédimentaire Les surfaces de Rendre étanche Appliquer 25 mm d'épaisseur de
avec un état de schiste, d'argile ou les parois pour béton projeté homogène dès que
contraintes faibles. limoneuses éviter l'infiltration possible après l'excavation. Réparer
peuvent s'imbiber d'eau. les dommages sur les parois dus à
d'eau suite au l'utilisation d'explosifs.
changement du
degré d'humidité.
Roche avec un seul La boue de faille Prévoir l'installation Enlever le matériel instable jusqu'à
plan de faille ou zone peut-être affaiblie de support en une épaisseur égale à la largeur de
de cisaillement. et érodée et peut supplément au la faille ou de la zone de cisaillement
causer des soutènement de et sceller la zone à la roche
problèmes de base et réaliser adjacente. Un grillage peut être
stabilité au niveau l'étanchéité des utilisé si nécessaire, temporairement
de blocs adjacents. parois au voisinage pour éviter d'utiliser un support.
des failles et des Remplir les vides avec un béton
zones de projeté homogène. Étendre le béton
cisaillement. projeté renforcé avec des fibres
d'acier latéralement sur au moins la
largeur de la zone de faille.
Roche Effritement et Rétention des Appliquer 50 mm de béton projeté
métamorphique écaillement en débris de roche et sur un grillage ancré par des
massive ou éruptive surface avec contrôle de la boulons, ou appliquer 50 mm de
soumise à des états possibilité dilatation du massif béton renforcé par des fibres d'acier
de contraintes d'effondrements. rocheux. sur la roche et installer des boulons
élevées. avec plaques d'appui; puis appliquer
un autre 25 mm de béton projeté.
Étendre l'application du béton
projeté jusqu'en bas des murs
latéraux si nécessaire.
Roche sédimentaire Effritement et Rétention des Appliquer 75 mm de béton projeté
massive soumise à écaillement en débris de roche et renforcé avec des fibres, directement
un état de surface avec contrôle de la sur la roche nettoyée. Boulons ou
contraintes élevées. possibilité de compression. rebars sont aussi requis pour du
rupture en soutènement additionnel.
compression dans
l'ardoise et la
roche tendre.
Applications standard 82
Description du Comportement du
Support nécessaire Utilisation du béton projeté
massif rocheux massif rocheux
Roche Danger possible de Prendre des Appliquer 50 mm de béton projeté
métamorphique ou chute de roches ou dispositions sur le renforcé par des fibres d'acier, sur
éruptive avec glissement dû à la soutènement avec les surfaces de roche sur lesquelles
quelques joints gravité. en plus un les traces de joints sont visibles.
largement espacés. boutonnage ou un câblage.
État de contraintes
faibles.
Roche sédimentaire Danger possible de Prévoir l'installation Appliquer 50 mm de béton projeté
avec quelques plans chute de roches ou de support en plus renforcé par des fibres d'acier sur la
de stratification et glissement dû à la du boulonnage ou surface de la roche sur laquelle les
joints. gravité. Les du câblage. traces des discontinuités sont
État de contraintes stratifications Rendre étanches visibles, avec une attention
faibles. peuvent se les stratifications particulière pour les traces de
détériorer avec le visibles. stratification.
temps.
Roche Ruptures Rétention des Appliquer 75 mm de béton projeté
métamorphique ou contrôlées par les débris de roche et sur un grillage ancré à des boulon
éruptive jointée. État contraintes et contrôle de la avec plaques d'appui ou appliquer
de contraintes structuralement dilatation du massif 75 mm de béton projeté renforcé par
élevées. contrôlées autour rocheux. des fibres d'acier. Installer des
des frontières boulons avec plaques d'appui et
ouvertes. appliquer une seconde couche de
25
mm de béton projeté. Une épaisseur
plus importante de béton est
nécessaire aux endroits de fortes
contraintes.
Roche sédimentaire Écaillage, Contrôle de la Appliquer 75 mm de béton projeté
stratifiée ou à joints. effritement et rupture de la renforcé de tiges d'acier sur la
État de contraintes risques de rupture masse rocheuse. surface rocheuse nettoyée
élevées. en compression. préalablement, cela dès que
possible. Installer des boulons à
plaques d'appui à travers le béton
projeté puis appliquer 75 mm de
béton projeté.
Roche Effilochage de Prévention de Appliquer 50 mm de béton projeté
métamorphique ou blocs prismatiques l'évolution de renforcé par des fibres d'acier sur
éruptive avec une et de blocs définis l'effilochage. une surface propre, au niveau du toit
forte concentration par l'intersection de l'excavation. Boulons ou rebars
de
joints. des joints. peuvent être nécessaires pour un
soutènement supplémentaire dans
le
cas de gros blocs.
Roche sédimentaire Séparation des Contrôle des Boulons ou rebars sont nécessaires
stratifiée avec une couches sur une couches stratifiées pour contrôler les couches de la
forte concentration large portée et de l'effilochage. stratification.
de
joints. d'excavation et Appliquer 75 mm de béton projeté
État de contraintes effilochage de la renforcé par des tiges d'acier, sur les
faibles. stratification sur les traces de stratification avant le
faces inclinées. boulonnage.
Applications standard 83
Description du Comportement du
Support nécessaire Utilisation du béton projeté
massif rocheux massif rocheux
Roche Compression et Contrôle de la Appliquer 100 mm de béton projeté
métamorphique ou entrée en mode rupture et de la renforcé par des fibres d'acier, dès
éruptive avec une plastique du massif dilatation, que possible et installer des boulons
forte concentration rocheux autour de avec plaques d'appui au travers du
joints, conglomérats. l'ouverture. béton.
État de contraintes Appliquer 50 mm de béton projeté
élevées. supplémentaire si nécessaire.
Entendre le soutènement jusqu'en
bas des murs latéraux si nécessaire.
Roche sédimentaire Compression et Contrôle de la Appliquer 50 mm de béton projeté
avec une forte entrée en rupture du massif renforcé par des fibres d'acier dès
concentration de comportement rocheux ainsi que que possible. Installer un treillis de
joints, présence de plastique du massif de sa dilatation. poutres ou un jeu de cintres d'acier,
surfaces recouvertes rocheux autour de un radier contrefiché où cela est
d'argile. l'ouverture. nécessaire, puis encore plus de
État de contraintes Les roches riches béton projeté renforcé par des fibres
élevées. en argile peuvent d'acier pour couvrir le tout. Un
gonfler. étayage préliminaire ou du
présoutènement est nécessaire pour
stabiliser le front en avant de
l'excavation. Des trous peuvent être
faits dans le béton pour accomoder
les mouvements qui résultent de la
compression ou du gonflement. Le
trou devra être rempli une fois
l'ouverture stabilisée.
Conditions de coups Effritement et Rétention des Appliquer 50 à 100 mm de béton
de terrain modérées écaillage, coups de débris de roche et projeté par-dessus un maillage ou un
dans des roches terrain moyens. contrôle de la enchevêtrement de câbles qui est
massives soumises propagation de la fermement attaché à la roche au
des contraintes rupture. moyen de boulons déformables ou
élevées. de câbles.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 84
Figure 6.1 Procédure d'installation des boulons scellés à la résine, d'après Karabin et al.
(1976).
Tableau 6.1 Vérification de la longueur du scellement.
Lmin imum
NC = L=F×A
Lsce
Légende :
L = longueur de scellement N C = nombre de cartouche
F = charge d’arrachement désirée (tonnes métriques) A = facteur d’adhérence (cm/tonne) la longueur de
scellement d’une cartouche
Lsce = longueur descellement dune cartouche
Les fabricants fournissent des abaques pour évaluer les facteurs d'adhérence, le temps de prise et la
variation de résistance pour leurs résines. Ils fournissent aussi des tableaux et abaques pour évaluer
la longueur scellée selon les diamètres du trou, de la tige et de la cartouche de résine.
Il est possible d'introduire un facteur de sécurité dans la longueur scellée, spécialement dans le cas
de roches très fracturées. Cependant, avec des roches peu fracturées et relativement résistantes
(plus de 100 MPa en compression uniaxiale), le facteur d'adhérence s'asymptotise et le surplus de
scellement n'ajoute pas à la résistance à l'arrachement. La longueur scellée doit être supérieure ou
égale à 180 mm. Il faudrait toujours vérifier si la longueur scellée est adéquate par des tests
d'arrachement de boulon sur un essai pilote ou un prototype du système de soutènement désiré.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 86
Légende:
L = longueur d'ancrage (m) T = résistance d'adhérence à l'interface
C = charge de rupture (N) coulis roche (kPa)
D = diamètre du trou de forage (mm) f C = résistance en compression du coulis
de ciment ou de la roche encaissante (la
plus faible des deux valeurs) en kPa.
Deux méthodes principales existent afin d'ancrer les câbles d'acier dans les trous de forage en
attendant la mise en place et la prise du coulis de ciment. La méthode plus populaire et l'utilisation de
filins repliés, Figure 6.6. Les plaques d'acier en croix sont aussi utilisées. Gagnon (1983) propose
l'utilisation d'un bouchon pour cimenter les trous de mine, Figure 6.7.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 87
Figure 6.2 Tube d'évent et tube d'injection pour cimenter le trou de mine, d'après
Hutchinson et Diederichs (1996).
Figure 6.3 Cimentation à l'aide d'un tube d'injection seulement, d'après Hutchinson et
Diederichs (1996).
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 88
Figure 6.5 Le câble est inséré après que le trou ait été cimenté, d'après Hutchinson et
Diederichs (1996).
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 89
Figure 6.7 Bouchon pour cimenter les trous de mine, d'après Gagnon (1983).
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 90
Une performance optimale des câbles d'ancrage requiert un coulis de ciment de bonne qualité qui, à
son tour, est fonction du rapport eau - ciment utilisé. La valeur idéale de ce rapport est entre 0.35 et
0.40. Hutchinson et Diederichs ont synthétisé l'information sur le rapport eau/ciment à la Figure 6.8.
Le choix d'un rapport eau/ciment a une influence majeure sur le choix de la méthode d'installation et
sur la performance du système de soutènement.
En pratique, on désire que le coulis de ciment soit une interface parfaite entre le massif rocheux et le
câble. Plusieurs auteurs ont montré que le rapport eau ciment est un paramètre critique qui contrôle la
résistance à l'arrachement des câbles.
Figure 6.8 Conseil pratique sur l'influence du rapport eau/ciment sur l'installation des
câbles d'ancrage, d'après Hutchinson et Diederichs (1996).
Hyett et al. (1992) ont proposé une classification visuelle pour caractériser la qualité du coulis,
Tableau 6.3. Cette approche permet l'ajustement immédiat pendant l'installation d'ancrage.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 91
Tableau 6.3 Caractérisation visuelle du coulis du ciment, d'après Hyett et al. (1992).
< 0.30 En forme de saucisse sèche et La saucisse se fracture lorsqu'elle est pliée,
rigide. scellement trop sec pour coller à la main, peut
être roulé sous forme de boules.
La saucisse est totalement flexible, le
0.30 En forme de saucisse humide qui scellement colle à la main et est facilement
se désagrège avec le temps. roulé sous forme de boules humides et tendres.
Le scellement colle facilement à la main même
0.35 En forme de saucisse humide. lorsque celle-ci est retournée vers le sol.
Le scellement colle facilement à la main mais
0.40 En forme de saucisse perdue peut être agité librement.
immédiatement, s'écoule de façon
visqueuse sous son propre poids
pour prendre la forme d'une galette.
Figure 6.9 Manipulation de la lance lors de la mise en place du béton projeté, d'après
ACI 506R-90.
6.7. Contrôle de qualité de l'installation
La qualité de l'installation du soutènement est le second paramètre critique régissant l'efficacité d'un
système de soutènement, immédiatement après une conception adéquate. En effet, même si la
conception réalisée est parfaite, une installation déficiente rendra le soutènement tout aussi déficient.
Le sentiment de sécurité qu'il procure est alors dangereux, Les sections suivantes tentent de cerner la
plupart des éléments importants qui contrôlent la qualité de l'installation du soutènement sans
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 92
empiéter sur les éléments de conception; on s'attardera à définir les éléments qui permettront une
installation adéquate des boulons d'ancrage, des câbles et du béton projeté.
L'information est scindée en plusieurs paliers; on débute par les éléments généraux applicables à la
plupart des types de boulons. Puis, chaque type de soutènement particulier est revu à la lumière
d'éléments de contrôle spécifiques; les câbles d'ancrage et le béton projeté sont traités
individuellement, tout comme chaque type de boulon considéré dans cet ouvrage. À la fin du chapitre,
on présente la méthodologie détaillée du contrôle du couple d'installation des boulons mécaniques ou
des rebars à tête filetée, ainsi qu'une méthodologie des essais d'arrachement. Finalement, un tableau
synthèse des paramètres d'installation des câbles d'ancrage termine le chapitre.
6.8. Définition des longueurs d'ancrage
La connaissance de la longueur réelle insérée d'un boulon d'ancrage est importante lorsque l'on doit
vérifier si les trous sont de longueur adéquate, ou si l'équipement est bien adapté à la longueur réelle
du boulon. Le tableau 6.4 présente les longueurs insérées actives des principaux types de boulons
d'ancrage.
Figure 6.10 Orientation des boulons lors de l'installation, d'après Choquet (1987).
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 93
La Figure 6.11 présente plusieurs cas d'installation de boulons à roc. Dans le cas A, il y a une
possibilité que la plaque se déforme et que le boulon perde sa tension. Les situations B et D montrent
des exemples où les plaques sont bien en contact avec la paroi. Dans les cas C et E on constate que
l'inclinaison est supérieure à 10° Dans ces conditions, il est bien probable que l'on ait une réduction de
la tension réelle.
Il faut vérifier la dimension et le type des plaques d'appui utilisées, ainsi que vérifier le type d'écrou
utilisé. Pour les traverses métalliques, le treillis, etc. il faut s'assurer que leur type et leur installation
correspondent aux exigences du devis.
La présence d'eau sous pression risque d'affecter l'efficacité des câbles d'ancrage et des rebars au
ciment, ainsi que le mélange adéquat de la résine. On devrait donc prévoir des procédures
d'installation ou de choix de soutènement qui tiennent compte de la présence d'eau.
La position du boulon sur la paroi vise à une répartition optimale de la pression de soutènement et de
la capacité de soutènement du système. Il est donc important que le devis soit respecté le plus
possible; si des blocs de roc individuels demandent un support plus localisé, il suffit d'ajouter des
boulons supplémentaires.
Il est primordial de bien écailler le terrain avant de débuter l'installation du soutènement. Les principes
de sécurité pour l'écaillage du terrain, présentés au Tableau 6.5, sont inspirés de l'expérience dans
les mines du Québec.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 94
Par la suite lors de l'installation du soutènement, les mêmes principes généraux restent applicables;
l'utilisation d'équipements adéquats, les espaces de dégagement, la progression du bon terrain au
mauvais, etc. sont tout aussi valables pour le soutènement.
6.10. Éléments spécifiques
Les tableaux 6.6 à 6.11 résument les éléments de contrôle de qualité spécifiques aux types de
soutènement traités dans le présent ouvrage.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 95
Tableau 6.9 Installation des boulons Split Set ou de type tabulaire fendu.
Diamètre du trou Ce paramètre est le plus important pour assurer l'efficacité du Split Set.
Le trou doit être à l'intérieur des limites prescrites pour assurer la capacité
d'ancrage promise par le manufacturier. Si le trou est plus grand, le
boulon aura une très faible capacité d'ancrage, tandis que si le trou est
trop petit, le Split Set pourra être endommagé ou même impossible à
insérer. Le diamètre optimal du foret à utiliser dépendra aussi du type de
roc, et du type de foret.
Condition du trou Si les trous sont déphasés, suite au cisaillement d'une diaclase, il pourra
être impossible d'insérer le Split Set à cet endroit particulier.
Temps d'insertion La vérification du temps d'insertion est un moyen permettant d'évaluer si
la dimension du trou est adéquate. L'usure du foret doit être contrôlée
régulièrement si la dimension usée est trop petite, ou la dimension neuve
est trop grande.
Dimension de Il peut être très difficile ou même impossible d'insérer le Split Set au toit si
l'excavation la dimension de l'excavation est inférieure à la dimension du Split Set plus
1,2 m.
Équipement utilisé La hauteur de la plate-forme utilisée doit être compatible avec la
dimension de l'excavation et la longueur du Split Set utilisé. Ingersoll
Rand fournissait autrefois un outil pour l'insertion du Split Set dans des
conditions de faible dégagement, mais cet outil fut banni aux États-Unis
par raison de sécurité. La création d'un outil maison comporte les mêmes
risques de fragilisation de l'outil et de rupture subite pouvant causer des
blessures, et n'est pas recommandée.
Conditions Pour le béton à voie sèche, les conditions d'entreposage devraient être
d'entreposage connues et contrôlées (température, humidité, etc.).
(béton à sec)
Conditions de Pour le béton à voie humide, il faut vérifier le temps de transport, vérifier
transport (béton la température du béton durant et à la fin du transport. Il est important de
mouillé) s'assurer que l'équipement de transport est adéquat, et de savoir s'il y a
eu ajout d'eau durant le transport
Avant la projection Il faut vérifier la méthode d'installation.
• lavage, écaillage, surface propre et mouillée
• grillage adéquat, vides potentiels derrière le béton.
Il faut mesurer le temps d'attente à l'équipement de projection (si trop
long, le béton a probablement nécessité l'ajout d'eau; il faut alors vérifier
si il y a eu un ajout d'eau avant la projection, II est important de vérifier
l'affaissement du béton avant d'autoriser la projection
Après la projection II faut s'assurer que le béton colle à la paroi, et qu'il n'est pas trop liquide.
Il faut aussi vérifier si de l'accélérateur est nécessaire, ou si celui utilisé
est adéquat. Le temps de durcissement devrait être vérifié. Et finalement,
on doit s'assurer que la dureté en surface est acceptable, après
durcissement
Beaupré et al. (1995) proposent que le contrôle de la qualité du béton projeté en place soit effectué
principalement avec la méthode du marteau Schmidt. Cette méthode a plusieurs avantages:
l'utilisation du marteau Schmidt est rapide, facile à utiliser, l'équipement est compact et facilement
transportable. L'équipement ne coûte pas cher. En pratique on peut utiliser le marteau Schmidt pour
faire des tests sur le béton projeté en place à tous les deux mètres. Après avoir fait 10 à 15 tests, on
détermine la moyenne. Pour toute surface ayant une valeur en dessous de la résistance désirée, du
béton projeté peut-être appliqué de nouveau.
Tableau 6.11 Résistances en compression minimum exigées pour le soutènement souterrain par
béton projeté, d'après Swannel (1993).
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 99
Durée Résistance
1-10 minutes Prise initiale
3-30 minutes Prise finale
8 heures 1-4 MPa
1 jour 5-7 MPa
3 jours 10 MPa
7 jours 30 MPa
28 jours 40 MPa
L'application de béton projeté avec le grillage est sujette à des problèmes pratiques. À la Figure 6.12,
on constate deux zones problématiques. Dans la zone 1 il y a une accumulation de fragments libres
sur le grillage. Le résultat est la création de vides derrière la couverture de béton projeté. Dans la
zone 2, le grillage n'est pas bien appuyé sur le roc. Dans ce cas l'adhérence du béton sera
problématique.
Figure 6.12 Problèmes associés avec l'application du béton projeté, d'après Norcad
(1995).
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 100
Figure 6.13 Concordance entre le béton projeté et la paroi rocheuse, pour le béton
projeté renforcé de grillage et celui renforcé de fibres métalliques, d'après
Vandewalle (1998).
Vandewalle (1998) suggère qu'un avantage important du béton projeté renforcé de fibres est la
possibilité d'éliminer le grillage. En plus, avec le béton projeté renforcé de fibres il est plus facile de
suivre le contour de la paroi et d'éviter la création de vides et le remplissage de l'espace en arrière du
grillage, Figure 6.13.
Le béton projeté renforcé de fibres d'acier est de plus en plus populaire. La Figure 6.14 compare la
résistance en flexion du béton projeté renforcé de grillage et celle du béton projeté renforcé de fibres
d'acier. On peut remarquer la courbe charge - déformation de chacun. Ces résultats suggèrent que
les fibres peuvent avantageusement remplacer le grillage.
Figure 6.14 Comparaison entre le béton projeté renforcé de fibres et celui renforcé à
l'aide d'un treillis, d'après Vandewalle (1998).
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 101
L'équipement pour déterminer la relation entre la tension et le couple, Figure 6.16 sur un ensemble
boulon - plaque installé comme en pratique, comprend un vérin hydraulique avec une pompe
(manuelle) et un indicateur de pression, ou une cellule de charge. La tension devrait être mesurée
avec une précision supérieure à 5% du maximum atteint durant le test.
Gardant la clé à l'horizontale, le mandrin de la clé est placé sur une tête de boulon fixe. Un plateau
avec des poids est suspendu à partir du centre du manche de la clé (Figure 6.15), et les poids sont
ajoutés par incréments. Les lectures de couple sont prises en note, ainsi que le poids de l'ensemble
plateau - poids. Cette procédure est répétée par incréments d'une façon telle qu'au moins 5 lectures
de couple sont disponibles pour la plage de valeur de couple attendues sur le terrain. La distance L
entre le centre de la poignée et la tête du boulon est mesurée.
Les valeurs expérimentales de couple sont calculées en multipliant la distance L par le poids appliqué.
Un graphique des valeurs réelles versus celles mesurées par la clé dynamométrique est ensuite
produit, et une régression linéaire est réalisée sur les points expérimentaux. La pente R est le facteur
de correction entre la valeur réelle et la valeur mesurée par la clé, voir Figure 6.15. La clé devrait être
calibrée au moins à tous les 6 mois.
Détermination du rapport Couple/Tension
La cellule de charge ou le vérin sont placés de façon la plus coaxiale possible sur le boulon servant de
contrôle, et la noix sur la plaque est serrée légèrement de façon à prendre le « lâche » dans le
système. La valeur de pression dans le vérin devrait être montée à une valeur minime mais non nulle.
L'ensemble boulon - plaque - noix devrait être exactement le même que ce qui sera installé de façon
systématique sur le terrain. Les conditions de lubrification et d'alignement devraient être similaires à
celles qui seront rencontrées.
Le couple est appliqué par incréments, et on prend note de la pression résultante dans le vérin (par
extension la tension dans le boulon) et du couple appliqué. La traction devrait être appliquée de façon
progressive et en gardant le point d'appui au centre de la poignée ou à une distance L semblable à
celle utilisée pour le calibrage. Au moins cinq lectures de couple - tension devraient être recueillies
durant un essai de calibrage. Un graphique de la tension vs couple est produit à la Figure 6.16 et la
pente "c" est le facteur de conversion entre la lecture de couple et la tension dans le boulon. La valeur
du facteur c devrait être évaluée pour les différentes conditions, types de plaques et accessoires
utilisés.
Équipement pour forer et nettoyer le trou, similaires aux conditions usuelles. L'installation devrait
respecter le plus possible les spécifications du manufacturier; si il n'est pas possible de s'y
conformer exactement, il est important de noter les différences pour évaluer les résultats.
Équipement pour l'inspection et la mesure des trous de forage, des ancrages et des boulons. Par
exemple, cet équipement pourra inclure un ruban à mesurer, des verniers, des récipients pour
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 104
Figure 6.17 Unité d'essai d'arrachement typique pour boulon mécanique à scellement
ponctuel ou complet, a) Lecture directe, b) Moyenne des déplacements.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 105
A : Boîtier de chargement
B : Vérin
C : Chaîne de sécurité
D : Boyau hydraulique
E : Manomètre
F : Pompe manuelle
G : Valve
Fermer
F G
Projet:……… Lieu:…………………
BOULON: Type:……………………. Longueur:……….. Couples:……………..
ROCHE: Classification:………….. Espacement des fractures:.. ……Résistance:……….
ANCRAGE: Type:……………………. Longueur:………….. Couples d'installation:…………
TROU: Diamètre:………………. Longueur:………….. Orientation et Rugosité:……….
Pression de Tension Lecture des déplacements Remarques
la pompe dans le lecture déplacement lecture déplacement moyenne
boulon
RÉSULTATS S'ESSAI:
Charge d'arrachement maximum:……………………………..
Déplacement maximum lors de l'essai:……………………….
Nature de la rupture ou de la déformation:……………………
Autres remarques:……………………………………………….
Resté par:………………………………………………………… Vérifier par:……………………….
Les boulons sont installés tel que spécifié, et les données essentielles d'installation sont prises en
note. Pour un boulon mécanique, cela peut être la longueur du boulon, le couple d'installation et
l'angle entre le boulon et la paroi, ainsi que le type de plaque, de noix et de coquille. Pour une
barre ancrée à la résine, cela inclut le nombre de cartouche de résine, le type, la procédure
d'insertion et de mélange, ainsi que le temps alloué aux diverses phases. Pour le boulon à friction
de type Split Set ou Roc Set, on doit absolument inclure le temps d'insertion. Pour le boulon
Swellex, on notera la pression d'installation de la pompe (pour détecter toute défectuosité de la
pompe), et toute fuite du boulon (ainsi que la pression lors de la fuite s'il y a lieu). Pour un câble
d'ancrage ou une tige ancrée au coulis de ciment, on notera la consistance du coulis, son
comportement, les pertes, etc.
Essai:
L'équipement de mise en charge est assemblé et installé sur le boulon, en prenant soin d'assurer
que la direction du chargement est coaxiale au boulon, que l'équipement est solidement assis sur
le roc, et qu'aucune partie du boulon ou de la colonne de coulis n'interfère avec l'essai. Lorsque
l'essai est réalisé sur un boulon installé avec une plaque d'appui, on doit s'assurer que le bâti de
chargement ne soit pas en contact avec la plaque.
Avec un boulon à ancrage mécanique, une charge arbitraire est appliquée pour reprendre tout
lâche dans l'installation. Pour un boulon mécanique 5/8 po., la charge de prétension
recommandée est de 5 kN (500 kgf ou 0.5 tonne métrique). Pour un boulon scellé ou un boulon à
friction, cette charge est recommandée être inférieure à 5 kN, parce que le boulon n'a pour ainsi
dire aucun jeu.
L'équipement de mesure des déplacements est assemblé et vérifié.
On procède ensuite à l'essai proprement dit, en mettant l'ancrage ou le boulon en charge, jusqu'à
ce qu'un déplacement supérieur à 80% de la course du vérin ait été atteint, ou jusqu'à ce que le
boulon entre en fluage ou se rupture, selon ce que l'on veut mesurer. Les lectures de charges et
déplacements sont prises à des intervalles d'environ 5 kN (0,5 tonne) ou de 5 mm de
déplacement. Le taux de chargement devrait se situer dans la plage 5-10 kN/minute (0,5 - 1,0
tonne/minute). Les lectures ne sont prises que lorsque la charge et la valeur du déplacement se
sont stabilisées. Le temps requis pour la stabilisation devrait être noté.
Le graphique de la Figure 6.20 présente les propriétés courantes les plus importantes d'un boulon
d'ancrage de type quelconque. On notera la charge ultime, qui est la capacité de retenue maximale
d'un boulon. Présentant aussi un intérêt certain est la limite élastique, qui décrit la charge limite en-
dessous de laquelle un boulon d'ancrage possède un comportement élastique. On notera aussi la
charge de fluage, qui est la capacité de retenue à partir de laquelle un boulon commence à se
déformer au-delà de sa limite élastique; passé cette limite élastique, le boulon acquiert une
déformation plastique et ne revient plus à sa position originale.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 108
Figure 6.20 Principaux paramètres mécaniques mesurés lors d'un essai d'arrachement.
Mise en graphique:
La Figure 6.20 décrit très bien un essai d'arrachement effectué sur un boulon à ancrage ponctuel,
tandis que la Figure 6.21 présente des courbes d'arrachement typiques pour des boulons de type
scellé et à friction. Selon le type de boulon soumis à l'essai d'arrachement, les valeurs
d'élongation seront soit :
Pour un boulon mécanique, la valeur du déplacement total à chaque palier moins le déplacement
original lors de la prétension.
Pour un boulon de type scellé ou un boulon à friction, puisqu'il n'y a généralement pas de mise en
prétension, on utilisera la valeur du déplacement à chaque palier.
Les résultats de l'essai sont mis en graphique tel que présenté à la Figure 6.21. Si le boulon ou
l'ancrage se rupture à une charge P, la capacité totale est inférieure ou égale à P.
Interprétation:
L'interprétation des résultats est fonction du type de boulon soumis à l'essai d'arrachement. Les
paragraphes suivants décrivent les principaux paramètres à évaluer lors de l'interprétation d'un
essai d'arrachement sur un type de boulon particulier.
Boulon à ancrage ponctuel typique (mécanique ou scellé):
L'élongation élastique à la charge P est :
P× L
ε=
A× E
Où L est la longueur totale de la tige d'ancrage non scellée + 1/3 de la longueur de l'ancrage
scellé, A est la section de la tige et E est le module d'élasticité de l'acier (ordinairement 200 000
MPa). On trace la courbe de déformation sur le graphique charge-déplacement de l'essai.
Ensuite, deux lignes droites sont tracées respectivement au niveau de la charge de fluage de la
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 109
faire un essai pour évaluer la capacité immédiate et un autre pour évaluer la capacité après 3-5 jours.
Si on s'attend à une relaxation des contraintes dans le massif rocheux, il serait bon de réaliser un
essai d'arrachement suite à une telle relaxation.
La capacité d'ancrage unitaire est calculée par la charge maximale divisée par la longueur du boulon
restante dans le trou.
Figure 6.21 Résultats d'essais d'arrachement typiques pour quatre boulons d'ancrage.