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Van Steenberghen Fernand. La philosophie de S. Augustin d'après les travaux du Centenaire (suite et fin). In: Revue néo-
scolastique de philosophie. 35ᵉ année, Deuxième série, n°38, 1933. pp. 230-281;
doi : https://doi.org/10.3406/phlou.1933.2796
https://www.persee.fr/doc/phlou_0776-555x_1933_num_35_38_2796
LA PHILOSOPHIE DE S. AUGUSTIN
(Suite et fin) *
* Cfr Revue néoscolast. de philos., août 1932, pp. 366-387, et février 1933,
pp. 106-126.
1 P. MoNNOT, Essai de synthèse philosophique d'après le X/e livre de la
a Cité de Dieu». Arch, de Philos., VII, 2, pp. 142-185.
La philosophie de S. Augustin 231
5 Elle a été étudiée par plusieurs historiens au cours des années jubilaires.
Outre l'ouvrage de M. Hessen, on consultera surtout : A. CASAMASSA, Le fonti
délia filosofia di S. Agostino, dans les Acta hebdomadae augustinianae-thomisticae,
88-96 ; J. MARÉCHAL, La vision de Dieu au sommet de la contemplation d'après
saint Augustin, dans la Nouvelle revue théologique, 1930, pp. 89-109 et 191-214;
B. Jansen, Zur Lehre des hl. Augustinus von dem Erf^ennen der Rationes aeternae,
dans Aurelius Augustinus, pp. 111-136.
6 Le P. F. CayrÉ insiste sur l'originalité de la philosophie augustinienne. Voir
ses excellentes remarques dans la Revue de philos., 1930, pp. 332-33 et 363-64.
7 Revue néoscolastique de philos., août 1932, p. 382, note 2.
La philosophie de S. Augustin 235
Ceci appellerait déjà des réserves, car l'histoire enregistre bien des
faits qui montrent la possibilité de multiples compromis entre la
mentalité augustinienne et la mentalité aristotélicienne. Remarquons
seulement que les correctifs apportés à l'idéalisme platonicien par
le réalisme chrétien et par le génie psychologique de l'auteur des
Confessions, rapprochent bien souvent l'augustinisme de l'empirisme
d'Aristote.
Mais voici des choses plus précises. Conformément à la méthode
qu'il préconise, M. Hessen esquisse la doctrine anthropologique de
S. Augustin par manière d'introduction à l'étude de sa noétique 8.
Or, dans ce sujet complexe, il va vraiment vite en besogne, surtout
quand il s'agit de trancher le point délicat : unité substantielle ou
"dualisme platonicien. On verra plus loin qu'une solution nuancée
s'impose en cette matière et que la position d'Augustin est aussi
éloignée du dualisme platonicien que du monisme thomiste.
Enfin la déduction préliminaire de M. Hessen s'achève en
affirmations décisives sur la théorie augustinienne de la connaissance.
L'homme étant en première ligne un être spirituel, la connaissance
humaine sera essentiellement spirituelle : Jonc l'origine de notre
connaissance intellectuelle ne doit pas être cherchée du côté du
monde sensible, mais du côté du monde intelligible, lequel n'a pas,
pour S. Augustin, de consistance propre : il est contenu tout entier
dans la pensée divine. Ainsi l'anthropologie augustinienne fournit
d'emblée, non seulement l'orientation générale de la noétique
augustinienne, mais la solution du problème spécial de l'origine des
idées 9. — Tout cela paraît bien unilatéral et d'une simplicité
logique qui contraste avec la pensée souple, nuancée, circonspecte
et si réaliste de S. Augustin ! Dans ces problèmes qui demeurent
les plus discutés de la philosophie augustinienne, on attend une
exégèse qui s'appuie sur l'ensemble des textes et l'on espère
découvrir, sous la conduite de guides autorisés et à la lumière des
textes, jusqu'à quel point S. Augustin est demeuré tributaire du
néoplatonisme. M. Hessen est certes un guide familiarisé avec
l'œuvre de S. Augustin et son livre en fait foi ; son intention est
d'ailleurs de résoudre le problème qu'on vient de poser et il y
réussit dans une large mesure, mais sa soumission aux textes
La critique de la connaissance.
sische Psychologie, seine Ergriïndung des Wesens der Seele, hat zur Vorausset-
zung eine reiche und richtige Beobachtung der Funktionen und Erscheinungen
des Seelenlebens » (p. 21).
12 E. GlLSON, Introd. à l'étude de saint Augustin, pp. 44-52.
ls J. HESSEN, op. cit., pp. 27-38. Voir aussi, pour la critique de la sensation,
pp. 55-61.
11 S. Th. MaKAAY, Augustinus' opvatting over de ze\erheid en de waarde van
de menschelij\e \ennis, dans les Misc. August., pp. XI-XXIX. Le distingué
supérieur de la Province néerlandaise des Ermites de S. Augustin montre combien,
dans ce domaine fondamental, S. Augustin a été créateur. On lira avec intérêt
238. F. Van Steenberghen
La métaphysique de la connaissance.
17 S. Thomas l'évite-t-il toujours? Cfr, par exemple, Sum. theoh, Ia, Q. 17, 2,
ad lm : « sensus aliter afficitur interdum quam res sit». Le sucre que le malade
juge amer est-il doux en lui-même ?
18 Sur la valeur de la connaissance sensible on consultera également : L. DE
SlMONE, // valore dell' esperienza sensibile nella filosofia di S. Agostino, dans les
Acta hebdomadae august. -thorn., pp. 312-316.
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nement d'Augustin, pour passer des choses visibles jusqu'à Dieu, principe
premier et immuable de toute vérité. Seulement, ce n'est pas le principe de
causalité efficiente qui entre en jeu, mais celui de causalité exemplaire ». R. JOLIVET,
La doctrine augustinienne de l'illumination, dans la Revue de philosophie, 1930,
p. 405, note 6.
Sur la preuve augustinienne de Dieu on lira également avec intérêt l'étude
du P. CAPaNAGA, En torno a la filosofia agustiniana, dans Religion y Cultura,
agosto 1930, pp. 161-180.
40 Cfr R. JOLIVET, loc. cit. (note 39), p. 405, note 6. Voir aussi les textes de
M. GlLSON, cités plus haut, pp. 241-242.
41 J. HESSEN, op. cit., pp. 208-212 : Die intellectuelle Wahrheitsschau bei
Augustin.
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42 «... den logischen Aspekt der Gottheit, die rationale Seite der gôttlichen
Wesenheit» (211).
43 Voir surtout le pénétrant article de M. GEYSER, Die er\enntnistheoreiischen
Anschauungen Augustins zu Beginn seiner Schriftstellerischen Tatigkeit, dans Au-
relius Augustinus, pp. 63-86. L'auteur se prononce contre l'intuition de Dieu,
raisons à l'appui, aux pp. 81-86.
44 M. G^ABAANN, Die Grundgedanken des h. Augustinus..., 2e éd., pp. 84-85;
Des hl. Augustinus quaestio de ideis..., dans Philosophisches Jahrbuch, 1930,
pp. 297-307.
45 M. Gilson est catégorique : « pour rester fidèle à l'esprit même de la preuve
[de Dieu] , on doit distinguer entre la Vérité et les vérités. Ce que nous
atteignons, en atteignant ces vérités, c'est un contenu de notre raison... qui nous
oblige par conséquent à la transcender pour affirmer l'existence de la lumière
qui l'éclairé » (Introd. à l'étude de saint Aug., p. 22). « ... si expressives qu'elles
soient, les métaphores d'Augustin restent des métaphores» (111). «Ainsi donc,
de quelque point de vue qu'on la considère, l'illumination augustinienne ne
saurait être interprétée comme une intuition du contenu des idées de Dieu» (113).
46 A. MASNOVO, L'ascesa verso Dio in S. Agostino, dans S. Agostino (Milan),
P. 39.
47 R. JOLIVET, La doctrine augustinienne de l'illumination, dans la Revue de
philosophie, 1930, pp. 418-426.
48 J. MARÉCHAL, La vision de Dieu au sommet de la contemplation d'après
saint Augustin, dans la Nouvelle revue théologique, 1930, pp. 89-109 et 191-214,
en particulier, pp. 105 et 213-214.
49 Ch. BOYER, La preuve de Dieu augustinienne, dans les Archives de
philosophie, VII, 2, 1930, pp. 132-141. Cfr Gregorianum, 1931, pp. 634-636.
La philosophie de S. Augustin 251
culo nisi imago non cernitur. Hoc ergo facere conati sumus, ut per
imaginem hanc quod nos sumus, videremus utcumque a quo facti
sumus, tanquam per speculum » 52.
On pourrait faire valoir d'autres textes. Celui-ci (avec tout le
passage qui suit) est indiscutablement clair. Il nous paraît décisif.
Le P. Boyer le commente longuement ; par contre, nous n'en avons
pas trouvé trace dans les chapitres que M. Hessen consacre à la
présente discussion.
Faut-il ajouter que la présomption et la vraisemblance — pour
autant qu'il faille en tenir compte en pareil cas — confirment cette
conclusion? «Voir les idées de Dieu, ce serait voir Dieu, or il n'est
que trop évident que nous ne le voyons pas, puisque nous devons
constituer laborieusement des preuves de son existence, qu'une vue
directe rendrait inutiles » 53. Est-il téméraire de penser que cet
aspect du problème n'a pas échappé au génie de S. Augustin?
L'âme et le corps.
60 MARCOS DEL Rio, El compuesto humano segun san Agustin, Escurial, 1930.
Articles de Religion y Cultura, 1930-1931.
La philosophie de S. Augustin 255
70 Cfr, pour l'emploi du mot sensus : De civit. Dei, VIII, 6 : « (vita quae) tan-
tum continet, sentit, intelligit, qualis est in angelis » ; Solil., I, 6, n. 12 : « Nam
mentis quasi sui sunt oculi sensus animae ». Cfr également J. GEYSER, dans Aure-
lius Augustinus, p. 81; M. BLONDEL, dans A Monument to St. Augustine, p. 331.
71 Cfr W. SCHNEIDER, Die Quaestiones disputatae (etc., op. cit.), p. 50.
72 Cfr E. Gilson, op. cit., pp. 82-83; R. Jolivet, loc. cit. (note 68), pp. 435-436.
L'âme s'avilit également en s'attachant aux images: cfr JOLIVET, ibid., p. 437.
73 Cfr E. GlLSON, op. cit., pp. 83-86. — Tandis qu'il accentue le « menta-
La philosophie de S. Augustin 259
83 E. GlLSON, op. cit., pp. 103-115. Cfr, dans le même sens, M. CuERVO, dans
La ciencia tomista, mars-avril 1931, p. 226; R. JOLIVET, dans la Revue de
philosophie, 1930, pp. 438-445. Il y aurait des réserves à faire, croyons-nous, à propos
de l'argument que M. Jolivet tire de l'histoire des doctrines, p. 440 : la théorie
de Dieu-intellect agent n'a rien à voir avec l'hylémorphisme et, d'autre part, elle
implique l'abstraction. — Dans le texte de S. Thomas cité par M. Jolivet, p. 442,
note 1 , il ne faut pas omettre de remarquer le quodammodo et le virtute luminis :
le phantasme, comme phantasme, n'a aucune efficience sur l'intelligence.
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84 Les textes invoqués par le P. Boyer nous paraissent décisifs : cfr BoYER,
art. cité (note 82), pp. 820-825. Cfr aussi J. HESSEN, op. cit., pp. 50-61 et 98-121 ;
I. SesîILI, Augustini philosophia pro exsistentia Dei, dans la Miscellanea agosti-
niana, II, pp. 778-793. Les textes De Trinit, XII, ch. 15, n. 25, et De Gen. ad
litter., XII, 16-50, sont particulièrement dignes d'attention. Sensation, image, idée
constituent des contenus psychiques de plus en plus parfaits, parce que de plus
en plus éloignés de la réalité matérielle ; ils résultent de fonctions psychiques
de plus en plus élevées dont la supérieure est irréductible à l'inférieure.
Ignorant le phantasme aristotélicien, S. Augustin est amené à considérer l'image comme
une réalité spirituelle (« spiritualem quamdam naturam in nobis, ubi corporalium
formantur similitudines ») ; mais par ailleurs il perçoit nettement les caractères
concrets de l'image et se garde bien de la confondre avec l'idée. Ainsi, de la
matière à l'idée, il y a deux étapes dans l'augustinisme : le spirituel concret et
le spirituel abstrait. Dans l'aristotélisme, au contraire, immatériel et universel
se recouvrent et l'on passe, sans intermédiaire, du phantasme matériel à l'idée.
M. Gilson écrit : « la réalité aussi bien que l'image qui la représente, sont
déjà toutes proches de l'intelligibilité dans cette doctrine» (p. 118, note 3 de la
p. 117). Elles en sont peut-être toutes proches, mais il reste un pas à franchir: de
la réalité à la sensation et à l'image, il y a le passage du corps à l'orne ; et de
La philosophie de S. Augustin 265
85 Cfr surtout les ouvrages cités de MM. GlLSON, HESSEN et SCHNEIDER, les
articles du P. BOYEH (notes 82 et 91) et l'étude considérable de M. JOLIVET, La
doctrine augustinienne de l'illumination, dans la Reçue de philosophie, 1930,
pp. 382-502. On trouve dans ce dernier travail, outre un recueil précieux de
textes augustiniens, interprétés le plus souvent avec beaucoup d'exactitude, un
appendice sur la terminologie de saint Augustin en cette matière difficile (497-
502). D'autres articles, de moindre envergure, seront cités au cours de l'exposé.
86 Toutefois, ici comme partout ailleurs, la compénétration des deux ordres
est intime. Le P. Maréchal a mis ce fait en lumière et a montré les difficultés
d'exégèse qui en résultent. Cfr J. MARÉCHAL, art. cité de la Nouvelle revue
théologique, 1930, pp. 89-109. Cfr aussi F. CaYRÉ, dans les Ephemerides theologicae
Lovanienses, 1929, p. 32, et dans l'art, cité de la Revue de philosophie, 1930,
pp. 331-381 ; J. RlMAUD, Le maître intérieur, dans les Cahiers de la nouvelle
journée, 17, pp. 53-69.
87 Cfr E. GlLSON, op. cit., pp. 103-110.
La philosophie de S. Augustin 267
Conclusion
101 L'exposé du P. PORTALIÉ (Diet, de thêol. cath., article Augustin, col. 2334-
37) demeure un des meilleurs, à notre sens. Nous écarterions toutefois le
rapprochement que fait l'auteur avec l'intellect agent et les species impressae (2336, 3,
A). Cette comparaison n'est pas rigoureuse: l'intellect agent produit des
déterminations dont l'intellect possible est informé ; la lumière intelligible éclaire
spirituellement l'âme et, grâce à cette lumière, l'intelligence a conscience de se
soumettre, en produisant ses actes, tant pour leur contenu intelligible que pour leur
fonction judicative, à une norme supérieure de vérité.
102 Nous n'avons pas considéré expressément la conception augustinienne de
la mémoire, qui est cependant un aspect intéressant de la noétique de S. Augus-
La philosophie de S. Augustin 273
tin. Outre les livres de MM. GlLSON, HESSEN et SCHNEIDER, on consultera, sur ce
sujet, la belle étude de M. G. SôHNGEN, Der Aufbau der augustinischen Geddcht-
nislehre (Conf. X, 6-27), dans Aurelius Augustinus, pp. 367-394.
A titre documentaire, voici quelques indications bibliographiques sur les
thèmes de la philosophie augustinienne qui ne sont pas étudiés dans ce bulletin :
Psychologie de la volonté : Outre les ouvrages de H. ARENDT sur la notion
de l'amour et de H. JONAS sur le problème de la liberté (Cfr la partie
bibliographique de ce bulletin, août 1932, pp. 383-385), on consultera surtout la deuxième
partie de l'Introduction de M. GlLSON (pp. 139 sqq.) et le commentaire critique
du P. B. RoMEYER, Providence divine et liberté humaine (Archives de
philosophie, VII, 2, 1930, pp. 228-243).
Philosophie de la nature: Outre les travaux de L. PERA et K. SîARITZ
renseignés plus haut (août 1932, p. 386), voir : E. GlLSON, op. cit., troisième partie
(pp. 241 sqq.); R. DE SlNÉTY, Saint Augustin et le transformisme (Archives de
philosophie, VII, 2, 1930, pp. 244-272); E. HùFFER, Augustinus en de evolutie-
leer (Studiën, 1930, pp. 353-368) ; Ch. BOYER, La théorie augustinienne des
raisons séminales (Miscellanea agostiniana, II, pp. 795-819) ; G. ThÉRY, L' augusti-
nisme médiéval et le problème de l'unité de la forme substantielle (Acta hebdom.
aug.-thom., pp. 140-200; repris dans la Revue de philosophie, 1930, pp. 660-689);
A. FERNANDEZ, La evoluciôn cosmogônica y biologica segun San Agustin, dans
Religion y Cultura, t. XV, pp. 215-237; J. MAUSBACH, Wesen und Stufung des
Lebens nach dem hl. Augustinus. (Aurelius Augustinus, pp. 169-196).
Mathématique augustinienne : A. SCHMITT, Mathematik und Zahlenmystik-
(Aurelius Augustinus, pp. 353-366) et MARTINEZ VELEZ (cfr août 1932, p. 386).
Ethique: F. VON RlNTELEN, Deus bonum omnis boni. Augustinus und modernes
Wertdenken. (Aurelius Augustinus, pp. 203-220); R. JOLIVET, Le problème du mal
chez saint Augustin. (Archives de philosophie, VII, 2, 1930, pp. 1-104; E. CaS-
TELLI, Le double aspect du problème du mal et saint Augustin. (Cahiers de la
nouvelle journée, 17, pp. 97-112; paru en italien dans la Rivista di cultura, 1930,
fasc. 5-6); Ch. BOYER, De fundamento moralitatis secundum S. Augustinum (Acta
hebd. aug.-thom., pp. 97-109); B. ROLAND-GOSSELIN, Le fondement de la morale
de saint Augustin (Revue de philosophie, 1930, pp. 519-538; en anglais: 5t.
Augustine's system of morals, dans A monument to St. Augustine, pp. 227-248). —
Politique: H.-X. ARQJILLIÈRE, Observations sur l'augustinisme politique. (Revue
de philosophie, 1930, pp. 539-556); Y. DE LA BriÈRE, La conception de la paix
et de la guerre chez saint Augustin. (Ibidem, pp. 557-572). — Cfr aussi les ouvrages
indiqués plus haut (août 1932, pp. 386-387).
274 F. Van Steenberghen
■
l'augustinisme philosophique : d'une part les attitudes
intellectuelles, les procédés et les méthodes ; d'autre part, la doctrine
— points de départ et conclusions.
103 Le réalisme n'est que dans l'ordre surnaturel, dit-on, et certains auteurs
semblent en conclure qu'une philosophie distincte de la théologie ne peut avoir
qu'un objet irréel, hypothétique. Ils s'imaginent que la philosophie étudie le réel
tel qu'il serait sans le surnaturel, c'est-à-dire dans la situation que les théologiens
appellent status naturae purae. En fait, la philosophie, au même titre que toutes
les sciences, étudie ce qui est ; ne faisant point appel à l'autorité, comme la
théologie, elle ignore le surnaturel comme tel (bien qu'elle puisse en percevoir
certaines manifestations) ; elle n'en a pas moins un objet parfaitement réel. La
connaissance intégrale du réel ne peut s'obtenir que par l'effort coordonné de toutes
Içs sciences ; elles n'ont, chacune, la théologie comprise, qu'un objet partiel.
La philosophie de S. Augustin 275
E. PrZYWARA, St. Augustine and the modem world, dans A monument to St.
Augustine, pp. 249-286; E. GlLSON, The future of Augustinian Metaphysics, ibidem,
pp. 287-315 (en français dans la Revue de philosophie, 1930, pp. 690-714);
M. BLONDEL, The latent resources in St. Augustine's thought, ibidem, pp. 317-
353 (publié partiellement en français dans la Revue néoscolastique, août 1930,
pp. 261-275) ; IDEM, La fécondité toujours renouvelée de la pensée augustinienne,
dans les Cahiers de la nouvelle journée, 17, pp. 3-20; IDEM, Pour le quinzième
centenaire de la mort de saint Augustin: l'unité originale de sa doctrine
philosophique, dans la Revue de métaph. et de morale, 1930, pp. 423-469; P. HenDRIKX,
Augustinus' wetenschap en haar beteel^enis Voor onzen tijd, dans les Miscellanea
augustiniana, pp. 105-136; A. REUL, St. Augustin und das Sehnen unserer Zeit,
ibidem, pp. 523-526; C. De BrouWER, Waarom altijd tûeer Augustinus, ibidem,
pp. 10-15; A. GEMELLI, L' agostinianesimo eterno, dans 5. Agostino (Milan), pp. 24-
30 ; etc. — Dans certains milieux protestants, on incline à réduire la modernité
de S. Augustin au profit de Luther : cfr G. KrûGER, dans Zeitschrift fur Kirchen-
geschichte, 1930, p. 501 ; H. VAN BAKEL, dans Nieuw theol. tijdschrift, 1931, p. 137.
106 Cfr Ch. DAWSON, St. Augustine and his age, dans A monument, etc.,
pp. 11-77; H. ElBL, Augustinus an der Wende von der Anti\e zum Mittelalter,
dans les Miscellanea august., pp. 450-462. Cfr aussi tous les travaux sur les sources
de la pensée augustinienne : Platon, Cicéron, Plotin, le manichéisme, la Bible,
S. Jean, S. Paul, S. Ambroise, etc. '
La philosophie de S. Augustin 277
F. Van Steenberghen.
TRAVAUXRÉCENTS DE PSYCHOLOGIE
Ouvrages généraux