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Dynastie hassidique de Bratslav

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Des jeunes Breslover hassidim se préparent pour le chabbat, à Mea Sharim

La dynastie hassidique de Bratslav (en hébreu : ‫חסידות ברסלב‬ Hassidout Breslev)


est une branche du hassidisme fondée par le rabbin Nahman de Bratslav, arrière-
petit-fils du Baal Shem Tov.
Cette dynastie se distingue profondément des autres courants hassidiques par sa
doctrine, ses pratiques et sa croyance que nul ne peut succéder à Rabbi Nahman,
ce qui a valu à ses adeptes la dénomination de toyte hassidim (« hassidim morts »).
L’hostilité qu’ils suscitèrent en Ukraine tandis qu’ils se développaient en Biélorussie,
Lituanie et Pologne, leur perception individuelle et collective et leur héritage littéraire,
ont contribué à la notoriété de la dynastie, au-delà de son poids véritable dans
l’histoire du mouvement hassidique.
Fortement touché par la révolution bolchevique et les purges staliniennes, le
mouvement s’est régénéré en Angleterre, aux États-Unis et en Israël où il inspire
plusieurs mouvements qui se réclament de son idéologie.

Histoire[modifier | modifier le code]
Rabbi Nahman[modifier | modifier le code]
Penseur séminal, Nahman ben Feyga attire à lui un cercle d’adhérents qu’il dirige
dès 1790, bien avant de s’installer à Bratslav (yiddish : ‫ברסלב‬ Breslov ou Breslev),
une ville en Ukraine où il n’aura vécu que les huit dernières années de sa vie.
Cependant, lorsqu’il s’y installe en 1802, il déclare que ses adeptes se nommeraient
dorénavant les Breslover Hassidim. Selon rabbi Nathan il aurait enseigné que le
nom Breslov est composé des mêmes lettres que Lev bassar, « un cœur de chair »,
faisant écho au verset biblique « Je vous retirerai ce cœur de pierre et placerai en
vous un cœur de chair1 ».
Ayant voyagé un an en terre d’Israël en 1798, il en revient transformé, reniant ses
enseignements antérieurs et se percevant, selon ses propres affirmations, comme
une personnalité unique et un chef spirituel suprême, non seulement pour sa
génération et celles à venir mais également pour les générations passées. Cette
attitude, facilement interprétée comme de l’arrogance pure, et des enseignements
différents comme la recherche du tsaddik (« juste ») en soi, entraînent des disputes
quasi permanentes avec les autres maîtres hassidiques (à l’exception de Levi Itzhak
de Berditchev)2. Ces disputes permettent au mouvement d’occuper une place de
premier rang au sein du hassidisme alors qu’il ne compte que quelques centaines
de hassidim réunis en petites communautés dans les provinces
de Podolie, Volhynie et Kiev3,4. Par ailleurs, Rabbi Nahman ayant déduit de ces
querelles qu’elles étaient l’une des caractéristiques du tsaddik véritable, elles
cimentent paradoxalement le mouvement, qui accepte son statut controversé plutôt
que de prendre du recul et continue ainsi à résister à l’hostilité qu’il continue de
susciter après la mort de son fondateur5.

Mon feu brûlera jusqu'à la venue du messie

Rabbi Nathan[modifier | modifier le code]


Le maître meurt à l’automne 1810 sans héritier, ses deux fils étant morts en bas âge.
Mais son scribe et interprète en chef, Nathan Sternhartz de Nemirov réhabilite le
mouvement. Nathan attire de nouveaux adeptes et perpétue les traditions de son
maître, en particulier le rendez-vous annuel de Rosh Hashana sur le tombeau de
Rabbi Nahman à Ouman. Sternhartz diffuse, expose et publie les enseignements de
Rabbi Nahman, mais sans jamais être perçu comme un rabbi de son propre
chef6,7 Dès que Sternhartz se lance dans la réhabilitation du mouvement Bratslav,
une vague d'hostilité orchestrée par Rabbi Moshe Tsvi de Savran, le vise lui et ses
partisans8. La controverse atteint son apogée dans les années 1830.
Troisième génération[modifier | modifier le code]
Nahman de Tulczyn, préparé par son maître Nathan à la succession, devient la
figure principale du mouvement. Cependant, il dirigera essentiellement la
communauté Bratslav d’Ouman. Les ’hassidim de Bratslav s’installent en petites
communautés dispersées, souvent isolées, et généralement sans aucune structure
adaptée à une vie communautaire juive9.
En plus de Nahman de Tulczyn, plusieurs dirigeants spirituel dirigent localement le
mouvement. L’un des mashpi’im les plus influents à cette époque est Nahman
Goldshmit, le rabbin de Tsherin10.
C’est certainement à cause de cette absence de structures et de continuité
dynastique que d’autres attaques éclatent dans les années 1860, dirigées
localement par plusieurs tsadikim appartenant à la Dynastie hassidique de
Tchernobyl8.
Quatrième génération[modifier | modifier le code]
Au XIX  siècle, malgré l'opposition des autres mouvements hassidiques, le nombre
e

des disciples de Rabbi Nahman en Ukraine, en Russie, en Lituanie et


en Pologne croît fortement. Des synagogues hassidiques sont construites à Lublin et
à Varsovie et des milliers d'exemplaires de livres hassidiques sont imprimés.
Des milliers de hassidim ont été emprisonnés ou assassinés pendant les purges
staliniennes des années 1930 et tués par les Nazis qui ont envahi l'Ukraine en
194111. Le mouvement survit à la répression religieuse sous le régime soviétique par
l'établissement d'un centre essentiel, pendant l'entre-deux-guerres en Pologne,
où Lublin remplace Ouman comme siège de la réunion annuelle de plusieurs
centaines de hassidim de Bratslav. Après la Seconde Guerre mondiale, Bratslav
ressurgit en Israël et dans le Nouveau Monde. Cependant, en l'absence d'un rabbin
vivant, le mouvement reste faible et fragmenté, dirigé par un certain nombre de
rabbins charismatiques12. Mais depuis les dernières décennies du XX  siècle, Bratslav
e

profite d'une popularité sans précédent parmi les Juifs laïcs, qui permet à Bratslav
de devenir une des plus grandes dynasties hassidiques d'aujourd'hui 13.
Bratslav aujourd'hui[modifier | modifier le code]
Les institutions Bratslav en Israël comprennent aujourd'hui plusieurs synagogues,
yeshivot pour tous les âges, et académies rabbiniques dans différentes parties de
Jérusalem, Bnei Brak et Safed. De nombreux groupes éditent, impriment et
distribuent les écrits de rabbi Nahman en toute langue. Certains organisent des
conférences et autres programmes éducatifs pour le grand public 14. Tous ces
établissements, gérés et financés de façon indépendante, sont créés à l'initiative
d'individus ou de groupes de hassidim. La région de New York compte plusieurs
synagogues, proposant des classes et autres activités. À Los Angeles, Londres,
Manchester, Paris, Aix-les-Bains et ailleurs, des classes régulières et d'autres
activités sont proposées14.
Il est pratiquement impossible de donner une estimation numérique de la taille des
principales institutions Bratslav dans le monde et il n'existe aucun recensement des
adhérents au mouvement14. En effet, déjà à l'époque de rabbi Nahman, il n'y a pas
vraiment de communauté de Breslover. Même si quelques-uns de ses disciples ont
emménagé auprès de lui, la majorité vit dispersée à travers l'Ukraine 14. Lors des
différents Kibboutzim, ils viennent écouter ses enseignements et lui parler
personnellement avant de revenir chez eux, s'efforçant d'appliquer ses
enseignements dans leur vie quotidienne. Après la mort de rabbi Nahman, Bratslav,
où vit Nathan de Bratslav et Ouman où habite Nahman de Tulczyn, deviennent le
centre du mouvement avec une communauté florissante dans chacune d'elles 14.
Cependant, l'influence du maître dépasse les frontières, et il y a bientôt plus de
Breslover hassidim en Pologne qu'en Ukraine14. Les communautés deviennent
indépendantes l'une de l'autre, bien qu'aucune ne soit vraiment organisée en
communauté structurée. Après la Seconde Guerre mondiale, Bratslav ressurgit en
Israël, particulièrement à Safed, Jérusalem et Bnei Braq, où s'installent les trois
grands centres du mouvement en Israël14. Ces communautés, faisant partie du
« courant principal »note 1 auraient 65 000 adhérents en 201015, adhérents associés
avec le mouvement Bratslav depuis plusieurs générations mais surtout des Baale
Teshouva nouvellement arrivés.
En dehors des principales communautés en Israël et en diaspora, des centaines de
petits groupes et d'individus à travers le monde ressentent un fort attachement au
mouvement Bratslav. À côté d'eux, un nombre inconnu de chercheurs,
d'universitaires et d'étudiants en Yeshiva ou laïcs, étudient les écrits de rabbi
Nahman. Cela comprend les Juifs de tous les horizons, ashkénazes ou Sefardim,
qui ne sont pas forcément en contact avec les communautés Breslover établie, de
par leur éloignement géographique ou pour d'autres raisons. En effet on peut suivre
l'enseignement de Rabbi Nahman, tout en étant un membre actif d'une autre
communauté juive.
Il existe d'autres factions non officielles au sein de la dynastie, qui, toutes réunies,
constituent l'une des plus grandes dynasties hassidiques d'Israël :

 Les élèves du rabbin Yaakov Meir Shechter : ce groupe s'appelle « la


communauté», et siégeait dans la synagogue Bratslav de Mea Shearim à
Jérusalem. Ils l’ont récemment quittée et prient dorénavant séparément. Ils ont
une idéologie proche de celle de la Edah Haredit et ne participent pas aux
élections. Ces dernières années, ils ont également développé une communauté
à Beit Shemesh.
 Les élèves du rabbin Eliezer Berland : un autre grand groupe de Hassidim
Bratslav étudie à l'académie talmudique Shouvou Banim dirigée par le
Rabbin Eliezer Berland. Dans ce groupe aussi, il faut compter les élèves des
rabbins Shalom Aroush, directeur des Institutions Hout Shel 'Hessed ; Shmouel
Shtern ; et Michael Gold, tous disciples du rabbin Berland. Un des élèves
célèbres du rabbin Shalom Aroush est l'acteur et chanteur Shuli Rand.
 Les élèves du rabbin Shlomo Eliezer Schick sont réunis autour des académies
talmudiques Heikhal Kodesh à Yavnéel et New York. Le Moharash s'est fait
connaitre par des brochures qu'il a fait diffuser et que ses élèves continuent de
propager. Shlomo Eliezer Schick a fixé sa résidence à Yavnéel.
 Les élèves de Reb Israël Dov Odesser : Les Na Nahim connus pour leurs
danses folkloriques, ces hassidim sont en majorité des Baal teshuva, et n'ont pas
tous la même idéologie. Ils peuvent être aussi bien haredi que Dati Leoumi.
Parmi ses élèves, on cite le rabbin Israël Isaac Besançon. On distingue au moins
deux catégories de Na Nahim qui sont divisés autour de la déclaration du Rabbin
Israël à la fin de sa vie :Ani (Je suis) Na Nah Nahma Nahman Meouman !
o Les premiers voient dans le Rabbin Israël Dov Odesser le précieux disciple
du rabbi Nahman, auquel il lui aurait adressé le Petek (que le Rabbin Israël
aurait reçu du ciel), et expliquent que le Rabbin Israël a reçu pleinement la
Lumière du Tsadik, par le sacrifice total de sa personne, jusqu'à l'inclure
totalement en lui, tout en restant son précieux disciple. Ils sont plus proches
du courant principal et participent tous les ans au Kibbouttz à Ouman.
o les seconds, appelés aussi Yeroushalmim, prennent la déclaration du Rabbin
Israël au sens propre. Ils pensent que le Rabbin Israel est devenu le Rabbin
Nahman. Le Rabbin Israël et le Rabbin Nahman ne font donc plus
qu'un, Israël Nahman. On entend souvent l'expression Saba Hou Rabbenou :
« Saba est le Rabbin Nahman »16. Ils ne participent pas au Kibboutz et
restent en Israël pour Rosh Hashana où ils se recueillent sur la tombe du
Rabbin Israël Nahman au cimetière de Har HaMenouhot à Jérusalem. Ce
groupe qui ne fait pas partie du courant principal, est rejeté par la plupart des
adhérents.

Doctrine du hassidisme Bratslav[modifier | modifier le code]


Articles détaillés : Hitbodedout et Kibboutz de Rosh Hashana.
La doctrine Breslev repose essentiellement sur le service de Dieu dans la joie, dans
la simplicité, dans la sincérité du cœur et conseille de vivre la vie aussi intensément
que possible, comme l'enseigne Rabbi Nahman : « C'est une grande mitsva d'être
toujours joyeux! »17. Les Breslover hassidim voient dans l'étude de la Torah le moyen
d'une existence joyeuse, et leur approche du culte est très personnalisée et
émotionnelle, en tapant des mains, chantant et dansant 18. Aussi un Bratslav ne se
décourage jamais, car le maitre auquel il s'attache, lui « interdit d'être vieux19 », lui
demande de positiver et de ne jamais s'attarder sur le passé 20, affirmant que « Le
désespoir n’existe absolument pas! Même si l’homme transgresse toute la Thora des
milliers de fois, il doit avoir foi qu’il peut recommencer encore à nouveau. C’est cela
la Foi parfaite en Dieu car Ses bontés se renouvellent chaque matin et infinie est sa
bienveillance21. »
Une pratique distinctive des Breslev est la hitbodedout, un formule ralliant prière et
méditation. En plus des prières journalières, les Breslover hassidim essayent de
passer une heure seul avec Dieu chaque jour, déversant leurs pensées et leurs
préoccupations dans leurs langues maternelles, comme s'ils parlaient à un ami très
proche. L'objectif est d'établir l'unification avec Dieu et une compréhension plus
claire de ses buts et motivations personnelles. Le maître explique que la hitbodedut
est la plus haute forme du service divin, et qu'il est pratiquement impossible d'être un
bon Juif sans cette pratique22. Rabbi Nahman souligne l'importance de l'introspection
et insiste sur le fait que tous les Juifs peuvent atteindre le même niveau que lui, s'ils
suivent ses enseignements23.
Une autre caractéristique des Breslover est le Kibboutz de Rosh Hashana,
rassemblant tous les hassidim en un même endroit, plus particulièrement sur la
tombe du maitre à Ouman. Ils essaient également de diffuser les enseignements de
leur maître, afin de ne pas être« comme des arbres secs qui ne donnent pas de
fruit ».
Donc, de façon générale, le Bratslav a foi en Dieu, Lui fait confiance et sait que « les
choses aillent bien ou pas, il est entièrement dépendant de Dieu » et que le mal
finira par se transformer en bien24. Il se rattache aux « véritables leaders » qui lui
permettront de se rapprocher de son Créateur 25. Sans jamais désespérer,
le hassid « sait que son père est fier de lui26 » et Le sert avec joie et simplicité. Pour
être joyeux, il oublie son mauvais passé et se concentre sur l'avenir, le bon 27. Son
maître lui conseille également de « recourir à toutes sortes de choses bêtes si cela
est la seule façon d'atteindre la joie28 ». Avec simplicité, il ne tombe pas dans l'excès
et l'extrémisme, car selon le maître « ceux qui sont excessivement stricts dans le
service Divin n'ont pas de vie et sont constamment déprimés car ils pensent ne
jamais remplir leurs obligations ». À cause de leur rigueur, ils ne ressentent jamais
de vitalité, c'est-à-dire de vie, de leurs actions 29. Suivant ses conseils le hassid à qui
il est « interdit d'être stupide », « choisit une mitsva spécifique, et est strict dans sa
pratique, sans atteindre le niveau de l'idiotie 30 », comme il est écrit : « Vous vivrez
par eux31 » et non vous mourrez par eux.
Selon le Kohve or de Avrahan ben Nahman de Toulcyne, les trois principaux
principes du mouvement sont32 l'étude journalière du Choulhan Aroukh,
la hitbodedout, et le Kibboutz de Rosh Hashana.

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