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Revue belge de philologie et

d'histoire

Saint Augustin. Sur la Genèse contre les manichéens. Sur la


Genèse au sens littéral, livre inachevé. Trad. de P. Monat
Hervé Savon

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Savon Hervé. Saint Augustin. Sur la Genèse contre les manichéens. Sur la Genèse au sens littéral, livre inachevé. Trad.
de P. Monat. In: Revue belge de philologie et d'histoire, tome 86, fasc. 1, 2008. Fasc. 1 : Antiquité – Oudheid. pp. 184-
186;

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understandable option given the nature of the material. An unavoidable consequence,


however, is that the notes explicatives offer very elementary remarks side by side
with commentary for more advanced readers. The latter category will undoubtedly
appreciate A.’s comments with regard to the translation problems that arise. – It is
not clear to me why A., in his selective bibliographical tips (p. 12 & 18), refers to
the outdated evaluation of Ausonius and Paulinus in the handbook of Schanz-Hosius.
With regard to Ausonius’ Christianity (see p. 25-28) the reader should not overlook
Jean-Louis Charlet, Théologie, politique et rhétorique: la célébration poétique de
Pâques à la cour de Valentinien et d’Honorius, d’après Ausone (Versus paschales)
et Claudien (De salvatore), in: Salvatore Costanza (ed.), La poesia tardoantica (…),
Messina, 1984, p. 259-287. – Contrary to what A. argues on p. 193-199, Paulinus’
carm. 11 in my view does not present an opposition of a pagan versus a Christian
concept of friendship: it can be pointed out that verses 49-68 do form a climax, but
they are not elaborated in a specifically Christian perspective (cf., for that matter, A.
himself p. 199: Neoplatonic!). – Much of A.’s commentary, as the author himself
concedes (p. 35, cf. also p. 193), stems from his predecessors, and in the notes one
is often needlessly reminded of the introductions to the relevant letters. But A.’s
book is well written and offers a handy dossier Ausonius – Paulinus of Nola. – W.
EVENEPOEL.

SAINT AUGUSTIN. Sur la Genèse contre les manichéens. – Sur la Genèse au sens
littéral, livre inachevé. Trad. de P. Monat. Introduction par M. Dulaey, M. Scopello
& A.-I. Bouton-Touboulic. Annotations et notes complémentaires de M. Dulaey.
Turnhout, Brepols, 2004 ; 580 p. (BIBLIOTHÈQUE AUGUSTINIENNE, 7e série, 50). – La
plus grande partie de ce volume est consacrée au De Genesi contra Manichaeos, le
seul de ces deux opuscules qui soit une œuvre achevée et non le fruit d’une simple
tentative. L’introduction apporte au lecteur tout ce qu’il doit savoir pour aborder avec
profit le texte. Martine Dulaey analyse avec clarté et précision ses caractéristiques
essentielles, son but, sa date et sa structure, sa méthode exégétique, ses sources et sa
postérité. La section consacrée à la méthode exégétique reprend les thèses proposées
par Chr. Walter dans sa Dissertation de 1972 sur les conséquences de la controverse
avec les manichéens pour la façon dont Augustin pose le problème herméneutique.
De fait, ce traité d’exégèse est d’abord un ouvrage de controverse. L’explication de
la Genèse se borne aux points sur lesquels portent les attaques des manichéens. C’est
pourquoi les mots Fiat lux sont ici laissés de côté ; c’est pourquoi le pluriel que l’on
trouve en Genèse 1, 26, « Faisons l’homme à notre image » – pluriel qui a suscité
d’innombrables commentaires – n’est ici l’objet d’aucune remarque. Le but visé par
Augustin est de détruire les idées pernicieuses sur l’Ancien Testament que les
manichéens insinuaient dans l’esprit des fidèles, y compris des moins instruits. C’est
donc un « manuel à l’usage des chrétiens ordinaires » qu’il a voulu écrire, d’où la
simplicité de la forme et l’emploi d’un style qui est celui de la conversation courante.
– La date du De Genesi contra Manichaeos et les rapports de cet opuscule avec le
De moribus Manichaeorum posent un problème délicat. Tout semble simple si l’on
s’en tient aux indications des Retractationes. On y lit que le De moribus ecclesiae
catholicae et le De moribus Manichaeorum ont été écrits par Augustin à Rome peu
après son baptême : Iam baptizatus autem cum Romae essem (...) scripsi duos libros :
unum de moribus ecclesiae catholicae, alterum de moribus Manichaeorum (retract.
1, 7, 1). Le De Genesi contra Manichaeos, en revanche, n’aurait été composé que peu
après le retour en Afrique : Iam uero in Africa constitutus, scripsi duos libros de
Genesi contra Manichaeos (retract. 1, 10, 1). Cette succession et cette double datation
semblent d’ailleurs confirmées par un passage de la préface du De Genesi contra
Manichaeos. Augustin y indique que, s’il a adopté un style simple et populaire dans

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son nouvel ouvrage, c’est qu’on lui avait fait observer que la forme des précédents
livres qu’il avait publiés contre les Manichéens – alios libros nostros quos aduersus
Manichaeos edidimus – en rendait l’intelligence difficile aux lecteurs simples, que
visait aussi la propagande des hérétiques (gen. c. Manich. 1, 1, 1). Il est tout naturel
de voir dans ces alii libri le De Moribus Manichaeorum et le De moribus ecclesiae
catholicae. La difficulté vient de la préface qui introduit l’ensemble formé par ces
deux livres. Augustin y rappelle qu’il a déjà répondu aux attaques lancées par les
manichéens contre l’Ancien Testament. Peut-on voir là, à la suite de J. Pépin, une
allusion aux dialogues philosophiques ? Le contenu exégétique mentionné fait penser
plutôt au De Genesi contra Manichaeos. Il semble donc que la présentation des faits
que l’on trouve dans les Retractiones soit simplifiée et schématisée. En réalité, la
composition de ces traités a dû se faire en plusieurs étapes, ce qui peut permettre de
concilier les interférences et les références croisées que l’on y trouve. M. Dulaey
reprend donc la solution proposée par J.K. Coyle et C.P. Mayer : les deux livres
jumeaux De Moribus ecclesiae catholicae et De moribus Manichaeorum ont été
commencés par Augustin à Rome en 388, mais c’est à Carthage en 389 qu’ils ont été
achevés et munis de la préface faisant allusion au De Genesi contra Manichaeos, qui
avait été composé entre temps. On voit mal cependant comment l’accueil fait à un
ouvrage achevé et publié en 389 aurait pu amener Augustin à choisir une forme
littéraire différente quand il commence à écrire le De Genesi contra Manichaeos en
388. La difficulté ne semble donc pas pleinement résolue. – On trouvera aussi dans
l’introduction à ce traité une très utile présentation générale de la polémique
d’Augustin avec le manichéisme (Madeleine Scopello), ainsi qu’une étude de
M. Dulaey sur l’exégèse augustinienne dans le De Genesi contra Manichaeos, et une
autre sur la création et le monde (avec la collaboration d’A.-I. Bouton-Touboulic).
L’explication d’un passage qui a donné lieu à d’âpres débats retiendra notamment
l’attention du lecteur (p. 61-67). Deinde quod addidit, antequam esset super terram,
intelligitur antequam anima peccaret écrit Augustin (gen. c. Manich. 2, 3, 5) pour
rendre compte d’une expression de Genèse 2, 5. Faut-il voir dans cette phrase une
adhésion à la doctrine platonicienne de la préexistence des âmes et de leur chute dans
le monde de la matière ? M. Dulaey montre que, si l’on replace ce passage dans son
contexte, on s’aperçoit que l’expression d’Augustin est purement métaphorique. Elle
ne renvoie pas à un transfert local de l’âme d’un monde dans l’autre. Pour l’homme,
« être sur terre », c’est être terreux, souillé par les convoitises. Dans ce premier traité,
souligne M. Dulaey, ce qu’Augustin cherche dans la Genèse n’est pas ce qui concerne
l’homme primordial, mais ce qui éclaire la condition de l’homme d’aujourd’hui.
Aussi ne faut-il pas chercher ici une doctrine du péché originel. L’histoire du premier
couple ne livre pas la cause de ce que l’homme vit maintenant. Simplement, nous
nous trouvons dans la même situation, et nous péchons à notre tour de la même
manière. Néanmoins, comme le remarque M. Dulaey, la réflexion d’Augustin ne
pouvait s’arrêter à ce stade, puisque tout homme est mortel dans la mesure où il est
pécheur et que l’enfant naît mortel avant d’avoir lui-même péché. – Comme l’indique
une note qui terme l’introduction (p. 154-155), la présente édition du De Genesi
contra Manichaeos est due à P. Monat qui, dans un travail remis il y a bien des
années à l’Institut d’Études Augustiniennes, avait révisé, sur la base des travaux de
P. Abulesz et de M. Gorman, le texte des Mauristes. Dans l’intervalle, en 1998, a
paru l’édition du Corpus de Vienne, et P. Monat a tenu compte de certaines des
leçons et corrections proposées par l’éditrice, D. Weber, ainsi que des remarques
formulées par M. Gorman. – La seconde partie de ce volume contient le texte et la
traduction d’un second traité consacré par Augustin à l’explication de la Genèse,
mais laissé inachevé, ce que l’on nomme le De Genesi ad litteram imperfectus liber.
Une brève introduction donne les renseignements nécessaires à la compréhension de

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l’opuscule. Dans son De Genesi contra Manichaeos, Augustin s’était essentiellement


fondé sur l’interprétation allégorique. Il s’essaye ici à l’exégèse littérale, mais
abandonne bientôt ce travail auquel il se sent insuffisamment préparé. Il conservera
néanmoins cette explication inachevée afin de montrer ce qu’ont été ses débuts dans
l’interprétation de l’Écriture. C’est encore ce que cherchera avant tout dans ces pages
le lecteur d’aujourd’hui. Le texte qui lui est offert ici est celui qu’a publié J. Zycha
dans le Corpus de Vienne en 1894, avec un certain nombre des variantes proposées
par M. Gorman et B. Alexanderson. L’introduction, la traduction et les notes sont de
P. Monat. – Dans les volumes de la Bibliothèque Augustinienne, les « notes
complémentaires » qui figurent à la fin méritent toujours une attention particulière.
Ce sont souvent de brèves dissertations consacrées à des points délicats, demandant
trop d’explications pour que celles-ci puissent figurer en bas des pages du texte ou
de la traduction. Ces notes sont souvent pourvues d’une bibliographie particulière.
On trouvera ici des remarques précises et substantielles sur des passages du début de
la Genèse qui semblent inviter à mettre en question les enseignements des philosophes :
la création in principio, la création de la matière informe, les créatures invisibles,
mais aussi les sept âges de l’humanité et les sept étapes de la vie spirituelle. Les
points particulièrement concernés par la critique manichéenne font naturellement
l’objet de notices particulières. C’est le cas pour l’existence d’animaux nuisibles,
pour la création de l’homme « à l’image et à la ressemblance de Dieu » (c’est la
grave question de l’anthropomorphisme), pour le repos de Dieu, que les travaux des
six premiers jours semblent avoir fatigué. Dans d’autres notes, il s’agit de problèmes
d’histoire naturelle : les relations de l’air et de l’eau (à propos de Gn 1, 20), ou de
théologie proprement dite, comme l’emprunt d’une triade au Livre de la Sagesse – la
mesure, le nombre et l’ordre (cf. Sp 11, 20) – qui pourrait annoncer les futures
spéculations trinitaires de l’évêque d’Hippone. Dans tous les cas, la question des
sources d’Augustin, objet de tant de recherches durant ces dernières décennies, donne
lieu à des indications précises. On remarquera le rôle particulièrement important joué
par Ambroise, à qui Augustin a emprunté de nombreux thèmes qu’il a ensuite
assimilés et transformés. – Trois index (biblique, des noms propres, des auteurs
anciens) permettront au lecteur de regrouper et de synthétiser les informations qui lui
ont été fournies dans le corps du volume. – H. SAVON.

Histoire. Géographie. Religion. Sciences –


Geschiedenis. Geografie. Godsdienst. Wetenschappen

AMATO (Eugenio) (éd.). Approches de la Troisième Sophistique. Hommages à Jacques


Schamp. Bruxelles, Latomus, 2006 ; 1 vol. 24 x 15,5 XXVI-614 p. (COLLECTION
LATOMUS, 296). – Le moins qu’on puisse dire est que la carrière et les recherches
de J. Schamp, à qui est dédié ce volume d’hommage, furent originales et variées.
Ce pionnier et héraut de la philologie est en effet original pour avoir abondamment
prospecté un domaine peu connu et sous-estimé de l’Antiquité, et ne pas s’être limité
à cette seule activité. – Né en 1944, actuellement professeur de langues et littératures
grecques et romaines – il a toujours voulu traiter les deux sur pied d’égalité – à
l’Université de Fribourg, élève de R. Henry, éditeur et traducteur de la Bibliothèque
de Photios, ancien de l’Université de Liège, où il eut pour maîtres A. Severyns et
J. Labarbe, il entama ses recherches par Les citations des poètes comiques dans les
Vies parallèles de Plutarque. – Il eut alors le mérite – rare pour un pur érudit – de
poursuivre une longue carrière dans l’enseignement secondaire, dénonçant aussi les
carences des grands classiques dans leurs études de la littérature grecque, avec en tête

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