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La Belgique à Bordeaux, juin 1940 

: un peuple et son gouvernement en errance

En intégrant la Belgique parmi les acteurs du drame de juin 1940 à Bordeaux,


Bertrand Favreau et les organisateurs de ce colloque ont donné à celui-ci une
dimension non plus seulement locale et nationale ou binationale (franco-britannique),
mais européenne, ce qui me semble une excellente initiative. Je les remercie pour
leur invitation à décrire à grands traits la présence belge dans la cité girondine lors
de l’effondrement de juin 1940, présence aussi bien de réfugiés belges que du
gouvernement du Royaume.
I) Le 18 juin 1940 à Bordeaux
De la présence belge à Bordeaux en ce moment dramatique, retenons deux images
très frappantes. L’une est connue, c’est celle de réfugiés encombrant par milliers les
rues de la ville, comme l’illustrent de nombreuses photographies et une célèbre eau-
forte de Charles Philippe Bordeaux, Le pont de pierre, juin 1940.
En effet, parmi les millions de personnes fuyant sur les routes de France se sont
trouvés un million et demi à deux millions de Belges. Et en juin, la population de
Bordeaux a été gonflée par l’afflux de ces réfugiés dans des proportions énormes,
passant de 300 000 habitants à sans doute plus d’un millions de personnes.
L’autre image est moins connue et il n’en existe pas à ma connaissance de
photographie, c’est celle d’un gouvernement belge siégeant dans des conditions
matérielles déplorables et une ambiance délétère. Voici le récit qu’a donné du
conseil des ministres de Belgique du 18 juin 1940 le matin, un participant, le ministre
libéral de la santé Marcel-Henri Jaspar dans ses mémoires Souvenirs sans
retouches. La scène se passe au numéro 1 de la rue Blanc-Dutrouilh, près de la
place des Quinconces à Bordeaux.
« Au deuxième étage d’un immeuble modeste, dans un appartement misérable,
étaient installés les services du Ministère belge des Colonies : un escalier obscur le
reliait au rez-de-chaussée ; nous en gravîmes les marches, avec résignation, ce
matin du 18 juin.
Au fond d’un couloir, une chambre à plafond bas, éclairée par une petite fenêtre qui
laissait parcimonieusement filtrer la lumière, devait servir au gouvernement de salle
de délibération ; dans l’air flottait l’âcre fumée de mauvais cigares fumés la veille par
je ne sais qui. Le plafond était sale ; la porte qui défendait l’accès de cette chambre
fermait mal. Une table de bois blanc qui semblait avoir été acquise pour quelque
usage culinaire, des chaises branlantes formaient l’unique et pauvre mobilier de ce
triste local. Ce décor misérable suintait la débâcle et la misère : on eût dit une
officine destinée à abriter les opérations suspectes d’un prêteur sur gages ou le
repaire d’émigrés politiques prêts à organiser des attentats terroristes en Europe
orientale […]
Par la fenêtre entrouverte, mon regard n’apercevait qu’un morceau de ciel gris ; dans
l’atmosphère morne de ce réduit régnaient la lassitude, l’abandon, la résignation... Je
lus sur les visages de mes collègues que la partie était perdue, que leurs nerfs
étaient brisés et qu’il fallait s’attendre au pire. »
Le pire, c’était quoi ? C’était la décision de ne pas rejoindre l’Angleterre, comme le
gouvernement belge l’avait encore prévu quelques jours auparavant à Poitiers.
Ce qui explique ce revirement, c’est bien entendu, la demande d’armistice de la
France à l’Allemagne, annoncée par Pétain dans son fameux discours radiodiffusé
du 17 juin. Le désarroi des ministres belges est extrême. Et le premier ministre,
Hubert Pierlot, aurait été convaincu par un homme politique français, Gaston
Bergery, dans la nuit du 17 au 18 juin, que l’Angleterre allait cesser le combat
rapidement et que la Belgique avait intérêt, comme la France, à obtenir les meilleurs
conditions possibles des Allemands.
Un autre homme politique français, Paul Baudouin, a reçu, entre cette séance du
conseil des ministres belges du 18 juin le matin et un autre conseil des ministres se
tenant dans l’après-midi, Hubert Pierlot accompagné de Paul-Henri Spaak ministre
des Affaires étrangères et du général Denis, ministère de la Guerre. Baudouin est un
poids lourd de la politique française et un partisan de l’apaisement, puis de
l’armistice et c’est le nouveau ministre des Affaires étrangères du maréchal Pétain. Il
semble avoir été particulièrement convaincant auprès de ses interlocuteurs. À la
reprise des délibérations, la majorité des ministres opte pour la cessation du combat.
Seuls trois ministres continuent à défendre le choix de quitter Bordeaux pour
rejoindre l’Angleterre, un seul part tout de suite.
Le gouvernement belge a même par la suite cherché à contacter le roi resté en
Belgique et les autorités allemandes. Heureusement pour lui et pour la présence
belge parmi les Alliés, aussi bien Léopold III que les Allemands ont refusé de
répondre aux messages des ministres. Dans ses Mémoires, le ministre des Affaires
étrangères Paul-Henri Spaak reconnaît cet effondrement, ce qu’il appelle des
« fautes » et une « période de faiblesse ». « Nos Départements [ministériels]
n’étaient plus organisés […] Nous siégions dans une chambre au mobilier disparate,
où la poussière n’avait plus été enlevée depuis longtemps. Certains d’entre nous
étaient assis sur des caisses. Ce désordre dans les choses commençait à susciter le
désordre dans les esprits. »
Ce n’est bien entendu pas le « désordre dans les choses » qui a causé
l’effondrement du gouvernement belge mais une suite d’événements sur lesquels il
est nécessaire de revenir, en partant du 10 mai 1940.

II) Du 10 mai au 22 octobre 1940


Quand, à l’aube du 10 mai, après plusieurs mois d’inactivité sur le front occidental,
les premiers blindés allemands franchissent les frontières du Grand-Duché du
Luxembourg puis de la Belgique et des Pays-Bas, on ne peut pas dire que ce soit
une vraie surprise.
Quelle que ce soit l’échelle chronologique considérée, on pouvait s’y attendre.
Depuis 1933, Hitler avait affirmé une politique de grandeur de l‘Allemagne, agressive
sur le plan extérieur. Mais beaucoup de dirigeants d’Europe occidentale avaient
tendance à chercher avec lui un apaisement qui montra définitivement sa limite, aux
yeux de la plupart des observateurs et des acteurs, en mars 1939, avec l’annexion
définitive de la Tchécoslovaquie par le Reich malgré les promesses formelles du
chancelier allemand de ne pas le faire, lors des accords de Munich en septembre
1938. C’est par exemple cet événement qui a dessillé les yeux des Anglais.
Dans ce contexte, le roi des Belges, Léopold III et les principaux dirigeants politiques
belges ont opté à partir de 1936 pour une politique de neutralité, dite politique
d’indépendance ou politique « exclusivement et fondamentalement belge ». Il était
pourtant hautement probable que l’Allemagne allait attaquer en Belgique, mais le roi
des Belges et le gouvernement feignaient de se protéger autant d’une agression
venue de l’est, d’Allemagne, que d’une agression venue du sud, de France. Cette
politique de neutralité visait à faire le maximum pour que la Belgique ne soit pas
entraînée dans une guerre qui ne serait pas la sienne et ne puisse pas être accusée
par Hitler de favoriser cette guerre.
Encore après la guerre et jusqu’à aujourd’hui, des hommes politiques et des
historiens belges défendent la valeur de cette conception d’une Belgique se
défendant seule contre tous. Par exemple, Spaak, qui reconnaît franchement, on l’a
vu, les « fautes » du gouvernement en juin et juillet 1940, n’exprime aucun regret sur
la position neutraliste du pays avant la guerre, alors même qu’après la guerre il a
admis totalement la nécessité de la coopération internationale et même l’alignement
de son pays sur les États-Unis puisqu’il a été secrétaire général de l’OTAN. D’où
vient, à partir 1936, cet acharnement belge à être neutre, c’est-à-dire à ne pas être
un allié de la France ?
Les motivations sont de deux ordres. Les raisons de politique étrangère sont très
claires et ne concernent pas que la Belgique : la faiblesse française face au
réarmement et à l’agressivité de l’Allemagne incite les autres pays à chercher à se
concilier les bonnes grâces de celle-ci. Mais la Belgique a également un autre motif
de mettre fin à l’alliance française en 1936, un motif de politique intérieure fondé sur
la méfiance d’une grande partie des Flamands vis-à-vis de la France républicaine,
laïque et sociale, donc insupportable à une culture largement hiérarchique,
catholique et conservatrice. L’histoire du pays joue aussi puisque la Belgique a été
neutre depuis son indépendance dans les années 1830 jusqu’en 1914.
La situation géographique de la Belgique en fait un enjeu considérable dans les
années 1930. Voici comment récemment l’historien français Robert Frank résumait
la situation en 1939 : « La Belgique est donc au centre des plans français et
allemands. Sa neutralité, décidée à nouveau en septembre 1936 [sic], est une gêne
pour la France et la façon dont cette situation est devenue défavorable montre aussi
les contradictions qui existent entre les choix militaires et les choix diplomatiques
français. »1 Les choix militaires français sont ceux d’une stratégie défensive,
contradictoires en effet avec un système d’alliances qui suppose une capacité
d’intervention extérieure.
Même si la Belgique n’est plus une alliée, les Français et les Britanniques lui ont
accordé leur garantie, c’est-à-dire leur aide en cas d’agression et ils ont planifié des
actions militaires en Belgique, à mettre en œuvre dès l’appel des Belges à leurs
garants. Malheureusement, les Français sont persuadés que les Allemands
répéteront le plan Schlieffen et ne passeront pas par les Ardennes, parce que c’est
un massif forestier. Si l’on aditionne l’absence de coopération entre les armées belge
et française, le désintérêt de l’État-major belge pour les Ardennes et la certitude de

1 Robert Frank, « Juin 1940 : La défaite de la France ou le sens de Vichy », in Alya Aglan et Robert Frank (dir.), 1937-1947. La
guerre-monde, tome 1, p.
l’État-major français que celles-ci sont infranchissables, on comprend que la décision
allemande de passer par les Ardennes plutôt que d’attaquer au centre de la
Belgique, a été une décision brillante. La réussite du « coup de faucille » allemand
vers la Manche a été extraordinaire, elle a surpris les Allemands eux-mêmes. Les
contingents belges, français et britanniques pris au piège sur le sol belge au nord de
cette percée de blindés, ont cédé à la pression allemande, jusqu’à ne laisser d’autre
choix, selon leurs profondeurs géostratégiques respectives, aux Britanniques que le
rembarquement à Dunkerque, aux Belges que la défaite sur place et aux Français
que le recul avec l’espoir d’un sursaut au sud du coup de faucille, renouvelant le
« miracle de la Marne » de 1914.

Pendant ce temps, les populations civiles belges fuient les bombardements


allemands et les combats, d’abord vers l’ouest du pays, puis vers le sud et vers la
France. Là on a pu assister à des scènes chaotiques et dramatiques.

Mais le repli des structures essentielles du pays est tout à fait autre chose et il s’est
en général effectué de manière plus ou moins organisée. Le souhait général des
autorités belges est alors de continuer le combat aux côtés des Français et des
Britanniques, sur le sol français, renouvelant ainsi l’expérience de la guerre de 14-
18, centrale pour les hommes de 1940. Le gouvernement belge s’était alors replié à
Sainte-Adresse, près du Havre ? et avait mené la lutte aux côtés des Alliés,
abandonnant, par la logique des choses, la position de neutralité traditionnelle du
pays. Pour le gouvernement belge, en mai-juin 1940, fuir c’est donc résister.

Un des problèmes de la Belgique en 14-18, analysé par la suite, avait été que le
territoire belge avait été occupé presque entièrement par les Allemands. En
conséquence, le pays en guerre n’avait pu bénéficier ni de ses ressources
industrielles ni des classes d’âge qui auraient dû être appelées sous le drapeau en
1915, 1916, 1917 et 1918. C’est pourquoi, en mai 1940, d’une part une partie de
l’outil industriel belge, des services et de l’administration a été transférée en France,
en particulier dans le Sud-Ouest et d’autre part les jeunes gens de 14 à 18 ans ont
été appelés à rejoindre par tous les moyens dont ils disposaient, des centres de
regroupement, d’abord dans l’ouest de la Belgique puis en France. C’est ainsi que,
par dizaines de milliers, les adolescents belges sont partis, en train, en autocars, en
vélos, en groupes ou seuls. Malgré les difficultés, un grand nombre de ceux qu’on a
appelé les CRAB, d’après les noms de leurs lieux de rassemblement, les Centres de
regroupement de l’armée belge, est parvenu jusque dans le Midi de la France où ils
ont passé l’été entier, dans des conditions qui n’étaient pas toujours que négatives
pour eux, puisqu’ils étaient bien accueillis par la population.

Au total, c’est plus d’un million de Belges qui ont passé l’été 40 dans le Sud-Ouest
de la France. L’accueil de ces réfugiés, passé le premier choc, a pu s’organiser. En
fait, on peut penser que le repli belge et l’accueil français auraient sans doute
débouché, avec une bonne coordination des deux nations, sur une organisation
efficace. L’effondrement militaire français du mois de juin a rendu la question sans
objet.
Revenons un peu en arrière, à la fin du mois de mai en Belgique. Le roi des Belges a
décidé de rester sur le sol national, en désaccord avec le gouvernement tripartite,
composé de ministres catholiques, socialistes et libéraux et dirigé par le catholique
Hubert Pierlot, Le gouvernement s’est replié en France, à Paris d’abord, puis il a
suivi le gouvernement français dans sa descente vers le Sud-Ouest. Le 28 mai
Léopold III décide de proposer à l’ennemi la capitulation de l’armée belge. Il a été
accusé par la suite d’avoir capitulé trop tôt et de n’avoir pas prévenu ses alliés
britanniques et français, ce dont il s’est défendu et il a été défendu par des témoins
et par les historiens belges en général. Le président du conseil français Paul
Reynaud a alors prononcé à la radio un discours violent contre le roi des Belges,
dont on peut penser qu’il servait plus l’objectif de resserrer les rangs de la nation
française que le souci de la vérité. Pierlot parlant à sa suite à la radio française, délie
les officiers et les soldats belges de leur serment de fidélité au roi, ce qui lui a valu
beaucoup de reproches et même de haine de la part des Belges favorables à la
dynastie. Quelques Belges ont été molestés en France, mais assez peu finalement,
sans doute grâce au discours de Pierlot qui a permis de distinguer aux yeux de la
population française les « mauvais Belges », en l’occurrence le roi des « bons
Belges », le gouvernement et les réfugiés.

Mais se joue en même temps, entre dirigeants français et britanniques, un débat


dramatique dont l’objet est la poursuite ou non des combats, surtout à partir du
moment où la barrière des « grands fleuves » a sauté face à la poussée allemande
de début juin.

Le gouvernement belge envisage, de son côté, de partir en Angleterre, mais en


réalité il ne quitte pas la France et ne réussit qu’à être à la remorque du
gouvernement français. Imaginons sa situation : d’un côté le roi a capitulé, d’un autre
côté, on peut douter raisonnablement que la Grande-Bretagne puisse résister à
l’Allemagne sans la France, qui est militairement bien supérieure aux Britanniques.
Seul un sursaut français peut sauver la situation, non seulement de la France elle-
même, mais du camp des démocraties tout entier, voilà ce que pensent les Belges à
la mi-juin 1940. Alors, quand Paul Reynaud démissionne pour laisser à quelqu’un
d’autre, Pétain en l’occurrence, la tâche de proposer l’armistice à l’Allemagne, le
gouvernement belge s’effondre, comme on l’a vu.

Le 18 juin, on l’a vu, trois ministres ne sont pas d’accord pour renoncer au projet
d’aller en Angleterre et ils vont jouer tous trois un rôle important dans l’étonnant
rebondissement qui fera d’un gouvernement abattu et démoralisé en juin un
gouvernement de lutte installé à Londres en octobre. Le premier à partir est Marcel-
Henri Jaspar, ministre de la santé, donc en charge entre autres des réfugiés. Il
connaît l’Allemagne, sa femme est juive, il ne veut pas tomber aux mains des nazis.
Dès le 18 juin, il embarque au Verdon sur un bateau qui va en Angleterre. Une fois à
Londres, il lance un appel aux Belges, le 22 juin, qui a des points communs avec
l’appel du 18 juin de De Gaulle, mais qui a eu moins de succès, pour des raisons
politiques, en premier lieu l’opposition de l’ambassadeur belge à Londres Cartier de
Marchienne, qui a lui aussi décidé de rallier les Anglais et qui, conservateur bon
teint, s’oppose à Jaspar. Le deuxième ministre qui le 18 juin refuse de rester en
France est Albert De Vleeschauwer, un catholique flamand qui, ministre des
Colonies, prend en charge les intérêts du Congo, officiellement pour mettre la
colonie à l’abri de tous les belligérants, mais en réalité pour mettre ses ressources à
la disposition des Britanniques. Il arrive à Londres le 4 juillet et tout de suite il
exhorte ses collègues restés en France de venir le rejoindre dans la capitale
anglaise pour éviter la reconnaissance par les Britanniques d’un gouvernement
Jaspar. Camille Gutt, ministre libéral des finance et troisième ministre « résistant »
du 18 juin, le rejoint en août, Pierlot et Spaak seulement en octobre.

III) Conclusion

Pour la population belge de l’exode, Bordeaux est une étape vers un lieu d’accueil
plus durable, jusqu’à l’organisation des retours au pays, qui commence en août 1940
et s’intensifie en septembre. Seules deux catégories de la population sont interdites
de retour par les autorités allemandes : les francophiles avant la guerre, considérés
comme antiallemands, et les Juifs. Parmi ceux-ci, une majorité était constituée
d’étrangers, réfugiés juifs venant d’Allemagne, d’Autriche, de Pologne, etc. et avaient
trouvé refuge en Belgique.

Pour le gouvernement belge, Bordeaux est le moment le plus dramatique de son


effondrement, en lien avec l’effondrement français. La défaite française en effet le
laisse sans ressource et sans ressort, même si on peut dire que Jaspar et De
Vleeschauwer, dans une moindre mesure Gutt, « sauvent l’honneur ».

Concluons par une remarque générales : les historiographies nationales ont


tendance à se focaliser sur des questions de personnes et d’honneur, c’est-à-dire
des questions de responsabilité et de fautes individuelles, alors que des
déterminations géographiques, géopolitiques, historiques jouent, il me semble, un
rôle essentiel en histoire et devraient éclairer le vrai débat, qui me parait être celui-
ci : « Comment et pourquoi les démocraties se sont-elles effondrées militairement et
politiquement en 1940 ? ». Les démocraties en général, et pas tel ou tel pays.
L’effondrement de mai-juin 40 doit être analysé dans un jeu d’échelles qui comporte,
à côté de l’échelle locale et de l’échelle nationale, une échelle européenne et même
mondiale puisque les empires coloniaux et les États-Unis sont concernés.

La Belgique n’a pas voulu agir comme une alliée des démocraties, aussi bien en
1936 quand elle prend ses distances avec la France qu’en 1940 quand elle renonce
à se rendre en Grande-Bretagne. Ces refus d’un petit pays à s’engager dans le
camp des démocraties sont en réalité des épisodes de leur défaite commune.

Bibliographie
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Renaud Degrève, agrégé d’histoire

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