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GUY DE MAUPASSANT, BOULE DE SUIF

 
 
Introduction            

Boule de Suif est une nouvelle réaliste de Guy de Maupassant parue en 1880. Cette nouvelle
raconte l’anecdote sordide arrivée à Boule de Suif durant la guerre de 1870. Les thèmes
principaux sont la nourriture, l’argent et la guerre de 1870 qui a beaucoup marquée
Maupassant.
 
Il est intéressant d’étudier cette nouvelle car Maupassant y montre l’hypocrisie de la haute
société et du clergé. Nous allons voir dans le développement que Boule de Suif, une prostituée,
apparaît bien plus respectable que les « honnêtes » bourgeois et qu’elle nous inspire la
compassion. Dans cette nouvelle, Maupassant dénonce la monstruosité des êtres humains.

1. Présentation de l’auteur
  
Guy de Maupassant, écrivain réaliste français (château de Miosmenil, Seine Maritime
1850-Paris 1893). Après une enfance libre et heureuse en Normandie, il assiste à la débâcle de
1870, puis accepta un emploi de fonctionnaire à Paris. Parallèlement à une vie sportive et
joyeuse (les parties de canotage de Mouche), il fit son « apprentissage » littéraire sous la
direction de Flaubert, ami de la famille, qui lui imposa les exigences  de l’esthétique. Il publia
Boule de Suif (1880) qui le fit connaître. On trouve déjà là une thématique récurrente dans ses
nouvelles qui est la monstruosité des êtres humains. Ces recueils évoquent tour à tour la
Normandie, le cynisme des milieux parisiens, la cruauté des êtres humains et la guerre de 1870
qui l’a beaucoup marquée. A partir de 1881, sa santé se dégrade et il commence à délirer. Il est
interné à la clinique de Passy où il y meurt en 1893 en laissant de nombreuses nouvelles et
quelques romans.
 
2. Résumé
 
L’action se déroule en Normandie pendant l’hiver de la guerre de 1870-71. Dix personnes
fuient en diligence Rouen qui est occupée par les Prussiens. Parmi ces gens, se trouvent une
prostituée surnommée Boule de Suif. Elle est au début méprisée par les autres voyageurs, qui
comportent des bourgeois et deux bonnes sœurs. Mais quand la faim les pousse à manger les
provisions qu’elle seule a pensé à emporter, ils deviennent plus courtois avec elle. Arrivés dans
la ville de Tôtes, un officier allemand les oblige à rester dans l’auberge jusqu’à ce que Boule de
Suif cède à ses avances. La plupart des voyageurs se concertent pour pousser Boule de Suif à
l’acte. Elle finit par se sacrifier et ils peuvent enfin repartir. Au retour dans la diligence, les
voyageurs méprisent Boule de Suif pour ce qu’elle a fait et ils la laissent pleurer seule dans son
coin.
 
3.La structure de l’œuvre et ce qui en découle
 
Dans Boule de Suif, le narrateur utilise la focalisation zéro.
 
a) Le schéma narratif

Situation initiale
 -occupation allemande
 -la diligence arrive à Tôtes
 
Eléments perturbateurs
 
-diligence bloquée par le Prussien
-refus de Boule de Suif
 
Dynamique d’actions
-attente
-l’argumentation pour la « conspiration »
-évolution des personnages
 
Résolution
-décision de Boule de Suif à céder au désir du Prussien

Situation finale
-Départ de la diligence.
-Boule de Suif est humiliée et pathétique
  
  b)Etude du mouvement
-p.9 à 13 L’invasion des Prussiens à Rouen.
-p.13 (« on partit …») à 22 La 1ère journée en diligence les voyageurs font connaissance.
-p.22 (« des petits points… ») à p.26 La première nuit à l’auberge.
-p.26 (« Comme on avait décider... ») à 29 L’officier allemand refuse de laisser repartir les
voyageurs.
-p.29 (« L’après-midi ») à p.30 Les voyageurs apprennent la cause du refus de l’officier.
 -p.30 (« on se leva ») à p.36 Troisième jour à l’auberge début de la conspiration.
-p.36 (« le déjeuner fut tranquille ») à p.39 Quatrième journée Boule de Suif cède.
-p.39 (« le lendemain ») à la fin Cinquième jour départ de l’auberge et humiliation de Boule de
Suif.

b) La vitesse de narration
 
Les scènes (passages où la durée des événements correspond à la durée de leur
représentation) dialoguées sont nombreuses dans Boule de Suif mais ne durent jamais trop
longtemps. L’un des dialogues les plus significatifs est celui entre le comte et l’officier prussien
(p.29). la froideur et le laconisme de ce dernier soulignent le caractère bloqué de la situation.
 
Les sommaires sont en majorité les passages où les voyageurs conspirent entre eux pour
amener Boule de Suif à céder au chantage du prussien et ceux qui évoquent les conversation
à table.
Lors du dîner du troisième jour au cours duquel la comtesse parvient à faire intervenir la
religieuse de manière décisive, Maupassant mêle la technique du sommaire à celle de la scène.
En effet, tantôt il rapporte au style direct les paroles de la religieuse, tantôt il résume au style
indirect les principaux arguments avancés par les interlocuteurs. Cela permet à Maupassant de
tirer le meilleur parti des deux techniques avec la scène, il met en valeur l’impact dramatique de
tel ou tel argument ; avec le sommaire, le narrateur prend ses distances par rapport aux
arguments et peut les présenter ironiquement en faisant ressortit l’hypocrisie des voyageurs.
 
Ce sont surtout les nuits qui donnent lieu à des ellipses. Dans Boule de Suif, la nuit est une
période d’évolution psychologique comme l’affirme le dicton « la nuit porte conseil ». On le voit
très clairement dans ce passage « Aussitôt le repas terminé, on remonta bien vite dans les
chambres pour ne descendre que le lendemain, qu’assez tard dans la matinée. Le déjeuner fut
tranquille. On donnait à la graine semée la veille le temps de germer et de pousser ses fruits. »
(p.36).
 
Il apparaît donc que la nouvelle ne comporte pas vraiment de temps morts. Même les ellipses
font avancer l’intrigue sur le plan psychologique.
 
d) Linéarité de l’intrigue
  
Dans cette nouvelle, l’auteur ne transforme pas l’ordre des événements, ne fait pas de
prolepse. La narration suit l’ordre chronologique des faits. Il y a juste deux analepce, quand
Boule de Suif raconte la cause de sa fuite et lorsque Loiseau dit qu’il a surpris, deux nuits
auparavant, Boule de Suif et Cornudet dans le corridor. Mais ces deux exemples proviennent
de la parole des personnages, alors Maupassant n’effectue jamais directement de retour en
arrière dans cette nouvelle.
 
e)Symétrie et répétitions
 
Maupassant utilise les effets de symétrie et de répétition dans cette nouvelle. Par exemple, le
trajet en diligence à la fin rappelle celui du début. Mais il y a une différence majeure. Au début,
c’est Boule de Suif qui partage ses provisions avec les autres voyageurs, mais à la fin, celle-ci a
oublié d’en amener et les autres voyageurs ne lui en donnent même pas une miette. Le
parallélisme de ces deux scènes produit un contraste choquant qui révèle la bassesse et
l’ingratitude de la «bonne » société.
 
D’une part, Maupassant utilise ce procédé car c’est une nouvelle réaliste et la vie quotidienne
est une répétition d’action. D’autre part, ces effets de répétition montrent que Maupassant a une
vision pessimiste de la société.
 
LES PERSONNAGES PRINCIPAUX
 
Les personnages de Boule de Suif représentent toute la société française. Il est clair que
Maupassant a voulu montrer les diverses classes sociales et un riche éventail de types
humains. Nous allons voir que les personnages sont associés en couple (Boule de Suif-
Cornudet, les couples mariés et le couple de religieuses).
 
a) Boule de Suif
 
Identité Tout le long de la nouvelle, elle est nommée par son surnom « Boule de Suif » qui fait
allusion à son physique rond et gras « suif » signifie graisse. Il faut attendre plusieurs pages
(p.23) avant d’apprendre son vrai nom qui est Elisabeth Rousset. Ce simple détail indique
qu’elle n’a pas sa place parmi la société « honnête » car le nom est une marque de respect. Le
sien n’est prononcé que trois fois au cours de l’histoire, et en plus dans un contexte
déshonorant, puisque c’est lorsqu’on lui demande si elle accepte de céder au désir de l’officier.

Boule de Suif n’est pas qu’une prostituée de bas étage car elle a une maison à Rouen et une
domestique. Elle est plutôt une « demi-mondaine » car ses clients devaient être des bourgeois.
Elle vit donc de cet ordre social et de ses vices privés.Elle doit fuir Rouen à cause de l’arrivé
des Prussiens.
   
Portrait physique.
Elle est petite, ronde de partout, grasse à lard, avec des doigts bouffis, étranglés aux
phalanges, pareils à des chapelets de courtes saucisses, avec une peau luisante et tendue,
une gorge énorme qui saillait sous sa robe, elle restait cependant appétissante et courue, tant
sa fraîcheur faisait plaisir à voir. Sa figure était une pomme pivoine prêt à fleurir, et là-dedans
s’ouvraient, en haut, deux yeux noirs magnifiques, ombragés de grands cils épais qui mettaient
une ombre dedans ; en bas, une bouche charmante, étroite, humide pour le baiser, meublée de
quenottes luisantes et microscopiques (p.16).
  
Portrait morale
Maupassant ne la présente pas comme tout à fait stupide, elle est plutôt naïve et inconsciente
jusqu’à la dernière scène de la malveillance fondamentale des autres voyageurs. Mais cette
naïveté est la conséquence de sa nature généreuse, qui la pousse à faire confiance aux autres,
et à vouloir les aider. On le voit bien lors du premier jour de voyage, lorsqu’elle offre toutes ses
provisions à ses compagnons. Ce sacrifice n’est pas superflu pour elle tout, dans son
physique, indique une extrême gourmandise. Lorsqu’elle cède finalement à l’officier, c’est pour
satisfaire les autres voyageurs. On sent qu’elle aurait résisté jusqu’au bout si elle avait été
seule.
Le prussien, qui « connaît bien la nature humaine » (p.32), l’a bien compris, et c’est pour cela
qu’il retient tous les voyageurs. Il compte sur ces êtres faibles et lâches pour faire fléchir la
généreuse et patriote fille corrompue.
 
Boule de Suif a un respect sincère pour la patrie, l’Eglise et le trône qui devraient normalement
représenter cette société « honnête » qui la méprise. Son patriotisme est tout à fait spontané.
Elle doit fuir Rouen car elle a agressé physiquement un militaire prussien qui était venu
réquisitionner son domicile. Cet acte montre son amour pour la France et sa haine contre
l’ennemi. Cette haine de l’occupant s’exprime aussi par une agression verbale: elle demande à
l’aubergiste de transmettre son refus formel à « cette crapule, à ce saligaud, à cette charogne
de Prussien » (p.30). Elle manifeste également ses pudeurs patriotiques de manière
symbolique. Lorsque Cornudet lui demande ses faveurs, elle refuse, non parce qu’il lui déplaît,
mais à cause de la présence de l’Allemand. Enfin, lorsque l’officier fait descendre les voyageurs
de la diligence, c'est elle qui descend la dernière, voulant par ce geste défier ce militaire
impertinent.
 
Le paradoxe le plus amusant de Boule de Suif est son respect religieux. Dans la diligence, elle
propose de la nourriture aux deux religieuses d’une voix « humble et douce » (p.19). Ce sont
également les arguments de la religieuse, habillement sollicités par Mme de Bréville, qui
semblent finalement faire céder Boule de Suif. Enfin, elle se rend à l’église et explique à ses
compagnons que « c’est si bon de prier quelquefois » (p.34). Sa piété apparaît donc sincère.
Elle contraste avec les prières mécaniques des religieuses et la religiosité hypocrite de la
comtesse, qui n’hésite pas à abuser de la religion pour pousser Boule de Suif dans les bras du
prussien.
 
En politique, Boule de Suif est bonapartiste. Elle s’emporte violemment quand Cornudet
attribute les malheurs de la France à « cette crapule de Badinguet » (p.21). Elle exprime son
mépris « les polissons comme vous ». « Vous » s’adresse à Cornudet et aux personnes qui ont
trahi l’empereur: les républicains.
 
Son conservatisme social paraît invraisemblable car elle est rejetée et marginalisée par l’ordre
social même qu’elle admire et respecte. A la fin de la nouvelle, elle se retrouve complètement à
l’écart des autres voyageurs après avoir obtenu leur libération en cédant à l’officier. Ces êtres
hypocrites et ingrats, qui « l’avaient sacrifiée d’abord, rejetée ensuite » (p.40), ne lui offrent
même pas à manger. Le dernier mot de la nouvelle est « ténèbres ». Au premier degré, il s’agit
bien sûr de la nuit qui est tombée, mais symboliquement, ces ténèbres traduisent la tristesse et
la solitude de cette victime. 
 
Rôle
Boule de Suif est le personnage principal. Cette prostituée permet aux autres voyageurs de
quitter Tôtes. Boule de Suif symbolise la résistance contre l’occupant.
 
Conclusion
Son personnage est construit sur une apparence contradictoire entre sa vie de prostituée et son
attachement au patriotisme, à l’Eglise et à l’empereur. C’est une victime qui nous inspire la pitié
et la compassion. Cette fille corrompue paraît bien plus honnête que les bourgeois de la société
dite « honnête ».
 
b)Cornudet
Cornudet est essentiellement défini par ses opinions politiques. C’est un démocrate, ennemi du
régime impérial et de la bourgeoisie qui s’y est ralliée, d’où son surnom « Cornudet le démoc »
(p.15). A priori, il apparaît plus sympathique que les autres personnages et le fait qu’il soit lui
aussi marginal le rapproche de Boule de Suif. D’ailleurs, celle-ci s’appelle Elisabeth Rousset et
Maupassant a doté Cornudet d’une barbe rousse. L’auteur veut peut-être ainsi symboliser le
rapprochement entre ces deux personnages. Mais en définitive, Cornudet est un faible qui trahit
également Boule de Suif.
 
Maupassant insiste sur le côté vain et ridicule de Cornudet. Il est déteste la bourgeoisie, alors
qu’il est lui-même un fils de bourgeois, qui a hérité d’ « une assez belle fortune ». Ses actes
révolutionnaires se résultent surtout à de grands discours  et sa bravoure devant l’ennemi est
assez superficielle. Il s’est contenté des pièges et dresser des barricades, pour s’enfuir comme
les autres dès que les Prussiens arrivent.
 
A la fin de la nouvelle, au lieu de défendre Boule de Suif et d’affronter directement les bourgeois
qui la laissent pleurer dans son coin, il se contente de les narguer en chantant La Marseillaise.
Ce chant exprime un patriotisme révolutionnaire. D’une part les fiers couplets font honte aux
bourgeois de leur lâcheté, et d’autre part, ils leur lancent un défi d’extrême gauche. Mais ce défi
ne satisfait que l’amour-propre de Cornudet car il ne fait rien pour changer la situation de Boule
de Suif. La vanité de son patriotisme se remarque lorsqu’il considère celui de Boule de Suif d’un
air fier et un peu dédaigneux. Lorsque Maupassant dit « Les démocrates à longue barbe ont le
monopole du patriotisme comme les hommes en soutane ont celui de la religion » (p.21), il veut
montrer que la foi républicaine de Cornudet est aussi hypocrite et présomptueuse que la foi
religieuse du clergé.
 
Cornudet montre peu de solidarité envers Boule de Suif sans doute parce qu’elle a refusé ses
avances. Celle-ci, en effet lui refuse l’entrée de sa chambre par « pudeur patriotique ».
Autrement dit, la femme « facile » ne veut pas se prostituer en présence de l’occupant prussien.
Lorsque Cornudet déclare aux voyageurs qu’ils ont commis une « infamie » en poussant Boule
de Suif dans les bras de l’Allemand, Loiseau comprend qu’en fait Cornudet est jaloux. Même si
c’est le jugement d’un personnage vulgaire et méprisable, il ne manque pas d’une certaine
vraisemblance. Malgré son sentiment de supériorité morale, Cornudet est certainement aussi
égoïste que les bourgeois qu’il haït.
 
C’est un révolutionnaire patriotique qui ne fait rien pour défendre Boule de Suif car il est lâche.
 Cornudet est un révolutionnaire patriotique qui déteste la bourgeoisie, mais il n’aide pas Boule
de Suif à cause de sa lâcheté et de sa jalousie
 
c)Les couples de la « bonne » société
  
Nous allons voir les couples qui forment la « bonne » société par ordre croissant de niveau
social. Nous allons commencer par le moins raffiné de ces ménages, les Loiseau.
  
Les Loiseau
Contrairement à M.Carré-Lamandon qui est un grand bourgeois dans l’âme, M. Loiseau est un
homme du peuple, sans dignité ni éducation. C’est seulement sa réussite financière qui l’a
rangé du côté des bourgeois, il n’est en fait qu’un « parvenu ».

On voit lors du dîner final, son goût pour les plaisanteries sexuelles. Cela révèle sa nature
vulgaire. On remarque aussi qu’il ne sait pas se tenir, il est le premier à crier famine dans la
diligence. C’est le seul moment de la nouvelle où il se montre amical. En effet il exprime sans
honte cette faim que tous les autres voyageurs ressentent, et son côté simple, qui contraste
avec l’attitude hautaine des autres bourgeois, l’amène à accepter la nourriture et le rhum que
les autres dédaignent.
 
Maupassant insiste sur sa bassesse morale. Même ses amis le considèrent comme un « fripon
madré» (crafty scoundrel). Le vin qu’il vend est plusieurs fois qualifié de médiocre. Il n’a aucun
scrupule patriotique, et compte bien exiger au Havre le paiement, par l’armée française, de
l’infâme piquette (cheap wine) qu’il lui a vendue.
 
Il se montre particulièrement bas lorsque, bouillant de rage et d’impatience devant le refus de
Boule de Suif, il propose aux voyageurs de la livrer « pieds et poings liés » à l’officier prussien.
La ruse et la malhonnêteté font à ce point partie de son caractère qu’il ne peut s’empêcher de
tricher aux cartes avec la complicité de son épouse.

Mme Loiseau est d’un caractère aussi méprisable que lui, bien qu’elle soit différente. Si
M.Loiseau est, dans ses meilleurs moments, bon vivant et convivial, Mme Loiseau est dure et
sèche. Son « âme de gendarme » (p.32) ne comporte pas un atome de générosité ni d’humour.
On le voit bien quand son mari, par plaisanterie, dit aux voyageurs, que sa faim est telle qu’il
paierait cent francs pour un simple jambonneau. Mme Loiseau a un geste de dépit car elle est
tellement avare qu’elle ne comprend les blagues au sujet de l’argent. Sur un point, elle lui
ressemble, elle est aussi peu scrupuleuse que son époux, et s’entend très bien avec lui pour
tricher aux cartes (p.29).
 
La différence de caractère entre ces deux époux se reflète dans leur physique alors que
Loiseau est petit, gras et rougeaud, sa femme est grande et tout son corps n’est qu’une « dure
carcasse » (p.26).

Les Loiseau participent à la « conspiration » pour faire capituler Boule de Suif.


 
Les Carré-Lamandon
M.Carré-Lamandon est plus riche que les Loiseau. Les Carré-Lamandon sont aussi, comme dit
Maupassant, d’une « caste supérieure ». Ce sont de « vrais » bourgeois, avec toute l’éducation
et la tenue que ce statut implique. Mais là encore, ce n’est qu’une apparence.
 
Industriel normand, riche et respecté, M.Lamandon-Carré est un homme qui vit constamment
dans l’hypocrisie. Durant le régime impérial, il a fait figure d’opposant politique, mais, comme
nous le dit Maupassant, c’est uniquement pour se faire « payer plus cher son ralliement »
(p.14). Il n’a donc pas de véritables et honnêtes convictions politiques. Son seul intérêt est
l’argent et le prestige social.
 
Cette absence de convictions entraîne chez lui de flagrantes contradictions internes. Si, d’une
part, il admire le panache militaire, ce grand commerçant déplore, d’autre part, que l’armé coûte
aussi cher à l’Etat, et emploit de manière « improductive » quantité de bras que l’on pourrait
utiliser pour « de grands travaux industriels » (p.25). A travers lui, Maupassant critique
l’ambiguïté idéologique de la grande bourgeoisie marchande.
 
L’auteur décrit Mme Carré-Lamadon comme jeune et jolie. Elle montre beaucoup de dédain à
l’égard de Boule de Suif mais elle n’est guère plus vertueuse que la prostituée. En effet, la «
jolie Mme Carré-Lamandon » est « la consolation des officiers de bonnes familles envoyés à
Rouen en garnison »(p.15). Cette phrase en dit long. Elle trompe probablement son mari,
qu’elle n’a sans doute épousé que pour son argent, avec des hommes plus jeunes que lui. En
plus, sa faiblesse pour les jeunes officiers est confirmée quand elle dit que l’officier prussien lui
paraît « pas mal du tout » (p.32), et c’est là de sa part un jugement de « connaisseur ». Malgré
sa façade de respectabilité bourgeoise, elle est aussi légère, sinon plus, que Boule de Suif.
  
Ils représentent la bourgeoisie commerçante. Ils participent à la débauche de Boule de Suif.  
 
Les Bréville
Après la petite puis la grande bourgeoisie, Maupassant nous présente, avec le comte et la
comtesse de Bréville, le plus haut niveau social, celui de l’aristocratie.
  
Ces nobles sont aussi hypocrites et lâches que les bourgeois. Malgré sa noblesse, M. de
Bréville n’a pas de courage et d’honneur. Maupassant nous le présente comme un
«diplomate», il est issu de « trois générations d’ambassadeurs » (p.52). Ce trait, qui n’est pas
négatif en soi, équivaut, chez le comte, à une attitude lâche et soumise. Loin d’approuver le
courage de Boule de Suif, il encourage celle-ci à céder au prussien car « il ne faut jamais
résister aux plus forts » (p.23). Cette lâcheté érigée en philosophie est d’autant plus méprisable
que le comte se vante d’être un descendant de Henri IV, à qui il s’efforce même de ressembler
physiquement. Mais la seul marque de supériorité que possède le comte est le contrôle qu’il a
de lui-même, et de son esprit d’initiative. C’est lui qui s’impose naturellement comme la tête de
la « conspiration » destinée à faire fléchir Boule de Suif. Il possède également l’art de la parole,
que ce soit pour parler à l’officier prussien, à ses compagnons ou à Boule de Suif, il sait
toujours employer les mots et le ton adapté à la situation. Mais il n’est qu’un homme de
discours. Chez lui, la noblesse n’est que forme et apparence.
 
La comtesse excelle aussi dans l’art de paraître. Elle a « grand air », comme le précise
Maupassant, ce qui lui a permis, bien qu’elle soit noble de naissance, d’être acceptée par
l’aristocratie normande. Vis-à-vis de Boule de Suif, elle sait se montrer aimable, mais cette
attitude trahit avant tout de la condescendance et un énorme complexe de supériorité.
 
Comme le comte, elle a le sens de l’initiative, et c’est elle qui a l’idée d’utiliser des arguments
tirés de la religion pour faire céder Boule de Suif. Très rusée, elle amène la religieuse à dire
que Dieu serait tout disposé, vu les circonstances, à pardonner à Boule de Suif son « péché ».
Cette grande dame, comme les autres, finit par s’amuser « comme une folle » des plaisanterie
obscènes de Loiseau, lors du dîner final (p.38).
 
Rôle: Ils représentent l’aristocratie et ils participent aussi à la débauche de Boule de Suif.

Conclusion
Ces couples qui représentent la « bonne » société apparaît bien moins respectueux que Boule
de Suif qui est une prostituée. Ils sont hypocrites, lâches, insolents, égoïste et dénués
d’honneur et de vrai patriotisme. Cela montre que leurs valeurs ne sont qu’une apparence car
ils sont en réalité méprisables. Il y a un inversement des valeurs dans cette nouvelle.
 
d)Les deux religieuses
A travers les deux religieuses, Maupassant fait une caricature de l’hypocrisie et de la dévotion
à la religion. Il devait mettre des personnages du clergé dans la nouvelle car la religion officielle
sert de base idéologique et de justification à la domination des classes supérieures qui sont
représentées par les trois couples. C’est la « bonne » société qui a « de la Religion et des
Principes » (p.15).
 
La plus âgée des religieuses est présentée comme très masculine, alors que la plus jeune, sa
« chère sœur Saint-Nicéphore » est « mignonne » (p.35) et fragile, d’un aspect maladif. Elles
forment donc presque un couple. Elles ressemblent à des automates et semblent
déshumanisées lorsqu’elles récitent leur prière. Elles ont des réflexes d’esclaves lorsque le
prussien fait descendre les voyageurs de la diligence, elles descendent en première, en
«saintes filles habituées à toutes les soumissions » (p.22). La plus âgées des deux est très
masculine car elle a passé sa vie dans l’armée à soigner les blessés sur le champ de bataille.
C’est « une vraie bonne sœur Ran-tan-plan » (p.36), elle a une âme de soldat.
 
C’est elle qui achève de vaincre la résistance de Boule de Suif en affirmant qu’un péché est
vite pardonné s’il est accompli pour des motifs louables. Sa philosophie morale est très habile.
 
e) L’officier prussien
  
L’officier est un symbole de la « goujaterie naturelle du militaire victorieux » (p.29). Toute son
attitude est caractérisée par la tyrannie arbitraire. Il ne prend même pas la peine d’expliquer
son refus « che ne feux pas…foilà tout » (p.29). Maupassant fait de lui une caricature
impitoyable. Il imite son accent allemand. Physiquement, l’officier est ridiculement guindée, il est
serré dans son uniforme «comme une fille dans son corset» et sa moustache est «démesurée»
comme son arrogance (p.22).
 
f) Les aubergistes
  
Le couple de Follenville, qui sont les aubergistes de Tôtes, sont la caricature des petits
bourgeois issus du peuple, sans grande éducation comme les Loiseau. D’ailleurs Loiseau
sympathise avec eux. Mais ils sont plus sympathiques que les Loiseau car ils n’ont pas de
prétentions. Le « bon sens » paysan de Mme Follenville, lorsqu’elle confie aux voyageurs son
opinion sur la guerre et l’armée prussienne, impressionne M.Carré-Lamandon. Il se peut que
Maupassant exprime son propre point de vue à travers elle.
 
En revanche, le gros Follenville est assez lâche et la franchise avec laquelle sa femme parle à
des étrangers l’inquiète. Il lui conseille à plusieurs reprises de se taire. D’autre part, il joue le
rôle du messager de l’officier prussien quand il demande à Boule de Suif de la part de celui-ci si
elle veut bien céder à son chantage. Cela le rend passivement complice du vainqueur
tyrannique. Il ne se préoccupe pas du malheur de la France et de l’infortune de Boule de Suif,
tout ce qui l’intéresse, c’est de préserver son auberge et ses intérêts personnels. A cet égard, il
appartient bien à la même catégorie que Loiseau, Carré-Lamandon et Bréville.
 
g) Les autres personnages
Il y a les soldats, le cocher et le bedeau de Tôtes.
 
Maupassant ne se prive pas de critiquer les soldats de l’armée française peu glorieuse. Malgré
leur  défaite, il sont toujours orgueilleux. Un an plutôt, ils se montraient aussi arrogant que les
prussiens vis-à-vis des Rouennais. Les officiers sont des « fanfarons ». Quand eux simples
soldats, ils ont des « airs de bandits » (p.9) et sont des « pillards débauchés » qui font plus peur
à leurs propres officiers qu’à l’ennemi. Ils sont incompétents sur le plan militaire.
 
Par contraste, les Prussiens ont l’apparence d’une armée puissante et disciplinée, mais ces
qualités les déshumanisent. Ils ne sont pas des individus, mais une simple « masse noire » et
des « flots envahisseurs » (p.10).
 
Le cocher est un personnage passif qui obéit sans poser de questions lorsqu’on l’interdit de
repartir de Tôtes.
 
Le bedeau est décrit ironiquement comme les deux religieuses par Maupassant. Cela prouve
l’antipathie de Maupassant pour l’Eglise. Ce « vieux rat d’église » admire  sans réserves les
soldats allemandes. (p.27). Il utilise le même argument que Mme Follenville « ce sont les
grands qui font la guerre » (p.27). A ses yeux, les soldats ennemis sont des victimes de leurs
dirigeants, autant que les Français occupés. Cette attitude conciliante vient de sa bêtise et de
sa lâcheté.
 
5.LES THÈMES PRINCIPAUX
  
Les thèmes principaux sont l’argent, la nourriture, la guerre, le réalisme, l’argumentation et
l’hypocrisie.
 
a) L’argent
   
L’argent joue un rôle capital dans cette nouvelle car c’est une satire des classes supérieures de
la société. Quoique très différents par leur éducation et leurs opinions politiques, Loiseau,
Carré-Lamandon et Bréville sont unis par l’argent.
 
L’argent les rend « frères », même s’il n’y a aucune fraternité entre eux. Ces trois homme unis
par « un instinct conservateur », constituent une alliance anormal, car pendant la révolution
(environ 80 ans plus tôt), ils auraient été ennemis. En effet, le comte représente l’aristocratie et
les deux autres la bourgeoisie commerçante.
 
Maupassant prouve que les idées et les valeurs de chaque classe sont secondaires par rapport
à la fortune, qui est la seule véritable distinction des individus. Ils appartiennent tous les trois à
« la grande franc-maçonnerie de ceux qui possèdent » (p.17). Leur richesse proviennent de
sources différentes. Loiseau s’est enrichi par le commerce, Carré-Lamandon par l’industrie, et
le comte par héritage.
 
Maupassant nous présente des attitudes différentes par rapport à l’argent. Cornudet est le plus
généreux, il a dépensé son argent pour ses amis républicains. A l’opposé, Mme Loiseau est
d’une extrême avarice, et ne supporte même pas que l’on plaisante de l’argent. Son mari est
plus généreux car c’est lui qui offre le champagne lorsque les voyageurs célèbrent la
capitulation de Boule de Suif (p.37). Entre ces deux extrêmes, M.Carré-Lamandon donne
l’image d’un gestionnaire prudent comme il convient à un homme d’affaire respectable. Il a
constitué un capital au cas où la guerre l’oblige à se réfugier en Angleterre.
 
Conclusion Maupassant présente la bourgeoisie normande comme très lâche et très avare. «
Emasculés par le commerce » (p.10), les Rouennais n’osent refuser de payer le tribut de
guerre qu’exigent les prussiens. Mais plus ils sont riches, plus ils souffrent de voir leur argent
passer entre les mains des vainqueurs.
 
b) La nourriture
  
Les repas sont importants dans Boule de Suif parce qu’ils rythment le temps de l’histoire et
parce qu’ils constituent le lien social entre les personnages.

La nourriture comme un lien social


Ce sont en effet les repas qui permettent aux voyageurs de communiquer. Pendant le voyage
en diligence, c’est la faim qui pousse les voyageurs à parler de nourriture. Plus tard, quand
Boule de Suif partage ses provisions avec eux, ils se sentent obligés de lui parler, malgré le
mépris qu’ils éprouvent pour elle. Maupassant insiste beaucoup sur ce 1er repas en diligence
pour installer un contraste frappant avec le repas final où les voyageurs très ingrats dégustent
leurs repas froids, sans en offrir à la malheureuse Boule de Suif, qui a oublié d’emmener des
provisions.
 
A l’auberge, c’est au cours des repas, que les voyageurs argumentent pour pousser Boule de
Suif à céder au caprice du prussien. Les repas en commun forment un idéal pour leur
entreprise, ils parlent autour de la table sans s’adresser à Boule de Suif en particulier. Cette
technique est très efficace car elle permet d’influencer la courtisane sans pour autant la heurter
de front.
  
Boule de Suif comparée à de la nourriture
Symboliquement, Boule de Suif est de la nourriture car elle est comparé à un objet à
consommer quand ils la livrent « en pâture » à l’officier.  Le narrateur compare son corps à
divers produits cosmétiques. Elle est « grasse à lard » et « appétissante ». Ses doigts sont
pareils à « de courtes saucisses ».  Sa figure ressemble à « une pomme rouge» (p.16). La
métaphore de Boule de Suif comparée à de la nourriture est confirmée par l’une des
plaisanteries de Loiseau qui propose de manger de « manger le plus gras des voyageurs ».
Ces comparaisons enlèvent toute dignité à cette victime, que l’on traite comme un objet à
consommer.
 
c) La guerre
Maupassant consacre les premières pages de son récit à une description très réaliste de la
guerre. Au niveau métaphorique, toute la « conspiration » des voyageurs pour amener Boule de
Suif àcéder au désir du prussien est comparée à un combat militaire. On le voit bien dans ce
passages
 
« Chacun convint du rôle qu’il jouerait, des arguments dont il s’appuierait, des manœuvres qu’il
devrait exécuter. On régla le plan des attaques, les ruses à employer, et les surprises de
l’assaut pour forcer cette citadelle vivante à recevoir l’ennemi dans la place (p.33)
 
Cette métaphore est continuée jusqu'à la capitulation de cette « citadelle vivante » qu’est Boule
de Suif. Les arguments de la religieuse font « brèche » (p.35) dans sa résistance. Cette
résistance est comparée au rempart d’une forteresse qui s’effondre sous les coups de
l’ennemi.
Cette métaphore de la guerre est ironique car ces lâches, qui s’abaissent devant l’ennemi en
réalité, deviennent des stratagèmes quand il s’agit de s’attaquer à plusieurs à Boule de Suif qui
est une malheureuse isolée.
 
Enfin le « viol » de Boule de Suif est un symbole du « viol » de la France par les prussiens. Ce
mot paraît peut-être exagéré car Boule de Suif se rend d’elle même mais c’est à cause de la
violence morale qu’elle subit. On voit bien qu’à la fin, Boule de Suif offre l’image d’une femme
violée car elle est « troublée, honteuse » et se sent «souillée par les baisers de ce Prussien »
(p.39).

d) Le réalisme
 
Boule de Suif est une nouvelle réaliste car l’histoire est située dans l’Histoire ( la guerre de
1870) et le cadre géographique est fidèle. Ce n’est pas un hasard si Maupassant a choisi la
Normandie parce que c’est sa région natale qu’il connaît très bien et toutes les localités citées
(Rouen, Dieppe, Tôtes) pourraient très bien constituer, en réalité, les étapes d’un voyage en
diligence.
 
Rien dans cette nouvelle n’est invraisemblable ou irrationnel. Les événements s’y déroulent
dans un ordre logique et les actions de chaque personnage y sont justifiées par des mobiles
précis et intelligibles. Par exemple, nous savons pourquoi les voyageurs ont quitté Rouen.
Boule de Suif fuit pour sa sûreté car elle a agressé un militaire prussien et elle risque donc de
se faire arrêter.

Ce détail explique peut-être pourquoi c’est à elle que l’officier prussien demande les faveurs.
Quand il a vérifié l’identité des voyageurs, il a su qu’elle s’appelait Elisabeth Rousset comme la
femme que recherchent ses compatriotes à Rouen. Il sait que Boule de Suif risque de recevoir
une punition sévère et conclut que la peur l’amènera à se donner à lui. En plus, il sait peut-être
que c’est une femme galante. Ainsi les causes de la conduite du prussien sont expliquées.
 
Il y a de nombreuses descriptions. Les personnages et les lieux sont décrits en détail. Les
individus sont définis par rapport à leur milieu social, leur profession et leur place dans la
société. Chaque personnage représente un échantillon d’un type social.
  
e) L’argumentation
 
Les voyageurs argumentent pour pousser Boule de Suif à capituler. Ils vont utiliser quatre
Strategies: la flatterie, les exemples héroïques, l’argument religieux et de la charité.
f) La femme merchandise / victime de guerre :
Boule de suif est une marchandise, une monnaie d’échange, que l’officier prussien veut
monnayer contre la liberté du groupe. Cette réalité que Maupassant dénonce violemment et
subtilement dans cette nouvelle est toujours, hélas, d’actualité puisqu’aujourd’hui encore, à
travers le monde, les femmes sont des marchandises et sont victimes des guerres, à travers la
pratique du viol systématique par exemple.

g) Le patriotisme:
Maupassant donne une vision très sévère du patriotisme. Les bourgeois de Rouen composent
rapidement avec l’occupant ou bien quittent la ville, non pas pour résister et continuer un
combat, mais pour leurs affaires. Seule Boule de suif est une véritable patriote et
sa conduite dans tout le récit est dictée par ses convictions : on ne pactise pas avec l’ennemi,
quels que soient les risques encourus. Ses compagnons de voyage, qui s’affichent patriotes,
renoncent rapidement à leurs convictions pour recouvrer leur liberté de circuler et usent de
leurs
influences pour faire céder la jeune femme, en la méprisant ensuite.

h) La résistance :
Boule de suif / Élisabeth Rousset mène une résistance individuelle exemplaire : à Rouen elle
agresse l’officier devant loger chez elle, ce qui l’oblige à quitter la ville. À l’auberge, elle résiste
à Cordunet, puis à l’officier. Elle utilise des mots très violents pour designer l’occupant : «
Charogne de Prussien ! ».

i) Le huis clos/ l’enfermement :


Toute la nouvelle est imprégnée par l’enfermement. La première partie montre une ville
assiégée et occupée, Rouen. Puis les voyageurs passent 14 heures enfermés dans une
diligence avant leur séjour forcé dans une auberge occupée, entourée de neige. Ils y
parviennent un mardi soir à 18 heures et ne peuvent en partir que le dimanche matin. Enfin
Boule de suif est une femme assiégée aussi, par l’ordre de l’officier et par la pression de ses
compagnons de voyage, eux-mêmes enfermés dans leurs préjugés sociaux.

 
C.CONCLUSION
  
Dans cette nouvelle réaliste, Maupassant a une vision pessimiste de la société. Il dénonce la
bassesse de la « bonne » société qui est égoïste, lâche, hypocrite et sans honneur et sans
aucun sens patriotique. La crise qu’ils viennent de subir n’a pas changé leur caractère. Quand à
Boule de Suif, elle est toujours aussi exclue et méprisée à la fin qu’elle l’était au début malgré
son sacrifice. Cela montre que le niveau social ne fait pas la valeur morale. Boule de Suif
apparaît bien plus respectable que la société dite « honnête ». Nous voyons bien que
Maupassant est pour Boule de Suif et qu’il cherche à nous faire ressentir la compassion pour
cette marginale qui est pathétique. Cette nouvelle ressemble à La Folle.
Le récit se déroule pendant la guerre de 1870, en plein hiver. Après la débâcle de l’armée
française, la bonne ville de Rouen est envahie par les Prussiens. L’occupant s’installe chez les
bourgeois qui résistent peu. On ne sait jamais ! Mieux vaut être conciliant et ne pas s’attirer les
foudres de l’ennemi tout puissant. Ce serait mauvais pour les affaires…

Pour fuir cette situation désagréable, un groupe de dix personnes quitte la ville afi n de rejoindre
Dieppe, à bord d’une diligence tirée par six chevaux. Le voyage est diffi cile, le froid est
mordant. La neige rend la progression de la voiture beaucoup plus lente que prévue. Les
voyageurs ont faim. Parmi les voyageurs, se trouve une femme, « une de celles appelées
galantes », dont la présence dérange, soulève l’indignation et la curiosité : Boule de suif. Mais
seule la jeune femme a pensé à emporter des provisions qu’elle partage volontiers avec ses
compagnons de voyage. Ceux-ci n’hésitent pas alors à oublier temporairement leurs préjugés
pour manger !

Le soir, la diligence s’arrête pour une étape à l’auberge de Tôtes, occupée par les Prussiens.
L’officier occupant interdit aux voyageurs de repartir si Boule de suif n’accepte pas ses
avances. La jeune femme résiste tout d’abord, par patriotisme, mais elle n’a pas le choix, elle
doit se sacrifi er pour libérer ses compatriotes. Pourtant elle ne récolte que du mépris de la part
de ces gens-là, si bien pensants, qu’elle a nourris puis libérés.

LES THÈMES :

DANS LA DILIGENCE
M. LOISEAU
« Un vrai Normand, plein de ruses et de jovialité, célèbre pour ses farces de toute nature,
ses plaisanteries, bonnes ou mauvaises. » « De taille exiguë, il présentait un ventre en
ballon surmonté d’une face rougeaude entre deux favoris grisonnants ».

Mme LOISEAU
« Sa femme, grande, forte, résolue, avec la voix haute et la décision rapide, était l’ordre et
l’arithmétique de la maison de commerce. »

M. CARRÉ- LAMARDON
« Plus digne, appartenant à une caste supérieure, M. Carré-Lamardon, homme considérable
pose dans les cotons, propriétaire de trois filatures, officier de la Légion d’honneur et membre
du Conseil général. »

Mme CARRÉ-LAMARDON
« Beaucoup plus jeune que son mari, demeurait la consolatrice des officiers de bonne famille
envoyés à Rouen en garnison. » « Toute petite, toute mignonne, toute jolie, pelotonnée dans
ses fourrures. »

COMTE HUBERT DE BRÉVILLE


« L’un des noms les plus anciens et les plus nobles de Normandie. Le comte, vieux
gentilhomme de grande tournure, s’efforçait d’accentuer, par les artifices de sa toilette, sa
ressemblance naturelle avec le roy Henri IV… »

COMTESSE HUBERT DE BRÉVILLE


« La fille d’un petit armateur de Nantes. » « Mais, comme la comtesse avait grand air, recevait
mieux que personne, passait même pour avoir été aimée par un des fils de Louis-Philippe, toute
la noblesse lui faisait fête… »

LA VIEILLE RELIGIEUSE « Deux bonnes sœurs qui égrenaient de longs chapelets en


mamottant des Pater et des Ave. L’une était vieille avec une face défoncée par la petite vérole
comme si elle eût reçu à bout portant une bordée de mitraille en pleine figure. »
LA RELIGIEUSE PLUS JEUNE
« L’autre, très chétive, avait une tête jolie et maladive sur une poitrine de phtisique rongée
par cette foi dévorante qui fait les martyrs et les illuminés. »

« Le démoc, la terreur des gens respectables.


Depuis vingt ans, il trempait sa barbe rouse dans les bocks de tous les cafés démocratiques. »
« Fort bon garçon du reste, inoffensif et serviable, il s’était occupé avec une ardeur
incomparable d’organiser la défense. Il avait fait creuser des trous dans les plaines, couché
tous les jeunes arbres des forêts voisines, semé des pièges sur toutes les routes, et, à
l’approche de l’ennemi, il s’était vivement replié sur la ville. »

BOULE DE SUIF
« Une de celles appelées galantes, était célèbre par son embonpoint précoce qui lui avait valu
le surnom de Boule de suif. Petite, ronde de partout, grasse à lard, avec des doigts bouffis,
étranglés aux phalanges, pareils à des chapelets de courtes saucisses, avec une peau luisante
et tendue, une gorge énorme qui saillait sous sa robe, elle restait cependant appétissante et
courue, tant sa fraîcheur faisait plaisir à voir. Sa figure était une pomme rouge, un bouton de
pivoine prêt à fl eurir, et là-dedans s’ouvraient, en haut, des yeux noirs magnifiques, ombragés
de grands cils épais qui mettaient une ombre dedans ; en bas, une bouche charmante, étroite,
humide pour le baiser, meublée de quenottes luisantes et microscopiques. Elle était, de plus,
pleine de qualités inappréciables.»

À L’AUBERGE: L’OFFICIER PRUSSIEN


« Un grand jeune homme excessivement mince et blond, serré dans son uniforme comme une
fille en son corset, et portant sur le côté sa casquette plate et cirée qui le faisait ressembler au
chasseur d’un hôtel anglais. Sa moustache démesurée, à longs poils droits, s’amincissant
indéfiniment de chaque côté et terminée par un seul fi l blond si mince qu’on n’en apercevait
pas la fin, semblait peser sur les coins de sa bouche, et, tirant la joue, imprimait aux lèvres un
pli tombant. »

M. FOLLENVIE
« C’était un ancien marchand de chevaux, un gros homme asthmatique, qui avait toujours des
sifflements, des enrouements, des chants de glaire dans le larynx. »

Mme FOLLENVIE
« Mais la femme ne se taisait jamais. Elle raconta toutes ses impressions à l’arrivée des
Prussiens … » « Puis elle baissait la voix pour dire les choses délicates, et son mari de temps
en temps l’interrompait : Tu ferais mieux de te taire, madame Follenvie. Mais elle n’en tenait
aucun compte et continuait. Je ne suis qu’une vieille femme sans éducation. »

BOULE DE SUIF / ÉLISABETH ROUSSET, LA PATRIOTE


Cette héroïne est une véritable patriote et Maupassant montre toute la sympathie qu’il éprouve
pour ce personnage marginal socialement, en butte aux critiques et à l’indignation des
bourgeois bien pensants. elle montre et prouve son patriotisme, sa haine de l’occupant et son
indignation.

BOULE DE SUIF ENFERMÉE ET ISOLÉE DANS LE GROUPE


Que Boule de suif soit seule ou avec ses compagnons de voyage, elle est isolée, elle
n’appartient pas au groupe. Elle est aussi manipulée par ses compagnons afin de la faire plier,
et enfermée. Enfi n, lorsque la diligence repart après le sacrifi ce de Boule de suif, la jeune
femme est rejetée.

2 – LES INDICATEURS TEMPORELS


Dans la nouvelle, Maupassant donne des indications de temps très précises : la diligence quitte
Rouen un mardi matin à 4h30. On déjeune dans la diligence à 3 heures de l’après-midi. On
arrive à l’auberge après un voyage de 14 heures. Le lendemain, départ prévu à 8 heures…
3 – LE NARRATEUR
Les premières pages de la nouvelle sont une description de la déroute de l’armée française
lorsqu’elle quitte Rouen et de l’arrivée de l’occupant prussien. Maupassant utilise un point de
vue de narrateur omniscient.

10 – POURQUOI LA « MARSEILLAISE » ?
Pourquoi Cornudet se met-il à siffler ce chant patriotique ? Est-ce par sympathie pour Boule de
suif ? Est-ce pour faire de la provocation ? Quelles sont les réactions des autres voyageurs ?
Cornudet est-il un personnage sympathique, sincère ? Cette réaction n’est-e

UN DUEL
La Guerre franco-allemande de 1870 est terminée pour la France, et pour M. Dubuis. Il a
été Garde nationale à Paris, mais il n’a pas vu un seul Prussien. Aussi, est-il particulièrement
humilié d’avoir à subir les réflexions vantardes d’un officier prussien dans le train qui les mènent
vers la Suisse.
Dans le compartiment, il y a là deux Anglais qui viennent faire du tourisme militaire. Le Prussien
ordonne à M. Dubuis d’aller lui chercher du tabac. Ce dernier refuse, et quand le Prussien veut
lui arracher la moustache, il le frappe. L’officier lui propose un duel et, contre toute attente, M.
Dubuis qui touche un pistolet pour la première fois de sa vie tue l’officier.

MLLE FIFI
Mademoiselle Fifi est publiée pour la première fois en 1882. Dans cette œuvre, Maupassant
reprend les thèmes de la guerre et de la prostitution qui ont fait son succès. Il reprend
également les thèmes du libertinage, prend parfois des aspects macabres et pose des
interrogations sur la mort.
Mademoiselle Fifi  traite, comme plusieurs histoires de Maupassant rédigées après la guerre de
1870, du contraste entre Français et Allemands. Les officiers allemands dépeints dans le roman
sont typiques du ressentiment français d’après 1870 envers les Allemands : ce sont tous des
brutes teutonnes blonds ou roux portant des barbes et d’énormes moustaches. Pompeux, ils
n’ont aucune culture et obéissent aveuglément à n’importe quel ordre.

Violent, immoral, arrogant, prenant plaisir à détruire sans raison les objets de collection et
les œuvres d’art inestimables du château qu’il occupe, Fifi lui-même est un condensé des pires
stéréotypes touchant aux Allemands. Par contraste, Rachel, le principal personnage français,
représente l’honneur français dans la défaite. Bien qu’elle appartienne, en tant que prostituée, à
une basse classe de la société, et en tant que juive à une catégorie à l'époque méprisée, elle
incarne les Français ordinaires résistant à leur manière à l’oppression de leurs vainqueurs
allemands.

Des Prussiens ont envahi la France et occupent le château d’Uville. Le major est le comte de


Farlsberg. Il y a le baron de Kelweingstein et trois officiers de moindre grade : un lieutenant,
Otto de Grossling ; deux sous-lieutenants, Fritz Scheunaubourg et le marquis Wilhem d’Eyrik,
« un tout petit blondin fier et brutal avec les hommes ». Ce dernier est, depuis son entrée en
France, surnommé Mademoiselle Fifi par ses camarades en raison de sa taille fine, de sa figure
pâle et de l’habitude qu’il avait prise, pour exprimer son souverain mépris des êtres et des
choses, d’employer à tout moment la locution française « fi », « fi donc », qu’il prononçait avec
un léger sifflement.

Occupant un château en Normandie, ces cinq officiers prussiens désœuvrés font venir des filles
de joie. L’un d’eux, le petit blondin (Mademoiselle Fifi), insulte la France et maltraite Rachel. La
prostituée patriote lui enfonce un couteau dans la gorge. Elle se sauve et épousera, quelque
temps après, un homme bien (un patriote). Maupassant renouvelle ainsi le motif romantique de
la prostituée au grand cœur, rédimée par ses bonnes actions. Cette histoire n'est pas sans
rappeler celle de Judith qui accepta pour sauver les siens de coucher avec Holopherne et
profita de son sommeil pour le décapiter.
L'héroïne de Mademoiselle Fifi se prénomme Rachel comme la prostituée qui dans Bel-Ami ne
fait pas payer Georges pour ses prestations. Cette nouvelle met en valeur l'héroïsme d'une fille
du peuple qui fait preuve de plus de courage face à l'occupant que la majorité des bourgeois qui
ne pensent qu'à leurs intérêts matériels. La nouvelle évoque la répression prussienne à travers
la prise d'otages et leur exécution et le sadisme du commandant prussien.

DEUX AMIS

Le context est celui du blocus/siège (famine dans la capital et interdiction de sortir). Leur
distraction favourite leur manque depuis longtemps. Ils sont amis, partagent la même passion
dans le silence et la contemplation de la beauté de la nature. Pendant que des soldats francais
se batten dans les forts, les deux amis sont tranquillement à la pêche et discutent platement de
la guerre. Ils ne peuvent donner au Prussien un mot de passé qu’ils ne possèdent pas. Leur
silence est-il l’expression d’un certain fatalism ou une forme d’héroisme? On peut seulement
dire qu’ils meurent avec dignité.

Les petits poissons sortis de l’eau, frétillent dans le filet, vont être frits et mangés par l’officier
prussien. Les deux amis, qui ont mordu à l’hamecon du plaisir de la pêche, sont pris et
attachés; ils tressaillent et tremblent (ils savent qu’ils vont mourir). Ils finissent dans un élément
qui n’est pas le leur où ils seront mangés par les poissons. D’’une certain facon, ils sont “frits”.

Cette nouvelle est inspirée d’un fait réel. Comme Boule de suif et Mademoiselle Fifi, Deux
amis se déroule pendant le siège de Paris, lors de la Guerre franco-prussienne de 1870. Deux
camarades, Morissot et Sauvage, décident d’aller pêcher dans l’île Marante à Colombes malgré
les consignes des occupants. Arrêtés comme espions, ils refusent de « donner le mot
d'ordre » à l'officier prussien, ils sont fusillés immédiatement. Ce récit qui commence de façon
bon enfant tourne au drame. Les deux Parisiens connaissent le triste sort des poissons qu’ils
ont pris, comme l’indique l’officier prussien : « Fais-moi frire tout de suite ces petits animaux-là
pendant qu’ils sont encore vivants. Ce sera délicieux. » La brièveté de la nouvelle et l’économie
de moyens insistent sur la cruauté et l’absurdité de l’existence.

Les deux noms contiennent l’adjectif “sot” et l’un d’eux le nom “mort”. On peut ajouter encore
“Mort-rit-sot”: le sot qui rit de la mort ou la mort qui rit du sot.

LA MÈRE SAUVAGE

En passant devant un château en ruines, le narrateur se fait conter l’histoire de la famille


Sauvage qui y habitait. Le père, un braconnier, avait été tué par les gendarmes. Peu après, le
fils partit à la guerre et ne donna plus de nouvelles.
Un jour, la mairie place chez la mère Sauvage quatre soldats prussiens des troupes
d’occupation. Un mois passe. Elle reçoit une lettre l’avisant de la mort au combat de son fils.
Elle garde son chagrin pour elle, fait à manger aux soldats et monte du foin dans le grenier où
ils couchent. À la nuit tombée, quand les soldats dorment, elle met le feu à sa ferme. Les
soldats périssent tous les quatre. À l’officier qui l’interroge, elle avoue tout. Elle est fusillée sur
place.
Elle a un côté masculine. Elle est mère: elle pense à son fils, elle a une grande emotion, elle est
gentille avec les jeunes Prussiens. Elle est sauvage: sa famille est marginale, vit à la lisière du
bois, le père et le fils sont braconniers, elle circule armée. Elle a un comportement de “sauvage”
dans sa facon de venger son fils.

LE PÈRE MILON
Le père Milon est un paysan organisé et perseverant jusque dans sa favon d’exécuter les
Prussiens.
Portrait: il a un aspect bestial. Il a des traits animaux (crabe, canard, serpent); impassibilité de
brute, air abruti, chasseur d’hommes; elocution difficile, il coupe la tête d’un coup, il égorge les
chevaux.
Son geste final: le père Milon ne veut pas être redevable de quoi que ce soit à qui que se soit, il
n’a pas de repentir, il estime que les choses sont bien ainsi (“Nous sommes quittes”).

Thèmes: humbre (modeste. Lat. Humus, la terre). Il n’a pas supporté qu’on lui prenne des
revenus de sa terre. Il ne se soucie pas des représailles exercées par les Prussiens sur la
populations des alentours. Il ne s’occupe pas de la France. Il est un paysan Normand. Son
patriotism est personnel et se réduit à défendre sa terre et son bétail, à venger son père et son
fils.
On peut penser à Milon de Crotone, légendaire athlete de l’Antiquité, qui fut couronné
champsion olympique six fois. Il est connu pour sa force exceptionnelle et ses qualités
militaries.

Il est soumis, complaisant, vieux, ce qui font que les Prussiens ne se méfient pas de lui et qu’il
est libre de ses agissements. Étant veuf, il n’a pas de femme à son domicile qui soit témoin de
ses sorties nocturnes. Il a par ailleurs appris quelques mots d’allemand.
Il peut très bien se repérer la nuit et agir dans ll’obscurité. Il a l’intelligence d’avoir gardé
l’uniforme du premier home qu’il a tué et il a la chance de disposer du four à plâtre.
Son employ du temps est très précis et très chargé, un home affairé sans répit à une tâche
régulière.
Du réalisme au fantastique: les activités de paysan et de meurtrier nocturne se rejoignent lors
de l’entretien du cheval pour son travail de nuit. La nuit, le père Milon se transforme en cavalier
chasseur d’hommes vêtu d’un uniforme prussien (celui d’un mort) pour tromper ses victims. On
pense aux cavaliers de l’Apocalypse, à la mort faucheuse, aux loups-garous qui se
transforment la nuit.
Le père Milon nest un paysan soumis en apparence mais rusé,un braconnier malin et patient et
qui peut surgir comme un boulet de canon.
Les elements qui relevant du genre fantastique sont nombreux: la transformation nocturne d’un
humain; le décor nocturne, minuit. Le gallop du cheval dans la nuit; l’image du père Milon au
gallop à travers les plaines; les champs déserts sous la lune.

C'est la guerre de 1870. Alors que l’état-major prussien s’est établi dans la ferme du père Milon,
des uhlans (cavalier armé) disparaissent régulièrement le soir ou durant la nuit et on les
retrouve morts le lendemain au réveil.
Un matin, on remarque que le père Milon porte une balafre (scar) au visage. Les officiers
prussiens font le rapprochement avec deux uhlans retrouvés éventrés aux premières heures du
jour. Un conseil de guerre est réuni. Le colonel prussien interroge le père Milon et celui-ci
raconte comment il est facilement parvenu à ses fins : il a d'abord tué un uhlan isolé en le
décapitant d’un coup de faux, puis la nuit venue et ayant revêtu l’uniforme du premier, il s'est
fait passer pour un uhlan blessé et a pu ainsi en tuer quinze autres.
Il a tué pour venger son fils, soldat mort au début de la guerre, venger son père mort dans un
précédent conflit et se venger lui-même des occupants qui lui prennent ses récoltes. Les
Prussiens lui donnent une chance de sauver sa vie, mais il leur crache dessus. Ils le fusillent
sur le champ.

UN COUP D’ETAT
Lors de la Guerre franco-allemande de 1870, après le désastre de la Bataille de Sedan, une
bourgade normande vit au rythme des nouvelles du front et de la Commune de Paris. Deux
camps s’affrontent, celui du maire nommé par le préfet, un ancien légitimiste rallié à l’empire, et
celui du docteur Massarel, un républicain franc-maçon.
Le docteur Massarel a levé une troupe d’une soixantaine de paysans qu’il fait défiler armés
dans les rues, et tout spécialement devant la mairie.
Lorsqu’il apprend que l’empereur est fait prisonnier et que la république est proclamée, il fait
battre le tambour, le curé ayant refusé de sonner le tocsin, et réunir sa troupe pour aller déloger
le maire. S’ensuit une farce ou le manque de courage des uns n’a d’égale que l’obstination des
autres sous l’œil indifférent de la foule. Enfin, le maire quitte la mairie : il ne veut pas servir la
république. Le docteur triomphe, mais cela n’intéresse personne. Il rentre dans son cabinet où
les patients l’attendent.

LA MOUSTACHE
Lettre de Jeanne à son amie Lucie : le temps étant maussade cet été, ils avaient décidé avec
leurs amis de jouer des pièces de salon à domicile ; manquant de femme, le mari de Jeanne
avait sacrifié sa moustache pour jouer le rôle d’une soubrette (maid).
Jeanne voyant son mari sans moustache, comprend que « cette petite brosse de poils sur la
lèvre est utile aux relations entre époux » et de comparer les différentes sortes de moustaches
existantes. Bien sûr, elle préfère la moustache à la française. Cela lui rappelle d'ailleurs un cruel
souvenir. Pendant la guerre franco-allemande de 1870, elle avait aperçu des cadavres de
soldats dont seuls les têtes étaient visibles. Elle avait reconnu les Français à leur moustache.

L’HORRIBLE
Durant une soirée, le général de G... raconte deux anecdotes horribles : l'une se déroulant
pendant la guerre de 1870, l'autre concerne la fin de la mission Flatters en 1881.

LES IDÉES DU COLONEL


Le vieux colonel Laporte raconte une de ses histoires. Il explique que l'on reconnaît un Français
grâce à l'héroïsme qu'il éprouve en présence d'une femme.

LE LIT 29
Bel officier de hussards, le capitaine Épivent, en garnison à Rouen, fait la connaissance
d'Irma, « la maîtresse, disait-on de M. Templier-Papon, le riche manufacturier ». La guerre
franco-allemande de 1870 terminée, le capitaine retrouve Irma à l'hôpital civil dans le lit 29

LES PRISONNIERS
Pendant la guerre franco-allemande de 1870, près de Rethel, Berthine, la fille du garde forestier
Nicolas Pichon, fait prisonnier six Allemands.

LES ROIS
Pendant la guerre de 1870, le jour des Rois, dix hussards investissent le village en ruine de
Porterin et bivouaquent (camp) dans une maison bourgeoise abandonnée.
Bientôt, une oie, avec une fève, rôtit dans la cuisine. « Mais pas de reine, c'est embêtant, ça ! »

L’ANGELUS

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