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Figaro, acte III scène 9 LL4

Intro :
Au XVIIe siècle, la place juridique des femmes n’est guère enviable : elles sont
mineures politiquement et socialement, sous la responsabilité du "chef de
famille" (père ou mari), et même si des salons sont tenus par des femmes, la
gestion de leurs biens est confiée à des hommes. Dans ce contexte, la pièce Le
Mariage de Figaro, écrite par Beaumarchais en 1778, accorde un beau rôle à
plusieurs femmes, notamment à la comtesse et Suzanne.
En effet, à partir de 1775, et jusqu’en 1792, Beaumarchais va publier une
trilogie dramatique mettant en scène la famille Almaviva : Le Barbier de Séville,
Le Mariage de Figaro et La mère coupable. Le Mariage de Figaro est composé
de 5 actes et a été écrit en 1778. Il met en scène Figaro et Suzanne,
respectivement valet et camériste du Comte et de la Comtesse Almaviva,
préparant leurs noces. Mais leur joie risque d'être ternie par les audaces du
Comte, prêt à tout pour séduire la future mariée. Dans l’acte III, scène 9,
Suzanne, Figaro et la Comtesse, qui sont les personnages principaux de cette
pièce, ont décidé de tromper le Comte et de l’obliger à renoncer au droit du
seigneur.
C’est d’ailleurs Suzanne qui va jouer l’appât et attirer le comte dans un piège
auquel il se laisse prendre.
LECTURE DU TEXTE
Nous pouvons alors nous demander dans quelle mesure cette scène met-elle
en valeur la comédie de la suivante, qui conteste ainsi la supériorité du comte ?
On peut remarquer que cette scène se divise en 4 parties :
- 1er mouvement : (L1 à L8) entrée en matière de Suzanne qui doit calmer le
Comte.
- 2eme mouvement : (L9 à L16), le jeu de Suzanne.
– 3eme mouvement :( L17 à L28), le changement de ton du Comte mais avec
méfiance.
– 4eme mouvement :(L29 à la fin), victoire de Suzanne.
Mouvement 1 : (1 à 8) : entrée en matière de Suzanne qui doit calmer le
Comte.
- le public va être complice de la stratégie de Suzanne

 - mise en abyme = théâtre dans le théâtre ; Suzanne joue la comédie tout de suite sans que
le comte ne le sache

  - flacon d’éther = prétexte pour donner un faux rdv au Comte ; moyen d’aborder le Comte
par « hasard » ; elle joue la surprise en le voyant, elle arrive « essoufflée »

 - elle parle calmement au Comte essayant d’atténuer sa colère suite au refus du rdv qu’il lui
avait donné ; elle agit comme un personnage « timide » qui ne lui correspond pas du tout,
elle qui a un caractère plutôt grossier habituellement.

 - elle feinte auprès du Comte « Monseigneur » →répétition ; elle fait acte de soumission
auprès de lui pour le calmer et qu’il soit attentif à ses paroles ; la didascalie « avec humeur »
montre la colère exprimée par celui-ci.

 - il menace Suzanne en lui faisant comprendre que Figaro se mariera avec Marceline à la
place ; il continue de vouvoyer celle-ci pour montrer la méfiance qu’il garde envers elle.

Mouvement 2 : (9 à 16) : le jeu de Suzanne.


- boudoirs →salons privés des femmes nobles
 - elle rappelle plusieurs fois son rang et donc sa condition de servante au Comte ; les
vapeurs que la Comtesse aurait, seraient une maladie qui ne toucherai que les personnes
riches, donc Suzanne→ non car domestique

  - elle montre encore sa soumission auprès du Comte en employant des titres flatteurs
 « Monseigneur » ; « son Excellence »

 - elle renforce ses paroles par deux didascalies « baissant les yeux » ; « les yeux baissés »,
qui sont mises en valeur par un chiasme

 - le Comte reste menaçant avec elle en employant l’antithèse « Une fiancée bien éprise, et
qui perd son futur... » ; il montre encore une fois qu’il empêchera ce mariage dans les « ... »
 - Suzanne lui rappelle le marché proposé →la dot contre un moment avec lui ; le droit de
cuissage n’est évoqué que par sous-entendus, pas clairement

 - Elle joue la fille ingénue, prude et pudique mais montre par une phrase interro-négative
qu’elle pourrait accepter le marché « N’est-ce pas mon devoir d’écouter son Excellence »
Mouvement 3 : (17 à 28) : le changement de ton du Comte mais avec
méfiance.
- le Comte pense que Suzanne a joué avec ses sentiments en le faisant attendre→ « cruelle
fille »

  - cependant il reste dubitatif à propos de cela ; « Tu te rendrais sur la brune au jardin ? » il


rappelle la proposition qu’il lui avait faite ce soir-là dans le jardin

 - Suzanne accepte indirectement→ « Est-ce que je ne m’y promène pas tous les soirs ? »,
elle continue son jeu en jouant la pudeur

 - le Comte surpris posera beaucoup de questions ; il commence à reprendre confiance en


elle et commence à la tutoyer

 - le Comte se méfie encore et va émettre des doutes : « Tu m’as traité ce matin si


durement ! » (Se demandant pourquoi elle avait agi comme ça face à lui ce matin-là ?) ; «
Mais pourquoi obstiné quand Bazile, de ma part ? ... » (Pourquoi a-t-elle refusé quand Bazile
le lui a demandé ?) ; « Cependant il y a un certain Figaro à qui je crains bien que vous
n’ayez tout dit ! » (Ne va-t-elle pas tout dire à Figaro ?)

 - Suzanne a de la répartie, elle a réponse à tout : « Ce matin ? Et le page derrière le fauteuil


? » (Elle parle de Chérubin qui entendait tout) ; « Quelle nécessité qu’un Bazile... ? » (Elle
montre qu’elle n’a pas besoin d’un intermédiaire pour lui parler) ; « Oui, je lui dis tout... or ce
qu’il faut lui taire. » (Elle est capable de ne rien lui dire, lui promettant ainsi donc de garder
ce secret entre eux)
Mouvement 4 : (29 à la fin) : victoire de Suzanne.

- Suzanne essaie de négocier avec le Comte ; suite à son chantage « point de rdv, point de
dot, point de mariage », elle reprend ironiquement la manière de parler du Comte « mais
aussi point démariage, point de droit du seigneur, monseigneur » ; on note donc une
répétition du mot « point » ainsi qu’une gradation dans les éléments mentionnés

 - une reprise sonore de « seigneur » : « point de droit du seigneur, monseigneur »

- la répétition de la didascalie « en riant » montre le retournement de situation contrairement


au début de la scène ; le Comte est calmé et veut même « l’embrasser »

- Suzanne évite habilement le Comte→« voilà du monde »

- l’aparté du Comte « elle est à moi ! » va le ridiculise car les spectateurs savent qu’il s’est
fait duper et qu’il est très naïf

- il fait remarquer que Suzanne maîtrise parfaitement la parole : « où prend-elle ce qu’elle


dit ? d’honneur j’en raffolerai ! » ; il ne se rend pas compte de la tromperie dans laquelle il a
été prise

- le monologue final est adressé aux spectateurs : Suzanne a réussi

Conclusion :
Pour conclure, dans cette scène, la prise de contrôle de la part de Suzanne montre à quel
point le Comte est facile à duper. Elle montre aussi l’importance et l’intelligence des
domestiques, ainsi que la supériorité de Suzanne face au Comte. Malgré la méfiance du
Comte, il ne saura pas résister aux avances de Suzanne à cause de son côté très libertin et
de son attirance certaine pour la servante. On pourra noter qu’à partir de ce troisième acte,
les femmes de l’intrigue prendront beaucoup plus d’importance et sauront devenir dominante
dans certaines scènes.

Question de grammaire :
Notes :
La comédie, en cinq actes, qui a pour sous-titre « La folle journée », est la
suite d'une première pièce, Le Barbier de Séville, dans laquelle le Comte
Almaviva, aidé par Figaro, essayait de conquérir la femme qu’il aime.
Cependant, il ne pourra être représenté qu’en 1784, après de nombreuses
luttes contre la censure. Dans cette comédie, Beaumarchais met en lumière les
inégalités sociales et s’insurge face aux privilèges.

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