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Analyse de femmes d’Alger dans leur appartement, Assia Djebar

-‘’Femmes d’Alger dans leur appartement’’ est un recueil de nouvelles d’Assia Djebar
(1936-2015), publié en 1980, inspiré par le tableau de Delacroix qui représente un regard volé
dans un harem. Dans ce recueil, Assia Djebar a mis en place le thème du la femme algérienne
au sein de la société maghrébine. Elle demeure la représentante de la voix féminine dans la
littérature maghrébine d’expression française. Donc, comment la narratrice raconte-t-elle son
récit et comment l’écriture résout les conflits intérieurs de la narratrice ?

Afin de répondre à ces interrogations, nous allons traiter la manière de la narration. Puis, nous
allons souligner le rôle de l’écriture qui a pu délivrer les souffrances de la narratrice.

Dans ce récit, Assia Djebar raconte en utilisant le pronom personnel « Je », on sent


qu’il est à la forme d’un journal intime où la narratrice (Fatima) confesse pour sa bru, Anissa.
D’abord, la nuit du récit du Fatima qui relate l’histoire des femmes d’Alger au passé, avant
l’indépendance. Fatima conte sa propre histoire et celles de ses aïeules ; de sa mère Arbia et
sa grande mère Magdouda. C’est un récit dans récit, autrement dit un récit enchâssant dans
lequel, on découvre des sujets tabous de la société algérienne avant l’indépendance tel que le
mariage précoce, la narratrice donne l’exemple par sa mère et elle-même, elles sont mariées à
13 ans. En plus, la place de la femme algérienne ; la mère ne devient une vraie mère qu’après
la naissance d’un fils. Autrefois, le garçon était le privilégié. Le jeu avec la 1er et la 3éme
personne du singulier, les flash-backs et le manque d’informations (ellipse) rend le récit plus
court et accéléré. Cette narration dévoile la réalité, représente toutes les voix féminines que la
société a muselé. Une narration qui relate le vécu de ces femmes, la difficulté de vivre dans
une société masculine par excellence. Assia Djebar donne la parole aux femmes qu'elles
soient jeunes, vieilles, promises, mariées, veuves, divorcées ou orphelines. Toutes vivent en
retrait, calfeutrées physiquement ou sont emmurées moralement et socialement. Il s'agirait
encore d'une parole policée aux accents attendus.

On peut avancer que l’autrice tourne autour du pot. C’est à travers de ce récit qu’elle arrive à
tracer des instants de vie, interminables ou fugaces, perçus par le prisme des femmes
algériennes dans la période coloniale et post-coloniale. On sent que la narratrice raconte sans
réserve, sort de sa discrétion par cette parole qui incarne un regard interdit vers les
souffrances féminines. Le fait de parler, de faire sortir ses émotions et de juger avait un effet
très fort sur la narratrice. Après des années de silence, il retrouve la paix. On peut dire quand
même, que cette narration est une forme de liberté qui sonne très fort avec la place que la
femme occupe au sein de la société algérienne. Pour les femmes arabes, le seul moyen de tout
débloquer : parler, parler sans cesse d'hier et d'aujourd'hui, entre elles pour se soulager de ce
fardeau. L’écriture représente un purgatoire pour la narratrice, par laquelle elle exprime ses
pensés et avoue ses malheurs.

En guise de conclusion, Assia Djebar, une femme qui parle, qui s'oppose au silence
imposé à toutes les maghrébines. Les femmes qui avaient un rôle marquant pour
l’indépendance de leur pays et des conduites courageuses pendant la guerre d'Algérie, sont
enfermées dans une société typiquement traditionnelle. Ce récit fictif marque implicitement le
révolte de ses femmes et qui tisse un chemin narratif racontant l'évolution de la femme
algérienne.

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