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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET

POPULAIRE

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE

LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

Université Larbi Tebessi - Tébessa

Institut des mines

Département Electromécanique

Cours

AERAGE DANS LES MINES SOUTERAINES

Enseignant : Dr AOULMI ZOUBIR MCA

2019-2020

0
AERAGE DANS LES MINES SOUTERAINES
I. Introduction

L’air est une source de vie. Surtout dans une mine souterraine, ou le lieu est confiné (fermé) où
l’air ambiant est pollué par les activités qui y ont cours, notamment par les travaux de tir (gaz,
poussières, etc.), la nature de la roche (présence de silice libre, de radon, dégagement de
méthane, etc.), les produits du remblai (ammoniac, etc.), la présence de contraintes thermiques
en situation de mines profondes et par l’utilisation des équipements propulsés par le moteur
diesel, qui rejettent dans l’atmosphère minière des polluants à base de carbone et de nitrure, dont
certains sont reconnus comme cancérogènes.

II. Bref Historiques

Révolution industrielle en Angleterre (17e siècle)

 La notion de ventilation a évolué vers un accroissement de la sécurité

o par la diminution des poussières de charbon en suspension,

o ce qui réduisait les risques d'explosion et d'incendie sous terre

o des fournaises au fond des puits de sortie afin de renforcer le courant de


ventilation par l'effet de cheminée en combinaison avec des chutes d'eau au
puits d'entrée d'air

 Vers 1800, le premier ventilateur centrifuge pour la ventilation souterraine

 Au début du 20e siècle

o Des études épidémiologiques → réduction des poussières afin de diminuer les


risques de maladies professionnelles parmi le personnel travaillant sous terre

En Afrique du Sud, les mines devenant de plus en plus profondes, on s'est attaqué au
problème de la climatisation des mines et on a commencé à examiner les relations
thermodynamiques de la ventilation minière

1
III. Le fonctionnement d’une mine souterraine

Une mine souterraine constitue un lieu de travail complexe difficile à comprendre du dehors
(figure 1) .Avant tout, il importe de savoir que les puits et les galeries remplissent

trois fonctions principales :


1) le transport des équipes de travail et de la machinerie ;
2) le transport du minerai ;
3) la circulation de l’air, l’évacuation de l’eau, le passage de l’électricité et des
canalisations d’air comprimé.

1
Sylvain Beaupré, La perception du risque sous terre : l’exemple des mineurs de fond de l’Abitibi-
Témiscamingue, Thèse de PHD , Université de Montréal, 2011

1
Figure 1. Le travail dans une mine souterraine

2
IV. I.V BESOINS EN AIR

L'air est un mélange de gaz constituant l'atmosphère de la Terre. Il est normalement incolore,
invisible et inodore.

La composition de l’air : l’air est un mélange de différents gaz ou vapeurs qu’il est habituel de
classer en deux catégories 2:
1. les constituants permanents qui sont toujours présents dans l’air, et ce en proportions
fixes,
2. les constituants variables présents en proportions variant avec le temps et avec le lieu.
Leurs concentrations types sont indiquées par les tableaux suivants :

1. CONSTITUANTS PERMANENTS
constituant fraction molaire

azote (N2) 0,781 10


oxygène (O2) 0,209 53
argon (Ar) 0,009 34
néon (Ne) 0,000 01818
hélium (He) 0,000 00524
krypton (Kr) 0,000 00114
xénon (Xe) 0,000 000 087
hydrogène (H2) 0,000 000 5
méthane (CH4) 0,000 002
monoxyde d’azote (N2O) 0,000 000 5

CONSTITUANTS VARIABLES
constituant fraction molaire

eau (extérieur) (H2O) de 0 à 0,07

dioxyde de carbone (CO2) de 0,001 à 0,0001

dioxyde de soufre (SO2) de 0 à 0,000 001

ozone (O3) de 0 à 0,000 000 1

dioxyde d’azote (NO2) traces

L'air pur contient 21% d'oxygène et 79% d'azote. L'atmosphère d'une mine est sensiblement
différente . Sa teneur en oxygène est comprise entre 20 et 21% . Il ne faut pas descendre au
dessous de 20% car il résulterait une gêne pour les travailleurs. Généralement dans les mines on
s'efforce à avoir 20,5% d'oxygène dans les retours d'air principaux.

2
https://media.xpair.com/auxidev/nF01a_PropAir.pdf

3
La pollution de l'air des mines provient de :

o la respiration de l'homme : Chez un homme de 70 kg le débit de respiration


au repos se situe généralement autour de 7,5 litres par minute. 25l/mn au travail et peut
atteindre 40l/mn pour de gros effort. L'homme rejette 17% d'oxygène et 4% de CO 2
o l'oxydation des massifs ( charbon, pyrite etc..)
o la putréfaction des bois
o les fumées des tirs et des engins fonctionnant au diesel;

Pour tenir compte de tous ces facteurs il est nécessaire d'assurer un débit d'air pur de
3m3/mn /homme. C'est la norme imposée par le règlement algérien.

AUTRES CONDITIONS DE L'AERAGE

Un bon aérage ne se résume pas uniquement à assurer un débit. Il faut en outre prendre en
compte:

- Teneur en gaz toxiques

Le CO2 : il est dangereux entre 4 et 5% et mortel au-delà de 6%

Le Grisou(CH4) : Il est explosif entre 6 et 16% . La réglementation impose une teneur limite de
1% dans les retours d'air généraux de la mine.

L'Oxyde d'azote (NO) : Avec l’oxygène de l’air NO se transforme en bioxyde d’azote (NO 2)
qui est très toxique. Il irrite les voies respiratoires à partir de 0,01% et amène la mort en une 1/2
heure entre 0,03% et 0,05%

L'hydrogène sulfuré : Il provoque la mort instantanée à partir de 0,08 %

L'Oxyde de carbone : La limite réglementaire est de 5/10000e et dans les voies ou circulent les
locos diesel à 0,002/%.Mais en réalité le CO commence à être nocif à partir de 0,02% en
provoquant des maux de tête

A partir de 0,1% il provoque des syncopes en quelques heures et devient mortel à partir de
0,2%.

- La température:

Il est souhaitable de travailler dans une température de 25° humide. En mines profonde (800 m et
plus) cette limite conduit à des masses d'air important d'où la nécessité de passer à la
réfrigération de l'air.

- La vitesse de l'air

La vitesse maximale de l'air est de 8m/s. Généralement la vitesse utilisée est de :

5 à 6 m/s dans les puits

4m/s dans les Travers Bancs principaux

4
3m/s dans les quartiers

V. DEFINITIONS
1. Définitions de la ventilation

o L'aérage ou la ventilation est l'alimentation en air frais d'une exploitation minière


souterraine ou d'un tunnel (creusement et exploitation).

o le contrôle simultané, à l'intérieur de limites établies, de la quantité et de la qualité


de l'air, ainsi que de la relation humidité - température dans un environnement donné
(ASHRAE)

o Accroître les quantités d'air sous terre pour diluer ces gaz de combustion et éviter les
risques de maladies occupationnelles

2. Perte de charge et Résistance

Soit un élément de circuit (Puits, galerie) dans lequel passe une quantité d'air Q, on appelle perte
de charge ou dépression H

H = RQ2 (1)

R est la résistance du circuit et qui a pour valeur

R = k P l/S3 (2)

En remplaçant l'expression de R dans (1) on peut écrire :

H=(k P l/S3) Q2 (3)

Ou encore en introduisant la vitesse (V) on peut écrire :

Q=VS et V=Q/S

H= k l V2 P/S (4)

P : périmètre en m

L: longueur du circuit en m

S : section du circuit en m2

Q : débit en m3/s

5
V vitesse en m/s

k: : Coefficient qui caractérise l’état de la galerie il s’exprime en kilomurgues/m/m/m2. On utilise


aussi le coefficient K qui est égal à k/1000 et qui s’exprime en murgue/m/m/m2.

H : dépression en mm d'eau

La résistance est aussi exprimée en murgue qui est le 1/1000 du Kilomurgue

Valeurs de K

Il varie de 0,3 à 2 dans les conditions suivantes:

2 pour une galerie boisée

1,3 pour une galerie cadrée

0,5 pour une galerie bétonnée

0,3 pour des buses neuves

V.I SOLUTION DES PROBLEMES D’AERAGE

a) Circuits :

1. Circuit en série

Dans un réseau composé de n circuit en série la résistance R du réseau est égal à :

R = R1 + R2 + ........ + Rn (5)
Q

Q
R3
R1 R2

Figure 3

2. Circuit en parallèle
Q1 R1

Q Q
Q 2 R2

Q 3 R3

Figure 4

6
Dans un réseau constitué de n circuit en parallèle le débit Q est égal à la somme des débits de
chaque circuit ;

Q = Q1 + Q2 + ……. + Qn (6)

Et la résistance équivalente R :

1 1 1 1
   .......  (7)
R R1 R2 Rn

Figure 5

b) SCHEMAS GENERAUX D’AERAGE


1. Aérage en boucle et aérage diagonal

Dans l'aérage en boucle les puits d'entrée et de retour d'air sont très voisins l'un de l'autre (par
exemple 50 à 100m).

L'avantage de cette disposition tient aux faits suivants:

-concentration au jour de toutes les installations de surface;

-Travaux préparatoires pour l'ouverture de la mine relativement réduit;

Par contre on lui reproche:

- les risques de courts-circuits d'aérage entre les deux puits

- le danger d'un incident qui paralyserait simultanément les deux puits;

- de longs circuits d'aérage lorsque la mine est étendue.

Dans l'aérage en diagonale par contre , les puits sont éloignés les uns des autres: Les avantages et
les inconvénients se trouvent en première approximation inversées.

7
PE PS
PS

PS
PE

Figure 6.a Aérage en boucle Figure 6.b Aérage en diagonale

2. Aérage ascendant- Aérage descendant

En principe l'aérage doit être descendant. Cette disposition favorise la tendance naturelle de l'air
qui en se réchauffant devient plus léger.

Exceptionnellement l'air pourra cependant descendre comme par exemple dans le cas des
exploitations en aval pendage.

3. Aérage aspirant –Aérage soufflant

L’aérage est aspirant lorsque le ventilateur aspire à partir du puits de retour d’air (PR).

Dans l’aérage soufflant le ventilation envoie de l’air frais à partir du puits d’entrée d’air (PE)

Ces deux systèmes sont pratiqués

c) VENTILATION PRINCIPALE

c.1 Ventilation naturelle

L'air en se réchauffant voit sa densité diminuer. Il en résulte que le poids de la colonne d'air de
même hauteur n'est pas le même dans les puits d'entrée d'air et de sortie

Il y a donc une tendance naturelle à la circulation d'air. On démontre que tout se passe comme si
l'air était sollicité par un ventilateur dont la dépression (h ) est :

h =( d/273) Y (Tr – Te) (8)

8
d étant la densité de l'air = 1,3 kg/m3

Y : Profondeur moyenne de la mine en m

Tr ; Te : Température moyenne des puits de sortie et d'entrée d'air

h =0,00476 Y (Tr – Te) (9)

Cette dépression n'est pas toujours négligeable; dans certains cas (en mines profonde) elle peut
atteindre 50mm et même 100mm. Elle s'ajoute à la dépression du ventilateur.

c.2 Ventilation artificielle

Il existe deux types de ventilateurs :

- le ventilateur centrifuge: Ce sont des ventilateurs où l'air entre dans une roue avec une vitesse
axiale et sort dans une direction sensiblement parallèle au plan radial.

Figure 7 vue d'un ventilateur centrifuge

- le ventilateur hélicoïdal: Dans le ventilateur hélicoïde un rotor comporte un moyeu vertical ou


horizontal sur lequel sont fixées des pales. L'air entre et sort parallèlement

9
Figure 8 Ventilateur hélicoïdal

c.3 Caractéristiques d'un ventilateur

 Caractéristiques particulières

Les caractéristiques particulières sont

-Le débit d’air Q

-La variation H de la pression de l'air entre son entrée et sa sortie

-Sa puissance P'

-Le rendement du ventilateur ϱ

 Caractéristiques générales

Ce sont essentiellement:

- la courbe de variation liant H et Q

- la courbe de variation liant sa puissance P’ et Q

- la courbe de variation liant le rendement ϱ du ventilateur et son débit

10
H
ϱ
180
0,82
150
, 0,5

80 120 Q Q

Courbe H = f(Q) Courbe ϱ = f(Q)


W

Courbe de puissance W = f(Q)

Figure 9. Caractéristiques d'un ventilateur

 Conséquence de ces courbes caractéristiques sur le fonctionnement de l'aérage.

Un ventilateur étant nettement défini par sa courbe caractéristique liant H et Q, et une mine étant
également, à un moment donné, assujettie à la relation générale H=RQ2, la mise en place du
ventilateur sur cette mine ne saurait entraîner d'autres conditions de marche que celles qui
résultent de l'intersection des deux courbes.

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Figure 10. Conséquence de ces courbes caractéristiques sur le fonctionnement

Si F est ce point, la ventilation de la mine s'établira au débit QF et à la dépression HF. Supposons


qu'ultérieurement la mine devienne plus résistante, ceci entraînera une augmentation de R; par
conséquent, la nouvelle courbe H=RQ2 croîtra plus vite et le nouveau point de fonctionnement
s'éloignera de F; QF diminue. Au contraire , si la résistance de la mine diminue, le débit Q F
augmente.

Mais comme toutes les modifications de débit entraînent également celle du rendement (voir
courbe caractéristique µ en fonction de Q), il est normal de chercher un point de fonctionnement
voisin du rendement maximum. Par conséquent, l'utilisation de la courbe caractéristique sera
pratiquement limitée à deux points extrêmes K et L , au-delà desquels la chute du rendement est
trop importante .

 Choix d'un ventilateur

Pour équiper une mine, il faut tout d'abord évaluer le débit nécessaire et la résistance probable;
mais cette évaluation doit se faire en prévoyant l'avenir. Finalement une telle étude conclura que
le débit devra se maintenir entre deux limites Q1 et Q2 alors que la résistance variera entre les
extrêmes R1 et R2. Par conséquent les valeurs réelles de Q et H devront toujours être représentées
par des points situés dans la surface utile telle que représentée dans le schéma ci-contre.

H=R1Q2

H =R2Q2
H

Q1 Q2

Figure 10. Choix d'un ventilateur

12
d. AERAGE SECONDAIRE

L'atmosphère des chantiers qui ne se trouvent pas sur le circuit principal de la mine doit satisfaire
aux mêmes conditions que l'ensemble de la mine. On y parvient en installant des conduites
spéciales en toile ou en métal qui grâce à des ventilateurs permettent d'envoyer de l'air frais dans
ces chantiers.

Ces installations constituent l'aérage secondaire.

Il convient de souligner que la canalisation n'est jamais étanche; il y a toujours des fuites qui
vont en décroissant au fur et à mesure que l'on s'éloigne du ventilateur.

H et Q
Q'

Figure 11. L'aérage secondaire.

La question qui est généralement posée c'est la détermination d'une dépression H et d'un débit Q
à l'entrée de la colonne de longueur et de diamètre connus pour obtenir de l'autre extrémité le
débit Q' qui est nécessaire. On a recours à des abaques . .Aujourd'hui les programmes
informatiques ont remplacé ces abaques .

Si le débit Q' est insuffisant au débit souhaité il est donc nécessaire de changer de ventilateur et
prendre un ventilateur plus puissant.

Une deuxième solution consiste à placer un ventilateur supplémentaire sur la colonne de buses.

Ventilation soufflante et ventilation aspirante.

Dans tous les cas il se forme une zone morte dont l'air n'est pratiquement pas renouvelé. On
constate très souvent que la longueur X balayée est de 5 à 6 m pour l'aérage aspirant et de 12 à
15 m pour l'aérage soufflant.

On en déduit que l'aérage soufflant convient à condition que l'extrémité des buses ne se trouve
pas à plus de 15m du front de travail. Par contre ce mode d'aérage à l'inconvénient de faire
circuler l'air vicié et en particulier les fumées de tir dans toute la galerie.

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x
X= 5à 6m X= 10à15m x

Ventilation aspirante Ventilation soufflante

Figure 12. Ventilation soufflante et ventilation aspirante.

Une bonne solution pour ce dernier inconvénient consiste à utiliser la ventilation aspirante tout
en ajoutant très près du front un petit dispositif auxiliaire de ventilation soufflante.

Figure 12. Un petit dispositif auxiliaire de ventilation soufflante.

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