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Béton Précontraint Pr T.

TBATOU

Notes de cours

CHAPITRE III
Béton Précontraint

Pr Taoufik TBATOU
Génie Civil
2020/2021

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Béton Précontraint Pr T. TBATOU

3 - Dimensionnement des poutres


Isostatiques et Hyperstatique en béton précontraint

I- Calculs justificatifs
Considérons la section en béton précontraint suivante :

v
G
h
z
w

On notera dans la suite :


Aire de la section : B
Moment d'inertie par rapport à Gz I
Effort de précontrainte : P 0
Excentricité moyenne : ep
Effort tranchant : V
Moment fléchissant : M
Effort normal externe : N

P y
 ( y)   ( M  Pe p ) ; (y est orienté positivement vers le haut)
B I
Contraintes aux fibres extrêmes :

P v
- En fibre supérieure s   ( M  Pe p )
B I
P w
- En fibre inférieure  i   ( M  Pe p )
B I
Nature des calculs justificatifs : Les calculs justificatifs en E.L.S reviennent à montrer qu’en
tout point de l’ouvrage les contraintes dans le béton ne dépassent pas les contraintes admissibles
en traction et en compression.

D’où : t    c

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 t : Contrainte admissibles en traction


 c : Contrainte admissibles en compression

Ferraillage passif longitudinal (Art 6.2.3) :


Deux sortes d’armatures passives longitudinales sont à prévoir dans les ouvrages précontraints :
les armatures de peau et les armatures dans les zones tendues.
a)- Armatures de peau :
Leurs but est de limiter la fissuration due au retrait et variation de température.
- Pour les pièces dont la plus grande dimension transversales excède 40 cm, on doit
disposer des armatures dites de peau, régulièrement espacées en fonction des
dimensions de la pièce.
- La section globale AS de ces armatures est telle que : As/B≥ 0.1% (B= section de béton).
b)- Armatures dans les zones tendues :
On doit disposer des armatures passives de traction pour limiter l’ouverture des fissures.
Dans les zones tendues présentant une hauteur supérieure à 5 cm, la section minimale des
armatures longitudinales de traction est :

- En post-tension : AS   Bt / 1000   N Bt / fe . ftj /  Bt 


- En pré-tension : AS   Bt / 1000    NBt /  s   Ap . ftj /  Bt 

Bt : l’aire du béton tendue.


NBt : résultante des efforts de traction.
σBt : valeur absolue de la contrainte maximale de traction.
fe : limite élastique de l’acier passif utilisé.
ftj : contrainte caractéristique de traction du béton.
σs : min (fe ; 250ήp).
ήp : coefficient de fissuration des armatures.
Ap : section des armatures prétendues dont la distance « x » au parement en traction est telle
que x ≤ max (5 cm ; 2/3 de la hauteur du béton tendu).

II- Cas isostatique


a)- Dimensionnement du béton :
A partir des caractéristiques générales de l’ouvrage (portée des poutres, forme de la section,
intensité des charges,…), on détermine les caractéristiques géométriques de la section du béton.
Plusieurs dimensions de cette section sont fixées à partir des règles empiriques établies suite à
l’exploitation de renseignements tirés des réalisations antérieures.

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Critères souvent utilisés


Le rapport géométrique (h/l) d’une poutre : pour le choix de la hauteur de la section.
Exemple pour les poutres de ponts :
l ≤ 15 m Dalle pleines : 1/30≤h/l≤1/25
15 m ≤ l ≤ 40 m Poutre en T : 1/30≤h/l≤1/22
Poutre en I préfabriqué : 1/20≤h/l≤1/15
Poutre en caisson préfabriqué : 1/30≤h/l≤1/25
40 m ≤ l ≤ 70 m Poutre en caisson à section constante : 1/28≤h/l≤1/20
70 m ≤ l ≤ 200 m Poutre en caisson à section variable :
- Aux appuis intérieurs 1/20≤h/l≤1/15
- A mi- travée 1/60≤h/l≤1/40

- Rendement géométrique : caractérise la bonne disposition de la matière par rapport à la


sollicitation : ρ= I / (B.v.w)
Valeurs courantes du rendement géométrique pour les ponts en BP :
Section en T : ρ ≈ 0.40 0.40 ≤ ρ ≤ 0.45
Section en I : ρ ≈ 0.50 0.50 ≤ ρ ≤ 0.60
Section en caisson : ρ ≈ 0.60 0.60 ≤ ρ ≤ 0.75

b)- Estimation des pertes :


Au stade de dimensionnement, le tracé du câble n’étant pas connu, on ne peut pas déterminer
les pertes de précontrainte. On les évalue à partir d’études antérieures (règles de bonne
pratique).
- A la mise en précontrainte : P1=Ki1.P0 valeur caractéristique max
P2=Ki2.P0 valeur caractéristique min
- En exploitation : P1=Ks1.P0 valeur caractéristique max
P2=Ks2.P0 valeur caractéristique min

Ki1 Ki2 Ks1 Ks2


Post-tension : câble (≤ 30 m) 0.82 0.68
0.94 0.86
Pré-tension sans traitement thermique 0.86 0.74
Post-tension : câble (≥ 50 m)
0.90 0.80 0.82 0.68
Pré-tension avec traitement thermique
Tableau des valeurs (Kij)- Dreux et Mazars (Cours pratique de B.P)

c)- Dimensionnement de la précontrainte :


La méthode de dimensionnement proposée est basée sur la flexion en ELS des poutres.
La force de précontrainte requise est calculée à la section où se produit le plus grand moment
fléchissant dû aux charges extérieures.
Il s’agit de contrôler la traction et la compression en s’assurant que les contraintes normales
produites dans le béton satisfont les contraintes admissibles. On a donc deux limites de
contraintes pour chacun des deux chargements considérés.
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P v
s   ( Pe  M M )
B I
- Sous MMax et
P w
i   ( Pe  M M )
B I
P v
 s   ( Pe  M m )
B I
- Sous Mmin et
P w
i   ( Pe  M m )
B I

d)- Segment et fuseau de passage de la précontrainte :


Noyau limite d'une section droite (Rappel RDM)
Centre de pression
Le centre de pression est le point de la section où le moment du torseur des sollicitations
s'annule.
y

V
C
M
G x

Torseur en G: Torseur en C:
NG  P NC  P
VG  V VC  V
M G  M  Pe p MC  0
M
Si e c représente la position du centre de pression, on a: M G  M C  N C e C . D'où e c   ep
P
Noyau central
Si le comportement est supposé élastique linéaire, le noyau central représente le domaine où le
centre de pression peut se déplacer sans qu'il y ait de traction dans la section.
I I
  ec  ; ou bien :   w  ec   v ; telque :   I /  B.v.w
Bv Bw

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Noyau limite
C'est le domaine où peut se déplacer C sans que les contraintes limites  m et  M soient

dépassées dans la section. Où  M   c est la limite des contraintes de compression et  m   t


la limite les contraintes de traction.
On doit donc vérifier :
P v m I I  I I
m   (Pe p  M)   M   ec  M 
B I Pv Bv Pv Bv
et soit et
P w M I I  I I
m   (Pe p  M)   M    ec   m 
B I Pw Bw Pw Bw
D'où :  a  ec  a

 I I  I I   I I  I I 
Avec : a  min  M  , m   et a    max  m  , M  
 Pv Bv Pw Bw   Pv Bv Pw Bw 
M I I  I I
Le noyau limite de compression est défini par :    ec  M 
Pw Bw Pv Bv
m I I  I I
Le noyau limite de la traction est :   ec   m 
Pv Bv Pw Bw
Fuseau de passage de la précontrainte

Le noyau limite étendu à l'ensemble de la poutre est appelé fuseau limite. Les relations
M M
précédentes permettent alors d'écrire :  a   ep  a 
P P
M : prend suivant le cas de charge une valeur telle que : M m  M  M M
Le fuseau de passage est le domaine à l'intérieur duquel doit se situer le câble moyen pour que
M M
les contraintes limites ne soient pas dépassées, soit alors :  a  m  ep  a  M
P P

e)- Notion de sections sous-critique et sur-critique


Soit elim l’excentricité minimale calculée (elim = -a’-Mm/P), deux cas peuvent alors se présenter :

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- l’excentricité calculée est réalisable c’est-à-dire que les câbles excentrés resteront à
l’intérieur du béton, on aura l’enrobage suffisant.
On dit que la section est sous-critique : elim  emin

- l’excentricité calculée est telle que le câble sera à l’extérieur du béton (ou mal enrobé).
La section est alors dite sur-critique ( elim emin ).
Remarque : il en est même lorsque les moments sont négatifs, la section est dite sous-
critique si : elim  emin , sinon elle est dite sur-critique (dans ce cas elim= a-Mm/P).

Relations de dimensionnement
Conditions à vérifier dans la section la plus sollicitée :
P v
s   ( Pe p  M M )   CS
B I
- Sous MMax et
P w
i   ( Pe p  M M )   ti
B I

P v
s   ( Pe p  M m )   ts
B I
et
- Sous Mmin
P w
i   ( Pe p  M m )   ci
B I
Condition d'enrobage
Le câble moyen doit respecter : w  d '  e p  v  d

Avec d ' la distance minimale d'enrobage inférieur et d la distance minimale d'enrobage


supérieur.
Section est sous-critique
B ts M B M
 w(  1)  m  e   w( CS  1)  M
P P P P
B ci M m B M
 v(1  )  e   v(1  ti )  M
P P P P
- Pour que chacun des deux segments soit ouvert, il faut que :

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B ts M B M
 w(  1)  m   w( CS  1)  M
P P P P
et
B Ci M B ti M
 v(1  )  m   v(1  ) M
P P P P
A partir de ces inégalités ci-dessus, on peut tirer :
I M M  M m M
 wB( cs   ts )  M M  M m   
v  cs   ts  s
et
I M M  M m M
 vB( ci   ti )  M M  M m   
w  ci   ti  i
- Pour que les deux segments aient une zone commune, il faut que :
B ts M B ti M
 w(  1)  m   v(1  )  M (*)
P P P P
et
B Ci M B M
 v(1  )  m   w( cs  1)  M
P P P P
A partir de ces inégalités ci-dessus, on peut constater :
I I
M   ts   ti
 ( w  v) P   B( w ts  v ti )  M M  M m  P  v w
h
Donc, lorsque la section est sous-critique, la précontrainte minimale est :
I I
M   ts   ti
PI  v w = précontrainte minimale absolue nécessaire lorsque la section est
h
sous-critique.
Section est sur-critique
B CS M
(w  d ')  e p   w(  1)  M
P P
B ti M M
(w  d')  e p   v(1  )
P P
C’est la condition de traction en service (*) qui donne, en général, la valeur minimale de la
précontrainte, d’où :
I
B ti MM
 ti  M M
( w  d ')   v(1  ) P w
P P v  w  d '

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I
 ti  M M
La précontrainte minimale : PII  W
v  w  d '
Remarque : Si l’excentricité est vers le haut (moment négatifs), la précontrainte minimale est :
I
 ts  M m
PII  w
w  v  d
MM
Si a    w  d ' , il faut redimensionner la section de béton.
P
Comment connaitre – section sous ou sur-critique
Si PII ˂ PI alors, la section est sous-critique (ePI = -a’- Mm/PI)
Si PI ˂ PII alors, la section est sur-critique (ePII = -w+d’)

f)- Méthode pratique de pré-dimensionnement

Récapitulons les conditions :


I M  Mm
  M Coffrage
max v, w  M   m

 Pmin  max PI , PII  Force minimale de précontrainte

 P  Pmin Pertes

III- Cas hyperstatique


Soit une poutre isostatique de longueur l, soumise à l’action d’un câble de précontrainte
parallèle à la ligne moyenne.

La précontrainte crée un moment Pe0 sous l’effet duquel la poutre prend une courbure constante
de flèche f.

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Dans une structure isostatique, les pièces se déforment librement sous l’action de la
précontrainte. Par conséquent, aucune réaction d’appui n’est produite :
RAp=RBp=0

Si la pièce est placée sur trois appuis, cette flèche ne peut se produire.

Dans l’hyperstatique, les liaisons surabondantes s’opposant aux déformations et créent ainsi
des réactions hyperstatique de précontrainte, c’est un moment hyperstatique de précontrainte.

Méthodologie d’estimation du moment hyperstatique de précontrainte


a)- Méthode interne
- Consiste à : supprimer les liaisons surabondantes et calculer les déformations de la poutre
isostatique ainsi obtenue soumise à la seule action de la précontrainte (moment flexion P.e).
- Calculer les réactions que développent les liaisons surabondantes.
- En réduire le moment hyperstatique de précontrainte (Mh).

b)- Méthode directe


Elle consiste à modéliser l'action du câble par l'ensemble des forces {F}. Ces efforts sont
calculés à partir de la géométrie du câble et du mode de mise en tension (voir chapitre sur le
calcul des pertes). Une fois ces efforts connus, on est ramené au problème général de
détermination des sollicitations dans une structure soumise à un ensemble d'efforts
quelconques, et la résolution peut se faire par les méthodes usuelles de résistance des
matériaux : méthode des forces, méthode des déplacements, éléments finis…

Elle est basée sur le principe des charges équivalentes :


- Déterminer les charges équivalentes à la précontraintes.
- Soumettre le système hyperstatique à l’action de ces charges. On obtient ainsi le moment
total de précontrainte (Mp).
- En déduire le moment hyperstatique de précontrainte : Mh = Mp - P.e

Etape à suivre pour le dimensionnement :


- Choix de la section transversale.
- Choix réaliste d’un tracé préliminaire.

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- Calcul de l’excentricité effective.


- Calcul de la force de précontrainte.
- Modification du tracé.
- Calculs de vérification.

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