Vous êtes sur la page 1sur 67

ATLAS

TYPOLOGIQUE
RURAL
EPFL / ENAC - Laboratoire de construction et conservation / Semestre de Printemps 2021
1930 / Stennäs sommerhaus, Erik Gunnar Asplund______________________________________________ 4
1952-1954 / Maison de Jean Prouvé, Jean Prouvé _______________________________________________ 6
1959-1962 / Upper Lawn Pavilion, Peter & Alison Smithsons ______________________________________ 8
1960 / Sommerhaus, Roland Rainer __________________________________________________________ 10
1969-1970 / Dopplewohnhaus, Michael Alder __________________________________________________ 12
1971-1974 / Vill’Alcina, Sergio Fernandez _____________________________________________________ 14
1979 / Trois maisons à Gempen, Michael Alder _________________________________________________ 16
1980-1982 / Casa Canosa, Andres Reboredo ___________________________________________________ 18
1980-1983 / Casa Estévez, Cesar Portela _______________________________________________________ 20
1984-1989 / Dopplewohnhaus Pullach, Thomas Herzog __________________________________________ 22
1988-1990 / Casa Ruis-Fina, Francesc Rius i Camps _____________________________________________ 24
1990 / Maison rurale à Moldes, Fernando Blanco Guerra _________________________________________ 26
1996-1999 / Zachary house, Atkinson architects ________________________________________________ 28
1997 / Jacal house, Lake Flato architects _______________________________________________________ 30
3

ATLAS TYPOLOGIQUE RURAL


Maisons individuelles

Cet atlas typologique rassemble une douzaine de La modernité, influencée par l’Arte Povera, nous a
maisons individuelles du XXème siècle. Celles-ci sont montré que le rustique ne dépendait pas tant d’un usage
toutes situées à la campagne, mais les pays dans lesquels local de matériaux naturels (bois, terre, paille) que d’un
elles s’implantent sont variés. Asplund construit sur les traitement brut d’une matière pauvre. Les maisons
rives d’un fjord suédois, Cesar Portela dans les terres présentées dans cet atlas sont construites en bois mais
de Galice tandis que Roland Rainer dresse sa demeure aussi en béton, en métal, en parpaings, laissés à nu. On
en Autriche, au milieu d’un verger d’amandiers... En soutient ainsi que le brutalisme est né dans les champs.
architecture, la campagne est souvent abordée du point Le pavillon construit par les Smithsons en 1959 en est
de vue du vernaculaire, du particulier régionaliste et l’exemple type. Il combine des éléments trouvés sur place,
non du commun. Or il existe des caractères ruraux muret et cheminée de pierre, que l’on pourrait qualifier
génériques, partagés quelles que soit les régions. La de as found ruraux, avec des matériaux préfabriqués
localisation géographique des exemples choisis dans cet à bas coût. Ainsi, il acquière un caractère primitif et
atlas n’est donc pas essentielle à la compréhension de une intemporalité. Sa rusticité parle un langage rural
ce qui fait «le mode de vie rural». Si la mondialisation, universel.
qui anihilerait les particularités régionales, est décriée,
il ne faut pas oublier de regarder ce qui nous rassemble. Les exemples présentés dans cet atlas sont, comme
La prise en compte des facteurs climatiques, le travail on l’a dit, des maisons individuelles. Ils placent le
des seuils, l’usage de matériaux pauvres, sont autant «collectif» à une échelle familiale ou de voisinage
de paramètres qui caractérisent de manière unanime mais manquent d’ampleur. Ce reproche, vis à vis d’un
l’architecture rurale. Ces principes se traduisent par mode de vie individualiste, est formulé à la lumière des
des résultats spatiaux concrets : salon d’hiver, alcôves, connaissances actuelles concernant le mitage territorial.
serres, cave ou grenier, bûcher, cellier, appentis, vaste Si les solutions typologiques de ces maisons résonnent
salle à manger et bien sur jardin, parfois accompagné encore aujourd’hui, il conviendrait d’envisager leur mise
d’un potager, d’un pigeonnier ou d’une aire de battage. en série de manière dense et compacte. Leur répétition
Des objets viennent aussi peupler les maisons rurales permettrait de formuler une alternative à l’extension
: cheminées, bancs, longues tables de fermes, cloches, pavillonnaire tout en offrant au logement collectif les
cadran solaire, échelles, mangeoires et puits... La mêmes qualités qu’un logement individuel.
consécration de ces espaces et la reconnaissance d’un Alors, on parviendrait à la création contemporaine de
langage rural mutuel permettrait de formuler une hameaux ruraux convainquants, capables de répondre
rusticité contemporaine. aux enjeux de notre temps et aux caractéristiques de
leur lieu.
4
Stennäs sommarhus
Lieu: Sandvik, Suède
Architecte: Erik Gunnar Asplund
Date: 1937

Dans une crique au sud de Stockholm, Gunnar Asplund


construit une maison de vacances pour sa famille.
Cette maison d’été pourrait revêtir le qualificatif de
«fonctionnaliste», comme le suggère sa blancheur, ses
nombreuses fenêtres orientées vers le sud et la division
spatiale des espaces de jour et de nuit. Néanmoins,
l’approche adoptée est beaucoup plus hétérogène qu’il n’y
parait: la plus haute priorité est accordée à la continuité
entre paysage et culture.
Dans ce paysage dionysiaque, Asplund met l’accent sur le
mode d’accès à la maison. Comme dans la villa Snellman,
réalisée 20 ans auparavant, il instaure une rupture d’angle
dans la disposition des volumes, et joue avec l’orientation
et les vues de la maison. Cet ajustement permet d’articuler
une cour d’entrée ou placer une cheminée extérieure.
Asplund s’efforce de situer sa maison pour renforcer
la séquence depuis le ponton de bois qui surplombe
les marais de la mer Baltique, au jardin, à la cour, et à
l’entrée. De plus, l’utilisation du bois comme matériau
de construction participe à l’évocation de la tradition
suédoise.
À l’intérieur, Asplund utilise des dispositifs familiers, tels
que le regroupement des espaces de service, et d’autres
moins. On pénètre par exemple dans la maison par un
large escalier de brique rouge. Sur les marches de celui-ci
se dresse le foyer d’une cheminée aux courbes plastiques.
Cet élément sculptural, placé de manière atypique,
pourrait être qualifié d’étrangeté familière. Il provoque
un sentiment de mise à distance vis à vis des codes
traditionnels tout en assurant un rôle tout à fait banal.
5

1/200
6
Maison de Jean Prouvé
Lieu: Nancy, France
Architecte: Jean Prouvé
Date: 1952-1954

Voir: AMC, Juin 1984

A Nancy, sur un terrain pentu difficilement constructible,


Jean Prouvé conçoit une maison modeste en limitant
au maximum les travaux d’excavation du terrain. Le
batiment est construit de plein-pied sur une terrasse.
La volumétrie tout en longueur se divise en 3 masses de
profondeurs différentes: la plus étroite abrite les chambres,
la plus large le séjour et la plus compacte les espaces de
services et une chambre d’ami. En façade, Prouvé utilise
des panneaux préfabriqués de son invention. En toiture,
il détourne des panneaux Rousseau qui sont en réalité
prévus pour des parois de silos à grain. Leur atout majeur
est leur très grande taille (9.80m de long), ce qui va dicter
les dimensions de l’espace, mais il reste à les mettre en
forme. La portée des panneaux a pour corollaire une
grande souplesse, Prouvé choisit alors de dessiner une
voute ondulatoire légère, ancrée au mur du fond puis
lancée à travers l’espace pour finir en débord ombrageant
la façade sud. Ainsi, les plafonds de la maison sont
légèrement bombés. L’inventivité de Prouvé est aussi
ingénieuse que simple et directe.
7

1/200
8
Upper lawn pavilion
Lieu: Fonthill, Wiltshire, Angleterre
Architecte: Peter & Alison Smithsons
Date: 1959-1962

La résidence secondaire d’Alison et Peter Smithsons est


située dans la campagne du sud-ouest de l’Angleterre. Le
bâtiment est un moment important dans la recherche des
architectes sur les alternatives aux maisons de banlieue,
sur la combinaison de structures existantes, trouvées sur
place, avec des matériaux contemporains préfabriqués
à bas prix. En effet, le pavillon se présente comme une
ossature en bois recouverte de zinc s’appuyant sur un
mur de pierre existant.

Le couple a construit le pavillon entre 1959 et 1962


dans une grande cour murée de leur propriété où se
trouvait une maison d’ouvrier. La nouvelle construction a
remplacé en grande partie la demeure existante. Seule la
cheminée a été conservée: elle occupe à présent le centre
du pavillon. Perpendiculairement au mur de la cheminée
se trouve une poutre en béton soutenue à ses extrémités
par deux poteaux carrés. Cette structure permet de
soutenir le premier étage tout en libérant la façade du
rez de chaussé. Celle-ci est en effet non porteuse ce qui
permet d’ouvrir de larges baies coulissantes et d’offrir un
accès très fluide au jardin. Le volume supérieur abrite un
espace de vie ouvert, dont la fonction n’est pas clairement
définie. On y accède par une modeste échelle de meunier.

A l’extérieur, une terrasse pavée de pierres irrégulières


permet de profiter du jardin. Une ouverture percée dans
le mur de pierre permet un contact visuel entre le monde
clos du jardin et les champs extérieurs.
9

1/100
10
Sommerhaus
Lieu: St. margarethen, Burgenland, Autriche
Architecte: Roland Rainer
Date: 1960

voir: Roland Rainer: Das Werk Des Architekten 1927-2003. Ed. Springer-Verlag, Wien

La maison d’été de Roland Rainer est construite dans un


verger d’amandiers. Une structure de murs en briques
silico-calcaires artisanales, non plâtrées, constitue la base
du plan. Des pergolas couvertes de vignes relient le jardin
à la maison. La «technologie» de cette maison qui ne
possède pas l’électricité est sommaire. Un puits alimente
la cuisine et la salle de bain en eau douce. Les espaces de
nuit ne sont pas des chambres à proprement parler mais
des cellules minimales. Le nombres de fenêtres est réduit
au maximal pour conserver la fraicheur de la maison.
11

1/200
12
Doppelwohnhaus
Lieu: Sevogelweg, Ziefen, Bâle, Suisse
Architecte: Michael Alder
Date: 1969-70

voir: Werk, Bauen + Wohnen 5, 1980

Les loggias de ces maisons jumelles reprennent de


manière très claire le langage vernaculaire local, et
notamment la grande galerie du presbytère de Ziefen.
Au rez de chaussé, on accède par un jardin commun
surélevé, bénéficiant d’un bassin. On entre ensuite dans
l’espace de nuit de la maison dont les usages sont laissés
libres à l’habitant (chambres, ateliers) et une cave. A l’étage
se trouve les espaces de jour: une cuisine présentant une
double orientation, un bureau, et un vaste séjour avec
coin cheminée donnant sur une terrasse généreuse. Le
bâtiment étant construit dans la pente, les terrasses de
l’étage sont donc accessible directement depuis le niveau
naturel du sol.
Entre les 2 volumes, un terrasse appartenant aux
habitants de la maison est présente un petit débarras ainsi
qu’une rigole pour récolter les eaux de pluie et alimenter
le bassin sous jacent.
13

1/200
14
Vill’Alcina
Lieu: Caminha, Portugal
Architecte: Sergio Fernandez
Date: 1971-1974

La Vill’Alcina se situe sur les pentes d’une colline en


face du mont Santa Tecla, dont la topographie a été
judicieusement modifiée. On y accède par les hauteurs et
on découvre, parmi les terrasses et les pins sombres, un
grand toit incliné et un mur de pierre dont le silence est
à peine interrompu par un portique d’entrée. Celui-ci fait
office de rotule entre les deux maisons jumelles.
Pour chacune des deux unités identiques qui forment
la maison, une coursive haute accueille la cuisine et la
salle à manger, tandis qu’en contrebas se trouve le grand
salon. Au centre de celui-ci se trouve la cheminée, dont
le conduit habite l’espace de manière abstraite, émergeant
à travers le mur de soutènement qui divise les différents
espaces. Au-delà du bloc de jour, une loggia distribue les
chambres, qui ne sont pas des pièces mais des alcôves,
situées à quelques centimètres au-dessus du sol. La
clarté de la composition va de pair avec une utilisation
minutieuse des matériaux de construction. À l’extérieur,
la pierre des murs porteurs est sertie de larges joints
de ciment. A l’intérieur, des carreaux de ciment et des
briques colorent les sols. La grande fenêtre d’angle du
salon baigne l’espace de lumière, et laisse le dessin des
ombres de la forêt glisser sur les murs immaculés. Les
alcoves sont quant à elles recouvertes de bois.
15

1/200
16
Trois maisons à Gempen
Lieu: Gempen, Solothurn, Suisse
Architecte: Michael Alder
Date: 1979

voir: Werk, Bauen + Wohnen 5, 1980

Le projet de Gempen illustre une façon tout à fait


nouvelle de penser les relations de voisinage. Par un
socle de fondations communes abritant des caves et un
mur d’enceinte fermant une cour partagée, il acquière des
allures de colonie. Les trois maisons qui le composent
se développent de manière linéaire, avec une grande
attention portée aux espaces extérieurs afin que les
résidents puissent librement s’approprier et aménager
les espaces collectifs. Au sud du système se trouve le
garage partagé. Une passerelle surélevée de 1,8 m par
rapport au niveau du sol permet ensuite de rejoindre
son habitation. Chaque maison possède 4 orientations
et s’ouvre sur 2 jardins: le premier est une cour d’entrée,
tandis que le second est un espace d’agrément. Des accès
permettent de circuler entre les différents jardins, mais
aussi d’accéder à la grande cour collective en descendant
quelques marches. Les habitations sont conçues avec des
matériaux simples: une structure en parpaings et une
toiture en métal recouverte de tôle ondulée. La demeure
centrale est légérement plus petite que ses deux voisine,
ainsi elle introduit une certaine mixité typologique au
sein du complexe.
17
18
Casa Canosa
Lieu: Moaña, Pontevedra, Espagne / 42.290, -8.713
Architecte: Andres Reboredo
Date: 1980-82

voir: Obradoiro 9: Revista de arquitectura y urbanismo, COAG, 1984

La casa Canosa présente une volumétrie élémentaire,


basée sur la configuration d’un prisme rectangulaire,
étroit et allongé, parallèle à la limite de la parcelle qui fait
face à l’accès routier. Le toit mono-pente suit le sens de la
pente naturelle du terrain.
Malgré l’unité volumétrique, les façades longitudinales
présentent des divergences notables. La façade arrière est
plate et symétrique, ponctué d’étroites baies régulièrement
espacées. La façade principale en revanche fait preuve
d’un plus grand dynamisme. Ses portées sont larges et
présentent une disposition asymétrique.
À l’étage supérieur, une coursive en léger porte-à-faux
assure la circulation entre les compartiments. Elle est
assumée comme un élément saillant autonome, faisant
référence à l’archétype de la galerie. Le désalignement de
cette console par rapport à l’axe de la façade, l’irrégularité
compositionnelle des ouvertures, confèrent au bâtiment
asymétrie et dynamisme, renforcées par le contraste avec
la façade opposée. Ce bâtiment présente une tendance
rationaliste à explorer une matrice régulière, cachée dans
la composition des façades. Celle ci est contrebalancée
par l’inadéquation des planchers et la manipulation des
ouvertures, dont la combinaison, bien que basée sur la
répétition modulaire, suggère l’irrégularité et la diversité
caractéristiques des modèles vernaculaires.
19

1/200
20
Casa Estévez
Lieu: Salcedo, Pontevedra, Espagne / 42.415936, -8.657844
Architecte: Cesar Portela
Date: 1980-83

voir: Obradoiro 20: Revista de arquitectura y urbanismo, COAG, 1992

La maison de Arturo Estévez et Aurora Barcala est située


à côté d’une forêt, au bout d’un vignoble. Elle se compose
d’une bâtisse en pierre, qui évoque les constructions
paysannes humbles et efficaces. A ce volume s’accole
une galerie sur pilotis orientée ouest, qui est le principal
protagoniste de la maison. Son rôle est distributif mais
c’est aussi la scène d’un intérieur-extérieur versatile. Cette
galerie métallique, peinte de couleur rouge, constitue la
consécration moderne d’un type beaucoup plus ancien.
De dimensions généreuse, elle évoque les grandes
galeries de palais.
21

1/200
22
Dopplewohnhaus Pullach
Lieu: Pullach, Allemagne
Architecte: Thomas Herzog & Michael Volz
Date: 1986-1989

voir: Werk, Bauen + Wohnen 6, 1990

Construite au sud de Munich, cette maison pour 2


familles adopte des mesures énergétiques passives. Les
chambres sont orientées vers le sud. Une toiture froide
ainsi qu’une véranda sur le pignon ouest protègent les
habitants du froid hivernal. En été, l’ombrage est assuré
par des plantes grimpantes sur un treillis prévu à cet effet
et par des persiennes.
La structure porteuse du bâtiment est une construction
à ossature directionnelle en bois lamellé-collé. Tel une
coque de navire, l’espace s’élargit en section transversale
de bas en haut. Au milieu du bâtiment, une zone
intermédiaire de 30 cm de large agit comme une colonne
vertébrale.
23

1/200
24
Casa Rius-Fina
Lieu: Bolvir, Espagne
Architecte: Francesc Rius i Camps
Date: 1988-1990

voir: El Croquis 62-63, 1994

La maison est située sur une ancienne terrasse agricole


de 10 par 70m, orientée au sud. Celle-ci offre une vue
dégagée sur la vallée et le village de Bolvir. La maison
est construite de manière linéaire et est organisée en
deux parties articulées par un porche qui s’ouvre sur
une petite aire de battage. Le garage, les chambres et les
salles de bains se trouvent dans la partie ouest, tandis
que la cuisine et le salon d’hiver se trouvent à l’est. Les
deux parties sont reliées par un espace versatile qui, avec
le petit porche latéral, constituent une zone de transit
entre l’intérieur et l’extérieur, et fait office de salon d’été.
Cette pièce sert également de capteurs solaire passif pour
chauffer la maison en hiver.
Ce modeste bâtiment cherche donc à profiter au
maximum des éléments naturels (topographie, soleil,
vent) pour obtenir le plus grand confort naturel.

1/50
25

1/200
26
Maison rurale à Moldes
Lieu: Moldes - Boborás, Ourense, Galice, Espagne
Architecte: Fernando Blanco Guerra
Date: 1990

voir: Obradoiro 17: Revista de arquitectura y urbanismo, COAG, 1990

Située dans un champ, le long d’un talus, la maison à


Moldes présente une double entrée. On accède au niveau
haut par une passerelle et au niveau bas à travers un préau.
Le vaste couvert du rez de chaussé permet en effet de lier
très directement le jardin à la cuisine, il fait office de salon
d’été, frais et ombragé. A l’arrière, se trouve une vaste
salle à manger campagnarde permettant de se retrouver
en groupe. On accède à l’étage par un escalier s’enroulant
autour d’une cheminée. Celle-ci sert en effet à réchauffer
le salon d’hiver du premier étage. Les chambres orientées
à l’est bénéficient d’un balcon commun.
27

1/200
28
Zachary House
Lieu: Zachary, LA, USA
Architecte: Atkinson Architecture
Date: 1996-1999

Voir: Lotus 130

La maison est située à la lisière d’un petit bois et orientée


de manière à obtenir une ventilation naturelle optimale.
Le plan s’articule autour de deux axes orthogonaux. Le
long de l’axe nord-sud s’étendent deux volumes bâtis sous
un seul toit, tandis que sur l’axe est-ouest, une plateforme
en bois traverse le bâtiment et accueille à une extrémité
une cheminée sculpturale. A l’intersection de ces axes se
trouve un préau, qui sépare la zone de jour de la zone de
nuit. Ce passage central couvert favorise la ventilation de
l’air chaud du sud de la Louisiane.
Cette petite maison respecte le type local de la «shotgun
house» caractérisée par la présence d’un grand couloir
central. Bien qu’elle ne fasse pas appel à des matériaux
traditionnels tels que le bois, mais à un bardage et une
couverture métallique, sa frugalité en fait une ode à
la rusticité campagnarde et lui confère un caractère
universel. La maison a été détruite en 2005, puis
reconstruite à Ramseur, en Caroline du Nord, en 2012.
29

1/200
30
Jacal House
Lieu: Pipe Creek, TX, USA
Architecte: Lake|Flato Architects
Date: 1997

La maison Jacal est située sur un vaste terrain, au centre


du Texas. Sa structure évoque un appentis de bois accolé
à un épais mur de pierre calcaire. Elle se compose de 3
couches successives. La première couche se caractérise
par un mur épais qui accueille les espaces de service de la
maison. Celui-ci est aussi creusé d’alcoves (cuisine, salle
d’eau, toilette à compostage, cheminée, espace de nuit,
débarras et douche extérieure). Il supporte également de
longue étagères sur lesquelles entreposer des livres. La
courbe de ce mur suit la topographie naturelle du terrain.
Au dessus de ce mur habité, se trouve de vastes ouvertures
dotés de volets oscillo-battant que l’on peut manipuler
à l’aide de cordes et de poulies. Ce système permet de
protéger la maison des vents d’hiver orientés nord-
ouest. Une seconde couche se déploie au sud du mur. Il
s’agit d’une véranda soutenue par des poteaux de cèdre.
Sa fonction n’est pas clairement définie, elle permet de
distribuer les différents espaces et supporte une grande
diversité d’usages. Sa versatilité en fait la scène principale
de la vie domestique. La véranda est orientée vers la
brise estivale et le ruisseau qui coule en contrebas du
jardin pour chauffer naturellement la maison en hiver.
En été, le toit de la véranda qui se prolonge à l’extérieur
permet d’ombrer la façade et de rafraichir les pièces. Le
troisième et dernier espace de l’édifice est donc un porche
descendant sur la colline, il fait office de seuil entre la
maison et son jardin.
31

1/100
32

Carte des pueblos de colonización


Capitales de Province
Pueblos de colonización construits par l’INC (ceux dont le
nom est indiqué sont l’œuvre de Fernández del Amo)

Belvis de Jarama _________________________________________________________________________ 36


San Isidro de Albatera ____________________________________________________________________ 38
Vegaviana ______________________________________________________________________________ 40
Villalba de Calatrava _____________________________________________________________________ 42
El Realengo ____________________________________________________________________________ 44
Campohermoso _________________________________________________________________________ 46
Las Marinas_____________________________________________________________________________ 48
Cañada de Agra _________________________________________________________________________ 50
La Vereda ______________________________________________________________________________ 52
Miraelrío ______________________________________________________________________________ 54
Puebla de Vicar _________________________________________________________________________ 56
Extension de Jumilla _____________________________________________________________________ 58
33

ATLAS TYPOLOGIQUE RURAL


Pueblos de colonización de Fernández del Amo

Vegaviana, Villalba de Calatrava, El Realengo, Cañada des matériaux, permet d’explorer la plasticité d’un clair-
de Agra, Miraelrío... Ces noms aux belles sonorités obscur conférant aux archétypes traditionnels une
évoquent les douze villes de fondation construites par discrète modernité.
José Luis Fernández del Amo dans le sud de l’Espagne
entre 1951 et 1969 pour l’Institut national de colonisation Au delà de la dialectique entre tradition et modernité,
(INC) de l’administration franquiste. Malgré le contexte les pueblos de colonización mettent en scène une tension
politique de leur édification, une vision strictement positive entre résidence et travail. Construits à l’origine
architecturale permet de questionner l’importance pour relancer l’agriculture espagnole après la guerre
de l’apport urbanistique de ces projets. Évoluant avec civile (1936-1939), ils associent le travail de la terre à une
une rare habileté parmi les interstices de l’appareil organisation spatiale précise. La distinction de zones
administratif de son temps, José Luis Fernández del de travail, de stockage, de transformation des produits
Amo a réussi à redonner une dignité à certaines formes agricoles, au sein d’enclaves domestiques implique par
typiques de la maison rurale, dans un pays glissant déjà exemple la séparation des différents trafics.
vers l’adoption de valeurs opposées aux siennes. Cet
«humaniste infiltré dans l’administration franquiste» A cela, il faut ajouter une nouvelle opposition entre privé
pour reprendre l’expression de Miguel Centellas et public, entre espaces domestiques et espaces partagés.
Soler, a ainsi permis de mener une démarche urbaine Le noyau habité, très sobre, se distingue du lieu physique
expérimentale, d’effectuer des tests d’aménagement et destiné à accueillir les virtualités du «centre-ville». La
de définition de lieux publics à petite échelle. présence active de sculptures, reliefs et objets d’art sur
les monuments publics et en particulier sur les églises
Bien plus qu’une simple collection de hameaux sert à construire un espace public hors du commun.
résidentiels en zones rurales, les pueblos de colonización Les villages questionnent aussi la possibilité d’admettre
construisent une dialectique entre tradition et modernité un contact entre le bâtiment et sa limite parcellaire, ou
et assimilent tout un monde. Ils constituent en eux- la valeur architecturale du traditionnel mur d’enceinte
même une leçon d’architecture populaire, cherchant dans la production de l’espace urbain. Bien loin d’une
à faire coexister la structure agraire du territoire rhétorique éculée, la fabrique des fonctions urbaines est
espagnol avec les infrastructures de la modernité. Chez résolue par des solutions artistiques et architecturales
Fernández del Amo, l’attention portée à la topographie, qui permettent aux rues, places, et jardins d’entrer dans
aux vues ou la végétation se conjugue à l’expressivité une autre dimension.
accentuée des bâtiments. La valeur fondamentale
donnée aux lignes, aux plans, aux couleurs, aux textures
34
A partir d’une série d’éléments répétitifs, aussi bien
typologiques que constructifs ou décoratifs, Fernández
del Amo élabore un langage complexe, aux frontières de
l’architecture, de l’urbanisme et des arts plastiques.
Si l’architecture sereine des pueblos de colonización ne
cesse de nous étonner, c’est grâce aux trois caractéristiques
de son auteur:
- Une immense liberté intérieure, capable de rompre
avec la réglementation stricte d’un organisme étatique,
pour se lancer dans un travail d’expérimentation urbaine
et architecturale.
- Une sensibilité plastique exceptionnelle, comme le
révèlent les photographies de Kindel (de son vrai nom
Joaquín del Palacio), centrée sur une architecture savante
qui assume les conditions du lieu et devient vernaculaire
jusqu’à disparaître.
- Une foi inébranlable en la beauté, qui l’a amené à faire
appel à de jeunes artistes inconnus, abstraits, hétérodoxes
et à construire avec eux des références de premier ordre
de l’art sacré du XXe siècle.

Source: Miguel Centellas Soler, Los Pueblos de colonización de Fernándes del Amo,
arquia/tesis n°31, 2010 (thèse doctorale tenue le 12 déc 2006).

Portrait de Fernández del Amo, Francisco Carretero, Grenade, 1946


35

Belvis de Jarama, 1951 Las Marinas, 1958

San Isidro de Albatera, 1953 Canada de Agra, 1962

Vegaviana, 1954 La Vereda, 1963

Villalba de Calatrava, 1955 Miraelrio, 1964

El Realengo, 1957 Puebla de Vicar, 1966

Campohermoso, 1958 Extension de Jumilla, 1968


36
Belvis de Jarama
Lieu: Province de Madrid, Espagne
Architecte: Fernández del Amo
Date: 1951
Habitations: 56
Superficie: 5,6 Ha
Densité: 1000m2 / famille

Belvis del Jarama est situé au Nord-Est de Madrid, à


proximité de San Sebastián de los Reyes. Après deux
avant-projets rédigés en 1949 et 1950, le projet définitif
est présenté en janvier 1951. Celui-ci est construit sur un
terrain de 5,6 ha présentant une légère pente ascendante
d’est en ouest. Il comprend 50 habitations de 3 chambres
et leurs unités agricoles correspondantes, ainsi que 6
maisons pour enseignants et artisans. Il s’agit de maisons
jumelles à patio indépendants. La maçonnerie de brique
est laissée apparente au rez puis recouverte d’un plâtrage
tyrolien à l’étage. La route d’accès, transformée en rue
principale, se termine par une place autour de laquelle
se trouvent les bâtiments publics: l’église, le presbytère,
et le bâtiment administratif qui, pour montrer son
caractère représentatif, est projeté sur trois étages (une
solution inhabituelle puisque les bâtiments ne sont
presque jamais construits sur plus de deux étages dans
les villes de colonisation). La place est fermée au nord
par un bâtiment accueillant un porche et deux locaux
spécifiques en rez-de-chaussée: un commerce et une
cantine. L’école est située dans un bloc indépendant, à
côté de la route d’accès principale. Elle est constituée de
2 unités symétriques afin de séparer les filles des garçons.
On remarque que la séparation des aires de jeux est
effectuée au moyen d’un muret et d’une piscine circulaire.

Maisons jumelles à 2 étages

Implantation générale Vue de la rue principale avec l’église au fond


37

Édifices publics

École publique

Maisons jumelles à 2 étages


38
San Isidro de Albatera
Lieu: Province d’Alicante, Espagne
Architecte: Fernández del Amo
Date: 1953
Habitations: 150
Superficie: 18,4 ha
Densité: 1226m2 / famille

San Isidro de Albatera est situé au sud de la province


d’Alicante, sur une parcelle de 18,4 ha. Le village présente
un tracé orthogonal circonscrit par une ceinture
périphérique. La route d’accès, située à l’extrémité ouest du
hameau, croise perpendiculairement la route principale,
qui rassemble les édifices publics. On trouve d’un côté le
bâtiment social, l’auberge et le bar, les locaux artisanaux
et commerciaux, de l’autre la fraternité syndicale, le
Front des jeunes et le centre paroissial. Ce dernier est
composé du presbytère, de l’Action catholique locale, de
l’église, d’un porche et de la tour Jod, ce qui produit un
ensemble de plus de 80m de longueur. L’hôtel de ville
est un bâtiment de 2 étages situé approximativement au
centre du hameau, face à une place à portiques en forme
de U. Celle-ci fonctionne comme un marché en plein air
populaire, selon le rapport du projet. Les150 habitations
sont constituées de 2 blocs parallèles, avec leurs unités
agricoles en fond de jardin. On entre par un porche
au dessus duquel se trouve une loggia. Les maisons de
2 étages sont orientées au sud et celles d’un étage au
nord. A l’extrémité de chaque îlot, la même typologie
se retourne avec néanmoins quelques légères variations
dans la disposition des ouvertures. Le long de la ceinture
périphérique, les habitations ouvrières sont regroupées
5 par 5 dans les parcelles triangulaires résultant de la
disposition Est-Ouest. Elles présentent successivement
1 ou 2 étages afin de réaliser un alternance de volumes.
39

Hôtel de ville

Habitations - Plan de bloc

Maison à 1 étage - Type B


40
Vegaviana
Lieu: Province de Caceres, Espagne
Architecte: Fernández del Amo
Date: 1954
Habitations: 292
Superficie: 27,5 ha
Densité: 942m2 / famille

Situé dans la périphérie de Salamanque, près de Moraleja,


le village de Vegaviana prend place dans une magnifique
chênaie, entre les cistes, les thyms, et les genêts. Le tracé
urbain se développe à travers 4 grands blocs introvertis,
cerclés par un anneau périphérique. Au centre de chaque
bloc se trouve un espace boisé partagé, ainsi que les
maisons ouvrières, plus petites et sans locaux agricoles.
La circulation des animaux et des voitures est reléguée à
l’extérieur des blocs. Les bâtiments publics sont disposés
au centre de la ville, et forment une place urbaine.
L’église et la mairie, articulés au moyen d’un porche en
L, les boutiques d’artisans, la maison du médecin et la
clinique. Plus à l’est se trouve le bâtiment social et à
l’ouest, l’école composée d’un corps linéaire courbe qui
contient les salles de classe (9x6m) et les couloirs. Ces
bâtiments publics, comme les maisons, sont entourés
de végétation existante. Cinq types d’habitations sont
projetés avec différents critères de composition. Pour le
type C qui présente des pentes de toit inclinées, le critère
de fragmentation volumétrique prévaut. Pour le type D,
la façade est résolue par un long plan continu perforé de
petits porches d’accès et de terrasses à l’étage supérieur.
Maison d’habitation - Type D
Les murs sont construits en maçonnerie d’ardoise
locale, seuls les jambages, linteaux, porches, treillis,
sont recouverts de ciments. Ce projet a été présenté
au 5e congrès de l’Union internationale des architectes
à Moscou en 1958 et a fait l’objet d’une exposition à
l’Ateneo de Madrid en 1959.

Maison d’habitation - Type C

Hôtel de ville Maisons des ouvriers


41

Maison d’habitation - Type C


42
Villalba de Calatrava
Lieu: Province de Ciudad Real, Espagne
Architecte: Fernández del Amo
Date: 1955
Habitations: 80
Superficie: 5,7 ha
Densité: 712m2 / famille

Villalba de Calatrava est situé au sud de la province de


Ciudad Real. Le tracé géométrique de la ville est élaboré à
partir d’un motif régulier: un bloc hexagonal, légèrement
aplati sur 2 de ses sommets, avec quatre côtés de 55m de
long et deux autres, légèrement incurvés, de 44m de long.
Entre chaque unité, l’interstice entre les fronts courbes est
donc occupé par un petit parc communautaire. Les rues
présentent conséquemment une géométrie particulière,
en lignes brisées.
Les bâtiments publics habituels sont regroupés en forme
de T dans un des blocs: on y trouve une église avec son
centre paroissial, une mairie, un local syndical, 2 écoles
et 2 maisons des enseignants. Les habitations ont des
dimensions et des surfaces différentes selon leur situation
à l’intérieur du bloc, qui a été divisé en 16 parcelles.
Les maisons centrales ont 2 étages et présentent une
orientation nord-sud, tandis que celles situées aux
extrémités du bloc ont 1 étage et sont orientées est-ouest.
Chaque bloc présente également 5 maisons ouvrières.
Elles se développent sur un seul étage, leur entrée est
protégée par un porche soutenu par un pilier métallique.
Les murs du quartier sont maçonnés avec les pierres
de la région. Tous les murs sont blanchis à la chaux, en
revanche les cheminées ainsi que certains pans des murs
sont plâtrés, pour faire ponctuellement disparaitre la
rugosité de la maçonnerie.

Maisons de type B L’édifice administratif avec des maisons au fond


43

Plan d’un bloc d’habitation, 16 maisons

Plan définitif de 1957

Maison d’habitation, Type B


44
El Realengo
Lieu: Province d’Alicante, Espagne
Architecte: Fernández del Amo
Date: 1957-1959
Habitations: 71
Superficie: 21 ha
Densité: 2958m2 / famille

El Realengo appartient à la municipalité de Crevillente et


se trouve à 5 km de San Isidro de Albatera. Deux projets
sont élaborés, en 1957 et 1959, pour projeter un total de
51 maisons de colons et 20 logements ouvriers sur un
terrain de 21 ha.
L’urbanisme du village suit un tracé orthogonal
rigoureux. Les bâtiments publics sont réunis au centre
du quartier: le centre paroissial, l’école, la mairie et le
bâtiment social. La plupart des parcelles ouvrières sont
situées perpendiculairement aux blocs de bâtiments
publics. Une particularité du village du Realengo est que
chaque maison de colon dispose d’un champ de culture
de plus de 2000 m2. Ces maisons (type B) sont situées à
l’angle des parcelles, elles se rattachent à leur voisin selon
la symétrie du mur mitoyen. Elles ne présentent pas de
porte directe sur la rue car l’accès se fait à travers un patio
et sont réparties sur 2 étages, à l’exception des parcelles
d’angle, où il n’y en a qu’un. La maison de colon est un
prisme polygonal: la façade sur rue est inclinée pour
négocier un espace d’accès généreux. On entre ensuite
dans un patio, puis dans un porche surplombé par une
terrasse. Il faut également souligner l’importance de la
texture des matériaux. La façade est rustique au rez de
chaussée puis platrée au niveau des premiers linteaux de
fenêtre et sur toute la partie supérieure du mur.

Maisons de type B

L’édifice administratif depuis la place principale Maisons des ouvriers


45

Maisons de type B
46
Campo Hermoso
Lieu: Province d’Almeria, Espagne
Architecte: Fernández del Amo
Date: 1958 - 1964
Habitations: 88
Superficie: 10,1 ha
Densité: 1148m2 / famille

La structure urbaine de Campo Hermoso respecte une


trame orthogonale deformée à l’ouest. Si le 1er projet n’est
pas réalisé, Fernández del Amo projette en revanche une
extension du village en 1964.
La disposition des maisons dans les blocs est résolue
d’une manière très particulière. Elles sont disposées le
long de l’axe longitudinal du bloc, et ne se retournent pas
à l’angle de celui-ci pour permettre des jardins collectifs.
Les maisons des colons (Type A) se développent sur 2
étages avec une large terrasse en toiture. Bien qu’elles
présentent une porte ouvrant directement sur la rue,
elle possède aussi une porte cochère en fond de jardin
permettant de sortir directement dans une ruelle
secondaire. Au fond du jardin, on trouve aussi un atelier
et un entrepôt de stockage. Les maisons ouvrières quant
à elles sont construite de plein pied. Leur forme de L
permet de distinguer spatialement les espaces de jour des
espaces de nuit.

Plan masse de 1962. Les plantations linéaires sont réalisées par des ingénieurs agronomes.
47

L’église, la mairie et la maison du maire. Elévation principale et coupe à travers le clocher.

Maison de colon, Type A

Maison d’ouvrier, Type B


48
Las marinas
Lieu: Province d’Almeria, Espagne
Architecte: Fernández del Amo
Date: 1958 - 1962
Habitations: 62
Superficie: 6,2 Ha
Densité: 1000m2 / famille

Situé au sud-ouest de la ville de Roquetas de Mar, le


village de Las Marinas a été conçu en deux phases: la 1ère
en 1958 et la 2nde en 1962. La structure urbaine est très
claire: un ilôt central contient les bâtiments publics, à
savoir l’église, le centre social et administratif, l’école et
la maison des professeurs et les 2 maisons des artisans.
Ces édifices sont disposés librement au sein d’un espace
piéton de manière à produire de petites places publiques
plantées. Cet ilôt est entouré de part et d’autres de 6 blocs
de maisons. Il existe 2 types de maisons de colons, selon
leur situation dans le bloc: la résidence de l’angle n’a
qu’un étage tandis que celles du centre en a deux. L’accès
par un porche est tangentiel à la rue, ce qui permet une
plus grande intimité dans les maisons. L’accès au patio
se fait par le porche des unités agricoles. L’alternance
des volumes pleins et vides pour les maisons ouvrières
donne un dynamisme à la façade sur rue.

Maison de colon,, Type B Maison d’ouvrier, Type A

Maison d’ouvrier, Type A


49

Mairie du village

Implantation générale de la 1ère phase (1958)

Implantation générale de la seconde phase (1962)


50
Canada de Agra
Lieu: Province d’Albacete, Espagne
Architecte: Fernández del Amo
Date: 1962
Habitations:104
Superficie: 24,1 Ha
Densité: 2317m2 / famille

Le village de Canada de Agra est situé dans la zone


irrigable de Hellin. La ville occupe une parcelle en demi-
lune: la différence de niveau significative de 15m entre
l’est et l’ouest et l’absence de végétation sont à souligner. Le
tracé urbain est conçu de sorte à séparer le trafic routier
du trafic piétonnier. Une ceinture périphérique routière
entoure la ville depuis les hauteurs, puis 4 rues en cul-
de-sac suivent les courbes de topographie et pénètrent
dans le système pour desservir les dépendances agricoles
de chaque habitation. A l’arrière des parcelles, côté
habitation, de petits chemins permettent de rejoindre
à pied la zone centrale du quartier qui est strictement
piétonne. Située dans la partie de la ville qui offre le
moins de dénivelé, une place à portiques rassemble la
mairie et la maison du maire, la maison du médecin Vue aérienne

et le dispensaire, le bâtiment social et le bar, la maison


du gérant et celles des quatre artisans. Au nord de ce
noyau, un peu plus en hauteur, se trouvent les écoles et
les maisons pour enseignants. Au sud-ouest, de manière
plus isolée et occupant une position dominante, se trouve
le complexe paroissial qui comprend l’église, le presbytère
et les locaux de l’Action catholique.
Les 80 maisons des colons sont situées dans le coin des
parcelles et ne sont jamais mitoyennes aux maisons
voisines. Les entrées au logement sont situées en retrait
par rapport à l’alignement de façade, produisant un
petit jardin ouvert sur la rue piétonne. Les dépendances
agricoles sont situées à l’arrière de la parcelle. Un mur Le centre paroissial
courbe génère une ouverture qui facilite la manœuvre
des véhicules tout en interrompant l’alignement des rez-
de-chaussée.
Les 24 habitations ouvrières sont disposées autour des
bâtiments publics, et sont regroupées en modules de
deux et trois unités. On y accède au bout des rues en cul-
de-sac susmentionnées.
L’ensemble du quartier est planté d’arbres, produisant
une petite forêt ex-novo.

La place du village avec , au centre, la mairie


et à droite le dispensaire et la maison du médecin
51

Maison de colon, Type C

Maison d’ouvrier, Type A

Implantation générale
52
La Vereda
Lieu: Province de Seville, Espagne
Architecte: Fernández del Amo
Date: 1964
Habitations: 17
Superficie: 3,9 Ha
Densité: 2294m2 / famille

Situé dans la zone irrigable du réservoir de Bembézar,


à proximité des villes de Peñaflor et Palma del Río, le
village de La Vereda est composé de 17 habitations de
colons avec leurs unités agricoles respectives. José Luis
Fernández del Amo explique dans ses mémoires les
critères de composition de la ville: Le projet a été conçu
sur la base du concept traditionnel d’une grande ferme,
compte tenu du petit nombre de colons qui le composent
et de la quantité réduite de programmes publics demandés.
On évite ainsi le système urbain de places et de rues pour
regrouper les bâtiments autour de deux grandes cours. La
première est circonscrite par les habitations des colons,
tandis que l’autre rassemble les bâtiments publics autour
d’un portique. La mairie est le dispensaire sont situés à
la jonction des deux cours. La plus grande cour est un
espace collectif entouré de maisons. Le trafic routier
est rejeté en périphérie du quartier: une rue entoure les
dépendances agricoles et se termine par deux impasses.
L’église, qui a malheureusement disparue lorsque le
toit s’est effondré au début des années 1990, est l’un des
bâtiments les plus intéressants conçus par Fernández
del Amo. Son plan simple se résume à un carré de 15m
de côté, auquel s’ajoute une barre pliée à 45 degrés. Les
pignons en M permettent de récolter les eaux de pluie.
La mairie et le dispensaire sont 2 corps indépendants,
La mairie et le dispensaire vus depuis la grande place, avec l’église à l’arrière plan.
de plein-pied. Malgré l’irrégularité géométrique de leur
plans, ces deux édifices sont reliés par un petit porche.
Concernant l’école, on remarque la solution atypique de
la salle de classe: le rectangle habituel de 6 x 9m devient
un pentagone dont la façade vitrée est ouverte vers le
sud-ouest.
Les maisons des colons adoptent toutes le même type.
La parcelle de base mesure 14m de large et 36m de
profondeur pour une superficie de 504m2. On y accède
depuis la cour par un porche. Un petit patio donnant
sur la place permet de ventiler la chambre principale.
La cuisine-salle à manger s’ouvre directement sur la
place tandis que le reste des chambres donne sur le Vue des dépendances agricoles depuis l’extérieur du quartier
jardin arrière. Au fond de la parcelle se trouvent les
dépendances agricoles (écuries et grenier à foin dans les
combles), plus massives. On peut y accéder directement
depuis la ceinture périphérique via un porche d’entrée.
Le pignon des granges rythme donc la façade extérieure
du quartier.

L’église
53

Implantation générale

La mairie et le dispensaire, Élévation vue depuis la grande place.

Maisons des colons avec leur dépendances agricoles


54
Miraelrio
Lieu: Province de Jaén, Espagne
Architecte: Fernández del Amo
Date: 1964
Habitations: 60
Superficie: 11,5 Ha
Densité: 1917m2 / famille

Le tracé de Miraelrio présente une géométrie


sensiblement elliptique qui rejette les habitations en
périphérie du quartier. Son centre présente une arête
orientée est-ouest de plus de 150m de long: il s’agit d’un
portique autour duquel s’organisent les bâtiments publics
(la confrérie syndicale, les maisons ouvrières, l’église,
les maisons des artisans, la mairie avec le dispensaire,
le bâtiment social et les écoles). Ce portique est défini
par une grille linéaire de 4 mètres de côté sur laquelle
s’implantent des piliers et des murs porteurs en béton
ou en maçonnerie. Ce dimensionnement de la structure
se prolonge au niveau des bâtiments: des murs porteurs
isolés, situés parallèlement au portique configurent toute
la structure des bâtiments publics.
Les habitations sont jumelées au sein d’une parcelle
hexagonale irrégulière. Celles-ci sont ensuite regroupées
3 par 3 en quinconce pour former de petit jardins partagés
intersticiels mais surtout, pour éviter que les façades ne
forment un plan continu (une disposition indésirable
selon les critères de composition de l’Institut national
de colonisation INC). Ces groupes de six maisons sont
ensuite joints 2 par 2 pour former des groupements Le centre paroissial, façade sud
linéaires de douze maisons qui constituent les unités
répétitives délimitant le grand espace central. Il n’a donc
pas été nécessaire de rompre la répétition du type avec
une rotule spécifique pour obtenir une géométrie courbe.
Ce quartier présente un seul type de logement, ce qui est
inhabituel car l’INC encourageait la variété typologique.
L’accès à la maison se fait par un petit patio. Une zone
intermédiaire appelée «patio-jardin», sépare la maison
des dépendances agricoles. La grange, l’étable et le porche
sont regroupés en L autour d’une cour fonctionnelle Le large portique, au niveau des maisons des artisans
appelée «corral», accessible depuis la route intérieure
qui longe les parcelles d’habitation. Il s’agit de volumes
aveugles, présentant toutefois de petits claustras de
ventilation.

Façade arrière des maisons des artisans, avec leur commerce au rez

Dépendances agricoles Édifice social Mairie Maisons des artisans Eglise Maisons des ouvriers

L’arête centrale du quartier


55

Implantation générale

Maison de colons et dépendances agricoles


56
Puebla de Vícar
Lieu: Province d’Almería
Architecte: Fernández del Amo
Date: 1966 - 1968
Habitations: 13
Superficie: 2,1 Ha
Densité: 1615m2 / famille

Le village de Puebla de Vícar est situé à Campo de Dalias,


le long de l’ancienne route nationale 340 menant de
Cadiz à Barcelone. Le projet a été élaboré selon 2 phases
en 1966, mais seule la première sera réalisée en 1968. Il
s’agit donc d’un des plus petits pueblos construits par
Fernándes del Amo (seulement 12 maisons en plus de
celle du maire).
Le tracé urbain est simple: l’axe principal du quartier et
la route nationale définissent un angle délimitant 2 blocs
d’habitation. Chaque bloc contient 10 maisons pour
colons, 2 pour ouvriers et 1 pour le professeur. Un espace
triangulaire central accueille la maison du commerçant
et le bâtiment social. L’église et les écoles sont situées à
l’extérieur de la ville, à proximité de la route.
L’un des aspects les plus intéressants du projet est la façon
dont la parcelle est positionnée par rapport à la rue.
Habituellement placée perpendiculairement, la parcelle
opère ici un angle de rotation de 45° qui fait émerger des
espaces semi-publics végétalisés devant les maisons et
offre une plus grande intimité. Cette solution n’a guère
été utilisée dans d’autres villes de colonisation. Il existe 2
types d’habitations de colons: certaines orientées au sud
et d’autres au nord. Leur composition volumétrique est
simple: les deux étages se superposent pour créer un seul
volume. Mais elles sont ponctuées d’ouvertures profondes
créant des jeux d’ombres. Les 2 étages sont conçus de
sorte que les porches et les terrasses alternent et forment
Maison de colon, Type B, vu depuis la route centrale
des espaces en creux sur chaque façade. Les maisons
ouvrières quant à elles sont situées aux extrémités est et
ouest des blocs.

Maison de l’instituteur
57

L’église et son clocher

Implantation générale, 1966. Seule la moitié nord sera réalisée.

Maison de colon, Type B


58
Agrandissement de Jumilla
Lieu: Province de Murcie
Architecte: Fernández del Amo
Date: 1969
Habitations: 54
Superficie: 9,5 Ha
Densité: 1759m2 / famille

Situé au nord de la province de Murcie, le village prend


place à la périphérie de la zone urbaine de Jumilla. C’est
la seule extension de ville construite par Fernández del
Amo, elle ne possède donc pas de centre paroissial, de
mairie ou de bâtiment social. Le pueblo est composé de
40 foyers pour colons, 10 pour ouvriers, de deux écoles
et 2 maisons d’instituteurs, de 2 maisons pour artisans
et d’un centre coopératif. Le plan original prévoyait
d’accéder au quartier par deux larges rues-places pavées
terminant en cul-de-sac, permettant de dissocier les
espaces motorisés des espaces piétons. Le village était
séparé de la voie ferrée, à l’ouest par une vaste zone boisée.
Cette proposition de rue-place jugée excessive n’a pas plu
à l’INC, et l’agencement du quartier a été modifié sans
qu’aucun plan du nouveau tracé ne soit localisé. Le projet
final jouxte la voie ferrée, on y accède par une rue des
plus commune. Les maisons des colons sont alignées de
manière compacte et contiguës à l’intérieur du système
tandis que celles des ouvriers sont rejetées à l’extérieur,
attachées au périmètre routier de la ville (ce qui n’était
pas le cas dans le projet initial). Une large place plantée
de cyprès constitue le cœur du quartier. Autour d’elle se
trouve la maison des instituteurs et des artisans. L’école
est rejetée au nord de ces édifices. Les maisons des colons
sont situées sur des parcelles de 12m de large par 50m de
profondeur, pou 600m2 de surface. Ce sont les parcelles
les plus étroites et les plus longues conçues par Fernández
del Amo. La maison occupe toute la façade. Les unités
agricoles sont disposées approximativement au centre du
site. Celles projetées dans la deuxième phase, à côté de
la route, n’ont jamais été construites. Il existe deux types
de maisons sur deux étages, avec respectivement 3 et 4
chambres. Les unités agricoles ont deux étages; au rez- Les dépendances agricoles vues depuis la route d’accès
de-chaussée se trouvent le hangar, l’écurie et l’entrepôt,
et à l’étage supérieur le stockage du foin. Leur toit
monopente s’incline vers le patio. Il est à noter que seuls
2 types de fenêtres sont employés pour tout le quartier:
des fenêtres carrées de 1m de large pour les habitations
et unités agricoles, et pour les toilettes et le garde-manger
un carré de 0,60 mètres.

Maison de colon, Type A. Façade principale


59

Implantation générale projetée

Maison de colon, Type A

Implantation générale construite


60

1985 / Carbaillera de Santa Mina, Cesar Portela_________________________________________________ 34


1985 / Casa de cultura, Cesar Portela _________________________________________________________ 36
2001 / Carbaillera de Lalín, Cesar Portela _____________________________________________________ 38
2014 / Rénovation urbaine de Chaliers, Atelier du Rouget, Simon Teyssou & Associés ___________________ 40
2014 / Rénovation urbaine de Pesmes, Bernard Quirot architecte & Associés __________________________ 42
61

ATLAS TYPOLOGIQUE RURAL


Espaces collectifs

L’identification de principes génériques dessinant les urbain dans un espace rural ? Un modeste réverbère,
contours d’un «mode de vie rural» s’effectue au niveau un banc ou une simple poubelle méritent d’être dessinés
du logement, mais également à une échelle supérieure. Il en adéquation vis à vis de leur contexte, au même titre
existe des dispositions spécifiques capables de produire qu’un équipement public. La traditionnelle salle des
des espaces collectifs typiquement ruraux, aussi bien à fêtes municipale ne constitue pas un horizon absolu et
l’échelle d’une ferme, d’un hameau, d’un village ou d’un catégorique comme le montrent les différents exemples
bourg. En effet, la campagne présente historiquement présentés dans cet atlas.
une grande richesse d’espaces collectifs: lavoirs, puits,
fontaines, cours de fermes, place du marché, qu’il Un autre aspect mérite d’être pris en considération :
s’agirait d’inventorier. contrairement à la ville, qui a tendance à différencier les
Pour envisager le destin collectif du «mode de vie places des parcs, à délimiter de manière précise des aires
rural», il faut d’abord porter un regard critique vis à vis de jeux pour les enfants, protégés des voitures, le bourg
des situations existantes. rural tolère des espaces mixtes. Le «collectif» prend à
la campagne une dimension tout à fait particulière
Dans les pavillons isolés les uns des autres [...], il n’y a pas et affirme un caractère hybride. C’est par exemple le
de trottoir allant de la maison individuelle au hameau cas des projets de chênaies de César Portela, où le sol
situé à 600 mètres de là, aussi les parents n’envoient-ils humide de la forêt devient une place publique pour se
pas leurs enfants acheter le pain ; ils le rapportent de la rassembler. Dans les cascine du nord de l’Italie, la cour
supérette en rentrant du travail avec leur automobile, ou de la ferme est à la fois un espace de rassemblement et
de l’hypermarché qui trône, triomphant [...].1 le théâtre des activités agricoles.
On affirme donc que la campagne est une ressource
Sans en avoir la teneur, les systèmes pavillonnaires à penser les communs. La perméabilité des sols, la
adoptent des codes très urbains. Les voies goudronnées, diversité morphologique des espaces, la cohabitation
ponctuées d’un mobilier urbain générique, sont typiques du minéral et du végétal constituent un enseignement
de cette forme d’extension urbaine, hermétique à toute capable d’envisager l’émergence de communs ruraux
attache au contexte. Pourquoi reproduire un mobilier contemporains.
1 Thierry Paquot, Mesure et Démesure Des Villes (Paris: CNRS éditions, 2020), p.77
62
Carbaillera de Santa Mina
Conversion et restauration d’une chênaie en espace public collectif
Lieu: Brion, Coruna, Galice, Espagne
Architecte: Cesar Portela
Date: 1985

voir: Obradoiro 16: Revista de arquitectura y urbanismo, COAG, 1990


63
64
Casa de cultura
Conversion et restauration d’une chênaie en espace public collectif
Lieu: Brion, Coruna, Galice, Espagne
Architecte: Cesar Portela
Date: 1985

voir: Obradoiro 16: Revista de arquitectura y urbanismo, COAG, 1990


65
66
Carbaillera de Lalín
Conversion et restauration d’une chênaie en espace public collectif
Lieu: Lalín, Pontevedra, Galice, Espagne
Architecte: Cesar Portela
Date: 2001
67

Vous aimerez peut-être aussi