Vous êtes sur la page 1sur 92

Cours 23

Frank Lloyd Wright


La maison dan la prairie
1890-1922
FOURA Mohamed
Frank Lloyd Wright
Frank Lloyd Wright est un adepte du monde rural qui
va de pair avec un refus des valeurs de la ville.
Pourtant il travaillera avec Sullivan, son « maître », à
Chicago, grande mégapole déjà à la fin du 19ème siècle.
C’est avec L. Sullivan qu’il va consolider sa culture
architecturale, mais aussi apprendre une pratique
professionnelle empreinte d’un esprit critique, logique
et recherchant des principes.
Dès qu’il se met à son compte, il se consacre aux
maisons individuelles (programme considéré comme
mineur).
Confronté à la maison suburbaine, il développe une
grammaire architecturale inspirée de la vie rurale et
des paysages de la Prairie de Chicago.
La volonté d’une architecture authentiquement américaine
F.L Wright envisageait une cristallisation de l’architecture américaine dans
un « style démocratique » développé grâce à ses propres structures, de
nouveaux matériaux et de nouvelles fonctions , en somme, selon ses
propres mots « une architecture organique ».
Pour Wright, l’architecture de façade de la « Ville Blanche » , l’exposition
universelle de Chicago de 1893, portait en elle quelque chose de
« malhonnête et faux », qui n’a rien à voir avec le réalisme américain. Il
croyait surtout que l’architecture américaine devait dégager à travers ses
constructions un sentiment d’honnêteté dans le fond et dans la forme.
De plus, cette ligne dominante que les initiateurs de l’école des beaux-arts
de Paris propageaient en Amérique était trop verticale. L’architecture
américaine devait être humble, « terre-à-terre » et plus horizontale.
C’est aussi lors de l’exposition universelle de 1893 que Wright découvre pour
la première fois les subtilités de l’architecture japonaise à travers certaines
maquettes en bois de temples traditionnels. Wright était impressionné par
leurs constructions d’où émanent une symbiose entre la forme et la nature
ainsi que leur manière de diviser l’espace intérieur par des cloisons
transparentes coulissantes et surtout l’accent porté sur les lignes
horizontales.
La volonté d’une architecture authentiquement américaine

Wright a apprit dès son jeune âge que l’architecture américaine a


été soumise à plusieurs sources d’influence. D’abord celle du
« Greek Revival » (renouveau de l’architecture grecque) pendant au
moins trois décennies où l’architecture locale ne faisait que
reprendre le modèle des temples grecs dans tous les types
d’édifices tels que les banques, les écoles , les églises et même dans
les tombes des cimetières.
Cette période du « Greek Revival » est suivie par celle de
l’architecture victorienne qui persistera au moins un demi siècle
dans les imitations de grands manoirs anglais, des cathédrales, des
châteaux et autres grandes demeures de style anglais.
Même dans les petites maisons bourgeoises de cette époque on
pouvait voir la reprise d’éléments architecturaux tels que les
tourelles, les tours, les porches, les balcons etc.
La maison dans la prairie
Entre 1893 et 1901, Wright a dessiné 71 projets dont 49 seront réalisés. C’est après la
« Winslow House », qu’il abandonnera définitivement la symétrie pour une composition plus
libre et mouvementée ainsi que l’intégration au site de l’objet. Le style de la « maison dans la
prairie » sera d’abord révélé sous forme de dessins au crayon dans une revue.
Norberg-Schultz dans son livre « La signification de l’architecture occidentale » écrit que dans
les maisons de Wright, « la concrétisation de l’espace ouvert fut apportée jusque dans l’intimité
du lieu personnel. Le problème existentiel qui se posait à lui était celui de combiner les besoins
d’enracinement et de protection avec un sens nouveau de liberté et de mobilité ; il le résolut par
une nouvelle interprétation de la maison. La maison avait été, traditionnellement un espace
clos, un intérieur, un refuge pour l’individu et sa famille. Dans les palais baroques, à ce caractère
élémentaire se mêlait une volonté d’expansion et de domination ; son idéal fut toujours celui
d’une architecture démocratique. C’est pourquoi il détruisit la boîte et créa une interaction
nouvelle entre l’intérieur et l’extérieur. L’intérieur cesse donc d’être conçu comme un refuge pour
devenir, en quelque sorte, un point fixe dans l’espace, à partir duquel l’homme peut éprouver un
sens nouveau de liberté et de participation. A ce point dans l’espace, Wright plaça la grande
cheminée avec son conduit vertical... ».
Tous les modèles que montre l’architecte semblent sortir de la terre et faire une unité avec
celle-ci. Les maisons sont horizontalement basses et recouvertes par des toits débordants.
L’organisation spatiale n’a recours à aucun cloisonnement de façon à imbriquer les espaces de la
maison les uns dans les autres, formant un seul espace ouvert et continu. Dans la forme
générale, l’expression n’est plus monolithique mais articulée, présentant des changements
dramatiques dans les façades. Bien, entendu, le centre de la maison est le cœur de celle-ci, mis
en évidence par le foyer de cheminée autour duquel gravitent les espaces de la maison.
La plupart des maisons dans la prairie que construira Wright ne le seront pas dans la prairie,
mais dans les banlieues de Chicago, River Forest, Oak Park et Riverside.
La « maison dans la prairie, Chicago (1909)

• Chicago fut une terre d'expérience dans les toutes premières années de la carrière
de Wright, qui s'y installa en 1889. Formé chez Louis -Sullivan, chef de file de
l'école de Chicago, très actif dans la reconstruction de la ville après le légendaire
incendie de 1871, l'architecte imposa un nouveau style avec ses « Prairie Houses »
(«maisons de la prairie»), nommées ainsi car leur horizontalité, similaire à celle
des prairies, s'opposait à la verticalité des gratte-ciel. À Oak Park, la plus «huppée»
des banlieues avec ses rues bordées de jardins tirés au cordeau, à 12 km du
centre, Wright, construisit 35 maisons pour de riches particuliers, entre 1889
et 1913, dont sa maison atelier qui a été restaurée grâce à la Fondation Wright,
créée en 1974.
• Cette dernière, aidée du « Preservation Trust », a aussi restauré, pour plus de
6,50 M€, la célèbre Robie House, construite en 1910 pour Frederick C. Robie,
visionnaire ayant fait fortune dans les bicyclettes.
• Cette maison où tout est étudié pour accentuer l'horizontalité avec des décrochés
de niveaux est la plus révolutionnaire des Prairie Houses et la plus emblématique
de l'architecture fonctionnaliste, avec son garage, son système d'alarme et son
aspirateur intégré.
• Le but était de construire des habitations à prix modéré pour permettre à tous les
Américains d'avoir une maison à eux. Wright individualise ces nouvelles
habitations par des vitraux et des meubles, également conçus par lui, reprenant
les mêmes motifs linéaires que ceux de la maison. Il essaie de tenir compte des
contraintes que le climat de la région impose. Pour cela, il multiplie les différences
de hauteur des plafonds de manière à éclairer et ventiler les pièces.
Les maisons de la prairie : caractéristiques principales

• Si la maison nouvelle doit se débarrasser de la mansarde, des


fausses hauteurs et des sous-sols, elle s’accompagne d’autres
valeurs majeures.
• L’horizontalité de la forme, propre à l’espace domestique, parce
que les mesures verticales sont plus imposantes que les
horizontales, et qu’elle s’apparente d’avantage au paysage
ondulant du Middle West. Elle est mise en pratique par la faible
hauteur des espaces, l’élancement des lignes du toit et les porte-
à-faux pour contrôler la lumière et protéger les façades.
• La centralité de la cheminée, masse dans la fluidité des espaces,
dans l’épaisseur de la maçonnerie, pour avoir le réconfort du feu
au centre de la maison. Le rapport intérieur-extérieur, mise en
relation de l’intérieur avec son environnement direct, elle doit
faire entrer l’environnement à l’intérieur et laisser l’intérieur aller
au dehors, tout en offrant une protection aux occupants.
Frank Lloyd Wright House 428 North Forest Avenue Oak Park,
Illinois 1889
William Winslow House River Forest, Illinois 1893
façade principale
Winslow house plan du RDC
WINSLOW HOUSE Façade arrière
Francis J. Wooley House
1030 Superior Street
Oak Park, Illinois 1893
Nathan G. Moore House 333 Forest Avenue Oak Park, Illinois 1895 -
original construction 1923 - remodeling
Chauncey Williams House 530 Edgewood Place River
Forest, Illinois 1895
George W. Smith House 404 South Home Avenue Oak
Park, Illinois 1896
Rollin Furbeck House 515 Fair Oaks Avenue Oak Park,
Illinois 1897
Rollin Furbeck House 515 Fair Oaks Avenue Oak Park, Illinois
1897
Fred B. Jones Gatehouse
3335 South Shore Drive Delavan, Wisconsin 1900
Fred B. Jones House
3335 South Shore Drive Delavan, Wisconsin 1900
William & Jesse Adams House 9326 South Pleasant Avenue
Chicago, Illinois 1901
William G. Fricke House 540 Fair Oaks Avenue Oak Park, Illinois
1901
F. B. Henderson House 301 South Kenilworth Avenue Elmhurst,
Illinois 1901
Ward W. Willits House 1445 Sheridan Road Highland Park, Illinois
1901
Ward Willits House
Plan de la Ward Willits House 1903
Ward W. Willits House 1445 Sheridan Road Highland Park, Illinois
1901
Arthur Heurtley House 318 Forest Avenue Oak Park,
Illinois 1902
Charles Ross House 3211 South Shore Drive Delavan,
Wisconsin 1902
George W. Spencer House 3209 South Shore Drive
Delavan, Wisconsin 1902
Warren H. Freeman House 103 North Washington
Street Hinsdale, Illinois 1903
William E. Martin House 636 North East Avenue Oak
Park, Illinois 1903
Plan de la
Martin House
Mary Adams House 1923 Lake Avenue Highland Park,
Illinois 1905
Mary Adams House 1923 Lake Avenue Highland Park,
Illinois 1905
Hiram Baldwin House 205 South Essex Kenilworth,
Illinois 1905
William A. Glasner House 850 Sheridan Road Glencoe, Illinois
1905
A.P. Johnson House 3455 South Shore Drive Delavan, Wisconsin
1905
A.W. Gridley House 605 North Batavia Road Batavia, Illinois 1906
Edward R. Hills House 313 Forest Avenue Oak Park, Illinois 1906
P.D. Hoyt House 318 South 5th Street Geneva, Illinois 1906
George M. Millard House 1689 Lake Avenue
Highland Park, Illinois 1906
Col. George Fabyan House Remodeling 1511 North Batavia Road
Batavia, Illinois 1907
William H. Copeland House Remodeling 400 North Forest
Avenue Oak Park, Illinois 1908
Raymond W. Evans House 9914 South Longwood Drive Chicago,
Illinois 1908
Isabel Roberts House 603 Edgewood Place River Forest, Illinois
1908
Plan Isabel Roberts House
J. Kibben Ingalls House 562 Keystone Avenue River
Forest, Illinois 1909
Frank J. Baker House 507 Lake Avenue Wilmette, Illinois 1909
William B. Greene House 1300 West Garfield Avenue Aurora,
Illinois 1912
Harry S. Adams House 710 Augusta Boulevard Oak Park, Illinois
1913
Sherman Booth House 265 Sylvan Road Glencoe, Illinois 1915
Edmund F. Brigham House 790 Sheridan Road Glencoe, Illinois
1915
J.M. Compton House 1023 Meadow Road Glencoe,
Illinois 1915
Frank B. Finch House 1027 Meadow Road Glencoe,
Illinois 1915
S.J. Gilfillan House 1030 Meadows Road Glencoe,
Illinois 1915
C.J. Ellis House 1031 Meadow Road Glencoe, Illinois 1916
J.J. O'Connor House American System-Built Homes 330 Gregory
Wilmette, Illinois 1916
Smith House American System-Built Homes Burnhans-Ellinwood
& Company 10410 South Hoyne Avenue Chicago, Illinois 1917
Hanney & Sons Builders American System-Built Homes 2614
Lincolnwood Evanston, Illinois 1917
Hyde House American System-Built Homes Burnhans-Ellinwood &
Company 10541 South Hoyne Avenue Chicago, Illinois 1917
Charles C. Heisen House American System-Built Homes 346 East
Highland Avenue Villa Park, Illinois 1920
La Robie House, Chicago (1909)

• Frank Lloyd Wright avait résolu la « fluidité » des


espaces (flowing spaces ) grâce à l’interpénétration des
volumes, le jeu des hauteurs sous plafonds différentes,
la force d’expression des lignes horizontales,
l’étirement en longueur des fenêtres rubans ( ribbon
windows ) que l’on peut voir dans la Robie House
(1909).
• Au rez-de-chaussée, les services, le garage et une cour,
alors que le premier niveau est formé de deux barres
parallèles mais soudées avec les séjours diurne à
l’avant et les domestiques sur l’arrière, et le dernier
niveau est celui des chambres principales.
La Robie House, Chicago (1909)

Wright n’atteindra réellement l’objectif qu’il s’était fixé que dans la


conception de la « Robie House » , achevée en 1909 , qui rassemble tous les
éléments du style de la prairie à la perfection.
Construite sur un site exigu, cette maison ne jouit pas d’un plan cruciforme
parfaitement développé, à l’exception de l’orientation longitudinale qui est
reprise et est nettement prononcée grâce à la cheminée qui devient massive
dans cette maison.
Grâce à son génie, Wright fait une liaison subtile entre la cheminée et l’étage
supérieur. Le niveau inférieur de la maison semble fortement enraciné dans
le sol, bien que l’on a pas l’impression que c’est une boîte hermétique.
Les lignes horizontales des galeries et de la toiture qui semblent flotter
particularisent un lieu tout en inspirant une expansion sans fin. Wright
affirmait que les plans parallèles à la terre font appartenir la maison au sol.
Ainsi, la maison Robie accomplit donc l’idée de Wright d’un foyer qui à la
fois protège et libère. L’importance de cette œuvre réside dans le fait d’avoir
pu donner une interprétation moderne aux significations les plus
fondamentales de l’espace existentiel.
La Robie House, Chicago (1909)

Cependant, avant la « Robie House », le style définitif de Wright a du être perfectionné par
une recherche laborieuse dans trois projets différents entre 1904 et 1906 : la « Martin
House » (1904) , un immeuble de bureaux, le « Larkin Building » (1904) et un lieu de culte,
« Unity Temple » (1906). Si la « Martin House » est basée sur un plan horizontal et
uniforme à trame modulaire, l’« Unity Temple » et le « Larkin Building » sont des bâtiments
monoblocs englobant chacun un grand espace interne éclairé zénitalement par des galeries
tout autour. Sur les façades, Wright emploie un fenêtrage vertical continu et répétitif. Notons
que cette façon de traiter les ouvertures en façade influencera plus d’un architecte en
Europe. Les travaux de Wright seront connus en Europe à partir de 1910 ( Wasmuth, Berlin).
En 1905, Wright fait son premier voyage au Japon et c’est cette même année que la syntaxe
du style de la prairie était complètement mise au point. Elle apparaîtra dans deux
démarches, l’une régulière, asymétrique et pittoresque dans la « Coonley House », et l’autre
plus compacte, architectonique mais plus ou moins symétrique dans la « Robie House ».

Norberg-Schultz dira des maisons de Wright que « la façade n’a presque plus d’importance.
Pour la première fois dans l’histoire, l’architecture est devenue un problème véritablement
tridimensionnel et, pour la première fois, les idées architecturales les plus avancées sont
utilisées pour résoudre le problème de l’habitat pour tous... Frank Lloyd Wright, enfin, créa
la maison moderne pour résoudre au niveau architectural, le problème d’exprimer l’identité
personnelle dans un monde ouvert et mobile. Il y parvient en définissant des zones
qualitativement différentes à l’intérieur d’une continuité spatiale générale grâce à une
nouvelle interprétation du toit, du mur et des ouvertures. Il ne fait pas de doute que ses
œuvres furent d’une importance décisive pour la phase fonctionnaliste de l’architecture
moderne en Europe ».
La Robie House, Chicago (1909)
La Robie House, Chicago (1909)
La Robie House plans étage et RDC
La Robie House, Chicago (1909)
La Robie House, Chicago (1909)
La Robie House, Chicago (1909)
Détail de la Robie House
Vue ntérieure de La Robie
House, Chicago (1909)
Vue ntérieure de La Robie House, Chicago (1909)
« Larkin Building » (1904) Oak Park illinois
Plan du Larkin Building Oak Park Illinois 1904
Section du Larkin Building
Oak Park Illinois 1904
Vue intérieure du Larkin
Building Oak Park Illinois
1904
« Unity Temple » Oak Park Chicago 1906
« Unity Temple » Oak Park Chicago 1906
Plan « Unity Temple » Oak Park Chicago 1906
« Unity Temple » Oak
Park Chicago 1906
« Unity Temple » Oak Park Chicago 1906
« Unity Temple » Oak Park Chicago 1906
« Unity Temple » Oak Park
Chicago 1906
« Unity Temple » Oak Park Chicago 1906
L’ « Imperial Hotel » Tokyo 1922 (démoli en 1968)

• L’ « Imperial Hotel » a été construit à Tokyo entre 1916 et


1922. Dans l’ «Impérial Hotel », Wright a été assisté dans la
conception de ce projet par un brillant ingénieur, Paul
Mueller, qui a mis au point la structure en béton armé du
complexe.
• Cet Hôtel bénéficiera d’un très grand succès, plus pour
l’ingéniosité de sa structure que pour son architecture. Ce
succès grandira lorsque l’édifice restera debout et intact
après le grand tremblement de terre qui détruira presque
la totalité de la ville de Tokyo.
• Notons aussi que le suivi des travaux de l’hôtel était assuré
par Antonin Raymond qui a joué un grand rôle dans
l’introduction de l’architecture moderne au Japon.
« Imperial Hotel »
Vue intérieure de
« Imperial Hotel »
Vue intérieure de l’« Imperial Hôtel »
Détail de l’« Imperial
Hotel à Tokyo
Détail de « Imperial
Hotel »
Détail de l’« Imperial
Hôtel »

Vous aimerez peut-être aussi