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GUIDE PRATIQUE DU

SOUTENEMENT MINIER

François Charette & John Hadjigeorgiou


Préambule

L'Association minière du Québec est fière de contribuer à la diffusion de ce


«Guide pratique du soutènement minier» destiné aux producteurs des mines
souterraines.
L'objectif de ce document est d'assister le personnel impliqué en matière de
contrôle de terrain dans les mines en leur fournissant un ouvrage qui contient
des outils pratiques destinés à la conception des systèmes de soutènement
des excavations souterraines. Nous croyons qu'un tel document est
susceptible de contribuer positivement à consolider la stabilité de ces
ouvertures et à assurer une plus grande sécurité du personnel travaillant sous
terre.
Ce guide s'efforce d'intégrer les apports technologiques les plus récents en
matière de soutènement minier. De plus, ce document vient compléter les
programmes de contrôle de terrain et de la qualité de l'installation du
soutènement minier également développés par l'Association minière du
Québec.
Ce «Guide pratique du soutènement minier» pourra également constituer un
excellent document de référence pour les cours de mécanique des roches et
de contrôle de terrain dispensés par les universités québécoises.

Dan Tolgyesi
Directeur général
Association minière du Québec
Avant propos

Le «Guide pratique du soutènement minier» a été conçu comme un outil de


travail destiné aux intervenants en contrôle des terrains appelés à œuvrer sur
les différentes facettes du soutènement des excavations souterraines. Le
document traite tout spécialement des aspects pratiques de la conception et
de la mise en application des systèmes de soutènement dans un contexte
minier. Ce guide n'est donc pas un ouvrage de mécanique des roches. Il n'est
pas, non plus, une revue de littérature sur le soutènement; en effet, les types
de soutènement étudiés sont ceux qui sont les plus utilisés dans les mines
souterraines canadiennes. On en a donc exclu les boulons extrêmement
spécialisés tels les ancrages auto-forant, et les tiges en fibres de verre; leur
application étant encore très restreinte, il nous a semblé prématuré de les
proposer comme un soutènement standard.

La réalisation du présent ouvrage sur la pratique du soutènement des


excavations minières souterraines a été rendue possible grâce à la généreuse
contribution technique des membres du Comité de Contrôle de Terrain de
l'Association minière du Québec, ainsi que celle de nos collègues ingénieurs,
professeurs, étudiants gradués et chercheurs associés au domaine minier.
Les auteurs veulent aussi remercier l'Association minière du Québec pour le
support et l'intérêt manifestés tout au long de la création du guide.

François Charette, ing.


John Hadjigeorgiou, ing.
Introduction 1

1 Introduction
Introduction
1.1. Concepts de base
Le but d'un guide pratique de soutènement minier est de pouvoir fournir aux ingénieurs qui oeuvrent
en contrôle des terrains un outil de travail efficace pour la conception et la mise en application du
soutènement des excavations minières. Les besoins de l'ingénieur vont inclure une connaissance des
divers types de soutènement disponibles et des règles d'applications ainsi que d'avoir accès à
l'expérience acquise dans des applications similaires. Bien que les règles établies en ingénierie du roc
doivent être respectées, le soutènement est une opération essentiellement pratique et l'expérience
acquise est une composante principale du mécanisme de conception.

L'objectif primordial du renforcement et du support est de garder l'excavation ouverte et sécuritaire


pendant toute sa durée de vie utile. Le soutènement doit surtout garantir la sécurité du personnel
minier et de l'équipement, mais doit aussi permettre à l'opération de pouvoir extraire du minerai le plus
économiquement possible. Ces vingt dernières années, l'utilisation du soutènement dans les mines
souterraines a beaucoup évolué en raison de la meilleure compréhension de l'interaction du support
ou du renforcement avec le massif rocheux, de l'apparition de nouveaux types de soutènement et de
l'amélioration des outils de conception.

L'action réelle du soutènement est très complexe. Une explication simplifiée des différentes fonctions
du soutènement a été donnée par McCreath et Kaiser (1992). En se référant à la Figure 1.1, il est
possible d'identifier ces principales fonctions comme étant le renforcement du massif rocheux, la
retenue des blocs de roche, le lien entre les éléments de rétention ou encore le maintien sécuritaire
de ces derniers.

Charge due au poids


de la roche

Maintien
Renforcement

Figure 1.1 Une explication simplifiée des différentes fonctions du soutènement, d'après
McCreath et Kaiser (1992).
Le but ultime du renforcement du massif rocheux est d'augmenter sa résistance, c'est-à-dire d'aider le
massif rocheux à se supporter lui même, Hoek et Brown (1980). De plus, pour des raisons de
sécurité, il est nécessaire de retenir le roc fracturé. Lorsque les contraintes sont élevées, le
soutènement empêche les ruptures progressives qui peuvent conduire à un effilochage du massif
rocheux. Enfin, la fonction de maintien est nécessaire pour solidariser les éléments du système de
soutènement en vue d'obtenir un terrain stable. Elle est également nécessaire pour éviter les chutes
de terrain. En pratique, un système de soutènement effectif est composé d'éléments de support
individuels qui agissent ensemble pour donner un renforcement ou un support ayant comme fonction
la rétention ou le maintien du massif rocheux.

Une particularité importante du soutènement dédié aux excavations minières est la différence de
philosophie qui préside dans le contrôle des terrains dans un contexte minier par rapport à celui
effectué pour des infrastructures de génie civil. L'objectif principal du soutènement d'excavations de
génie civil est d'assurer une absence de déformation durant la vie de l'excavation, dans un milieu le
plus souvent statique. Dans le cas d'excavations minières, l'objectif principal est de contrôler les
Introduction 2

déformations, de façon économique et pour une période de temps raisonnable, dans un milieu
dynamique et changeant. Et la vie utile d'un tunnel routier est d'au moins cinquante ans, tandis que la
vie utile d'une rampe de mine est généralement de moins de dix ans, ce qui amplifie les nécessités
économiques et temporelles particulières au domaine minier.
1.2. Les effets liés à une excavation
Le développement de stratégies conduisant au choix du système de soutènement nécessite une
bonne compréhension des effets engendrés par une excavation sur le massif rocheux environnant.
Hudson et Harrison (1997) illustrent clairement à la Figure 1.2 une explication conceptuelle des trois
effets principaux liés à la création d'une excavation souterraine. Ces trois effets sont décrits plus en
détails à la droite de la Figure 1.2.

Il appartient à l'ingénieur de définir l'importance d'un déplacement du massif rocheux ainsi que son
amplitude maximum tolérable. Il est très important de savoir si les déplacements sont associés au
mouvement d'un bloc dans l'excavation, ou si le massif rocheux se déforme comme un tout, ou si une
rupture survient dans le roc intact. Il est possible que ces trois mécanismes soient actifs en même
temps. Il est donc nécessaire de bien les comprendre pour pouvoir décider de la stratégie de
stabilisation appropriée.

La conséquence la plus importante du second effet, la perturbation du champ de contraintes, est


l'augmentation du risque de rupture de la roche due à une hausse de l'amplitude des contraintes
déviatoires. L'augmentation des contraintes déviatoires provient d'un changement de la valeur des
contraintes principales, et plus spécifiquement du passage d'un état de contrainte polyaxial arbitraire à
un état de contrainte axial ou bi-axial fortement anisotrope.

Le troisième effet, l'accroissement du débit d'eau, est également important car il engendre des
variations de pression dans le massif rocheux, qui ont tendance à pousser les blocs dans l'excavation
avec une possibilité d'augmenter l'altération ainsi que la détérioration de la roche avec le temps. De
plus, la réduction des contraintes effectives dans la roche intacte diminue la résistance à la
compression de la matrice rocheuse. Ces conséquences deviennent de plus en plus apparentes au
fur et à mesure que le débit d'eau augmente.

Il y a deux façons de considérer la présence de déplacements aux abords des parois d'une
excavation. La première consiste à les laisser survenir naturellement et la seconde à s'y opposer en
mettant en œuvre des méthodes de stabilisation.

L'adoption de stratégies d'ingénierie minière qui tiennent compte de ces effets est basée sur le
principe que nous ne devons pas vouloir maintenir aveuglément les conditions initiales (par exemple
en installant des supports ou des renforcements massifs et en rendant étanche l'excavation); nous
devons traiter ces effets comme une opportunité de comprendre le comportement du massif rocheux
et de développer une ingénierie concordante.
Introduction 3

Les déplacements
surviennent suite à la
diminution de la
résistance du massif

τ Dans le massif
Les contraintes normales
rocheux la valeur des σn = 0
contraintes principales
perpendiculaires et les et leur orientation sont
contraintes de modifiées. Une des
cisaillement tangentielles Contraintes
aux parois de principales devient
l'excavation s'annulent. perpendiculaire à une
des parois de
l' ti

Flux d’eau induit


La pression
hydraulique réduite à
zéro. L’excavation
devient un puisard

Figure 1.2 Une explication conceptuelle des effets liés à une excavation, d'après
Hudson et Harrison (1997).
1.3. La structure géologique
La plupart des excavations minières sont réalisées dans un massif rocheux présentant des
discontinuités. La présence de plans de faiblesse provoque une division du massif rocheux en une
série de blocs dont la taille, la forme et l'orientation, influencent la stabilité des ouvrages souterrains.
La Figure 1.3 illustre les caractéristiques importantes de la structure géologique.

Les propriétés géométriques des discontinuités:

L'espacement et la fréquence: l'espacement est la distance entre les intersections de deux


discontinuités adjacentes, mesurée par une traverse. La fréquence (c'est-à-dire le nombre de
discontinuités par unité de distance) est l'inverse de l'espacement.

L'orientation, la direction du pendage et le pendage: on pose l'hypothèse que les discontinuités sont
planes. Par conséquent, la direction du pendage (l'orientation de la droite avec la pente la plus raide
dans le plan de la discontinuité) et le pendage (l'angle que cette droite fait avec le plan horizontal)
Introduction 4

définissent à eux seuls l'orientation et l'inclinaison de la discontinuité.

Figure 1.3 Les caractéristiques importantes de la structure géologique, d'après Hudson


et Harrison (1997).

La persistance, la taille et la forme: l'étendue de la discontinuité dans son propre plan, de même que
les facteurs tels que la forme, et les dimensions caractéristiques associées peuvent être évalués en
considérant les discontinuités comme des disques pour les besoins d'analyse et d'échantillonnage.

La rugosité: bien que les discontinuités soient considérées planes par hypothèse pour le besoin de
l'analyse de l'orientation et de la persistance, leur surface peut être rugueuse. La rugosité d'une
discontinuité peut être quantifiée en se référant aux diagrammes standards ou de façon
mathématique, ISRM (1981).

L'ouverture: il s'agit de la distance la plus courte entre les deux faces d'une discontinuité. Cette
distance constitue une valeur constante pour les surfaces adjacentes parallèles et planes, une valeur
variant linéairement pour les surfaces adjacentes non parallèles mais planes, et une valeur très
variable pour les surfaces adjacentes rugueuses.

Famille de discontinuités: l'orientation de la plupart des discontinuités n'est pas aléatoire. En effet,
elles se regroupent généralement suivant une orientation préférentielle associée à leurs mécanismes
de formation. Donc, il est très souvent nécessaire de considérer le concept de famille de
discontinuités qui consiste en un ensemble de discontinuités parallèles ou subparallèles. Le nombre
de ces familles caractérise la géométrie des blocs d'un massif rocheux donné.

La taille du bloc: comme l'illustre la Figure 1.3, l'intersection de plusieurs familles de discontinuités
implique la présence de blocs. En terme d'excavation et de soutènement, il est utile d'avoir un estimé
de la blocométrie du massif rocheux, qui définit à la fois la taille des blocs et la distribution de la taille
des blocs, Hadjigeorgiou et al. (1998).
1.4. Le zonage
Pour les besoins d'ingénierie, il est d'usage de diviser le massif rocheux en zones qui présentent le
même comportement ou les mêmes propriétés. En définissant un domaine géotechnique, il est
nécessaire de considérer entre autres les facteurs suivants: la résistance du massif rocheux, les
propriétés des discontinuités (l'orientation, l'espacement, la persistance et la résistance), le champ de
contraintes induites, la blocométrie, le module de déformation du massif rocheux, etc.

Les systèmes de classification du massif rocheux procurent une méthodologie simple pour déterminer
l'étendue des différentes zones géotechniques. Les trois méthodes de classification les plus
populaires sont: le RQD de Deere et al. (1967), le système RMR de Bieniawski (1973) et le système Q
par Barton et al. (1974), voir Annexe A.
Introduction 5

1.5. Contraintes dans les massifs rocheux


Les contraintes dans les massifs rocheux sont caractérisées par leur intensité et leur orientation. Les
contraintes en place sont définies par les contraintes naturelles présentes avant que l'on commence le
minage et les contraintes induites résultent de la percée des excavations. Les facteurs qui influencent
l'état de contraintes in situ sont:

(a) La topographie de la surface;


(b) L'érosion;
(c) Les contraintes résiduelles (qui peuvent être reliées à des propriétés des roches et
reflètent la non-uniformité de leur histoire thermique, chimique ou pétrologique);
(d) Les contraintes tectoniques;
(e) Les discontinuités et fractures.

Il existe plusieurs méthodes de mesure des contraintes in situ. Arjang (1996) et Corthésy et al. (1993)
ont fourni des revues détaillées de ces techniques et ont énuméré les avantages et inconvénients de
chacune d'elles. Les méthodes les plus couramment utilisées sont présentées dans le Tableau 1.1.

Tableau 1.1 Techniques de mesure des contraintes.

Principe Méthode
Rétablissement Vérin plat (1D)
Fracturation Fracturation hydraulique (2D)
Récupération Cellule BDG du USBM (2D)
Récupération Cellule CSIR "Doorstopper" (2D)
Récupération Cellule CSIRO (3D)

1.6. Les données empiriques de détermination des contraintes in situ


Le plus souvent, il n'y a pas de mesures de contraintes disponibles sur un site minier. Dans ces
conditions, il est nécessaire de se fier à des données empiriques. Bien qu'il existe une grande variété
de données empiriques disponibles, la plupart sont basées sur de l'information récoltée dans le
Bouclier canadien et sont de plus en plus utilisées localement.

Arjang et Herget (1997) ont recensé l'ensemble des mesures de contraintes naturelles réalisées dans
plusieurs sites du Bouclier canadien pour des roches précambriennes, soit
des granités, des gneiss granitiques, des roches volcaniques ou encore des roches sédimentaires
métamorphisées, Tableau 1.2. Arjang et Herget (1997) ont été obligés de tenir compte de l'existence
de valeurs particulièrement élevées de contraintes verticales σ v et de contraintes horizontales
σ h observées dans certaines mines et qui ne pouvaient pas être mises en doute. Ils ont accepté que
ces valeurs élevées ( σ v , σ h ) étaient causées par le voisinage de zones particulières au point de vue
tectonique (zone de faille, proximité d'un intrusif), Arjang (1996) a aussi proposé un modèle empirique
spécifique à la région de l'Abitibi, Tableau 1.3.

Aussi spécifique à l'Abitibi, Corthésy et al. (1998) ont élaboré un modèle de prédiction des contraintes
in situ dans la région de la faille Cadillac, Tableau 1.4. Ils suggèrent cependant que les relations
empiriques soient utilisées avec précaution parce que l'on observe une grande dispersion dans les
données disponibles. La source de cette dispersion est un ensemble de facteurs qui vont inclure le
mode de formation du gisement et des structures géologiques, la quantité et la variation spatiale des
structures géologiques, les propriétés du massif rocheux ainsi que les zones d'influence des
excavations.
Introduction 6

Tableau 1.2 Orientation et grandeur des contraintes avec la profondeur, pour le Bouclier
canadien, d'après Arjang et Herget (1997).

Contrainte Ordonnée à Gradient


Direction /plongée Coefficient de corrélation
MPa l'origine MPa/m

σ1 066°/02° 13.5 ± 1.3 0.0344 ± 0.0014 0.87


σ2 310°/20° 8.0 ± 0.9 0.0233 ± 0.0090 0.85
σ3 Verticale 3.0 ± 0.7 0.0180 ± 0.0007 0,87
σ2 0.0 0.0260 nd

Tableau 1.3 Orientation et grandeur des contraintes selon la profondeur, pour l'Abitibi,
d'après Arjang (1996).

Contrainte Ordonnée à Gradient


Direction /plongée Coefficient de corrélation
MPa l'origine MPa/m

σ1 232°/05° 12.0 ± 2.0 0.0366 ± 0.0022 0.90


σ2 343°/15° 6.1 ± 1.7 0.0253 ± 0.0017 0.88
σ3 140°/80° 1.2 ± 0.9 0.0190 ± 0.0009 0,92
σ2 0.0 0.0253 nd

Tableau 1.4 Variation d'orientation des contraintes et de grandeur des contraintes avec
la profondeur le long de la faille de Cadillac, d'après Corthésy et al. (1998).

Contrainte Gradient MPa/m


Direction /plongée Coefficient de corrélation
MPa (p=profondeur en m)

σ1 223°/03° (-2.3631E-5p2 + 0.073914p) ± 8.0 0.91


σ2 297°/10° (-1.4769E-5p2 + 0.047188p) ± 7.3 0.86
σ3 129°/80° (-5.6454E-6p2 + 0.022233p) ± 4.5 0,82
σ2 (4.8610E-6p2 + 0.015684p) ± 3.85 0.86

1.7. Les dommages dus au sautage


Un processus de forage et sautage est réussi lorsqu'il permet d'atteindre un degré de fragmentation
du roc excavé suffisant, avec un minimum de dommages au massif rocheux qui demeure en place. La
fragmentation, ainsi que les dommages dus au sautage sont causés par la pression d'explosion, les
vibrations et les gaz à haute pression qui augmentent l'ouverture des plans de faiblesse existants et
créent de nouvelles fractures dans le roc intact. Il n'est pas possible d'éliminer totalement les
dommages dus au sautage, mais il est possible de minimiser leur impact, en utilisant des pratiques de
forage et sautage contrôlées.
1.8. Les ouvertures
Dans les mines souterraines, il existe différents types d'ouvertures qui peuvent être classifiées en
ouvertures temporaires ou permanentes, dépendamment de la durée de vie escomptée de
l'excavation. Le Tableau 1.5 présente des exemples d'ouvertures permanentes, définies comme ayant
une durée de vie au moins aussi longue que celle de la mine.
Introduction 7

Tableau 1.5 Types d'ouvertures.

Ouvertures permanentes Ouvertures temporaires

Puits Chantiers
Rampes d'accès Accès aux chantiers
Le niveau de développement principal Accès au forage
Garage ...........
Sortie de secours

Lors des étapes préliminaires de la planification, il peut être possible de déplacer une excavation de
façon à tirer avantage de meilleures conditions de terrain. Stacey et Page (1986) ont identifié les
paramètres critiques permettant d'optimiser la géométrie d'une excavation comme sa localisation, son
orientation, sa forme et sa taille. Dans certaines situations, il peut être possible de localiser
l'excavation au sein d'une roche compétente afin d'éviter ou de limiter les problèmes d'instabilité,
Figure 1.4.

La modification de l'orientation d'un ouvrage souterrain peut également, en pratique, améliorer sa


stabilité. En effet, un choix judicieux de l'orientation peut minimiser le nombre de blocs de roche
potentiellement instables, comme illustré à la Figure 1.5. De plus, une excavation doit être orientée,
autant que possible, de manière à réduire les effets du champ de contraintes in situ. Cet aspect du
problème peut être étudié plus en détails à l'aide de modélisations numériques.

Un autre paramètre important est la forme optimale de l'ouvrage excavé. Il est actuellement
recommandé que les excavations soient conçues de façon à tirer profit de la forme naturelle stable du
massif rocheux rencontré, Figure 1.6. Cette forme devrait également être choisie en fonction de l'état
de contraintes en place afin de limiter l'instabilité du massif rocheux. Par exemple, une forme elliptique
orientée dans la direction des contraintes principales majeures minimise la grandeur des contraintes
aux abords des parois de l'excavation, Figure 1.7. Cependant, lorsque la roche est peu résistante ou
lorsque les contraintes sont élevées, il peut être parfois préférable d'opter pour une forme permettant
une rupture contrôlée et progressive du massif rocheux qui sera maintenu en place par la suite. Enfin,
lorsqu'on augmente la taille d'une excavation, les risques de rencontrer de grands plans de faiblesses
sont accrus et les problèmes d'instabilité qui y sont reliés augmentent également.
Introduction 8

Figure 1.4 Localisation d'une excavation, d'après Stacey et Page (1986).

Bloc stable

Bloc instable

Figure 1.5 Modification de l'orientation d'un ouvrage souterrain, d'après Stacey et Page
(1986).

Figure 1.6 Forme de l'excavation, d'après Stacey et Page (1986)


Introduction 9

Figure 1.7 Influence de l'orientation des contraintes, d'après Stacey et Page (1986).
Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 10

2 Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement


2.1. Le comportement du massif rocheux
Le comportement du massif rocheux autour d'une excavation est très influencé autant par son degré
de fracturation que par les contraintes induites au voisinage de l'excavation. Ceci est démontré à la
Figure 2.1, extraite d'Hoek et al. (1995).
Niveau de contrainte relatif en fonction de la résistance du massif rocheux
Niveau de contrainte faible Niveau de contrainte élevé
Roc massif
Dimension relative des blocs par rapport à la dimension de l’ouverture souterraine

Stable Écaillement et broyage


Massif Rocheux
avec joints

Effondrement par gravité de Joints serrés, glissement


blocs en formes de coins limité, contrôle par la
résistances du roc intact
avec beaucoup de joints
Massif Rocheux

Effilochement, effondrement progressif Glissement, serrement et


s’il n’y a pas de soutènement convergence majeure
s’il n’y a pas de soutènement

Figure 2.1 Comportement du massif rocheux autour d'une excavation, d'après Hoek et al.
(1995).
Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 11

Lorsque les excavations sont creusées dans un massif rocheux dont les contraintes sont de faibles à
modérées, leur stabilité est surtout influencée par le régime structural caractérisé par la présence de
joints ou d'autres plans de faiblesse. Dans ces circonstances, les supports sont utilisés pour stabiliser
des blocs individuels du terrain à faible déformation. L'analyse par la méthode traditionnelle d'équilibre
limite est alors adaptée à la détermination de la stabilité et l'influence du support. Les logiciels tels que
Unwedge, Carvalho et al. (1992), facilitent l'analyse de la stabilité des blocs. Si la matrice rocheuse
est très altérée ou fragmentée, le comportement global s'assimile plutôt à de l'écoulement.

Lorsque les excavations sont creusées dans un massif rocheux aux contraintes très élevées, la
rupture progresse en passant par l'écaillement fragile et la formation de plaques dans le cas d'un
massif rocheux avec peu de joints, ou par un mode de rupture beaucoup plus ductile pour un massif
rocheux avec beaucoup de joints. La phase finale de rupture survient par glissement des blocs le long
des discontinuités, entraînant leur effondrement. Cette rupture est souvent accompagnée d'un
soulèvement du plancher et d'une convergence majeure des parois.
2.2. Description qualitative des terrains
Le principe de base d'une description qualitative est de déterminer les mécanismes responsables de
l'instabilité. Il est donc important de reconnaître, parmi les situations géostructurales typiques des
excavations souterraines, celles qui peuvent amener des chutes de terrain. La Figure 2.2 décrit des
géologies structurales typiques rencontrées autour d'une excavation souterraine.

Un bloc en coin potentiellement instable Roc lité horizontalement situé sous du roc
intact, soumis au poids des terrains sus-jacents

Roc de faible résistance lité horizontalement Blocs de roc individuels pouvant tomber sous
l’effet de la gravité ou des contraintes en place

Figure 2.2 Géologies structurales typiques d'une excavation souterraine, d'après Stillborg
(1994).
Le «Mining Accidents Prévention Association of Ontario» a produit une documentation élaborée sur
les chutes de terrain, Lalonde (1983). Les Figures 2.3 et 2.4 montrent différentes situations dans
lesquelles on peut avoir des chutes de terrain associées à des ruptures du massif rocheux, d'après
Lalonde (1983).
Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 12

Rupture par compression Effritement des piliers et formation de Fractures horizontales au


pans de roche dus à de fortes toit dues à de forte
contraintes contrainte

Rupture par tension Fissures verticales au toit dues aux Terrain fragmenté ou
contraintes de tension fracturé dû à des
contraintes de tension

Eponte supérieure

Eponte inférieure

Pilier original
Contour du pilier
après le cisaillement
Rupture par cisaillement
Cisaillement le long du pilier dû à de
fortes contraintes.

Figure 2.3 Chutes de terrain, d’après Lalonde (1983)


Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 13

Fractures rapprochées dues à de fortes Fractures rapprochées dues à de fortes


contraintes contraintes

Faiblesses structurales Forte contrainte horizontale

Affaiblissement du toit d'un chantier


dans des gisements stratifiés

Figure 2.4 Ruptures les plus fréquentes, d'après Lalonde (1983).


2.3. Les conditions propices aux coups de toit

Un coup de toit est une rupture soudaine et violente d'un massif rocheux accompagnée d'un
événement sismique. Hediey (1992) définit cet événement sismique comme un mouvement passager
du terrain causé par une libération soudaine de l'énergie potentielle ou de l'énergie de déformation
emmagasinée dans la roche. Par conséquent, l'énergie sismique rayonne sous forme d'ondes de
déformation. La magnitude d'un événement sismique est généralement calculée à partir de l'amplitude
maximale de l'onde de déformation exprimée sur une échelle logarithmique. Un coup de toit désigne
également un événement sismique causant des blessures physiques à des personnes ou des
dommages aux installations souterraines. La principale caractéristique des coups de toit est leur
nature soudaine.

Les récentes années ont vu une prolifération de la recherche sur les coups de terrain comme en
réfèrent les travaux de Hediey (1992), Kaiser et al. (1996) et de Simon et al. (1998). Wahistrôm (1973)
présente trois conditions géologiques pouvant favoriser l'occurrence de coups de terrain, Figure 2.5.
En a) le poids du terrain dans le cas d'un tunnel foncé à grande profondeur dans un granité fragile,
cause une déformation semi - plastique dans une lentille de schiste à mica peu compétente. Le coup
de terrain (zone hachurée) se produit dans le granité du tunnel au point le plus rapproché de la lentille.
En b) l'injection forcée d'un dyke dans un quartzite dur produit des contraintes résiduelles qui
favoriseront l'occurrence d'un coup de terrain dans le mur du tunnel. Finalement, en c) les forces
ayant causé une déformation élastique dans une roche ignée résistante, sont dirigées vers
l'excavation et peuvent initier un coup de terrain.
Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 14

Figure 2.5 Conditions géologiques pouvant favoriser l'occurrence de coups d'après


Wahistrôm (1973).

Kaiser et al. (1996) ont identifié trois mécanismes majeurs des dommages causés par les coups de
toit, qui peuvent être déclenchés aussi bien par l'accumulation de contraintes que par des
événements sismiques, Figure 2.6. On distingue: a) Le gonflement du massif rocheux dû à la
fracturation: il a lieu lorsque les contraintes autour de l'excavation excèdent soudainement la
résistance du massif rocheux, ayant comme effet la création d'une zone fracturée. Une forme
différente de gonflement survient lorsque le massif autour de l'excavation connaît une rupture causée
par un chargement excessif d'une structure géologique, b) L'éjection des blocs due au transfert de
l'énergie sismique: le transfert de l'énergie sismique provenant de l'onde de contrainte sismique peut
causer une éjection violente des blocs dans la périphérie de l'excavation. Ce phénomène, qui est par
ailleurs très commun dans les mines de l'Afrique du Sud, ne semble pas être un phénomène courant
dans es mines canadiennes, c) Les chutes de roches dues à un séisme: ceci survient lorsqu'une
onde sismique accélère dans un volume de roche initialement stable sous des conditions statiques.

Figure 2.6 Mécanismes des dommages causés par les coups de toit, d'après Kaiser et al.
(1996).
Il est d'autant plus important d'identifier le mécanisme dominant que pour fournir un support optimal, la
conception doit mener à un soutènement spécifique au mécanisme et aux dommages anticipés.
Kaiser et al. (1996) ont montré que, même si la sévérité du dommage dépend de plusieurs facteurs, le
mécanisme est surtout caractérisé par la profondeur et l'étendue latérale du roc endommagé autour
de l'excavation, Figure 2.7. La prédiction des
zones endommagées peut être empiriquement basée sur les données des coups de toit précédents
sur le site.
Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 15

Figure 2.7 La sévérité du dommage, d'après Kaiser et al. (1996).

Kaiser et al. (1996) proposent une série de corrélations entre les mécanismes de dommage et la
nature des dommages anticipés. Cette information est très utile quand on cherche le système de
soutènement approprié pour différentes situations. Le Tableau 2.1 est tiré du «Canadian Rockburst
Handbook» par Kaiser et al. (1996), et résume les principales caractéristiques mécaniques et
physiques reliées au mécanisme de dommage associé à un coup de terrain. Ces caractéristiques
permettent de définir quel type de soutènement sera approprié au coup de terrain attendu et aux
dommages anticipés.

Tableau 2.1 Mécanismes de dommage des coups de terrain, d'après Kaiser et ai. (1996).

Mécanisme de Cause du coup de Sévérité du E Poids c Ve Énergie


dommage toit dommage (m) (kN/m2) (mm) (m/s) (kJ/m2)
Gonflement sans Roche soumise à des Mineur <0.25 <7 15 <1.5 Non
éjection contraintes élevées critique
avec peu d'énergie
Modéré <0.75 <20 30 <1.5 Non
Emmagasinée
critique
Majeur <1.5 <50 60 <1.5 Non
critique
Gonflement avec Roche soumise à des Mineur <0.25 <7 50 1.5 à 3 Non
éjection contraintes élevées critique
avec une quantité
Modéré <0.75 <20 150 1.5 à 3 2à 10
Significative d'énergie
Emmagasinée Majeur <1.5 <50 300 1.5 à 3 2 à 25

Éjection Roche fracturée par Mineur <0.25 <7 <150 >3 3à 10


une source d'énergie
Modéré <0.75 <20 >300 >3 10 à 20
d'un événement
Sismique Majeur <1.5 <50 >300 >3 20 à 50

Chute de blocs Résistance Mineur <0.25 <7g/(a+g) na na na


inadéquate et forces
Modéré <0.75 <20g/(a+g) na na na
augmentées par une
accélération sismique Majeur <1.5 <50g/(a+g) na na na

Note. c : convergence anticipée avec un système de support adéquat; Ve vélocité de la roche éjectée ou
déplacée; a : accélération sismique; g: accélération gravitationnelle; e : épaisseur de la zone affectée; na : non
applicable.

2.4. Support vs Renforcement

L'objectif de la stabilisation du massif rocheux est de maintenir l'intégrité de l'excavation comme il fut
déterminé par les objectifs d'ingénierie. Le renforcement consiste à accroître la résistance interne du
roc aux sollicitations mécaniques; on insère les boulons ou les câbles dans le massif rocheux, de
sorte que le massif est rigidifié et renforcé avec comme objectif qu'il puisse s'autosupporter, Figure
2.8.
Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 16

Boulons
Ex: Une face
boulonnée

Le renforcement induit
les forces stabilisatrices
dans le massif rocheux
Couche de
béton Discontinuités

Figure 2.8 Principe du renforcement, d'après Hudson et Harrison (1997).

Le support consiste à introduire des éléments structuraux de façon à inhiber ou du moins à contrôler
la déformation du massif rocheux à la paroi de l'excavation, Figure 2.9. On peut utiliser les anneaux
de béton coulé, le béton projeté ou dans les conditions extrêmes les cintres d'acier. Dans la roche
intacte, les éléments structuraux appliquent des forces ou des contraintes qui restreignent les
déplacements du milieu. Dans des conditions de roche très fracturée, les éléments structuraux
inhibent le déplacement des blocs individuels.

Ex : Un anneau de
segment de béton
coulé

Les éléments structuraux


appliquent une force
stabilisatrice externe

Figure 2.9 Principe du support, d'après Hudson et Harrison (1997).


2.5. Modes d'action du renforcement

Les modes d'action du renforcement par boulons et par câbles d'ancrages se rangent parmi quatre
grandes classes: la suspension des terrains, l'armature des terrains lités et stratifiés, le
développement d'une voûte et la stabilisation des blocs critiques, Figure 2.10.
Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 17

a b

c d

Figure 2.10 Modes d'action du renforcement, d'après Windsor (1993).

a) Suspension des terrains

Ce mode d'action est le plus simple à concevoir. On accepte que le soutènement doive porter la
totalité du poids d'une couche de terrain mince ou de très mauvaise qualité. La suspension ne
s'applique qu'à des situations extrêmes, rencontrées dans certains terrains sédimentaires dont la
stratification est relativement horizontale. Le mode d'action par suspension s'apparente un peu au
support, sauf que les éléments structuraux de renforcement sont internes, par rapport à la position
externe des éléments de support.

b) Armature des terrains lités et stratifiés

Ce mode d'action des boulons est relativement simple: sa fonction est de solidariser par friction les
premières strates du massif rocheux, de façon à former une poutre de plus grande épaisseur et
autoportante. Les forces auxquelles sont soumises les couches solidarisées sont, d'une part, leur
poids propre, et d'autre part, celles produites par les contraintes verticales (toit) ou horizontales (murs)
provenant de la concentration des contraintes naturelles à la paroi. Ces forces causent le flambage
des couches vers l'intérieur de la galerie.

c) Formation d'une voûte

Le mécanisme principal qui mène à la formation d'une voûte rocheuse au toit d'une excavation
souterraine est le blocage du mouvement des fissures. Lors du percement d'une cavité souterraine, il
est maintenant reconnu qu'une certaine convergence des parois se produit. Cette convergence nous
intéresse car elle correspond à la période de formation d'une voûte naturelle par le massif rocheux
dans la zone détendue qui s'affaisse sous l'action de la gravité. L'action du boutonnage dans ces
conditions consiste à restreindre le mouvement des blocs de roche et maintenir en place ces blocs en
vue d'éviter leur chute, laquelle amorcerait un désenchevêtrement du terrain. Par conséquent, le
renforcement contrôle l'affaissement de la masse rocheuse pendant que la voûte naturelle se
construit. Par contre, le concept de voûte artificielle créée par des boulons tensionnés au toit de
Instabilité du massif rocheux et modes d'action du soutènement 18

l'excavation est le résultat de la zone de compression uniforme produite par la tension entre la coquille
et la plaque d'appui. Ce mécanisme est applicable autant dans le roc massif que très fracturé;
toutefois, la zone de compression est accompagnée d'une zone de traction entre les boulons, et cette
région doit être protégée par du grillage ou des boulons plus courts. Ce mécanisme explique l'action
du boutonnage sur la stabilisation du toit des excavations souterraines dans les massifs rocheux très
fracturés. De tels terrains sont typiques des exploitations minières de minerais métalliques qui sont
situées dans des roches ignées du type magmatique (granité, diorite, gabbro) ou volcanique (rhyolite,
andésite, basalte) ou dans des roches métamorphiques (schistes et gneiss granitiques). Les mines
québécoises situées dans le bouclier canadien s'apparentent particulièrement bien à ce type de
géologie.

d) Soutènement des blocs critiques

Le blocage du mouvement des fissures de certains blocs va restreindre la déformation du toit en


agissant comme une clé de voûte. Le boulonnage de ces blocs va avoir un effet qui se répercutera
dans l'ensemble du toit, en permettant de créer l'arche de compression qui stabilisera le toit. La
capacité requise du boulonnage est calculée de façon similaire à celle nécessaire pour retenir par
suspension un bloc isolé au toit ou à la paroi. L'action directe du boulon est la même, mais l'effet du
blocage des fissures est spécifique à un massif fracturé.
2.6. Interaction roc - soutènement
L'objectif de cette méthode est de faire coïncider les courbes charge - déformation du massif rocheux
et du soutènement de façon à demeurer dans la zone de compatibilité entre les deux éléments. Le
concept est illustré à la Figure 2.11, adaptée de Hoek et Brown (1980). L'analyse est basée sur un
cas simple (cavité circulaire et champ de contraintes hydrostatiques) mais montre bien que le
soutènement doit être choisi et installé au moment propice et de façon à ce que sa rigidité et sa
résistance soient compatibles avec celles du massif rocheux.

Figure 2.11 Le concept de l'interaction roc - soutènement, d'après Hoek et Brown (1980).
Fiches techniques 19

3 Fiches techniques
3.1. Introduction
Une enquête a été menée auprès de mines souterraines métallifères du Québec et du Nouveau-
Brunswick à propos des différents types de soutènements actuellement utilisés et de leurs domaines
d'utilisation, Lemy et al. (1998). Les résultats de cette enquête sont synthétisés à la Figure 3.1, qui
montre que le boulonnage et la fixation du grillage sont des méthodes de soutènement utilisées dans
toutes les mines sondées. On remarque également que la pose de câbles d'ancrage et du béton
projeté sont des pratiques courantes dans la stabilisation des excavations minières.

Figure 3.1 Différents types de soutènements utilisés dans 15 mines du Québec et du Nouveau-
Brunswick, d'après Lemy et al. (1998).

Des câbles d'ancrage de diverses longueurs sont posés dans la majorité des mines afin de renforcer
les épontes du gisement et le toit des grandes ouvertures provisoires (chantiers, intersection de
galeries,..) ou permanentes (accès critiques, points de soutirage, galeries de roulage,...) ainsi que
pour certains travaux de réhabilitation. Le grillage est très utilisé avec ou sans béton projeté dans les
ouvrages permanents mais aussi dans les excavations temporaires (murs et toits des chantiers et des
galeries) lorsque la qualité de la roche n'est pas suffisante. Les treillis sont fixés à l'aide de boulons et
sont parfois accompagnés de traverses de soutènement. La totalité des mines québécoises (et des
mines modernes en général) utilise les boulons pour renforcer les parois de leurs excavations et pour
installer le grillage.

Ce chapitre présente une liste des données techniques sur les principaux systèmes de soutènement.
Sauf indication contraire, ces informations proviennent de sources variées, incluant les données des
manufacturiers, des publications variées, de l'information fournie directement par la communauté du
contrôle des terrains ainsi que l'expérience des auteurs. Pour fin de présentation, l'information est
généralement synthétisée et les multiples références ne sont pas mentionnées, sauf lorsque l'on fait
directement référence à un auteur ou une publication. De l'information plus complète est disponible
dans les ouvrages de Hadjigeorgiou et al. (1998) pour les boulons d'ancrage, Hutchinson &
Diederichs (1996) pour les câbles d'ancrage et Norcad (1995) pour le béton projeté.
Fiches techniques 20

3.2. Boulons à ancrage mécanique

Les boulons à ancrage mécanique sont formés d'une tige d'acier filetée à une extrémité pour recevoir
la coquille tandis que l'autre extrémité est terminée par une tête forgée ou filetée pour recevoir un
écrou. On place toujours une plaque d'appui près de la tête afin de pouvoir tensionner les boulons.

Information technique (diamètre de 16mm (5/8") tige en acier C1060):


ƒ Charge minimale de la limite élastique de la tige: 76 kN
ƒ Charge minimale de rupture de filets: 100 kN
ƒ Charge minimale de dépassement de la limite élastique des filets: 60 kN
ƒ Charge minimale de rupture de la tige: 115 kN
ƒ Pourcentage d'allongement à la rupture sur 1.5 m: 54%
ƒ Poids du boulon, sans la plaque d'appui ni l'écrou: 2 kg/m
ƒ Longueur des tiges: 0.45 à 6 m
ƒ Diamètre du trou de (orage recommandé: 31 à 34 mm

Avantages:
ƒ Relativement économique.
ƒ Offre une action de soutènement dès son installation.
ƒ Un couple est appliqué à la tête du boulon et un tensionnement s'exerce dans
la tige.
ƒ Avec l'ajout de ciment ou d'une résine pour éviter la corrosion, il peut devenir
un mode de soutènement permanent.
ƒ En examinant la plaque d'appui, on peut savoir si le boulon reste efficace.
ƒ Des tests simples peuvent être réalisés pour vérifier son efficacité, ce qui n'est
généralement pas possible avec tous les autres types de boulons.

Limitations:
ƒ Usage limité aux conditions de roche modérément dure à dure:
ƒ Ils ne sont pas recommandés pour la roche tendre parce que le contact entre la
roche et
ƒ la coquille d'expansion n'est pas stable.
ƒ Ils ne sont pas recommandés pour la roche très dure parce que la prise de la
coquille d'expansion sur ce type de roche est insuffisante.
ƒ Les vibrations causées par un sautage (jusqu'à 20 m du site de boulonnage)
peuvent engendrer une perte de tension dans les boulons.
ƒ Le tensionnement doit être vérifié à intervalles réguliers.
Fiches techniques 21

3.3. Boulon scellé à la résine


Les résines thermodurcissables sont celles utilisées pour les applications minières. Bien que des résines
d'époxy aient déjà fait l'objet d'essais, les résines de polyester sont maintenant les plus utilisées car elles sont
moins chères et permettent un durcissement plus rapide aux températures minières. Les principaux
manufacturiers (CELTITE, DUPONT, GROUND CONTROL) produisent des résines avec différents temps de
durcissement, variant de 1 à 30 minutes. Le temps de durcissement varie cependant avec la température, et le
temps nominal de durcissement est donné à 15 C. La température affecte aussi la résistance en compression de
la résine. Les propriétés physiques et mécaniques des résines peuvent varier selon le fabricant.

Information technique:
ƒ Le boulon Rebar (valeurs typiques):
ƒ Diamètre de la tige: 20 mm
ƒ Limite élastique de l'acier: 120 RN
ƒ Résistance à la rupture de l'acier: 180 RN
ƒ Pourcentage d'allongement à la rupture: 15 %
ƒ Poids du boulon (sans la plaque d'appui ni l'écrou): 2.6 kg/m
ƒ Longueur des tiges: 0.45 à 6 m
ƒ Diamètre du trou de forage recommandé: 35 à 40 mm
Propriétés des résines (valeurs typiques):
ƒ Densité: 1.85
ƒ Résistance en traction: 17 MPa
ƒ Résistance en compression: 110 MPa
ƒ Résistance au cisaillement: 50 MPa
ƒ Module d'élasticité: 7000 MPa
ƒ Coefficient de Poisson: 0.3
ƒ Allongement à la rupture: 0.2 %

Avantages:
ƒ Prise rapide (1 à 30 minutes).
ƒ Possibilité de tensionnement si l'on utilise deux résines à temps de prise, différents.
ƒ Résistance à l'arrachement très élevée.
ƒ Offre une bonne protection contre la corrosion du boulon lorsque le scellement recouvre
l'ensemble de la barre.
ƒ Offre une meilleure résistance à l'arrachement que le boulon à ancrage mécanique
dans des conditions de vibrations causées par un sautage près du site de boulonnage.

Limitations:
ƒ Coût de la résine relativement élevé.
ƒ Toxicité des vapeurs et risques d'irritation de la peau et des yeux.
ƒ Inflammabilité des résines.
ƒ Temps de prise variable avec la température.
ƒ Sensibilité à la chaleur et au froid.
ƒ Les cartouches de résine non utilisées ont une durée de vie limitée (aussi courte que 6
mois).
Fiches techniques 22

3.4. Boulon scellé au ciment


Information technique:
Le boulon Dywidag #6
ƒ Type d'acier: grade 60
ƒ Diamètre de la tige: 19 mm
ƒ Pourcentage d'allongement à la rupture: 9.5 %
ƒ Limite élastique du boulon: 118 kN
ƒ Résistance à la rupture du boulon: 176 kN
ƒ Poids du boulon (sans la plaque d'appui ni l'écrou): 2.6 kg/m
ƒ Longueur des tiges: 0.45 à 6 m
ƒ Diamètre du trou de forage recommandé: 32 à 44 mm

Propriétés du coulis de ciment (Dosage typique):


ƒ Ciment: 15-20 %
ƒ Agrégats: 30-40 %
ƒ Agrégats fins (sable): 40-50 %
ƒ Accélérateurs: 2- 5 %

Avantages:
ƒ Les tiges peuvent être assemblées bout à bout par des manchons.
ƒ Moins coûteux à l'achat que le boulon scellé à la résine.
ƒ Résistance à l'arrachement élevée.
ƒ Très bonne protection contre la corrosion, particulièrement approprié pour les
installations permanentes.

Limitations:
ƒ Prise lente (environ 1 jour).
ƒ Manque de contrôle sur la qualité du coulis (risque de ségrégation) et de
l'ancrage (si le fond du trou n'est pas rempli ou si de grandes fractures
ouvertes sont présentes).
ƒ Pose plus ardue dans les trous de forage vers le haut.
ƒ Temps de pose des boulons est plus long à cause du temps de préparation et
de pompage du coulis.
Fiches techniques 23

3.5. Boulons à friction (SWELLEX)

Ce boulon (marque déposée de Atlas Copco) est formé d'un tube d'acier qui est déformé
mécaniquement pour le ramener à un diamètre plus petit. Le boulon est ensuite gonflé par pression
d'eau et la résistance à l'arrachement est produite par le frottement du boulon contre la paroi du trou.
Yielding
Information technique : Standard Super standard
Diamètre d'origine du tube (mm) 41 54 41
Épaisseur du tube (mm) 2 3 2
Diamètre recommandé du trou de forage (mm) 32 à 38 43 à 52 32 à 38
Longueurs disponibles (m) 0.6 à 12 2.1 à 8 0.6 à 5.5
Pression d'installation à la pompe (MPa) 30 30 30
Charge de rupture minimum du boulon (kN) 100 200 85
% d'allongement minimum à la rupture 15 15 35
Avantages :
ƒ Son installation est simple et rapide. Il offre une action de soutènement dès son installation.
ƒ II est approprié pour des conditions variables de terrain.
ƒ Sa résistance à l'arrachement est élevée par rapport aux boulons de type Split Set et sa
tolérance face au diamètre du trou de forage est élevée.
ƒ Les boulons défectueux sont rapidement détectés lors de l'installation par le niveau de la
pression d'eau.
ƒ Ce type de boulon peut supporter sans perte d'efficacité de grands déplacements (de l'ordre
du diamètre du trou de forage en cisaillement) dans le massif rocheux.

Limitations :
ƒ Relativement coûteux à l'achat par rapport aux boulons à ancrage mécanique.
ƒ Une pompe spéciale est requise pour l'installation.
ƒ Dans certaines conditions, peut être sensible à la corrosion. Cependant un modèle avec un
revêtement élastique procure une protection efficace contre la corrosion dans la plupart des
conditions. Des modèles en acier inoxydables sont aussi disponibles.
ƒ Sa résistance à l'arrachement est variable selon le type de roche, le diamètre du trou de
forage et la pression de gonflement.
ƒ Dans certains cas (collet très fracturé, roc sous contraintes) le gonflement du boulon peut
causer l'effritement de la paroi rocheuse autour du collet du trou de forage. On peut
remédier à ce problème en plaçant un manchon (un tube rigide) sous la plaque d'appui
avant l'installation.
Fiches techniques 24

3.6. Boulons à friction (Split Set)

Le boulon à friction de type Split Set (marque déposée de Ingersoll Rand Co.) est formé d'un tube
d'acier de longueur variable, fendu dans le sens de la longueur et destiné à être inséré dans un trou de
forage de diamètre légèrement inférieur. Les boulons de type Roc-Set sont similaires aux Split Set.
Information technique: SS-33 SS-39 SS-46
Diamètre du tube (mm) 33 39 46
Diamètre du taillant recommandé (mm) 31 à 32 35 à 38 41 à 44
Longueur du tube (m) 0.9 à 2.9 0.9 à 3 0.9 à 3.7
Résistance typique à la rupture (kN)) 110 130 180
Ancrage initial attendu (tonnes) 3à5 3à5 5à9
Charge de dépassement de la limite élastique (kN) 83 95
Pourcentage d'allongement à la rupture (%) 16 16 16
Poids du boulon (kg/m) sans la plaque d'appui 1.6 1.8 2.8
Avantages:
ƒ L'installation est simple et ne nécessite pas d'équipement spécifique (il peut
être installé à l'aide d'un adaptateur sur la foreuse).
ƒ II offre une action de soutènement dès son installation. La force d'ancrage
augmente souvent avec le temps.
ƒ Ce type de boulon peut supporter sans faillir de grands déplacements dans le
massif rocheux.
ƒ II peut être employé dans diverses conditions de terrain. Il est cependant
moins approprié lorsque la roche est très fracturée ou très tendre.
ƒ II convient particulièrement bien dans le cas de roches modérément
fracturées, puisqu'il va se déformer et se plier sans se rompre.
ƒ Employé avec un grillage, il retiendra la roche fracturée.
ƒ En principe, le détachement de l'anneau et la fermeture de la rainure donnent
une bonne indication du changement de pression.

Limitations:
ƒ Relativement coûteux par rapport aux boulons à ancrage mécanique.
ƒ Sensible à la corrosion, il n'est pas recommandé pour une excavation
permanente; cependant, certains modèles en acier inoxydable ou galvanisé
peuvent apporter une amélioration importante.
ƒ Le diamètre du trou est un paramètre critique.
Fiches techniques 25

3.7. Câble monotoron


Scellement recommandé:
Rapport eau/ciment:
Méthode recommandée avec tube de scellement: 0.35
Méthode avec tube d'évent: 0.38
Diamètre minimum du trou:
simple: 48 mm double: 64 mm
Domaines d'utilisation:
ƒ Terrains modérément fracturés où la relaxation est faible après l'installation.
ƒ Interfaces semi-ductiles permettant une mise en charge dynamique modérée.
ƒ Efficace dans les trous inclinés vers le haut lorsque muni d'une plaque d'appui.
Caractéristiques principales:
Rigidité initiale:
ƒ 50% de la charge d'arrachement après 1 à 2 mm. 80% de la charge
d'arrachement après 10 à 20 mm.
ƒ Capacité de déplacement:
ƒ Dépend de la longueur de scellement.
ƒ En cas d'arrachement (pas de rupture du toron), une importante résistance
résiduelle est maintenue de 40 à 80 mm. Sinon, il y a rupture du toron à moins
de 20 mm. Les torons doubles augmentent la rigidité (jusqu'à 100%).
Capacité de chargement:
ƒ Charge à l'arrachement par rapport à la longueur de scellement de 20 à 35
tonnes/m (1 tonne -10 kN) par un scellement de composition recommandée.
Cette valeur est très sensible à la rigidité du roc et aux variations de contraintes.
ƒ Résistance en traction (7 brins et 5/8"):
- limite élastique = 20 tonnes/toron
- rupture = 25 tonnes/toron

Paramètres critiques:
ƒ Très sensible à une réduction du module d'élasticité de la roche sous 10 GPa.
ƒ Sensible aux variations de contraintes. Une importante relaxation du massif
rocheux peut faire tendre vers zéro la force d'adhérence.
ƒ Contrôle de qualité nécessaire en tenant compte de l'opération de scellement et
de l'entreposage.
ƒ Qualité et propreté de la surface du toron.

Avantages:
ƒ Facilement disponible, peu coûteux à l'achat et simple à installer.
ƒ Peut être transporté en bobine continue.
ƒ Convient à des trous de plus petit diamètre que celui nécessaire aux torons de
géométrie modifiée.
ƒ Ajout d'une plaque et ancrage de surface facilement réalisables.
ƒ Système relativement ductile.

Limitations:
ƒ Grande sensibilité aux paramètres évoqués ci-dessus.
ƒ Force d'adhérence plus faible et plus grande longueur de scellement critique.

Référence: Hutchinson et Diederichs (1996).


Fiches techniques 26

3.8. Câble détors (birdcage strand)


Scellement recommandé:
Rapport eau/ciment:
Méthode recommandée pour trous très inclinés vers le bas (tube de scellement): 0.37
Méthode recommandée pour trous très inclinés vers le haut (tube d'évent): 0.40
Diamètre minimum du trou:
tube de scellement tube d'évent
Simple 64 mm 57 mm
Double 76 mm 76 mm
14 brins 76 mm 70 mm
Domaines d'utilisation:
ƒ Terrains très fracturés.
ƒ Terrains pouvant se relaxer après l'installation.
ƒ Systèmes rigides pour reprise immédiate de la charge.

Caractéristiques principales:
Rigidité initiale:
ƒ Double de la rigidité initiale d'un toron ordinaire.
Capacité de déplacement:
ƒ Variable.
ƒ Peut être importante pour un scellement avec faible rapport eau : ciment.
Capacité de chargement:
ƒ Charge à l'arrachement pour de petites longueurs de scellement est 35 à 80%
supérieure à celle des torons ordinaires.
ƒ Rupture du toron à 20-22 tonnes en raison de l'excentricité de la charge appliquée
sur chacun des brins.
Paramètre critique:
La prise des "birdcage" doit être solide. Un "birdcage" mal scellé réduit son efficacité et
augmente la difficulté de l'installation.

Avantages:
ƒ Coût légèrement plus élevé que celui des torons ordinaires.
ƒ Système rigide et résistant.
ƒ Pas de canal central contribuant à l'écoulement du scellement lors de l'installation.

Limitations:
ƒ Ne peut être muni d'une plaque à moins qu'une section de toron ordinaire soit
laissée à l'extrémité.
ƒ Difficile à insérer et à manipuler.
ƒ Ne peut être transporté en bobine continue.
ƒ Nécessite des trous de grand diamètre.
ƒ Le comportement du câble en cisaillement pur ou partiel peut être imprévisible en
raison
ƒ de la mise en charge inégale des différents brins.
ƒ Ne peut être installé à l'aide d'un inséreur de câbles automatique standard.

Référence: Hutchinson et Diederichs (1996).


Fiches techniques 27

3.9. Câble à manchon (Nutcage strand)


Scellement recommandé:
Rapport eau/ciment:
Méthode recommandée pour trous très inclinés vers le bas (tube de scellement): 0.37.
Méthode recommandée pour trous très inclinés vers le haut (tube d'évent): 0.40.
Diamètre minimum du trou:
tube de scellement tube d'évent
Simple 51 mm 48 mm
Double 57 mm 51 mm
Domaines d'utilisation:
ƒ Terrains très fracturés.
ƒ Terrains pouvant se relaxer après l'installation.
ƒ Situations où le câble doit être plus ductile que ceux de type "birdcage" et "bulbed".

Caractéristiques principales:
Note: Taille recommandée de l'écrou de 12 à 16 mm.
Rigidité initiale:
ƒ La rigidité pour une longueur de scellement de 300 mm est au moins 100% plus
grande que celle d'un câble monotoron. De plus grands écrous donnent une plus
grande rigidité à l'arrachement.
Capacité de déplacement:
ƒ Pour des confinements modérés et une longueur de scellement de 300 mm, la
rupture du câble apparaît entre 25 et 30 mm pour un écrou de 15.9 mm et entre
40 et 50 mm pour un écrou de 12.7 mm.
Capacité de chargement:
ƒ Charge à l'arrachement 100 à 200% plus grande que celle d'un câble monotoron
(pour une longueur de 300 mm) dépendamment du scellement et du
confinement.
ƒ Résistance en tension:
limite élastique: 20 tonnes
tonnes rupture: 25 tonnes
Paramètres critiques:
ƒ Sensible à la taille de l'écrou; maximum recommandé est 16 mm
ƒ Sensible à la réduction du module d'élasticité de la roche sous 10 GPa. Capacité
toujours 2 à 3 fois plus grande que celle d'un câble monotoron dans ces
conditions.

Avantages:
ƒ Ductilité satisfaisante (ajustée par la taille de l'écrou).
ƒ Trou de petit diamètre.

Limitations:
ƒ Ne peut être fabriqué, pour l'instant, en bobines continues.
ƒ Modes de rupture différents avec des écrous de grande taille.

Référence: Hutchinson et Diederichs (1996).


Fiches techniques 28

3.10. Câble à bulbe (bulbed strand)


Scellement recommandé:
Rapport eau/ciment:
Méthode recommandée pour trous très inclinés vers le bas (tube de scellement): 0.37
Méthode recommandée pour trous très inclinés vers le haut (tube d'évent): 0.40
Diamètre minimum du trou:
tube de scellement tube d'évent
Simple* 64 mm 57 mm
Double** 57 mm 51 mm
Note: * avec un bulbe de 35 mm, ** avec un bulbe de 25 mm.
Domaines d'utilisation:
ƒ Terrains très fracturés.
ƒ Terrains pouvant se relaxer après l'installation.

Caractéristiques principales:
Rigidité initiale:
ƒ Environ le double de la rigidité d'un toron ordinaire.
ƒ 50% de la charge d'arrachement après 2 à 5 mm et 100% à 20 mm.
Capacité de déplacement:
ƒ Limitée mais satisfaisante. La rupture des brins apparaît entre 20 et 30 mm.
Capacité de chargement:
ƒ Charge à l'arrachement proche de la résistance du toron pour une longueur de
scellement de 300 mm, un rapport eau:ciment de 0.4 et une grande gamme de
confinements.
ƒ Rupture des brins à partir d'environ 24 tonnes.
Paramètres critiques:
ƒ Légèrement sensible à une réduction du module d'élasticité de la roche sous 10
GPa.
ƒ Le scellement doit remplir la structure en bulbe pour assurer un transfert de charge
efficace.
ƒ Charge d'arrachement imprévisible pour un diamètre du bulbe supérieur à 35 mm.

Avantages:
ƒ Peu coûteux et simple à installer.
ƒ Peut être transporté en bobine continue.
ƒ Peut facilement être adapté pour être muni d'une plaque ou de sections non
scellées.
ƒ L'espacement entre les bulbes, et leur diamètre peuvent être spécifiés pour
correspondre à l'application.

Limitation:
ƒ Un mauvais scellement peut résulter en une amélioration minime par rapport au
câble monotoron

Référence: Hutchinson et Diederichs (1996).


Fiches techniques 29

3.11. Boulon Tabulaire

Plusieurs modèles existent, dont un très similaire à un boulon d'ancrage mécanique de 16 mm et


manufacturé par Stelpipe et un autre similaire à une Rebar avec un trou en son centre. La tige du
boulon tubulaire est percée d'un petit trou pour permettre l'injection du ciment une fois le boulon
installé

Avantages:
ƒ Support immédiat.
ƒ Support à long
terme.

Limitations:
ƒ Installation en deux étapes.

3.12. Plaques d'appui


Usage:
ƒ Assurer le maintien de la tension dans le boulon mécanique (ancrage ponctuel).
ƒ Permettre la mise en tension dans le boulon.
ƒ Transférer la tension présente dans le boulon en une compression dans le massif.
ƒ Maintenir le grillage et les traverses de soutènement en place.

Installation:
ƒ Se placent entre la tête du boulon et la paroi ou un accessoire (traverse,
grillage).
ƒ La plaque doit faire le meilleur contact possible avec la paroi (voir remarques).
ƒ Pour favoriser un meilleur contact, on peut utiliser des rondelles biseautées ou
hémisphériques avec les boulons posés à angle.

Avantages:
ƒ Les plaques bombées et triangulaires favorisent un meilleur contact plaque -
paroi lorsque la paroi est très irrégulière.
ƒ Les plaques plus flexibles (6 mm) sont recommandées spécialement avec une
paroi très irrégulière.

Limitations:
ƒ Les plaques bombées sont plus sensibles aux petits déplacements dans le roc.
ƒ Lors d'une grande mise en tension du boulon, les plaques plates concentrent
les contraintes près du trou et causent l'effritement de la paroi à cet endroit.
Fiches techniques 30

3.13. Treillis Métalliques ou Grillage


Généralités:
Les grillages en fil d'acier sont utilisés contre la chute de petits morceaux de roche instables et pour
soutenir le massif fracturé. Les deux types de grillage couramment utilisés dans les opérations sous
terre sont le grillage à mailles entrelacées et le grillage à mailles soudées. Dans certaines conditions
le grillage de type entrelacé est plus maniable et facile à installer. Grâce à sa grande capacité
d'expansion, il est mieux adapté dans les zones propices aux coups de terrain. Le grillage est une
protection intermédiaire efficace pour les petits fragments de roche fracturée. Le grillage, comme les
traverses, est maintenu en place avec des plaques additionnelles et des boulons.

Données techniques typiques:


ƒ Treillis métallique soudé 10 cm x 10 cm (4"x4")
ƒ Feuille de 1.5 mx3 m (5' x 10')
ƒ Acier galvanisé, calibre 9 (3.7 mm à 3.8 mm)
ƒ Résistance à la traction: 6.2 kN
ƒ Résistance au cisaillement: 4 kN
ƒ Résistance de la soudure: 0.18 kN
ƒ Charge maximale: 18.7 kN

Usage:
ƒ Soutenir le poids des terrains susceptibles de se détacher.
ƒ Se protéger contre les chutes de blocs.
ƒ Stabiliser les parois de l'ouverture.
ƒ Capacité portante généralement suffisante pour porter le poids des terrains
susceptibles de se détacher dans un rectangle de 1.2 m x 1.2 m.
ƒ Capacité portante maximale à un déplacement de 40 cm pour un grillage à
mailles entrelacées et de 28 cm pour celui à mailles soudées.

Avantages:
ƒ Le grillage est relativement économique et mis en place rapidement.
ƒ II est facile à attacher à des soutènements déjà installés à l'aide de plaques et
de boulons
supplémentaires.
ƒ II est facilement réparé.
ƒ II permet de retenir en place des petits blocs.
ƒ II aide à la stabilité structurale en favorisant l'effet de voûte.
ƒ Il s'oppose à la projection de roches lors d'un coup de terrain.

Limitations:
ƒ La capacité portante dépend de la qualité de la pose des boulons d'ancrage,
des plaques d'appui (acier ou bois) et du grillage lui-même.
ƒ Le grillage ne peut supporter de charges excessives de la part de la roche
fracturée sans se rompre.
ƒ Le grillage #9 est souvent endommagé par des fragments de roche provenant
de sautages voisins s'il est installé à proximité de la face libre. L'utilisation d'un
calibre supérieur (#6) réduira les dommages.
ƒ Le calibre #6 est moins flexible et est plus difficile à utiliser dans les coins.
Fiches techniques 31

3.14. Rondelle ou plaque en bois


Usage:
ƒ Absorber l'excès de déformation que ne peut reprendre le boulon.
ƒ Protéger le grillage placé entre la plaque d'appui et la paroi.
ƒ Peut être remplacée par une plaque d'acier plus grande.

Installation:
ƒ Placée entre la plaque d'appui en acier et le grillage.

Avantage:
ƒ Protection efficace du grillage.

Limitations:
ƒ Perte de tension à long terme (dommage, dégradation).
ƒ Tension initiale réduite dans le boulon.

3.15. Bloc de bois (4 cm × 13 cm × 75 cm)


Usage:
ƒ Augmenter la surface d'appui du boulon.
ƒ Avertir de l'occurrence d'une déformation majeure.

Installation:
ƒ Placé entre la plaque d'appui et la paroi.

Avantage:
ƒ Avertissement de la mise en tension.

Limitations:
ƒ Peuvent causer des pertes de tension à long terme si la déformation attendue
ne se produit pas ou si le bloc est fendu ou pourri.
ƒ Tension initiale réduite.
Fiches techniques 32

3.16. Rondelle d'acier trempé


Usage:
ƒ Favoriser une tension élevée dans le boulon lors de la
pose.

Installation
ƒ Placée entre l'écrou (ou la tête forgée) et la plaque
d'appui.

Avantages:
ƒ Avantageuse avec une plaque de bois et du grillage.
ƒ Augmente la tension lors de la pose.
ƒ Réduit les pertes de tension à long terme

Limitations:
ƒ Non recommandable avec des têtes forgées si les boulons sont posés à angle.

Rondelle semi - sphérique

Rondelle biseautée
Fiches techniques 33

3.17. Traverse de soutènement


Usage:
ƒ Ceinturer et soutenir les blocs.
ƒ Renforcer des piliers.
ƒ En terrains schisteux: freiner la convergence des parois et la pénétration des têtes
de
ƒ boulons dans le massif.
ƒ Prévention de l'ouverture des discontinuités.

Données techniques:
ƒ Bandes en acier.
ƒ Dimensions: épaisseur 6mm (1/4 ") ou moins, 100 mm (4") de largeur et longueur
variable 0.9 m (3'), 1.2 m (4'), 1.8 m (6') ou 2.4 m (8').

Installation:
ƒ Posée avec tous types de boulons.
ƒ Appliquée perpendiculairement aux discontinuités.
ƒ Placée au toit ou à la paroi.
ƒ Placée entre la paroi et la plaque d'appui.
ƒ Dans le cas de parois très irrégulières, on utilisera des traverses minces.

Avantages:
ƒ Efficace dans certaines conditions.

Limitations:
ƒ Peut réduire la tension à la pose si le terrain est irrégulier.
Fiches techniques 34

3.18. Enduit projeté de Everbond


Description:
ƒ Support d'excavation de type enduit projeté. Membrane solide en acrylique
renforcée.
Propriétés:
ƒ Résistance en tension: entre 3 et 4 MPa
ƒ Flexibilité : 25 mm
ƒ Résistance à l'impact maximale : 7.4 J
Applications:
ƒ Soutènement pour les roches dures et fragiles.
ƒ Recommandé dans les zones où existent des mouvements de cisaillement.
Applicabilité:
ƒ Épaisseur optimale du recouvrement : 2.5 à 3 mm.
Avantages:
ƒ Ininflammable et non toxique même lors de l'application.
ƒ Allongement: 45 %.
ƒ La membrane peut résister à de grandes déformations.
ƒ Sa flexibilité réduit les conditions dynamiques de chargement (effet amortisseur).
ƒ Augmentation de la résistance résiduelle suite à un mouvement de blocs.
Limitation:
ƒ Pas de données sur l'effet de l'humidité et du temps sur les propriétés de la
membrane.
Référence: Wojno et Kuijpers (1997).

3.19. Mineguard™
Description:
ƒ Support d'excavation de type enduit projeté. Membrane solide en polyuréthane
(Urylon 201-15).
Propriétés déterminées en laboratoire (-40 et +40°C; taux d'humidité: entre 35 et 98%):
Résistance en tension :
ƒ Directement après l'installation: 11 MPa
ƒ Après 10 ans et en immersion 30 jours dans NaOH : 4.5 MPa
Applications:
ƒ Le produit est testé actuellement dans plusieurs mines.
ƒ Soutènement minier conseillé pour les zones moyennement à très fracturées.
ƒ Épaisseur de l'enduit recommandée: minimum de 1.5 mm, optimum de 4 mm.
ƒ Vitesse d'application: entre 1.77 et 2.3 m^min.
Avantages:
ƒ Rebond : <<1 %.
ƒ Allongement (directement après la pause) : 110 %
ƒ Le produit possède sa résistance maximale après quelques minutes.
ƒ Aucun risque environmental après la pause.
ƒ Le revêtement mis en place ne modifie pas significativement les conditions de
ventilation.
Limitations:
ƒ L'élongation change beaucoup en fonction du temps (328 % après 15 ans et en
immersion 30 jours dans NaOH).
ƒ Risques environnementaux durant le transport et pendant l'utilisation :
respiration.
ƒ L'humidité sur les parois enduites rend la membrane poreuse.
Référence: Archibald et al. (1997).
Fiches techniques 35

3.20. Béton projeté

Le béton projeté est un mortier ou un produit de béton. Il est acheminé d'un équipement spécialisé à
un boyau et projeté de façon pneumatique avec une haute vélocité sur une surface. Le béton et le
mortier appliqués pneumatiquement ont été utilisés de façon croissante dans le support des
excavations souterraines. La flexibilité de l'équipement, la méthode de mélange et la disponibilité
mettent souvent en valeur le soutènement par béton projeté. Il existe deux techniques de projection:
par voie sèche (avec ou sans prémouillage) et par voie mouillée ou humide.

Projection par voie sèche :

Composantes pour sac de 1000kg:


ƒ Agrégats: 792.5 kg
ƒ Ciment Portiand: 183 kg
ƒ Fumée de silice: 20 kg
ƒ Accélérateur : 4.5 kg

Avantages:
ƒ Contrôle instantané sur l'eau de mixage directement sur la lance au bout du
boyau.
ƒ Meilleur contrôle lorsque le type et la composition du ciment projeté varient.
ƒ Transport plus facile sur de longues distances.
ƒ Arrêt et reprise de l'opération sans aucun problème.
ƒ Permet de développer une plus grande résistance.
ƒ Seule la quantité d'eau nécessaire à l'hydratation du ciment est ajoutée à la
sortie de la buse, donc le rapport eau/ciment reste faible, ce qui limite le retrait
du béton.
ƒ La vitesse de projection du mélange sur la surface d'application est élevée, ce
qui permet une bonne adhérence du béton.

Limitations:
ƒ Les rebondissements, donc les pertes, qui sont très importants (25 à 40% du
mélange).
ƒ La production de poussière à la projection.

Projection par voie humide :

Avantages:
ƒ L'eau pour le mixage est contrôlée directement à l'entrée et peut être mesurée.
ƒ L'eau de mixage est bien mélangée au ciment.
ƒ Moins de poussière et moins de perte de ciment lors des opérations.
ƒ Capable d'une plus grande production une fois en opération.
ƒ Capable d'automatiser le mode de projection.

Limitations:
ƒ La compacité et l'adhérence du béton en place est moins satisfaisante qu'avec
la voie sèche.
ƒ Le silicate de soude, utilisé généralement comme accélérateur, doit être utilisé
dans des proportions plus importantes. Il en résulte une diminution des
caractéristiques du béton qui ne peut être compensée que par un dosage plus
important en ciment.
Fiches techniques 36

3.21. Béton projeté renforcé de fibres d'acier


Propriétés typiques pour le béton projeté renforcé de fibres d'acier, d'après Morgan (1991).
Propriété
Temps de prise accéléré Résistance en compression Résistance en flexion
(MPa) (MPa)
Exigence prise initiale: 10 minutes 8 heures (avec accélérateurs): 5 7 jours: 4
prise finale: 30 minutes 1 jour: 10 28 jours: 6
minimale
3 jours: 30
28 jours: 40

Dosages typiques pour le béton projeté renforcé de fibre d'acier, d'après Wood (1992).
Composantes Voie humide Voie sèche
3 3
kg/m % matériel humide kg/m % matériel sec
Ciment Portiand 420 18.1 420 19.0
Fumée de silice 40 1.7 2.2
Agrégats 1600 68.9 1670 75.5
Fibres en acier 60 2.6 60 2.7
Accélérateur 13 0.6 13 0.6
Superplastifiant 6L 0.3
Contenant pour eau 2L 0.1
Entraînement d'air Si nécessaire
Eau 180 7.7 Contrôle à la buse
Total 2321 100 2213 100
Conception des systèmes de soutènement 37

4 Conception des systèmes de soutènement


4.1. Introduction
En pratique, on dispose de trois approches de conception des excavations souterraines. Les
méthodes empiriques impliquent souvent une caractérisation du terrain accompagnée par une série
de recommandations sur la conception ou une série de règles d'application basées sur l'expérience et
sur les pratiques acceptées. Les méthodes rationnelles utilisent des solutions analytiques, quand elles
sont disponibles ou des modèles numériques pour prévoir l'influence de différentes alternatives de
conception sur la stabilité de l'excavation. Les méthodes d'observation font appel à l'instrumentation
de l'excavation lors du développement, ce qui permet de tracer la courbe de réponse du terrain. Ces
trois méthodes doivent être considérées comme des parties essentielles d'une approche unique de la
conception des systèmes de soutènement plutôt que comme des techniques indépendantes.
L'ingénieur en contrôle du terrain doit être préparé à utiliser une gamme d'outils et à évaluer la
stratégie de conception en fonction de la qualité et de la quantité des informations récoltées aux
différents stages de la conception.

4.2. Méthodologie
II existe plusieurs procédures de conception des systèmes de soutènement. Différentes méthodes ont
été développées au fil des années, certaines considérant les spécificités du site étudié et d'autres, le
type du support utilisé. Un point de départ intéressant est la méthodologie proposée par Hoek et al.
(1995), Figure 4.1. La première étape de cette procédure consiste à recueillir les données
géomécaniques qui peuvent être utilisées pour caractériser le massif rocheux. Ensuite, il est
nécessaire de vérifier si le mécanisme de rupture attendu est induit par les caractéristiques
structurales du massif ou par l'accumulation des contraintes autour de l'excavation. Si l'analyse
entreprise suggère l'utilisation d'un support, alors il est nécessaire de choisir le type de support
approprié et de réaliser sa conception, son installation ainsi que son monitoring. Ces sujets seront
traités dans la suite de ce chapitre et du guide. Plusieurs types de support peuvent appropriés à une
situation particulière. Dans ce cas, le choix du type de support est basé sur la disponibilité des
équipements existants ainsi que sur les coûts qui leur sont associés. En pratique, il est parfois
nécessaire de réévaluer la conception puisque de nouvelles informations deviennent souvent
disponibles avec le temps. C'est pourquoi, il est important d'essayer de relier la conception initiale et
la surveillance afin de fermer la boucle de la procédure de conception.
Dans plusieurs cas, le mode de rupture peut être, en réalité, plus complexe que prévu lorsqu'il existe
une interaction des contraintes avec la structure géologique. Enfin, la qualité des données de terrain
doit également être prise en considération. Il est recommandé que chaque analyse tienne compte de
la variation des données récoltées.

4.3. Stabilisation d'un bloc de roche par boulons ou câbles d'ancrage


En présence de discontinuités structurales bien définies, il est nécessaire d'identifier les blocs jugés
critiques sur le plan de la stabilité. S'il n'est pas possible de modifier la géométrie ou la direction de
l'excavation, il devient alors nécessaire de supporter ces blocs. Dans le cas d'un bloc pouvant glisser
ou tomber sous l'effet de la gravité, on peut utiliser les équations fournies à la Figure 4.2 pour la
stabilisation de l'excavation.
Conception des systèmes de soutènement 38

Cueillette de données à partir de surfaces exposées et de carottes


de forage

Caractérisation du massif rocheux

Classification du massif rocheux et identification des modes de


rupture

Ruptures dues à la gravité et contrôlées par Ruptures causées par les contraintes en
la structure du massif place dans le massif rocheux environnant

Evaluation des modes de ruptures possibles Détermination du champ de contraintes en


place dans le massif rocheux environnant

Attribution d'une résistance au cisaillement à Evaluation des propriétés du massif rocheux


chaque surface de rupture potentielle

Calcul du facteur de sécurité ou du risque de Analyse de l'étendue des zones de


rupture potentielle contraintes élevées autour de l'excavation

Détermination des exigences de Analyse non - linéaire de l'interaction


soutènement soutènement - massif rocheux pour
concevoir le soutènement

Évaluation de l'influence du sautage et des coups de toit sur le soutènement

Conception du soutènement en tenant compte des séquences d'excavation, de la disponibilité des


matériaux ainsi que du coût effectif de l'installation

Installation du soutènement avec un contrôle de qualité strict pour s'assurer que la longueur réelle des
boulons d'ancrage et des câbles l'ancrage, le tensionnement et le scellement, le béton projeté effectif,
l'installation des cintres lorsque nécessaire, sont appropriés
Évaluation de l'influence du sautage et des coups de toit sur le soutènement

Surveillance du comportement de l'excavation et du soutènement pour valider la conception et


permettre des modifications pour la conception future

Figure 4.1 Procédure de conception du soutènement d'après Hoek et al. (1995).


Conception des systèmes de soutènement 39

Bloc pouvant glisser sur une discontinuité ou sur


Bloc pouvant tomber sous l'effet de la gravité
l'intersection de deux discontinuités
W ( f sin β − cos β tan ϕ ) − cA Wf
N= N=
B(cos α tan ϕ + f sin α T
R = cA + W cos β tan ϕ s ≤ 3e
f = 1.5 pour les boulons à la résine p ≥ L + 1.0m
f = 2.0 pour les boulons mécaniques 2≤ f ≤5
Légende:
N = nombre de boulons d'ancrage α = angle entre les boulons et là normale à la
W = poids du bloc surface de glissement
c = cohésion le long de la surface de glissement
f = facteur de sécurité
ϕ = angle de frottement de la surface de
B = capacité portante du boulon (tonnes) glissement
A = aire de la surface de glissement à la base T = somme des tensions dans le boulon
du bloc
R = résistance au glissement
β = inclinaison de la surface de glissement p = portée de l'excavation
e = espacement entre les joints
s = espacement entre les boulons
L = longueur des boulons
Figure 4.2 Renforcement d'un bloc en forme de coin dans une ouverture souterraine,
d'après Choquet et Hadjigeorgiou (1993).
Conception des systèmes de soutènement 40

4.4. Renforcement d'une couche instable de roc lité horizontalement avec


un roc encaissant solide
Selon Stillborg (1994), la longueur des boulons ou des câbles d'ancrage doit être suffisante pour les
ancrer solidement dans une couche de terrain de bonne qualité. De plus, le diamètre des boulons et
leur espacement doivent être suffisants afin de supporter le poids total de la couche de terrain, en
tenant compte d'un facteur de sécurité adéquat, de l'ordre de 1.5 à 3.0 selon l'application, Figure 4.3.

Couche de roc stable

Couche de roc instable = h

L > h + 0.75m
W = f × s×c× h×γ
W
B ≥W L−h≥
A
Légende:
c = espacement des boulons le long de l'axe de
W = poids du roc supporté par un boulon l'excavation (m)
individuel (tonne métrique) h = épaisseur de la couche de roche instable (m)
f = facteur de sécurité γ = poids volumique de la roche (tonne/m3)
s = espacement des boulons, perpendiculairement à L = longueur du boulon (m)
l'axe de l'excavation (m)
A = capacité d'ancrage (tonnes/m)
B = capacité du boulon (tonnes métriques)
Figure 4.3 Renforcement d'une couche instable de roc lité horizontalement avec un roc
encaissant solide, d'après Stillborg (1994).
4.5. Renforcement d'une unité du massif rocheux
Lang et Bischoff (1982) ont suggéré que la base du boulonnage du toit réside dans le renforcement de
l'unité du massif rocheux, Figure 4.4. L'unité en question est la zone d'influence de chaque boulon.
Une série de renforcements d'unités du massif rocheux constitue le renforcement de la structure et la
stabilité est assurée si la tension minimale que peut supporter le boulon est plus grande que la valeur
minimale T.
Conception des systèmes de soutènement 41

Tension minimale du boulon pour assurer la Détermination de la longueur du boulon


− (tan ϕ ) kD / R
aγAR ⎛ c ⎞ ⎡1 − e ⎤
T= ⎜⎜1 − ⎟⎟ ⎢
2
⎥ L= p 3
(tan ϕ )k ⎝ γR ⎠ ⎣1 + e −(tan ϕ ) kD / R ⎦
Légende:
T = tension minimale du boulon k = rapport entre les contraintes moyennes
horizontales et verticales
A = aire du toit supporté par un boulon p = portée d'excavation
P = périmètre de cisaillement de l'unité de roc
renforcée (4s) L = longueur du boulon
R = rayon de cisaillement de l'unité de roc s = espacement du boulon
renforcée (A/P= s/4) c = cohésion apparente du massif rocheux
ϕ = angle de frottement interne du massif a = facteur basé sur le temps d'installation
rocheux γ = poids volumique de la roche
D = hauteur de la zone de relaxation
Figure 4.4 Renforcement de l'unité du massif rocheux.
Si le renforcement est installé avant qu'une déformation significative ne survienne, alors il peut être
considéré comme ayant une contribution active à la stabilité de l'excavation (a=0.5). Si le
renforcement est passif (conservateur), a = 1.0. La cohésion peut être prise égale à zéro dans la
conception initiale.
Conception des systèmes de soutènement 42

4.6. Renforcement basé sur le concept de voûte de roc


Lorsqu'une excavation est créée dans un roc fracturé, une voûte naturelle se forme au-dessus du toit
en réponse à la redistribution des contraintes. Le roc de la voûte est en compression. L'action du
renforcement dans ces conditions est de maintenir en place les blocs et d'éviter les chutes qui
amorceraient un désenchevêtrement du terrain et favoriseraient l'affaissement de la masse rocheuse
pendant que la voûte naturelle se construit. La Figure 4.5 montre l'influence de l'espacement des
familles de discontinuités sur la grandeur de la voûte naturelle développée.

Fracturation moyenne Fracturation élevée


Utiliser des boulons non-tensionnés Utiliser des boulons tensionnés ou des boulons à
friction
L = 1.40 + 0.184 p L = 1.60 + 1.0 + 0.0012 p 2
On peut réduire cette longueur selon les Pour qu'une zone de compression se développe:
recommandations du schéma ci-dessus. L
≥2
s
s ≤ 3e
0 .5 B < T < 0 .8 B
Béton projeté et grillage nécessaires
Légende:
p = portée d'excavation f = facteur de sécurité
L = longueur du boulon (m) T = tension appliquée au boulon (kN)
s = espacement des boulons (m) B = capacité portante du boulon (kN)
e = espacement des joints (m)

Figure 4.5 Renforcement basé sur le concept de la voûte de roc.


Conception des systèmes de soutènement 43

4.7. La longueur supportée critique


La longueur supportée critique est un paramètre essentiel dans !a conception d'un renforcement par
boulons ou par câbles d'ancrage. La longueur supportée critique correspond à la longueur supportée
minimale pour que le soutènement soit efficace, Figure 4.6. Elle est déterminée par la position des
joints et des autres plans de faiblesse. Suivant que l'on utilise des boulons ou des câbles d'ancrage,
les formules empiriques suivantes sont employées:

L > D + 1.0m (Boulons) L > D + 2m (Câbles d'ancrage)


Figure 4.6 Dimensionnement du renforcement basé sur l'effet de la longueur supportée,
d'après Schach et al. (1979).
4.8. Flambage
Dans un terrain folié, des dalles de roc peuvent se rompre même à un niveau de contrainte beaucoup
plus faible que la résistance en compression générale du massif rocheux. Sous ces conditions, le
mécanisme qui prévaut est le flambage localisé. En l'absence de mécanismes plus complexes, il
devient possible de concevoir un support dont l'objectif principal est de réduire la portée active de la
paroi. La figure 4.7, d'après Hutchinson et Diederichs (1996), procure un diagramme de design
préliminaire servant à quantifier l'influence du support dans une galerie susceptible au flambage.
π 2E
σb =
12 S( T) 2

σ b = Contrainte critique de flambage


E = Module d'élasticité (dans une direction parallèle à la foliation)
S = Surface de la dalle dans le plan (grande dimension)
T = Épaisseur de la dalle (petite dimension)
Conception des systèmes de soutènement 44

Figure 4.7 Analyse du flambage, d'après Hutchinson et Diederichs (1996).


4.9. Conception basée sur les systèmes de classification du massif
rocheux
II existe deux façons d'utiliser les systèmes de classification du massif rocheux. La première consiste
à les utiliser pour choisir directement un type de soutènement; la seconde consiste à les utiliser pour
calculer la pression de soutènement et par la suite déterminer le système de soutènement ayant la
capacité requise. Les avantages et les inconvénients des systèmes de classification ont été discutés
par Milne et al. (1998).

4.9.1. Conception basée sur le système NGI


Le système original de Barton et al. (1974) fournit une série de lignes directrices pour évaluer la
stabilité d'une excavation et pour choisir un type de soutènement, Figure 4.8. En ce qui concerne le
choix du type de soutènement, l'abaque simplifié est le plus populaire, Figure 4.9. Ce graphique a été
révisé plus récemment par Grimstad et Barton (1993) pour tenir compte des développements dans le
domaine du béton projeté, Figure 4.10.
Barton et al. (1974) utilisent un facteur, ESR, relié au degré de permanence d'une excavation. Plus le
ESR augmente, moins la durée prévue de l'excavation est longue; essentiellement le ESR est une
fonction inverse du facteur de sécurité. Le type d'excavation dicte aussi le degré de sécurité
nécessaire, Tableau 4.1.
Conception des systèmes de soutènement 45

Figure 4.8 Estimation de la nécessité de soutènement à l'aide de la classification du NGI,


d'après Barton et al. (1974).

Légende:
(1) non supporté (5) boulonnage et béton projeté renforcé de fibre
(2) boulonnage ponctuel (6) revêtement en béton coulé ou béton projeté avec fibre
(3) boulonnage systématique (7) revêtement en béton coulé
(4) boulonnage et béton projeté
Figure 4.9 Abaque simplifié de conception du soutènement par le système du NGI.
Conception des systèmes de soutènement 46

Tableau 4.1 Valeurs du ESR pour différents types d'ouvertures.

Types d'ouvertures ESR


Chantiers 5
Toit de chantiers 3
Ouvertures permanentes, Rampes d'accès 1.6
Concasseurs, Garages 1.3
Puits, Sorties de secours 1.0

Légende:
1) Non supporté 6) Béton projeté renforcé de fibres et
2) Boulonnage ponctuel boulonnage, 9-12 cm
3) Boutonnage systématique 7) Béton projeté renforcé de fibres et
4) Boulonnage systématique et béton projeté boulonnage, 12-15 cm
non renforcé 8) Béton projeté renforcé de fibres et
5) Béton projeté renforcé de fibres et boulonnage, >15 cm, renforcé de cintres
boulonnage, 5-9 cm 9) Revêtement en béton coffré
Figure 4.10 Abaque de conception du soutènement par le système du NGI, d'après
Grimstad et Barton (1993).
L'abaque présenté à la Figure 4.10 est probablement plus approprié pour des excavations de génie
civil. Barton et al. (1974) ont proposé de déterminer la pression de soutènement nécessaire à l'aide de
la classification du NGI, Tableau 4.2.
Conception des systèmes de soutènement 47

Tableau 4.2 Détermination de pression de soutènement.

Si le nombre de discontinuités > 2 (i.e Jn > 6) Ptoit = 2Q −1 / 3 / J r


Si le nombre de discontinuités < 2 (i.e. Jn < 6) Ptoit = (2 J n1 / 2 Q −1 / 3 ) / 3J r
Si Q > 10 et si le nombre de discontinuités > 2 Pmur = (2 / J r )(5Q) −1 / 3
Si Q > 10 et si le nombre de discontinuités ≤2 Pmur = (2 J n1 / 2 )(5Q) −1 / 3 / 3J r
Si 0.1 < Q < 10 et si le nombre de discontinuités > 2 Pmur = (2 / J r )(2.5Q) −1 / 3
Si 0.1 <Q< 10 et si le nombre de discontinuités ≤2 Pmur = (2 J n1 / 2 )(2.5Q) −1 / 3 / 3 J r
Légende:
J r = paramètre de rugosité des joints Q = indice de qualité du massif rocheux
H = hauteur de l'excavation (m) P = pression du soutènement (MPa)
J n = paramètre de fissuration

On peut déterminer la longueur et l'espacement du renforcement selon les règles empiriques


proposées par Barton et al. (1988) et la densité de boulonnage minimale nécessaire en galerie par la
relation empirique développée par Choquet et Charette (1988), Tableau 4.3.
Tableau 4.3 Longueur et espacement
Boulons: Câbles d'ancrage:
Ltoit = 2 + 0.15B / ESR Ltoit = 0.4 B / ESR
Lmur = 2 + 0.15B / ESR Lmur = 0.35H / ESR
s = [(C × 10 −3 ) / Ptoit ]0.5 s = [(C × 10 −3 ) / Ptoit ]0.5
Dmin = −0.227 ln Q + 0.893
S max = (1 / Dmin ) 0.5
Légende:
H = hauteur de l'excavation (m) S max = espacement maximal du soutènement (m)
B = largeur de l'excavation (m) C = charge résistante du boulon (kN)
L = longueur de renforcement (m) D = densité de boulonnage (boulons par mètre
carré de toit ou de mur)
ESR = excavation support ratio Dmin = densité de boulonnage minimale nécessaire
s = espacement du soutènement (m) en galerie (m)

4.9.2. Conception basée sur le système RMR


Le système RMR proposé par Bieniawski (1989) est populaire en raison de sa simplicité. La
détermination de l'indice RMR est présentée dans l'annexe A. On devra souligner que ce système a
été le sujet de plusieurs révisions, Milne et al. (1998) et il est donc important de vérifier la version
utilisée.
Selon Bieniawski (1989), on peut déterminer la nécessité de soutènement en galerie et en chantier à
l'aide de la Figure 4.11. La première étape consiste à déterminer le RMR tel que proposé dans
l'annexe A. L'intersection de la valeur du RMR avec la limite inférieure de la zone ombrée permet
d'obtenir la portée maximum pouvant être utilisée sans support pour n'importe quelle période de
temps. A l'intérieur de la zone ombragée, l'abaque donne le temps de tenue sans soutènement, et la
stabilité avec soutènement est alors permanente. Au-dessus de la zone ombragée, l'excavation
s'effondrera rapidement. Hutchinson et Diederichs (1996) ont proposé de présenter la même
information sous une forme plus accessible à l'aide de la Figure 4.12.
Conception des systèmes de soutènement 48

Figure 4.11 Analyse de stabilité par le système RMR, d'après Bieniawski (1989).

Bieniawski (1989) suggère que l'on puisse aussi déterminer la pression de soutènement à partir du
RMR. Hutchinson et Diederichs (1996) ont utilisé la relation proposée par Unal (1983) pour calculer la
longueur requise du câble et évaluer la densité requise de câble monotoron et de câble à double
toron. Cette méthode est présentée à la Figure 4.13 et à la Figure 4.14.

100 − RMR
Tension induite =γ p
100
100 − RMR
Ht = p
100
γ = poids volumiques
p = portée de l'excavation
Longueur du câble = Ht + 2 m
Longueur du boulon = Ht + 1 m
Conception des systèmes de soutènement 49

Figure 4.12 Analyse de stabilité par le système RMR, présentation proposée par Hutchinson et
Diederichs (1996).

Figure 4.13 Calcul de la pression de soutènement et de la longueur du câble, d'après


Hutchinson et Diederichs (1996).
Conception des systèmes de soutènement 50

Réduire la densité de câblage de 20% pour les excavations provisoires comme les chantiers.
Figure 4.14 Calcul de la densité de câblage, d'après Hutchinson et Diederichs (1996).
4.10. Règles Empiriques
Quatre séries de règles empiriques de sélection des caractéristiques du renforcement sont présentées
ici. Le Tableau 4,3 résume les règles développées par le "U.S. Corps of Engineers" (1980) pour des
excavations de portée variant entre 4.5 et 30 m et des hauteurs variant entre 4 et 60 m. Malgré la
popularité de ces règles, les excavations étudiées avaient une profondeur inférieure à 150 m et
étaient destinées à des applications de génie civil. Ces règles sont utilisées strictement pour les
analyses préliminaires.
Tableau 4.3 Règles du "U.S. Corps of Engineers" (1980).
Longueur minimale du boulon:
La plus grande valeur entre:
ƒ Le double de l'espacement des boulons.
ƒ Trois fois la largeur des blocs critiques potentiellement instables définis par
l'espacement moyen des joints dans le massif rocheux.
ƒ Pour une excavation de portée inférieure à 6 mètres, la longueur des boulons sera la
moitié de la portée. Pour une portée de 18 à 30 mètres, la longueur des boulons sera
le quart de la portée du toit. Pour des excavations entre 6 et 18 mètres on utilise des
boulons entre 3 et 4.5 mètres de longueur.
ƒ Pour des excavations ayant plus de 18 mètres de hauteur et situées sous la nappe
phréatique, la longueur des boulons sera le cinquième de la hauteur de l'excavation.
Espacement maximum:
La plus petite valeur de:
ƒ La demi-longueur des boulons.
ƒ Une fois et demie la largeur des blocs critiques potentiellement instables définis par
l'espacement moyen des joints dans le massif rocheux.
ƒ 1.8 m. lorsque l'utilisation de grillages (mailles soudées ou entrelacées) est prévue,
un espacement des boulons de plus de 1.8 mètres rend l'utilisation du grillage
difficile.
Espacement minimal:
ƒ 0.9 à 1.2 m
Conception des systèmes de soutènement 51

Les règles de Farmer et Shelton (1983) ont été développées à partir d'une synthèse de l'expérience
rapportée par divers auteurs pour la sélection de l'espacement et de la longueur des boulons. Ces
règles s'appliquent dans les terrains contenant 3 familles de discontinuités ou moins, avec surfaces de
contact sans altération et fermées, Tableau 4.4 et Figure 4.15.
Tableau 4.4 Règles empiriques de Farmeret Shelton (1983).

Portée de # de familles
Conception du boulonnage Commentaires
l'excavation de joints
<15 m ≤ 2 inclinées de L = 0 .5 B L'utilisation des boulons vise à créer une
0° à 45° par s = 0 .5 L poutre au-dessus de la portée. Les boulons
rapport à (selon l'épaisseur et de la entièrement scellés vont donner la plus
l'horizontale résistance des strates) grande rigidité tangentielle aux discontinuités.
Installation des boulons Dans le roc faible, des boulons tensionnés
perpendiculairement au devraient être utilisés; des boulons installés
litage lorsque c'est possible, sub-horizontalement devraient accompagner
avec du grillage pour les discontinuités verticales.
prévenir l'écaillement.
<15 m ≤ 2 inclinées de À la paroi : Le boulonnage à la paroi est conçu de façon
45° à 90° par L > h sinψ à prévenir le glissement le long de
rapport à (lorsque installés discontinuités planaires. L'espacement
l'horizontale perpendiculairement aux devrait être tel que la capacité d'ancrage du
discontinuités) système soit supérieure au poids de
glissement ou de basculement des blocs. Les
L > h tanψ boulons devraient être tensionnés
(lorsque installés suffisamment pour prévenir le glissement le
horizontalement). long des faces des joints.
<15 m ≤3 avec L = 2s Les boulons devraient être installés
contact S = (3 ou 4) × dimensions rapidement après l'excavation pour prévenir
des blocs. le déconfinement et conserver les contraintes
Installation de boulons tangentielles. Un prétensionnement devrait
perpendiculairement à la être appliqué pour créer une région de
paroi avec du grillage pour confinement radial. Les murs devraient être
prévenir l'écaillement. boulonnés lorsque le coin inférieur d'un bloc
apparaît sur un mur.
>15 m ≤ 2. Pour le boulonnage principal Le boulonnage primaire est similaire à celui
L1 = 0.3B proposé pour les excavations de plus petit
diamètre. Le boulonnage secondaire (et
s1 = 0.5 L1 tertiaire) complète le boulonnage primaire
Pour le boulonnage dans les cas d'excavations de plus grande
secondaire envergure.
L2 = 0.3s1
s 2 = 0.5 L2
Installation de grillage pour
prévenir l'écaillement des
parois
>15 m ≤3 avec Pour le boulonnage principal Le boulonnage primaire devra avoir une
contact L1 = 0.3B capacité suffisante pour soutenir les blocs de
dimensions importantes.
s1 = 0.5 L1
Pour le boulonnage
secondaire
s 2 = (3 ou 4) × bloc typique
L2 = 2 s 2
Conception des systèmes de soutènement 52

h
L > h sinψ
h
L > h tanψ

Figure 4.15 a) Détermination de la longueur des boulons dans les murs. b) Patron de
boulonnage primaire, secondaire et tertiaire dans une excavation ayant une
grande portée, (L: Longueur des boulons (m)).
Les règles de Laubscher (1984) sur l'espacement des boulons ont été utilisées en Australie.
Elles sont reprises dans le tableau suivant.
Tableau 4.5 Règles de Laubscher (1984).
Longueur minimale du boulon :
• La moitié de la portée de l'excavation.
• Le double de l'espacement des boulons.
• Trois fois la largeur des blocs critiques potentiellement instables définis par l'espacement
moyen des joints dans le massif rocheux.
• Pour une portée de 18 à 30 mètres, la longueur des boulons sera le quart de la portée du
toit.
Espacement :
• La demi-longueur des boulons.
• Une fois et demie la largeur des blocs critiques potentiellement instables définis par
l’espacement moyen des joints dans le massif rocheux.
Les deux abaques de la Figure 4.16 résument les travaux et l'expérience des auteurs dans les mines
canadiennes pour la détermination de la longueur des boulons et câbles de soutènement. Ces deux
abaques sont applicables dans le cas d'excavations permanentes.

Figure 4.16 Règles d'expérience des mines canadiennes pour la détermination de la


longueur des boulons et câbles d'ancrage.
Conception des systèmes de soutènement 53

4.11. La méthode des abaques de stabilité


La méthode des abaques de stabilité, aussi connue comme la méthode Mathews - Potvin, constitue
un moyen empirique de planifier la dimension d'un chantier de type chambre vide, voir Annexe B. Elle
tient compte des différentes caractéristiques du massif rocheux, de la géométrie de l'excavation et de
l'expérience des chantiers inclus dans la banque de données. Un graphique permet d'identifier un
indice de stabilité, N’ en fonction d'un facteur correspondant à la forme et à la dimension de la paroi
étudiée, Figure 4.17. Le procédé fut introduit en 1981 par Mathews et al. La méthode fut par la suite
raffinée et modifiée par Potvin (1988), Nickson (1992) et Hadjigeorgiou et al. (1995). Présentement,
on utilise surtout la méthodologie établie par Potvin (1988) et l'abaque modifié par Nickson (1992). La
méthode utilise le système de classification NGI de Barton et al. (1974) et trois paramètres
additionnels reliés aux conditions géotechniques du terrain et à la géométrie des chantiers.

Figure 4.17 Abaque de stabilité, d'après Nickson (1992).


Le graphique de stabilité modifié est constitué de l'indice (N') en ordonnée et du rayon hydraulique en
abscisse. Pour tenir compte de l'effet de la forme et de la dimension du chantier, on utilise la notion du
rayon hydraulique, lequel est défini comme étant le rapport de l'aire sur le périmètre. Ce facteur
permet d'analyser facilement un chantier plan par plan. Nickson (1992) identifia deux zones de
soutènement sur l'abaque proposé par Potvin (1998). Le soutènement du toit se fait en plaçant les
câbles à égale distance les uns aux autres. On opte la plupart du temps pour une densité régulière de
câbles. La Figure 4.18, modifiée d'après les travaux deMilne et Potvin (1992), propose une
méthodologie pour le support par câbles d'ancrage pour le toit d'une excavation.
Conception des systèmes de soutènement 54

Figure 4.18 Dimensionnement du soutènement par câbles d'ancrage, pour le toit d'une
excavation.
4.12. Conception du soutènement des excavations par béton projeté
La méthode de NGI, (voir Figures 4.9 et 4.10) fourni une méthode pour déterminer
l'applicabilité du béton projeté ainsi que l'épaisseur nécessaire. Également, on peut se servir
des règles empiriques pour la détermination de la pression à partir de Q ou RMR. Pour les
excavations temporaires, on utilise une épaisseur typique de béton projeté entre 4 et 6 cm et
pour les grandes excavations on utilise une épaisseur de 10 cm. Grimstad et Barton (1993)
suggère de déterminer l'épaisseur nécessaire de béton projeté renforcé de fibres pour les
excavations permanentes à partir des recommandations de la Figure 4.18.
Barret et McCreath (1995) ont développé des modèles déterministiques de design illustrant
l'efficacité du béton projeté pour supporter les blocs bien définis évitant ainsi la déstabilisation
progressive du massif rocheux. On distingue les modèles basés sur la perte d'adhérence, sur
le cisaillement direct, sur la flexion et sur le cisaillement par poinçonnement, Tableau 4.6.
Conception des systèmes de soutènement 55

Figure 4.19 Détermination de l'épaisseur de béton projeté renforcé de fibres d'acier,


d'après Grimstad et Barton (1993).
Tableau 4.6 Capacité à la rupture du béton projeté, d'après Barret et McCreath (1995).
Capacité de
Mode de rupture Remarques
résistance
Perte c a = 4σ a sa Pour un boulonnage d'espacement 1.2m × 1.2m, le revêtement
d’adhérence en béton projeté ayant une force d'adhérence de 1.5 MPa et une
longueur d'adhérence de 50 mm, supportera une charge de 36
tonnes métriques.
Cisaillement ccis = τ cis st Le modèle suppose que la composante de cisaillement par
direct friction est minimale et on ignore son effet stabilisant.
Cisaillement par c ps = σ ps 4(c + d )t La rupture est supposée avoir lieu dans un plan se trouvant à
poinçonnement une distance d/2 à partir du coté de la plaque de revêtement.
⎛ V ⎞ ⎛ c2 ⎞
2
⎛c⎞
d = ⎜ ⎟ + ⎜⎜ ⎟⎟ − ⎜⎜ ⎟⎟
⎝4⎠ ⎝ 4σ ds ⎠ ⎝ 4 ⎠
Flexion ⎛ t2 ⎞⎛ s ⎞ Ce modèle rend compte du fait que, parce qu'il est combiné à un
c flex = σ flex ⎜⎜ ⎟⎟⎜ ⎟ système de boulons, même si le béton projeté décolle de la
⎝6 ⎠⎝ 2 ⎠ paroi, il va continuer à travailler en flexion pour prévenir
l'effondrement du roc.
Légende:
σ a = la force d'adhérence s − c = la portée libre
σ flex = la contrainte de flexion
A = la longueur d'adhérence
s = l'espacement des boulons σ ps = la résistance au cisaillement par
t ds la résistance du béton projeté au cisaillement direct poinçonnement
t = l'épaisseur du revêtement de béton projeté σ ds = la résistance en tension diagonale
w = l'amplitude de la charge uniformément répartie V = la charge de cisaillement critique déterminé par
c = la largeur de la plaque les dimensions de la couche de béton projeté
V = w( s 2 − c 2 )
Conception des systèmes de soutènement 56

II est à noter que l'espacement entre les boulons d'ancrage est de 20 à 40% supérieur quand on
utilise le béton projeté renforcé de fibres par rapport au boulonnage seul. L'utilisation de béton
renforcé de fibres d'acier permettra l'augmentation de l'espacement entre les boulons, Tableau 4.7.
Tableau 4.7 Espacement entre les boulons, d'après Barton et Grimstad (1994).
Espacement entre les boulons d'ancrage
Q = 0.1 Q=1.0 Q=10 Q=30
Sans béton projeté 1.2 m 1.4 m 2.0 m 3.4 m
Avec béton projeté 1.3 m 1.6 m 3.0 m 4-5 m

4.12.1. Détermination de l'épaisseur de béton projeté pour soutenir un


bloc en forme de coin
Selon Fernandez-Delgado et al. (1979), on peut calculer l'épaisseur (t) de béton projeté nécessaire
pour le support d'un bloc relié à des joints à l'aide de la formule suivante:
θ = 15°
θ = 30°

θ = 30° θ = 30° θ = 15° θ = 15°

b = r , θ = 30° , t C = 0.4 b = 1 r , θ = 15° , t C = 0.3


2

W charge appliquée dans laxe de la couche/f 28


t= tC =
2t C (sin θ ) f 28 L aire de la section de couche

Légende:
t = épaisseur de béton projeté t C = coefficient de poussée
W = poids du bloc de roche L = longueur des boulons d'ancrage perpendiculaire
au plan
f 28 = résistance en compression du béton
θ = angle indiqué sur la figure
projeté après 28 jours
Figure 4.20 Détermination de l'épaisseur de béton projeté pour soutenir un bloc en forme
de coin, d'après Fernandez-Delgado 1979.
Conception des systèmes de soutènement 57

4.12.2. Conception de pilier en béton projeté


Le choix de l'utilisation des piliers en béton projeté se fait en tenant compte des paramètres comme
l'accessibilité de l'excavation, le mode et la forme de l'instabilité ainsi que les facteurs économiques.
Des calculs ont été réalisés pour déterminer, entre autres, l'influence des paramètres tels que les
dimensions du pilier, l'armature employée, etc. sur la performance des piliers en béton projeté comme
mode de soutènement minier. Le détail des calculs ainsi que les hypothèses choisies sont présentées
dans l'Annexe D. Ci-après, on donne le diagramme des résistances, qui peut servir lors du
dimensionnement du pilier renforcé par le grillage, en fonction des charges appliquées.
(σ C )

Figure 4.21 Diagramme de résistance des piliers en béton projeté en fonction de leur
diamètre, d'après Habiyaremye (1998).
4.13. Conception du soutènement dans les conditions propices aux coups
de toit
On pourrait se demander si les modèles empiriques qui ont été développés pour les conditions de
contraintes allant de faibles à intermédiaires sont applicables pour les conditions de contraintes
élevées. Des tentatives ont été faites afin d'étendre l'applicabilité des systèmes NGI et RMR aux
conditions propices aux coups de terrain. Dans le système NGI, le facteur SRF a été révisé dans ce
but. La plus récente version, reprise en annexe A, tient compte des valeurs de SRF supérieures à 400
pour les conditions sévères de coups de terrain. C'est une augmentation remarquable lorsque l'on
compare avec la valeur 1 pour les conditions de contraintes faibles. Lorsque l'on utilise le système
RMR, Lang et al. (1991) suggèrent que la valeur dérivée du RMR soit réduite de 20 pour les
conditions propices aux coups de terrain, Figure 4.22.
Kaiser et al. (1996) suggèrent que le rôle du soutènement est directement lié avec ie mécanisme de
dommage et la sévérité du dommage, Tableau 4.8.
Conception des systèmes de soutènement 58

Figure 4.22 RMR modifié pour les conditions de coups de terrain, d'après Lang et al.
(1991).
Tableau 4.8 Rôle du soutènement pour les différentes conditions de coup de toit, d'après Kaiser et al.
(1996).

Mécanisme de Sévérité du
Rôle du système de soutènement
dommage dommage
Gonflement sans mineure Tolérer les dommages mineurs ou augmenter la résistance du massif
éjection rocheux pour empêcher l'initiation des fractures.
modérée Renforcer le massif rocheux pour limiter la fracturation du massif et
contrôler les déplacements avec une pression de soutènement.
majeure Contrôler la fracturation du massif rocheux et survivre aux grands
déplacements,
Gonflement avec mineure Retenir des petits volumes du massif éjecté avec un système de
éjection soutènement rigide et limiter les déplacements du massif rocheux.
modérée Retenir des petits volumes du massif éjecté avec un système de
soutènement rigide et survivre aux déplacements du massif rocheux.
majeure Survivre aux déplacements du massif rocheux et absorber de
l'énergie,
Éjection mineure Retenir des petits volumes du massif éjecté avec un système de
soutènement rigide et absorber de l'énergie.
modérée Absorber de l'énergie, survivre aux déplacements du massif rocheux
et retenir le massif éjecté.
majeure Absorber de l'énergie, survivre aux déplacements du massif rocheux
et retenir le massif éjecté.
Chute de blocs mineure Augmenter la résistance du massif rocheux pour éviter les ruptures ou
le relâchement de contraintes.
modérée Augmenter la résistance du massif rocheux et maintenir en place le
massif fracturé.
majeure Maintenir l'intégrité du massif rocheux et garder en place le massif
fracturé.
Conception des systèmes de soutènement 59

Table 4.9 Systèmes de soutènement appropriés au massif subissant des coups de terrain,
d'après Kaiser et al. (1996).

Mécanisme de Sévérité du C D E Exemples de systèmes de soutènement


dommage dommage (kN/m2) (mm) (kJ/m2) suggérés
Gonflement mineur 50 30 non Grillage avec boulons ou rebars scellées
sans critique (et béton projeté).
éjection modéré 50 75 non Grillage avec boulons et rebars scellés
critique (et béton projeté).
majeur 100 150 non Grillage avec boulon ou rebar scellé
critique (et béton projeté).
Gonflement mineur 50 100 non Grillage avec boulons et split set
avec critique (et béton projeté).
éjection modéré 100 200 20 Grillage avec panneau de béton projeté
avec les rebars et le boulon à haute
capacité de déformation.
majeur. 150 >300 50 Grillage avec panneau de béton projeté
avec boulons mécaniques et boulons à
haute capacité de déformation.
Éjection mineur 100 150 10 Béton projeté renforcé avec le boulon
mécanique ou Split Set.
modéré 150 300 30 Béton projeté renforcé avec boulons
mécaniques ou boulons à haute
déformation (et treillis entrelacé).
majeur 150 >300 >50 Panneau de béton projeté renforcé avec
boulons forts à haute déformation plus
rebars et grillage entrelacé.
Chute de mineur 100 na na Boulons scellés et béton projeté.
blocs modéré 150 na na Boulons scellés et câble avec grillage et
traverses ou béton projeté renforcé de
grillage.
majeur 200 na na Comme précédemment plus câbles en
densité élevée.

C = charge de soutènement E = capacité d'absorber de l'énergie


D = déplacement du système na = non applicable
4.14. Les méthodes numériques
L'utilisation des méthodes numériques peut procurer des informations très utiles sur
l'influence des contraintes et déplacements dans l'interaction d'excavations multiples. Il existe
deux préoccupations principales relatives au développement des contraintes induites. La
présence de contraintes élevées qui peuvent provoquer la rupture et par la suite l'apparition
de faibles contraintes autour de l'excavation sont responsables de l'apparition de zones de
relaxation. Les faibles contraintes permettent aux joints de se dilater et aux blocs de se
relâcher sous des charges de gravité, Figure 4.23.
Pande et al. (1991) procurent une excellente revue des méthodes de modélisation numérique
en mécanique des roches, alors que Hoek et al. (1991) fournissent une comparaison pratique
de ces différentes méthodes.
L'application de modèles numériques offre une évaluation raisonnable du lieu et de l'étendue
d'une zone potentielle d'écaillement. L'étendue de cette zone peut être utilisée pour estimer la
capacité et la longueur des éléments de support tel que les boulons et les câbles. L'analyse en
élasticité linéaire est surtout applicable au roc fragile, et ne contenant pas beaucoup de discontinuités.
Le roc très fragmenté ou très anisotrope devrait être analysé par des méthodes non linéaires, en
élasto-plasticité ou par élément distinct.
Conception des systèmes de soutènement 60

La Figure 4.23 donne un exemple de résultats de modélisation numérique d'un chantier d'extraction.
Les zones de relaxation définies par de très faibles valeurs de σ 1 et σ 2 sont sujettes à l'écaillage par
gravité. Le soutènement à aide de câbles de type bulge ou détors est une solution raisonnable pour
contrôler la stabilité à ces endroits. Les zones de contraintes élevées signifient que le roc intact
pourrait être .amené au-delà de son point de rupture. Le soutènement en galerie devra tenir compte
des contraintes élevées, du potentiel de cisaillement des discontinuités et de rupture de la roche
intacte par cisaillement et clivage axial.

Figure 4.23 Exemple de la modélisation numérique, d'après Hutchinson et Diederichs


(1996).
Le soutènement du toit du chantier devra être capable de supporter le cisaillement local, ainsi que de
supporter une grande masse délimitée non seulement par le toit mais aussi les coins supérieurs qui
sont très sollicités; la longueur et la capacité des câbles devraient être suffisantes pour permettre la
suspension du toit si nécessaire.
Applications standard 61

5 Applications standard
5.1. Introduction
Un standard de soutènement consiste en une application de soutènement utilisée systématiquement
dans une région donnée d'un massif rocheux. On vise alors à standardiser le type de soutènement, la
longueur des tiges utilisées ainsi que la méthode et le patron d'installation. Un standard est aussi
généralement un minimum que l'opérateur peut et se doit d'ajuster si les conditions de terrain le
demandent. On peut créer un nouveau standard pour des conditions plus problématiques, ou inclure
une option pour du terrain moins compétent dans le standard de base. Ces standards sont créés par
le département d'ingénierie, en collaboration avec les opérations souterraines, incluant la supervision
et les mineurs eux-mêmes. C'est en travaillant en équipe que l'ingénieur responsable du contrôle des
terrains pourra fournir aux opérateurs des standards efficaces, pratiques et acceptables pour les
conditions particulières de l'opération minière en question.
La présente section décrit une liste d'applications typiques les plus courantes, pour des excavations à
court terme et à long terme. On y discute aussi des paramètres longueur et espacement relativement
à ces pratiques acceptées. Sauf pour des cas bien spécifiques, on ne divulgue pas la source de
l'application. Il suffit de savoir que toutes ces applications typiques sont tirées ou inspirées de
pratiques de soutènement rencontrées dans les mines canadiennes.
5.2. Généralités
Les pratiques courantes mises en place dans les opérations minières canadiennes possèdent des
traits communs qu'il est intéressant d'observer. Ces similarités touchent à la longueur des boulons
utilisés, au patron de soutènement utilisé, ainsi qu'au type de soutènement.
L'utilisation du boulonnage dans le cas d'une excavation peu profonde dans un roc massif vise
uniquement à soutenir de rares blocs lâches, tandis que le soutènement installé dans un roc massif
soumis à un champ de contraintes élevées aura à renforcer le roc, absorber l'énergie de déformation
qui peut s'échapper de façon violente et retenir les blocs détachés. Il est donc évident que la définition
du comportement anticipé d'une excavation est nécessaire pour réaliser la conception du système de
soutènement. La Figure 5.1 classe de façon pratique les principales conditions de terrain, leur
influence sur une excavation et le soutènement approprié.
L'orientation et la densité des structures géologiques du massif rocheux vont influencer fortement
l'orientation des boulons et des câbles. La Figure 5.2 présente plusieurs cas où l'orientation des
boulons est fonction de l'orientation des joints; on essaie de garder le boulon le plus perpendiculaire
au plan de fracture tout en ne s'éloignant pas plus de 10° à 15° de la normale à la paroi. Lorsque les
angles par rapport à la paroi sont inférieurs à 75°, les boulons scellés ou à friction devraient être
utilisés. La Figure 5.3, d'après Hutchinson et Diederichs (1996) présente une série de
recommandations similaires pour l'installation de câbles d'ancrage en chantiers et au toit des galeries.
5.2.1. Patron d'installation
On définit généralement le patron de boulonnage par l'espacement entre les boulons d'une même
rangé, multiplié par la distance entre les rangées. Cependant, on peut aussi parler de patron de
boulonnage ayant un espacement de 1.2 m entre les boulons; ce dernier patron ,est différent d'un
patron 1.2 x 1.2 m carré car la distance entre les boulons est toujours inférieure ou égale à 1.2, tandis
que pour le cas du 1.2 x 1.2 m carré, la portée entre les boulons peut atteindre 1.7 m diagonalement.
En pratique, le patron varie généralement entre 0.9 x 0.9 m et 1.5 x 1.5 m. Au-delà d'un patron
extrême de 1.8 x 1.8 m, on parle de boutonnage au besoin.
Applications standard 62

Niveau de contrainte relatif en fonction de la résistance du massif rocheux


Niveau de contrainte faible Niveau de contrainte élevé
Dimension relative des blocs en fonction de la dimension de l’ouverture souterraine

Roc massif

Pas de soutènement Patron de boulonnage régulier, avec


Pose de boulons ou de grillage au besoin grillage ou béton projeté.
Massif Rocheux
avec joints

Renforcement de blocs et dièdres. Boulons inclinés de façon à croiser


Tensionnent des boulons. la structure, avec le grillage ou
béton projeté renforcé de fibres.
avec beaucoup de joints
Massif Rocheux

Patron de boulons avec grillage et/ou Patron de boulons serrés ou béton projeté
béton projeté pour contrôler l'effritement renforcé de fibres. Dans les cas extrêmes
de blocs de surface on peut utiliser des cintres d'acier.

Figure 5.1 Classes de comportement du massif rocheux, d'après Hoek et al. (1995).
Le patron de boulonnage en quinconce (diamond) peut également être défini par l'espacement entre
les boulons d'une rangée et la distance entre les rangées. Bien que ce type d’arrangement produise la
même surface active que le patron carré pour un boulon individuel, il minimise la portée entre les
boulons et réduit la densité générale du boulonnage au toit. Si on a fait le design en considérant la
pression de soutènement par unité de surface, on devra calculer la densité de boutonnage qui en
résulte et choisir le patron de boulonnage requis. En conclusion, on devra avoir le nombre de boulons
requis par mètre carré de toit ou de murs. Le Tableau 5.1 donne un aperçu de la densité de
boulonnage correspondant au patron de boulonnage typique utilisé.
Applications standard 63

Figure 5.2 Orientation recommandée des boulons selon l'orientation respective des
structures géologiques, d'après Choquet (1987).

Tableau 5.1 Densité de boulonnage provenant de patrons de boulonnage typiques.

Patron de boulonnage: (espacement x distance) Densité du boulonnage: (boulon/ mètre carré)


1.2 x 1.2 m carré 0,67
1.2 x 1.2 m quinconce 0.60
0.9 x 0.9 m carré 1.20
0.9 x 0.9 m quinconce 1.08
Applications standard 64

Figure 5.3 Orientation recommandée des câbles d'ancrage, d'après Hutchinson et


Diederichs (1996).
La plupart des opérations minières utilisent un patron systématique 1.2 x 1.2 m comme couverture de
base. Si les conditions de terrains le demandent, on augmente la couverture en réduisant le patron
(jusqu'à une couverture extrême de 0.8 x 0.8 m) et en changeant le type de soutènement (plus
résistant et plus long).
Dans le cas de terrains très compétents et de conditions in situ très favorables, il est possible de
boulonner seulement au besoin, très localement (spot bolting). Dans ce cas, cependant, on doit
vérifier l'état du toit de façon régulière, et s'assurer qu'aucun bloc ne devienne libre; l'écaillage régulier
et systématique des galeries en utilisation devient alors absolument nécessaire.
5.2.2. Longueur des boulons
Dans les applications minières courantes, c'est-à-dire les galeries dans le stérile et le minerai, les
longueurs généralement utilisées pour le boutonnage systématique sont 1.5 et 1.8 mètre dans les
opérations non ou peu mécanisées ou dans les excavations étroites, et de 1.8 à 2.4 mètres dans les
opérations mécanisées ou dans les excavations larges et de hauteur suffisante.
La longueur maximale recommandée est déterminée par la portée de l'excavation et les conditions de
terrain, ainsi que par la hauteur de l'excavation; la durée prévue de l'excavation influence aussi la
longueur maximale du boutonnage secondaire. Par exemple, si on a une excavation de 3 mètres de
hauteur et de 12 mètres de largeur, il est très difficile d'installer des boulons conventionnels de 3.6 m
parce que les boulons sont plus longs que la hauteur de l'excavation. Lorsque le terrain est très
fracturé, et que l'on veut consolider le roc en profondeur, ou tout simplement suspendre un bloc au roc
solide au-dessus, on utilise des boulons de longueur plus grande, allant généralement jusqu'à 3,6
mètres de longueur. Pour des applications spécifiques, on peut aussi vouloir un soutènement qui
s'étend encore plus profondément dans le massif rocheux et les câbles d'ancrage, les boulons
Dywidag et Swellex Connectables peuvent alors être utilisés avec des longueurs de plus de 4 mètres.
Les conditions d'exploitation vont aussi dicter la longueur ainsi que le type de boulon à utiliser. Dans
les chantiers primaires des chantiers longs trous remblayés, il est courant d'utiliser des boulons plus
courts lorsque les conditions de terrains sont de moyennes à bonnes; dans ce cas, le boulonnage sert
uniquement à contrôler le toit pour les opérations de forage, et ne sera pas généralement affecté par
les chantiers voisins. Le toit final de l'excavation peut toutefois nécessiter du soutènement par câbles,
installés préalablement au sautage du chantier; le schéma de la Figure 5.18 illustre bien cette
Applications standard 65

situation. Dans le cas d'une exploitation longitudinale, chaque sautage affecte le soutènement en
place, et les contraintes sont directement reprises par les boulons; des boulons plus longs ou des
câbles sont très souvent utilisés en supplément au boulonnage primaire.
5.2.3. Type de boulon
Les principaux critères qui gèrent le choix d'un type de boulon sont: les caractéristiques du massif
rocheux, le potentiel de corrosion, la durée de l'excavation, la dimension de l'excavation, les
contraintes naturelles et induites ainsi que les coûts d'achat et d'installation.
5.2.4. Grillage
Le grillage est utilisé pour remplir deux fonctions bien distinctes : premièrement, on peut l'utiliser
comme protection contre les chutes de roches du toit et des parois, et deuxièmement, on peut l'utiliser
comme élément structural de soutènement. Lorsque utilisé comme élément de protection, la capacité
mécanique requise pour le grillage n'est pas aussi critique, bien qu'elle doit être capable de retenir le
poids du roc qui se détache entre les boulons. Lorsque il est utilisé comme élément structural, le
grillage doit être capable de résister aux charges et déplacements spécifiés par l'ingénieur. Dans tous
les cas, il est préférable d'installer le grillage de façon à mouler le contour de l'excavation. Le grillage
doit être installé de façon à ce que le boulon ait au moins 2 mailles de tous les côtés; une distance de
recouvrement de 20 à 30 cm est couramment observée.
Une application très intéressante du treillis de gros calibre est le remplacement des traverses en acier.
Ceci permet de fournir une meilleure couverture du terrain, d'éliminer le relâchement des traverses
suite au bris d'un boulon, d'éliminer les bandes lâches causées par le mauvais alignement des trous
de la traverse avec le boulon ou le câble d'ancrage. De plus, on peut par la suite recouvrir le grillage
de béton projeté, avec des résultats bien supérieurs à ceux résultant de l'emploi des traverses
métalliques.
Applications standard 66

5.3. Applications typiques


Cette section présente une série d'applications typiques qui sont considérées comme des designs de
soutènement standards par les opérations minières qui les utilisent. Il est évident que ces applications
rendent compte des conditions particulières de l'exploitation en question, et elles ne constituent donc
que des exemples pratiques de systèmes de soutènement qui ont fait leur preuve sur le terrain.
5.3.1. Rampe d'accès à long terme
D'un design similaire à celui utilisé en génie civil, avec un facteur de sécurité élevé lorsque
l'excavation sert d'accès principal à une mine ou à un gisement. On peut parler d'une durée de vie de
l'ordre de 5 ans et plus. L'investissement d'un soutènement approprié est rapidement rentabilisé
durant la vie de l'excavation.
Le schéma de la Figure 5.4 présente une excavation d'accès à long terme, avec un toit en arche pour
favoriser la création d'une arche ou poutre naturelle. Cette forme de toit est très bien adaptée pour
des terrains ayant des contraintes faibles ou moyennes. Dans des terrains soumis à de fortes
contraintes, certaines sources suggèrent d'utiliser un toit plat qui permet au roc de se fracturer et de
ne pas emmagasiner de contraintes, pendant que le soutènement travaille surtout en suspension et
en blocage de fissures. Cependant, d'autres sources mentionnent les résultats favorables obtenus
avec le toit en arche.
Le patron de soutènement est relativement serré, de façon à pouvoir fournir un niveau de support et
de sécurité adéquat même si les conditions de terrain changent beaucoup, et ce sans réhabilitation
majeure. Le type de boulon rencontré le plus souvent est la rebar scellée à la résine. Le boulon
mécanique n'a plus la faveur des opérateurs pour ce genre d'application, et il est souvent remplacé
par un boulon à friction protégé contre la corrosion. Les longueurs les plus rencontrées sont 2.1 et 2.4
mètres pour les galeries de grande surface.

Figure 5.4 Soutènement d'une galerie d'accès à long terme.


5.3.2. Galerie dans le minerai – court terme
Les galeries développées dans le minerai ont besoin de soutènement pour sécuriser les travaux de
préparation de chantier. Très souvent, le terrain est moins compétent et la vitesse de développement
est cruciale. Ainsi, puisque la durée de vie de l'excavation est moindre que dans les excavations
situées dans le stérile, le type de boulon est très souvent différent. On installe le plus souvent des
boulons à ancrage mécanique, des boulons Split Set ou des boulons Swellex. Les galeries dans le
minerai sont des ouvertures dans un futur chantier et on pourra aussi y installer le soutènement
profond du chantier. Les schémas ci-dessous présentent des exemples de soutènement systématique
dans des galeries foncées dans le minerai.
Il est de pratique courante, dans du terrain de qualité moyenne à bonne (RMR supérieur à 65),
Applications standard 67

d'utiliser des boulons de longueur variant entre 1.8 et 2.4 mètres. Si la qualité du terrain est moindre,
on pourra ajouter du boulonnage secondaire, incluant des boulons de longueur supérieure à 2.4
mètres, et même des câbles d'ancrage. L'espacement du soutènement secondaire est souvent de
l'ordre du double de celui du boulonnage primaire. Les Figures 5.5 et 5.6 présentent, pour deux
excavations de chantier typiques, le boulonnage primaire ainsi que le boulonnage secondaire (si
besoin) qui consiste en de longs boulons de grande capacité ou des câbles d'une longueur au moins
50% plus grande que les boulons de base.

Figure 5.5 Soutènement d'une galerie large foncée dans le minerai.

Figure 5.6 Soutènement d'une galerie très large foncée dans le minerai (sill).
Applications standard 68

5.3.3. Galerie dans le minerai ou dans le stérile - long terme


La caractéristique principale du soutènement installé dans des galeries à long terme, est le temps
d'utilisation de l'excavation située soit dans le minerai ou soit dans le stérile. Le concept de long terme
pour le minerai est généralement de l'ordre de 6 mois, tandis que dans le stérile, on peut parler de
plusieurs années. Dès lors, le type de boulon devra être capable de supporter la durée de vie requise.
Les conditions de terrain, y compris les variations des contraintes dans le temps et le potentiel de
corrosion par l'eau doivent être évaluées. Les galeries dans le minerai ou dans le stérile à proximité
de chantiers sont souvent sollicitées à l'extrême, et la densité de soutènement y est très souvent
supérieure à celle rencontrée dans les rampes d'accès à long terme, qui sont presque toujours
foncées loin des zones de minage, là où les contraintes induites sont minimes.
Le soutènement primaire consiste généralement en des boulons de 1.8 à 2.4 mètres de longueur; les
boulons mécaniques, les rebars à la résine ou les Swellex enrobés (Coated) sont rencontrés au toit,
pendant que les Split Set et les rebars sont les boulons les plus utilisés pour les murs. Il est
raisonnable que, pour des excavations à long terme dans le stérile, on planifie pour une dégradation
du massif rocheux et on utilise un facteur de sécurité plus élevé que pour une excavation à court
terme. C'est donc pour cela que dans le cas d'excavations possédant une grande portée, il est
recommandable d'installer un soutènement secondaire pénétrant plus profondément dans le massif
rocheux que le boulonnage primaire; une longueur de 2.7 à 4 mètres est recommandée (Farmer et
Shelton (1983); US Corps of Engineers (1980). Les Figures 5.7 et 5.8 présentent deux cas typiques.

Figure 5.7 Exemple de soutènement de longue durée pour excavation à long terme d'une
opération mécanisée.
Applications standard 69

Figure 5.8 Exemple de soutènement de longue durée pour une grande excavation à long
terme.
Dans le cas d'excavations de petite dimension, comme une galerie de halage sur rails par exemple, si
la galerie est une voie principale de halage ou d'accès aux chutes à minerai ou à stérile, il est sage
d'installer un soutènement qui n'aura pas besoin d'être réhabilité après deux ou trois ans. L'utilisation
de grillage est recommandée, de façon à minimiser l'entretien de la galerie. En effet, l'écaillage et le
boutonnage sont des opérations extrêmement coûteuses lorsque effectuées sur une excavation qui
doit être disponible en tout temps.
La Figure 5.9 donne un exemple de soutènement de longue durée pour une petite excavation. Les
boulons sont adaptés à la dimension de l'excavation. On peut y retrouver des boulons de 1.5 à 1.8
mètres de longueur et le type de boulons est traditionnellement de la rebar à la résine, bien que
d'autres types de boulons ont été utilisés avec succès.

Figure 5.9 Exemple de soutènement de longue durée pour une petite excavation
permanente.
Applications standard 70

5.3.4. Points de soutirage


Les points de soutirage sont des excavations qui sont appelées à subir de l'usure et de la dégradation
à cause du passage incessant de roches. Le point de soutirage qui servira à long terme devra aussi
être mieux supporté que le point de soutirage d'un petit chantier exploité en peu de temps.
Les schémas ci-dessous présentent deux applications de soutènement pour un point de soutirage
soumis à des conditions d'opération moyennes ou très sévères. On notera l'absence de grillage et de
plaques d'appui au brow (Hoek et al., 1995) de façon à éviter l'accrochage et le blocage du point de
soutirage. Aussi, le soutènement à utiliser à l'intérieur du point de soutirage doit minimiser l'usure du
roc et favoriser une stabilité à long terme si besoin. Les boulons à friction sont une alternative
intéressante au boulon scellé à la résine. L'utilisation du béton projeté est une pratique qui réduit les
dommages et l'usure du roc lors de l'opération d'un point de soutirage.
Les Figures 5.10 et 5.11 présentent deux cas de soutènement de point de soutirage, l'un dans des
conditions de sollicitations moyennes, l'autre dans des conditions extrêmes. Lorsque des câbles
d'ancrage sont utilisés, Hoek et al. (1995) suggèrent d'utiliser des câbles détors ou des câbles à
bulbe.
Un cas particulier est celui d'une exploitation par blocs foudroyés. Le roc généralement rencontré
dans ce type d'exploitation est d'ordinaire peu résistant, très fragmenté et souvent très altéré. Les
galeries et points de soutirage seront soumis à des contraintes énormes, et nécessiteront un
soutènement très lourd. Ce soutènement très typique consiste en des rangées de rebars scellées au
ciment, de longueur légèrement inférieure à la dimension de la galerie, sur un patron d'environ 0.9 x
0.9 m. De deux à trois couches de béton projeté de 5 cm d'épaisseur sont installées; la première est
soufflée avant le soutènement permanent, et les suivantes sont installées avec du grillage installé sur
les barres d'ancrage à tête filetée.

Figure 5.10 Soutènement de point de soutirage dans des conditions moyennes.


Applications standard 71

Figure 5.11 Soutènement de point de soutirage dans des conditions très difficiles
(boutonnage dense, béton projeté et câbles d'ancrage).
5.3.5. Monteries
Le soutènement d'excavations inclinées telles monteries de ventilation et cheminées à minerai ou à
stérile se doit d'être minimisé. Pour ce faire, une localisation dans un terrain compétent est justifiable
économiquement; aussi justifiables sont les dépenses de forage de définition et de classification du
terrain, qui permettent une localisation optimale des excavations et ainsi de minimiser les dommages
et les réparations.
Les monteries et cheminées non alésées sont généralement plus ébranlées à cause des vibrations et
des gaz de sautage. Il est recommandé de soutenir les murs des monteries appelées à servir de
sortie de secours. Dans le cas de monteries inclinées destinées à servir de cheminées à minerai, à
stérile ou de ventilation, le soutènement de l'éponte supérieure est recommandé seulement si
nécessaire. Le soutènement de l'éponte inférieure doit être minimisé et choisi de façon à ne pas
favoriser un blocage futur de l'excavation.
Le soutènement vise à prévenir la dégradation de l'excavation à long terme, et doit être capable de
garder ses capacités mécaniques durant la vie entière de l'excavation. Les boulons mécaniques ne
semblent pas être adéquats pour les monteries et cheminées; non seulement sont ils sensibles aux
vibrations, mais leur efficacité peut être rendue presque nulle suite à l'usure ou la dégradation de la
paroi. Les boulons scellés et les boulons à friction, sans plaques d'appui, sont bien mieux adaptés à
cette application.
Le grillage sans béton projeté n'est recommandable qu'à l'éponte supérieure, et ce dans des cas
critiques seulement. Le grillage accroît le risque d'accrochage et de blocage dans la cheminée à
minerai ou à stérile. La Figure 5.12 donne un exemple schématique d'une monterie où l'éponte
supérieure est boulonnée systématiquement mais où les autres parois ne sont boulonnées qu'au
besoin.
Applications standard 72

Figure 5.12 Exemple de soutènement d'une monterie conventionnelle.


Dans le cas d'une monterie de ventilation, même si l'action du passage du roc n'est pas un facteur
comme dans le cas des cheminées, il est recommandable d'installer un soutènement capable de
s'adapter à des conditions de terrains et de contraintes qui peuvent changer dans le temps. La
réhabilitation d'une monterie de ventilation est souvent très coûteuse et parfois tout simplement
impossible; l'investissement d'un soutènement adéquat est toujours justifié. ,Hoek et al. (1995)
recommandent, lorsque c'est possible, de câbler toute zone de faible compétence, et d'installer le
renforcement si possible avant le fonçage de la monterie. Ce renforcement peut être réalisé à l'aide
de câbles d'ancrage à partir d'une excavation contiguë.
5.3.6. Chantiers longitudinaux
L'exemple de la Figure 5.13 provient d'une mine d'or exploitant un gisement profond dans un roc
extrêmement dur et résistant à la compression. Les contraintes in-situ sont très élevées. Des
problèmes de contraintes excessives sont rencontrés fréquemment, spécialement à l'extrémité des
chantiers où le roc est extrêmement fracturé. Le soutènement des galeries est fait avec du Swellex
Standard dans la phase de développement, tandis que le renforcement du bout des chantiers est fait
avec des Super Swellex de 3,7 m.
Un cas intéressant concerne la répartition des contraintes dans le massif rocheux à certains moments
de l'exploitation. Vers la fin de l'exploitation d'un chantier, lorsque le bout du pilier est assez fracturé
pour que les contraintes migrent vers l'intérieur, le soutènement doit être ajusté pour tenir compte de
cette charge supplémentaire et soudaine. Dans ce cas, bien que le soutènement de développement
avec le Swellex Standard était suffisant au début de l'exploitation, vers la fin ce soutènement seul ne
peut contenir ni la charge, ni le dégagement d'énergie causé par la mise en charge subite du roc. Il fut
observé que les câbles d'ancrage ou les Super Swellex pouvaient contrôler ce problème, si la quantité
de soutènement secondaire était adéquate. L'utilisation du grillage au toit est réalisée de façon
systématique.
Applications standard 73

Figure 5.13 Soutènement long par câbles, Super Swellex ou Dywidag pour un chantier
longitudinal.
5.3.7. Chantiers transversaux dans des terrains friables peu
compétents
L'exemple de la Figure 5.14 décrit une application dans une mine québécoise située dans des terrains
schisteux très peu compétents. Le soutènement primaire est fourni par des boulons à friction et des
rebars à la résine de 2.1 m de longueur. Le soutènement secondaire est constitué de Super Swellex
ou de câbles d'ancrage de 3.6 m de longueur. La performance observée, ainsi que la vitesse
d'installation requise sont des facteurs qui influencent la décision de choisir des câbles ou des
boulons à friction Super Swellex.

Figure 5.14 Exemple de soutènement d'un chantier transversal par longs boulons ou
câbles.
Applications standard 74

5.3.8. Terrains lités très déformables


Figure 5.15 présente un soutènement typique utilisé dans des terrains lités subverticalement,
schisteux et très déformables; le niveau de contraintes est souvent très élevé.

Figure 5.15 Exemple de soutènement dans des terrains lités qui se déforment beaucoup.
5.3.9. Chantier dans des schistes très déformables et champ de
contraintes très anisotrope
Le cas particulier présenté à la figure 5.16 est celui d'une galerie dans le minerai (court terme, environ
3 mois), dans un massif rocheux de schistes très déformables, soumis à un champ de contraintes très
anisotrope causé par la proximité d'autres chantiers importants. Les déformations observées au toit, à
l'éponte supérieure ainsi qu'au plancher de l'éponte inférieure témoignent du champ de contraintes
orienté diagonalement à la galerie. Dans ce cas particulier, le soutènement utilisé aux murs et
spécialement aux extrémités très sollicitées, est un soutènement qui permettra de suivre le terrain.
Les boulons de surface sont des boulons à friction (Split Set ou Yielding Swellex), tandis que le
soutènement en profondeur sera soit des câbles d'ancrage ou des Super Swellex, plus rapides à
installer. La longueur du soutènement profond est de l'ordre de la portée de la galerie.
Le toit est supporté par du soutènement plus rigide, tel que la rebar à la résine ou le Swellex de 2.1
mètres de longueur, car le but du boulonnage est surtout de supporter les dalles qui pourraient se
former parallèlement au toit. Le toit est en effet dans une zone de compression et est plus ou moins
gardé en place par les pressions induites.

σ1

σ1
Figure 5.16 Exemple de soutènement lourd dans des conditions fortement anisotropes et
des terrains très déformables.
Applications standard 75

5.3.10. Soutènement des épontes par longs câbles d'ancrage


La Figure 5.17 présente un exemple d'application de câblage dans le cas d'un chantier coupe et
remblai. L'éponte supérieure consiste en un schiste à séricite et chlorite recoupé de diaclases
subhorizontales, ce qui rend l'ensemble relativement bloqueux. La longueur des câbles varie entre 4
et 12 mètres. Les câbles de longueur égale ou supérieure à 6 mètres sont des câbles doubles. Les
câbles plus horizontaux ont surtout un effet de renforcement tandis que les câbles verticaux travaillent
en plus en rétention et en suspension. La Figure 5.18 décrit le patron typique de câbles installés en
éventail au toit d'un chantier ouvert à partir de galeries d'accès. La Figure 5.19 présente l'installation
de câbles en éventail à partir d'une galerie à l'éponte supérieure et d'une galerie située à l'éponte
inférieure; les sections de trous dans le minerai sont laissées sans câbles.

Figure 5.17 Exemple de soutènement de chantier coupe et remblai par longs câbles
d'ancrage.

Figure 5.18 Exemples de soutènement d'un toit de chantier par longs câbles d'ancrage,
d'après Fuller (1983).
Applications standard 76

Figure 5.19 Exemple de soutènement d'éponte supérieure de chantier par longs câbles
d'ancrage (Fuller, 1983).
5.3.11. Soutènement d'excavations larges par câbles et bretelles (roof
truss) ou élingues
La Figure 5.20 présente une application conventionnelle de soutènement par bretelle. L'ancrage du
câble peut se faire par une cartouche de ciment, par de la résine ou par un boulon à friction (Split Set
généralement ou Swellex). La plongée des ancrages recommandée est de l'ordre de 60 degrés, Birôn
et Arioglu (1982), et la distance entre le trou et le premier support est d'environ 60 cm. L'ajustement
de la pression sur le toit est réalisé par le coincement de poutres de bois. Les câbles devraient être
prétensionnés à au moins 2 tonnes, Birôn et Arioglu (1982).

Figure 5.20 Bretelles de soutènement conventionnelles.

La Figure 5.21 présente le système développé par Atlas Copco pour le soutènement par
bretelle; le nom du produit est le SIRT (Swellex Integrated Roof Truss). Dans ce système,
les poutres de bois sont remplacées par des boulons Swellex portant des supports recevant
le câble, et les ancrages des extrémités sont remplacés par des supports conçus à cette fin.
Applications standard 77

La Figure 5.22 donne un schéma détaillé de l'application de bretelle de toit avec des Split Set, Scott et
Castle (1981).

Figure 5.21 Système de bretelles de toit développé par Atlas Copco.

Figure 5.22 Bretelle de soutènement utilisant des Split Set et des cartouches de ciment.
Applications standard 78

5.3.12. Pré-soutènement en galeries


Les schémas des figures 5.23 à 5.26 présentent quatre applications de pré-soutènement pour des
galeries. Les deux premières sont des applications de soutènement de toit dans des terrains peu
compétents, utilisant des Super Swellex de 3.7 mètres de longueur, tandis que la troisième sert à
protéger les futurs murs d'une galerie planifiée et utilise des rebars scellées à la résine ou des Super
Swellex. La dernière décrit le pré-renforcement d'un point de soutirage, Hoek et Brown (1980) utilisant
des rebars à la résine.

Figure 5.23 Pré-soutènement d'une galerie d'accès dans des schistes à séricite et zone de
faille, d'après Charette et Lessard (1997).
Applications standard 79

Figure 5.24 Pré-soutènement d'une galerie de halage dans une zone de faille, d'après
Charette et Lessard (1997).
Applications standard 80

Figure 5.25 Pré-soutènement des murs d'une galerie préalablement à la prise d'un
parement.

Figure 5.26 Pré-soutènement d'un point de soutirage, d'après Hoek et Brown (1980).
Applications standard 81

5.3.13. Applications de béton projeté

Le tableau suivant, traduit de Hoek et al. (1995) résume plusieurs recommandations d'application du
béton projeté dans les mines.

Tableau 5.2 Résumé des applications recommandées du béton projeté dans les mines pour
différents états de massif rocheux.

Description du Comportement du
Support nécessaire Utilisation du béton projeté
massif rocheux massif rocheux
Roche Pas d'effritement, Aucun. Aucun.
métamorphique ou d'écaillement ou de
éruptive. rupture.
État de contraintes
faibles.
Roche sédimentaire Les surfaces de Rendre étanche Appliquer 25 mm d'épaisseur de
avec un état de schiste, d'argile ou les parois pour béton projeté homogène dès que
contraintes faibles. limoneuses éviter l'infiltration possible après l'excavation. Réparer
peuvent s'imbiber d'eau. les dommages sur les parois dus à
d'eau suite au l'utilisation d'explosifs.
changement du
degré d'humidité.
Roche avec un seul La boue de faille Prévoir l'installation Enlever le matériel instable jusqu'à
plan de faille ou zone peut-être affaiblie de support en une épaisseur égale à la largeur de
de cisaillement. et érodée et peut supplément au la faille ou de la zone de cisaillement
causer des soutènement de et sceller la zone à la roche
problèmes de base et réaliser adjacente. Un grillage peut être
stabilité au niveau l'étanchéité des utilisé si nécessaire, temporairement
de blocs adjacents. parois au voisinage pour éviter d'utiliser un support.
des failles et des Remplir les vides avec un béton
zones de projeté homogène. Étendre le béton
cisaillement. projeté renforcé avec des fibres
d'acier latéralement sur au moins la
largeur de la zone de faille.
Roche Effritement et Rétention des Appliquer 50 mm de béton projeté
métamorphique écaillement en débris de roche et sur un grillage ancré par des
massive ou éruptive surface avec contrôle de la boulons, ou appliquer 50 mm de
soumise à des états possibilité dilatation du massif béton renforcé par des fibres d'acier
de contraintes d'effondrements. rocheux. sur la roche et installer des boulons
élevées. avec plaques d'appui; puis appliquer
un autre 25 mm de béton projeté.
Étendre l'application du béton
projeté jusqu'en bas des murs
latéraux si nécessaire.
Roche sédimentaire Effritement et Rétention des Appliquer 75 mm de béton projeté
massive soumise à écaillement en débris de roche et renforcé avec des fibres, directement
un état de surface avec contrôle de la sur la roche nettoyée. Boulons ou
contraintes élevées. possibilité de compression. rebars sont aussi requis pour du
rupture en soutènement additionnel.
compression dans
l'ardoise et la
roche tendre.
Applications standard 82

Description du Comportement du
Support nécessaire Utilisation du béton projeté
massif rocheux massif rocheux
Roche Danger possible de Prendre des Appliquer 50 mm de béton projeté
métamorphique ou chute de roches ou dispositions sur le renforcé par des fibres d'acier, sur
éruptive avec glissement dû à la soutènement avec les surfaces de roche sur lesquelles
quelques joints gravité. en plus un les traces de joints sont visibles.
largement espacés. boutonnage ou un câblage.
État de contraintes
faibles.
Roche sédimentaire Danger possible de Prévoir l'installation Appliquer 50 mm de béton projeté
avec quelques plans chute de roches ou de support en plus renforcé par des fibres d'acier sur la
de stratification et glissement dû à la du boulonnage ou surface de la roche sur laquelle les
joints. gravité. Les du câblage. traces des discontinuités sont
État de contraintes stratifications Rendre étanches visibles, avec une attention
faibles. peuvent se les stratifications particulière pour les traces de
détériorer avec le visibles. stratification.
temps.
Roche Ruptures Rétention des Appliquer 75 mm de béton projeté
métamorphique ou contrôlées par les débris de roche et sur un grillage ancré à des boulon
éruptive jointée. État contraintes et contrôle de la avec plaques d'appui ou appliquer
de contraintes structuralement dilatation du massif 75 mm de béton projeté renforcé par
élevées. contrôlées autour rocheux. des fibres d'acier. Installer des
des frontières boulons avec plaques d'appui et
ouvertes. appliquer une seconde couche de
25
mm de béton projeté. Une épaisseur
plus importante de béton est
nécessaire aux endroits de fortes
contraintes.
Roche sédimentaire Écaillage, Contrôle de la Appliquer 75 mm de béton projeté
stratifiée ou à joints. effritement et rupture de la renforcé de tiges d'acier sur la
État de contraintes risques de rupture masse rocheuse. surface rocheuse nettoyée
élevées. en compression. préalablement, cela dès que
possible. Installer des boulons à
plaques d'appui à travers le béton
projeté puis appliquer 75 mm de
béton projeté.
Roche Effilochage de Prévention de Appliquer 50 mm de béton projeté
métamorphique ou blocs prismatiques l'évolution de renforcé par des fibres d'acier sur
éruptive avec une et de blocs définis l'effilochage. une surface propre, au niveau du toit
forte concentration par l'intersection de l'excavation. Boulons ou rebars
de
joints. des joints. peuvent être nécessaires pour un
soutènement supplémentaire dans
le
cas de gros blocs.
Roche sédimentaire Séparation des Contrôle des Boulons ou rebars sont nécessaires
stratifiée avec une couches sur une couches stratifiées pour contrôler les couches de la
forte concentration large portée et de l'effilochage. stratification.
de
joints. d'excavation et Appliquer 75 mm de béton projeté
État de contraintes effilochage de la renforcé par des tiges d'acier, sur les
faibles. stratification sur les traces de stratification avant le
faces inclinées. boulonnage.
Applications standard 83

Description du Comportement du
Support nécessaire Utilisation du béton projeté
massif rocheux massif rocheux
Roche Compression et Contrôle de la Appliquer 100 mm de béton projeté
métamorphique ou entrée en mode rupture et de la renforcé par des fibres d'acier, dès
éruptive avec une plastique du massif dilatation, que possible et installer des boulons
forte concentration rocheux autour de avec plaques d'appui au travers du
joints, conglomérats. l'ouverture. béton.
État de contraintes Appliquer 50 mm de béton projeté
élevées. supplémentaire si nécessaire.
Entendre le soutènement jusqu'en
bas des murs latéraux si nécessaire.
Roche sédimentaire Compression et Contrôle de la Appliquer 50 mm de béton projeté
avec une forte entrée en rupture du massif renforcé par des fibres d'acier dès
concentration de comportement rocheux ainsi que que possible. Installer un treillis de
joints, présence de plastique du massif de sa dilatation. poutres ou un jeu de cintres d'acier,
surfaces recouvertes rocheux autour de un radier contrefiché où cela est
d'argile. l'ouverture. nécessaire, puis encore plus de
État de contraintes Les roches riches béton projeté renforcé par des fibres
élevées. en argile peuvent d'acier pour couvrir le tout. Un
gonfler. étayage préliminaire ou du
présoutènement est nécessaire pour
stabiliser le front en avant de
l'excavation. Des trous peuvent être
faits dans le béton pour accomoder
les mouvements qui résultent de la
compression ou du gonflement. Le
trou devra être rempli une fois
l'ouverture stabilisée.
Conditions de coups Effritement et Rétention des Appliquer 50 à 100 mm de béton
de terrain modérées écaillage, coups de débris de roche et projeté par-dessus un maillage ou un
dans des roches terrain moyens. contrôle de la enchevêtrement de câbles qui est
massives soumises propagation de la fermement attaché à la roche au
des contraintes rupture. moyen de boulons déformables ou
élevées. de câbles.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 84

6 Contrôle de qualité de l'installation du soutènement


6.1. Installation du soutènement
L'efficacité d'un design dépend dans un degré important de la qualité de son installation. Le guide
multimédia sur les systèmes du boulonnage, Hadjigeorgiou et al. (1998) permet d'approfondir sur les
étapes d'installation manuelle et mécanisée pour les types de boulons présentement populaires au
Québec. L'installation pratique des câbles d'ancrage est présentée dans les travaux de Hutchinson et
Diederichs (1996) et l'application du béton projeté dans les travaux de Norcad (1995).

6.2. Installation des boulons mécaniques et à friction


Les boulons à ancrage mécanique peuvent être installés à l'aide d'une foreuse verticale fixe (stoper)
ou d'une clé pneumatique. Il est aussi possible de mécaniser complètement l'installation des boulons
à l'aide de boulonneuses montées sur pneumatique. La plage de valeur du couple de serrage est
entre 135 et 230 N.m pour un boulon de 16 mm de diamètre.
Les boulons de type Split - Set sont insérés à l'aide d'une foreuse à percussion dans les trous de
forage. Divers adaptateurs sont disponibles pour l'insertion par foreuses portatives. Pour des galeries
de faible hauteur, on suggère de forer les 50 premiers centimètres avec un plus grand diamètre, ce
qui permettra une insertion plus facile du boulon.
Le boulon de type Swellex est inséré dans un trou de forage puis gonflé par une pression d'eau de 30
MPa, à l'aide d'une pompe spéciale qui peut être reliée au circuit d'eau de la mine.

6.3. Installation des boulons à résine


La méthode d'installation des boulons scellés à la résine ne varie que très peu d'un endroit à l'autre.
La figure 6.1 présente les principales étapes de l'installation: a) Forer un trou de 25 à 35 mm de
diamètre à la profondeur nécessaire, b) Insérer les cartouches de résine. Poser un bouchon pour
garder les cartouches dans le trou (facultatif), c) Pousser le boulon à travers les cartouches jusqu'au
fond du trou. Ne pas appuyer la plaque contre la paroi, d) Faire tourner le boulon pour la durée
recommandée par le manufacturier (10 à 20 secondes), e) Appliquer toute la poussée de l'appareil sur
la tête du boulon. Maintenir en place de 20 à 30 secondes. Relâcher, f) L'installation du boulon scellé
sur toute la longueur est complétée.
Il est possible de mettre en tension les boulons scellés à la résine en utilisant une cartouche à temps
de prise rapide (30 secondes) en fond de trou et en complétant avec des cartouches à temps de prise
plus lent (5 minutes). Une tige ayant une extrémité filetée doit être utilisée, de même qu'une plaque
d'appui et l'on applique une rotation initiale pour mélanger la résine, puis le serrage est effectué dans
un deuxième temps.
La vérification de la longueur de scellement requise se fait à partir de la capacité d'ancrage à obtenir
et du facteur d'adhérence du boulon, Tableau 6.1. Le facteur d'adhérence est fonction des diamètres
respectifs du boulon et du trou ainsi que de la qualité des terrains.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 85

Figure 6.1 Procédure d'installation des boulons scellés à la résine, d'après Karabin et al.
(1976).
Tableau 6.1 Vérification de la longueur du scellement.

Lmin imum
NC = L=F×A
Lsce

Légende :
L = longueur de scellement N C = nombre de cartouche
F = charge d’arrachement désirée (tonnes métriques) A = facteur d’adhérence (cm/tonne) la longueur de
scellement d’une cartouche
Lsce = longueur descellement dune cartouche
Les fabricants fournissent des abaques pour évaluer les facteurs d'adhérence, le temps de prise et la
variation de résistance pour leurs résines. Ils fournissent aussi des tableaux et abaques pour évaluer
la longueur scellée selon les diamètres du trou, de la tige et de la cartouche de résine.
Il est possible d'introduire un facteur de sécurité dans la longueur scellée, spécialement dans le cas
de roches très fracturées. Cependant, avec des roches peu fracturées et relativement résistantes
(plus de 100 MPa en compression uniaxiale), le facteur d'adhérence s'asymptotise et le surplus de
scellement n'ajoute pas à la résistance à l'arrachement. La longueur scellée doit être supérieure ou
égale à 180 mm. Il faudrait toujours vérifier si la longueur scellée est adéquate par des tests
d'arrachement de boulon sur un essai pilote ou un prototype du système de soutènement désiré.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 86

6.4. Installation de boulons scellés au coulis de ciment


II est essentiel de conserver un rapport eau/ciment le plus près possible de 0.4. De plus, il est
préférable d'utiliser une pompe assez puissante pour permettre un pompage relativement aisé et,
surtout, efficace. Quoique l'utilisation d'un mortier (ciment et sable) augmente la résistance à
l'arrachement des barres, il est beaucoup plus difficile à pomper et nécessite l'emploi d'une pompe
plus puissante. De plus, il est aussi important de vérifier la compatibilité des plastifiants et adjuvants
avec le ciment utilisé.
L'évaluation de la longueur d'ancrage "L" recommandée pour une barre crénelée peut se faire selon
une des deux méthodes présentées dans le Tableau 6.2. En général, la longueur L obtenue par la
méthode de Ballivy (1986) est environ deux fois plus courte que celle obtenue par la méthode de
Brown (1970), ce qui confirme que cette dernière tient compte d'un facteur de sécurité de l'ordre de 2.
Tableau 6.2 Vérification de la longueur d'ancrage.

Méthode de Brown Méthode de Ballivy


Roche saine: C
L = 30 diamètres de la barre L=
TπD
Roche fissurée: T = 0.17 f C limite inférieure
L = 40 diamètres de la barre

Roche altérée: T = 0.5 f C moyenne


L = 60 diamètres de la barre

Cette méthode inclue un facteur de sécurité de


l'ordre de 2 à 3.

Légende:
L = longueur d'ancrage (m) T = résistance d'adhérence à l'interface
C = charge de rupture (N) coulis roche (kPa)
D = diamètre du trou de forage (mm) f C = résistance en compression du coulis
de ciment ou de la roche encaissante (la
plus faible des deux valeurs) en kPa.

6.5. Installation des câbles d'ancrage


Nickson (1993), ainsi que Hutchinson et Diederichs (1995) présentent les principales méthodes
d'installation de câbles d'ancrage. On résume les quatre approches dans les Figures 6.2 à 6.5.

Deux méthodes principales existent afin d'ancrer les câbles d'acier dans les trous de forage en
attendant la mise en place et la prise du coulis de ciment. La méthode plus populaire et l'utilisation de
filins repliés, Figure 6.6. Les plaques d'acier en croix sont aussi utilisées. Gagnon (1983) propose
l'utilisation d'un bouchon pour cimenter les trous de mine, Figure 6.7.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 87

Figure 6.2 Tube d'évent et tube d'injection pour cimenter le trou de mine, d'après
Hutchinson et Diederichs (1996).

Figure 6.3 Cimentation à l'aide d'un tube d'injection seulement, d'après Hutchinson et
Diederichs (1996).
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 88

Figure 6.4 Cimentation en retirant le tube d'injection d'après Hutchinson et Diederichs


(1996).

Figure 6.5 Le câble est inséré après que le trou ait été cimenté, d'après Hutchinson et
Diederichs (1996).
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 89

Figure 6.6 Ancres pour retenir le câble dans le trou de mine.

Figure 6.7 Bouchon pour cimenter les trous de mine, d'après Gagnon (1983).
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 90

Une performance optimale des câbles d'ancrage requiert un coulis de ciment de bonne qualité qui, à
son tour, est fonction du rapport eau - ciment utilisé. La valeur idéale de ce rapport est entre 0.35 et
0.40. Hutchinson et Diederichs ont synthétisé l'information sur le rapport eau/ciment à la Figure 6.8.
Le choix d'un rapport eau/ciment a une influence majeure sur le choix de la méthode d'installation et
sur la performance du système de soutènement.
En pratique, on désire que le coulis de ciment soit une interface parfaite entre le massif rocheux et le
câble. Plusieurs auteurs ont montré que le rapport eau ciment est un paramètre critique qui contrôle la
résistance à l'arrachement des câbles.

Figure 6.8 Conseil pratique sur l'influence du rapport eau/ciment sur l'installation des
câbles d'ancrage, d'après Hutchinson et Diederichs (1996).

Hyett et al. (1992) ont proposé une classification visuelle pour caractériser la qualité du coulis,
Tableau 6.3. Cette approche permet l'ajustement immédiat pendant l'installation d'ancrage.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 91

Tableau 6.3 Caractérisation visuelle du coulis du ciment, d'après Hyett et al. (1992).

Rapport Caractéristiques à la sortie du


Caractéristiques lors de la manipulation
Eau/ciment boyau de scellement

< 0.30 En forme de saucisse sèche et La saucisse se fracture lorsqu'elle est pliée,
rigide. scellement trop sec pour coller à la main, peut
être roulé sous forme de boules.
La saucisse est totalement flexible, le
0.30 En forme de saucisse humide qui scellement colle à la main et est facilement
se désagrège avec le temps. roulé sous forme de boules humides et tendres.
Le scellement colle facilement à la main même
0.35 En forme de saucisse humide. lorsque celle-ci est retournée vers le sol.
Le scellement colle facilement à la main mais
0.40 En forme de saucisse perdue peut être agité librement.
immédiatement, s'écoule de façon
visqueuse sous son propre poids
pour prendre la forme d'une galette.

0.50 S'écoule facilement et éclabousse Le scellement coule de la main sans agitation.


lors d'un impact avec le sol.
6.6. Application du béton projeté
II existe deux techniques de mise en place du béton projeté: la projection par voie sèche, et celle par
voie humide. Dans le premier cas, le béton est mélangé à sec et l'eau est ajoutée à l'extrémité de la
lance. Pour le procédé par voie humide, le béton est mélangé avec l'eau et est ensuite pompé vers la
lance.
Lors de l'application du béton projeté, le lancier doit appliquer le béton en faisant un mouvement
circulaire tout en demeurant le plus perpendiculaire possible par rapport à la surface. Les petits
mouvements circulaires permettent une diminution des rebonds et assurent une plus grande
homogénéité du béton.

Figure 6.9 Manipulation de la lance lors de la mise en place du béton projeté, d'après
ACI 506R-90.
6.7. Contrôle de qualité de l'installation
La qualité de l'installation du soutènement est le second paramètre critique régissant l'efficacité d'un
système de soutènement, immédiatement après une conception adéquate. En effet, même si la
conception réalisée est parfaite, une installation déficiente rendra le soutènement tout aussi déficient.
Le sentiment de sécurité qu'il procure est alors dangereux, Les sections suivantes tentent de cerner la
plupart des éléments importants qui contrôlent la qualité de l'installation du soutènement sans
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 92

empiéter sur les éléments de conception; on s'attardera à définir les éléments qui permettront une
installation adéquate des boulons d'ancrage, des câbles et du béton projeté.
L'information est scindée en plusieurs paliers; on débute par les éléments généraux applicables à la
plupart des types de boulons. Puis, chaque type de soutènement particulier est revu à la lumière
d'éléments de contrôle spécifiques; les câbles d'ancrage et le béton projeté sont traités
individuellement, tout comme chaque type de boulon considéré dans cet ouvrage. À la fin du chapitre,
on présente la méthodologie détaillée du contrôle du couple d'installation des boulons mécaniques ou
des rebars à tête filetée, ainsi qu'une méthodologie des essais d'arrachement. Finalement, un tableau
synthèse des paramètres d'installation des câbles d'ancrage termine le chapitre.
6.8. Définition des longueurs d'ancrage
La connaissance de la longueur réelle insérée d'un boulon d'ancrage est importante lorsque l'on doit
vérifier si les trous sont de longueur adéquate, ou si l'équipement est bien adapté à la longueur réelle
du boulon. Le tableau 6.4 présente les longueurs insérées actives des principaux types de boulons
d'ancrage.

Tableau 6.4 Longueur supportée pour différents types de boulon.

Type de boulon Longueur supportée


Boulon mécanique Longueur supportée = longueur boulon - (2 - 10 centimètres)
Rebar à la résine Longueur supportée = longueur boulon - longueur hors trou (5-10 centimètres)
Split Set Longueur supportée = longueur boulon - 2 centimètres
Swellex Longueur supportée = longueur boulon -12 centimètres

6.9. Éléments généraux pour les boulons d'ancrage


Les éléments généraux sont similaires pour tous les types de boulons. Ils sont aussi les éléments les
plus reliés à la conception même du système de soutènement, et font référence directement aux devis
de contrôle des terrains produits à la mine. On parle principalement de paramètres géométriques, de
compatibilité boulon - accessoires et de conditions de terrain affectant la qualité de l'installation
prescrite. L'eau interstitielle est une de ces conditions de terrain qui peuvent réduire de beaucoup
l'efficacité du soutènement; présente sous forme de veine d'eau pressurisée, elle peut diluer ou laver
le coulis de ciment des câbles ou des barres d'ancrage, empêcher le mélange requis de la résine,
nuire au forage, amener une corrosion accélérée, etc.
Lors de l'installation des boulons, on devra garder l'angle entre les boulons et les discontinuités,
supérieur à 45° si possible, Figure 6.10.

Figure 6.10 Orientation des boulons lors de l'installation, d'après Choquet (1987).
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 93

La Figure 6.11 présente plusieurs cas d'installation de boulons à roc. Dans le cas A, il y a une
possibilité que la plaque se déforme et que le boulon perde sa tension. Les situations B et D montrent
des exemples où les plaques sont bien en contact avec la paroi. Dans les cas C et E on constate que
l'inclinaison est supérieure à 10° Dans ces conditions, il est bien probable que l'on ait une réduction de
la tension réelle.

Figure 6.11 Exemple d'après Schach et al. (1979).


Il y a plusieurs éléments du contrôle de qualité de l'installation du soutènement qui sont communs à
tous les types de boulons.
Les valeurs d'espacement entre les boulons doivent rester à l'intérieur des limites acceptables dictées
par le devis de soutènement. Même si le nombre de boulons par mètre de galerie est le même, on doit
être attentif à ne pas laisser de trop grands espacements entre les boulons; ce faisant on risquerait de
créer une concentration de charges sur certains boulons, ce qui pourrait amener un point de faiblesse
dans le système de soutènement. De la même façon, si, dans un terrain très déformable, le patron du
devis vise à contrôler la déformation, une concentration de boulons à un endroit donné créera un point
de rigidité plus élevée, concentrant les contraintes à cet endroit particulier.
L'angle de pose des boulons est aussi un paramètre général d'un système de boulonnage. Cet angle
doit demeurer dans les limites de compatibilité des boulons et des accessoires: soit 5-10° pour les
plaques plates et écrous normaux, 10° pour les plaques bombées et écrous en dôme et 20° pour le
Swellex et la plaque ajustée. L'angle de pose doit aussi être en accord avec les spécifications du
devis, et tenir compte des structures géologiques et de la proximité de faces libres. Les boulons
doivent, autant que possible, être installés perpendiculairement aux structures géologiques; c'est pour
cette raison que l'utilisation du boulon mécanique dans les toits des terrains lités ou schisteux
verticalement n'est pas recommandable.

Il faut vérifier la dimension et le type des plaques d'appui utilisées, ainsi que vérifier le type d'écrou
utilisé. Pour les traverses métalliques, le treillis, etc. il faut s'assurer que leur type et leur installation
correspondent aux exigences du devis.

La présence d'eau sous pression risque d'affecter l'efficacité des câbles d'ancrage et des rebars au
ciment, ainsi que le mélange adéquat de la résine. On devrait donc prévoir des procédures
d'installation ou de choix de soutènement qui tiennent compte de la présence d'eau.

La position du boulon sur la paroi vise à une répartition optimale de la pression de soutènement et de
la capacité de soutènement du système. Il est donc important que le devis soit respecté le plus
possible; si des blocs de roc individuels demandent un support plus localisé, il suffit d'ajouter des
boulons supplémentaires.

Il est primordial de bien écailler le terrain avant de débuter l'installation du soutènement. Les principes
de sécurité pour l'écaillage du terrain, présentés au Tableau 6.5, sont inspirés de l'expérience dans
les mines du Québec.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 94

Tableau 6.5 Principes de sécurité pour l'écaillage du terrain.


Principes de sécurité
• Utiliser des barres à écailler de longueurs appropriées aux besoins et aux règlements.
• S'assurer que le milieu n'est pas bruyant durant l'écaillage.
• Se tenir sur une surface solide, aussi régulière que possible et bien dégagée.
• Prévoir espace libre derrière soi pour pouvoir reculer rapidement.
• Voir à ce que la roche dégagée tombe de façon à ne pas rebondir sur soi, ses compagnons ou
sur l'équipement.
• Écailler le terrain à partir du bon et en allant vers le mauvais.
• Être conscient qu'une roche peut tomber dès le premier contact avec une barre.
• Les équipements motorisés utilisés comme plate-forme de travail doivent être munis de
dispositifs adéquats pour assurer la sécurité du personnel. L'utilisation d'un marteau de forage
n'est pas recommandée car elle amène une dégradation importante de la surface rocheuse.
• Maintenir des conditions générales sécuritaires à son poste de travail.

Par la suite lors de l'installation du soutènement, les mêmes principes généraux restent applicables;
l'utilisation d'équipements adéquats, les espaces de dégagement, la progression du bon terrain au
mauvais, etc. sont tout aussi valables pour le soutènement.
6.10. Éléments spécifiques
Les tableaux 6.6 à 6.11 résument les éléments de contrôle de qualité spécifiques aux types de
soutènement traités dans le présent ouvrage.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 95

Tableau 6.6 Installation des boulons mécaniques.


Pour le boulon mécanique, cet élément est le plus critique. Un angle de pose qui
Angle de pose s'éloigne de 90 degrés par rapport à la paroi va réduire dramatiquement la
tensiontransmise au boulon durant le tensionnement. Ainsi, plus l'angle s'éloigne
de la normale à la paroi, et plus la capacité du boulon est réduite. Angle de pose
recommandé: 85-90 degrés avec plaque plate et écrou normal. 80-90 degrés avec
plaque bombée et écrou en dôme.
La valeur de tension d'installation recommandée par le manufacturier est
Tension d'environ 80% de la limite élastique de l'acier. Même dans les meilleures
conditions, il n'est pas possible d'atteindre cette valeur à l'aide d'un marteau
pneumatique manuel {stoper). Si le boulon mécanique est installé à une valeur de
tension inférieure à 50% de sa limite élastique, on court le risque de voir la
coquille glisser lors d'un mouvement du roc.
Couple de serrage Le couple de serrage d'un boulon, mesuré à l'aide d'une clé dynamométrique,
peut permettre d'évaluer la tension dans le boulon; toutefois, selon l'angle
d'installation du boulon et la condition de la plaque et de l'écrou, la relation entre
le couple de serrage et la tension appliquée au boulon varie beaucoup. Il est
recommandé d'installer le boulon le plus perpendiculairement à la plaque pour
maximiser la tension dans le boulon. La situation idéale est d'avoir des boulons le
plus perpendiculaire possible à la paroi, et tous serrés à une valeur de couple à
peu près semblable. Ceci évitera des valeurs de couple, et de tension, trop faibles
(glissement de la coquille) ou trop élevées (bris prématuré). À titre d'exemple, le
Ministère du Travail de l'Ontario donne la valeur de 150 livres-pied pour le couple
minimal de serrage des boulons mécaniques 5/8 po. Cette valeur ne peut
généralement être atteinte à l'aide d'un marteau pneumatique (stoper ou jackieg)
et une telle valeur oblige à utiliser une clé à impact ou un équipement de
boutonnage mécanisé.
Diamètre des trous Le diamètre des trous doit absolument se situer dans la plage de valeur
recommandée par le manufacturier. On devrait se référer à la section sur les
fiches techniques pour déterminer le diamètre approprié. Si le diamètre foré est
hors de la plage recommandée, on doit absolument changer le diamètre des
forets ou la coquille.
Type de coquille Les coquilles ne présentent pas toutes les même capacités d'ancrage dans
différents typas de roches. Il est toujours préférable de faire un test avec différents
types de coquilles. Toutefois, l'expérience dans les mines québécoises permet de
suggérer le type FLF.
faut vérifier si les filets sont propres et exempts de rouille. On fait de même pour
Condition des les coquilles. De plus, l'anneau de plastique doit être enlevé avant d'insérer la
coquilles, filets, etc. coquille dans le trou.
Équipement Les équipements suivants sont recommandés : clé à impact, stoper en bon état,
d'installation installation mécanisée. De façon générale, il n'est pas recommandé d'utiliser un
marteau de type jackleg. On doit vérifier si l'outil utilisé pour le serrage de l'écrou
permet d'enlever l'effet de percussion du marteau.
Si de l'eau est présente, il est recommandé de faire une analyse d'eau pour
Eau évaluer ses propriétés chimiques et son action corrosive sur l'acier des boulons.
Une rupture des boulons peut indiquer un problème d'installation. Un angle de
Rupture pose inadéquat, un dommage aux plaques lois du serrage ou une corrosion
prématurée de accélérée peuvent causer une rupture prématurée du boulon. On devra donc
boulons vérifier si les devis sont respectés ou si les spécifications sont compatibles aux
conditions de terrain.
Longueur des trous Si le trou est trop court, la coquille ne pourra pas être serrée correctement.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 96

Tableau 6.7 Installation des boulons scellés à la résine (rebar).


L'angle de pose doit être similaire à ce qui est suggéré dans le devis. Cet angle
Angle de pose doit généralement tenir compte de l'orientation des structures géologiques, de
façon à recouper les structures majeures le plus perpendiculairement possible.
Cependant, des conditions locales non prévues peuvent amener un changement
de l'angle de pose du boulon; ces possibilités doivent être explorées au préalable
dans les modules de formation du personnel.
La tension dans le boulon est surtout nécessaire lorsque l'on désire que la plaque
Tension d'appui exerce un confinement du roc au collet du trou, ou bien lorsque l'on désire
que la barre soit mise en tension à l'intérieur de la résine (prise lente) . Un angle
de pose près de la normale à la paroi et un couple de serrage adéquat sont dès
lors nécessaires, et des accessoires appropriés doivent être utilisés. La tension
requise selon le manufacturier n'est généralement atteinte qu'à l'aide d'une clé à
impact ou à l'aide d'un équipement de boulonnage mécanisé.
Couple de serrage Le couple de serrage approprié pour atteindre la tension recommandée varie
selon l'angle de pose du boulon. De plus, le couple de serrage doit refléter une
tension uniforme dans le patron de soutènement.
Diamètre des trous Le diamètre des trous affecte la rigidité du soutènement, ainsi que la résistance
ultime à l'arrachement. Un diamètre beaucoup trop grand ou trop petit risque
d'amener un mauvais mélange de la résine. Le diamètre recommandé varie entre
32 et 35 mm pour des barres de 20 et 22 mm respectivement.
Longueur des trous Puisque la quantité de résine nécessaire est fonction des volumes respectifs pris
par la barre et la résine, la longueur du trou doit être contrôlée avec précision ; on
s'assurera d'un scellement adéquat et on minimisera la perte en résine.
Condition de la Il faut s'assurer que le boulon est propre, et que les filets sont propres et exempts
surface du boulon, de rouille tête filetée.
des filets, etc.
Équipement L'équipement utilisé doit être capable de permettre un mélange complet de la
d'installation résine, ainsi que la mise en tension de la tête du boulon (prétensionnement de la
rebar). Le temps et la vitesse de rotation doivent être pris en considération.
Une pression ou un débit d'eau importants peuvent nuire à l'installation du boulon.
Eau De plus, une eau aux propriétés corrosives aura un impact très négatif sur la
durée de vie de la plaque et de la tête du boulon.
La rupture prématurée peut indiquer une installation inadéquate : angle de pose
Rupture trop aigu, mise en tension originale non adaptée aux déformations du terrain,
prématurée de absence de résine à certains endroits le long du boulon, etc.
boulons ou chute
de terrain
Résine II faut vérifier le type utilisé, l'âge, la condition de la résine (fraîche, pas durcie,
etc.), ainsi que la température des cartouches lors de l'installation. Il est important
de vérifier les lieux d'entreposage (soleil, chaleur, etc.). Il est bon de mesurer
régulièrement le temps de prise, le temps d'installation et de mise en tension. Il
faut aussi s'assurer de la présence de résine au collet après l'installation.
Installation Il est important de vérifier de combien la tête dépasse de la paroi. Dans les
endroits avec trafic important, il est préférable d'utiliser un boulon à tête forgée
(tensionnement non possible) sur les murs, pour éviter l'accrochage par
l'équipement, à moins que l'on ajoute du béton projeté par la suite.
Condition des trous Si les trous sont déphasés, si des failles ou cisaillements sont visibles et peuvent
amener la perte de la résine, on devra s'assurer que l'ancrage sera quand même
adéquat. Un test d'arrachement et un trou d'auscultation pourront permettre de
vérifier si l'opération est un succès ou non.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 97

Tableau 6.8 Installation des boulons Swellex.


Insertion complète Le boulon Swellex doit être inséré complètement dans le trou de forage. Parce
dans le trou que le gonflement est moins prononcé sur les 4 premiers centimètres de boulon
qui suivent la tête, le boulon ne met que peu de pression sur le roc à cet endroit.
Toutefois, si le boulon est partiellement inséré, il appliquera la pression complète
sur le collet, risquant ainsi la fracturation du roc au collet.
Fonctionnement de La pompe utilisée pour gonfler les boulons Swellex (Standard ou Super) doit
la pompe fournir entre 295 et 300 bars de pression d'eau. Il est important que la pression de
gonflement soit entre ces valeurs, parce qu'une pression plus faible n'amènera
pas le gonflement complet du boulon et réduira sa capacité d'ancrage et son effet
de confinement, tandis qu'une pression beaucoup plus élevée pourra amener la
rupture du boulon le long des surfaces repliées du profil.
Une perte d'eau est aussi un signe d'un fonctionnement non adéquat du système
de gonflement; un écoulement au mandrin est généralement causé par des
rondelles d'étanchéité endommagées ou usées ou une fuite dans le boulon, tandis
qu'un écoulement autour des joints indique que ceux-ci doivent être resserrés. Si
la pompe fonctionne sans que la poignée soit pressée, cela indique une perte
dans le système hydraulique interne de la pompe et celle-ci doit être réparée.
Diamètre des trous Le boulon Swellex est peu sensible au diamètre du trou de forage, et pour autant
que le diamètre du trou reste dans la plage de valeurs recommandée par le
manufacturier, la performance d'ancrage minimale permet d'atteindre la limite de
rupture de l'acier avec une faible longueur d'ancrage. Cependant, il est
recommandé d'effectuer des essais pour évaluer la performance réelle en fonction
du diamètre du trou et du type de roc; généralement, dans du roc déformable, un
diamètre dans la plage inférieure est recommandé, tandis que dans le roc très
dur, il est préférable d'utiliser le diamètre le plus près de la limite supérieure.
Eau Toute présence d'eau devra être notée. L'eau devrait être analysée. En effet, tout
boulon de type friction, incluant le Split Set, est plus sensible à la corrosion
causée par l'eau interstitielle, et une eau agressive demande un boulon protégé
contre la corrosion si la durée de l'application dépasse la durée de vie efficace du
boulon dans ces conditions.
Condition des trous Si les trous sont très déphasés, il pourra être difficile d'insérer le Swellex. Dans de
telles conditions, il est préférable d'insérer le boulon le plus tôt possible après le
forage, et de minimiser le nettoyage du trou qui accroît le diamètre dans les zones
fracturées. Une réduction de la pression de l'eau de forage est recommandée lors
du forage dans des zones très fracturées ou avec présence d'argile ou de boue.
Angle de pose et Puisque le boulon Swellex applique une forte pression radiale à l'intérieur du trou
position de la face de forage, il est important que l'angle de pose soit autant que possible tel que
spécifié dans le devis d'installation. De plus, la proximité d'une face libre peut
potentiellement amener des problèmes de stabilité locaux; ces cas spécifiques
doivent être adressés dans le devis ou dans les procédures de soutènement de la
mine.
Installation avec Lorsque les Sweliex sont installés avec du grillage ou des traverses, il est
grillage et important d'utiliser l'outil développé pour insérer totalement le Swellex dans le trou
traverses de de forage. Si le Swellex est partiellement sorti, le risque que le roc soit fracturé au
soutènement collet lors du gonflement s'accroît beaucoup.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 98

Tableau 6.9 Installation des boulons Split Set ou de type tabulaire fendu.
Diamètre du trou Ce paramètre est le plus important pour assurer l'efficacité du Split Set.
Le trou doit être à l'intérieur des limites prescrites pour assurer la capacité
d'ancrage promise par le manufacturier. Si le trou est plus grand, le
boulon aura une très faible capacité d'ancrage, tandis que si le trou est
trop petit, le Split Set pourra être endommagé ou même impossible à
insérer. Le diamètre optimal du foret à utiliser dépendra aussi du type de
roc, et du type de foret.
Condition du trou Si les trous sont déphasés, suite au cisaillement d'une diaclase, il pourra
être impossible d'insérer le Split Set à cet endroit particulier.
Temps d'insertion La vérification du temps d'insertion est un moyen permettant d'évaluer si
la dimension du trou est adéquate. L'usure du foret doit être contrôlée
régulièrement si la dimension usée est trop petite, ou la dimension neuve
est trop grande.
Dimension de Il peut être très difficile ou même impossible d'insérer le Split Set au toit si
l'excavation la dimension de l'excavation est inférieure à la dimension du Split Set plus
1,2 m.
Équipement utilisé La hauteur de la plate-forme utilisée doit être compatible avec la
dimension de l'excavation et la longueur du Split Set utilisé. Ingersoll
Rand fournissait autrefois un outil pour l'insertion du Split Set dans des
conditions de faible dégagement, mais cet outil fut banni aux États-Unis
par raison de sécurité. La création d'un outil maison comporte les mêmes
risques de fragilisation de l'outil et de rupture subite pouvant causer des
blessures, et n'est pas recommandée.

Tableau 6.10 Application du béton projeté.

Conditions Pour le béton à voie sèche, les conditions d'entreposage devraient être
d'entreposage connues et contrôlées (température, humidité, etc.).
(béton à sec)
Conditions de Pour le béton à voie humide, il faut vérifier le temps de transport, vérifier
transport (béton la température du béton durant et à la fin du transport. Il est important de
mouillé) s'assurer que l'équipement de transport est adéquat, et de savoir s'il y a
eu ajout d'eau durant le transport
Avant la projection Il faut vérifier la méthode d'installation.
• lavage, écaillage, surface propre et mouillée
• grillage adéquat, vides potentiels derrière le béton.
Il faut mesurer le temps d'attente à l'équipement de projection (si trop
long, le béton a probablement nécessité l'ajout d'eau; il faut alors vérifier
si il y a eu un ajout d'eau avant la projection, II est important de vérifier
l'affaissement du béton avant d'autoriser la projection
Après la projection II faut s'assurer que le béton colle à la paroi, et qu'il n'est pas trop liquide.
Il faut aussi vérifier si de l'accélérateur est nécessaire, ou si celui utilisé
est adéquat. Le temps de durcissement devrait être vérifié. Et finalement,
on doit s'assurer que la dureté en surface est acceptable, après
durcissement

Beaupré et al. (1995) proposent que le contrôle de la qualité du béton projeté en place soit effectué
principalement avec la méthode du marteau Schmidt. Cette méthode a plusieurs avantages:
l'utilisation du marteau Schmidt est rapide, facile à utiliser, l'équipement est compact et facilement
transportable. L'équipement ne coûte pas cher. En pratique on peut utiliser le marteau Schmidt pour
faire des tests sur le béton projeté en place à tous les deux mètres. Après avoir fait 10 à 15 tests, on
détermine la moyenne. Pour toute surface ayant une valeur en dessous de la résistance désirée, du
béton projeté peut-être appliqué de nouveau.
Tableau 6.11 Résistances en compression minimum exigées pour le soutènement souterrain par
béton projeté, d'après Swannel (1993).
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 99

Durée Résistance
1-10 minutes Prise initiale
3-30 minutes Prise finale
8 heures 1-4 MPa
1 jour 5-7 MPa
3 jours 10 MPa
7 jours 30 MPa
28 jours 40 MPa

Le rebondissement dépend de la granulométrie des agrégats inclus dans le mélange, du rapport


eau/ciment, de la vitesse de sortie, du débit à la sortie, de l'angle de projection et de la distance
d'impact. Normalement le béton projeté quitte la buse de sortie à une très grande vitesse. Quand il
frappe la surface, située à 1 m, un pourcentage considérable de matériel rebondit. Le rebondissement
représente 10 à 50% du matériel qui sort de la lance, et il peut varier selon la surface projetée. Les
pertes par rebond sont évaluées au Tableau 6.12.

Tableau 6.12 Pourcentage de rebondissement

Surface Pourcentage de rebondissement


Voie sèche Voie humide
Plancher 5-15 0-5
toit 25-50 10-20
Mur vertical 15-25 5-10

L'application de béton projeté avec le grillage est sujette à des problèmes pratiques. À la Figure 6.12,
on constate deux zones problématiques. Dans la zone 1 il y a une accumulation de fragments libres
sur le grillage. Le résultat est la création de vides derrière la couverture de béton projeté. Dans la
zone 2, le grillage n'est pas bien appuyé sur le roc. Dans ce cas l'adhérence du béton sera
problématique.

Figure 6.12 Problèmes associés avec l'application du béton projeté, d'après Norcad
(1995).
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 100

Figure 6.13 Concordance entre le béton projeté et la paroi rocheuse, pour le béton
projeté renforcé de grillage et celui renforcé de fibres métalliques, d'après
Vandewalle (1998).

Vandewalle (1998) suggère qu'un avantage important du béton projeté renforcé de fibres est la
possibilité d'éliminer le grillage. En plus, avec le béton projeté renforcé de fibres il est plus facile de
suivre le contour de la paroi et d'éviter la création de vides et le remplissage de l'espace en arrière du
grillage, Figure 6.13.
Le béton projeté renforcé de fibres d'acier est de plus en plus populaire. La Figure 6.14 compare la
résistance en flexion du béton projeté renforcé de grillage et celle du béton projeté renforcé de fibres
d'acier. On peut remarquer la courbe charge - déformation de chacun. Ces résultats suggèrent que
les fibres peuvent avantageusement remplacer le grillage.

Figure 6.14 Comparaison entre le béton projeté renforcé de fibres et celui renforcé à
l'aide d'un treillis, d'après Vandewalle (1998).
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 101

Tableau 6.14 Installation des câbles d'ancrage.

Type de câble II faut s'assurer que le type est conforme au devis.


Plaques et bandes Il faut s'assurer que les accessoires sont conformes au devis.
Eau dans le trou Si de l'eau est présente dans le trou avant l'injection de ciment, il faut
absolument nettoyer le trou des débris et du surplus d'eau.
Propreté des câbles Il est évidemment difficile de garder des câbles d'ancrage propres lorsqu'ils sont
manipulés sous terre. Toutefois, un minimum de propreté est requis pour
s'assurer que l'adhésion du câble dans le ciment sera adéquate.
il faudra noter la présence de graisse, de rouille, de beaucoup de saleté.
Type de pompe Il faut vérifier que le type de pompe utilisé sera capable de réaliser l'injection.
Entre autres, il faut vérifier la capacité statique de la pompe, et s'assurer que la
pompe peut prendre la viscosité requise du mélange.
Fonctionnement de Il faut absolument vérifier si la pompe fonctionne bien. On s'assurera que la
la pompe pompe et le reste de l'équipement soient nettoyés après la dernière utilisation.
Consistance du On devrait vérifier le nombre de sacs utilisés. Sur place, on devrait vérifier la
ciment consistance lors de l'installation; s'assurer que le rapport eau/ciment requis est
respecté, et qu'il est gardé constant durant l'injection.
Vérifier la Il est préférable de s'assurer que la performance est réaliste, et vérifier le
performance nombre de sacs utilisés.
rapportée
Diamètre des trous Le diamètre des trous doit être vérifié pour atteindre la performance optimale
avec le type de câble utilisé.
Procédure Pour s'assurer d'une bonne procédure d'injection, on peut vérifier s'il reste de
d'injection l'eau dans le trou, si le reniflard est en place, si on voit du ciment au collet après
l'injection. Il faut s'assurer que le ciment reste dans le trou (bouchon adéquat?)
Sinon, il faut évaluer quelle quantité est perdue?
Longueur des Il est important de vérifier la longueur des câbles hors trou immédiatement
câbles vs trous après l'installation, de façon à s'assurer que les trous sont de longueur requise;
si des câbles plus longs ont été installés, des câbles trop courts pourraient avoir
été installés ailleurs. Le contrôle des longueurs permet aussi de minimiser le
gaspillage de câble.
Installation et mise Il faut vérifier la méthode d'installation des cabte-grips, et la méthode de mise en
en tension tension.
Performance et La performance et la procédure générale doivent être vérifiées par des essais
procédure générale d'arrachement réalisés sur des câbles de longueur réduite. Cette procédure
peut être répétée aussi souvent que l'on soupçonne des câbles d'avoir été
installés de façon inadéquate; cependant, cet essai n'est pas infaillible car une
faible longueur de câble bien cimentée au collet pourra donner une bonne
performance d'arrachement même si le reste du trou est inefficace. Une
formation adéquate et une vérification systématique sont les actions les plus
efficaces pour obtenir une performance optimale.
6.11. Méthode suggérée pour déterminer la tension dans un boulon
d'ancrage avec une clé dynamométrique
La méthode suggérée ici reprend les étapes principales proposées par la Société Internationale de
Mécanique des Roches, ISRM (1981), et peut être utilisée pour vérifier si une traction spécifique est
réellement appliquée lors de l'installation du boulon à roc, ou pour estimer la perte de tension dans un
boulon déjà installé. L'évaluation de la tension, ou à tout le moins, du couple de serrage d'un boulon
avec une tête filetée est recommandée pour le contrôle de qualité peu de temps après l'installation
seulement, lorsque les parties du boulon et les accessoires sont exempts de rouille et de corrosion. Il
n'est pas du tout recommandé de réaliser ce genre d'essai sur de vieux boulons. Si on doit
absolument utiliser cette méthode pour vérifier des zones de soutènement âgé, il est préférable de ne
pas dépasser une valeur de couple de serrage de l'ordre de 135 N.m (100 livres-pied); cette valeur de
couple, tirée de l'expérience des auteurs, est un critère raisonnable qui limite les risques de rupture
d'un vieux boulon rouillé ou très sollicité, et des risques d'accidents qui découlent du serrage d'un tel
boulon, sans pour autant les éliminer.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 102

6.11.1. Appareil utilisé


Une clé dynamométrique, préférablement munie d'un indicateur de couple maximum appliqué,
capable de donner des résultats reproductibles à l'intérieur d'une «limite» de 5%, sur toute la plage
des couples applicables avec la clé. La clé doit être munie des bons adaptateurs pour la tête des
boulons, devrait être utilisée uniquement comme outil de contrôle, et devrait être entreposée avec sa
charte de calibrage dans un endroit sec pour en préserver sa précision.
L'équipement pour calibrer la clé, Figure 6.15, comprends une tête de boulon fixe, un jeu de poids et
plateau, et un ruban à mesurer.

Figure 6.15 Appareillage et procédure de calibrage de la clé dynamométrique, d'après


ISRM (1981).

L'équipement pour déterminer la relation entre la tension et le couple, Figure 6.16 sur un ensemble
boulon - plaque installé comme en pratique, comprend un vérin hydraulique avec une pompe
(manuelle) et un indicateur de pression, ou une cellule de charge. La tension devrait être mesurée
avec une précision supérieure à 5% du maximum atteint durant le test.

Figure 6.16 Calibrage entre la lecture de la clé dynamométrique et la tension dans un


boulon à roc, d'après ISRM (1981).
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 103

6.11.2. Procédure de calibrage


Calibrage de la clé dynamométrique:

Gardant la clé à l'horizontale, le mandrin de la clé est placé sur une tête de boulon fixe. Un plateau
avec des poids est suspendu à partir du centre du manche de la clé (Figure 6.15), et les poids sont
ajoutés par incréments. Les lectures de couple sont prises en note, ainsi que le poids de l'ensemble
plateau - poids. Cette procédure est répétée par incréments d'une façon telle qu'au moins 5 lectures
de couple sont disponibles pour la plage de valeur de couple attendues sur le terrain. La distance L
entre le centre de la poignée et la tête du boulon est mesurée.

Les valeurs expérimentales de couple sont calculées en multipliant la distance L par le poids appliqué.
Un graphique des valeurs réelles versus celles mesurées par la clé dynamométrique est ensuite
produit, et une régression linéaire est réalisée sur les points expérimentaux. La pente R est le facteur
de correction entre la valeur réelle et la valeur mesurée par la clé, voir Figure 6.15. La clé devrait être
calibrée au moins à tous les 6 mois.
Détermination du rapport Couple/Tension
La cellule de charge ou le vérin sont placés de façon la plus coaxiale possible sur le boulon servant de
contrôle, et la noix sur la plaque est serrée légèrement de façon à prendre le « lâche » dans le
système. La valeur de pression dans le vérin devrait être montée à une valeur minime mais non nulle.
L'ensemble boulon - plaque - noix devrait être exactement le même que ce qui sera installé de façon
systématique sur le terrain. Les conditions de lubrification et d'alignement devraient être similaires à
celles qui seront rencontrées.
Le couple est appliqué par incréments, et on prend note de la pression résultante dans le vérin (par
extension la tension dans le boulon) et du couple appliqué. La traction devrait être appliquée de façon
progressive et en gardant le point d'appui au centre de la poignée ou à une distance L semblable à
celle utilisée pour le calibrage. Au moins cinq lectures de couple - tension devraient être recueillies
durant un essai de calibrage. Un graphique de la tension vs couple est produit à la Figure 6.16 et la
pente "c" est le facteur de conversion entre la lecture de couple et la tension dans le boulon. La valeur
du facteur c devrait être évaluée pour les différentes conditions, types de plaques et accessoires
utilisés.

6.12. Méthode suggérée pour déterminer la capacité de l'ancrage d'un


boulon à roc
La méthode décrite ci-après reprend les grandes lignes de la méthodologie suggérée par l'ISRM
(1981). Ce test est conçu de façon à mesurer la capacité à court terme d'un ancrage de boulon à roc
installé dans des conditions de terrain spécifiques. La capacité est mesurée par un essai
d'arrachement dans lequel le déplacement de la tête du boulon est mesuré comme une fonction de la
charge appliquée, donnant une courbe de charge - déplacement. Cet essai est ordinairement utilisé
pour la sélection des boulons, et aussi pour le contrôle de qualité des matériaux et de l'installation. Il
est important de définir la charge ultime du boulon et son comportement en fluage, ainsi que la
capacité minimale d'ancrage. Ces paramètres sont nécessaires pour évaluer la capacité du boulon
pour la suspension du toit.
Il est suggéré d'effectuer au moins 5 essais pour évaluer un ancrage dans des conditions de terrain
données. Ces essais sont la plupart du temps destructifs, et ne devraient pas être réalisés sur des
boulons qui forment le système de soutènement en place. Si l'essai a lieu sur un boulon déjà installé
et qui est partie intégrale du système de soutènement du toit, il est recommandé d'installer un boulon
de remplacement avant de faire l'essai sur le boulon en usage.
6.12.1. Équipement de l'essai d'arrachement
Équipement pour l'installation des ancrages, incluant:

ƒ Équipement pour forer et nettoyer le trou, similaires aux conditions usuelles. L'installation devrait
respecter le plus possible les spécifications du manufacturier; si il n'est pas possible de s'y
conformer exactement, il est important de noter les différences pour évaluer les résultats.
ƒ Équipement pour l'inspection et la mesure des trous de forage, des ancrages et des boulons. Par
exemple, cet équipement pourra inclure un ruban à mesurer, des verniers, des récipients pour
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 104

mesurer la quantité de coulis, etc.


ƒ Les boulons à roc standard tels que fournis par le manufacturiers, incluant l'ancrage à être testé,
le coulis et les matériaux d'injection si requis, ainsi que l'équipement pour l'installation du boulon
tel que recommandé par le manufacturier, ainsi que l'équipement utilisé généralement, si ils
diffèrent.
Équipement utilisé pour appliquer la charge sur le boulon d'ancrage, incluant:
ƒ Un vérin hydraulique avec une pompe manuelle; le vérin doit pouvoir fournir une charge
supérieure à la capacité du boulon et de l'ancrage soumis à l'essai, et doit posséder une course
d'au moins 50 mm. Un bâti de chargement permettant de transférer la charge du vérin au boulon.
Un siège sphérique, des rondelles biseautées et/ou des coins sont nécessaires pour assurer que
la charge est coaxiale avec l'axe du boulon, Figure 6.17.
ƒ L'équipement spécifique pour la prise des boulons de type rebar, Split Set ou Swellex, Figure
6.18.
Équipement pour mesurer la charge et, si possible, le déplacement, incluant :
ƒ Un appareil pour mesurer la charge, soit une cellule de charge ou une jauge de pression
hydraulique branchée sur la pompe et calibrée en unité de charge. La Société Internationale de
Mécanique des Roches recommande que la mesure soit précise à 2% de la charge maximale
atteinte lors de l'essai. L'appareil devrait posséder un indicateur de charge maximale.

Figure 6.17 Unité d'essai d'arrachement typique pour boulon mécanique à scellement
ponctuel ou complet, a) Lecture directe, b) Moyenne des déplacements.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 105

A : Boîtier de chargement
B : Vérin
C : Chaîne de sécurité
D : Boyau hydraulique
E : Manomètre
F : Pompe manuelle
G : Valve

Fermer
F G

Figure 6.18 Unité d'essai d'arrachement du boulon Swellex.


ƒ L'équipement pour mesurer le déplacement axial de la tête du boulon (course d'au moins 50 mm
et précis à 1,0 mm). On peut utiliser un cadran de lecture directement sur la tête du boulon, Figure
6.17 a) ou utiliser la moyenne de 2 ou 3 cadrans également espacés du boulon Figure 6.17 b).
ƒ Une feuille de cueillette de données standard, telle que suggérée à la Figure 6.19.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 106

ESSAI D'ARRACHEMENT FEUILLE DES RESULTATS ESSAI

Date d'installation:………………… Date d'essai:……………….

Projet:……… Lieu:…………………
BOULON: Type:……………………. Longueur:……….. Couples:……………..
ROCHE: Classification:………….. Espacement des fractures:.. ……Résistance:……….
ANCRAGE: Type:……………………. Longueur:………….. Couples d'installation:…………
TROU: Diamètre:………………. Longueur:………….. Orientation et Rugosité:……….
Pression de Tension Lecture des déplacements Remarques
la pompe dans le lecture déplacement lecture déplacement moyenne
boulon

RÉSULTATS S'ESSAI:
Charge d'arrachement maximum:……………………………..
Déplacement maximum lors de l'essai:……………………….
Nature de la rupture ou de la déformation:……………………
Autres remarques:……………………………………………….
Resté par:………………………………………………………… Vérifier par:……………………….

Figure 6.19 Feuille de cueillette de données typique.


6.12.2. Procédure
Préparation du site:
ƒ Le site d'essai est sélectionné de façon à assurer un échantillon représentatif des conditions de
terrain dans lesquelles le boulon sera mis en charge.
ƒ Les trous sont forés tel que spécifié, et à des endroits pratiques pour l'essai. La paroi rocheuse
autour de chaque trou devrait être solide et plane, et le trou devrait être perpendiculaire à la paroi
(±5°). Si le roc est instable, mou ou très fragmenté et que le bâti de chargement n'a pas une
grande surface d'appui, une plaque d'acier devrait être utilisée comme semelle, de façon à éviter
que le bâti de chargement pénètre dans le mur; ceci est aussi valide pour le béton projeté.
ƒ Les trous de forage et les matériaux d'ancrage doivent être inspectés avant l'installation pour
s'assurer qu'ils sont conformes aux spécifications. À ce point-ci, on peut prendre en note les
données préliminaires de l'essai, soient les mesures de dimension des trous, ancrages et
boulons, ainsi que le type de roc et les conditions de terrain.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 107

ƒ Les boulons sont installés tel que spécifié, et les données essentielles d'installation sont prises en
note. Pour un boulon mécanique, cela peut être la longueur du boulon, le couple d'installation et
l'angle entre le boulon et la paroi, ainsi que le type de plaque, de noix et de coquille. Pour une
barre ancrée à la résine, cela inclut le nombre de cartouche de résine, le type, la procédure
d'insertion et de mélange, ainsi que le temps alloué aux diverses phases. Pour le boulon à friction
de type Split Set ou Roc Set, on doit absolument inclure le temps d'insertion. Pour le boulon
Swellex, on notera la pression d'installation de la pompe (pour détecter toute défectuosité de la
pompe), et toute fuite du boulon (ainsi que la pression lors de la fuite s'il y a lieu). Pour un câble
d'ancrage ou une tige ancrée au coulis de ciment, on notera la consistance du coulis, son
comportement, les pertes, etc.
Essai:
ƒ L'équipement de mise en charge est assemblé et installé sur le boulon, en prenant soin d'assurer
que la direction du chargement est coaxiale au boulon, que l'équipement est solidement assis sur
le roc, et qu'aucune partie du boulon ou de la colonne de coulis n'interfère avec l'essai. Lorsque
l'essai est réalisé sur un boulon installé avec une plaque d'appui, on doit s'assurer que le bâti de
chargement ne soit pas en contact avec la plaque.
ƒ Avec un boulon à ancrage mécanique, une charge arbitraire est appliquée pour reprendre tout
lâche dans l'installation. Pour un boulon mécanique 5/8 po., la charge de prétension
recommandée est de 5 kN (500 kgf ou 0.5 tonne métrique). Pour un boulon scellé ou un boulon à
friction, cette charge est recommandée être inférieure à 5 kN, parce que le boulon n'a pour ainsi
dire aucun jeu.
ƒ L'équipement de mesure des déplacements est assemblé et vérifié.
ƒ On procède ensuite à l'essai proprement dit, en mettant l'ancrage ou le boulon en charge, jusqu'à
ce qu'un déplacement supérieur à 80% de la course du vérin ait été atteint, ou jusqu'à ce que le
boulon entre en fluage ou se rupture, selon ce que l'on veut mesurer. Les lectures de charges et
déplacements sont prises à des intervalles d'environ 5 kN (0,5 tonne) ou de 5 mm de
déplacement. Le taux de chargement devrait se situer dans la plage 5-10 kN/minute (0,5 - 1,0
tonne/minute). Les lectures ne sont prises que lorsque la charge et la valeur du déplacement se
sont stabilisées. Le temps requis pour la stabilisation devrait être noté.

Le graphique de la Figure 6.20 présente les propriétés courantes les plus importantes d'un boulon
d'ancrage de type quelconque. On notera la charge ultime, qui est la capacité de retenue maximale
d'un boulon. Présentant aussi un intérêt certain est la limite élastique, qui décrit la charge limite en-
dessous de laquelle un boulon d'ancrage possède un comportement élastique. On notera aussi la
charge de fluage, qui est la capacité de retenue à partir de laquelle un boulon commence à se
déformer au-delà de sa limite élastique; passé cette limite élastique, le boulon acquiert une
déformation plastique et ne revient plus à sa position originale.
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 108

Figure 6.20 Principaux paramètres mécaniques mesurés lors d'un essai d'arrachement.
Mise en graphique:
ƒ La Figure 6.20 décrit très bien un essai d'arrachement effectué sur un boulon à ancrage ponctuel,
tandis que la Figure 6.21 présente des courbes d'arrachement typiques pour des boulons de type
scellé et à friction. Selon le type de boulon soumis à l'essai d'arrachement, les valeurs
d'élongation seront soit :
ƒ Pour un boulon mécanique, la valeur du déplacement total à chaque palier moins le déplacement
original lors de la prétension.
ƒ Pour un boulon de type scellé ou un boulon à friction, puisqu'il n'y a généralement pas de mise en
prétension, on utilisera la valeur du déplacement à chaque palier.
ƒ Les résultats de l'essai sont mis en graphique tel que présenté à la Figure 6.21. Si le boulon ou
l'ancrage se rupture à une charge P, la capacité totale est inférieure ou égale à P.
Interprétation:
ƒ L'interprétation des résultats est fonction du type de boulon soumis à l'essai d'arrachement. Les
paragraphes suivants décrivent les principaux paramètres à évaluer lors de l'interprétation d'un
essai d'arrachement sur un type de boulon particulier.
Boulon à ancrage ponctuel typique (mécanique ou scellé):
ƒ L'élongation élastique à la charge P est :
P× L
ε=
A× E
ƒ Où L est la longueur totale de la tige d'ancrage non scellée + 1/3 de la longueur de l'ancrage
scellé, A est la section de la tige et E est le module d'élasticité de l'acier (ordinairement 200 000
MPa). On trace la courbe de déformation sur le graphique charge-déplacement de l'essai.
ƒ Ensuite, deux lignes droites sont tracées respectivement au niveau de la charge de fluage de la
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 109

tige et au niveau de la charge ultime de la tige (selon le manufacturier).


ƒ On mesure la charge maximale de l'ancrage (mécanique ou scellé).
ƒ L'élongation ou le déplacement causé par l'ancrage est calculé par la différence entre la ligne
d'élongation élastique de la tige et le déplacement réel.
ƒ La capacité ultime de l'ancrage ou du boulon est mesurée.
ƒ La charge de fluage de l'ancrage ou du boulon est mesurée. L'élongation totale à la rupture ainsi
que la charge à la rupture sont calculées ou mesurées.
ƒ Si l'ancrage est réalisé avec un coulis de ciment ou une cartouche de ciment ou de résine, il est
très probable que la capacité de l'ancrage soit supérieure à celle de la tige, et dans ce cas, le
boulon atteindra la capacité .prescrite de l'acier de la tige; puisque les charges de fluage et ultime
garanties comportent presque toujours un facteur de sécurité important, il est possible de
dépasser ces charges dans le cas d'un ancrage scellé.
Barre d'ancrage scellée sur toute sa longueur (ou presque), câble d'ancrage:
• L'élongation élastique à la charge P est:
P× L
ε=
A× E
ƒ Où L est la longueur totale de l'ancrage non scellée + 1/3 de la longueur de l'ancrage scellé, A est
la section de la tige et E est le module d'élasticité de l'acier (ordinairement 200 000 MPa). On
trace la courbe de déformation sur le graphique charge – déformation de l'essai. Ici aussi, deux
lignes droites sont tracées respectivement au niveau de la charge de fluage de la tige et au niveau
de la charge ultime de la tige (selon le manufacturier).
ƒ Pour ce type d'ancrage, si la longueur scellée est suffisante pour que la 'capacité du scellement
dépasse la limite ultime de l'acier, on mesurera la déformation élastique et plastique de la tige au
collet; donc l'on sollicitera la tige dans la zone des filets ou dans la zone de la tête. Si on réalise
un essai avec une courte longueur de scellement (généralement inférieure à 30 cm pour une
résine de polyester), on pourra évaluer la capacité d'ancrage du scellement en tonnes par mètre
de scellement. Cette capacité ultime est importante car elle permet d'évaluer la longueur minimale
d'ancrage nécessaire au-dessus d'une diaclase critique pour supporter un bloc de poids donné.
ƒ Dans le cas d'un ancrage au coulis de ciment, on devra étudier l'influence du temps de cure sur la
capacité d'ancrage. Dans les cas du ciment et de la résine, la relation de la capacité d'ancrage en
fonction de la longueur ancrée est un paramètre nécessaire pour le calcul de soutènement aux
états limites.
Boulon à friction de type Swellex
II est important de faire 2 types d'essai, soit un essai à la rupture pour évaluer la charge ultime du
boulon et son comportement en fluage, soit un essai au glissement pour évaluer la capacité minimale
d'ancrage. Ces deux essais sont prescrits pour vérifier la capacité du boulon pour la suspension du
toit. L'essai en glissement nécessite un boulon court (60 à 90 cm).
ƒ La charge ultime est mesurée.
ƒ La charge de fluage est mesurée.
ƒ La-déformation à la rupture est mesurée, ainsi que la charge à la rupture.
ƒ La capacité unitaire d'ancrage est défini par le rapport de la charge maximale avant glissement,
divisée par la longueur totale ancrée du boulon. Cette longueur totale ancrée est la longueur dans
le roc moins 5 centimètres. Si on utilise un manchon pour réduire la longueur de contact, la
longueur de celui-ci doit être soustraite à la longueur ancrée.
Boulon à friction de type Split Set
Pour le boulon Split-Set ou tout boulon à friction de type tubulaire fendu, il est rare d'atteindre la
capacité maximale de l'acier dans des conditions d'installation vierges ou peu modifiées;
donc, tant que le trou de forage n'est pas déphasé, le boulon ne pourra utiliser que la friction de base
entre l'acier et la paroi du roc. Cette friction de base s'accroît avec le temps, et il est préférable de
Contrôle de qualité de l'installation du soutènement 110

faire un essai pour évaluer la capacité immédiate et un autre pour évaluer la capacité après 3-5 jours.
Si on s'attend à une relaxation des contraintes dans le massif rocheux, il serait bon de réaliser un
essai d'arrachement suite à une telle relaxation.
La capacité d'ancrage unitaire est calculée par la charge maximale divisée par la longueur du boulon
restante dans le trou.

Figure 6.21 Résultats d'essais d'arrachement typiques pour quatre boulons d'ancrage.

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