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Le Corbusier
Les unités d’habitation en France
nm Gérard Monnier
LE CORBUSIER
LES UNITÉS D'HABITATION EN FRANCE
L'ABBAYE DU THORONET
La mesure de la perfection
par Jean-Yves Andrieux
LA TOUR EIFFEL
Cent ans de sollicitude
par Frédéric Seitz
LE CREUSOT
Une ville industrielle, un patrimoine glorieux
par Louis Bergeron
LE CHÂTEAU D’ANET
L'amour de Diane de Poitiers et d'Henri II
par Daniel Leloup
ARC-ET-SENANS
Un monument industriel, allégorie des Lumières
par Daniel Rabreau
Gérard Monnier
BELIN-HERSCHER
8 rue Férou 75278 Paris cedex 06
iti belin.com
Du même auteur
L'architecture moderne en France, tome IIT,
De la croissance à la compétition 1967-1999, Paris, Picard, 2000.
L'architecture du xx° siècle, Paris, PUF, «Que sais-je ? », n° 3112, 1997.
L'art et ses institutions en France, de la Révolution à nos jours,
Paris, Gallimard, coll. « Folio-Histoire » n° 66, 1995.
Histoire de l'architecture, Paris, PUE, «Que sais-je? », n° 18, 1994.
L'architecture moderne en France 1918-1950, une histoire critique,
Paris, Philippe Sers, 1990.
Le Corbusier, Lyon, La Manufacture, 1986 ;nouvelle édition mise à jour,
La Renaissance du Livre, Tournai (Belgique), coll. «Signatures », 1999.
Remerciements
L'auteur doit beaucoup à ses conversations avec Roger Aujame, André Wogenscky
et à la lecture des chroniques de François Chaslin. Il remercie Mme Tréhin
de l’avoir autorisé à consulter les archives de la Fondation Le Corbusier,
et le personnel de la bibliothèque de sa grande disponibilité. Il est redevable
de beaucoup d'informations sur Marseille à Mme Sylvie Denante, à Mme Lhérisson,
à M. Jean-Pierre Dufoix, architecte en chef des Monuments historiques,
à M. Richard Bisch, à M. Jacques Sbriglio et à M. Alain Hayot, qui a eu l’obligeance
de lui indiquer la maîtrise de Caroline Jacquot ;sur Rezé à Mmes Annick Bruneau,
Annie Devismes, Marilyne Monnier, à MM. Jean-Yves Cochais, secrétaire
général de la mairie de Rezé, Michel Robert, à Rezé, à MM. Neuilly, directeur général,
et Devenyns, secrétaire général, Loire-Atlantique-habitations, à Nantes,
et à M. Philippe Ranouil, chef du service des travaux de l'Entreprise Bouyer,
à Nantes; sur Briey, à Mme Véronique Léonard, à M. Denis Grandjean,
et à M. Joseph Abram, de l'association «La première rue» ; sur Firminy, à Jean-Loup
Herbert et Benoît Pouvreau. Ce travail est tributaire des travaux antérieurs
des chercheurs notamment de ceux de Gilles Bienvenu, Philippe Bataille,
Daniel Pinson, Jean-Bernard Cremnitzer, Marc Bédarida, Vincent Bradel,
Gilles Ragot et Mathilde Dion ; le vœu de l’auteur est que cet ouvrage
soit un aboutissement de leur démarche.
Le code de la propriété intellectuelle n’autorise que « les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé
du copiste et non destinées à une utilisation collective » {article L. 122-5] ; il autorise également les courtes citations
effectuées dans un but d'exemple ou d'illustration. En revanche « toute représentation ou reproduction intégrale ou
partielle, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » [article L. 122-4].
La loi 95-4 du 3 janvier 1994 a confié au C.F.C. (Centre français de l’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-
Augustins, 75006 Paris), l'exclusivité de la gestion du droit de reprographie. Toute photocopie d'œuvres protégées,
exécutée sans son accord préalable, constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code
pénal.
INTRODUCTION
Un moment dans la culture de l'habitat
CHAPITRE I
Les sources et le contexte 19
CHAPITRE II
L'unité d'habitation de Marseille 45
CHAPITRE III
L'unité d'habitation de Rezé 91
CHAPITRE IV
L'unité d'habitation de Briey-en-Forêt 125
CHAPITRE V
L'unité d'habitation de Firminy 147
CHAPITRE VI
Les unités d'habitation : de l'élaboration à la réception 163
CONCLUSION
Une architecture tragique 185
ANNEXES
Caractères techniques des unités d’habitation construites 191
Projets non construits 196
Chronogramme des unités d'habitation 208
Tableaux chronologiques 211
Sources et bibliographie 221
Index 227
Table des matières 233
Librairie de l'Architecture et de la Ville 237
PS: 5
En hommage à Maurice Besset
Introduction
entre 1945 et 1967 : à Marseille (Bouches-du-Rhône), à Rezé (Loire- pl. I-p. 160
Atlantique), à Briey (Meurthe-et-Moselle) et à Firminy (Loire). Il laisse pl. VIl-p. 161
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UN MOMENT DANS LA CULTURE DE L'HABITAT
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UN MOMENT DANS LA CULTURE DE L'HABITAT
L'ordre du bonheur
Il y aura des inspecteurs d'étage dans la machine à habiter de Marseille.
Dans le monde rêvé par Le Corbusier, la joie et la propreté sont obliga-
toires — sans parler du reste. Est-ce que Le Corbusier se rend compte
qu'on entrait à Buchenwald au son des violons?
On vient d'écrire une parole grave, et ce n’est pas un hasard. L'univers
de Le Corbusier, c’est l'univers concentrationnaire. C’est, au mieux, le
ghetto. Je répète qu’il n’est pas question de faire de Le Corbusier le pro-
pagandiste de l’ordre de Pétain ou de Hitler, les hommes aux mains ou
aux manches souillées de taches de boue et de gouttes de sang. Mais il est
révélateur du mal qui ronge notre époque que ce monstrueux ordre nou-
veau soit la version pervertie d’une idéologie qui, en elle-même, me paraît
infiniment dangereuse pour l'avenir de l’homme. Personne n’a le droit
de faire de force le bonheur du voisin. Cela s’appelle l’Inquisition. Et les
inquisiteurs, comme tous les bourreaux, ne sont jamais que le reflet cari-
catural des faiblesses d’une société. Le Corbusier a exposé lui-même, non
sans lyrisme, comment lui était venue l’idée de la machine à habiter, de
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UN MOMENT DANS LA CULTURE DE L'HABITAT
Un système urbain
Ce sont les unités d’habitation qui constituent la contribution construite
de Le Corbusier à l’urbanisme contemporain. Certes, le prototype de
Marseille, comme les unités de Nantes, Briey, Berlin, Lunéville (sic) ne
représentent qu’un élément (l’habitation) d’un système. Cependant,
c’est là, et là seulement, que l’on peut évoquer l’image corbuséenne de
la cité future.
L'unité d'habitation projette au-dessus de ses pilotis dix-sept niveaux.
Les appartements à deux niveaux (duplex) et double orientation ; ceux-
ci sont disposés dans l’ossature «à la manière des bouteilles dans un bou-
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UN MOMENT DANS LA CULTURE DE L'HABITAT
Type ou série ?
Ces quatre unités forment-elles une série ? Sont-elles la réponse tar-
dive au mythe du « standard» que formule Le Corbusier au début des
années 1920 ? Constituent-elles un type architectural nouveau ? On
a perdu de vue que la modernité architecturale avait eu pour objec-
tif l'invention typologique. L'histoire de la modernité est jusqu’à pré-
sent bien discrète sur ce point. La question des éléments du type (le
toit-terrasse, les pilotis, le mur-rideau, etc.) a fixé l'attention au détri-
ment du type lui-même. Capable d’entrer dans la définition d’un
style, et donc de se relier à la tradition d’une histoire artistique de
l'architecture, l'élément a été mis en avant au détriment de l’en-
semble ; ainsi en va-t-il des cinq points de l’architecture moderne —
pilotis, toit-terrasse, plan libre, fenêtre en longueur, façade libre — pré-
sentés de façon emphatique par Le Corbusier dès 1927.
En écartant l'invention typologique, la critique a altéré un des
principaux objectifs explicités par la première génération des archi-
tectes modernes. Le concept de typologie a eu en effet une place cen-
trale dans la formation de leur doctrine. La «typification » est au
centre du débat qui, en 1914, oppose Hermann Muthesius et Henry
van de Velde, à Cologne; la «création de formes-types, comme nécessité
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UN MOMENT DANS LA CULTURE DE L'HABITAT
De la haine à la consécration
Loin des chantiers, des campagnes violentes ont été conduites pour
nuire à l’architecte et à sa démarche ; à l'écart de la satisfaction des
habitants, le dénigrement des édifices réalisés a alimenté des
conflits politiques. À ces manifestations du refus et de la haine,
sur lesquelles il faut faire le point, succèdent ensuite les formes
d’une reconnaissance, dans une gamme qui va de l'inscription dans
une perspective de patrimoine officiel à une authentique et active
compréhension. Dans ce domaine, des informations substantielles,
attestant du rôle des habitants, des gestionnaires et des élus, ont
été produites ; il fallait en particulier réunir et consulter le maté-
riau précieux constitué par les études systématiques conduites,
notamment à Rezé (Bataille et Pinson, 1990), pour éclairer depuis
vingt ans la démarche de rénovation, et rencontrer les témoins,
anciens ou plus jeunes, acteurs de ces pans d'histoire récente, où
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UN MOMENT DANS LA CULTURE DE L'HABITAT
La critique de Corbu
Après avoir hissé la rue dans les étages pour ne pas déparer les «espaces
verts», Le Corbusier hisse l'immeuble sur des poteaux afin de libérer le
sol encore plus complètement. L’immeuble sur échasses s’est généralisé
et c’est certainement un des aspects les plus étonnants et les plus révé-
lateurs de l'architecture actuelle que la généralisation d’un mode d’amé-
nagement qui n’a jamais pu trouver l’usage auquel le destinait Le
Corbusier, ce qui ne peut surprendre car il ne résiste pas à l’analyse, ni
à l'expérience.
L'espace libéré au sol, au-dessous de l’immeuble, est en principe des-
tiné à la circulation, mais il a fallu un certain temps pour s’apercevoir que
les piétons n’en voulaient pas. À New York, le rez-de-chaussée de l’im-
meuble Lever est ouvert et offre une circulation libre, de plain-pied avec
les trottoirs ; il est en outre décoré et attrayant. Les passants le dédaignent
et préfèrent s’entasser sur les trottoirs périphériques. La raison en est le
courant d'air qui ne cesse de balayer l’espace entre les piliers. Le Corbusier
n'avait pas prévu que l’échauffement inégal de deux façades opposées,
l’une à l’ombre, l’autre au soleil, aurait cet effet.
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UN MOMENT DANS LA CULTURE DE L'HABITAT
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(entre parenthèses, le nombre d'unités prévues)
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LES SOURCES ET LE CONTEXTE
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LES SOURCES ET LE CONTEXTE
L’'immeuble-villas
C’est donc parallèlement à ces recherches sur la maison en série
qu’en 1922 Le Corbusier débute toute une série d’études consa-
crées à l’immeuble-villas, une sorte de lotissement vertical, dont il
expose au stand d'urbanisme du Salon d'automne la première ver-
sion, en la présentant ainsi : «les immeubles-villas proposent une
formule neuve d'habitation de grande ville. Chaque appartement
est, en réalité, une petite maison avec jardin, située à n'importe
quelle hauteur au-dessus de la chaussée » (Le Corbusier et Pierre
Jeanneret, Œuvre complète, 1910-1929, p. 41). Cette première pro-
position d'immeuble d'habitation collective réunit une centaine de
«villas », chacune occupant deux niveaux; elles sont superposées pp. 42-43
sur cinq rangées, soit dix étages, dans deux corps de bâtiment
parallèles, de chaque côté d’une longue cour ouverte aux deux extré-
mités. Chaque villa dessine un plan en L, disposé autour d’une très
vaste loggia, ouverte sur deux niveaux. Dans la formule de 1922,
encore tributaire de l’îlot haussmannien, les loggias ouvrent sur les
élévations extérieures. Le critère principal de cette innovation typo-
logique est la combinaison de l’individuel et du collectif, combi-
naison dont les historiens ont établi qu’elle a sa source dans le
voyage de Charles-Édouard Jeanneret en Toscane à l’automne
1907, lorsque, après sa visite de la chartreuse d'Emma, où il voit
que les cellules de moines dessinent un L, autour d’un petit jardin,
il écrit à ses parents : «j'ai trouvé la solution de la maison ouvrière-
type unique » (Gresleri, 1987). Dans des croquis publiés par Jean
Petit, il note: «cellule d’un frère à la chartreuse d'Emma.
S’appliquerait admirablement à des maisons ouvrières [...].
Tranquillité épatante ». Toute la question est évidemment de pas-
ser de ce modèle, inscrit dans la communauté d’un monastère et,
par conséquent, relatif à un mode de vie et à une règle, à l’organi-
sation de l’habitat pour la vie profane au xx° siècle, alors que la
demande sociale contemporaine semble alors s’accommoder de la
co-existence de l'appartement et de la villa suburbaine sans jamais
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LES SOURCES ET LE CONTEXTE
Un «condensateur social »
Cette syntaxe surréaliste [des villas Jaoul à Neuilly] ne pouvait guère être
utilisée pour l'unité d'habitation à dix-huit étages construite à Marseille
en 1947-1952. Et pourtant en abandonnant la technologie machiniste
légère de l’avant-guerre, l'unité se montra tout aussi engagée dans des
méthodes de construction «brutalistes ». Cela apparaît dans le coulage de
sa structure de base en béton dans un coffrage de bois brut, mise en évi-
dence délibérée du mode de construction que Le Corbusier allait justifier
par des arguments presque existentiels.
En dehors de son apparence de béton brut, l'unité avait une organisation
bien plus complexe que les bâtiments types de la ville radieuse (VR)
d’avant-guerre. Alors que la barre VR était un volume horizontal continu,
contenu hermétiquement dans du verre, l'unité révélait sa structure cel-
lulaire grâce aux balcons brise-soleil et aux auvents en porte-à-faux sur
le corps principal du bâtiment. Ces brise-soleil, avec leurs murs latéraux,
marquaient le volume des unités à deux étages s'étendant sur la largeur
du bâtiment — formes de mégaron construites à l’intérieur de la structure
en béton de la manière dont les bouteilles sont disposées dans un casier.
Des «rues » intérieures à un étage sur deux permettaient l’accès hori-
zontal vers les unités qui s’assemblaient par croisements.
Cette morphologie cellulaire exprimait automatiquement le regrou-
pement de logements privés (cf. le projet Rogq et Rob), alors que la gale-
rie commerciale et les équipements communautaires sur le toit servaient
à établir et à représenter le domaine public. Le statut honorifique de cet
ensemble plus grand était exprimé au rez-de-chaussée par des colonnes
au profil délicat supportant le bas-ventre du bâtiment. Ces pilotis, pro-
portionnés avec précision suivant le Modulor de Le Corbusier, suggé-
raient l'invention d’un nouvel ordre «classique ». Réunissant ses trois
cent trente-sept logements grâce à une galerie commerciale, un hôtel,
une terrasse, une piste de course, un bassin à patauger, un jardin d’en-
fants et un gymnase, l’unité était autant un «condensateur social » que
les immeubles soviétiques des années 1920. Cette intégration totale des
services communautaires rappelait le modèle du xix® siècle du phalans-
tère de Fourier, non seulement de par la taille, mais aussi de par son iso-
lement par rapport à l’environnement immédiat. Et de même que le
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LES SOURCES ET LE CONTEXTE
Kenneth FRAMPTON, L'architecture moderne, une histoire critique, 1'° éd. en anglais,
Londres, 1980, éd. française, Paris, Philippe Sers, 1985, pp. 197-198.
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LES SOURCES ET LE CONTEXTE
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LES SOURCES ET LE CONTEXTE
De la Reconstruction à l'urbanisation:
la production et son contexte
Un pays dévasté, où partout règne la pénurie de biens matériels, un
pays qui émerge d’une crise politique majeure :en 1945, rien dans
la France de la Reconstruction ne semble favoriser la commande
d’édifices d'habitation modernes et sophistiqués. Le moment est
plutôt celui de la mobilisation des ressources pour faire face dans
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LES SOURCES ET LE CONTEXTE
Amiens, ville parmi tant d’autres, nous rappelle l'extrême pénurie de logements
qui s’installe de façon durable partout sur le territoire français au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale. Sur les sites touchés par les destructions de la guerre, entre 1940 et 1945,
qui n’ont épargné aucune région, des constructions sommaires et provisoires hébergent
les sinistrés. Des centaines de milliers de personnes attendront, pour la plupart de longues
années, un relogement dans des édifices de la reconstruction.
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L'UNITÉ D'HABITATION
DE MARSEILLE
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Marseille, boulevard Michelet, c’est la cité radieuse. Ou encore
un monument historique de luxe. À moins d'être paralysé par
une vision distraite opiniâtre, la vue de l’unité de Marseille ne pl. I-p. 160
laisse pas indifférent. Parce que, dans cette large artère, où le bâti ne
parvient pas à répondre à ses dimensions monumentales, l’insolite
est là : un vaste espace libre, de grands arbres derrière un rideau de
cyprès formant écran, et les formes minérales de l’unité, en retrait de
l'avenue, dans un lieu dont on ne sait s'il est privé ou public. Des
masses, un volume, des épaisseurs minérales formidables qui distin-
guent l'édifice de son environnement. Sur le côté : un étrange blockhaus,
dont les courbes semblent dessinées par Mirà ; une construction miro-
bolante donc, tout à fait à sa place, comme cet abominable calembour
lui-même, dans ce monde qui semble venu d’ailleurs. Par devant : un
parvis ponctué d'objets improbables. De loin : des pilotis massifs qui
laissent courir le regard, au-delà d’un parc, parvis paisible et sans pro-
tocole, d’où s'écartent les voitures, dont les couleurs vives sont entr'aper- p. 77
çues plus loin, au-delà. Plus haut : une élévation alvéolaire, dont les
multiples cellules donnent l'échelle ; à cette distance, le béton brut et pl. III-p. 160
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L'UNITÉ D'HABITATION DE MARSEILLE
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L'UNITÉ D'HABITATION DE MARSEILLE
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L'UNITÉ D'HABITATION DE MARSEILLE
soleil, ne refusant pas la ville, mais n’en faisant plus son unique objet.
La commande par Raoul Dautry du prototype de Marseille, en 1945, per-
met à l'architecte de concrétiser ses nouvelles idées et de réaliser un
immeuble total, véritable témoin de la fin des villes. Un abri, un repli, une
arche pour la traversée des tempêtes à venir? Les villes modernes ne
peuvent plus, pour Le Corbusier, exister comme architecture.
Patrice NOVIANT, « Vichy: le refus des villes », Urbanisme, n° 282, 1995, pp. 76-77.
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L’UNITÉ D'HABITATION DE MARSEILLE
rue intérieure (dessin FLC 27 191). L'ossature forme une trame dis-
tincte de celle des cellules :trois cellules occupent deux travées de
l'ossature, ce qui entraîne la présence de piliers dans la partie
médiane d’une cellule sur deux, celle-ci étant plus large que les
autres. Une double paroi sépare deux appartements contigus.
Plusieurs formules d’escalier intérieur sont élaborées, avec des
emplacements distincts : à volée simple, à double volée avec un
palier intermédiaire. Enfin, et en suivant les recherches déjà
conduites sur le plan en 1944 (dessin FLC 27 192), les pièces humides,
cuisine et sanitaire, ont un plan arrondi, en forme de nodules, qui
suggèrent des volumes préfabriqués intégrant des équipements
sanitaires. Ces dessins sont repris dans L'Homme et l’architecture,
n° 1-2, 1945 (pp. 24-27). La capacité cumulée des trois bâtiments (trois
cent cinquante-huit appartements, pour mille six cents habitants)
préfigure la capacité de l’unité à venir.
L'avant-projet de 1946
Le second terrain proposé se situe boulevard Michelet, côté est.
L'avant-projet correspondant à cette implantation est étudié de mars
à juin 1946; les documents graphiques essentiels sont publiés en
novembre, dans L’Architecture d'aujourd'hui, et Le Corbusier signe
un article intitulé : « Urbanisme 1946 : les travaux ont commencé »
(pp. 3-6). Le dispositif est à peu près arrêté: les dimensions sont à
peu de choses près les dimensions définitives :140 m de long, 50 m
de haut, 22 m de profondeur, et dix-sept niveaux, avec cinq rues inté-
rieures. Si les pilotis sont encore cylindriques, l’ossature en béton
porte cette fois sur un «terrain artificiel», dont la coupe biseautée sur
les flancs montre bien les deux poutres maîtresses longitudinales
appuyées sur les pilotis, une partie essentielle du système construc-
tif définitif. Le principe d’une construction à ossature se précise,
comportant six piliers dans l'épaisseur du bâtiment, avec parois,
planchers et plafonds rapportés. La trame est maintenant unique,
et donc identique pour la structure et les cellules. La longueur du
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L'UNITÉ D'HABITATION DE MARSEILLE
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L'UNITÉ D'HABITATION DE MARSEILLE
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L'UNITÉ D’'HABITATION DE MARSEILLE
Du béton à la philosophie
Plus qu’un simple bâtiment [l'unité d'habitation de grandeur conforme]
est une sorte de cité coopérative intégrant aux logis divers services col-
lectifs. Immense barre sur pilotis, l'unité a été orientée de façon à présenter
un pignon au sud. Les façades ont été munies de ces brise-soleil, qui ser-
vent aussi de balcons. Le Corbusier aurait aimé une construction en acier,
mais les conditions économiques de l’après-guerre l’interdisaient. Ce fut
donc un bâtiment en béton.
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L'UNITÉ D'HABITATION DE MARSEILLE
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L'UNITÉ D’'HABITATION DE MARSEILLE
A 12 18 (chambres d’hôtel) 16
B pa 27 26
C 59 45 44
El 98 13 (non traversant) 21
E2 98 196 (traversant) 199
G 137 35 17
H 176 / 203 mire
334 326
La conduite du chantier
Le projet du gros œuvre n’est pas achevé que de nouveaux aléas inter-
viennent :le 3 janvier, le sous-secrétariat d'État à la Reconstruction
informe le délégué départemental du MRU que le financement du
projet est remis en question. Après de nouvelles interventions, le
rétablissement de ces crédits est acquis le 21 janvier. Échaudé,
Le Corbusier achève le projet, le fait approuver par l’administration
du MRU en mars, et au même moment, ouvre le chantier, entre-
prend les forages et les fondations. Les baraques de chantier sont en
place, et on implante le chemin de grue, à l’est du bâtiment, entre les
dépôts de matériaux de gros œuvre et l’édifice projeté. Mais ce démar-
rage du chantier ne supprime pas les incertitudes : dans un contexte
économique national difficile, le ministère de la Reconstruction fait
à nouveau pression pour que les projets des immeubles d'État soient
révisés dans le sens du moindre coût; il faut les interventions
conjointes de Claudius-Petit et de Cristofol, devenu maire de Marseille,
pour que le chantier de l’unité ne soit pas fermé; l'issue est dans
l’étalement du financement de la construction, qui portera sur plu-
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L'UNITÉ D'HABITATION DE MARSEILLE
mit
L'UNITÉ D’'HABITATION DE MARSEILLE
ter et d’exiger des calculs afin de réduire le diamètre des pilotis, et voilà
p. 82 que brusquement arrivaient des pilotis énormes, toute cette masse [...]. Je
me souviens avoir eu plus tard une conversation avec Michel, alors qu'ils
étaient en train de faire les villas Jaoul, de sorte que j'étais impressionné
et je protestais, disant que c'était une absurdité d’ériger une telle masse
en béton, cette chose préhistorique, un procédé tellement primitif, quand
en réalité le béton armé sous-entend une spéculation intellectuelle, à
savoir tirer parti de la structure, des possibilités de la structure, de l’éco-
nomie, et ne jamais employer le béton pour la masse. Mais c'était un mou-
vement qui était en train de surgir. Nous n’étions pas préparés à cette
façon de construire, mais après avoir vu le résultat à Marseille jai com-
mencé à chercher à comprendre. Ces pilotis ! Il faut aussi se rendre compte
que l’édifice étant isolé comme il l'était au milieu du terrain, ça n'avait
pas de sens de compter sur le commerce de rue, ces boutiques si agréables.
C’est pourquoi il a eu l’idée de faire un étage pour le commerce, une rue
intérieure, avec des boutiques, des magasins, des bureaux.
Lucio CosrTa, 1995.
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L’UNITÉ D'HABITATION DE MARSEILLE
Le second œuvre
La phase suivante, celle de l'équipement technique et du montage
des appartements, implique une multitude de décisions : l’évacua-
tion des déchets, le choix du système de chauffage, la sélection des
matériaux pour l’isolation des parois des appartements, l'étude de
la cuisine et de ses équipements. Pour les déchets, un broyeur d’évier
dans chaque appartement est complété par une petite déchetterie
automatique, alimentée par gravité; elle est abritée par un bâti-
ment dessiné en 1951 par Afonso et Xenakis, en forme de block-
haus, construit dans le parc, dans l’axe longitudinal de l’unité. Pour
le chauffage, après l’examen de diverses possibilités (rapport
Bonhomme, 14 décembre 1949, FLC), un double dispositif est retenu:
électricité et chaudière au mazout ; celle-ci, en 1951, après de labo-
rieuses discussions entre Wogenscky et Bodiansky, ne sera pas loca-
lisée dans l'étage technique, mais enterrée, comme le proposait ce
dernier. La mise au point des menuiseries des baïes qui ouvrent les
salles de séjour sur les loggias est l’occasion d’une réalisation res-
tée exceptionnelle : pour ces vitrages ouvrant en partie basse vers
l'extérieur, et qui s’effacent dans l’épaisseur de la loggia, la menui-
serie originale combine dans le même dispositif, de facture robuste,
un seuil, la commodité d’une banquette et l’habillage d’un chauffage
électrique posé en plinthe, que vient compléter une quincaillerie à
l'ergonomie étudiée.
C’est dans ce traitement des ouvrants que la générosité de cette
incitation par Le Corbusier au «savoir habiter», prend son sens.
Au lieu d’être une proposition de nature «consumériste », c’est la
proposition d’un lieu inédit dans l’habitat, tel qu’il attend de chaque
habitant l'invention d’un usage, en terme de mode de vie, de cette
limite si souvent médiocre ou mal exploitable, entre le dedans et le
dehors. Ici, la seule référence possible pour cette ingéniosité domes-
tique renvoie aux trouvailles de Pierre Chareau pour les aména-
gements de la maison du docteur Dalsace, rue Saint-Guillaume à
Paris, où la présence du concepteur sur le chantier avait permis,
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La cérémonie d’inauguration
p. 88 À la fin des travaux, l'inauguration de l'unité, le 14 octobre 1952,
est un moment fort. Dans l’allocution qu’il prononce en remettant à
Claudius-Petit l'unité d'habitation de Marseille, «commandée par
l'État, libre de toute réglementation », Le Corbusier ne cache pas les
difficultés rencontrées. Il remercie le ministre «pour sa sympathie
indéfectible », et «ses collaborateurs, ouvriers et entrepreneurs [...],
ceux qui nous ont aidés et non pas ceux qui se sont mal conduits ».
Le laconisme de cette allocution — pas un mot pour la part prise par
Bodiansky — fut remarqué ; amertume devant une œuvre qui le laisse
insatisfait ou bien lassitude, sinon épuisement, au terme d’une rude
série d'épreuves ? La presse régionale se divise suivant un clivage
durable : à gauche, La Marseillaise et Le Provençal sont favorables ;
à droite Le Méridional est très hostile. Le 25 juillet 1953, la visite de
l'unité par les congressistes du IX® CIAM, réuni à Aix-en-Provence,
réitère à l’architecte la consécration de ses pairs.
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L'UNITÉ D'HABITATION DE MARSEILLE
538 AP). Bien que, jusqu’à présent, aucune trace documentaire n’éta-
blisse dans le projet de l’unité de Marseille la continuité de la pro-
position, il est tentant de constater que l’investissement de Le
Corbusier dans la mise au point de ce projet se confond avec la
démonstration des possibilités qu'offre une transformation radicale
du statut de la production et de la gestion de l'habitat. On peut aussi
comprendre que la discrétion dans l'affirmation du contenu théo-
rique se soit imposée ; s’il avait été exprimé avant l’achèvement, il
aurait été de nature à justifier, sous la pression d’une partie du per-
sonnel politique ou d’une partie de la presse, des critiques d’une
toute autre nature et d’une toute autre portée que celles qui se mani-
festèrent, anodines ou destinées à sombrer dans le ridicule. Ce choix
politique resta donc implicite; il est occulté par le mutisme de l’ad-
ministration, jusqu'aux décisions que prend celle-ci en 1951, dans la
période qui précède l’ouverture du bâtiment. L'État a longtemps
temporisé pour remettre en question le statut locatif, et pour cause,
puisque l’immeuble ISAT supposait la mise en location des loge-
ments ; celle-ci une fois effective, rien ne s’opposait plus à la cession
par les Domaines des logements et des équipements. Et, en même
temps, cette cession devait intervenir le plus tôt possible pour évi-
ter que ne se mette en place, dans l’intervalle, une gestion temporaire,
au service des locataires, de ces équipements collectifs.
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L'UNITÉ D'HABITATION DE MARSEILLE
Téléphone et sécurité
Le téléphone intérieur, qui relie tous les appartements, est dans un pre-
mier temps utilisé pour relier les membres bénévoles d’une équipe de
sécurité intérieure à l'immeuble, une vingtaine d'habitants, qui reçoivent
une formation adaptée. Depuis les années 1980, le syndic et le conseil
syndical confient à une entreprise privée le gardiennage et la sécurité, assu-
rés par un personnel qui a reçu la qualification ad hoc, équipe que ren-
force le régisseur ; notons que le respect des normes a été facilité par
l'absence de réseau de gaz dans l'immeuble.
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La transformation de la réception
et la construction d’une identité
Depuis le climat polémique qui dominait la période de la mise en
service, les appréciations externes locales se sont transformées.
L'unité de Marseille ne laisse pas indifférent et les excès mêmes des
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L'UNITÉ D'HABITATION DE MARSEILLE
Épilogue
L'unité d'habitation de Marseille a une double vie. Elle est à la fois
le chantier de l’invention, de la construction et de la création des
formes, où se tisse de façon étroite la pensée de Le Corbusier et de
ses collaborateurs avec l'intelligence des praticiens dans l'exécution.
Elle est aussi l’objet et le lieu d’une œuvre, définie et perçue par les
représentations, les mots, les images et les mémoires.
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L'UNITÉ D'HABITATION DE MARSEILLE
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Avant-projet sur le côté est du boulevard Michelet, façade ouest, 10 mai 1946.
En raison de cette implantation sur un terrain en face du site définitif, cette élévation
devient celle où l’architecte met au point les figures principales du bâtiment, en relation
avec l'élaboration de la structure : les alvéoles régulières des loggias, l'expression
des circulations verticales par une paroi, la continuité de la galerie marchande,
dont les vitrages ne sont pas encore accompagnés par le dispositif du brise-soleil
(que l'architecte mettra d’abord au point dans l’usine Duval à Saint-Dié).
L'étage technique est en place, le pilotis correspond à une double travée dans l'élévation
(on remarque des pilotis doubles au droit des joints de dilatation). Sur le toit débute
la distribution des superstructures : le gymnase et la partie destinée aux enfants
sont en place. Il n’est pas encore question d’école : les coupes et les plans correspondants
désignent une utilisation médicale, hélio et hydrothérapie,
en relation avec le projet de dispensaire.
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Le chantier : les pilotis. Le pan oblique de l’étage technique est déjà décoffré,
le fût des pilotis est encore sous coffrage. Le document, en montrant la précision
de l'assemblage des pièces de coffrage, suggère l'importance du travail de calepinage,
ce dessin préalable des détails de la construction.
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Chapitre III
Rezé (A. Anselmi, architecte). Difficile de ne pas faire, ici, une place
au regard aigu et peu complaisant de Julien Graca, un des trop rares
auteurs littéraires de sa génération à savoir goûter la ville et ses lieux :
«Deux ponts presque continuellement embouteillés par le trafic
relient aujourd’hui Nantes, par-dessus son fleuve, à une rive sud qu'à
l’ouest de Saint-Sébastien, je ne reconnais plus : les prairies de la Sèvre
et leurs saules têtards ont laissé place à un paysage qui n'est ni la
ville, ni vraiment la banlieue, mais plutôt, si on regarde du haut d’un
belvédère comme celui de Sainte-Anne, une ébauche de cité-jardin lais-
sée à l'abandon, reconquise par les espèces sauvages et par une végé-
tation hirsute de plantes rudérales. Au milieu de cette plantation
pavillonnaire assez diluée, la cité radieuse de Le Corbusier à Rezé
dresse son bloc enfumé qui semble moins une “résidence”
que plutôt une
réplique, égarée en zone résidentielle, de la centrale électrique toute
proche de Cheviré. » (La forme d’une ville, dans Œuvres complètes,
tome IL, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1985, p. 834.)
Et du même auteur encore, plus loin :
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L'UNITÉ D’'HABITATION DE REZÉ
que celui-ci limite son propos à des Suggestions pour un plan direc-
teur de transformation de la ville de Nantes — titre définitif de l'étude
en septembre 1945. Bien lui en prend, puisque c’est à partir d’une
position déontologique sans défaut que Le Corbusier sera amené à
solliciter l'avis de Roux-Spitz pour le projet de Rezé.
C’est donc une personnalité proche intellectuellement de
Le Corbusier (il est son défenseur dans le procès que lui intente en
août 1949 la SEGF) et un citoyen déjà mobilisé dans les affaires
d'urbanisme et d’architecture qui suggère à ses amis de la Maison
familiale, trois ans après, de faire appel à Le Corbusier pour édifier
des logements sociaux exemplaires. Il n’est pas indifférent que l’ins-
pirateur éclairé de cette expérience devienne ensuite une figure
locale, spécialiste du droit maritime ; Gabriel Chéreau sera bâtonnier
du barreau de Nantes en 1963 et premier président de la Fondation
Le Corbusier, de 1968 à 1971.
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Chronologie du projet
Le 29 juillet 1949, le conseil d'administration de la Maison familiale pp. 208-209
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La polémique
Le financement des prêts n’est toujours pas accordé; en juillet,
la commission des prêts au MRU ajourne sa décision, les repré-
sentants des organismes d'HLM étant opposés. Maïs le ministre
apparaît à Wogenscky décidé à convaincre les membres de la
commission d'attribution des prêts HLM qu’il est lui-même dési-
reux de faire exécuter le bâtiment. Le 5 octobre, le chef de cabi-
net de Claudius-Petit présidant la commission, les crédits — 782
millions pour deux cent quatre-vingt quatorze appartements —
sont attribués ; l'administration du MRU et celle des Finances
signent l’arrêté interministériel correspondant le 8 novembre.
Le contrat de l'emprunt avec la Caisse des dépôts est signé le
21 janvier 1952.
C’est vraisemblablement en relation avec ce calendrier et avec
la volonté d’enrayer le processus de financement, alors que le pro-
jet technique du bureau Séchaud et Metz est établi, que les adver-
saires de Le Corbusier choisissent de lancer au grand jour une
attaque virulente contre le projet de Rezé. Le 18 janvier, deux archi-
tectes, Charles Labro, architecte des Bâtiments civils et des Palais
nationaux, et Béguin, secrétaire général du Comité national des
classes moyennes et président de la sous-commision de la construc-
tion et du plan à l’aménagement du territoire, tiennent une confé-
rence de presse à Paris au siège de la Société des architectes DPLG
(Diplômés par le Gouvernement), 100 rue du Cherche-Midi. Cette
attaque en règle est connue par un document remis à la presse
(FLC N4-14.39). Elle porte surtout sur l'octroi de prêts HLM à l’opé-
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L'UNITÉ D’'HABITATION DE REZÉ
Un financement original
Le projet définitif est connu par le descriptif du 31 juillet 1952, rec-
tifié le 31 mars 1958. Les surfaces et la répartition des deux cent
quatre-vingt quatorze appartements sont fixées (entre parenthèses,
la répartition effective ) :
B 23 m°? 33 (29) (HLM I BB 30 m?)
45 m? 33 (46) (HLM II B 46 m2)
D 59 m2? 26 (15) (HLM III B 57 m2)
E 90 m? 183 (190) (HLM IV B 68 m2)
F 112 m2? 14 (5) (HLM V B 82 m2?)
G 123 m°? 5 (9) (HLM VI B 96 m2)
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L'UNITÉ D'HABITATION DE REZÉ
Derniers obstacles
Après les études techniques détaillées qui occupent l’année 1952,
intervient l’exemption du permis de construire, accordée le 23
décembre, Claudius-Petit étant encore ministre. Les appels d’offres,
lancés en juin 1952, conduisent à des prix trop élevés, incompatibles
avec le budget des travaux; à la suite de deux concours successifs,
jugés négatifs en octobre 1952 et janvier 1953, le maître d'ouvrage
prend la décision de poursuivre par des marchés de gré à gré, conclus
le 26 février 1953.
Après le départ de Claudius-Petit du ministère, en janvier 1953,
et son remplacement par Pierre Courant, des difficultés nouvelles et
inattendues s'accumulent. Une dernière autorisation du ministre
est nécessaire avant d’ouvrir le chantier. Alfred Simon, directeur de
cabinet du nouveau ministre, reçoit le 10 avril 1953 une délégation
de Rezé, composée de Jean Raulo, Émile Decré, Jacques Gauducheau
(pour la Maison familiale) et de Benezet, maire de la ville. À ceux-
ci, qui font état d’un financement acquis, d’études terminées — celles-
ci ont coûté 23 MF à la Maison familiale ! — et d’adjudications
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L'UNITÉ D’'HABITATION DE REZÉ
L'édifice habité
La durée du chantier, mené à bien en dix-huit mois, s’inscrit dans les
limites fixées par le maître d'œuvre ; contrastant heureusement avec
les travaux interminables de Marseille, ce chantier contribue jusqu’au
bout à la satisfaction de l'architecte. Les travaux sont achevés le
21 mars 1955. Dès le 16 mars, les premiers habitants font leur entrée.
En juillet ont lieu l'inauguration (le 2) et la réception provisoire (le
16). Le parc, l'étang et sa passerelle sont en dehors de toutes les
normes du logement social, comme, dans le hall, la boutique d’un
buraliste-marchand de journaux et une agence postale, et le sol, en
ardoise de Trélazé, dont les grandes dalles dessinent un puissant
opus incertum. Les trois ascenseurs sont sans doute les plus grands
et les plus récents de toute l’agglomération nantaise.
Dans les étages, les rues intérieures — avec leur ambiance sombre,
pl. XI-p. 162 le sol en dalami noir, l'éclat de couleur des portes, les blocs des boîtes
à lettres au droit du palier des ascenseurs — sont toutes identiques.
Les rues n° 1-2-4-5-6 desservent trois niveaux de plancher, la rue
n° 3 deux seulement. En relation avec les vides laissés par les esca-
liers, de nombreux locaux sont disponibles pour les «clubs » et acti-
vités que gère l’association des habitants de la Maison radieuse,
dont les statuts, étudiés dès 1953, ont permis une mise en place
rapide. Sur le toit-terrasse, bordé par une étroite piste périphérique,
les volumes de l’école maternelle et l’auvent qui protège son accès occu-
pent l'essentiel de l’espace ; on y trouve une aire de jeux, au nord, les
deux cheminées d'aération et un belvédère en surplomb sur la façade
est, installé au-dessus des volumes de la batterie d’ascenseurs ; on
y accède par un étroit escalier aérien.
Les appartements les plus nombreux sont traversants (type E)
avec les deux variantes :supérieure (chambres à l’étage) ou infé-
rieure. La réduction de l'épaisseur du bâtiment (par rapport à
Marseille) supprime pratiquement le vide du séjour, dont il ne sub-
pp. 158-159 siste qu'une trémie au-dessus de l'escalier intérieur, espace inter-
médiaire dans la partie médiane entre les sanitaires et la chambre
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Cette population d’origine est jeune ; tous les chefs de famille ont
moins de 50 ans, et la plupart d’entre eux (53 %) ont entre 25 et 35
ans. Expression claire du baby-boom de cette période, il y a en
moyenne plus de deux enfants par famille; ces enfants sont pour
46 % dans la classe d'âge des 6-12 ans. Une partie des habitants ont
derrière eux un passé de militants : syndicalistes, politiques ou ani-
mateurs de la vie associative.
Les conditions sont réunies pour une adhésion forte à l’unité
des premiers locataires, qui ont vécu leur installation comme «une
libération par rapport aux conditions d'habitat antérieur [...] ; la
mémoire habitante traduit avec relief l’immensité de l’attente des
ménages aux portes des HLM ». Ils y trouvent, en premier lieu,
un logement spacieux, dont la dimension est adaptée au nombre
et à l’âge de leurs enfants, un équipement (cuisine, sanitaires,
ascenseurs) et un confort (ventilation et chauffage) qui sont sans
commune mesure avec les habitations de l’agglomération nan-
taise à l’époque, où tous ces critères mettent l’unité en position
d'exemple exceptionnel. Les points de vue sur les particularités de
l’espace du logement viennent en second lieu; la distribution en
profondeur et sur deux niveaux est très appréciée pour ses aspects
pp. 158-159 fonctionnels (séparation parents / enfants, ou activités / repos) et
symboliques (ressemblance avec une maison). C’est dans la rela-
p. 87 tion avec la loggia que les habitants expriment leur préférence
très majoritaire pour le type montant, où la loggia prolonge direc-
tement la salle de séjour, et où les chambres sont «en haut», et non
«en bas», ce qui les dévalorise.
Le parc et la maternelle sont l’objet d’une très vive adhésion;
la maternelle est non seulement un «service public» dont la proxi-
mité est appréciée, mais où les relations avec les institutrices et
aussi avec les autres parents sont plus fortes. Les fonctions initiales
du hall, avec un marchand de journaux et une agence postale, sont
celles d’un point de passage obligé qui favorise,à l'instar de la place
du village, les relations entre les habitants.
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L'UNITÉ D'HABITATION DE REZÉ
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La réhabilitation et après.
À partir de 1980, plusieurs travaux sont conduits par Loire-Atlantique
habitations : réfection des pseudo-rochers sur le toit-terrasse et
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L'UNITÉ D'HABITATION DE REZÉ
tations avec les associations, est menée par Joël Guibert de février
à mai 1987; limitée par les conditions de la commande à une enquête
par questionnaire fermé (cent quarante réponses sur deux cent
trente ménages sollicités), cette enquête de caractère statistique
actualise les données sur la population et fait le point sur les satis-
factions (2/3 de satisfaits, 1/3 d’insatisfaits) et sur les attentes des
locataires.
Précédés d’une phase de concertation, qui débouche sur la pré-
sentation aux locataires d’un appartement-test le 12 mars 1988, les
travaux sont menés entre avril et novembre 1988.
Une journée «portes ouvertes », le 21 janvier 1989, vient clore
l'opération par la présentation au public d’un appartement réamé-
nagé ; les documents illustrés édités par la maîtrise d'ouvrage à cette
occasion insistent sur la sauvegarde du concept de «village verti-
cal», de «village en plein ciel», sur le rôle de l’école et sur les clubs
et activités proposées par l’association des habitants, qui gère et
anime «l’appartement témoin où sont préservées les traces et la
marque de Le Corbusier ».
Le coût global de ces deux registres de travaux (en chiffres arron-
dis) est de 2,6 MF pour les travaux de sécurité et de 9,4 MF pour les
travaux d'amélioration, ce qui conduit, avec les honoraires, assurances
et frais divers (2,2 MF) à un montant total de 14,2 ME, un coût financé
par une subvention d'État (20 %), un prêt de la Caisse d'épargne (70%),
et les fonds propres de Loire-Atlantique habitations (10 %).
Mais la satisfaction résultant de ces travaux est contredite par
l'augmentation des loyers et de nombreux départs sont enregistrés :
soixante-douze en 1988 et trente au premier trimestre 1989. Loire-
Atlantique habitations entreprend alors un appel à candidature et
constate que les familles avec enfants sont rebutées par l'exiguïté des
appartements. La société gestionnaire entreprend de céder certains
d’entre eux à des étudiants en colocation, par l'intermédiaire d'accords
avec le CROUS (centre régional des œuvres universitaires et sco-
laires), et à de jeunes couples. Tout cet effort est bien reçu puisque,
en septembre 1989, la quasi-totalité des appartements offerts à la
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L'UNITÉ D’'HABITATION DE REZÉ
La reconnaissance de l’œuvre
Présente, chez les acteurs internes, tout au long de la procédure de
la réhabilitation, la reconnaissance de l’œuvre bénéficie, depuis la fin
des années 1980, des attentions de l’active politique municipale
menée par le député-maire de Rezé, Jacques Floch, élu en 1978.
Celui-ci considère en effet que, à côté de l’archéologie (qui établit
l'importance des activités sur le site de la rive gauche de la Loire, véri-
table frontière naturelle à l’époque protohistorique), l'architecture
contemporaine est un élément primordial d’une identité de Rezé
dans l’agglomération nantaise :«Le Corbusier est notre signature
internationale », dit-il. Membre fondateur de l'association Villes et ban-
lieues, présent dans l'émergence du mouvement « Banlieue 89 » (aux
côtés de l'architecte Cantal-Dupart, originaire de Rezé), Jacques
Floch mène dans la commune une politique d’édification consé-
quente : la ville commande plusieurs édifices publics, une média-
thèque (Maximiliano Fukssas, arch.) et surtout l'hôtel de ville,
pl. VII-p. 161 construit de 1987 à 1989 par Alessandro Anselmi, dont les volumes
organisent une spectaculaire mise en scène des points de vue vers
la «maison radieuse ». Cette attention de la ville de Rezé prend dans
les années suivantes des aspects concrets, qui la constituent en par-
tenaire des instances de gestion et de l’association des habitants.
Mentionnons d’abord l'extension du parc, qui passe de 2 à 6 hec-
tares, défendu vigoureusement par l’Association des habitants de la
Maison radieuse, avec succès, contre les projets récurrents de nou-
veaux tracés de voirie ;ensuite l’acquisition par la ville de deux
appartements, destinés à devenir des lieux d'exposition.
Vient enfin la délicate question de l’application des nouvelles
normes de sécurité, posée en 1986 par les services de la sécurité
civile (ministère de l'Intérieur), lorsque ceux-ci constatent que l’unité
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L'UNITÉ D’HABITATION DE REZÉ
Épilogue
Au contraire de ce que suggère la chronologie des travaux, l'unité de
Rezé, si elle est édifiée au lendemain de la mise en service de
Marseille, n’est en rien la réplique d’un édifice existant. Elle est déci-
dée en 1948 - les travaux de Marseille débutent à peine, à la faveur
d’une opportunité politique, Claudius-Petit devenu ministre — avec
des objectifs et des attendus inédits et spécifiques, puisqu'ils expri-
ment de façon authentique la volonté d'hommes déjà acteurs du
mouvement social :améliorer le logement des travailleurs, à l’inté-
rieur des normes définies par l'administration, pour démontrer et faire
date ;pour ces militants, si l’action est locale, une volonté démons-
trative plus large, capable de s'imposer au mouvement social dans
son ensemble, prédomine. Leur démarche veut conjuguer efficacité
et exemplarité.
Dans la suite des unités d'habitation de Le Corbusier, ce projet
d’une architecture produite par les forces du mouvement social reste
unique. Dans tous les autres cas, construits ou non, les initiatives pro-
viennent des politiques. Il n'empêche que les appuis que donne
Claudius-Petit à l’opération, du début jusqu’à la fin, sont décisifs.
Son destin est aussi unique par les oppositions qui se sont dressées
pour empêcher, dans un climat de polémique sans précédent, la
démonstration que se proposent d'opérer des militants, à partir d’une
petite structure locale ; dans l’organisation de la campagne de presse,
tout se passe comme si les adversaires mobilisent l'opposition natio-
nale à Le Corbusier pour interdire des objectifs qui sont ceux du
réformisme social.
À Rezé, en raison de la qualité du projet social et culturel,
l'épreuve du temps est particulière, puisque le statut des coopérateurs-
locataires, même si la législation l’efface formellement, fixe une
empreinte résistante. Cette mémoire de l’objectif initial fonde une cul-
ture spécifique, à la fois chez les habitants et chez les gestionnaires,
d’où le rôle continu de l’association des habitants de la Maison
radieuse dans l’histoire du lieu. Cette culture, difficilement com-
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L'élévation de l’unité de Rezé, vue du sud-est, vers 1970. En raison d’une structure
simplifiée, l'étage technique disparaît, et avec lui tout l'effet du sol artificiel.
Les pilotis sont deux fois plus nombreux, mais leur minceur, celle de simples voiles
de béton alternés, atténue la figure du portique monumental. Depuis le travail des
photographes sur l’école maternelle de Marseille, qui enchanta Le Corbusier,
l’image des enfants est un des lieux communs du reportage sur les unités.
Mais ici, elle prend un sens particulier, en raison de la proximité des responsables
de l’organisme constructeur, la Maison familiale, avec la Caisse d'allocations familiales
de Loire-Atlantique. Ne perdons pas de vue que la période est celle du baby-boom.
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Chapitre IV
L'UNITÉ D’'HABITATION
DE BRIEY-EN-FORÊT
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L'UNITÉ D'HABITATION DE BRIEY-EN-FORÊT
Un produit de la prospérité.
Le promoteur de cette idée lumineuse est un ex-secrétaire d'État au
Travail du gouvernement de Léon Blum, Philippe Serre, ancien député
de Briey et conseiller général, qui a commencé sa carrière politique
contre François de Wendel aux législatives de 1932, dans la circons-
cription de Briey, sous la bannière du mouvement Jeune République,
où il côtoie, parmi les militants parisiens, Eugène Petit, le futur
Claudius-Petit (B. Pouvreau, 1999). Est-ce à celui-ci que Serre doit
d’être devenu un fervent des idées nouvelles de Le Corbusier ? Fervent
— il sera un des premiers locataires de l'unité de Briey — et déterminé:
dès février 1954, il discute l’intention initiale de Le Corbusier de
construire une unité plus grande qu’à Nantes, et demande une réplique
à Briey de la construction de Rezé. Après la visite qu’il effectue dans
cette ville à la fin de 1954, Philippe Serre convainc ses amis de l’as-
semblée départementale de soutenir un projet présenté par un office
public intercommunal d'HLM, créé en 1951, réunissant quarante-trois
communes de l'arrondissement, et dont le directeur est J.-J. Grumbach.
Ce projet est appuyé par le maire de Briey, un ami de Philippe Serre,
le docteur Pierre Giry. Ce dernier accueille, le 15 septembre 1955,
Le Corbusier devant le conseil municipal, d’abord réticent devant ce
choix qui paraît un choix personnel du maire. Le Corbusier, fort de
l'achèvement et de l'inauguration toute récente de l’unité de Rezé, n’a
pas de mal à emporter l'adhésion de son auditoire.
La prospérité de la commune, assurée par les redevances des
sociétés minières et industrielles, permet d'engager l'opération. Le
site choisi, après l'accord de la direction des Mines, s'inscrit dans le
plan d'urbanisme confié depuis 1953 à Georges-Henri Pingusson,
qui, par opposition à Briey-le-Vieux, définit le nouveau quartier de
Briey-en-Forêt, avec ses équipements, comme la zone d’extension de
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et qui n’ont toujours pas été réparées depuis 1962, la désaffection des
locataires ».
Le 15 décembre 1967, lOPHLM de Meurthe-et-Moselle, à la
suite de pressions de l’État et des collectivités locales, prend le relais
de lOPHLM de Briey et devient le gestionnaire de l'unité, vraisem-
blablement sans un enthousiasme excessif chez ses dirigeants. Le pro-
jet de l’ouverture en 1965 d’un centre commercial sur le site échoue.
Dès 1971, l’amicale des locataires, qui réclame des interventions
plus actives de la mairie, lance ses premiers cris d'alarme : «Briey-
en-Forêt veut vivre ! » Présenté par un jeune conseiller municipal, Guy
Vattier, le projet d’un ambitieux centre socioculturel est adopté par
le conseil municipal en novembre 1972, mais non réalisé; soixante
appartements demeurent vacants. La machine à disqualifier l’unité
est en route: les équipements sociaux éducatifs et les commerces
sont demeurés absents, tandis que pèse une «gestion paresseuse »,
comme l'écrit alors Wogenscky, puisqu'elle écarte par le surloyer les
ménages aisés.
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François LOYER, «Le destin ambigu d’un opposant», Le Figaro, 5 novembre 1987, p. 39.
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Un sauvetage problématique
La période qui suit débute dans la confusion. Entre l’'OPAC, pro-
priétaire de l'édifice, et les défenseurs de l'avenir de l’unité, avec
à leur tête le nouveau maire de Briey, Guy Vattier, élu en 1984,
partisan convaincu d’un sauvetage, le conflit est réel. Il est marqué
par une vive guerre de communiqués, relayés par la presse régio-
nale, qui rend compte avec objectivité de l'affaire : sous la plume de
J. Heller, Le Républicain lorrain consacre une série à l’affaire («Vie
et mort d’un rêve», 27 juillet-7 août 1987). Bien des attendus de ce
conflit devront un jour être éclaircis ; quel rôle y joue l’opposition
endémique entre le chef-lieu, Nancy, et le «haut pays» de Briey?
Quels sont les enjeux électoraux?
Les démarches que Guy Vattier avait conduites en avril 1984
pour recenser les besoins immobiliers des entreprises ou adminis-
trations décentralisées, dans le cadre du «Plan acier » défini par le
gouvernement de Laurent Fabius, étaient restées vaines. Il en découle
que les solutions doivent être trouvées sur place; l'installation des
services de la Sécurité sociale minière, en pleine restructuration,
est proposée, mais sans résultat. En juin 1985, une première étude
de réhabilitation, conduite par l'OPAC, reste sans suite, malgré l’ap-
pui que lui donne le maire de Briey.
Celui-ci prend alors l'initiative, et des négociations s’enga-
gent pour l’achat d’une partie de l’unité par l’hôpital Maillot, dont
le maire de Briey préside le conseil d'administration ; l'OPAC fixe
à 3 MF la vente de 7500 m2. Le 12 février 1986, le conseil d’ad-
ministration de l’hôpital Maillot propose d'acquérir un tiers des
appartements de l’unité afin d’y installer une école d’infirmières
et des logements de fonction pour le personnel de l’hôpital.
L'arrêté autorisant la cession est signé par le préfet le 18 novembre.
Mais l'OPAC, en ne signant pas l’acte de vente, bloque les travaux
qui ne peuvent commencer ; le 17 mars 1987; le directeur de l’hô-
pital, Bernard Schmitt, indique que l’urgence des travaux d’ex-
tension pourrait le conduire à chercher ailleurs la solution.
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L'extension de la controverse
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La réhabilitation
Les travaux de réhabilitation d’un tiers de l'unité, conduits par l’hô-
pital Maillot, sont adjugés en juillet; ils débutent en août, sur un
projet étudié par les architectes Rauzier et Boos, de Saint-Avold. Ils
ont pour objet de réaliser l’école d’infirmières et les locaux de l’internat
dans l'aile nord. L'école d’infirmières occupe les niveaux 1, 2 et 3,
les soixante studios les niveaux 4, 5 et 6; quatre appartements de fonc-
tion sont prévus dans la 4° rue. Bernard Schmitt, directeur du centre
hospitalier général Maillot, précise à cette occasion que son établis-
sement ne se substituera pas aux investisseurs privés pour le reste
de la réhabilitation, ce qui suppose la vente des deux tiers de l’unité.
Dans les étages, pour permettre l’agrandissement des locaux par
l'ouverture des murs séparatifs entre les cellules, les travaux de per-
cement des voiles font l’objet d’un choix technique. Le découpage au
chalumeau à béton est écarté, le déplacement des lourds fragments
de paroi qui en résultent faisant problème ; on choisit la destruction
au marteau piqueur. Une nouvelle chaufferie est installée sur la ter-
rasse;elle s’appuie sur des plots en attente, prévus pour porter le bâti-
ment de l’école. Enfin, pour améliorer l'apparence, la structure de
béton est peinte.
En octobre, dans le cadre des manifestations du centenaire de
la naissance de Le Corbusier, de nombreux visiteurs et les caméras
des médias (Antenne 2) fréquentent le site, observent et commentent
le chantier. La visite d’un groupe d’élèves de l’École des Ponts et
Chaussées, accompagnés de leurs professeurs, est célébrée par la
presse régionale ;c’est l’occasion pour le maire de la ville d'évoquer
un des projets qui lui tient à cœur, la création d’un centre européen
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L’embellie
La nouvelle ère débute en juillet 1988, par l'installation dans leurs
appartements des premiers copropriétaires, regroupés dans une nou-
velle structure juridique : la «Résidence Le Corbusier». Le 7 sep-
tembre est inaugurée l’école d’infirmières de l'hôpital Maillot (devenue
depuis un institut de formation en soins infirmiers). Trois ans plus
tard, en mars 1991, la totalité des appartements est vendue.
Appuyée par la ville, par le département et par la région, la
démarche des animateurs du centre d'architecture prend corps dans
des délais plus longs. Le projet est original : il définit sa mission à par-
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Épilogue
Pensée pour loger la population variable née localement de la crois-
sance, l'unité de Briey est née d’un projet politique, qui trouve en
elle l'outil d’un service public municipal de l'habitat — un concept
déjà identifié pour l’unité de Marseille, Réponse à la demande d’un
élu au conseil général, le projet subit assez rapidement les effets de
l'instabilité politique et de l’alternance électorale. L'unité de Briey
est, dès le début, un projet «sous influence» : les élus au conseil géné-
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Chapitre V
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DE FIRMINY
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qu’en 1955 qu'il est chargé des édifices du centre civique de Firminy-
vert, c’est-à-dire du stade et de la maison de la Culture, et en 1960
de l’église Saint-Pierre, étudiée depuis l’année précédente. La piscine
couverte est confiée à André Wogenscky, un théâtre couvert de 600
places est étudié par José Oubrerie en 1960. L'opération reçoit en
1961 le grand prix d'urbanisme.
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L'interprétation du programme
L'unité d'habitation à Firminy est une réalisation de l'office muni-
cipal d'HLM, entièrement financée dans le cadre des budgets en
vigueur pour l’habitat social. Le bâtiment, couvrant une surface de
27 859 m?, se rapproche par ses dimensions de l’unité de Marseille :
130,35 m de longueur, 50 m de hauteur, 21 m de profondeur. Il s'élève
sur vingt niveaux, les niveaux 18 et 19 sont consacrés à l’école, le
niveau 20 sert d'espace de récréation; les locaux affectés à l’école
maternelle s'étendent sur 1638 m2. Les quatre cent quatorze appar-
tements de l’unité sont ventilés en trente-deux types différents, dans
une gamme de surfaces allant de 25 m? à 113 m?; les appartements
de grande surface sont peu nombreux: quarante appartements de type
F5, dix-neuf de type F6. Ils sont desservis par sept rues. La structure,
pl.XV-p. 162 proche de celle de Rezé, comporte des voiles verticaux implantés,
comme à l’habitude, sur une trame de 3,66 m, et dont un sur deux
s'appuie sur des portiques, au nombre de trente. Une galerie tech-
nique médiane porte sur la tête des portiques. Le réseau thermique
est alimenté par la centrale de chauffage urbain.
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La crise de 1983-1984
Les faits démographiques se prêtent à cette stratégie à la fois dis-
suasive et coercitive : tandis que la population de Firminy décroît, le
taux d'occupation de l’unité baisse à partir de 1975, et en 1983 le
nombre de logements vacants (deux cent soixante) l'emporte sur
celui des logements occupés. Le 7 juillet 1983, le conseil d’adminis-
tration de l'OPHLM, passant à l’acte, décide de fermer la partie nord
du bâtiment et de regrouper au sud tous les locataires restants. Les
charges de chauffage sont mises en avant pour justifier cette déci-
sion. Dans chaque rue intérieure, la section nord est condamnée et
rendue inaccessible par un mur de parpaings.
En réponse, la mobilisation de l'association des locataires est
puissante ; l'entrée de la mairie est symboliquement murée (26 jan-
vier 1984), le conseil d'administration de l'OPHLM occupé, et une
délégation est reçue à Paris par le directeur de l’Architecture, Christian
Dupavillon. Au projet de vente des appartements à leurs habitants,
qui aurait pu avoir pour résultat d’atténuer le brassage social opéré
dans l'unité, les locataires opposent un refus massif. Les prises de
position des élus PS et RPR leur sont favorables. Un modus vivendi
est enfin trouvé, les murs de parpaings sont remplacés dans les rues
par des parois vitrées, tandis que la partie nord est mise hors chauf-
fage en octobre 1983. À partir d'octobre 1984, plusieurs appartements
de la partie sud (une vingtaine) font l’objet d’un «couplage », destiné
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L’UNITÉ D’'HABITATION DE FIRMINY
Démarches et projets
En octobre 1994, le conseil d'administration de lOPHLM de Firminy,
sur incitation de la direction de l'Architecture, confie, avec le soutien
de la Caisse des dépôts et après appel d'offres, une analyse pré-opé-
rationnelle sur la partie nord de l'unité, à l’architecte Henri Ciriani
et au programmateur Joxe; les conclusions sont livrées le 27 mars
1996. Première conséquence concrète de la protection comme MH, la
réfection du toit-terrasse, confiée à l’architecte en chef Grange-
Chavanis, est mise en œuvre (juillet - décembre 1996) pour un bud-
get financé à 50 % par l'État, à 25 % par le conseil général de la Loire,
et à 25% par la ville et l'OPHLM de Firminy.
Les études pour la réhabilitation de l’unité et pour la rénovation
des parties privatives sont engagées à partir de janvier 1995. En
décembre, le conseil d'administration de lOPHLM donne son accord
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L'UNITÉ D'HABITATION DE FIRMINY
aux orientations proposées par Henri Ciriani dans son rapport : amé-
nager la partie nord, pour accueillir à la fois de nouveaux logements
(vingt environ), et de nouveaux usages, impliquant la recomposition
pp. 158-159 d’une partie de l’espace intérieur (sans modification des élévations),
créant ainsi une «fenêtre urbaine». Par ailleurs, un groupe de tra-
vail — qui réunit autour du maître d'ouvrage (l’OPHLM), la ville,
l'association Le Corbusier pour l’église de Firminy-vert, la société
d'histoire de Firminy — précise en février 1996 le nouveau programme
de cette recomposition de la partie nord: accueil et hébergement
pour le tourisme culturel, ateliers d'artistes, centre culturel de ren-
contres, centre de formation aux métiers de la ville (en liaison avec
l'École d'architecture de Saint-Étienne). En 1998, le ministre des
Transports, de l'Aménagement du territoire et du Logement, Jean-
Claude Gayssot, débloque 3 MF pour débuter les travaux de réha-
bilitation de l’unité.
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L'UNITÉ D’HABITATION DE FIRMINY
Épilogue
À Firminy, la relation de l’unité avec son contexte historique est
double : issue d’une analyse démographique qui envisageait une très
forte augmentation de la population de la commune, elle subit de
plein fouet les conséquences de l’effondrement industriel des années
1970 ; née de la volonté politique d’un élu, Claudius-Petit, elle devient,
après sa défaite électorale, l’objet de ce qu’il faut bien nommer un
règlement de comptes symbolique. La turbulence d’une partie des
habitants y marque la vie collective plus qu'ailleurs, par le «bouillon
de culture » qu’elle abrite, si bien qu’elle est la seule des unités où se
maintient, de façon intransigeante et complète, le statut initial d’im-
meuble HLM locatif.
Confrontée à un entretien insuffisant, la population se mobi-
lise à Firminy bien davantage dans la défense de ses droits de loca-
taires et de ses équipements collectifs, comme l’école, que dans la
revendication d’un droit à l’œuvre d’architecture ; cette notion de
l’œuvre qu’on voit se développer ailleurs pour l'unité d'habitation
elle-même, prend ici la forme d’une inscription de l’édifice dans les
références locales à Le Corbusier, c’est-à-dire dans l’ensemble des
édifices que celui-ci avait conçu pour le «centre civique ».
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L'UNITÉ D’'HABITATION DE FIRMINY
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L'UNITÉ D'HABITATION DE FIRMINY
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LÉGENDES DES PLANCHES I À V
Planche I
Unité d'habitation de Marseille, vue de l’est (en 1986). La photo met en évidence l'insertion du
bâtiment, indépendante des tracés de voirie, et la puissance de sa masse, en totale opposition
avec le bâti hétéroclite du quartier. Sur le toit-terrasse, on distingue la distribution discontinue
des équipements : de gauche à droite le bassin pour les petits, la crèche,
une première cheminée de ventilation, la tour carrée de la machinerie des ascenseurs, la coque
de la couverture du gymnase, une seconde cheminée de ventilation et le podium.
Dans l'élévation alvéolaire, les profondes loggias restituent l’échelle de chaque habitation ;
les claustras de la partie droite indiquent l’étage de la galerie marchande.
Planche II
Unité d'habitation de Marseille, élévation est et dispositif d'accès (en 2001).
Cette vue frontale met en évidence les procédés du collage dans l’esthétique de Le Corbusier :
juxtaposition de la répétition régulière des percements de la paroi qui abrite les cages
d'escalier et des variations de la trame orthogonale des loggias, contraste du portique
des pilotis avec un socle plein, nécessaire à la mise en valeur des reliefs en creux
qui illustrent le système des proportions du Modulor.
Planche III
Unité d'habitation de Marseille, vue du nord-est (en 2001). Les effets de masse
et d'épaisseur s’accordent à la présence tactile du béton brut de décoffrage ; ils participent
à l’esthétique de l’espace public, tandis que les effets picturaux donnés par la polychromie
dans les loggias qualifient par leur diversité ce qui relève des espaces personnels
et domestiques. Cette différenciation, amorcée dans les années 1930 (pavillon de la Suisse
à la Cité universitaire de Paris), trouve ici son aboutissement.
Planche IV
Unité d'habitation de Marseille, vue des pilotis (en 2001). Cette vision familière du portique
s'impose aux habitants en quittant le vestibule. Elle exalte le traitement plastique
monumental des espaces collectifs dans l’unité et leur jeu dans la lumière.
Effets de l’art, la masse des pilotis est fictive (ils sont creux) et la poutraison et le plafond
de béton brut sont l'habillage d’un étage technique.
Planche V
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LÉGENDES DES PLANCHES VI À X
Planche VI
Unité d'habitation de Marseille, toit-terrasse et passage sous la crèche (en 2001).
Coins et recoins : dans cette sorte de lucarne du « grenier », ici à ciel ouvert,
les espaces proches encadrent la vision d’une succession de lieux : la rampe en pente douce
de la crèche, les minces pilotis qui la supportent, le bassin pour les petits, les espaces
de jeux, et au loin les collines de Marseille-Veyre.
Planche VII
Planche VIII
Unité d'habitation de Rezé, élévation vue de l’est (en 1999). L’énormité de la masse,
sa rudesse, et le chatoiement des couleurs dans l’espace habité des loggias ;
de près , que reste-t-il du « bloc enfumé » qu’apercevait de loin Julien Gracq ? Un morceau
de « ville à la campagne » ? À ceci près que ce rapport idéal à l’environnement résulte
en partie d’une extension récente, par décision municipale, de l’espace du parc,
qui passe de deux à six hectares. Un rapport élaboré dans le temps, et conforme à cette
recherche d’un équilibre entre formes techniques de l’architecture contemporaine, et plénitude
organique de son complément végétal. Une compréhension positive, par les élus locaux,
de la contribution de Le Corbusier à l’histoire de l'esthétique du paysage urbain au xx*° siècle,
et de sa part dans l’amélioration souhaitée pour tirer vers le haut l'habitat populaire.
Planche IX
Unité d'habitation de Rezé, la pièce d’eau (en 1999). Au pied de l'édifice, les architectes
tirent parti des excavations d’une ancienne carrière de schiste pour créer un bassin
que franchit une passerelle, où se succèdent les apprentis pêcheurs. Complément
inattendu au programme d’un HLM, la pièce d’eau participe à cette promotion de l’habitat
populaire par un complément ludique, au-delà du nécessaire. On voit ici la générosité
du projet, jamais démentie par les usages depuis quarante ans.
Planche X
Unité d'habitation de Rezé, les pilotis (en 1999). Si le traitement des surfaces — béton brut
et polychromie — reste identique à celui de Marseille, les changements structuraux
sont importants. Alors qu’à Marseille les appartements sont supportés par une grille de béton
(page 83), ici des voiles de béton, séparatifs des appartements, partent des fondations
et multiplient par deux le nombre des piliers apparents. Plus minces, ces voiles dessinent
des pilotis alternés qui forment un portique très différent de celui de Marseille. Par ailleurs
la suppression de l'étage technique atténue l'important effet de socle de celui-ci.
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LÉGENDES DES PLANCHES XI À XVI
Planche XI
Unité d'habitation de Rezé, une rue intérieure (en 1999). Malgré le changement
de quelques équipements (boîtes à lettres, luminaires), l'esthétique d'ensemble de la rue
intérieure a été préservée, au prix d’un entretien très attentif. Le dallage thermoplastique
du sol est d’origine, sa couleur noire met en valeur la polychromie.
Planche XII
Unité d'habitation de Rezé, le chantier de restauration des façades (1995-1999).
Après une étude très poussée, la restauration des façades conduit au remplacement de toutes
les pièces de béton moulé qui constituent les loggias. On voit ici, menée de haut en bas
sur les appartements du pignon sud, la dépose des garde-corps, mise en œuvre à partir
d’une longue nacelle suspendue à des mâts métalliques. Cette opération est devenue
depuis la référence pour d’autres chantiers (restauration du Pavillon du Brésil,
Cité universitaire de Paris).
Planche XIII
Unité d'habitation de Rezé, vue du nouvel hôtel de ville (en 1999). Ce nouvel hôtel de ville,
construit de 1987 à 1989 par l’architecte Alessandro Anselmi, est conçu comme
un effet de « mise en scène » de la « Maison radieuse » : le bâtiment en deux parties comporte
à gauche une haute superstructure incurvée, dont le mouvement conduit le regard
vers l'édifice de Le Corbusier. Peu d'exemples témoignent d’une telle attitude face
au patrimoine moderne : hommage d’une génération à une autre, construction d’un espace
propice à la mise en valeur d’un élément de l’histoire locale récente. C’est dans cet acte
que se vérifie, par les décisions municipales, l'élaboration de la valeur de l’œuvre,
qui s'ajoute à une valeur d'usage admise par tous à Rezé.
Planche XIV
Unité d’habitation de Firminy, élévation vue de l’est (en 1999). Dernière version du type,
l'unité d'habitation de Firminy n'échappe pas aux vicissitudes de la crise industrielle
des années 1970, qui conduit à l’effondrement de la demande de logements sociaux.
Sur ce document, les appartements de la partie nord , à droite du volume des circulations
verticales, sont désaffectés, et les parties communes correspondantes condamnées.
La fermeture de l’école, visible ici sur le toit-terrasse, a soulevé de vives controverses.
Planche XV
Unité d'habitation de Firminy, vue partielle de l'élévation ouest (en 1970). Plus encore
qu’à Rezé, la plastique des élévations est simplifiée : le béton lisse ne fait plus de place
aux parements minéraux, la claustra du garde-corps est remplacée par une paroi de verre,
la polychromie est réduite. Dans ce document, l'appropriation des espaces verts
par la première génération des habitants ne laisse aucun doute sur leur compréhension
des qualités propres de l’unité.
Planche XVI
Unité d’habitation de Briey, vue du sud-ouest (en 1991). Très proche par ses élévations
de l’unité de Rezé, l'unité de Briey tranche par son implantation isolée dans un site boisé,
qu’elle domine. Après les aléas de la fermeture et de l’abanddn, puis la mise en vente
des appartements, suivie des concessions jugées nécessaires — la peinture du béton brut
par exemple — le document montre combien il est difficile de concilier les critères
du marché immobilier avec le respect de l’authenticité de l’œuvre.
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Chapitre VI
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LES UNITÉS D’'HABITATION : DE L'ÉLABORATION À LA RÉCEPTION
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LES UNITÉS D’'HABITATION : DE L'ÉLABORATION À LA RÉCEPTION
Technique et architecture
Le départ de Bodiansky oblige l'atelier de Le Corbusier à se tourner
vers les bureaux d'étude; c’est ainsi que Laffaille puis Freyssinet
sont consultés pour la construction de Rezé; à partir de 1959, c’est
le bureau d’études Présenté, sous la forme d’un «service exécution»,
qui suit les études de construction, en particulier pour adapter le
type de l’unité à des procédés d’industrialisation.
L'achèvement de l’unité de Marseille, en raison peut-être des
questions mal résolues de sa gestion, fait de Le Corbusier un chef
d'agence ambigu. Il a, en effet, d’une part, tout lieu d’être satisfait
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LES UNITÉS D'HABITATION : DE L'ÉLABORATION À LA RÉCEPTION
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LES UNITÉS D'HABITATION : DE L'ÉLABORATION À LA RÉCEPTION
L'obstacle de l’industrialisation
L'obligation de passer par des approches technologiques plus pous-
sées, pour multiplier les répliques du type dans des programmes
d'urbanisation, largement accessibles à ce moment, avive ces ten-
sions. Entre 1952 et 1960, Le Corbusier est sollicité, comme il ne
l’a jamais été, et à maintes reprises, pour construire des unités
d'habitation. En janvier 1961, un tableau établi par le bureau
Présenté fait état de quatorze unités en cours d’étude sur sept
sites distincts ;mais en dehors de l’unité de Firminy, aucune ne
verra le jour.
Que s'est-il passé ? C’est dans l’industrialisation des procédés de
construction, et à cause du partage grandissant du pouvoir avec les
ingénieurs, que les tensions accumulées à Marseille jouent un rôle
dissuasif. Le corollaire de ces attitudes et de ces contraintes est un
ensemble de contradictions. D’abord, la pression pour augmenter
les salaires et reconnaître l’apport personnel des collaborateurs se
renforce dans l’agence, où elle exprime des insatisfactions nom-
breuses. On traverse alors une période de plein emploi pour tous les
métiers de l'architecture et les «patrons» d'agence, grandes et petites,
embauchent à tour de bras. Or, en août 1959, en réponse à leurs
demandes salariales, trois des collaborateurs principaux de l’agence,
Maisonnier, Tubito et Xenakis, sont brutalement licenciés, sans la
moindre explication.
Ensuite, mener à bien de grands projets d'urbanisation, pour
répondre à la croissance forte des besoins de logement dans les
centres urbains, implique des performances que les méthodes tra-
ditionnelles d'étude et de construction ne parviennent pas à satis-
faire. Pour des programmes de plusieurs milliers de logements, les
délais de construction ne peuvent pas être ceux de Rezé: dix-huit
mois de chantier pour trois cents logements. Pour mettre en chan-
tier plusieurs unités d’habitation à la fois, la double difficulté — d’une
limite serrée des prix et de délais de réalisation courts — impose le
recours à des procédés de construction industrielle, qui exigent eux-
— 167—
LES UNITÉS D’HABITATION : DE L'ÉLABORATION À LA RÉCEPTION
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LES UNITÉS D’HABITATION : DE L'ÉLABORATION À LA RÉCEPTION
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LES UNITÉS D’HABITATION : DE L'ÉLABORATION À LA RÉCEPTION
du logis et le souci d’aider les femmes dans leurs tâches ménagères pp. 86-87
La réception interne
Esquissons une typologie. Il s’agit d’abord d’une réception interne,
incontestable à Marseille et à Rezé. Elle est faite de l'enthousiasme
des premiers groupes d'habitants, de l’action des gestionnaires, atten-
tifs aux usages et à un entretien cohérent, d’une part, et de celle des
responsables d’associations, des militants qui prennent à la fois en
charge la prescription d’un savoir-habiter et la mémoire des lieux,
d'autre part. Pour une minorité d’habitants, ces pratiques locales
sont mises en réseau, dans la durée, par des visites organisées d’une
— 171—
LES UNITÉS D’HABITATION : DE L'ÉLABORATION À LA RÉCEPTION
unité à une autre, par des séjours croisés, notamment entre Marseille
et Rezé. Le regard et la mémoire d’une unité, pour ces habitants,
s’enrichissent et se relativisent par les informations sur les autres
unités, leur distribution, les services, l'équipement des appartements.
Et au fur et à mesure que se précise la perception de l’œuvre et de
sa valeur, les unités, dans ce processus banal de comparaison, font
l'objet, chez les habitants, d’une construction mentale originale.
La réception locale
Vient ensuite une réception locale, qui implique les partenaires de
l'édifice à l’échelle du territoire municipal. Le meilleur exemple est
pl. VIII-p. 161 Rezé où, à partir des années 1980, les élus municipaux engagent
pl. XIII-p. 162 des actions fortes qui valorisent l’édifice dans l’espace urbain, au
point d’ajouter une superficie nouvelle au parc public complétant
l'unité, au point de l’incorporer dans le jeu scénographique produit
par l'édification de nouveaux bâtiments. Avec comme double issue l’in-
corporation de l'édifice à l’image de marque du territoire municipal,
et l'adoption d’une œuvre de Le Corbusier, la Main ouverte, comme
idéogramme officiel. L'implantation d’une unité, dans les conditions
d’une réception très positive, produit des effets différés sur une
longue durée, pratiquement d’une génération d'élus à une ou deux
autres.
— 172—
LES UNITÉS D'HABITATION : DE L'ÉLABORATION À LA RÉCEPTION
mé
LES UNITÉS D’'HABITATION : DE L'ÉLABORATION À LA RÉCEPTION
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LES UNITÉS D’HABITATION : DE L'ÉLABORATION À LA RÉCEPTION
De l’opprobre à la gratitude ?
La longue durée de la réception — près d’un demi-siècle — donne une
consistance remarquable et significative à certaines approbations
différées ;en fait, on observe des réceptions successives, dans un
contexte instable. Une des manifestations les plus remarquables est
celle exprimée par le dessinateur Jean-Marc Reiser en 1973. À ce
moment, dans un contexte bien différent de la sévère pénurie des ori- p.177
gines, Reiser, porte-parole de préoccupations libertaires et écolo-
giques, délivre un message enthousiaste sur le niveau de confort
offert par les unités «il y a trente ans» (notons au passage que sa men-
tion du vide-ordures de Briey trahit un séjour sur place). Le sup-
port, Charlie-hebdo, un périodique bien connu pour sa virulence,
ajoute au sens de cette reconnaissance profane. La durée contribue
ici à faire apparaître un sens nouveau.
La longue durée donne aussi toute sa signification au respect
de l'édifice comme objet matériel, lorsqu’à l'évidence ce respect se
consolide, par l’entretien du gros œuvre, les interventions sur les
parties communes, les décisions successives sur les équipements
techniques. À Rezé, la qualité de l’entretien du sol des rues inté- pl. XI-p. 162
rieures — un dallage plastique d’origine — prend valeur d’un mani-
feste de la pérennité ; à Briey, la mise en peinture de la structure
évoque les concessions faites à l’authenticité du bâtiment. Ces pl. XVI-p. 162
données fragmentaires, assemblées, enrichissent la valeur de
l’œuvre : elles font référence à une durée franchie, à des degrés
de la résistance à l’usure et au temps. Et ce ne sont pas des per-
formances seulement mécaniques et triviales, mais des décisions
et des opérations qui laissent une empreinte durable sur l'édifice ;
venues de gestionnaires ou de techniciens, ces traces enrichissent
d’une accumulation de données positives l’observation des lieux.
À l'inverse, la vision à Firminy d’une partie de l’unité, désertée et
clôturée, est l'équivalent d’un message d’alerte sur le statut critique
du bâtiment.
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LES UNITÉS D’'HABITATION : DE L'ÉLABORATION À LA RÉCEPTION
Page ci-contre : dessin de Jean-Marc Reiser paru dans Charlie-Hebdo, n°152, 15, octobre 1973.
— 176—
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LES UNITÉS D’HABITATION : DE L'ÉLABORATION À LA RÉCEPTION
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CONCLUSION
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difiées avec la générosité du visionnaire qui croyait que l’ar-
chitecture conduisait à la «maison des hommes», ces quatre
unités forment aujourd’hui un ensemble unique. À la fois
proches et distinctes l’une de l’autre, elles se sont imposées, bien au-
delà de leur valeur d'usage, dans les actes et les décisions d’un milieu
local, dans les références à une culture architecturale de la moder-
nité, et au rang des œuvres majeures signées par une haute per-
sonnalité de l’histoire architecturale du xx° siècle. Assurément, toutes
les composantes de leur statut artistique l’ont finalement emporté
sur la désuétude, sur l'indifférence et sur les négligences qui expli-
quent le sort banal que notre société réserve depuis les années 1960
au logement de masse, jusqu’à l'application, pour les quatre unités,
des textes qui fondent la protection des Monuments historiques ;
d’où le haut niveau des restaurations récentes qui ont requis des
financements importants.
Mais leur intégration dans la culture locale est peut-être plus
profonde que celle d’une pièce, même éminente, dans un patrimoine
architectural. Tout se passe comme si de nombreux acteurs étaient
encore capables de voir, dans chacune des unités, l'empreinte des
passions qu’elles ont suscitées et comme si ce regard averti les armait
dans leur résistance à la banalisation. À la différence d’autres édi-
fices de cette période — par exemple les constructions de Perret et de
— 185—
UNE ARCHITECTURE TRAGIQUE
— 186—
UNE ARCHITECTURE TRAGIQUE
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CARACTÈRES TECHNIQUES
DES UNITÉS D'HABITATION CONSTRUITES
— 191—
ANNEXES
Principales entreprises:
gros œuvre : la Construction moderne française
(structure béton)
Travaux du Midi (éléments de béton vibré)
Ateliers Jean Prouvé (structure planchers)
étanchéité : Asphaltoit
sols, planchers bois : Barthélémy
revêtements de sols: Modep, Barges
menuiserie bois : Barberis (baies et équipement des cuisines)
vitrerie : Baget
serrurerie : Bricard
ascenseurs : Otis-Pifre
électricité : Chauvin-Geerincks, Robert, Noël et Pellegrini
canalisations et sanitaires : Laurent Bouillet / Paul Deux
chaufferie : Neu
Dimensions :
longueur: 137 m
épaisseur : 24 m
hauteur : 56 m
surface hors œuvre : 75 000 m2?
surface habitable : 28 773 m?
surface des équipements : 5738 m?
nombre d'appartements : 326
— 192—
ANNEXES
Principales entreprises :
gros œuvre et pilote: Compagnie d'entreprises électriques,
mécaniques et des travaux publics (CEEMTP)
revêtements de sols : Modep
menuiserie bois : Barberis (Ajaccio) et Bidoilleau (Nantes)
vitrerie : Alazard
serrurerie : Marin
ascenseurs : Otis
électricité : Chauvin-Geerinckx (Paris) et Vivant (Nantes)
- canalisations et sanitaires: Laurent Bouillet (Lyon) et Rinaud (Nantes)
chaufferie : Missenard-Quint (Paris)
et Lefort-Francheteau (Nantes)
Dimensions :
longüeur : 105,71 m
épaisseur: 19,03 m (loggias comprises)
hauteur : 51,80 m
surface hors œuvre : 36936 m°?
surface
des planchers d’appts: 20 921 m2 (dans le projet 32 905 m?)
surface des équipements : dans le projet 11 122 m°?
(avec les rues et les terrasses)
nombre d'appartements : 294
— 193—
ANNEXES
Principales entreprises :
gros œuvre et pilote: CEEMTP
étanchéité : Mines de bitume et d’asphalte du Centre
revêtements de sols : Revelor
menuiserie bois : Barberis
vitrerie : Alazard
serrurerie : J. Bernard
ascenseurs : Otis
électricité : Droniou
canalisations et sanitaires: Sanceau
chauffage et ventilation : Missenard-Quint
peinture : Martin
paratonnerre : Mongin
Dimensions:
longueur : 110 m
épaisseur : 20 m
hauteur : 50 m
surface hors œuvre : information non connue
surface habitable : 36 000 m2
nombre d'appartements : 339
— 194—
ANNEXES
Dimensions :
longueur : 131 m
épaisseur : 21m
hauteur : 55 m
surface habitable : 45 700 m2
surface des équipements : 7103 m? (sans les rues)
nombre d'appartements : 414
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PROJETS NON CONSTRUITS
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PROJETS NON CONSTRUITS
Pour la reconstruction de cette ville des Vosges, détruite par l’armée alle-
mande avant de se replier (8-19 novembre 1944), Le Corbusier propose un
plan d'ensemble en 1945. Maïs, pris dans une controverse qui met en jeu à la
fois plusieurs groupes de pression locaux et l'administration du ministère de
la Reconstruction, confronté au projet de l’architecte Jacques André (1904-
1985), officiellement chargé par le ministre de la reconstruction de la localité,
Le Corbusier, pourtant nommé architecte-conseil de la ville de Saint-Dié, le
19 avril 1945 — un titre dépourvu de toute valeur juridique — doit renoncer
en 1946; après la démission de Jacques André, le projet de Raymond Malot,
inspecteur de l'urbanisme à Nancy, est adopté par le conseil municipal en
octobre 1946 et mis en œuvre par l’architecte en chef Michau.
À Saint-Dié, Le Corbusier, fort de l’appui d’un jeune industriel, Jean-
Jacques Duval, et de ses amis, a trouvé «un site et un programme à la mesure
de ses ambitions, qui ont joué un rôle de catalyseur » (Bradel, 1994). À la croi-
sée de deux axes hérités des tracés du xvuI* siècle — nord-sud et est-ouest —
— 197—
PROJETS NON CONSTRUITS
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PROJETS NON CONSTRUITS
stade d’une proposition officieuse, est la première application tant soit peu
crédible de la Charte d'Athènes par son auteur. Sa réception par les profes-
sionnels est exceptionnelle, à la mesure de la diffusion des images du projet
dans le monde, reproduites, à la suite de l'exposition des plans à New-York,
dans de nombreuses revues, où elles acquièrent un statut d’exemplarité.
Depuis 1943, Le Corbusier montre plusieurs fois son intérêt pour l’urbanisa-
tion de Marseille. Après les quatre sites successifs qui lui sont proposés pour
implanter l'unité édifiée, le projet d'urbanisation de Marseille-Veyre répond
aux sollicitations en 1947 d’un géomètre, Léon Trouin (père d'Édouard Trouin,
le complice de Le Corbusier pour les projets de la Sainte-Baume). Proposant
une urbanisation des quartiers au sud de Marseille, le projet, dessiné en mai
1949, comporte les équipements publics nécessaires à une cité résidentielle de
quarante-six mille habitants, logés dans un ensemble de vingt-trois unités
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PROJETS NON CONSTRUITS
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1955 examiner les terrains disponibles pour une grande opération. Leur choix
se porte, à l’est de la ville, sur un site de 25 à 30 ha, limité par la boucle du
canal de l’Ourcq et la route nationale n° 3 au nord. Un projet est présenté
devant la commission plénière du conseil municipal le 30 septembre.
Devant le conseil municipal réuni en séance extraordinaire le 4 octobre
1955, le maire de Meaux, M. Barennes, déclare que, «pour faire face à la
situation tragique créée à Meaux et ses environs immédiats par la crise du
logement (et après avoir rappelé que) l'office n’a pu construire que cent
soixante-quatorze logements et cent logements de première nécessité, (il
informe) le conseil qu’à la suite des déclarations gouvernementales sur la
nécessité de construire davantage et sur l’annonce de crédits importants à
ouvrir en 1956, il a reçu de M. Le Corbusier des propositions pour la
construction à Meaux d’une «Ville radieuse» de deux mille logements ; des
études très sommaires ont été faites. Le chiffre de deux mille logements n’a
rien de fantaisiste, il paraît très raisonnable. Les conditions de construction
seraient les suivantes :
1 - Les constructions seraient effectuées non par l’office dont l’organi-
sation serait très insuffisante pour une opération aussi importante, mais
par une société d'HLM bien connue, la société Orly parc, qui a déjà collaboré
avec M. Le Corbusier.
2 — La ville de Meaux apporterait le terrain.
3 — Elle apporterait sa garantie aux remboursements des emprunts à
taux réduit que la société d'HLM aurait contracté, conformément à la légis-
lation sur les HLM. Le montant global de l'opération étant de 4 500 MF la
garantie porterait sur 85 % de ce montant, soit sur 3 825 MF.
4 — La ville avancerait les 15 % laissés à la charge de la société d'HLM.
Les commissions des finances et des travaux entendues, le conseil,
après avoir délibéré, décide que le principe de la construction d’une «ville
radieuse » de deux mille logements par la société Orly parc, sous la direction
de M. Le Corbusier architecte, est adopté» (extrait du registre des délibéra-
tions, archives communales de Meaux). Le Corbusier inclut, dans ce projet,
six unités d'habitation (ce nombre est ensuite réduit à cinq) et deux tours
pour célibataires et jeunes ménages. La presse locale, mettant en valeur le
compte-rendu de cette proposition spectaculaire, évoque des délais très
courts pour sa réalisation :«dix-huit mois», écrit le rédacteur de La Marne
(7 octobre 1955).
Un an après, l’opération, suivie et approuvée par le ministère, fait l’ob-
jet d’une nouvelle délibération du conseil municipal, qui charge l'office
public d'HLM de Meaux de l'opération (séance du 19 octobre 1956). L'admi-
nistration départementale régularise la situation en proposant la nomina-
tion d’un urbaniste chargé du projet d'aménagement de la ville, M. Calsat,
et demande au maire de désigner Le Corbusier pour la mise au point du
— 203—
PROJETS NON CONSTRUITS
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PROJETS NON CONSTRUITS
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PROJETS NON CONSTRUITS
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PROJETS NON CONSTRUITS
— 207—
CHRONOGRAMME DES UNITÉS D'HABITATION EN FRANCE
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Marseille UUJNT RO
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TABLEAUX CHRONOLOGIQUES
Le Corbusier
Dates Evénements
— 211—
TABLEAUX CHRONOLOGIQUES
Unité de Marseille
août 1945 Études préalables.
27 décembre 1945 Courrier MRU annonçant à la municipalité la décision
de construire une unité d’habitation à Marseille.
19 avril 1946 Avant-projet :études sur divers terrains.
— 212—
TABLEAUX CHRONOLOGIQUES
8 février 1951 La commission vient à Marseille pour fixer leur prix de vente.
mars 1951 Choix du système de chauffage.
26 août 1951 Réception du gros œuvre et mise au point de la polychromie.
12 septembre 1951 L'administration réclame une école «sur le terrain de
l'unité » ; étude pour une installation au 17° étage.
— 213—
TABLEAUX CHRONOLOGIQUES
Unité de Rezé
décembre 1948 Études préalables :choix du terrain.
25 novembre 1949 Commande: les honoraires sont fixés à 5 % du montant
des travaux.
1950 Étude du projet.
23 janvier 1951 Garantie de l'emprunt par la ville de Rezé.
24 mai 1951 Autorisation de principe du MRU.
28 septembre 1951 Accord du MRU sur la base d’un prix de revient de 600 MF.
8 novembre 1951 Crédits attribués par arrêté interministériel signé
des ministères de la Reconstruction et des Finances.
19 décembre 1951 Eugène Freyssinet est sollicité pour étudier la construction.
18 janvier 1952 Les adversaires du projet tiennent une conférence
de presse à Paris. |
21 janvier 1952 Contrat de prêt avec la Caisse des dépôts, puis mise
en route des études techniques détaillées.
23 décembre 1952 Exemption de permis de construire.
juin 1952 Premier appel d'offres.
octobre 1952 Echec du premier concours.
— 214—
TABLEAUX CHRONOLOGIQUES
— 215—
TABLEAUX CHRONOLOGIQUES
Unité de Briey
février 1954 Philippe Serre, conseiller général, demande la construction
d’une unité d'habitation.
1% février 1957 Le Corbusier et Wogenscky signent les contrats
de commande.
8 juillet 1957 Jugement de l’appel d'offres.
octobre 1957 La direction des Mines concède un terrain dans la forêt
de Napatan. L'Office public intercommunal d'HLM prend
la décision de bâtir l’unité.
4 mars 1959 Pose de la première pierre en présence de Le Corbusier.
20 mai 1959 Le conseil municipal décide la construction d’une école
de six classes sur le toit de l’unité.
mars-avril 1960 Étude du projet de l’école.
15 avril 1960 Le nouveau conseil municipal annule:la construction
de cette école.
17 novembre 1960 L'architecte Georges-Henri Pingusson quitte ses fonctions
d'architecte de la ville de Briey.
— 216—
TABLEAUX CHRONOLOGIQUES
— 217—
TABLEAUX CHRONOLOGIQUES
21 octobre 1987 L'hôpital Maillot vend à KLM Résidences les deux tiers
des appartements.
19 décembre 1987 Présentation des appartements-témoins et début
de la vente au public; création de la co-propriété
«Résidence Le Corbusier ».
juillet 1988 Installation des nouveaux occupants.
7 septembre 1988 Inauguration de l’école d’'infirmières dans l'unité.
septembre 1989 Création de l’association « La première rue ».
1990 Celle-ci achète trente-quatre appartements
et la plate-forme sous les pilotis.
1991 Premières activités culturelles et éducatives dans ces locaux.
12 novembre 1991 Exposition inaugurale «John Hejduk ».
1992 Exposition «Johnson-Kipnis ».
26 novembre 1993 Inscription de l’unité à l'inventaire supplémentaire
des Monuments historiques.
juillet 1996 Pour réduire ses charges, «La première rue» se propose
de mettre en vente une partie de son patrimoine
et décide de créer, au sein de cinq appartements,
un «Espace Le Corbusier», en sauvegardant dans son état
initial un appartement-témoin ouvert au public
(projet de J. Abram et K. Rabin).
20 juin 1997 La société civile immobilière Mabileau-Gauche achète
neuf appartements. «La première rue» cède
douze appartements supplémentaires, tandis que la ville
de Briey confie à l’architecte Bruno Reichlin
un important programme d'aménagement des abords.
12 juillet 1997 La propriété de la plate-forme sous les pilotis
est transférée à la co-propriété Résidence Le Corbusier.
février-octobre 1998 Bruno Reichlin et ses associés répondent à l’appel
d'offre de la ville.
30 avril 1999 Vente d’un dernier appartement supplémentaire
par «La première rue».
— 218—
TABLEAUX CHRONOLOGIQUES
Unité de Firminy
19 juin 1959 Commande de l'unité. Seconde visite de Le Corbusier
à Firminy et nouveaux dessins de l'architecte.
mars 1960 Contrat avec Le Corbusier.
avril 1960 Demande d’avances.
juin 1960 Dessins d'implantation.
14 juillet 1960 Courrier de Le Corbusier à Claudius-Petit confirmant
l'avancement du projet.
24 juin 1961 Troisième visite de Le Corbusier à Firminy.
mai 1962 Étude de coûts pour l’unité, selon les normes des HLM.
juin 1962 Premiers dessins des cellules par l'architecte de l’agence
de Le Corbusier, Rebutato.
avril 1963 Le Corbusier suggère à Claudius-Petit d'abandonner le projet.
mai 1963 Note d'honoraires de Le Corbusier (400 000 F).
avril-octobre 1963 Dessin définitif des cellules par Rebutato.
avril 1964 Plan d'urbanisation du quartier.
juin 1964 Projet de financement au titre des HLM.
décembre 1964 Choix des entreprises.
21 janvier 1965 Début des travaux.
21 juin 1965 Pose de la première pierre en présence de Le Corbusier.
octobre 1965 André Wogenscky devient maître d'œuvre, à la suite
du décès de Le Corbusier.
décembre 1966 Entrée des premiers habitants.
juillet 1983 L'OPHLM décide de fermer la partie nord;
opposition et mobilisation des habitants.
9 septembre 1993 Classement de l’unité comme Monument historique.
octobre 1994 L'OPHLM confie une étude de réhabilitation
et transformation aux architectes Henri Ciriani et Denis Joxe.
— 219—
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SOURCES
ET BIBLIOGRAPHIE
LE CORBUSIER (avec François de Pierrefeu), La Maison des hommes, Paris, Plon, 1942.
LE CORBUSIER et JEANNERET P., Ihr Gesamtwerk von 1910 bis 1929, Zurich,
Girsberger, 1934, traduction française sous le titre Œuvre complète 1910-1929,
Zurich, Girsberger, 1937.
— 221—
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
——— B. BIBLIOGRAPHIE —
Sur Le Corbusier :
ABRAM J., L'Architecture moderne en France, tome II, 1940-1965, Paris, Picard, 1998.
CHASLIN F., «Que sont devenues les quatre maisons du “fada”?»Le Monde, 30 nov. 1980.
— 222—
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
CHASLIN F., «Les infortunes d’un modèle (les cités radieuses de Le Corbusier) »,
Ville-Architecture, n° 1, mars 1996.
CHASLIN F., « Four Fadas Apartment Houses », Kenchiku Bunka, Tokyo, octobre 1996.
Cosra L., Registro de uma vivência, Sao Paulo, Empresa das Artes, 1995 ;
traduction française : Lucio Costa, xx° siècle brésilien, témoin et acteur,
Publications de l’université de Saint-Étienne / École d'architecture
de Saint-Étienne, Saint-Étienne, 2001.
Durox J.-P., «Note sur les travaux de consolidation et mise hors d’eau
de la terrasse et des constructions en superstructures »,
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SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
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sur la restauration de 1995-1999).
CHASLIN FF, «Das Ende einer Strahlenden Stadt? », Stadt, Berlin, 15 août 1985.
HELLER J., « Vie et mort d’un rêve», Le Républicain lorrain, 27 juillet - 7 août 1987.
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SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
GRESLERI G. , «Le Corbusier a Firminy», Parametro, Bologne, n° 27, juin 1974, pp. 16-33.
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TABLE DES MATIÈRES
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TABLE DES MATIÈRES
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TABLE DES MATIÈRES
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TABLE DES MATIÈRES
La réception interne FA
La réception locale 172
Les formes contrastées de la réception professionnelle 172
Les décalages de la réception culturelle 173
De l’opprobre à la gratitude ? 175
Les unités d'habitation au panthéon... 176
ANNEXES
Caractères techniques des unités d’habitation construites 191
Projets non construits 196
Chronogramme des unités d'habitation 208
Tableaux chronologiques 211
Le Corbusier 211
Unité de Marseille 212
Unité de Rezé 214
Unité de Briey 216
Unité de Firminy 219
Sources et bibliographie 221
Index 227
Index des lieux 227
Index des noms 228
Index des sigles 231
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Librairie de l'Architecture et de la Ville
Publiée avec le concours du Ministère de la culture et de la communication
(Centre national du livre et Direction de l'architecture et du patrimoine)
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LIBRAIRIE DE L'ARCHITECTURE ET DE LA VILLE
— 238—
LIBRAIRIE DE L’ARCHITECTURE ET DE LA VILLE
Lewis Mumford
Le piéton de New-York Jean-Jacques Deluz
Paris, Le Linteau, 2001 Alger, chronique urbaine
Paris, Bouchène, 2001
Claude Eveno
Un amateur d'architecture Henry-Russell Hitchcock
Besançon, L’Imprimeur, 2001 et Philip Johnson
Le style international
Fernand Pouillon, Marseille, Parenthèses, 2001
architecte méditerranéen
Sous la direction Edouard André (1840 - 1911).
de Jean-Lucien Bonillo Un paysagiste botaniste
Marseille, Imbernon, 2001 sur les chemins du monde
Sous la direction de Florence André
Benoit Goetz et Stéphanie de Courtois
La dislocation. Architecture Besançon, L’Imprimeur, 2001
et philosophie
Paris, La Passion, 2001 Lucien Kroll
Tout est paysage
Jean-Marie Pérouse de Montclos Paris, Sens & Tonka, 2001
L'architecture à la française.
Du milieu du XV° à la fin du xvur°
François Chaslin
Paris, Picard, 2001
Deux conversations
avec Rem Koolhaas et caetera
Jean Nouvel
Paris, Sens & Tonka, 2001
L'Église Sainte-Marie de Sarlat
Bordeaux, Le Festin, 2001
Jean-Christophe Bailly
Charles Garnier La ville à l'œuvre
Le nouvel Opéra Besançon, L’Imprimeur, 2001
Paris, Le Linteau, 2001
La querelle du fer.
Christian Dupavillon Eugène Viollet-le-Duc
Architectures du cirque contre Louis Auguste Boileau
des origines à nos jours présentation de Bernard Marrey
Paris, Le Moniteur, 2001 Paris, Le Linteau, 2002
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CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES
Pour les photos de la couverture, les planches I à XV du cahier couleur, ainsi que celles
des pp. 89, 145, 181, 182, 183 : G. Monnier /Archipress ; pour la planche XVI du cahier
couleur : J. Abram.
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