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Ludwig Mies van der Rohe

Ludwig Mies van der Rohe (né le 27 mars 1886 à Aix-la-Chapelle, et décédé le landais De Stijl. Il commence à réaliser ses dessins innovateurs mêlant acier
17 août 1969 à Chicago) est un architecte allemand. et verre, empruntant certaines idées à Karl Friedrich Schinkel (son projet fait
Son véritable nom est Ludwig Mies. En 1921, il accole au nom de son père celui en 1921 de gratte-ciel tout en verre sur la Friedrichstraße constitue un des
de jeune fille de sa mère en les reliant par un « van der » artistique et devient projets majeurs de l’expressionnisme en architecture). C’est également dans
Ludwig Mies van der Rohe. Les plans et projets de Mies van der Rohe sont l’atelier de Behrens qu’il fera la connaissance de Walter Gropius, le futur fon-
caractérisés par des formes claires et l’utilisation intensive du verre, de l’acier dateur du Bauhaus.De 1912 à 1914, il travaille comme architecte à Berlin puis,
et du béton. Ses travaux posent les bases pour la construction de grands en 1914, il est appelé à servir sous les drapeaux du fait du déclenchement de
bâtiments aux façades de verre (les gratte-ciel). la Première Guerre mondiale.
Pavillon de l’Allemagne à l’Exposition universelle de Barcelone, créé initiale- Mies contribue au magazine G qui est lancé en juillet 1923. Il apporte des
ment par Mies van der Rohe en 1929, détruit l’année suivante et reconstruit de contributions majeures aux philosophies architecturales de la fin des années
dans les années quatre-vingts. 1920 et dans les années 1930 en tant que directeur du projet Weissenhof
Né à Aix-la-Chapelle, Mies van der Rohe commence par travailler dans l’entre- sponsorisé par le Werkbund et comme directeur du Bauhaus. En effet, de 1930
prise familiale de tailleurs de pierre avant d’entrer dans le bureau d’architec- à 1933, il dirige l’école des arts Bauhaus à Dessau et à Berlin. De 1925 à son
ture de Bruno Paul à Berlin. Quelques années plus tard, il travaille au service départ pour les Etats-Unis, il travaille avec sa partenaire Lilly Reich.
de Peter Behrens de 1908 à 1912. Sous l’influence de ce dernier, Mies déve- Devant la montée du nazisme en Allemagne, Mies s’exile. En 1938, il émigre
loppe une approche de design basée sur des techniques de construction aux Etats-Unis. A son arrivée, on lui reconnaît déjà une certaine influence
avancées et sur le classicisme prussien. Il éprouve aussi une certaine sympa- comme designer. Directeur du Bauhaus, il a aussi gagné de nombreux
thie pour les crédos esthétiques du constructivisme russe et du groupe néer- concours pour différents projets architecturaux.
Biographie
Célèbre pour ses « Less is More » et « Gott steckt im Detail (God is in the details) », Mies essaye de créer des
espaces neutres, contemplatifs grâce à une architecture basée sur la pureté des matériaux et l’intégrité
structurale. Ses réalisations témoignent de l’intérêt qu’il apporte au rapport intérieur-extérieur, très fort.
L’espace extérieur est en effet considéré comme un prolongement de l’espace intérieur. Son architecture
est aussi marquée par la dissociation de l’enveloppe et de la structure. Lors des vingt dernières années de
sa vie, Mies arrive à atteindre sa vision d’une architecture fine et élancée. Ses dernières réalisations sont le
dénouement d’une vie dédiée à l’idée d’une architecture universelle simplifiée.
Mies s’est installé à Chicago où il s’occupe du département d’architecture du Chicago’s Armour Institute of
Technology (renommé plus tard Illinois Institute of Technology ou IIT). Il a accepté ce poste à la condition
qu’il puisse réaménager le campus de l’université. Certaines de ses réalisations les plus célèbres s’y trou-
vent encore dont le Crown Hall (siège de l’école d’architecture de l’IIT).
En 1958, Mies construit ce qui est considéré comme l’ultime expression de l’« International Style » en archi-
tecture : le Seagram Building à New York. C’est une large réalisation en verre mais, de façon surprenante,
Mies a choisi d’y inclure une grande place avec une fontaine en face de la structure, créant un espace
ouvert sur la Park Avenue.
Il s’attire cependant les railleries de Tom Wolfe dans From Bauhaus to Our House lorsque, pour satisfaire les
règlements du code de construction, il doit emballer la structure de ses immeubles dans du béton, qu’il
recouvre d’acier, allant ainsi à l’encontre de son propre crédo qui refusait toute ornementation extérieure...
Mies conçut et réalisa de nombreux immeubles à Chicago et ailleurs. Quelques unes de ces réalisations sont listées
ci-après : 1911 Wohnhaus Perls, Berlin-Zehlendorf  1926 Denkmal für Rosa Luxemburg und Karl Liebknecht (monument
en souvenir de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht) cimetière central de Friedrichsfelde, Berlin, monument détruit en
1935 par les nazis  1927 Leitung und Haus in der Weißenhofsiedlung, Stuttgart  1928-1930 Villa Tugendhat, Brno  1928-
1929 Villa Lange et Villa Dr. Esters, Krefeld  1929 pavillon allemand de l’Exposition universelle de Barcelone  1931 usine
de Verseidag, Krefeld  1932-1933 Bungalow Lemke, Berlin-Hohenschönhausen. Bâtiments universitaires du South Side,
Chicago : il utilise la dissymétrie et un module unitaire de 7,20 mètres. Il prend le parti d’espaces ouverts.  1946 Alu-
mni Memorial Hall  1946-1950 Farnsworth House (maison du docteur Edith Farnsworth), Plano, Illinois  1950-1951 Lake
Shore Drive Appartments, Chicago  1954-1958  Seagram Building à New York, son chef d’œuvre aux USA  1956  Ecole
d’architecture de l’IIT dite Crown Hall  1959 Federal Building  1963 Lafayette Park — Residential Apartment Complex,
Détroit  1966  IBM Building  1965-1968  Neue Nationalgalerie (nouvelle galerie nationale), Berlin. musée de Houston
1966 Le Westmount Square, Montréal.
Après s’être exilé aux Etas-Unis en 1938, l’architecte adapte ses conceptions européennes
à celles déjà mises en place pour les établissements industriels. Il en résulte une
recherche exacerbée de l’épure et des jeux de symétrie. « Moins, c’est plus ! », explique-
t-il, « L’architecture ne se calcule pas, elle est spirituelle ».

Farnsworth House
La Farnsworth House, conçue et réalisée par Ludwig Mies van der Rohe entre
1945 et 1951, est une maison de week-end d’une seule pièce dans un site
autrefois rural, située à 88 km au sud-est du centre de Chicago, dans un
domaine de 24 hectares bordant la rivière Fox, au sud de Plano dans l’Illinois.
La maison en verre et acier fut commandée par le Dr Edith Farnsworth, une
importante spécialiste du rein installée à Chicago. Ce devait être un endroit
où elle pourrait profiter de la nature et s’adonner à ses passions : le violon, la
traduction de poésies et la nature. Mies créa pour elle une maison de 135 m2
qui est largement considérée comme un emblème de l’architecture Moderne.
La maison a été reconnue National Historic Landmark (monument national
historique) en 2006, après avoir rejoint le National Register of Historic Places
(registre national des sites historiques) en 2004.
Ludwig Mies van der Rohe fut retenu par le Dr Edith Farns­
worth pour dessiner une maison de week-end lors d’un
dîner en 1945. Edith Farnsworth était une cliente aisée,
fine et décidée, et surtout résolue à avoir une réalisation
d’architecture Moderne vraiment originale. Le programme
consistait à dessiner une maison comme si elle était des-
tinée à Mies lui-même. Farnsworth avait acquis cette pro-
priété sur le bord de la rivière de Robert Mac Cornick,
invité lui aussi lors de ce dîner. Mies conçut le projet à
temps pour qu’il fût inclus dans une exposition sur son
œuvre au MoMA en 1947.
Le parti pris architectural
La villa est supportée par huit poutres métalliques et n’est compo-
sée que d’une seule pièce entièrement vitrée du sol au plafond sur
toutes ses parois. Seul un noyau en bois, légèrement excentré (com-
portant les sanitaires et un bloc cuisine), ainsi que quelques élé-
ments de rangement (séparant le séjour du lit) ponctuent l’espace.
La Farnsworth House pose la question fondamentale de la relation
entre l’individu, la société et la nature. Mies avait remarqué que le
temps dans lequel un homme ordinaire passe son existence lui
échappe largement. Mais il croyait que l’individu pouvait et devait
exister en harmonie avec la culture de son temps tout en se réali-
sant. Sa carrière fut une longue et patiente recherche vers une
architecture qui serait à la fois un produit authentiquement de son
époque et un manifeste sur la place de l’individu dans cette tem-
poralité. Il percevait notre époque comme l’ère de la production
industrielle, transformée par les forces du rapide développement
technologique. Mies voulait se servir de l’architecture comme d’un
outil pour réconcilier l’esprit des individus avec la culture dans
laquelle ils vivent. Sa solution est d’accepter les besoins d’un cadre
ordonné comme nécessité pour l’existence, tout en modelant l’es-
pace pour les besoins de liberté pour que l’esprit individuel des
êtres vivants puisse s’épanouir. Il créa des espaces libres et ouverts
où la structure porteuse est la plus minimale possible. Il ne croyait
pas à l’utilisation de l’architecture pour ingénierie sociale des com-
portements humains comme beaucoup d’autres architectes
modernistes le croyaient. Son travail très poussé sur les détails et
sur ses bâtiments d’une manière générale est l’expression tangible
de sa compréhension de l’époque moderne. Il procurait aux habi-
tants de ses immeubles des espaces flexibles et non-encombrés
dans lesquels ils pouvaient évoluer en tant qu’individu en dépit de
leur condition inhérente dans la culture industrielle moderne. Les
matériaux de ses immeubles, des produits sensés de l’industrie
comme l’acier et le verre, représentent le caractère de l’époque,
mais il accepte aussi les matériaux nobles comme le travertin
romain ou les bois exotiques vernis comme faisant partie de la vie
moderne.
Les 24 hectares du domaine agreste ont offert à
Mies l’opportunité de porter le flambeau de la
relation de l’homme avec la nature. Avec la Farn­
sworth House il met l’accent sur la connexion
individuelle à la nature à travers le refuge fait
par l’homme. Mies dit : « Nous devrions essayer

d’amener la nature, l’habitat et les êtres humains Mies concevait le bâtiment comme un abri architectural mêlant l’intérieur et l’extérieur,
vers une union plus importante ». Des murs de simultanément indépendant et entremêlé avec l’élément naturel. Mies a choisi délibé-
verre et des espaces intérieurs ouverts sont rément une zone inondable, sur une plaine près des bords de la rivière, pour bâtir sa
les caractéristiques qui créent une intense maison cherchant à se confronter aux forces dangereuses de la nature. L’espace enclos
connexion avec l’environnement extérieur, tan- et la terrasse couverte sont surélevés d’un mètre cinquante, soit juste à quelques cen-
dis que les structures exposées procurent un timètres du niveau de monté des eaux, avec une large terrasse intermédiaire.
cadre de travail qui réduit au minimum les murs La maison s’est retrouvée inondée jusqu’au niveau d’habitation par deux fois en 1956 et
opaques. L’attention au site dans le design et 1996, causant d’importants dommages aux installations, aux placages en bois, aux
l’intégration à l’environnement extérieur repré- baies vitrées et à l’ameublement.
sente un effort subtil mais conjoint pour parve- Le site a enduré d’importantes pluies et des montées d’eaux en août 2007 ainsi que
nir à une architecture mariée à son contexte d’autres menaces la même année, obligeant les conservateur à protéger d’urgence la
naturel. maison et son contenu d’une nouvelle inondation...
Pavillon Barcelona Pavillon allemand construit pour l’Exposition universelle de Barcelone de 1929. Reconstruit (1981-1986).
Dans le livre des records de l’architecture, le Pavillon allemand construit par Ludwig Mies van der
Rohe pour l’exposition universelle de Barcelone de 1929 détient celui du rapport de notoriété au
mètre carré bâti ! Jamais un programme ne fut formulé de façon plus étrange que celui du
pavillon.
Pour ses commanditaires officiels, il doit « représenter l’Allemagne d’aujourd’hui, ce que nous
faisons, qui nous sommes et ce que nous recherchons : la clarté, la simplicité, l’intégrité. » Pour
Mies van der Rohe, le pavillon doit rester totalement vide, pour que l’architecte puisse faire de
l’architecture. Son unique ameublement, ce sont les deux fameux fauteuils Barcelone dessinés
pour le roi et la reine d’Espagne.
Cette étonnante équivalence entre grandeur et gratuité, ce mépris du simple usage considéré
comme déchéance et chute, va hanter toute l’architecture du XXe siècle. Véritable bijou architec-
tural, le pavillon conçu par l’architecte Mies van der Rohe fut réalisé dans le cadre de l’Exposition
universelle de 1929. Architecture éphémère, le pavillon fut démoli en 1930 après la fin de l’Exposi-
tion. Ce n’est qu’en 1983 que le pavillon put être reconstruit, sous la direction des architectes
Cristian Cirici, Fernando Ramos et Ignasi de Solà-Morales.
Par sa grande élégance, le raffinement du traitement des espaces, structures, volumes et maté-
riaux, le pavillon de Mies van der Rohe constitue une des pièces maîtresses de l’architecture
européenne du XXe siècle et du mouvement moderne.
Architecture essentiellement de représentation, le pavillon
associe la pureté des formes et le traitement subtil des
espaces intérieurs et extérieurs à l’usage de matériaux de
grande qualité, pierre d’onyx doré, marbre vert de Tinos,
colonnes cruciformes chromées, glaces dépolies. Le
mobilier comprend la fameuse chaise Barcelone (struc-
ture en acier chromé et sièges de cuir blanc) conçue par
Mies pour le pavillon de 1929 et qui est encore une réfé-
rence de design de nos jours.
On voit, en général dans le pavillon, le point d’orgue de la
carrière allemande de Mies van der Rohe. Après, dit-on,
commence sa seconde vie, sa vie américaine.

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