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femme du pasteur
C’est au cours d’une rencontre de femmes de
pasteur, organisée par l’Union des Femmes Baptistes
et l’École Pastorale que Jeanne Farmer a donné cette
conférence. On y retrouve, appliqués à une situation
particulière, son regard de psychologue et
psychothérapeute ainsi que le fruit de ses
expériences personnelles.
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quand des difficultés surviennent dans l’Église.
Quel que soit son positionnement, certains « pièges
» la guettent en tant que femme de pasteur, certains
plus et d’autres moins selon le rôle qu’elle adoptera.
Le surfonctionnement
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pour le lui apporter. Pas de forte motivation donc
pour s’en souvenir la prochaine fois. Mais s’il doit
avoir faim à l’heure du goûter parce qu’il l’a oublié, il
aura plus de chance d’y penser tout seul à l’avenir. Si
l’enfant ne range pas ses affaires et qu’il ne lui arrive
rien (être grondé ne compte pas à moins d’être suivi
d’une sanction plus lourde), il n’est pas motivé pour
apprendre à le faire. De toute façon, dans la suite des
événements, qu’il l’ait fait ou pas ne change pas
grand chose.
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sont pas les nôtres. Mais je suis persuadée qu’aucun
pasteur ou couple pastoral n’est capable d’assurer la
réussite, ni même la survie, d’une Église. Le couple
pastoral peut être cent pour cent fidèle, et l’Église
peut fermer malgré tout. Il n’y a que l’Église qui
puisse assurer sa bonne marche et son avenir ; le
pasteur ne peut assumer que son propre ministère.
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famille, je me disais que je ne pouvais pas poursuivre
une carrière professionnelle en concurrence avec la
sienne. J’avais été acceptée à l’époque dans un
programme menant au doctorat, mais j’ai choisi
d’arrêter mes études avant. En plus, c’est moi qui
subvenait aux besoins de notre couple pendant la
première année de mariage ; je poursuivais mes
études et travaillais à temps partiel, alors que Mark
travaillait bénévolement comme stagiaire dans notre
Église. Je faisais aussi la cuisine et la plupart des
tâches ménagères. Le stress était tel que j’ai attrapé
la mononucléose au bout de quelques mois. Je ne dis
pas ces choses pour accuser qui que ce soit. À
l’époque j’étais d’accord pour cet arrangement que
nous considérons aujourd’hui tous les deux
inéquitable. Comme c’était pour Dieu, et ma peur du
conflit aidant, j’ai mis de côté toute pensée de
revendication, voire toute défense légitime de mes
besoins et de nos besoins financiers. Je m’adaptais
pour une bonne cause, en prenant sur moi la plupart
du prix de notre « consécration ». Je surfonctionnais
pour mon mari pour garder la paix de notre foyer.
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l’accent sur le don de soi dans nos Églises, et surtout
on s’attend à ce que le pasteur et sa famille se
donnent pour le service du Seigneur. L’égoïsme est à
crucifier, n’est-ce pas ? Alors comment poser des
limites autour de la famille, de notre temps, de nos
ressources ? Aujourd’hui je vois plus clair dans ses
questions, et je sais qu’au nom de
mes responsabilités, responsabilité pour ma santé et
mon bien-être physique, pour mes enfants, pour mes
autres ministères, je peux dire « oui » ou « non » aux
attentes de mon mari et des membres de l’Église.
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simplement dire que parfois nous aurons besoin de
tenir tête, non seulement à l’Église, mais aussi à notre
mari pour défendre les limites de ce que nous
pouvons donner avec confort. Car si l’Église
sousfonctionne, et que notre mari bouche les trous,
c’est comme si une série de dominos tombent l’un
après l’autre. Pour notre vie, c’est à nous de défendre
les limites, non pas en essayant de changer notre
mari, mais en définissant ce que nous sommes prêtes
à faire ou ne pas faire. Il y va de la longévité de notre
couple et de notre ministère. Ce n’est pas la peine de
faire des sacrifices au court terme que nous ne
pouvons pas maintenir au long terme, et qui finissent
par nous dégoûter de la vie de femme de pasteur.
Gardons de la marge dans notre vie, comme les cinq
vierges sages qui avaient de l’huile en réserve pour
les imprévus.