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NANA D’EMILE ZOLA

Analyse du chapitre V

Travail fait par :

Imane Elmansouri
Table des matières
Structure narrative.........................................................................................3
1. Situation du chapitre V :.......................................................................
2. Compte rendu du chapitre :.................................................................
3. Le Schéma narratif :..............................................................................
4. La narration / Focalisation :..................................................................
Structure Spatio-temporel.............................................................................4
Les personnages.............................................................................................5
Les spécificités scripturales............................................................................8
1. La description :.....................................................................................
2. Champs lexicaux :.................................................................................
Structure thématique...................................................................................10
1. Le monde du théâtre :..........................................................................
2. La prostitution :....................................................................................
3. Le corps et la femme :..........................................................................
4. La décadence, la dépravation et la débauche de la société du
Second Empire :...................................................................................................
5. La religion :...........................................................................................
6. Le désir des hommes :..........................................................................
Les extraits...................................................................................................13

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Structure narrative
1. Situation du chapitre V :
Nana fait son apparition lors de la 1ère représentation de La Blonde Venus
au théâtre des variétés. Comédienne médiocre, Nana rencontre néanmoins un
grand succès grâce à son corps qui polarise tous les désirs. Sa réussite ne
l’empêche pas d’avoir dès le lendemain des besoins d’argent pour son train de
vie, mais également pour son enfant Louis. Elle réussira bien sûr à se procurer
la somme nécessaire et reçoit la visite de nombreuses personnes parmi
lesquelles le comte Muffat qui vient la solliciter pour une quête de
bienfaisance. Chez celui-ci, la comtesse Sabine reçoit, lors des réunions du
mardi, des invités élégants qui ne parlent entre eux que du diner qui doit avoir
lieu le lendemain chez Nana pour fêter son succès

2. Compte rendu du chapitre :


Dans ce chapitre V, le succès de la Blonde Venus est fulgurant, on en est
déjà à la 34e représentation. Même son Altesse fait partie des spectateurs, et
pour la 3e fois en une semaine, ce qui provoque une certaine excitation dans le
théâtre où les artistes se croisent. Bordenave, le montreur de femmes
accompagne le prince, suite à la demande de celui-ci, avec le comte Muffat et
le Marquis de Chouard vers la loge Nana. Cette dernière est surprise en pleine
toilette, ce qui la fâche mais elle en rit déjà. A la fin du chapitre, son Altesse fait
monter Nana dans sa voiture, et Muffat se retrouve seul, désirant Nana à tout
prix.

3. Le Schéma narratif :
La situation initiale : Ce chapitre débute avec la fin du 1er acte de la 34e
représentation de la Blonde Venus, les comédiens se retrouvent dans le foyer
des artistes et sont excités par la présence du prince qui vient pour la 3 e fois en
huit jours. Fontan, quant à lui veut fêter sa fête avec du champagne pendant
l’entracte. Le prince tient à féliciter Nana en personne dans sa loge, il est
accompagné alors par le Comte Muffat et le Marquis de Chouard.
L’élément perturbateur : Nana est surprise à moitié nue et se sauve derrière le
rideau pour ne pas être vue de ces messieurs.
Les péripéties : Nana s’excuse de les recevoir en chemise. Ils se mettent à
discuter jusqu’à l’entrée de Fontan offrant du champagne pour sa fête en

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compagnie de Bosc et Prulliére. Puis Nana commence sa toilette se préparant
surtout pour le nu du 3e acte. Le prince et ces messieurs ont l’intention de
regarder le reste de la piècedepuis les coulisses. Mais une querelle éclate de
l’autre côté du théâtre entre Mignon et Fauchery, à laquelle Bordenave met fin.
Lorsque Nana entre sur scène, Muffat se sent de plus en plus fasciné par elle,
Fauchery lui propose alors de lui montrer les loges.
Le dénouement : A la fin de la pièce, Muffat cédant à une montée de colère et
de désir, embrasse Nana sur la nuque.
Situation finale : Nana monte dans la voiture du prince et Muffat se retrouve
seul sur le trottoir.

4. La narration / Focalisation :
La narration dans ce chapitre est omnisciente, le narrateur voit tout et
connait tout. Le personnage du comte Muffat est dans ce cadre
particulièrement mis à nu, on dit de lui par exemple : « ce sentiment de vertige
qu’il avait éprouvé à sa première visite chez Nana, boulevard Hausman,
l’envahissait de nouveau » 
On remarque également que certains passages sont présentés par le biais
du regard du comte Muffat, comme par exemple : « En passant, le comte leva
la tête, jeta un coup d’œil dans la cage de l’escalier, saisi du brusque flot de
lumière et de chaleur qui lui tombait sur la nuque . Il y avait en haut, des bruits
de cuvette, des rires et des appels… »

Structure Spatio-temporelle
En ce qui concerne le cadre spatial, l’action se passe dans le théâtre des
variétés. A travers la continuité des actions, on découvre les différentes parties
de ce théâtre, à savoir : le foyer des artistes, la loge de Nana, les loges des
actrices et des figurantes dans un nombre infini de corridors. En outre, ce lieu
crée l’effet de réel chez le lecteur, car le théâtre des variétés inauguré le 24 juin
1807, est situé au 7, boulevard Montmartre, près du passage des variétés. Ce
même passage que Bordenave veut faire éviter au prince en faisant ouvrir le
couloir qui va de la loge de concierge au vestibule du théâtre.Ce lieu est mis en
valeur dans la description que nous verrons plus tard.
Pour ce qui est du temps, l’action se passe pendant le second empire
durant le règne de Napoléon III, en mai 1867, le soir de la 34 e représentation de
la Blonde Venus. Le temps correspond à la durée de la pièce théâtrale, il débute
avec la fin du 1er acte et se termine quelques instants après la fin de la pièce.

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Les personnages

Les personnages sont présentés par ordre d’apparition :


Simonne Cabiroche :C’est une comédienne qui avait reçue de l’éducation
(elle joue du piano et parle anglais), elle est décrite comme étant une blonde
mignonne, délicate, souriante et soumise à Bordenave .
Prullière :C’est un acteur, bel homme, qui est aimé du public. Il joue le rôle
de Mars dans la Blonde Vénus.
Le vieux Bosc :C’est un acteur qui joue le rôle de Jupiter et du roi Dagobert
dans la pièce, il est indifférent à ce qui se passe autour de lui. Il est décrit
comme étant un ivrogne dont les mains sont agitées par l’alcoolisme mais qui a
l’air brave homme.
Fontan :C’est un acteur charmeur, au talent comique. Le jour de la 34 e
représentation coïncide avec sa fête, il offrira pour cela du champagne.
Clarisse Besnus :C’est une comédienne qui joue le rôle d’Iris, elle essaie de
se débarrasser de la Faloise dont elle était la maitresse.
Léon Fauchery :C’est un journaliste au Figaro qui a écrit un élogieux article
sur Nana. Il est l’amant de Rose Mignon et doit supporter les marques d’amitiés
excessives (les coups)que lui fait le mari de celle-ci pour se venger.
Auguste Mignon :C’est l’époux de Rose et il gère ses affaires. Il est décrit
comme un gaillard très grand avec une tête d’hercule de foire. Il est furieux du
caprice de sa femme pour Fauchery et se venge en lui donnant en public des
coups à la moindre occasion.
Rose Mignon :C’est une bonne actrice et comédienne, elle est petite et
maigre avec une laideur adorable de gamin parisien. Elle est présentée à
maintes reprises comme étant la rivale de Nana.
Mme Bron :C’est la concierge du théâtre, elle est chargée de porter les
bouquets, transmettre les lettres…Elle tient également sous l’escalier une
buvette où les comédiens viennent boire pendant l’Entracte.
L’avertisseur Barillot :C’est un petit vieillard blême, garçon de théâtre
depuis 30 ans qui avertit les artistes de leur entré sur scène.

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NANA :C’est le personnage central de ce roman. Elle a beau ne pas avoir
de talent, elle remporte un succès immense grâce à son corps et à ses formes.
Elle est présentée comme une adorable blonde grasse avec des hanches très
fortes et une poitrine en avant. On remarque que tout le personnel du roman
s’organise par rapport à Nana, centrale et solaire, qui attire dans son
rayonnement des êtres fascinés par elle, comme le sera le comte Muffat, mais
suite à son absence dans son diner elle se contente de Steiner. Dans ce
chapitre, Nana est courtisée par le prince.
Bordenave :C’est le directeur du théâtre des variétés, il est violent,
tapageur et joue le rôle d’entremetteur par le biais de son théâtre. Il prend une
voix de montreur d’ours pour parler au prince.
Hector de la Faloise :C’est le cousin de Fauchery, il vient achever son
éducation à Paris. Il est également l’amant de Clarisse qu’il n’arrive pas à
quitter pour Gaga.
Le Prince :C’est un homme grand et fort, la barbe blonde, la peau rose,
d’une distinction de viveur solide dont les membres carrés s’indiquaient sous la
coupe irréprochable de la redingote. Il assiste à la Blonde Vénus 3 fois en 8
jours ce qui prouve le grand effet qu’a eu Nana sur lui, évidemment il
l’emmène chez lui. C’est probablement le prince d’Ecosse car dans le chapitre
précédent on précise qu’il avait fait retenir une avant-scène pour voir la Blonde
Venus quand il sera à Paris. Zola s’est probablement inspiré de la visite du
prince de Galles dans la loge d’Hortense Schneider, pour ce chapitre.
Le comte Muffat : Muffat occupe dans le roman, la position presque
symétrique à celle de Nana d’un personnage clé. Il est chambellan de
l’impératrice, c’est un personnage pieux, digne et vertueux qui éprouve une
passion pour Nana où il est prêt à tout donner.
Le marquis de Chouard :C’est le beau-père du comte Muffat, il est
présenté comme étant un personnage vicieux qui se retrouve chez lui dans le
théâtre.
Mme Jules :L’habilleuse de Nana, c’est une femme desséchée qui n’a plus
d’âge, le visage parcheminé avec ces traits immobiles des vieilles filles que
personne n’a connue jeune. Elle porte une éternelle robe noire déteinte où une
forêt d’épingles est piquée à la place du cœur.
Satin :C’est une jeune fille avec un visage pur de vierge, ancienne amie de
pension de Nana, cette dernière s’est attachée à elle et pousse Bordenave à la
faire débuter au théâtre.

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Mme Drouard :C’est une actrice âgée qui joue le rôle de Junon.
La Tricon :C’est une entremetteuse qui propose des clients aux femmes pour
les tirer de l’embarras

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Les spécificités scripturales
1. La description :
La description est très présente dans ce chapitre. Tout d’abord, à travers la
description du théâtre. Pour Zola, la description est « une nécessité de savant »
et non « un exercice de peintre ». Il se rend sur le terrain, se documente et
dialogue avec des informateurs, ainsi il s’initie à l’univers théâtral.
Par opposition au 1er chapitre dans lequel on décrit le théâtre de l’extérieur
par la scène, l’avant-scène, la galerie, les loges de balcon… Mais également à
travers les spectateurs et la pièce à laquelle ils assistent.
Nous avons dans le 5e chapitre une description interne du théâtre des
variétés. Le théâtre nous est alors présenté par derrière, par les changements
de décor et les manœuvres des machinistes. Comme nous le montre ce
passage : « On posait le décor du troisième acte, la grotte du mont Etna. Des
hommes plantaient des mats dans les costières, d’autres allaient prendre les
châssis, contre les murs de la scène, et venaient les attacher aux mats, avec de
fortes cordes. Au fond, pour produire le coup de lumière que jetait la forge
ardente de Vulcain, un lampiste avait fixé un portant, dont il allumait les becs
garnis de verres rouges ». Dans ce cadre, le narrateur utilise tout un jargon bien
spécifique, tels que : les herses, les ponts volants, les toiles de fond…
Puis nous avons une description détaillée des coulisses et des loges des
actrices avec particulièrement celle de Nana. Une ambiance sombre de
promiscuité et de saleté semble régner dans l’endroit, ce qui provoque un
malaise et un sentiment de dégout chez le comte Muffat. Les impressions de ce
dernier sont importantes, car dans plusieurs passages la description est
subjective et est menée par son regard. C’est ce qu’on retrouve dans le
passage : « Alors, le compte Muffat, le sang aux joues, examina la loge. C’était
une pièce carrée, très basse de plafond, tendueentièrement d’une étoffe havane
clair. Le rideau de mêmeétoffe, porté par un triangle de cuivre, ménageait au
fond une sorte de cabinet. Deux larges fenêtres ouvraient sur la cour du théâtre,
à trois mètre au plus d’une muraille lépreuse, contre laquelle dans le noir de la
nuit, les vitres jetaient des carrés jaunes. Une grande psyché faisait face à une
toilette de marbre blanc, garnie d’une débandade de flacons et de boites de
cristal, pour les huiles, les essences et les poudres ».
Par ailleurs, pour ce qui est de la décoration, nous retrouvons des allusions
au style Empire tels que: « l’horloge et le baromètre que des sphinx dorés
accompagnaient ».

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Justifiant son titre en tant que Naturaliste, Zola ne permet pas un détail de
lui échapper. Il recense toutes les différentes : odeurs, sons et détails liés au
théâtre. Il ne se contente pas seulementde les citer, mais parfois il pèse sur le
lecteur avec cette accumulation de détails de manière à justifier pleinement
l’étude qu’il a mené.

2. Champs lexicaux :
Zola se contente de consigner les résultats d’une expérience humaine qui
obéit à des lois biologiques et sociales. Cette imitation des sciences naturelles
par la littérature suppose des principes esthétiques que Zola a maintes fois
exprimés dans ce chapitre, il refuse l’idéalisme et les conventions morales.
Les deux champs lexicaux principaux sont celui du théâtre et celui de la
psychologie :
L’action de ce chapitre se passe dans le théâtre des variétés, chose qui
explique la dominance du lexique relatif au monde théâtrale : « dans le foyer
des artistes, quatre générations de comédiens, entrée en scène, le corridor
menant aux coulisses, la loge, l’acte, les herses, le décor… »
Par ailleurs, on constate que plusieurs passages de ce chapitre sont
concentré sur la psychologie du comte Muffat, son tiraillement et son
hésitation entre sa religion, sa vertu qui sont ancrés en lui et le remplissent
d’un profond remord, et entre son désir inassouvi de découvrir la chair et le
corps féminin grâce à Nana.

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Structure thématique
1. Le monde du théâtre :
Ce chapitre est le plus caractéristique de l’univers théâtrale dans le roman.
Dès le début du roman, Bordenave définit son théâtre comme un bordel, il fait
accepter l’idée que le monde de la prostitution de haut luxe, symbolisé par des
filles comme Nana envahit la scène et les coulisses, pour signifier la déchéance
d’un art réduit au plaisir d’un divertissement équivoque. D’autant plus que
dans ce théâtre, on assiste à la fusion des sociétés, jusque-là bien séparées, à la
faveur d’une confusion générale des spectateurs dans la salle et des acteurs sur
la scène, à l’issue des représentations, oùmême entre les divers moments du
spectacle, dans la promiscuité des loges et des coulisses, où se découvrent
véritablement « l’envers du décor ». Dans ce mêmethéâtre se rencontrent et se
côtoient un Prince d’Ecosse et un roi de carton, des journalistes comme
Fauchery, des nobles comme le comte Muffat et le marquis de Chouard, des
habilleuses, des prostituées, des actrices et des entremetteuses comme La
Tricon. C’est l’univers du faux et du flou, qui se reflète bien dans le passage
suivant : « Ce monde du théâtre prolongeait le monde réel, dans une farce
grave, sous la buée ardente du gaz. Nana, oubliant qu’elle était en pantalon,
avec son bout de chemise, jouait la grande dame, la reine Vénus, ouvrant ses
petits appartements aux personnages de l’état. A chaque phrase, ellelâchait les
mots d’Altesse Royale, elle faisait des révérences convaincues, traitait ses
chienlits de Bosc et de Prullière en souverain que son ministre accompagne. Et
personne ne souriait de cet étrange mélange, de ce vrai Prince, héritier d’un
trône, qui buvait le champagne d’un cabotin, très à l’aise dans ce carnaval des
Dieux, dans cette mascarade de la royauté, au milieu d’un peuple d’habilleuses
et de filles, de rouleurs de planches et de montreurs de femmes. »

2. La prostitution :
La prostitution est un sujet à la mode au XIXe siècle. Mais c’est avec Nana
que la prostitution prend tout son essor dans le naturalisme français. Nana
ainsi que toutes les filles se prostitue et vit de son corps. Elle envoute et suscite
un désir chez le prince qui revient la voir plusieurs fois et comme le dit
Simonne : « il l’emmène chez lui, et il parait que ça lui coûte bon ». La loge de la
concierge Mme Bron est également pleine de messieurs qui patiemment
attendent que les actrices finissent leurs rôles.
Mais le détail le plus important dans ce chapitre reste l’arrivée de la Tricon,
la fameuse entremetteuse, qui vient solliciter Nana. Cette dernière

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ironiquement refuse car ce n’est pas le moment, elle accompagne déjà le
meilleur parti qui est le prince. La Tricon alors se réorganise très facilement
avec Simonne, ce qui nous rappelle les paroles de Bordenave dans le 1 er
chapitre sur son théâtre« Dites mon bordel ».

3. Le corps et la femme :
Zola décrit son héroïne dans toute sa nudité sensuelle, telle un tableau
mythologique : Nana est représentée telle une Vénus naissant des flots
caractérisée par la blancheur de sa peau et sa longue chevelure blonde. Le
personnage de Nana s’élève au rang de mythe, car nul ne sait qui elle est, elle
ne sait ni jouer ni chanter ni danser mais « elle vous retournait le public rien
qu’à se montrer ». Elle n’est plus une femme, elle est la femme, objet de désir
« l’idole au pieds de laquelle se vautrent tous les hommes », qui sont prêts à
tout pour satisfaire leurs fantasmes. Pas question d’amour, il ne s’agit ici que
de désir, brutal, animal, symbole de la délinquance d’une société malade de ses
frustrations. Nana qui sera surnommée plus tard « la mouche d’or » corrompt
tout ce qu’elle touche. Autant que la bassesse des instincts, elle représente
cette angoisse de la dégénérescence et de la contamination si fréquente chez
Zola. Ainsi, la femme dans Nana prend une valeur et une dimension
extraordinaire, l’étendue imaginaire et fantasmatique du sexe vertigineux qui
en elle, doit triompher.

4. La décadence, la dépravation et la débauche de


la société du Second Empire :
Dans Nana, c’est toute la société française du Second Empire qui se trouve
gangrenée. Zola fustige les vices d’une société corrompue par le plaisir et
l’argent. Il dénonce sans appels cette société sous tension, ses faiblesses, ses
excès, l’accroissement immoral des richesses et la dissolution des mœurs. Cette
décadence n’épargne personne, même le beau monde – la noblesse et la
royauté- se trouve mêlé aux filles de joie dans une commune dissolution sociale
où seul la recherche du plaisir et des jouissances règne en maitres, dans un
second empire condamné qui menace de s’écrouler.

5. La religion :
La religion dans ce chapitre est particulièrementreprésentéeà travers le comte
Muffat. Celui-ci est un fervent croyant et pratiquant. Il a été élevé par sa mère
dans les principes de l’austérité, dans la peur des péchés. Il est pieux et
vertueux, les paroles du marquis de Chouard sur son compte «  le comte est la
vertu même » le contrarie, car il commence à ressentir de la passion pour Nana.
Le comte Muffat est tiraillé entre sa religion et la passion qu’il a pour cette
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femme. Zola exprime ce sentiment clairement lorsqu’il écrit : « Nana en
voulant prendre un pinceau, venait de le laisser tomber ; et, comme elle se
baissait, il se précipita, leurs souffles se rencontrèrent, les cheveux dénoués
deVénus lui roulèrent sur les mains. Ce fut une jouissance mêlée de remords,
une de ces jouissances de catholique que la peur de l’enfer aiguillonne dans le
péché. »

6. Le désir des hommes :


Nana attise les hommes et allume dans leurs regards la flamme du désir.
C’est une redoutable « mangeuse d’hommes » qui les emporte dans
« l’inconnu du désir » en faisant triompher « la toute-puissance de sa chair ».
L’homme devient alors la proie sans défense de la sensualité féminine ; le sexe
de la femme semble partout enivrant, envoutant et envahissant.
L’homme qui a le plus désiré Nana reste incontestablement le comte
Muffat, qui a une importance majeure dans ce roman, c’est pourquoi nous
avons décidé de nous intéresser à lui dans les extraits choisis.

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Les extraits
Extrait 1 :
Le comte Muffat n’avait pas encore ouvert les lèvres. Il songeait
invinciblement à sa jeunesse. Sa chambre d’enfant était toute froide. Plus tard,
à seize ans, lorsqu’il embrassait sa mère, chaque soir, il emportait jusque dans
son sommeil la glace de ce baiser. Un jour, en passant, il avait aperçu, par une
porte entrebâillée, une servante qui se débarbouillait ; et c’était l’unique
souvenir qui l’eut troublé, de la puberté à son mariage. Puis, il avait trouvé chez
sa femme une stricte obéissance aux devoirs conjugaux ; lui-même éprouvait
une sorte de répugnance dévote. Il grandissait, il vieillissait, ignorant de la
chair, plié à de rigides pratiques religieuses, ayant réglé sa vie sur des préceptes
et des lois. Et brusquement, on le jetait dans cette loge d’actrice, devant cette
fille nue. Lui qui n’avait jamais vu la comtesse Muffat mettre ses jarretières, il
assistait aux détails intimes d’une toilette de femme, dans la débandade des
pots et des cuvettes, au milieu de cette odeur si forte et si douce. Tout son être
se révoltait, la lente possession dont Nana l’envahissait depuis quelques temps
l’effrayait, en lui rappelant ses lectures de piété, les possessions diaboliques qui
avait bercé son enfance. Il croyait au diable. Nana, confusément était le diable,
avec ses rires, avec sa gorge et sa croupe, gonflées de vices. Mais il se
promettait d’être fort. Il saurait se défendre.
Extrait 2 :
Elle avait trempé le pinceau dans un pot de noir ; puis, le nez sur la glace,
fermant l’œil gauche, elle le passa délicatement entre les cils. Muffat derrière
elle, regardait. Il la voyait dans la glace, avec ses épaules rondes et sa gorge
noyé d’une ombre rose. Et il ne pouvait, malgré son effort, se détourner de ce
visage que l’œil fermé rendait si provocant, troué de fossettes, comme pâmé
de désirs. Lorsqu’elle ferma l’œil droit et qu’elle passa le pinceau, il comprit
qu’il lui appartenait.
Extrait 3 :
Muffat se trouva seul sur le trottoir. Son Altesse venait tranquillement de
faire monter Nana dans sa voiture. Le marquis avait filé derrière Satin et son
figurant, excité, se contentant à suivre ces deux vices, avec le vague espoir de
quelque complaisance. Alors, Muffat, la tête en feu, voulut rentrer à pied. Tout
combat avait cessé en lui. Un flot de vie nouvelle noyait ses idées et ses
croyances de quarante années. Pendant qu’il longeait les boulevards, le
roulement des dernières voitures l’assourdissait du nom de Nana, les becs de
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gaz faisaient danser devant ses yeux des nudités, les bras souples, les épaules
blanches de Nana ; et il sentait qu’elle le possédait, il aurait tout renié, tout
vendu, pour l’avoir une heure, le soir-même. C’était sa jeunesse qui s’éveillait
enfin, une puberté goulue d’adolescent, brulant tout à coup dans sa froideur de
catholique et dans sa dignité d’homme mûr.

Analyse des extraits

Comme vous avez dû le remarquer, notre choix des extraits était


particulièrement concentré sur le personnage du comte Muffat, ces lignes
reflètent sa progression psychologique qui va en crescendo.
Muffat est un croyant, pratiquant qui a reçu une éducation vigoureuse, c’est un
enfant élevé dans les principes du catholicisme, dans la peur du péché. Même
dans son mariage, sa relation avec son épouse est rigide et vide de sens.
Dans le 1er extrait, Muffat est déchiré entre sa peur de la chair, ses préceptes
religieux, et son désir de glisse et de se laisser submerger par Nana. Cette
dernière le possède lentement, il l’associe alors au diable. Il s’illusionne de
pouvoir résister à sa passion pour Nana, ce qui est une cause perdue d’avance,
car à peine quelque instants plus tard, il comprend qu’il lui appartient.
Finalement, Muffat est complétement troublé, Nana a mis son désir en éveil,
rien ne sera plus comme avant.
Le comte Muffat est un être introverti, trop éduqué, refoulé dont la
personne est écrasée par un carcan d’interdits et de tabou. Son nom « Muffat »
nous fait penser à « Mufle » qui veut dire : individu mal élevé, grossier,
indélicat, en d’autre terme un rustre, goujat et malotru, ce qui est censé être
tout le contraire de Muffat, qui est un noble. Mais on peut y lire que même la
noblesse finit par exploser, vue que cette gangrène de la déchéance humaine
est présente partout, à tous les milieux.

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