Vous êtes sur la page 1sur 9

Irriguer oui, mais pour quoi faire ?

Depuis une quinzaine d’années, En tant que maraîchère, l’accès à nés, chiffrés en millions d’euros, de
la gestion de l’eau et le partage de l’eau pour irriguer les légumes est raccordements à l’Isère pour arroser
la ressource sont sources de ten- fondamental. D’autant plus que je du maïs et des noyers. C’est ainsi que
sions dans les territoires (barrage de suis sur un terrain assez filtrant. En j’ai décidé de m’investir à la commis-
Sivens, « lac » de Caussade…). Les 2019, on a eu un problème, avec une sion « Eau » de la Conf’.
projets de « bassines » – réserves baisse de la quantité d’eau disponible Suite à cette AG des irrigant·es,
d’eau géantes, sur 10 hectares en dans notre forage. On a dû faire un j’ai gardé contact avec la personne
moyenne, entourées de hautes di- deuxième forage, mais on a mis en de l’OUGC (Organisme unique de
gues – se multiplient dans différentes parallèle plus de « goutte à goutte » gestion collective, chargé de gérer
régions, en particulier dans le Centre- (en plein champ, alors qu’il n’y en et répartir les volumes d’eau préle-
Ouest. En Rhône-Alpes, on n’est pas avait que sous serre) afin de dimi- vés à usage agricole sur un territoire)
épargnés par les projets de retenues, nuer notre consommation d’eau. Un avec lequel on a convenu que je rem-
soi-disant au profit des agriculteurs, collègue a, lui, fait une petite retenue placerais un maraîcher qui ne venait
mais en réalité surtout dédiées à la d’eau à l’échelle de sa ferme. À la pas aux réunions. En janvier 2012,
neige de culture dans les montagnes Confédération paysanne, nous ne l’OUGC a modifié la clé de réparti-
de Savoie ou Haute-Savoie. sommes pas opposés à ce type de tion des volumes d’eau en fonction
Ces envies de stocker toujours plus projet, tout est une question de taille du type de culture et type de sol ; ce
Isabelle d’eau sont liées à une croyance selon et de type de culture irriguée. n’est donc plus basé sur les volumes
Hibon, maraîchère laquelle cette eau est perdue : elle En tant qu’irrigante, je suis allée en historiques. Une première victoire !
en Isère
s’infiltrerait trop vite dans le sol, ou janvier 2020 à l’assemblée générale Par ce dossier, il s’agit de réinterro-
repartirait trop vite vers la mer… C’est de l’Association des irrigants de l’Isère. ger globalement le modèle agricole et
oublier que l’eau fait partie d’un cy- Quelle ne fut pas ma déception de me d’avancer des propositions concrètes
cle, et que vouloir s’immiscer dans ce trouver entourée d’agriculteurs (sur- pour une irrigation compatible avec
cycle, c’est jouer à l’apprenti sorcier. tout), discutant de projets subvention- l’agriculture et les écosystèmes. n

Campagnes solidaires N° 381 – mars 2022 I


Dossier

« Si on n’est pas cohérent avec le milieu,


État des lieux
on court à la catastrophe »
Florence Habets est directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
en hydrométéorologie, et enseigne à l’École normale supérieure.

Quel est le modèle de retenue Propos


manque d’oxygène en profondeur Des agriculteurs et agricultrices
en irrigation le plus fréquemment recueillis par (anoxie), avec des développements voient dans ces retenues une sé-
utilisé ? Sophie Chapelle de bactéries, d’algues…). curité. En quoi est-ce illusoire ?
Les retenues sur cours d’eau sont Si le climat était stable, ces rete-
dominantes. Les retenues collinaires Comment le modèle des retenues nues pourraient apporter une forme
– il faudrait plutôt parler de « rete- a-t-il évolué ? de sécurité. Mais il suffit d’avoir deux
nues au niveau de la source » car On est passés de retenues qui ou trois années sèches, en particulier
elles captent tous les écoulements étaient de vrais barrages à la rivière en hiver, et il ne sera plus possible de
du début du bassin-versant – sont à des retenues de plus en plus en pomper pour remplir ces retenues.
aussi très fréquentes. De manière dérivation, c’est-à-dire qui puissent On aura investi beaucoup d’argent,
générale, l’irrigation en France être déconnectées du réseau de la impacté beaucoup l’environnement,
s’est d’abord développée dans des rivière et ne plus gêner la circulation, pour un résultat au final très mé-
endroits où il y a de l’eau, notam- au moins des poissons, et avec moins diocre. Un exemple se trouve dans
ment  en région Paca qui bénéficie d’impact sur les débits, au moins du- le Sud-Ouest américain où, cette
des Alpes et des apports du Rhône et rant l’été. Maintenant, on passe à des année, même les énormes barrages
de la Durance, et dans le Sud-Ouest retenues remplies par pompage, les étaient vides. Ils ont même dû arrêter
avec les Pyrénées. La Beauce béné- fameuses bassines. l’hydroélectricité ! Il n’y aura pas de
ficie de nappes importantes. À l’in- sécurité, même avec ces barrages
verse, le Poitou – Marais poitevin Que redoutez-vous de ce pom- demain, car le climat va nous faire
est une région où il y a assez peu page dans les nappes ? connaître des événements qu’on
d’eau et où il ne faudrait peut-être Prélever de l’eau en hiver dans les n’aura jamais connus avant.
pas irriguer tant que ça… nappes pour la stocker en surface Il est très difficile d’anticiper les dé-
n’est pas optimal. Comme on sait très séquilibres marqués, de connaître
Sait-on mesurer l’impact global mal anticiper les flux d’eau qu’il y aura les points de bascule. L’assèche-
des retenues d’eau en irrigation ? en hiver, c’est faire un pari sur le po- ment complet de la mer d’Aral, en
Le développement des retenues tentiel de recharge de la nappe. Pour Asie centrale, n’a jamais été voulu
s’est fait dans les années 1970- chaque bassine autorisée, un niveau par ceux qui ont développé l’irrigation
1980, avec des conséquences ob- pluviométrique minimum en hiver, en des champs de coton en prélevant
servées sur les débits. C’est très dessous duquel il est interdit de pré- sur les fleuves alimentant cette mer.
impactant en automne et en hiver : lever, a été défini. Mais ce niveau est Et pourtant, ça s’est produit. Quand
les premières crues sont complè- très bas ! Il n’est pas certain que les vous commencez à prélever, plein de
tement captées par ces retenues. modélisations faites en climat actuel rétroactions se mettent en place. La
C’est dommageable car, après la puissent anticiper l’impact dans un Confédération paysanne se projette
période estivale sèche, il y a besoin climat qui évolue très vite. davantage : multiplier les ouvrages
d’eau, notamment pour nettoyer le lit
des rivières et pour les poissons. De
nos jours, il y a obligation d’assurer
un débit minimal d’eau que les pro-
priétaires ou gestionnaires d’un ou-
Réutiliser les eaux usées
vrage hydraulique doivent réserver
au cours d’eau et au fonctionnement
traitées pour irriguer ?
minimal des écosystèmes, ainsi qu’à Le code de l’environnement permet l’utilisation des eaux usées traitées
tous les usages de l’eau. Mais ce (c’est-à-dire après épuration) à des fins agricoles, par arrosage ou par
« débit réservé », c’est seulement irrigation. Cela fait partie des solutions retenues dans les conclusions des
10 % du volume de la rivière selon Assises de l’eau, organisées par le ministère de la Transition écologique
la loi… en 2019, qui proposent de tripler les volumes d’eaux non conventionnelles
Le stockage d’eau a fait preuve réutilisés d’ici 2025. Malgré les risques sanitaires et son coût énergétique,
d’efficacité en irrigation, mais il a des cette « solution » en est à son stade expérimental. La réglementation
impacts sur l’environnement : diminu- européenne sur le sujet, applicable en 2023, vise à faire reporter la res-
tion et perturbation des écoulements, ponsabilité du risque sur celle ou celui qui utilise l’eau (et non pas sur le
pertes liées à l’évaporation, modifica- fournisseur). Ce sera donc à l’agriculteur ou à l’agricultrice de s’assurer
tions de la qualité de l’eau (augmen- que l’eau utilisée aura la bonne qualité.
tation de la température en surface,

II Campagnes solidaires N° 381 – mars 2022


de retenues d’eau après captage produite localement, c’est-à-dire la
(comme le conçoit la FNSEA) réduit
la capacité ou la volonté de s’adapter
à un climat changeant. Il y a un équi-
part des pluies qui alimente les ri-
vières et les nappes. Si on n’est pas
cohérent avec le milieu, on court à la
Quelques
libre à trouver. catastrophe. Dans le Poitou - Marais
poitevin, les irrigants utilisent déjà
chiffres
Existe-t-il des méthodes d’irri- plus d’eau que ce qui est produit en • La surface agricole irriguée
gation moins pénalisantes pour local dans l’année : la quantité d’eau représentait environ 6 % de
le milieu naturel ? disponible pour l’écoulement est de la surface agricole utile (SAU)
Pour faire des économies d’eau, il 150 mm par mètre carré, quand les
en France en 2010. Les prin-
est préconisé de faire de la micro-ir- doses d’irrigation sont de l’ordre de
rigation. Mais les retours que l’on a 150 à 200 mm d’eau par mètre carré. cipales cultures irriguées sont
à ce sujet sont plutôt des alertes : Ces agricultrices et agriculteurs sont le maïs (41 % des surfaces
ce n’est pas parce qu’on va moins ainsi déjà dépendants d’une solida- irriguées) et les céréales
consommer d’eau à l’hectare qu’on rité amont/aval pour tous les autres (17 %).
va libérer de la ressource. Soit usages : eau potable, industrie… Si (source : eaufrance.fr)
parce que les agriculteurs mettent on accentue à l’avenir ce déséquilibre • Dans certaines régions de
des cultures plus rentables pour eux en irrigant encore plus alors que la grandes cultures, la part de la
mais qui consomment davantage ressource va diminuer, il y aura for- consommation agricole dans
d’eau, soit parce qu’ils se mettent à cément des tensions.
la consommation estivale
cultiver plus de terres. Il y a aussi un Il faut aussi bien choisir son type
risque de dégradation de la qualité de culture : qu’est-ce qu’on irrigue ? d’eau peut monter à 90 %.
des sols lié à la salinisation. A priori, Est-ce que le besoin en eau est com- • Une hausse de 1 °C signifie
il y a moins de problèmes de sali- patible avec la ressource du milieu ? Une bassine un accroissement de 7 % de
en Poitou-
nisation avec l’irrigation gravitaire. Il nous faudrait – tous et toutes – glo- Charentes, retenue
la vapeur d’eau dans l’atmos-
balement apprendre à consommer d’eau alimentée phère. Conséquences : inten-
Face aux sécheresses, comment de façon plus compatible avec l’état par pompage des sification des précipitations et
mieux gérer la ressource en eau ? de notre planète et ses ressources. nappes en hiver
des sécheresses, diminution
Il faudrait rechercher des pratiques Il y a un effort collectif à faire, qui pour irriguer les
cultures – ici, des stockages naturels d’eau
agricoles qui soient au moins com- va bien au-delà des agriculteurs et principalement du
patibles avec la ressource en eau agricultrices. n douce.
maïs – en été.

Campagnes solidaires N° 381 – mars 2022 III


Dossier

Quel modèle agricole ? Des bassineurs sous perfusion


Le modèle qui sous-tend le développement des bassines est prédateur des fonds publics.

Tout problème peut avoir une Initialement surtout prélevée dans Jacques nancent la totalité d’une bassine
solution, mais l’intérêt collectif les cours, l’eau a été progressi- Pasquier, « en échange » de l’abandon d’un
est autre chose qu’une addition vement pompée dans des nappes commission « eau » forage, soit un cadeau de plus de
de la Confédération
d’intérêts particuliers. Effective- de plus en plus profondes. Les paysanne 500 000 euros pour un agriculteur
ment, on sait faire des usines conséquences du prélèvement y du sud des Deux-Sèvres. Devant
de retraitements divers pour sont moins visibles et les effets l’indécence de ces financements
l’eau, on sait construire des ré- plus lents. Dès les années 2000, pour des usages privés et indivi-
serves, on sait forer à 518 mètres la fourniture d’eau potable a été duels, un simulacre de projets col-
de profondeur pour trouver la très fragilisée dans la région, des lectifs a été instauré.
ressource… mais à quel prix, communes se retrouvant en diffi- (1) Un karst est Sans ces perfusions d’argent
jusqu’où et dans quelle logique ? culté pour alimenter leur popula- un massif calcaire public, jamais nous n’aurions eu
On traite des symptômes sans tion. On a eu ainsi la révélation dans lequel un tel développement d’une irriga-
l’eau a creusé
jamais observer la maladie ! de l’accaparement de l’eau saine de nombreuses tion dédiée, le plus souvent, à des
En Poitou-Charentes, le déve- de forages profonds pour certaines cavités. cultures qui ne créent aucune valeur
loppement de l’irrigation s’est fait cultures, laissant pour l’eau des ajoutée. En Poitou-Charentes, les
à grands coups de subventions villes et des villages des ressources fermes céréalières qui irriguent ont
publiques. Dans les années 1970, superficielles, aléatoires en quanti- plus de surface par agriculteur ou
le conseil régional a subventionné té, mais aussi en qualité. agricultrice que celles qui ne sont
l’acquisition de matériels d’irriga- pas équipées et, en moyenne sur
tion, sans s’être posé la question Des financements publics plusieurs années, elles n’ont pas
de la ressource en eau disponible pour des usages totalement plus de revenus.
dans des territoires karstiques (1). individuels En céréales, l’irrigation ne crée
En 1992, lors de l’instauration des Des réserves de substitution sont pas de richesse, mais elle dilapide
paiements de la Pac versés direc- apparues vers la fin des années autant les ressources que les fonds
tement aux agriculteurs et agricul- 1990, à usage totalement indivi- Manifestation publics. Sans ces aides, elle aurait
trices, dans la Vienne, la surprime duel, mais avec un financement contre les méga- été réservée aux usages qui la jus-
irrigation était la plus élevée de public à 80 %. On a vu des mar- bassines, le tifient économiquement, mais aussi
6 novembre 2021,
France (l’équivalent de 200 euros chandages entre collectivités et à Mauzé-sur-le-
dans une logique de sécurisation,
par hectare), réservée quasi ex- exploitants agricoles, où le mar- Mignon (Deux- et non pas spéculative pour des
clusivement à la culture du maïs. ché était que les collectivités fi- Sèvres). cultures non adaptées.
Pour l’essentiel, ce sont les
consommateurs et consommatrices
d’eau qui abondent les Agences de
l’eau. Mais les citoyen·nes contri-
buables semblent de moins en moins
prêt·es à supporter de tels choix po-
litiques, sans assurance de résultats,
alors que ça fait plus de 25 ans qu’on
bassine et que rien ne s’améliore…
La construction de réserves est
une bien mauvaise réponse faite
à de vrais enjeux, qui sont la pré-
servation de la qualité des eaux, la
répartition équitable de l’eau qui est
un commun, la création d’emplois
nombreux en milieu rural. De plus,
cette orientation ne trouve aucune
justification en termes de rentabilité
économique.
Mais il est vrai que remettre en
cause les bassines, c’est remettre
en cause le choix d’une agriculture
industrielle et intensive qui a dé-
jà largement montré ses limites,
particulièrement en Poitou-Cha-
rentes. n

IV Campagnes solidaires N° 381 – mars 2022


Derrière les bassines, un modèle productiviste
Les projets de bassines en Poitou-Charentes sont au cœur d’un modèle reposant sur l’élevage hors-sol et l’export
de cultures gourmandes en eau depuis le port de La Pallice, longtemps contrôlé par le groupe Avril.

Dans les Deux-Sèvres, 40 mil- Sophie collectif conteste. En amont, le se- coporte-parole de Bassines non
lions d’argent public pourraient être Chapelle mencier Pioneer France maïs vient merci (2).
dépensés en vue de construire 16 de s’installer dans la région. En « Ces agro-industriels me font
immenses bassines de stockage aval, il y a La Pallice, à La Rochelle, penser à une vieille série TV,
d’eau, auxquelles seront raccordés deuxième port français exportateur les Shadoks, souligne l’ancien
seulement 5 % des agriculteurs. de produits céréaliers. Les deux porte-parole de la Confédération
Selon le collectif citoyen « Bas- opérateurs, l’un privé, Socomac – paysanne, José Bové. On va pom-
sines Non Merci » (1), les bénéfi- Groupe Soufflet, l’autre coopératif, per pour monter l’eau, puis pomper
ciaires sont essentiellement de Groupe Sica Atlantique, cumulent pour l’amener dans les champs,
grandes exploitations céréalières un total de 232 cellules à grains. puis, ensuite, on pompera ce qu’il
dont la production est exportée, et Pour rappel, Xavier Beulin, ancien y a dans les champs pour le mettre
des élevages laitiers hors-sol nour- (1) président de la FNSEA et du groupe dans des bateaux. » « En menant
bassinesnonmerci.fr
ris au maïs, culture très gourmande (2) urlz.fr/hkhe
agro-industriel Avril, a présidé le ce combat contre les bassines,
en eau. « Les bassines sont là pour (3) urlz.fr/hkhh conseil de surveillance du port de on mène un combat global, (…)
continuer le système tel qu’il est La Rochelle, de 2009 jusqu’à son essentiel pour l’avenir de l’huma-
pratiqué aujourd’hui, c’est-à-dire un décès en février 2017. nité. » (3)
modèle productiviste », estime Ju- Autre symbole de ce combat, le
lien Le Guet, l’un des porte-parole Des agriculteurs qui nous Marais poitevin, deuxième zone
du collectif. Le maïs irrigué viserait nourrissent et qui n’exportent humide de France, était autrefois
également à alimenter Demeter, pas notre eau une vaste prairie. Dans les années
une grosse unité de méthanisa- « On voudrait des agriculteurs qui 1990, près de 33 000 hectares ont
tion en Deux-Sèvres : « Bassines nous nourrissent et qui n’exportent été retournés au profit de cultures
et méthaniseurs font partie d’une pas notre eau par La Pallice, c’est- céréalières, faisant perdre en 1996
vision d’ensemble. » Au-delà, c’est à-dire le maïs exporté pour nourrir au territoire son statut de parc natu-
tout un modèle agricole et son sou- des animaux en fermes-usines », rel régional. Il l’a récupéré en 2014.
tien par les pouvoirs publics que le appuie Jean-Jacques Guillet, Pour combien de temps ? n

Pas que les grandes cultures


L’irrigation de la vigne préfigure-t-elle un modèle de viticulture industrielle ? C’est ce que redoutent des viticulteurs
en Provence-Alpes-Côte d’Azur.

En 2010, en France, 27 000 hec- revient à polluer directement la Sophie Christian Dragon préconise des
Chapelle
tares de vigne sur 786 000 étaient nappe phréatique !  » pratiques agronomiques « pour
irrigués, soit 3 %. En région Paca, « Je ne suis pas contre le fait que l’eau soit protégée dans le
on accélère la dynamique depuis d’arroser », tient à préciser l’an- sol et qu’elle ne s’évapore pas
2017, avec l’irrigation de 20 000 cien vigneron. « Quand l’eau vient au gré du soleil et du mistral ».
nouveaux hectares (1). Objectif : à manquer trois mois comme lors Ses fils, qui ont pris la relève
faire du volume pour des prix des sécheresses de 2003 et 2016, sur le domaine de 14 hectares,
bas. Selon Christian Dragon, vi- un bon apport en arrosant copieu- pratiquent un enherbement maî-
ticulteur à la retraite dans le Var : sement une ou deux fois peut com- (1) Convention trisé la quasi-totalité de l’année.
entre les syndicats
« Ça donne une vigne qui va très penser. Mais certains irriguent au des vins des Côtes
Garder des sols vivants riches en
vite produire, avec une qualité qui goutte-à-goutte, dès la plantation, de Provence, des matière organique, renforcer le
va baisser, puis qui va s’affaiblir du printemps jusqu’à la vendange. Coteaux Varois cycle du carbone en maintenant
et que l’on va arracher au bout de Planter et irriguer de suite, c’est et des IGP du le maximum de feuillage, conser-
20 à 25 ans. » En plus, avec ce rendre cette culture dépendante Var, la Société du ver un couvert herbeux dans les
Canal de Provence
modèle, « utiliser du désherbant de l’irrigation, une aberration. Le et la chambre inter-rangs, utiliser des cépages
comme le glyphosate au pied de jour où on coupe le robinet, ça va d’agriculture du Var. plus résistants… sont autant de
la vigne et irriguer par-dessus disparaître. » pistes à explorer. n

Campagnes solidaires N° 381 – mars 2022 V


Dossier

Alternatives / propositions concrètes

Mieux partager les terres irriguées


Suite à l’organisation de plusieurs ateliers, la Confédération paysanne de la Loire formule des propositions
concrètes sur le foncier et l’accès à l’eau.

Nicolas Clair, Comment mieux partager la res- des structures doivent mettre en cette eau. Le bon indicateur reste
co-porte-parole de source en eau ? Pour traiter de place une procédure particulière à trouver.
la Confédération cette épineuse question, la Confé- pour les reprises de terres irri- Enfin, les avantages dus à l’irriga-
paysanne de la
Loire
dération paysanne de la Loire a guées. Un protocole de mise en tion doivent induire des obligations
animé des ateliers mélangeant réserve (pour des maraîchers) peut environnementales (arbres, haies,
agricultrices et agriculteurs irri- alors être coordonné avec les inter- mares…).
gants, collègues réticent·es à l’ir- communalités, dans le cadre des La question de l’eau n’est désor-
rigation et candidat·es à l’irrigation. projets alimentaires territoriaux. mais plus dans le pré carré des
Le fruit de nos réflexions a été dé- Les pouvoirs publics doivent re- organisations agricoles. Avec nos
battu avec des techniciens du syn- censer les différentes méthodes de revendications, nous nous adres-
dicat de rivière ou de l’agence de tarification de l’eau dans les innom- sons aussi aux élu·es des terri-
l’eau. Cela nous a permis d’aboutir brables associations d’irrigation. Un toires, gestionnaires de services
à un document présentant des re- système progressif, visant à l’éco- d’eau, pêcheurs, chasseurs, envi-
vendications originales. nomie, doit être recommandé (ou ronnementalistes…
Après avoir préalablement pré- imposé…). Pour faire simple, il ne s’agit plus
cisé que l’irrigation est une béné- La question de l’équité dans les de demander davantage d’eau pour
diction pour l’agriculture, nous pou- droits d’eau doit également être sou- continuer à produire la même chose,
vons poser la question qui fâche : mise au débat public, par exemple mais de produire plus et mieux avec
quid du partage de l’eau entre les tous les 20 ans, pour prendre en une eau qui devient rare et précieuse.
paysan·nes ? compte les évolutions du climat, de Cette question est et restera donc
La meilleure façon de parler du la ressource, des besoins. un sujet de revendication, de négo-
partage de l’eau étant de s’intéres- Les fermes irrigantes doivent ciation, mais aussi d’échanges et
ser d’abord au partage des terres être auditées, pour mettre en de concessions pour nous et nos
irriguées, les Safer et commissions avant celles qui valorisent le mieux enfants. n

Une irrigation adaptée à l’agriculture de montagne


Michel Saqué est arboriculteur et Sophie France, il ne représente que 14 % an et par hectare avec l’irrigation
maraîcher à Céret, dans les Pyré- Chapelle des usages agricoles (plus des gravitaire, alors que l’irrigation
nées-Orientales. Sa ferme se situe trois-quarts de l’irrigation reposent sous pression coûte de 100 à 200,
le long du fleuve Tech. En 1866, la sur l’aspersion avec pompe). voire 300 euros l’hectare », relève
commune, sur le versant nord des « Ces canaux sont très adap- Thomas Raso.
Pyrénées, a construit un canal en tés à l’agriculture de montagne Ce dernier admet néanmoins
vue d’irriguer les cultures. « Tous avec ses petites fermes d’éle- que la forte concentration de ca-
les terrains en dessous de la ville vage », observe Thomas Raso, naux sur certains secteurs a pu
bénéficient du canal qui passe en ingénieur en hydraulique (1). « Les conduire à l’assèchement de cours
bordure de montagne », témoigne éleveurs font déborder le canal, d’eau : « Des efforts sont à réali-
le paysan. Via ce réseau, l’eau ce qui entraîne un gros arrosage. ser dans les secteurs où les pré-
(1) Cf. Article publié
s’écoule par gravité sur la parcelle, sur basta. media : L’herbe en profite bien. C’est un lèvements d’eau sont supérieurs
du fait de la pente, avant de s’infil- urlz.fr/hkmY arrosage très adapté aux prairies à la ressource. » C’est le cas là
trer dans les sols. naturelles qui ont besoin d’une où vit Michel Saqué. « Avant, les
En France, ces canaux d’irriga- grosse quantité d’eau régulière. » canaux n’étaient utilisés que par
tion gravitaires, anciens, se situent Ces pratiques contribuent à l’au- les paysans. Aujourd’hui, des par-
principalement dans les Hautes- tonomie globale de ces fermes, ticuliers les utilisent aussi, pour
Alpes et les Pyrénées-Orientales, en sécurisant le stock de foin. Le leur pelouse. Moi je suis en bout
les régions de montagne sèche regain de pousse permet égale- de course et je me retrouve avec
ou de plaine, comme la Crau. À ment aux vaches de pâturer ces un débit minimal. » Pour lui, « c’est
l’échelle mondiale, ce type d’irriga- prairies durant l’automne. L’intérêt aux communes de savoir si elles
tion est majoritaire – 80 % sur les économique est bien là : « Il faut veulent continuer à bâtir ou si elles
250 millions d’hectares irrigués. En compter entre 20 et 50 euros par veulent des paysan·nes ». n

VI Campagnes solidaires N° 381 – mars 2022


Laisser jouer son rôle au marais humide
La lutte contre l’accaparement de la ressource s’intensifie dans le Marais poitevin. Face aux défaillances
de la gouvernance de l’eau, il est nécessaire de remettre à plat les volumes historiques attribués aux irrigant·es.

Dans le Marais poitevin, seconde zone Yann Pajot, afin de faire une demande d’autori- suite, une commission d’attribution,
humide de France après la Camargue, paysan dans les sation unique de prélèvement (AUP) composée de représentant·es de la
Deux-Sèvres
l’irrigation et la culture du maïs ont été auprès de l’administration référente (2). chambre d’agriculture concernée et
encouragées par les aides publiques Un des objectifs est de diminuer les de l’Établissement public du Marais
tout au long des années 1970 et 1980. prélèvements dans la nappe au prin- poitevin statue sur la demande. En
En 1999, la France a été condamnée temps-été. théorie, rien ne s’oppose à l’accès
par la Cour européenne de justice pour (1) Sdage : À ce « millefeuille réglementaire », à l’eau. Un volume « en stock » est
une mauvaise gestion du marais. Un Schéma directeur les effets sur la gestion quantitative de gardé pour répondre aux nouvelles
plan d’action gouvernemental a été d’aménagement l’eau se faisant attendre, les services demandes. Dans les faits, il faut
décidé en 2003, suivi par la création, et de gestion des de l’État en rajoutent une couche et être placé à proximité d’un point de
eaux (à l’échelle
en 2010, de l’Établissement public du du bassin-versant font émerger les Projets de territoire captage existant (forage, rivière ou
Marais poitevin, chargé de la gestion d’un fleuve, comme pour la gestion de l’eau (PTGE). bassine), bénéficier d’un volume
de l’eau et de la biodiversité. En 2007, Loire-Bretagne) Contrairement aux Sdage et Sage, les « en stock » ou d’un « transfert de
une étude évaluait les prélèvements – Sage : schéma PTGE n’ont pas de valeur juridique volume » d’un irrigant. Dans certaines
d’aménagement
estivaux dans les nappes à des fins et de gestion des
mais se comportent plutôt comme zones, la création d’un nouveau point
agricoles à 80 millions de mètres cubes, eaux à l’échelle une charte qui n’engage que les si- de captage est quasi impossible.
estimant que le respect de la ressource du bassin-versant gnataires… Mais s’ils sont bien conçus L’accès à l’eau n’est donc pas stric-
et des milieux aquatiques demanderait d’une rivière, pour avoir une réflexion globale avec tement impossible… mais certains
que les volumes prélevés n’excèdent comme la Sèvre tous les acteurs de l’eau, dans les faits, bénéficiaires des bassines ont le droit
niortaise.
pas 42 millions de m3. (2) La DDTM, ils deviennent trop souvent des outils d’utiliser jusqu’à 250 000 m3 par an !
En parallèle, les lois sur l’eau de 1992 Direction pour créer des bassines ! Les solutions pour stocker l’eau
et 2006 permettent la création de sché- départementale Dans toutes les instances de l’eau, ne sont pas spectaculaires et ne
mas de gestion spécifiques : les Sdage des territoires et de on retrouve les représentant·es de la nécessitent pas de « Varenne » ou
la mer.
et Sage (1). Ces outils doivent permettre FNSEA et des chambres d’agriculture autre grand-messe, n’en déplaise aux
de hiérarchiser les usages de l’eau, en où la FNSEA est majoritaire. La Confé- jeunes locataires de la rue de Varenne
maintenant en premier lieu la vie biolo- dération paysanne est pratiquement et de l’Élysée : il faut laisser jouer son
gique du milieu. L’OUGC (Organisme Le Marais toujours exclue de ces structures, et rôle au marais humide, garder l’eau en
unique de gestion collective) est créé poitevin couvre les citoyen·nes y sont très peu repré- hiver et une partie du printemps pour
en zone de déficit hydrique, là où la 100 000 hectares. senté·es. recharger les nappes par connexion
ressource est insuffisante par rapport En 1973, les Un·e paysan·ne qui voudrait dé- avec les rivières. Les nappes bien
prairies naturelles
aux prélèvements. Le Marais poitevin y représentaient
marrer une activité d’irrigation doit rechargées peuvent contenir plus
fait partie de ces zones. 55 500 hectares, faire la démarche vers l’OUGC (géré de 30 millions de m3 dans le Marais
L’OUGC mutualise l’ensemble des contre environ par la chambre) et adhérer à la coop poitevin. Soit bien plus que tous les
demandes des irrigant·es du territoire, 25 000 aujourd’hui. de l’eau ou à un syndicat mixte. En- projets de bassines. n

Campagnes solidaires N° 381 – mars 2022 VII


Dossier

Le sol est le grand ignoré dans la gestion de l’eau


Le sol est le tissu de la vie et de la régulation. Le sol est un « microbiote ». Quand les sols sont dégradés,
l’eau devient de moins en moins disponible.

Avec la naissance de la trame industrielle en place, pour conti- Sabine Martin, ser l’infiltration et le stockage de
brune, le sol devient un être vivant nuer « comme d’habitude ». Confédération l’eau durablement dans les sols.
à part entière, composé de bacté- Sauf que les clés scientifiques paysanne du Tarn- C’est ce qu’on appelle, dans le jar-
et-Garonne
ries… c’est un biome, un biotope, nous arrivent. L’agroforesterie, la gon du moment, des « solutions
un microbiote. couverture permanente des sols, fondées sur la nature ». Gratuites
Le sol est le grand ignoré dans la rotation et le non-labour sont et sans regret.
la gestion de l’eau. En réduisant actés comme nécessaires. La Tant que les sols ne seront pas
le cadre de cette gestion aux seuls sortie des pesticides – dont les protégés par les instances repré-
milieux aquatiques et humides, on herbicides qui sont les premiers (1) Paru en 2013 sentatives du « monde agricole »
en a oublié d’adjoindre tous les sols destructeurs du fonctionnement aux éditions Quae. comme interfaces essentielles
(2) Rapport 2021
qui recueillent les eaux de pluie et des sols – est toujours en ban- sur l’État des dans la gestion de l’eau, leur des-
régulent l’hydrologie, dès lors qu’ils queroute. Les sols vivants (sans ressources en truction physique (érosion) par leur
possèdent une riche activité bio- pesticides, sans labour, toujours terres et en eau destruction mécanique (labour) et
logique, les rendant naturellement couverts, en rotations et nourris en pour l’alimentation chimique (herbicides) se poursui-
et l’agriculture dans
poreux et stables. Les sols, comme matière organique, ce qui néces- le monde.
vra, avec le cortège d’externalités
habitats propices à la collaboration site la révision du parcellaire agri- négatives que nous connaissons
entre faune, champignons, bacté- cole qui doit entrer en adéquation si bien.
ries, arthropodes ou assimilés, avec les nécessaires apports en Ne laissons pas dire que la sé-
tels les collemboles et tardigrades, matière organique et la création cheresse des sols provient du
répartissent les bienfaits de l’eau d’habitats pour la biodiversité) sont réchauffement climatique : c’est
douce en mariage fécond sur la pourtant la clé de voûte de la ges- l’inverse, ce sont les sols sans
trame brune des parties émergées tion quantitative de l’eau. Déjà en Les sols
humus et déficitaires en matières
de la croûte terrestre, avant de re- 2010, dans son livre Qu’est-ce que doivent être carbonées qui accélèrent et accen-
joindre les masses d’eau. l’agriculture écologiquement inten- considérés comme tuent le réchauffement climatique.
Ne pas parler des sols et de leur sive ?, Michel Griffon  (1) ajoutait le un milieu vivant Les sols doivent être considé-
rôle essentiel dans la gestion de nécessaire réaménagement des et non comme un rés comme un milieu vivant et
simple support de
l’eau, c’est une posture qui re- paysages des bassins-versants cultures nécessitant non comme un simple support de
couvre un enjeu politique majeur pour ralentir la dynamique de l’eau des intrants (dont cultures nécessitant des intrants
pour les tenants de l’agriculture et le ruissellement, et ainsi favori- l’eau d’irrigation). (dont l’eau d’irrigation), comme un
corps vivant à nourrir et pouvant
fournir une multitude de services
écosystémiques. La science nous
dévoile et nous démontre, à un
rythme de plus en plus rapide,
les caractéristiques et services
naturels que fournissent les sols,
dont la régulation des flux d’eau
pour une optimisation de la gestion
quantitative de la ressource. À cette
condition de considération, alors, et
alors seulement, l’assèchement des
sols s’arrêtera et le réchauffement
climatique s’atténuera.
Sans quoi, le point de non-retour
sera atteint, car les équilibres et
régulations auront été détruits : dès
lors, famine, maladies et exode se-
ront le sort du jardin de France, à
l’instar de la Floride ou de la Ca-
lifornie ; des désertifications sur
lesquelles alerte la FAO (2) qui an-
nonce des systèmes alimentaires
au bord de la rupture, avec 70 %
des sols agricoles détruits ou en
mauvais état de fonctionnement
biologique. n

VIII Campagnes solidaires N° 381 – mars 2022


Quelle irrigation voulons-nous, et pour quelle
agriculture ?
Le changement de modèle agricole est la seule réponse à une bonne gestion quantitative et qualitative de l’eau
dans nos territoires, si différents soient-ils.

Amandine Malgré l’évidence, la parole de la peut commencer par se rapprocher En Deux-Sèvres, on a tenté d’y ré-
Pacault, Confédération paysanne a du mal à se des différentes instances en faisant du pondre quand le projet des méga-bas-
co-porte-parole faire entendre, décriée comme anti-irri- forcing pour siéger (utiliser par exemple sines a vu le jour. Une AG extraordi-
de la Confédération
paysanne
gation, anti-stockage. Pire, dans les mé- la carte de « l’expert » dans les commis- naire a été organisée pour décider que
des Deux-Sèvres dias, elle est souvent absente car jugée sions locales de l’eau), rencontrer l’ad- la Conf’ ne soutiendrait pas ce projet.
trop complexe quand tout doit être vite lu, ministration référente (DDTM), lire les Une fois une position commune trou-
vite entendu. Elle n’a pas sa place dans documents envoyés par les chambres vée, il est important de se rapprocher
une vision binaire « écolo contre agricul- d’agriculture (il y a souvent une com- des structures amies qui travaillent sur
teur » qui fait sûrement mieux vendre. mission eau) et les associations d’irri- le sujet, car non, l’eau ne concerne pas
Et dans les instances elle est trop rare, gants. Dans certains départements, la que l’agriculture !
de par notre manque de représentativité Confédération paysanne organise des
dans les structures de gestion de l’eau. formations plus générales sur l’histo- Partager l’eau
Pourtant, il est important de porter pu- rique, le discours politique concernant Et enfin, il nous faut entrer dans la lutte
bliquement cette parole. Alors comment les communs. contre un modèle agro-industriel qui dé-
faire ? Il n’y a selon moi pas de réponse Après, il faut se mettre d’accord sur nos truit et privatise la ressource en eau, et
toute faite, mais quelques pistes pour positions en interne. Poser le contexte en parallèle être force de proposition en
peser dans les orientations. de l’eau dans nos territoires, recenser défendant haut et fort l’agriculture pay-
Il faut commencer par se former, les besoins insatisfaits en eau de nos sanne, en portant notre vision de la ges-
former les paysans et les paysannes. adhérents (souvent auprès des maraî- tion et du partage de l’eau dans toutes
Le sujet de l’eau est technique. Il né- cher·es), organiser des échanges sur les instances, auprès des préfet·es et
cessite une maîtrise des différents nos pratiques agronomiques. Et mettre des financeurs de projet, en tant qu’élu·e
organes décisionnaires (nombreux), tout ça en lien avec les projets existants chambre, irrigant·e, ou simplement pay-
avoir des bases sur l’hydrogéologie ou à venir de gestion de l’eau. L’idée san·ne.
de son territoire, sur le cycle de l’eau, est de répondre à la question : quelle Pour la lutte de « terrain », seule une
comprendre les enjeux de besoins en irrigation voulons-nous, et pour quelle concertation large de nos adhérent·es
eau, bien souvent économiques. On agriculture ? permet des actions partagées par un
plus grand nombre. Mais quel bonheur
de retrouver une dynamique syndicale
Plus autour d’un sujet qui en rassemble tel-
d’informations
à l’approche lement d’autres ! L’eau n’est pas une
de l’événement bataille pour les seul·es irrigant·es que
sur le site : nous pouvons être, elle touche aux
confederationpay­ questions d’accès au foncier, d’instal-
san­ne.fr
lation et de transmission, mais aussi
à notre avenir en tant que paysan·ne.
Les projets alternatifs de gestion de
l’eau sont au cœur de nos travaux, en
débat avec les autres utilisateurs et utili-
satrices de ce bien commun. Mais, une
fois de plus, ce n’est pas la vision du
Gouvernement, qui a annoncé le 1er fé-
vrier, lors des conclusions du « Varenne
agricole de l’eau et de l’adaptation au
changement climatique », la possibilité
donnée aux préfet·es de mettre fin aux
concertations dans le cadre des projets
de territoire pour la gestion de l’eau
(PTGE). Cette réponse à notre souhait
de partage et de préservation de la res-
source en eau sera-t-elle la goutte qui
fera déborder le vase ? Rendez-vous du
25 au 27 mars, dans le Marais poitevin,
pour en décider autrement ! n

Campagnes solidaires N° 381 – mars 2022 IX

Vous aimerez peut-être aussi