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CHAPITRE 4 : Notions sur les causes et la nature des désordres des ponts

I. Introduction

Les ouvrages d’art se dégradent sous l’effet de l’action de l’eau et de l’environnement ce qui
recouvre un très grand nombre de processus : corrosion des aciers de construction métallique,
carbonatation des bétons, pénétration d’eau et/ou d’ions chlorures et corrosion des aciers de
béton armé, érosion des fondations, végétation non contrôlée, agressions chimiques. Il s’y
ajoute, les effets de l’usage (action du trafic, exploitation des réseaux…).Enfin des défauts de
construction ou des insuffisances de conception peuvent plus ou moins accélérer les processus
de vieillissement.

II. Manifestation des désordres :

1. Les fissures:

Les fissures constituent le type de désordre le plus


répandu et le plus varié par ses manifestations, sa
morphologie et ses conséquences. Les causes de
fissuration sont multiples et la classification est difficile
d’autant que plusieurs peuvent se superposer.

a. Caractères morphologiques des fissures :

Afin de permettre le classement et l’analyse du phénomène général de la fissuration, on peut


établir les caractères de la morphologie correspondante :

 Orientation: (Verticale, Horizontale, Inclinée (préciser l'angle par rapport à l'horizontal)


Mixte (plusieurs directions), Quelconque)
 Tracé ou forme : (Rectiligne, Courbé, Quelconque, Simple, multiple, composé)
 Emplacement : Il faut effectuer un repérage dans l'élément considéré (mur, cloison,
etc.) La situation de la fissure correspond alors :
- Pour fissures horizontales inclinées: Partie (ou zone) basse. Partie moyenne. Partie
supérieure.
- Pour fissures verticales: Rives – parties latérales. Zone médiane. Emplacement divers.
 Importance :
 En nombre (répétition, répartition irrégulière ou régulière).
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 En longueur ou développé.
 En largeur (mesurable, non mesurable ou variable, constante).
 En épaisseur (par rapport à celle de l'élément): superficielle (non traversante).
traversante partielle, traversante totale)
 Fissures visibles à l'œil nu : (Faïençage (réseau de microfissures) se présentant
sous la forme d'un dessin géométrique à mailles régulières. Microfissures
d'ouverture <= 0.2mm. Fissures proprement dites, d'ouvertures linéaires au tracé
régulier dont la largeur est comprise entre 0.2 et 2mm.
 Par rapport au plan de l'élément: dans le plan sans décalage ou avec décalage des
parties adjacentes.
 Particularités:

 Date de la première apparition; certaines fissures apparaissent après quelques


heures ou quelques jours, d'autres après plusieurs années.
 Effets secondaires, par exemple éclatement ou arrachement des parties adjacentes
(par arrachement, il y a cisaillement ou traction, et par éclatement, il y a
compression)
 Pénétration d'air, d'eau, etc.
 Tâches (humidité)
 Destination des ouvrages
b. Évolution morphologique dans le temps :

On peut classer les fissures selon son évolution dans le temps en deux grandes familles :
 Fissures "stables" ou stabilisées (fissures mortes) Préciser au bout d'une certaine
période (à partir de leur apparition). La stabilisation peut être immédiate (rapide) ou plus
lente (après une période déterminée ou une variation climatique saisonnières).
 Fissures "vivantes" ou évolutives (non stabilisées) Une fissure est dangereuse selon la
façon dont elle évolue. Ces fissures actives peuvent être dues :
 à la corrosion des armatures (carbonatation des armatures à cause d’un enrobage
insuffisant) ; - A des origines mécaniques (erreurs de conception ou d’exploitation) ;
 A des origines thermiques ; - A l’alcali-réaction ou autres attaques sulfatiques ;
 Aux cycles gel/dégel.
Les fissures peuvent être structurelles ou superficielles.

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IL EST IMPORTANT DE CONNAITRE L'EVOLUTION DES FISSURES AVANT DE PROCEDER A
DES REPARATIONS.

2. Les Eclatements de béton:


Ces éclatements se produisent soient par le choc soient lorsque la corrosion des armatures
atteint un stade important.

Le béton d'enrobage se fissure puis se


décolle laissant l'armature définitivement
sans protection

3. Défauts de surface
Certains de ces défauts n'ont qu'une incidence esthétique, c'est le cas des fuites de laitance,
différences de teinte, Les efflorescences, et la ségrégation localisés,

Épaufrures Ségrégations

4. Défauts géométriques à Grande echelle:


Des défauts apparaissant dans la géométrie d'ensemble de la structure. Pour le tablier, il s'agit
essentiellement de flèches dues à un défaut d'un tassement anormal des appuis, une
insuffisance de la résistance structurale. Généralement, cette insuffisance de résistance est
précédée de l'apparition d'autres désordres, comme la fissuration, qui doivent normalement
alerter à temps le gestionnaire sur révolution de l'ouvrage.

Flèche anormale d'un tablier.

III. Désordres spécifiques des différents types de structure :

Les désordres décrits ci-après concernent les ponts en béton armé (pont dalle et pont a
poutre) et les appuis.
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1. pont a poutre :
a. désordres des poutres
Type de Fissures transversales Fissures Fissures superficielles
défaut longitudinales

Situation Dans la partie Dans l’âme des poutres Remontant depuis la Dans la zone d’appui, En sous-face d’une poutre, aux angles inférieurs Dans l’âme entre deux poutres OU
basse des soit remontante à partir sous-face de la poutre remontant depuis la étendues sur tout ou partie d'une poutre Dans l’angle inférieur du talon
poutres sans de la jonction avec le dans l’âme, parfois sous-face de la poutre de sa longueur
talon ou talon, soit descendante à jusqu’au hourdis. Peut dans l’âme
limitée au partir de la jonction avec régner sur les 2/3
talon le hourdis centraux de la travée

Cause Retrait gêné Retrait différentiel entre Flexion longitudinale Insuffisance de Insuffisance de cadres dues aux chocs des Insuffisance d’enrobage des
du béton par deux bétons d’épaisseur (normale ou excessive) résistance à l’effort verticaux ou véhicules hors gabarit armatures transversales ( type VIII
le coffrage et d’âge différents tranchant Insuffisance d’enrobage des en hauteur circulant Insuffisance d’enrobage des
(concentration armatures longitudinales sur la voie armatures longitudinales
d’efforts dans les provoquant l’oxydation de l’acier
zones d’appui) (type IX

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b. désordres de l’hourdis :

Hourdis intermédiaire Hourdis en encorbellement


Type de Fissures longitudinales Fissures superficielles Fissures transversales
défaut

Situation type XIa : dans la zone centrale de l’ type XIb : la jonction de la ECLATEMENT, DECOLLEMENT DU Réparties sur toute la longueur Fissures transversales
hourdis poutre et de l’hourdis BETON, DE TYPE XI Corrosion des aciers de l’encorbellement type XIV
Intermédiaire. dans la zone centrale du hourdis Situé au bord libre de
Intermédiaire l’encorbellement

Cause Type XIa : efforts de flexion type XI b : A une (l'action combinée du gel et de l'eau) Retrait gêné du béton de Flexion longitudinale
transversale ou retrait gêné du béton insuffisance des armatures l’encorbellement coulé après
de l’ hourdis coulé en 2eme phase transversales de couture celui de la poutre de rive
entre les poutres et/ou . à l'effet du retrait gêné
du hourdis par les poutres (et
entretoises éventuelles

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c. désordres de l’entretoise :

Type de défaut Fissures verticales remontant à partir de la sous-face de l’entretoise, Éclatement de béton avec armatures apparentes corrodées (défaut
parfois jusqu’au hourdis (type XVI du catalogue de désordres) XVII du catalogue des désordres

elles se situent soit en partie centrale entre deux poutres voisines, soit Dans l’angle inférieur d’une entretoise
Situation à quelques centimètres de ces poutres

Cause Flexion de l’entretoise Oxydation des armatures

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2. pont dalle:
Type de Fissures transversales Fissures longitudinales
défaut

régner sur tes 2/3 centraux de ta Espacées, réparties sur toute la régnant au droit d'une reprise de situées près des appuis situées dans la zone centrale situées dans la zone centrale
Situation travée longueur de la travée bétonnage. Le plus souvent d'une travée d'une travée, nombreuses et
entre le 1/4 et 1/8 de la portée réparties sur toute la largeur
de la travée de la dalle

Cause Flexions longitudinales de la dalle dues au retrait longitudinal du Fissure de reprise de bétonnage -au retrait gêné du béton par insuffisance de résistance à retrait gêné du béton par les
(sollicitations excessives) béton gêné par les coffrages a la les coffrages la flexion transversale coffrages.
construction. -et/ou . à une insuffisance de et/ou . à l'effet du gradient
-dues à un début d'alcali- résistance à la flexion thermique
réaction transversale (gradient
thermique, . . .)
-et/ou . à un tassement local
de l'étaiement

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3. les appuis :
a. Piles murs

Type de fissure du sommier de fissure du sommier de fissure du sommier de fissure du sommier de type FISSURE TYPE V FISSURE TYPE VI
type I type II type III IV
défaut
rayonnantes à partir des direction générale verticales, situées sensiblement à mi- dans les fûts de grande dans la moitié
appareils d'appui, verticale, de courte descendantes, épaisseur de la pile, largeur, de direction inférieure de FUTS
Situation
longueur, fines et verticale, remontantes
espacées, depuis la semelle de
fondation,

Cause -à une position des dues au retrait une insuffisance des aux efforts horizontaux au retrait gêné du béton des sollicitations de
appareils d'appui ou des hydraulique et au armatures de chaînage importants appliqués en tête du fût coulé en flexion anormales ou
bossages trop proche des retrait thermique du du fût(piles murs ) de la pile par le blocage des deuxième phase, après importantes
bords du sommier béton appareils d'appui la semelle REPRISE DE
-Insuffisance de frettes et/ou . A une insuffisance -A un tassement du sol BETONNAGE
d'armatures de chaînage du de fondation sous la
fût. zone centrale de la
semelle

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b. Piles colonnes

Type de Fissure en chevêtre Fissure en chevêtre Fissure en chevêtre FISSURE TYPE V FISSURE
de type I de type II de type III TYPE VI
défaut
rayonnantes à partir des direction générale verticales, descendantes, verticale(s) et/ou horizontale(s), verticales
appareils d'appui, verticale, de courte reproduisant la trame des
Situation
longueur, fines et armatures des colonnes,
espacées,

Cause à une position des appareils dues au retrait hydraulique des efforts de flexion poussée exercée par l'oxydation retraits
d'appui ou des bossages trop et au retrait thermique du excessifs dans le des armatures sur le béton thermique
proche des bords du sommier béton chevêtre(piles colonnes) d'enrobage, l'alcali-
Insuffisance de frettes réaction

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c. Les culées

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IV. L’affouillement des fondations :

L’affouillement représente un phénomène grave pour les ponts. Ce phénomène a causé


beaucoup de détérioration, et parfois même des destructions des ponts causant des dégâts
humains et matériels dans le monde .

Inondations de l’oued Medjerda au niveau du pont Destruction du pont-rail sur oued Gouifla suite à un
en maçonnerie affouillement des piles;

1. Description du phénomène d’affouillement :


L’affouillement est le résultat de l’érosion du lit d’un oued pendant la période d’élévation
d’eau durant une inondation,

2. Évaluation de la profondeur d’affouillement :


L’affouillement total qui se produit dans le lit de l’oued est la somme :

 d’un affouillement qui concerne tout le lit de l’oued (général) HG


 d’un affouillement local au tour des appuis des ouvrages Hl
La présence des éléments de fondation du pont dans le lit d’oued crée un mouvement
tourbillon qui creuse au tour des éléments de fondation.

a. Affouillement général :

Dans les formules qui suivent, les notations suivantes sont employées.
Q0 : Débit (maximal) du projet (m3/s)
SM : Section mouillée (m2) correspondant au Plus Hautes Eaux (PHE).
BM : Largeur du lit (m).
d90 : Dimension des mailles laissant passer 90% en poids de l’échantillon (m) pris des sédiments

y2 : niveau d’eau avant affouillement

y1 : niveau d’eau après affouillement

b : ouverture de l’oued en présence des fondations

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 En tenant compte de la géométrie de site et des sédiments :

La formule de Manning-Strickler :
Avec :

Ks : le coefficient de Strickler

Rh : le rayon hydraulique en m

i :la pente de l’oued

𝑺𝒎
Rh : rayon hydraulique = 𝑷𝒎

Sm : surface mouillée

Pm : périmètre mouillé

 En tenant compte de la géométrie de site:


HG

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b. Affouillement local
L’affouillement dit « local » qui se produit au droit de la pile qui fait obstacle au courant,
perturbe sa vitesse et sa direction, ce qui peut être suffisant pour arracher le matériau du lit sur
lequel est fondé l’appui.

L’affouillement « local » : l’effondrement du pont

Le calcul de la profondeur d’affouillement autour d’une pile est :

 Pour une pile cylindrique de diamètre D ou pour une pile à section rectangulaire
allongée de largeur D :
HL = 2 D

3. Protection des piles contre les affouillements :


a. Tapis d’enrochement :
Il s’agit de déverser des blocs de roches dans la fosse
d’affouillement. Cette méthode est la plus employée
en Tunisie. C’est une méthode qui est simple et
assez efficace. IL faut veiller à deux précautions :
 employer un filtre pour éviter l’enfoncement
des blocs dans le lit.
 ne pas avoir des blocs créant une obstruction
Enrochement de la culée d’un pont.
car le tapis d’enrochement nécessite
des recharges fréquentes notamment après de fortes
crues qui ont pour effet d’entraîner les enrochements
vers l’aval ou vers le fond de la fosse d’enrochement
qui se forme autour du tapis d’enrochements.

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b. Rideaux de palplanches, murs et parois moulées

La réalisation de rideaux de palplanches ou de murs en maçonnerie ou en béton permet


également de protéger contre l’affouillement les appuis des ouvrages ou les berges des cours
d’eau ou des canaux de navigation. Les profils doivent être ancres au-delà des profondeurs
affouillables.

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c. Protection par ilots :

Le principe de la protection d’une pile par des îlots en amont consiste à briser le courant
incident pour affaiblir le tourbillon générateur de l’érosion. Il a été observé que ce dispositif
permet de réduire de 50 % les affouillements.

Structures additionnelles placées en amont des piles (ou


pilots) ou protection par ilots

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