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Université de Montréal

LA RÉDACTION ET L'ÉVALUATION
DES MÉMOIRES ET DES THÈSES

Faculté des études supérieures

Novembre 2000
TABLE DES MATIÈRES

REMARQUES ET ABRÉVIATIONS ............................................................................................................... 1

AVANT-PROPOS ........................................................................................................................................... 2

RÉSUMÉ ........................................................................................................................................................ 4

1. INTRODUCTION ..................................................................................................................................... 6

2. LA GENÈSE DU MÉMOIRE OU DE LA THÈSE : DES FACTEURS DE QUALITÉ À SURVEILLER... 8

2.1 Les démarches relatives à l’admission ........................................................................................... 8


2.2 Le suivi de l’offre d’admission ......................................................................................................... 9
2.3 L’accueil et la première inscription au programme.......................................................................... 9
2.4 Le programme d’études et le choix du projet et du directeur de recherche .................................. 10
2.5 L’encadrement de l’étudiant.......................................................................................................... 11
2.6 Le suivi et l’évaluation de la formation .......................................................................................... 13
2.7 La rédaction du mémoire ou de la thèse....................................................................................... 14

3. LE MÉMOIRE OU LA THÈSE PAR ARTICLES.................................................................................... 15

4. L’ÉVALUATION DES MÉMOIRES ET DES THÈSES .......................................................................... 19

4.1 La qualité de la langue de rédaction .................................................................................................. 19

4.2 Les principes généraux de l’évaluation .................................................................................... 20


4.2.1 Une évaluation institutionnelle formelle.............................................................................. 20
4.2.2 Une évaluation compétente, impartiale et valorisante........................................................ 21
4.2.3 Une évaluation par jury ...................................................................................................... 23
4.2.4 Une évaluation à caractère public ...................................................................................... 24

4.3 Les rôles et les responsabilités des différents intervenants........................................................... 25


4.3.1 La Faculté des études supérieures .................................................................................... 25
4.3.2 Les responsables de programme et le milieu de formation................................................ 27
4.3.3 L’étudiant............................................................................................................................ 27
4.3.4 Le directeur de recherche .................................................................................................. 29
4.3.5 Les membres du jury.......................................................................................................... 30
4.3.6 Le public des soutenances................................................................................................. 34

5. CONCLUSION....................................................................................................................................... 34
REMARQUES ET ABRÉVIATIONS

Dans le présent document :

• La forme masculine est employée pour désigner à la fois le masculin et le féminin.

• L’expression « directeur de recherche » inclut les codirecteurs de recherche, le cas échéant.

• L’expression « directeur de programme » désigne la personne responsable de la mise en œuvre et de


la gestion d’un programme de formation aux cycles supérieurs. À l’Université de Montréal, cette
personne est normalement le directeur de l’unité académique (doyen de faculté, directeur d’école,
directeur de département) à laquelle est rattaché le programme, ou quelqu’un à qui ces responsabilités
ont été confiées. Cette définition est utilisée ici pour des raisons de simplicité. Son emploi ne peut
avoir pour effet de modifier la réglementation applicable aux études supérieures et, en cas de conflit
entre ce texte et les règlements pédagogiques publiés dans l’Annuaire des études supérieures, ce sont
ces derniers qui prévalent.

• Les principales abréviations utilisées dans ce texte sont :

♦ CGS : Council of Graduate Schools, Washington DC. Cet organisme américain consacre ses
efforts à l’amélioration des processus de formation aux cycles supérieurs. Il regroupe plus de 400
établissements universitaires américains et canadiens. Des extraits des avis de cet organisme
sont cités ici pour montrer la concordance avec les pratiques en vigueur à l’Université de Montréal.
♦ CREPUQ : Conférence des recteurs et principaux des universités du Québec
♦ FES : Faculté des études supérieures de l’Université de Montréal
♦ RP-FES : règlement pédagogique de la FES1

1 Annuaire des études supérieures : Annuaire général de l’Université de Montréal, tome II, 2000-2001, p. 5-8 à 5-18. Adresse
électronique, http://www.etudes.umontreal.ca/reglements/etudes_superieures.html

1
AVANT-PROPOS

À l’Université de Montréal, au-delà de 250 programmes de deuxième et de troisième cycles relèvent de


la Faculté des études supérieures (FES), allant des programmes courts de 30 crédits ou moins aux
programmes de doctorat de 90 crédits. Avec l'École des Hautes Études Commerciales et l'École
Polytechnique, l’Université accueille près du tiers des étudiants aux cycles supérieurs des universités
québécoises. Eu égard au nombre annuel de diplômés2, l’établissement se situe au premier rang des
universités québécoises et au deuxième rang des universités canadiennes, après l'Université de Toronto.
L'Université de Montréal se classe ainsi parmi les grandes universités publiques nord-américaines fortement
engagées en formation aux cycles supérieurs et en recherche.

Ce large éventail de programmes permet d’offrir des formations diversifiées et pertinentes dans la
plupart des domaines du savoir, notamment des formations à la recherche qui visent à développer des
capacités de chercheur et à favoriser des contributions à l’avancement des connaissances3. Les
programmes de formation à la recherche font l’objet du présent document, particulièrement en ce qui a
trait aux facteurs qui déterminent la qualité d’un mémoire de maîtrise ou d’une thèse de doctorat, à la bonne
conduite des processus constitutifs de leur évaluation et aux rôles un divers intervenants participant à cette
évaluation4.

L’expérience acquise par la FES au cours des ans avec des milliers de mémoires et de thèses déposés
à la Faculté fournit une base utile à la réflexion5. Mais on doit aussi prendre en considération le contexte de
renouvellement, d’élargissement et de complexité croissante des champs d’études et des savoirs, et veiller

2 Par exemple, en 1998-1999, l’Université de Montréal a décerné 2260 diplômes de deuxième cycle, dont 1533 diplômes de
maîtrise, et 357 diplômes de doctorat.

3 La formation à la recherche a pour but de permettre l’acquisition des capacités de chercheur et de contribuer à l’avancement
des connaissances, à leur appréciation critique et à leur diffusion. Les programmes de maîtrise sont habituellement de 45 crédits et
ont pour but d'initier l'étudiant à la pratique de la recherche en le rendant capable d'utiliser adéquatement certaines méthodes de
recherche et de bien présenter les résultats de ses travaux dans un mémoire (RP-FES, article 59). Les programmes de doctorat (la
plupart étant des programmes de Ph.D.) sont de 90 crédits et ont pour but de développer chez l’étudiant la capacité de réaliser, de
façon autonome, des travaux de recherche (ou de création) originaux qui seront présentés dans une thèse et diffusés de façon
appropriée (RP-FES, article 88).

4 La rédaction de ce document s’appuie sur les observations d’un groupe de travail du Conseil de la FES, présidé par Louis
Lessard, et sur une version préliminaire de son contenu préparée par ce dernier. Les principaux points soulevés concernant
l’évaluation des mémoires et des thèses ont été régulièrement discutés au Conseil de la FES, et notamment au cours d’une réunion
extraordinaire en octobre 1998.

5 Depuis la création de la FES, en 1972, plus de 15 000 mémoires de maîtrise et environ 3000 thèses de doctorat ont été évalués.
Cette expérience a servi à la révision du règlement pédagogique de la FES en 1991. Elle a aussi été mise en relief à l’occasion de
l’évaluation institutionnelle de la FES en 1994 : FES, Les voies de la consolidation, rapport d’autoévaluation, novembre 1994.

2
à ce que les projets de mémoire ou de thèse favorisent des formations pertinentes et de haute qualité6.
Cette perspective devrait inciter la communauté universitaire à actualiser continuellement ses programmes
de formation et ses pratiques de recherche et d’encadrement.

Un corps professoral hautement qualifié, des programmes de formation pertinents et des milieux de
formation riches et dynamiques sont insuffisants, à eux seuls, pour assurer des formations de qualité.
L’étudiant et son directeur de recherche sont les acteurs clés dans ce scénario et, pour favoriser une
performance réussie, il faut en plus accorder une grande attention au processus même de formation à la
recherche. L’encadrement de l’étudiant et son cheminement de formation doivent le préparer le plus
adéquatement possible à œuvrer avec compétence dans une société en continuel changement sur les
plans scientifique, technologique et organisationnel.

Ces considérations balisent le cadre de réflexion proposé dans ce document. Les observations et les
réflexions qu’on y retrouve sont traduites, de façon pratique, dans le document d’accompagnement Guide
de présentation et d’évaluation des mémoires et des thèses7. Ce guide est un outil de travail pour les
étudiants qui planifient la rédaction d’un mémoire ou d’une thèse. Il est aussi une source importante
d’information pour le directeur de recherche, le directeur de programme, les membres des jurys d’évaluation
des mémoires et des thèses et les représentants du doyen aux soutenances de thèses de doctorat. Il est
fortement suggéré à tous les intervenants d’un programme de formation à la recherche aux cycles
supérieurs, tout particulièrement à ses acteurs clés que sont l’étudiant et le directeur de recherche, de
prendre connaissance de ce document et du guide de présentation des mémoires et des thèses. Ces deux
textes sont de fait indissociables l’un de l’autre.

6 De nouveaux défis pour la formation des chercheurs et des scientifiques sont soulevés notamment par l’évolution des modes de
pratique de la recherche, l’interdisciplinarité, la multiplicité des approches méthodologiques et des moyens technologiques, les
préoccupations reliées au phénomène de la globalité ou de la mondialisation. Voici quelques ouvrages de référence en rapport
avec ces thèmes :
- M. Gibbons et coll., The New Production of Knowledge, London, SAGE Publications, 1994.
- E.O. Wilson, Consilience : The Unity of Knowledge, New York, Alfred A. Knopf, 1998.
- E. Morin, Le défi du XXIe siècle : Relier les connaissances, Paris, Éditions du Seuil, 1999.

7FES, Guide de présentation et d’évaluation des mémoires de maîtrise et des thèses de doctorat, mars 2001. Ce guide remplace
un document antérieur de la FES : Procédure d’acceptation et Guide de présentation des mémoires et des thèses, juin 1994.

3
RÉSUMÉ

L’étudiant et son directeur de recherche sont les maîtres d’ œuvre du parcours de formation à la
recherche. L’aboutissement de ce parcours, dans la plupart des cas, implique un travail personnel de
rédaction d’un mémoire de maîtrise ou d’une thèse de doctorat qui fait l’objet d’une évaluation rigoureuse
par un jury. Étant donné les caractéristiques de la formation doctorale, la thèse et le processus d’évaluation
présentent des exigences plus élevées que celles relatives au mémoire de maîtrise. Le résultat de
l’évaluation du mémoire ou de la thèse est d’importance capitale pour l’étudiant, car il peut influer fortement
sur son orientation au terme de ses études et constituer un élément déterminant de son avenir. C’est aussi
un indice de l’efficacité de la mise en œuvre du programme de formation concerné, de la compétence des
chercheurs engagés dans le processus et de la qualité du milieu d’apprentissage.

La qualité du mémoire ou de la thèse dépend nécessairement des compétences que l’étudiant a


acquises au cours de son cheminement. L’étape de l’admission est déterminante, car seul un étudiant
suffisamment qualifié et motivé pourra parvenir au but, à condition qu’il soit orienté vers un champ d’études
et un programme qui conviennent à ses aspirations et à ses objectifs de formation. Son intégration à
l’environnement de formation, l’encadrement individuel et collectif qui lui est fourni, les moyens matériels et
les ressources financières dont il dispose sont d’autres facteurs essentiels au développement de ses
capacités. On peut facilement supposer que la bonne gestion de tous les aspects du parcours de l’étudiant,
incluant un suivi et une évaluation attentive de son apprentissage, favorisera une formation solide et,
partant, la rédaction d’un mémoire ou d’une thèse de qualité.

Le manuscrit du mémoire ou de la thèse, qu’il soit présenté selon le mode classique ou le mode par
articles, est soumis aux mêmes critères de qualité et aux mêmes procédures d’évaluation. Lorsque les
circonstances le permettent et que la qualité de la formation n’est pas compromise, le mode de présentation
par articles est favorisé afin de diffuser rapidement les résultats de recherche. Mais, tout en offrant des
avantages substantiels, le mode de présentation par articles impose des exigences sérieuses. L’une est
d’établir de façon claire et convaincante la contribution substantielle et déterminante de l’étudiant aux
travaux de recherche et aux articles qui en découlent. La démarche peut être difficile lorsque les articles
sont cosignés par l’étudiant, le directeur de recherche et parfois d’autres chercheurs et d’autres étudiants.
Eu égard au rôle du directeur de recherche, un défi majeur consiste à harmoniser les manuscrits du
mémoire et de la thèse par articles de ses étudiants, tout en tenant compte de ses propres travaux de
recherche. Pour l’étudiant, il est capital de rédiger un mémoire ou une thèse qui constitue un tout cohérent

4
et bien intégré, et non pas une juxtaposition d’articles plus ou moins bien agencés, car cette qualité du
manuscrit est d’importance critique lors de l’évaluation.

L’évaluation du mémoire ou de la thèse est un processus qui engage officiellement l’établissement et la


communauté universitaire. Des standards de qualité doivent être appliqués de façon équivalente à
l’ensemble des secteurs du savoir. Une évaluation rigoureuse, compétente et impartiale, par un jury de
pairs, est nécessaire pour assurer la crédibilité du processus et permettre la valorisation de la formation de
l’étudiant et des résultats de sa recherche. Le déroulement approprié du processus d’évaluation exige que
chaque acteur joue correctement son rôle : l’étudiant, le directeur de recherche, le directeur de programme
et le Comité d’études supérieures, les membres du jury, la FES et le représentant que le doyen de la
Faculté délègue aux soutenances de thèses.

Lorsque les moyens requis pour la mise en œuvre efficace d’un programme de formation à la
recherche sont disponibles (corps professoral compétent, milieux de formation dynamiques, programmes
pertinents), l’atteinte des objectifs visés dépend de la bonne conduite du processus de formation. Il s’agit
effectivement de veiller à ce que la gestion de tous les aspects du processus de formation soit attentive,
soutenue et compétente afin de faciliter le plus possible le cheminement de l’étudiant et l’action de son
directeur de recherche. Le directeur de programme, avec l’assistance du Comité d’études supérieures, et la
FES sont les premiers responsables de la gestion du processus et ils doivent mettre tout en œ u vre pour
favoriser le succès de la formation.

5
1. INTRODUCTION

Les programmes d’études aux cycles supérieurs sont conçus en continuité avec la formation de
premier cycle de façon que la maîtrise (deuxième cycle), surtout si elle est orientée vers l’initiation à la
recherche, puisse normalement servir de porte d’entrée au doctorat (troisième cycle). L’objectif des études
aux cycles supérieurs est alors de permettre à l’étudiant d’acquérir des compétences et des habiletés plus
spécialisées ou plus poussées qu’au premier cycle. En faisant les distinctions appropriées entre les études
de maîtrise et les études de doctorat, on peut voir la formation à la recherche comme une démarche dans
laquelle l’étudiant acquiert initialement les connaissances qui constituent les fondements de sa formation. Il
est ensuite en mesure d’établir, entre des corpus de connaissances et des outils et processus
méthodologiques, des articulations qui lui permettront d’entreprendre et de poursuivre ses travaux de
recherche. À la dernière étape de sa formation, l’étudiant est appelé à contribuer à l’avancement du savoir
à même les connaissances qu’il maîtrise et les résultats de recherche qu’il obtient. Cette étape finale
l’engage à mettre l’accent sur ses réalisations personnelles et sur l’originalité de son apport à sa discipline
ou à son champ d’études, généralement par le biais de la rédaction d’un mémoire ou d’une thèse. La
formation vise également, mais de façon plus prononcée au doctorat, à éveiller la curiosité de l'étudiant et
son intérêt pour le développement continu de ses capacités intellectuelles; il est incité notamment à cultiver
et à renforcer ses capacités d'analyse et de synthèse, d'adaptation au changement, de réflexion critique, de
communication, d'apprentissage personnel continu et de travail en équipe.

Les offres de formation à la recherche comportent normalement un nombre limité de crédits de cours et
laissent une large place à des travaux personnels effectués sous la supervision d'un directeur de recherche.
Les programmes de maîtrise, généralement de 45 crédits, consacrent de 50 à 80 % de ceux-ci aux travaux
de recherche et à la rédaction du mémoire. Au doctorat, le programme est habituellement de 90 crédits et
plus de 75 % d’entre eux sont attribués aux démarches menant à la rédaction de la thèse. Il en résulte que
la formation de l'étudiant exige un apprentissage bien encadré, une pratique soutenue de la recherche, une
évaluation continue des progrès accomplis et des résultats accumulés ainsi que la présentation et
l’interprétation des données recueillies dans un mémoire ou une thèse.

Le mémoire ou la thèse est un travail personnel de l’étudiant qui fait l'objet d'une évaluation rigoureuse
par un jury. La qualité du document est fonction de l'efficacité avec laquelle l'étudiant a pu assimiler les
connaissances et maîtriser les apprentissages. Elle est aussi fonction du degré d’originalité dont il fait
preuve dans ses travaux de recherche. Sa capacité à synthétiser de façon claire et concluante l’information
pertinente et à faire état non seulement des savoirs acquis mais encore de sa contribution à l’évolution des

6
connaissances détermine la qualité de la présentation de son manuscrit. Les deux composantes, contenu
et présentation, comptent dans l'évaluation. La rédaction du mémoire ou de la thèse est ainsi une étape
décisive pour l'étudiant, car le résultat de l'évaluation de son manuscrit va lui permettre d’obtenir le diplôme
postulé ou entraîner l’abandon des études.

Il faut noter que le résultat de l’évaluation du mémoire ou de la thèse est aussi un indicateur de la
qualité de la mise en œuvre d’un programme de formation à la recherche8. Lorsque le mémoire ou la thèse
reçoit une cote élevée et que son contenu est largement diffusé dans la littérature, le programme, le milieu
de formation, les professeurs, les chercheurs et les étudiants en reçoivent le crédit. À l’inverse, si ce
document est jugé peu adéquat ou inacceptable, il peut en résulter une dévalorisation du programme et des
activités de recherche qui s’y rattachent. L’étape finale constituée de la rédaction et de l’évaluation du
mémoire ou de la thèse est fortement conditionnée par les événements qui l’ont précédée, à compter de
l’admission de l’étudiant dans le programme et tout au long de son parcours de formation. Ces événements
sont largement déterminés par la gestion du processus de formation et l’encadrement de l’étudiant. Il en
découle que la qualité de la formation à la recherche dépend fortement des aptitudes et de la préparation
des étudiants qui sont admis à un programme et du déroulement de la formation.

Le texte qui suit désigne d’abord les principaux facteurs qui influent, surtout en amont de la période
finale consacrée à la préparation et à la rédaction du manuscrit de mémoire ou de thèse, sur cette phase
stratégique du cheminement de la formation (section 2). Une attention particulière est ensuite accordée aux
mémoires et aux thèses par articles étant donné les considérations importantes que ce mode de
présentation soulève sur le plan de la qualité de la formation (section 3). La section 4 énonce les principes
généraux qui doivent guider l’évaluation du mémoire ou de la thèse et définit le rôle et les responsabilités
des différents intervenants. En guise de conclusion (section 5), on réitère l’importance d’une gestion

8 À l'Université de Montréal, les unités académiques (facultés, écoles et départements) assument, avec l'appui de la FES, la
responsabilité de la mise en œuvre et de la gestion des programmes de formation aux cycles supérieurs. Cette responsabilité
relève du directeur de programme, avec l'assistance du Comité d'études supérieures. Cette personne est normalement le directeur
de l’unité académique (doyen de faculté, directeur d’école ou directeur de département) ou quelqu’un à qui ces responsabilités ont
été confiées. La gestion doit respecter le règlement pédagogique de la FES et les standards de qualité que celle-ci applique à
l'ensemble des programmes d'études aux cycles supérieurs. Dans le cas de certains programmes (programmes multifacultaires,
programmes conjoints avec d'autres établissements, programmes interdisciplinaires de la FES), le directeur de programme est
assisté par un comité de gestion, composé de professeurs et de chercheurs d'appartenances diverses, qui joue en même temps le
rôle du Comité d'études supérieures du programme.

Le Comité d’études supérieures est formé d’au moins trois professeurs ou chercheurs affectés aux cycles supérieurs. Ce comité
voit généralement à maintenir un environnement propice à un travail de qualité ainsi qu’un climat stimulant. Il doit suivre le
cheminement de tout étudiant dans son programme d’études afin d’éliminer le plus possible les pertes de temps, les éléments
irritants et les soucis inutiles. Le Comité, en collaboration avec l’assistante à la gestion des dossiers étudiants, s’occupe des
recommandations relatives à l’admission et à l’inscription des étudiants, de l’évaluation et du suivi des étudiants ainsi que de toute
question qui lui est adressée par le directeur de programme. Ses principales fonctions sont fixées par le règlement pédagogique de
la FES (RP-FES, articles 31 et 35).

7
compétente des activités de formation, de l’application des plus hauts standards aux objectifs poursuivis, et
d’un encadrement de grande qualité pour favoriser le succès du parcours.

2. LA GENÈSE DU MÉMOIRE OU DE LA THÈSE : DES FACTEURS DE QUALITÉ À


SURVEILLER

La rédaction du mémoire ou de la thèse étant nécessairement influencée, en amont, par les divers
aspects du parcours de formation aux cycles supérieurs, il est approprié d’examiner les principaux
déterminants de la qualité de cette démarche selon la progression du cheminement, en commençant par
l’admission. Ces éléments de réflexion peuvent différer sensiblement selon qu’il s’agit d’un programme de
maîtrise ou d’un programme de doctorat.

2.1 Les démarches relatives à l’admission

L’étudiant qui choisit un programme de formation de façon éclairée et judicieuse est sans doute
susceptible de manifester un intérêt plus marqué pour ses études que celui qui a relativement peu réfléchi à
son plan d’avenir. C’est aussi cet étudiant-là qui devrait avoir une plus grande motivation pour terminer son
programme d’études dans les délais requis. Selon cette perspective, les responsables du programme ont
intérêt à ce que des renseignements précis et complets soient fournis, en temps opportun, au candidat qui
s’informe sur un programme particulier, qui effectue des démarches exploratoires en vue de soumettre une
demande d’admission ou qui soumet directement une telle demande.

Le processus décisionnel d’admission est enclenché lorsque les responsables du programme


transmettent à la FES la recommandation d’admission ou de refus du candidat (formulaire FES AD-1). À
cette fin, ceux-ci doivent d’abord réunir toute l’information requise pour que la demande d’admission soit
complète. Les dossiers doivent ensuite être examinés avec diligence pour que la recommandation
transmise à la FES permette de répondre rapidement au candidat. En général, il est préférable de confier
l’examen des demandes d’admission à un comité ad hoc plutôt que de les faire circuler parmi les
professeurs engagés dans le programme afin que les points forts et les points faibles de chaque demande
soient débattus et considérés de façon adéquate et pertinente9. L’analyse vise principalement à apprécier
les aptitudes du candidat et sa préparation pour entreprendre les études envisagées. Cependant, dans un
programme de formation à la recherche, la possibilité que le candidat puisse se trouver un directeur de
recherche constitue souvent la base principale de la recommandation. Il est donc avantageux pour un

9 « To debate the merits of the applicant, admission committees should meet together as a group rather than merely circulate the
applicant’s dossier. » Council of Graduate Schools, An Essential Guide to Graduate Admission, 1992, p. 29.

8
candidat, au moment où il soumet sa demande d’admission, de communiquer avec des professeurs ou des
chercheurs susceptibles d’agir comme directeur de recherche afin d’identifier la ou les personnes qui
pourraient agir à ce titre.

Lorsqu’une recommandation favorable d’admission est envisagée par les responsables du programme,
il est hautement souhaitable de vérifier si le candidat possède une compréhension suffisante du parcours
prévisible et de l’environnement de formation, des conditions d’encadrement, des exigences relatives à la
rédaction d’un mémoire ou d’une thèse, de la durée anticipée des études et des avenues qu’il pourrait
envisager suite à l’obtention du diplôme. Il va de soi que tout candidat qui entreprendra des études en
comprenant bien ce dans quoi il s’engage sera plus susceptible de persévérer dans son cheminement et
d’arriver au but. Une fois la décision prise par la FES, elle est communiquée directement au candidat sous
la forme d’une offre d’admission ou d’un refus, avec copie aux responsables du programme.

2.2 Le suivi de l’offre d’admission

À la suite d’une offre d’admission, il faut continuer le dialogue avec le candidat afin d’éclairer et
d’influencer favorablement sa décision, notamment en lui faisant connaître le contenu des cours offerts, les
compétences du corps professoral, les moyens disponibles pour effectuer les travaux de recherche et les
caractéristiques de la vie étudiante dans le milieu. Dès que le candidat accepte l’offre d’admission, on doit
maintenir les contacts en vue de concrétiser son inscription au programme10. Il peut être envisagé, par
exemple, qu’une personne-ressource (professeur, chercheur, étudiant bientôt diplômé) assignée à chaque
candidat lui fournisse des documents et lui prodigue des conseils pour organiser sa vie étudiante, faciliter
son inscription et guider son intégration au futur milieu de formation.

2.3 L’accueil et la première inscription au programme

À l’arrivée de l’étudiant dans le milieu de formation, les responsables du programme doivent l’accueillir,
le mettre à l’aise et faciliter son intégration. C’est aussi le moment de lui fournir de l’information précise et
complète sur les exigences relatives à ses études et sur les attentes du milieu à son égard. Il est
nécessaire de lui faire prendre conscience qu'une formation à la recherche exige de sa part une attention

10 « It is critical that departments and graduate units follow up on decisions to admit students to increase the likelihood that they will
enroll. Graduate school or department newsletters, orientation materials, and other campus information on such issues as housing
availability, fitness facilities, or health insurance options might be sent out at intervals to keep the institutional image in mind. Some
institutions ask current graduate students or faculty to contact outstanding prospects to discuss the program with them. Accepted
applicants should be encouraged to visit the campus to talk with faculty and students and to see the facilities. » Council of Graduate
Schools, An Essential Guide to Graduate Admission, 1992, p. 36.

9
soutenue quant à ses études et une concentration d'efforts suffisante pour réussir à maîtriser, dans un
temps relativement court, les nouvelles connaissances et les principales méthodes de recherche
pertinentes à son projet11. Le moment est certes approprié pour déjà évoquer les défis enthousiasmants,
mais aussi les difficultés, qui ponctuent l’étape de formation consacrée à la recherche et à la rédaction d’un
mémoire ou d’une thèse. La personne qui a fait le suivi de l’offre de formation pourrait au besoin être
chargée de guider le nouvel étudiant dans cette phase initiale de son cheminement.

2.4 Le programme d’études et le choix du projet et du directeur de recherche

Il importe de souligner, d’entrée de jeu, l’importance capitale d’arrêter un plan d’études judicieux,
stimulant et réaliste avec l’aide des responsables du programme de formation. Une composante essentielle
d’un programme d’études adéquat est le choix du directeur et du projet de recherche12. Le choix du
directeur de recherche contribue à fixer le domaine des connaissances dans lequel l'étudiant s'engage,
détermine l'environnement dans lequel il poursuivra sa formation et établit le cadre du projet de recherche
qui servira éventuellement à la rédaction du mémoire ou de la thèse. L'étudiant s'associe alors à une
communauté scientifique qui favorise des perspectives de recherche et des approches méthodologiques
particulières. Par la même occasion, l'étudiant choisit le support humain et parfois le soutien financier qui
l'accompagneront tout au long de ses études.

Il revient au directeur de programme d'approuver le programme d'études de l’étudiant et de


recommander à la FES la nomination d'un directeur de recherche et l'enregistrement du sujet de recherche
de l'étudiant13. On conçoit facilement que cette phase initiale du parcours de formation soit d’importance

11 Normalement, l’étudiant doit envisager un régime d’études à temps plein de façon qu’il puisse soumettre son mémoire de
maîtrise à l’intérieur d’un délai moyen de deux ans ou sa thèse de doctorat à l’intérieur d’un délai de cinq ans (RP-FES, articles 48
et 75). Un régime à temps partiel est possible dans certains programmes, ce qui entraîne nécessairement un allongement de la
durée des études.

12 Dans certaines universités américaines, beaucoup de précautions sont prises pour favoriser la qualité de cet aspect de la
formation : « Once an area of research in which the dissertation is to be written is approved, a dissertation committee is
appointed… Three to five professors – from the department, from other departments, and occasionally from another university – are
usually asked to serve. The major professor directing the student’s research serves as chair of this committee. Such a committee
provides a means of exposing the candidate’s ideas to a variety of views early in the planning. » Council of Graduate Schools, The
Doctor of Philosophy Degree : A Policy Statement, 1990, p. 22.

13 RP-FES, articles 52, 54, 61A, 80, 82, 90A. Pour guider le choix du directeur de recherche, on doit retenir les points suivants :
.Il peut être avantageux d'impliquer une autre personne dans le processus de direction de l'étudiant, en tant que codirecteur, afin de
renforcer la capacité et la compétence d'encadrement. La codirection est une formule intéressante lorsque l’étudiant effectue une
partie importante de ses travaux dans un laboratoire de recherche externe, hors des murs de l’université; l’un des codirecteurs peut
alors assurer la supervision directe des travaux de l’étudiant tandis que l’autre codirecteur peut se charger des liens avec l’unité
académique et des autres aspects de l’encadrement.
.Étant donné la relation intellectuelle et la collaboration étroite qui doivent s'établir de façon prolongée entre l'étudiant et son
directeur de recherche, il est prudent de vérifier au départ que les personnalités respectives sont suffisamment compatibles.

10
critique pour le succès des études. Il importe que l’étudiant et son directeur de recherche soient conscients
des considérations suivantes :
• Le programme d'études doit être stimulant pour l’étudiant et basé sur une appréciation juste de ses
connaissances préalables. Les cours préparatoires ou complémentaires, s'ils sont requis, devraient être
suivis dès le début de la formation.

• Le choix du directeur et du projet de recherche équivaut à l'adoption d'un encadrement scientifique et


matériel, tant individuel que collectif, d'apprentissage. Entre autres, le directeur de recherche doit avoir
été préalablement affecté aux cycles supérieurs aux fins d’enseignement et d’encadrement14.

• Le projet de recherche de l’étudiant doit être clair et précis, avec une envergure et un degré d'originalité
qui correspondent aux objectifs de formation et à la durée normale des études. Un projet de recherche
vague ou mal défini, imprécis quant à la méthodologie et à l'échéancier envisagé, engage l'étudiant dans
une voie qui mène inévitablement à un manuscrit de mémoire ou de thèse de qualité inférieure.
Également, un projet de recherche trop ambitieux exige de l'étudiant un surcroît de travail, risque de
l’amener à abandonner ou à prolonger indûment ses études et peut donner lieu à un manuscrit de qualité
réduite.

• L’enregistrement du sujet de recherche à la FES permet de réserver à un étudiant donné, pour la durée
de son inscription au programme, le thème de recherche sélectionné et le titre choisi en vue du dépôt
éventuel de son mémoire ou de sa thèse, et de vérifier l’évaluation relative à la dimension éthique du
projet de recherche15.

2.5 L’encadrement de l’étudiant

Le travail d’encadrement consiste effectivement à fournir une aide intellectuelle et un soutien humain à
l’étudiant tout au long de son parcours de formation. L’encadrement est assuré principalement par le
directeur de recherche, mais l’étudiant bénéficie également de l’appui des diverses autres personnes

14 L’affectation des professeurs et des chercheurs aux cycles supérieurs a pour but de favoriser la qualité de la formation des
étudiants. Elle consiste à reconnaître la capacité de la personne à exercer adéquatement les activités d’enseignement et
d’encadrement requises par un programme ou un ensemble de programmes particuliers. Mais cette affectation est insuffisante à
elle seule pour déterminer le choix du directeur de recherche et toute décision doit prendre en compte les différents facteurs
pouvant influencer la réussite et la durée normale des études.

15 Il est souhaitable que le sujet de recherche soit choisi très tôt afin de donner à l’étudiant le plus de temps possible pour se
documenter adéquatement. De plus, il est préférable que le sujet soit près des travaux de recherche du directeur de façon à réduire
la dispersion des efforts de ce dernier et à favoriser une dynamique d’échanges avec les autres étudiants dirigés par le même
professeur.

11
(professeurs, chercheurs et étudiants) qui interagissent avec lui. Les objectifs fondamentaux visés par
l’encadrement aux cycles supérieurs sont la formation générale de l'étudiant et l’acquisition de compétences
spécialisées. Les caractéristiques d’un bon encadrement ont déjà été précisées dans un document de la
FES publié en 199516.

Sur le plan de la gestion du processus de formation, l’encadrement repose sur des bases solides
lorsque l’étudiant est inscrit au programme qui lui convient, lorsqu’il poursuit des objectifs de formation
stimulants, clairs et réalistes, lorsqu’il a été bien dirigé dans la mise au point de son programme d’études et
lorsque son projet de mémoire ou de thèse est approprié. Le directeur de programme et le Comité d’études
supérieures sont tenus de faciliter et de soutenir l’encadrement de l’étudiant tout en veillant à son efficacité
et à sa qualité. Les meilleures conditions d’encadrement requièrent un environnement de formation vivant
et dynamique, où sont valorisés les plus hauts standards de qualité17.

L’encadrement de l’étudiant soulève des problèmes particuliers lorsqu’il exige l’intervention de


codirecteurs pour maximiser la richesse et la qualité de la formation visée. Une codirection peut s’avérer
fort stimulante, mais elle est plus complexe à réaliser quand les codirecteurs se trouvent dans des lieux
différents et qu’il y a peu ou pas de contacts directs entre eux en présence de l’étudiant. Une telle situation
se produit, par exemple, dans le cas des cotutelles de thèse18 qui impliquent normalement un codirecteur de
l’Université de Montréal et un codirecteur d’une université française. Une situation semblable peut survenir
lorsque l’étudiant effectue une partie importante de ses travaux de recherche dans un autre établissement
ou dans une entreprise. Dans de tels cas, il est requis de prendre toutes les mesures nécessaires pour

16 Le document s’intitule L’encadrement des étudiantes et des étudiants aux études supérieures (novembre 1995). Il insiste sur
l’articulation étroite qui doit exister entre l’enseignement, la recherche et les études pour favoriser le développement des capacités
intellectuelles et des habiletés générales de l’étudiant et lui permettre d’acquérir les connaissances spécialisées et les savoirs qui
en feront un chercheur compétent. Dans ce cadre, le document précise le rôle des intervenants sur les plans de l’encadrement
individuel, de l’encadrement collectif et de l’encadrement statutaire. Voir aussi Research Student and Supervisor : An Approach to
Good Supervisory Practice, Council of Graduate Schools,1990.

17 La qualité de l’encadrement dépend en premier lieu de la culture du milieu de formation aux cycles supérieurs. Les meilleures
conditions se retrouvent sans contredit dans un environnement qui valorise la rigueur intellectuelle, l’éthique, l’excellence, la
pertinence de la recherche et un rayonnement de haut niveau. Ces caractéristiques sont sans doute fonction de la disponibilité et
de la gestion compétente d’une quantité suffisante de ressources humaines, physiques et matérielles appropriées, mais elles
dépendent aussi des valeurs et des différentes composantes culturelles véhiculées par les professeurs et les chercheurs engagés
dans l’encadrement.

18 Une cotutelle de thèse est un programme reconnu par la CREPUQ qui a pour but de promouvoir la coopération scientifique entre
les universités québécoises et françaises en favorisant la mobilité des étudiants au doctorat. Le doctorant doit effectuer sa scolarité
et ses travaux de recherche sous la direction commune d’un directeur en France et d’un directeur à l’Université de Montréal. Il y a
une soutenance unique de thèse. Le diplôme décerné par chaque université doit indiquer clairement qu’il s’agit d’un seul et même
programme d’études suivi conjointement et partiellement dans l’une et l’autre université.

12
favoriser un encadrement de qualité comparable à celui qui prévaut lorsque l’étudiant interagit
régulièrement avec ses codirecteurs de recherche19.

Étant donné les multiples facettes de l’encadrement de l’étudiant inscrit dans un programme de
formation à la recherche, il est essentiel que les responsables de programme et l’ensemble des professeurs
et chercheurs participant à sa mise en œuvre se donnent des objectifs précis et concrets quant à
l’encadrement, incluant les interrelations entre l’étudiant et son directeur de recherche, le soutien financier
de l’étudiant, les rapports entre l’étudiant et le Comité d’études supérieures du programme et la durée
prévue des études20.

2.6 Le suivi et l’évaluation de la formation

Il appartient aux responsables de programme de s’assurer que le suivi et l’évaluation de la formation


sont effectués de façon appropriée21. Le suivi doit tenir compte des conditions reliées à l’admission de
l’étudiant et à sa première inscription au programme. Dès le début des études, il importe de s’assurer que
l’étudiant comprenne bien les exigences de son programme, les critères d’évaluation de ses activités, la
procédure relative à l’examen de synthèse dans le cas de l’étudiant inscrit au doctorat et les exigences et
normes qui s’appliquent à la rédaction d’un mémoire ou d’une thèse. Il est aussi opportun, à ce moment,
d’envisager diverses mesures visant à favoriser le succès et la qualité de la formation comme une
codirection de recherche, un comité de parrainage, un comité de thèse ou un comité de suivi de l’étudiant.

19 Lorsque les travaux de recherche de l’étudiant sont effectués, en tout ou en partie, dans un milieu extérieur à l’Université, les
modalités d’encadrement, de suivi et d’évaluation doivent permettre de respecter les exigences de la formation aux cycles
supérieurs tout en répondant aux attentes légitimes de l’organisme externe. Une entente explicite doit exister entre l’organisme
externe et l’unité académique, définissant les conditions à respecter et indiquant les droits et obligations des différents intervenants :
l’étudiant, le codirecteur de recherche en milieu universitaire, le codirecteur de recherche en milieu externe et le directeur de
programme. Le directeur de programme doit prendre toutes les mesures nécessaires pour s’assurer que la qualité de la formation
est équivalente à celle de l’étudiant qui effectue ses travaux de recherche à l’intérieur des murs de l’Université.

20 La durée moyenne des études doit respecter les normes établies (RP-FES, articles 48 et 75) et l’on doit faire comprendre à
l’étudiant et à son directeur de recherche que tout délai additionnel représente un investissement supplémentaire de temps et de
ressources de la part de l'étudiant, et qu’un prolongement indu de la présence de l'étudiant dans le milieu de formation taxe les
ressources de ce dernier et peut bloquer l'accès d'un autre candidat au programme.

21 Le directeur de programme et le Comité d’études supérieures sont tenus d’appliquer les normes prévues au règlement
pédagogique de la FES concernant le parcours de formation: réinscription de l’étudiant à chaque trimestre, suspension ou
prolongation de la scolarité, révision exceptionnelle des évaluations, formation des jurys pour les mémoires, les thèses ou les
examens généraux de synthèse, etc. Ils doivent aussi veiller à ce que l’étudiant et son directeur de recherche aient une
connaissance adéquate des principes et des règles qui guident la confidentialité des résultats de recherche et le partage de la
propriété intellectuelle, une sensibilité aux questions de probité intellectuelle et une connaissance des règlements institutionnels sur
le plagiat, la fraude et les mesures disciplinaires. Voir Guide de présentation et d’évaluation des mémoires de maîtrise et des
thèses de doctorat, FES, mars 2001.

13
Un suivi périodique de l’encadrement de l’étudiant est requis pour déterminer, à la fois avec l’étudiant et
avec le directeur de recherche, si les objectifs de formation sont atteints et si les progrès réalisés
concordent avec une durée raisonnable des études. De telles responsabilités peuvent être confiées, par
exemple, à un comité de parrainage ou de suivi de l’étudiant. Quelle que soit la formule utilisée, les
observations, évaluations et conclusions doivent être consignées et versées au dossier de l’étudiant.

Lorsque des changements doivent être apportés à la démarche de l’étudiant, il importe de l'en informer
immédiatement et de voir avec lui, et avec son directeur de recherche, la meilleure façon de faire les
modifications requises. Lorsque les circonstances le justifient, une reconnaissance du mérite de l’étudiant
doit également lui être manifestée afin de l’encourager dans la poursuite de son cheminement.
L’appréciation des progrès accomplis stimule chez l’étudiant le sentiment d’être en contrôle de sa formation
et constitue un facteur essentiel de réussite de ses études et de la qualité de ses apprentissages.

Est-il réaliste et approprié de nommer un comité de suivi pour chaque étudiant inscrit à un programme
de formation à la recherche, lequel prendrait en charge, en concertation avec le Comité d’études
supérieures, tous les aspects du suivi et de l’évaluation de la formation de l’étudiant? Sans vouloir rendre
trop lourd le suivi d’un cheminement étudiant particulier, une telle formule pourrait dans certains cas
s’avérer fort utile.

2.7 La rédaction du mémoire ou de la thèse

Lorsqu’il envisage la rédaction de son mémoire ou de sa thèse, l’étudiant doit être conscient qu’il va
s’adresser à la communauté scientifique du domaine dans lequel il poursuit ses études. Les membres de
cette communauté sont responsables de l’intégrité des savoirs produits et de l’avancement des
connaissances dans ce domaine. Ceux qui liront son manuscrit, au premier chef les membres du jury de
mémoire ou de thèse, seront en mesure d’apprécier l’originalité et la qualité de son contenu.

Au cours de sa formation, l’étudiant doit avoir développé la capacité de rendre adéquatement compte
des résultats de ses travaux de recherche, de les présenter de façon cohérente et de faire valoir sa
contribution à l’avancement des connaissances. Il doit aussi être capable de rédiger un manuscrit de
mémoire ou de thèse de haute qualité. L’écriture doit être précise, correcte et concise, en conformité avec
les usages propres à son domaine de recherche et avec les standards de catalogage et de diffusion des
connaissances qui y sont reconnus. Ces apprentissages sont des éléments clés de la formation et le

14
directeur de programme doit s’assurer que l’étudiant reçoit toute l’aide nécessaire à cet égard,
principalement de la part de son directeur de recherche.

Comme le mémoire ou la thèse devrait échapper à une circulation trop limitée, il est fort souhaitable,
voire nécessaire, de diffuser son contenu sous la forme d’articles scientifiques ou d’un livre. L’étudiant peut
aussi envisager, avec l’accord de son directeur de recherche et les autorisations appropriées, de rédiger
son mémoire ou sa thèse sous forme d’articles en incluant dans le corps du manuscrit des articles
publiables ou même publiés en cours de formation dans des revues scientifiques.

3. LE MÉMOIRE OU LA THÈSE PAR ARTICLES

Le manuscrit de mémoire ou de thèse peut être rédigé selon un mode de présentation classique ou par
articles22. Le mode de présentation classique laisse beaucoup de latitude à l’étudiant quant à l’organisation
de ses résultats et de ses observations et facilite une présentation intégrée de ses travaux de recherche
aux fins d’évaluation par un jury. Par contre, il impose à l’étudiant un effort supplémentaire lié aux
exigences de la publication afin que ses travaux puissent être diffusés dans une revue scientifique. De
plus, lorsque la mise en forme pour publication est différée après l’évaluation du mémoire ou de la thèse,
elle s’effectue à un moment où l’encadrement par le directeur de recherche est théoriquement terminé. Il
peut donc arriver que l’étudiant doive accomplir seul ce travail. Selon les observations de la FES, le mode
de présentation classique du mémoire ou de la thèse est actuellement plus fréquent dans les arts et les
lettres, de même que dans les sciences humaines et sociales.

Le mode de présentation par articles vise principalement à accélérer la publication des résultats de la
recherche en incluant, dans le corps du manuscrit de mémoire ou de thèse, des articles préparés aux fins
de publication dans des revues avec comité de lecture23. Lorsque ces articles sont publiés dans des revues
bien cotées, l’étudiant et les autres auteurs, le cas échéant, reçoivent une reconnaissance immédiate de

22« Whether the form of the dissertation is a monograph, a series of articles, or a set of essays is determined by the research
expectations and accepted forms of publication in the discipline as well as by custom in the discipline and the student’s program. »
Council of Graduate Schools, The Role and Nature of the Doctoral Dissertation : A Policy Statement, 1990, p. 13.

23 « Some institutions permit the offering of one or more published articles, the research for which has met the requirements of the
department and the graduate division, as part or all of a dissertation. Alternatively, with the approval of the department and the
graduate dean, the candidate may be permitted to submit the dissertation in the form of a manuscript (or manuscripts) to be
submitted for publication in a scholarly journal. In those instances in which the submission of published articles or of manuscripts is
permitted, it is often required that the candidate include introductory, transitional, and concluding sections, in order to achieve a
more coherent and rounded piece of work. Also, the candidate may be required to include appendices which will provide more
detailed materials on history, methods, and results than would ordinarily be presented in published journal articles. » Council of
Graduate Schools, The Doctor of Philosophy Degree : A Policy Statement, 1990, p. 25.

15
leur contribution à l’avancement du savoir. De plus, la présentation par articles permet à l’étudiant
d’acquérir, dans le cours de sa formation, des habiletés de rédaction de textes destinés à une évaluation
critique par les pairs et à une large diffusion. En contrepartie, étant donné que chaque article doit, en
général, constituer un tout intégré et bien délimité qui recoupe de façon minimale d’autres articles
apparentés, la présentation par articles risque d’entraîner une fragmentation du contenu central du mémoire
ou de la thèse. Cette situation peut rendre l’effort de synthèse plus laborieux et nuire à la cohérence du
manuscrit. On peut constater, pour le moment, que le mode de présentation par articles se retrouve
principalement en sciences naturelles et en sciences de la santé.

Dans le mode de présentation par articles, le noyau central du manuscrit est constitué d’un ou de
plusieurs articles scientifiques24 auxquels s'ajoutent des chapitres complémentaires appropriés, notamment
des chapitres d'introduction, de recension de la littérature, de méthodologie, de discussion générale et de
conclusion, destinés à faire du mémoire ou de la thèse un tout bien intégré et cohérent. À l’Université de
Montréal, les mémoires et les thèses doivent être rédigés en français. Cependant, étant donné que
l’anglais est généralement la langue de communication dans les domaines scientifiques, notamment en
sciences naturelles et en sciences de la santé, il est permis d’inclure dans le mémoire ou la thèse des
articles rédigés en anglais pour convenir explicitement aux revues scientifiques auxquelles ils sont destinés.
Le mémoire ou la thèse par articles est toutefois considéré comme un manuscrit écrit en français lorsque
toutes les parties du manuscrit autres que les articles sont rédigées en français.

La présentation du mémoire ou de la thèse par articles impose des exigences sérieuses à l’étudiant, au
directeur de recherche et aux responsables du programme de formation. L’étudiant, en tant que premier ou
principal auteur d’un article publié (ou devant être publié) dans une revue scientifique, en reçoit le crédit,
mais il doit, en retour, en assumer la responsabilité auprès de la communauté scientifique. S’il veut voir sa
compétence reconnue par ses pairs, il lui faut être capable de démontrer une maîtrise du contenu de cet
article et de faire valoir l’apport à l’avancement des connaissances. Cela requiert, en réalité, que l’étudiant
soit le principal maître d’ œuvre des travaux de recherche qui sous-tendent l’article, qu’il maîtrise les
connaissances relatives aux résultats de recherche qui sont présentés et qu’il ait été l’auteur principal de
l’article scientifique où ces derniers sont consignés. Autrement l’étudiant et son directeur de recherche ne
pourraient pas alléguer que l’étudiant est bel et bien en droit d’être reconnu comme premier ou principal
auteur de l’article et en position de réclamer, par le fait même, la majeure partie de la propriété intellectuelle

24 Une présentation mixte des résultats de recherche sous forme d’articles scientifiques et de chapitres réguliers est également
acceptable.

16
des travaux et des résultats de recherche concernés. En somme l’étudiant, à titre de principal auteur d’un
article inclus dans son mémoire ou sa thèse, doit avoir fait une contribution essentielle et déterminante à cet
article.

Pour éviter toute ambiguïté, seuls les articles auxquels l’étudiant a fait une contribution majeure
devraient être inclus dans le manuscrit de mémoire ou de thèse. Dans ce cas, l’étudiant en est le principal
auteur, ce qui (le plus souvent) signifie qu’il en est le premier auteur. Lorsque l’étudiant n’est pas le premier
auteur d’un article inclus dans son mémoire ou sa thèse, on peut raisonnablement supposer, à moins
d’indication contraire, qu’il n’est pas le premier responsable des travaux et des résultats de recherche
donnant lieu à l’article, et que dès lors sa contribution à la rédaction est plutôt secondaire. On peut même
se demander si l’établissement de la responsabilité première de l’étudiant n’est pas encore plus
problématique lorsque deux codirecteurs ou plusieurs autres chercheurs établis signent les articles. Tout se
passe comme s’il était tout à fait approprié d’exclure du mémoire ou de la thèse les articles dont l’étudiant
n’est pas le premier auteur, à moins qu’une justification ferme selon laquelle il en est le principal auteur soit
fournie.

L’étudiant, en plus d’être l’auteur principal des articles, doit rédiger les autres chapitres du manuscrit et
assumer la responsabilité de l’ensemble du mémoire ou de la thèse. Il doit aussi faire état, de façon
explicite, de son apport original et indépendant à chacun des articles et commenter de façon appropriée,
lorsque le cas se présente, le rôle joué par les coauteurs des articles25. Ceci peut être fait sur une page
spécifiquement consacrée à cette fin précédant chacun des articles ou encore dans le chapitre
d’introduction.

Le directeur de recherche, en tant que principal collaborateur de l’étudiant et premier responsable de


son apprentissage, est la personne la mieux placée pour juger si les exigences relatives à la présentation
par articles peuvent être satisfaites. Il doit, entre autres choses, apprécier la capacité de l’étudiant de
rédiger un article scientifique (notamment dans une langue autre que le français si la publication choisie
l’exige) ou d’apprendre à le faire assez rapidement. Il va de soi que le directeur de recherche doit aussi

25 « Because of the inherent status difference of the participants, students/faculty collaboration can present opportunities for abuse;
when students work on faculty projects, conflicts of interest can arise over ownership of the data and the research results. How is
an equitable division of credit achieved for collaborative research between a doctoral student and his or her adviser? »
« How can a student’s individual contributions be identified, especially when the dissertation is composed entirely of articles with
multiple authors? Who should be responsible for deciding how to allocate credit, the student advisory committee or some outside
body? »
« Graduate students involved in group projects are concerned about clearly identifying an individual’s contribution to the project.
They want a student to be given credit for what he or she does. Less productive or less successful students should not be allowed
to take credit for work done by their peers. » Council of Graduate Schools, The Role and Nature of the Doctoral Dissertation : A
Policy Statement, 1990, p, 11.

17
prendre en compte, pour les étudiants travaillant dans une équipe de recherche à laquelle il est lui-même
intégré, leur capacité d’autonomie intellectuelle et sa propre habileté à régler les conflits d’intérêts et de
rôles; éventuellement, il pourrait souhaiter recourir à une codirection ou à un comité de suivi. C’est pour
l’ensemble de ces raisons que l’accord du directeur de recherche est requis afin que la demande de
l’étudiant soit considérée26.

Étant donné que le directeur de programme peut communiquer directement aussi bien avec le directeur
de recherche qu’avec l’étudiant, il est donc bien placé pour évaluer si les critères de rédaction par articles
peuvent être respectés. Sa responsabilité relative à la mise en œuvre compétente du programme de
formation l’incite à favoriser le choix du mode de présentation du mémoire ou de la thèse qui convient le
mieux à chaque étudiant. Il est donc normalement en mesure d’orienter la décision de façon judicieuse et
éclairée. Lorsqu’il entretient des relations privilégiées avec l’étudiant ou avec son directeur de recherche,
l’exercice de sa responsabilité est plus délicat et il doit alors faire appel au Comité d’études supérieures ou
se référer plus rapidement et plus directement à la FES.

En pratique, lorsque l’étudiant reçoit l’autorisation de rédiger son mémoire ou sa thèse par articles
assez longtemps avant le dépôt du manuscrit, il est prudent de suivre l’évolution de sa formation et, si
nécessaire, de réviser la décision s’il s’avère qu’il n’est pas en mesure de respecter les exigences de ce
mode de rédaction.

Le jury d’évaluation du mémoire ou de la thèse doit juger un manuscrit sous forme d’articles en
appliquant les mêmes critères que ceux qui président à l’évaluation d’un manuscrit de présentation
classique, c’est-à-dire évaluer la contribution réelle de l’étudiant à l’obtention des résultats de recherche et à
leur présentation sous la forme d’un ouvrage bien synthétisé. Étant souverain dans son jugement, le jury
n’a pas à être influencé par la parution, ou l’acceptation pour publication, d’un article dans une revue
scientifique, même si celle-ci compte parmi les plus prestigieuses. Il est à prévoir que le jury se
préoccupera de savoir si l’étudiant est vraiment le principal auteur des travaux de recherche et des articles.
Le président du jury, en consultant le directeur de recherche et le directeur de programme, devrait être en
mesure d’informer le jury à cet égard. La prestation de l’étudiant à la soutenance de thèse devrait aussi
permettre au jury de clarifier tout doute, s’il en a, et de valider son évaluation. Si des questions persistent,
le jury pourrait raisonnablement demander l’avis du directeur de programme ou encore saisir la FES de ses

26 Pour les thèses de doctorat, la demande d’autorisation est soumise à la FES qui s’assure de l’accord du directeur de recherche
avant de la considérer. Pour les mémoires, suite aux changements de procédure quant à la évaluation qui sont intervenus en 1999,
c’est maintenant le directeur du programme qui prend la décision d’autoriser ou non la rédaction par articles, en consultation avec le
directeur de recherche.

18
préoccupations. Toute observation que le jury juge à propos de faire relativement à ces questions devrait
être incluse dans le rapport qu’il soumet à la FES.

4. L’ÉVALUATION DES MÉMOIRES ET DES THÈSES

Le processus d’évaluation est déclenché lorsque l’étudiant remet son avis de dépôt de mémoire ou de
thèse. Les étapes du processus ne sont pas identiques pour la maîtrise et le doctorat, mais certains
principes généraux valent pour les deux cycles d’études. L’évaluation engage la responsabilité de
l’établissement, elle est effectuée collégialement par un jury et elle doit être compétente, impartiale,
valorisante et à caractère public. Ces principes sous-tendent la définition du rôle et des responsabilités des
différents acteurs concernés : l’étudiant, le directeur de recherche, les membres du jury, le représentant du
doyen de la FES à la soutenance, le directeur du programme et le Comité d’études supérieures, enfin la
FES elle-même. Il importe de souligner les enjeux très importants qui caractérisent la démarche
d’évaluation des mémoires et des thèses : l’application de standards équivalents de qualité à tous les
champs d’études, l’équité envers les étudiants, qui ont droit à une évaluation rigoureuse et juste de leur
travail, et la crédibilité de l’évaluation27.

4.1 La qualité de la langue de rédaction

La qualité de la langue de rédaction fait partie des éléments d’évaluation du mémoire ou de la thèse.
Le texte du manuscrit doit être correct non seulement au point de vue de la syntaxe et de l’orthographe
mais aussi pour ce qui est de la clarté et de la justesse de l’expression. Le mémoire et la thèse doivent être
rédigés en français mais, afin de favoriser la qualité de l’écriture, des exceptions sont possibles en raison
des études antérieures ou des objectifs du programme d’études et de recherche de l’étudiant.

Tel qu’il a déjà été indiqué, un manuscrit de mémoire ou de thèse contenant des articles rédigés en
anglais est considéré comme un manuscrit écrit en français lorsque les chapitres autres que les articles
sont en français. La présentation d’un mémoire ou d’une thèse par articles facilite et accélère la diffusion
des résultats de recherche et fournit à l’étudiant l’occasion de se faire connaître des membres de la
communauté scientifique intéressés par son domaine de recherche. Le recours fréquent à l’anglais dans
les mémoires ou les thèses par articles découle de l’usage prépondérant de l’anglais comme langue

27 Voir par exemple :


- Council of Graduate Schools, The Doctor of Philosophy Degree : A Policy Statement. Washington DC, 1990.
- Council of Graduate Schools, The Role and Nature of the Doctoral Dissertation : A Policy Statement. Washington DC, 1991.
- Council of Graduate Schools, Master’s Education : A Guide for Faculty and Administrators – A Policy Statement. Washington
DC, 1994.

19
internationale de communication scientifique et technique. Il s’ensuit que les revues qui acceptent des
articles rédigés en anglais et les publient rapidement sont nombreuses et souvent les plus prestigieuses, ce
qui favorise la diffusion des travaux de recherche de l’étudiant avant la présentation finale de son mémoire
ou de sa thèse28. Ainsi la contribution de l’étudiant à l’avancement des connaissances est reconnue très tôt
et il se trouve protégé contre la concurrence. Ces considérations s’appliquent principalement aux activités
de recherche dites « de pointe » dont les résultats exigent, pour être adéquatement reconnus, une diffusion
rapide et bien ciblée. Elles sont beaucoup moins pertinentes lorsque les articles portent sur des activités de
synthèse, de transfert ou de vulgarisation des connaissances.

L’étudiant dont la langue maternelle n’est pas le français ou qui a fait l’essentiel de ses études dans un
établissement non francophone, est peu susceptible de pouvoir rédiger un mémoire ou une thèse en
français. Étant donné l’importance de la qualité de la langue de rédaction, un tel étudiant peut donc être
autorisé à rédiger dans une langue autre que le français. De plus, dans les domaines littéraire, philologique
ou linguistique, il peut arriver que l’étudiant soit tenu de rédiger son mémoire ou sa thèse dans une autre
langue que le français lorsqu’il est possible de constituer un jury capable de maîtriser à la fois le sujet de la
recherche et la langue de rédaction29. Néanmoins, vu son immersion soutenue dans un milieu francophone
au cours de ses études, l’étudiant qui rédige son mémoire ou sa thèse dans une langue autre que le
français doit être en mesure d’attester une connaissance adéquate du français au terme de sa formation.

4.2 Les principes généraux de l’évaluation

4.2.1 Une évaluation institutionnelle formelle

Pour que l’évaluation d’un mémoire ou d’une thèse soit considérée comme objective, impartiale et
crédible, elle doit être assujettie à des standards reconnus de rigueur et de qualité. C’est dans un tel cadre
que l’Université peut décerner un diplôme de maîtrise ou de doctorat et rendre compte de cette
responsabilité à la société.

28 R. Gaudry, « L’avenir du français dans l’information scientifique et technique internationale », Actes du colloque international sur
l’avenir du français dans les publications et les communications scientifiques et techniques, Documentation du Conseil de la langue
française, Québec, Éditeur officiel, 1983.
« L’anglais est devenu la langue internationale de communication scientifique et technique. À mon avis, il ne s’agit pas là d’un
véritable colonialisme, mais plutôt du choix d’une langue relativement facile à apprendre et avec laquelle on peut s’attendre à
être compris de toute la communauté scientifique et technique internationale.
L’importance de l’anglais est due non seulement aux trois cents millions d’anglophones de notre planète et à leur haute
productivité scientifique et technique, mais elle est due tout autant à l’adoption de l’anglais comme moyen commode de
communication internationale par de nombreux pays non anglophones. L’anglais est devenu, dans la plupart des pays, la
langue seconde qu’il faut connaître pour réussir dans la majorité des carrières et disciplines scientifiques ou autres. Cela est
un fait, il serait illusoire d’espérer modifier cette situation » (p. 277).

29 RP-FES, articles 63 et 92.

20
Dans le but d’attester la valeur de ses diplômes, l’Université s’appuie sur la qualité et la réputation de
ses milieux de formation et sur la pertinence et la mise en œuvre compétente de ses programmes. Elle a
confié à sa faculté des études supérieures la responsabilité de veiller à la rigueur de la formation aux cycles
supérieurs. La FES s’acquitte de ce mandat en appliquant des normes pédagogiques reconnues et en
élaborant des pratiques propres à l’évaluation des mémoires et des thèses. Les mécanismes d’évaluation
préconisés sont basés sur les principes suivants :

- Il doit y avoir équivalence, plutôt qu’uniformité, quant à la qualité de la formation des étudiants
inscrits aux différents programmes. Il va de soi que cette équivalence de qualité doit respecter les
caractéristiques propres à chaque domaine du savoir. Quel que soit le champ d’études, le but est
de mettre en valeur la prestation de l’étudiant tout en sauvegardant la réputation de l’établissement
qui décerne le diplôme.

- Des standards clairs et précis doivent gouverner la démarche d’évaluation dans une optique de
rigueur, d’impartialité, d’équité et de compétence; les mesures prises pour assurer le respect de ces
standards doivent être explicitées au besoin.

- Tout en respectant les droits de tous les intervenants, les résultats de l’évaluation doivent être
rendus publics et permettre les comparaisons légitimes entre les programmes semblables de
différentes universités. À terme, la promotion de la qualité des diplômes décernés sert à établir la
réputation de l’institution, de ses programmes et de ses milieux de formation.

C’est en vertu, enfin, de sa responsabilité institutionnelle qu’il revient à la FES de recevoir, et de traiter
correctement, les appels qui peuvent survenir à la suite des décisions des jurys d’évaluation des mémoires
et des thèses. Lorsqu’il y a contestation de ces décisions, l’examen qui s’ensuit ne porte pas sur le
jugement des membres des jurys mais exclusivement sur l’intégrité du processus d’évaluation : impartialité,
choix des membres des jurys, absence de conflits d’intérêts, respect de la procédure, etc.

4.2.2 Une évaluation compétente, impartiale et valorisante

La première exigence à respecter concerne la compétence des membres proposés pour former le jury.
Ce sont les professeurs et les chercheurs associés à la mise en œuvre d’un programme de formation aux
cycles supérieurs qui sont garants de la qualité des enseignements et des activités de recherche qui s’y

21
rapportent30. C’est donc au sein de cette communauté qu’on peut retrouver l’expertise et la compétence
requises pour l’évaluation adéquate des mémoires et des thèses. Si elles sont rattachées à l’Université de
Montréal, les personnes proposées comme membres de jurys doivent avoir été préalablement affectées aux
cycles supérieurs par la FES. Lorsqu’elles viennent de l’extérieur, il faut être en mesure de démontrer
qu’elles possèdent une compétence adéquate.

C’est le directeur de programme qui, en tant que responsable de la mise en œuvre du programme et
de sa gestion, est garant de la compétence de tous les membres proposés pour le jury. Il peut consulter,
s’il le désire, l’étudiant, le directeur de recherche, les membres du Comité d’études supérieures et d’autres
professeurs. Au moment de faire une proposition de composition du jury d’évaluation du mémoire ou de la
thèse, c’est lui qui prend la responsabilité institutionnelle d’attester la compétence de toutes les personnes
proposées. S’il y avait contestation portant sur la compétence de l’un des membres du jury, elle devrait être
adressée à la FES, qui verrait à trancher la question en consultation avec le directeur de programme.

L’évaluation des mémoires et des thèses doit aussi présenter toutes les caractéristiques d’une évidente
impartialité. À chaque étape du processus, il importe que les responsables soient sensibles aux conflits
d’intérêts et à toute autre situation litigieuse possible. Dans le cas des mémoires et des thèses par articles,
l’exclusion des coauteurs d’articles comme membres du jury est de nécessité évidente. Par ailleurs, divers
types d’embûches peuvent se présenter, surtout dans l’évaluation des thèses : examinateur externe qui a
été en relation soutenue avec l’étudiant ou membre d’une équipe qui incluait le directeur de recherche de
l’étudiant, jurys de complaisance entérinant une décision essentiellement prise par le directeur de recherche
ou l’examinateur externe, hâte exagérée à rendre la décision du jury, conflits possibles entre l’étudiant et
certains membres du jury, ton inutilement agressif dans la communication écrite des résultats des
délibérations du jury, soutenance « pour la forme » sans examen sérieux de la prestation de l’étudiant. Il y a
aussi la possibilité que l’étudiant se trouve impliqué dans un conflit d’écoles, ou de personnalités, entre
membres du jury.

L’évaluation des mémoires et des thèses doit mettre en valeur la qualité du travail accompli par
l’étudiant. Il est clair cependant que ce travail n’aurait pas été possible, ou du moins sa qualité aurait été
moindre, si l’étudiant ne s’était appuyé sur tout un milieu de formation (groupe de travail, équipe de

30Lorsque le règlement pédagogique de la FES (RP-FES, articles 62 et 91) fait état de la composition des jurys pour les mémoires
ou les thèses, il n’impose qu’une condition: «Toute personne ayant la compétence voulue peut faire partie du jury. » La
compétence doit être précisée en considérant que le mémoire ou la thèse est un document qui s’adresse à la communauté
scientifique du domaine concerné. La détermination de la compétence doit aussi tenir compte du fait que le jury agit comme un
comité de pairs qui a le devoir de fournir une évaluation rigoureuse, impartiale et complète. On ne saurait inclure dans un jury un
membre dont la compétence ne corresponde pas aux meilleurs standards scientifiques et académiques.

22
recherche, département, école ou faculté, université tout entière). L’excellence du travail dont fait état le
mémoire ou la thèse doit donc être soulignée de façon que l’étudiant et l’établissement lui-même s’en
trouvent valorisés, encourageant ainsi la diffusion et la publication des résultats de recherche. Toutes les
étapes de l’évaluation doivent prendre en compte cette nécessité31.

Il importe enfin que le milieu local soit sensibilisé à la qualité des travaux de recherche conduisant aux
maîtrises et aux doctorats et aux diverses reconnaissances soulignant cette qualité : liste d’honneur du
doyen de la FES, concours des meilleurs mémoires et des meilleures thèses, caractère public de certaines
étapes des évaluations, etc32.

4.2.3 Une évaluation par jury

Une caractéristique essentielle de l’évaluation des mémoires et des thèses est son fondement sur la
démarche collégiale d’un jury. Il s’agit effectivement d’une évaluation par les pairs et aucune autre instance
n’est habilitée à juger du contenu, ou de la valeur scientifique, du mémoire ou de la thèse. Autant pour le
mémoire que pour la thèse, le jury doit opérer selon une dynamique qui respecte les normes reconnues et
sa démarche ne peut se limiter à la simple collecte des rapports individuels de ses membres. Il doit y avoir
effectivement une analyse critique des évaluations et des opinions des membres du jury et une synthèse
claire sur laquelle s’appuie la décision rendue.

L’absence de délibérations du jury est inacceptable dans tous les cas. Un accord superficiel sur la
qualité du mémoire ou de la thèse, impliquant une acceptation ou un refus, est insuffisant dans toutes

31 Les thèses de doctorat et, le cas échéant, les mémoires de maîtrise sont mis en valeur de différentes façons : reproduction et
diffusion par University Microfilms International, présentation à des concours pour l’obtention de prix au mérite comme ceux des
Grands Montréalais, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) du Canada, de l’Association
canadienne des études supérieures (ACÉS) et de divers organismes régionaux du Council of Graduate Schools des États-Unis,
publication de la liste des thèses dans le palmarès de la collation solennelle des grades de l’Université et dans certains journaux.

L’inscription des auteurs de mémoires et de thèses sur la liste d’honneur du doyen de la FES est une autre façon de souligner la
qualité de la formation. À la suite de la soutenance, le jury doit, pour un manuscrit qui aura d’abord été jugé excellent à l’unanimité,
le classer parmi ceux soumis dans le même domaine à l’Université de Montréal ou dans des universités comparables. À partir de
ce classement et du dossier de l’étudiant, sur recommandation du Comité d’études supérieures, le doyen constitue une liste
d’honneur dont il sera fait mention à la collation solennelle des grades (pour les thèses) et aux collations particulières des facultés
(pour les mémoires).

32 « The audience at an oral defense may be confined to the examining or supervisory committee or open to all interested members
of the scholarly community. In some disciplines, notably the sciences, the defense may begin with a seminar at which the doctoral
student presents his or her research to the public, followed by an examination period open only to the supervisory committee or to
graduate faculty members. Whatever the accepted procedures, one graduate dean observed that the oral dissertation defense
helps to ensure some uniformity of quality across the school, to prevent idiosyncratic views of advisers or departments from
prevailing, and to avoid an unnecessary institutionalization of the hermetic quality of doctoral research in many fields. Being a Ph.D.
student is often a lonely experience, and it is imperative to end the process with a ritual that integrates the student into the academic
world and forces the student to bring the product of research into the larger scholarly context... » Council of Graduate Schools, The
Role and Nature of the Doctoral Dissertation : A Policy Statement, Washington DC, 1991.

23
circonstances. Pour les thèses, la décision relative à l’autorisation de soutenance doit également découler
d’une délibération. Dans le cas d’une décision négative comportant des corrections majeures ou un refus
du manuscrit, une analyse détaillée s’impose afin de communiquer à l’étudiant toute l’information se
rapportant à l’évaluation pour qu’il puisse bien comprendre les raisons qui ont motivé la décision. Lorsque
la décision est positive, impliquant ou non des corrections mineures, les bases de la décision et les
conclusions doivent être explicitées au bénéfice de l’étudiant et de la communauté. Le jury doit être
conscient que la valorisation publique des mémoires et des thèses de haute qualité revêt une grande
importance pour l’étudiant, les chercheurs concernés et l’établissement, et que cette valorisation s’appuie
nécessairement sur une évaluation rigoureuse, crédible et suffisamment documentée.

Les délibérations du jury doivent se faire dans des conditions permettant à chacun d’exposer le fond de
sa pensée; il est impérieux, pour encourager la liberté d’expression de tous les membres du jury, que soit
observée la plus stricte confidentialité à propos du contenu des délibérations.

4.2.4 Une évaluation à caractère public

Le caractère public de l’évaluation convient davantage aux thèses de doctorat qu’aux mémoires de
maîtrise, encore que certains éléments valent, mutatis mutandis, pour ces derniers. Il sanctionne l’entrée
du candidat dans la communauté (scientifique, artistique, littéraire) présente à la fois à l’échelon
institutionnel et sur la scène internationale. C’est là le premier sens du caractère public de l’évaluation. Il
est donc de mise que les membres de cette communauté qui sont associés au domaine de la recherche
dans lequel s’inscrit la thèse de l’étudiant soient présents à cette étape finale de la formation.

L’établissement tout entier est aussi concernée par l’évaluation : la communauté universitaire reçoit
aussi le doctorant et doit être témoin de sa prestation. Au terme de l’évaluation, les mémoires ou les thèses
deviennent des documents publics : ils se retrouvent dans les bibliothèques universitaires, ils sont
reproduits et diffusés, les meilleurs sont présentés à des concours, etc. À la différence des autres
documents soumis par les étudiants (devoirs, travaux, examens, rapports divers) qui ne sont pas conservés
par l’établissement, les mémoires et les thèses restent accessibles au public et peuvent faire l’objet de
commentaires ou d’interventions plusieurs années après la fin des évaluations. Ce caractère public est si
important que l’Université ne se résout que rarement, pour des raisons très sérieuses et pour des périodes
courtes, à autoriser la non-divulgation des mémoires et des thèses.

24
4.3 Les rôles et les responsabilités des différents intervenants

Le bon déroulement du processus d’évaluation des mémoires et des thèses exige un enchaînement
ordonné des gestes faits par les différents intervenants, dans lequel chacun joue correctement son rôle.
L’étudiant, en tant que personnage central de l’opération, a intérêt à ce que les principes qui sous-tendent
l’évaluation soient respectés afin que le mérite de ses travaux soit clairement dégagé. Cet intérêt est
partagé par le directeur de recherche qui, en plus de contribuer activement à l’évaluation, doit continuer à
fournir à l’étudiant un encadrement de qualité jusqu’à l’obtention du diplôme et se préoccuper de la mise en
valeur et de la diffusion des résultats de la recherche. Les autres intervenants, tout en étant appelés à se
porter garants de la qualité des travaux de l’étudiant, assument en plus des responsabilités sur les plans de
la qualité du programme de formation et de la réputation de l’établissement.

Il faut noter que l’évaluation des mémoires et des thèses peut exiger des démarches et des précautions
particulières lorsque l’étudiant est inscrit à un programme conjoint (par exemple un programme de cotutelle
de thèse) ou lorsque son projet s’est déroulé dans le cadre d’une collaboration avec une autre université ou
avec une entreprise.

4.3.1 La Faculté des études supérieures

La Faculté des études supérieures est dépositaire de la responsabilité institutionnelle en matière


d’évaluation des mémoires et des thèses. En agissant à ce titre, la FES appuie les responsables du
programme et le groupe de professeurs et de chercheurs qui participent à sa mise en œuvre. En recevant
du directeur de programme les propositions de personnes qualifiées pour évaluer les mémoires et les
thèses, la FES assume la responsabilité de choisir les membres du jury. En particulier, c’est le doyen de la
FES qui détient, par fonction, le mandat d’accomplir les gestes par lesquels l’établissement assure la
légitimité et assume la responsabilité de toute la procédure d’évaluation. En nommant les jurys33, le doyen
a le droit d’intervenir lorsque se présentent des problèmes particuliers de fonctionnement (n’impliquant pas
en général la compétence des membres du jury) : conflits d’intérêts, liens de dépendance entre les parties,
etc. Ce droit de regard extérieur au milieu de formation prend toute son importance lorsqu’il se présente
des difficultés qui ne peuvent être résolues par les responsables du programme. Il permet aussi au doyen
de recevoir les appels lorsqu’il y a contestation des décisions des responsables de programme ou encore
du jury.

33Le doyen doit exercer un droit de regard parmi les propositions faites et une liste suffisamment longue et complète permet aussi,
en cas de désistement, de remplacer rapidement et sans démarche supplémentaire la personne initialement choisie.

25
Le jury est souverain pour ce qui est de l’évaluation et aucune instance ne peut s’y substituer pour
décider de l’acceptation ou du refus d’un mémoire ou d’une thèse. Également, aucune autorité (tribunal,
FES, direction d’unité académique ou de programme, etc.) n’a le droit de tenter d’influer sur la démarche
d’évaluation du jury. Par conséquent, s’il y a contestation des décisions du jury, l’examen doit porter
nécessairement sur la procédure suivie lors de l’évaluation. Si la procédure n’apparaît pas irréprochable, la
FES peut demander au jury de recommencer son travail ou de reconsidérer certains aspects de
l’évaluation. Par exemple, dans le cas d’une thèse, le jury pourrait avoir à reprendre la délibération relative
à l’autorisation de soutenance ou à réviser la demande de corrections au manuscrit. Dans certains cas, il
faudra envisager de changer la composition du jury. Plus rarement, un nouveau jury devra reprendre
l’évaluation.

Il peut arriver, dans des circonstances plutôt exceptionnelles, que le doyen de la FES demande à un
jury qui a déjà terminé ses délibérations de l’éclairer de nouveau sur un aspect ou l’autre de l’évaluation.
Ceci peut se produire lorsque le doyen est saisi de la conclusion du jury ou lorsque des questions ou des
contestations sont soulevées à son propos. Ces demandes de complément d’information visent à expliciter,
au bénéfice du doyen, les délibérations du jury et ne constituent en rien une remise en question de sa
démarche.

Une autre responsabilité de la FES consiste à maintenir et à promouvoir une qualité de formation
équivalente dans les différents secteurs de l’Université. Elle le fait d’abord par son secteur des grades, qui
veille au suivi de toutes les étapes allant du dépôt du mémoire ou de la thèse à la remise du rapport final du
jury. Cette démarche administrative vise à épauler les responsables de programmes et le jury en facilitant le
déroulement harmonieux de toute l’opération d’évaluation : voir à ce que chaque étape soit suivie
correctement, à ce que les documents requis (formulaires, textes administratifs, etc.) soient distribués, à ce
que les communications entre les différents intervenants soient facilitées, etc.

Il importe également de vérifier que la qualité des manuscrits est, en général, uniforme pour tous les
programmes, dans le respect des spécificités des champs d’études. Dans le cas des thèses, la soutenance
permet de voir à ce que les mêmes normes de rigueur, le même décorum et la même procédure soient
appliqués à l’ensemble de l’Université34. Le doyen de la FES délègue cette responsabilité à son

34 « Several graduate deans appoint a graduate school representative for each defense, i.e., a faculty member with expertise in the

student’s area who will read the dissertation, attend the defense, and submit an evaluation of the dissertation and the defence to the
dean. Many graduate schools require that the committee include one or two faculty members from outside the department, and much
more rarely from outside the university, to ensure quality control across disciplines. » Council of Graduate Schools, The Role and
Nature of the Doctoral Dissertation : A Policy Statement. Washington DC, 1991.

26
représentant, qui assiste à la soutenance et à la séance finale de délibérations du jury. À l’Université de
Montréal, le représentant du doyen est la seule personne jouant un rôle dans l’évaluation de la thèse qui
n’appartient pas, d’office, à la communauté scientifique d’attache de l’étudiant; il représente ainsi la
communauté universitaire tout entière et rend compte au doyen de ce qu’il a observé. Il n’est cependant pas
membre du jury, ne vote pas et ne doit pas influer indûment sur la décision. Même lorsque le représentant
du doyen intervient sur le contenu de la thèse, il revient au jury, souverain en cette matière, de prendre la
décision définitive quant à l’évaluation de cette thèse. À titre de garant de la qualité de la procédure, le
représentant du doyen doit cependant intervenir si des accrocs à cette procédure nuisent à la bonne
marche de l’évaluation.

4.3.2 Les responsables de programme et le milieu de formation

Le directeur de programme est membre de l’unité académique (faculté, école ou département) qui a
charge du programme, et il en est normalement de même pour les membres du Comité d’études
supérieures. L’étudiant et son directeur de recherche sont, en général, rattachés à la même unité
académique, quoique l’étudiant puisse être, dans certains cas, inscrit à un programme relevant d’une unité
autre que celle à laquelle appartient son directeur de recherche. Dans tous les cas, au moment de former
un jury de mémoire ou de thèse, le doyen de la FES sollicite du directeur de programme des propositions
de personnes qualifiées pour être membres du jury. Le directeur de recherche (et l’étudiant à l’occasion)
peut suggérer au directeur de programme des noms de membres possibles du jury. L’impartialité et
l’intégrité du processus requièrent qu’une personne non engagée dans l’évaluation du mémoire ou de la
thèse soit chargée de proposer une composition de jury et soit officiellement garante de la compétence de
chaque personne proposée. Lorsqu’il s’agit d’un étudiant dirigé par le directeur de programme, cette
responsabilité est déléguée à un membre du Comité d’études supérieures.

Le président du jury, étant donné les responsabilités qui lui incombent (voir ci-après), est
habituellement choisi parmi les membres du corps professoral de l’Université de Montréal. Les autres
membres, à l’exception de l’examinateur externe, peuvent ou non être rattachés à l’Université.

4.3.3 L’étudiant

L’étudiant est, bien sûr, dans tout le processus d’évaluation, le premier intéressé. C’est le travail de
plusieurs années qui se trouvera ou bien couronné par un diplôme de maîtrise ou de doctorat, ou bien
rejeté. Normalement, l’étudiant dépose son mémoire ou sa thèse avant ou à la date qui correspond à la fin

27
des délais normaux d’inscription à son programme de maîtrise ou de doctorat35. Dans ce cas, le projet de
recherche demeure d’actualité et l’étudiant est en bonne position pour faire une contribution originale à
l’avancement des connaissances.

Il arrive cependant qu’un étudiant poursuive la rédaction de son mémoire ou de sa thèse au-delà de la
période de rédaction permise par le règlement pédagogique. Une prolongation exceptionnelle d’inscription
en rédaction peut être justifiée dans certains cas mais, le plus souvent, l’étudiant est exclu de son
programme. Cette exclusion met fin à l’enregistrement du sujet de recherche à la FES. Si l’étudiant
poursuit par la suite la rédaction de son manuscrit, il devra éventuellement demander une réinscription pour
permettre le dépôt de son mémoire ou de sa thèse. Lorsque cette demande de réinscription est présentée,
les responsables du programme sont tenus d’établir l’actualité des connaissances de l’étudiant et de son
projet de recherche afin de réduire le risque que le contenu du mémoire ou de la thèse soit jugé inadéquat
par le jury. Il pourrait arriver, à l’extrême, que la recommandation de réadmission pour le dépôt du
manuscrit exige de l’étudiant qu’il suive des cours additionnels, qu’il subisse un nouvel examen de synthèse
dans le cas d’un étudiant au doctorat ou qu’il reprenne une partie de ses travaux de recherche.

Par ailleurs, il est possible que l’étudiant prenne la décision de déposer son mémoire ou sa thèse sans
l’accord de son directeur de recherche. Il a le droit de le faire et, en particulier, il n’est pas tenu de faire lire,
pour approbation, la dernière version de son manuscrit. Ce droit ne va cependant pas sans un danger
évident : en se privant du regard critique de son directeur, en prenant le risque de se fier à son seul
jugement, l’étudiant s’expose à des corrections peut-être majeures, et même à un rejet. Il doit être
conscient des conséquences possibles de son geste et il a grand intérêt à informer le directeur de
programme et la FES de son intention au moment de procéder au dépôt ou même avant. Parce que ce
droit reconnaît la responsabilité de l’étudiant concernant sa formation, il doit être respecté. Il permet, en
particulier, d’éviter des situations où un directeur de recherche trop exigeant retarde indûment le dépôt d’un
mémoire ou d’une thèse, contribuant ainsi à un allongement discutable des études.

Il est du devoir du jury de faire une analyse complète de tous les aspects du travail de l’étudiant, suivie
de délibérations basées sur un échange de vues ouvert et franc de tous ses membres. De plus, l’étudiant a

35La durée des études doit être en conformité avec la scolarité maximale du programme :
« La scolarité maximale pour un programme de maîtrise est de six trimestres (2 ans) pour un étudiant inscrit à temps plein et de
neuf trimestres (3 ans) pour un étudiant inscrit à demi-temps, en excluant les trimestres de suspension et de préparation » (RP-
FES, article 48).
« La scolarité maximale pour un programme de doctorat est de quinze trimestres (5 ans) pour un étudiant inscrit à temps plein et
de dix-huit trimestres (6 ans) pour un étudiant inscrit à demi-temps, en excluant les trimestres de suspension et de préparation »
(RP-FES, article 75).

28
droit à une évaluation qui, tout en respectant les délais nécessaires à un travail sérieux, se fait dans un laps
de temps raisonnable36.

L’étudiant doit se conformer scrupuleusement au processus d’évaluation, bien connaître les


responsabilités des différents intervenants et éviter toute action qui puisse être interprétée comme visant à
faire pression sur le jury37. Il ne doit pas approcher les membres du jury aussi longtemps que le processus
d’évaluation n’est pas achevé; en particulier, il lui est strictement interdit d’entrer en contact avec
l’examinateur externe. Bien qu’il ait une relation privilégiée avec son directeur de recherche, il doit savoir
que ce dernier a l’obligation de respecter la confidentialité des délibérations du jury. La valeur de son
diplôme dépend en effet de la crédibilité de l’évaluation à laquelle il se soumet en déposant un mémoire ou
une thèse.

Si l’étudiant n’est pas satisfait du déroulement de la procédure, c’est auprès de la FES qu’il doit faire
des représentations, non pas auprès du jury. C’est en effet la FES qui a le mandat d’intervenir, s’il y a lieu,
pour rectifier la procédure ou pour modifier la composition du jury. Aucune autre instance ne peut le faire.

4.3.4 Le directeur de recherche

Le directeur de recherche joue, dans le processus d’évaluation du mémoire ou de la thèse, un rôle


assez particulier. Il est normalement membre du jury d’évaluation et, à ce titre, il se doit d’être impartial et
rigoureux. Par ailleurs, étant donné ses fonctions d’encadrement de l’étudiant, il est amené à porter un
jugement sur des activités auxquelles il a participé. En effet, dans bien des cas, il a pris part aux travaux de
recherche de son étudiant et peut même avoir fait sienne cette recherche au point d’avoir été associé à
certaines publications qui en découlent; il arrive fréquemment, dans le mode de présentation du mémoire ou
de la thèse par articles, qu’il ait été cosignataire des textes. Par conséquent, de telles circonstances
amènent le directeur de recherche à voir, au moins partiellement, l’évaluation du mémoire ou de la thèse
comme une appréciation de son propre travail. Il importe donc au plus haut point, dans de tels cas, que le
directeur puisse prendre, à l’égard de son étudiant, le recul nécessaire à une évaluation objective et
impartiale.

36 À compter du moment où tous les membres du jury ont reçu le mémoire, une période d’un mois est normalement suffisante pour

permettre au jury de prendre sa décision et de faire un rapport à la FES; cette dernière avisera le candidat en conséquence. Pour
les thèses de doctorat, ce délai est en principe de huit semaines.

37 L’étudiant doit savoir de quelle manière communiquer avec la FES ou avec son directeur de programme. Il peut faire des
suggestions au directeur de programme pour la composition du jury, mais il ne lui appartient pas d’exiger la présence ou l’absence
de membres potentiels du jury. Si l’étudiant a vécu des situations de conflit avec un membre potentiel du jury, il doit en aviser son
directeur de programme ou le doyen de la FES. Il doit cependant savoir que ce dernier devra toujours en référer au directeur de
programme (et possiblement au Comité d’études supérieures) pour vérifier le bien-fondé de toute proposition de changement à la
composition du jury.

29
Dans le même ordre d’idées, il est essentiel pour l’impartialité du processus que l’examinateur externe
chargé de l’évaluation d’une thèse n’ait pas de lien de travail récent avec le directeur de recherche; si
l’examinateur externe est un ancien étudiant de l’Université de Montréal, il doit avoir rompu les rapports de
collaboration relatifs aux travaux de l’étudiant depuis plusieurs années. Il importe aussi que le directeur de
programme, en faisant la proposition de constitution du jury, veille à ce que toute apparence de conflit
d’intérêts ou de complaisance à l’égard du directeur ou de l’étudiant soit évitée.

Il est normal et approprié, au cours des délibérations du jury, que le directeur de recherche puisse
éclairer, de façon objective, ses collègues sur certains éléments de l’évaluation, même si ces éléments sont
favorables à l’étudiant. Il ne devrait cependant jamais exercer de pressions indues en vue d’une décision
partiale à l’égard du candidat. Il va aussi de soi que la responsabilité du directeur de recherche doit
continuer de s’exercer au moment où l’étudiant, à la suite des délibérations unanimes ou encore
majoritaires du jury de son mémoire ou de sa thèse, doit procéder à des corrections majeures. Dans tous
ces cas, la responsabilité professionnelle du directeur de recherche et son intégrité sont sollicitées : son
rôle est de diriger et d’encadrer les travaux de l’étudiant qu’il a accepté de superviser jusqu’à ce que
l’évaluation de son mémoire ou de sa thèse soit complètement terminée.

4.3.5 Les membres du jury

À l’intérieur du cadre défini par les normes institutionnelles d’évaluation des mémoires et des thèses,
le jury dispose de toute la latitude voulue pour évaluer le manuscrit et, par le fait même, ses membres
assument une lourde responsabilité. La gravité de l’enjeu impose le respect le plus scrupuleux des
principes qui sous-tendent une évaluation de qualité. Les membres du jury doivent accomplir leur travail à
l’intérieur des délais prescrits et documenter adéquatement leur évaluation. Le rapport officiel du jury,
préparé par le président, doit intégrer les évaluations individuelles des membres du jury et incorporer toutes
les dimensions de l’évaluation; sa présentation doit être conforme aux plus hauts standards définis par
l’établissement et il doit indiquer clairement les corrections et modifications qui doivent être apportées au
manuscrit le cas échéant. S’il y a rejet du mémoire ou de la thèse, les raisons qui motivent la décision
doivent être claires et précises car elles seront transmises par la FES à l’étudiant.

Nous avons déjà parlé du rôle et des responsabilités du directeur de l’étudiant qui fait normalement
partie du jury. Il reste à considérer les fonctions de l’examinateur externe, du président du jury et de l’autre
membre du jury.

30
L’examinateur externe, dans le cas des thèses, joue un rôle spécial qu’il convient de bien préciser. Il
est opportun de faire état d’un certain nombre de situations qui incitent à la vigilance : le choix de
l’examinateur externe, la précision de son rôle et de ses responsabilités, l’attitude des autres membres du
jury à son égard et la façon de communiquer avec lui.

L’examinateur externe est un expert reconnu dans le domaine de recherche de l’étudiant. Il provient
d’un autre établissement et n’a pas de lien de travail avec le milieu, les professeurs et les chercheurs
engagés dans la formation de l’étudiant et avec l’étudiant lui-même. Il peut arriver que l’étudiant, au
moment de finir sa thèse, accepte un poste dans une autre université; il est alors impérieux d’éviter de
recommander comme examinateur externe une personne qui est déjà ou qui est susceptible de devenir un
collègue du nouveau diplômé dans ce milieu.

Les cas que nous avons évoqués présentent le risque de conflits d’intérêts ou de partialité. Il est
parfois dangereux, également, de choisir l’examinateur externe dans un cercle étroit ou à l’intérieur d’un
bassin trop petit d’experts. Pour des raisons diverses (compétence linguistique, réduction des frais ou
facilité de déplacement), il arrive que l’examinateur externe soit, dans certains domaines, choisi parmi le
corps professoral d’universités voisines. Cette pratique, lorsqu’elle devient courante, peut conduire au
résultat que le recours à un examinateur externe a précisément pour but d’éviter : une évaluation à
caractère local par un cercle restreint de chercheurs, avec le risque d’une perspective scientifique limitée et
d’une apparence possible de conflit d’intérêts. Il est hautement souhaitable, voire impératif, que
l’examinateur externe soit choisi parmi les membres les plus compétents de la communauté scientifique
internationale. Il en va certainement de la crédibilité de l’évaluation, mais aussi de l’utilité de confronter les
thèses de nos étudiants aux critères appliqués dans les meilleurs milieux.

Il n’y a pas de critères uniformes d’évaluation imposés à l’examinateur externe. On suppose que
l’examinateur externe, en s’appuyant sur les normes avec lesquelles il est familiarisé et sur son expérience
personnelle, fera une évaluation de la thèse comme s’il s’agissait d’un manuscrit de son propre
établissement. Il est important, compte tenu de cette pratique, que le choix de l’examinateur externe se
fasse parmi les chercheurs des meilleurs établissements.

L’examinateur externe est le seul membre du jury tenu, par la procédure, de produire un rapport écrit et
détaillé sur la thèse de l’étudiant, et d’accorder une mention portant sur la qualité de la thèse. Ce rapport
doit d’abord être envoyé au doyen de la FES, qui le fait parvenir au président du jury. Étant donné que ce

31
rapport est un document qui sera discuté au cours des délibérations du jury, il n’est pas opportun qu’il soit
communiqué à l’étudiant.

Il y a certainement lieu de s’interroger sur l’utilité d’exiger de tous les membres du jury un rapport écrit
(quoique bref) avant toute délibération; des unités académiques de l’Université y ont systématiquement
recours avec grand profit. Il y aurait également des raisons pour que ces rapports soient déposés avant la
réception du rapport de l’examinateur externe. Il semble, en effet, que plusieurs jurys attendent la réception
du rapport de l’examinateur externe avant de commencer l’évaluation d’un manuscrit. Ce rapport acquiert,
de cette manière, une prééminence indue qui peut biaiser l’évaluation. De fait, il est essentiel que soient
réaffirmés le statut tout à fait égal et comparable de chacun des membres du jury et la nécessaire
collégialité des délibérations. En aucun cas les délibérations d’un jury ne peuvent être paralysées ou
invalidées par la position de l’examinateur externe.

Pour maintenir l’impartialité et la neutralité de l’évaluation, ni l’étudiant ni son directeur ne doivent


communiquer directement avec l’examinateur externe. Les responsables du programme entrent cependant
en rapport avec toutes les personnes qui pourraient agir à titre d’examinateurs externes avant de soumettre
une proposition de jury à la FES. Cette pratique est avantageuse, car elle a pour effet d’accélérer les
premières étapes de la procédure. Il y a lieu de l’encourager en prenant soin, toutefois, que ce soit le
directeur de programme (ou le responsable des études aux cycles supérieurs) qui soit chargé de la
démarche.

Le président du jury a une fonction toute particulière dans l’évaluation du mémoire ou de la thèse. Il
est membre du jury et, à ce titre, il participe comme les autres membres à l’évaluation; mais il a aussi des
responsabilités spécifiques38. C’est lui qui communique officiellement avec la FES et qui la consulte s’il y a
des questions à propos de la procédure; c’est lui qui convoque les réunions du jury, qui rédige les rapports
et qui voit à ce que les rapports soient l’écho fidèle des délibérations (tous les membres du jury doivent
avoir lu les rapports; s’il y a désaccord, on doit en faire état par écrit). Lorsqu’il y a soutenance, le président
du jury veille à son organisation, il convoque les membres (incluant le représentant du doyen), il préside la

38 Les détails précis des gestes à faire par le président du jury sont décrits dans le fascicule distribué par le Secteur des grades de
la FES à un jury nommé pour l’évaluation d’un mémoire ou d’une thèse, ainsi que dans le Guide de présentation et d’évaluation des
mémoires de maîtrise et des thèses de doctorat (FES, mars 2001). Le président du jury a la responsabilité de convoquer ce dernier
dès que les évaluations individuelles sont terminées. Dans certains cas, les délibérations concernant la recommandation de
soutenance peuvent se faire par échanges d’information et discussion au moyen d’une conférence téléphonique. Il peut être
envisageable également de tenir la soutenance par vidéoconférence si l’on est en mesure de respecter les normes habituelles de
qualité, de rigueur et de décorum.

32
séance et il s’assure que le tout est conforme aux pratiques de la FES. C’est lui, enfin, qui annonce à
l’étudiant les résultats des délibérations.

On le voit, le président du jury assume une tâche complexe dans l’évaluation des mémoires et des
thèses. Il appartient en plus au président de dénouer certaines situations délicates qui peuvent se
présenter tout au long de la procédure, notamment l’échéancier des évaluations des membres du jury, la
conduite des délibérations, la précision des corrections et modifications demandées, etc. Au terme de la
soutenance, il doit s’efforcer de susciter un consensus raisonnable parmi les membres du jury sans
compromettre les normes de rigueur et de qualité. Cette tâche devrait donc être confiée à un professeur
d’expérience qui connaît bien le processus d’évaluation. Normalement, la présidence du jury échoit à un
membre du corps professoral de l’Université de Montréal.

L’autre membre du jury n’est ni directeur de l’étudiant, ni président du jury, ni examinateur externe. Il
a comme rôle de fournir une évaluation consciencieuse du mémoire ou de la thèse. À l’instar de
l’examinateur externe, cette personne doit être bien qualifiée pour porter un jugement sur le contenu du
document et, à cet égard, sa contribution à l’évaluation est d’une grande importance. Il doit être choisi sur
la base des mêmes principes d’impartialité et de compétence que l’examinateur externe. Dans le cas des
mémoires, son rôle est particulièrement important vu l’absence d’un tel examinateur.

Il peut arriver que des membres du jury soient dans l’impossibilité d’assister à la soutenance, surtout
dans le cas de l’examinateur externe. Il faut alors prévoir la désignation d’un remplaçant afin de respecter
le mieux possible le principe d’évaluation par les pairs, lequel implique l’évaluation de la présentation orale
au moment de la soutenance. Le directeur de programme doit être prévenu de la situation dans les
meilleurs délais afin qu’il puisse proposer un remplaçant à la FES. Ce dernier ne peut modifier l’évaluation
faite par le membre du jury qu’il remplace. Il doit avoir en main le rapport et la liste de questions préparées
par le membre absent. C’est en son nom, et dans l’esprit de son rapport, qu’il interroge l’étudiant. Dans la
mesure du possible, il doit connaître le contenu de la thèse et ne devrait, en aucun cas, se contenter de
faire de la figuration. Il s’agit d’une tâche difficile, parfois délicate, et le plus grand soin s’impose au moment
de choisir la personne qui la remplira. Il arrive parfois que le remplaçant soit choisi à la dernière minute
faute de prévoyance de la part du membre du jury qui s’est absenté, ou de vigilance de la part du président
du jury. L’impression qui ressort de telles expériences n’est pas de nature à affirmer l’importance que
l’Université attribue à cette étape (la plus visible) de l’évaluation des thèses.

33
4.3.6 Le public des soutenances

Nous avons déjà précisé un certain nombre de significations de l’expression « caractère public des
soutenances ». Nous avons vu que la communauté universitaire locale (membres locaux du jury),
institutionnelle (FES, représentant du doyen) et interinstitutionnelle (voire internationale : l’examinateur
externe) était toujours présente à la soutenance. Les autres membres de la communauté universitaire
locale sont invités à y participer, comme ils le font normalement lors de présentations scientifiques, en
posant des questions (au moment précisé par le président du jury). Il est donc normal que plusieurs
membres de l’unité académique dont relève le programme soient présents à la soutenance de l’étudiant.
Une telle participation manifeste l’importance accordée au travail de l’étudiant et à son évaluation39.

Il existe enfin un autre public (amis, parents) admis aux soutenances. Il est important que lui soient
expliqués, suffisamment à l’avance de l’événement, les enjeux de la soutenance et qu’il comprenne bien
qu’il ne s’agit pas d’une formalité. Ce public ne doit, en aucune manière, interférer avec le déroulement de
la soutenance.

5. CONCLUSION

La formation à la recherche, dans l’esprit du projet d’avenir de l’Université de Montréal, doit miser sur la
qualité, la pertinence et l’ouverture sur le monde40. Dans tous les champs d’études, l’arrimage étroit des
programmes et des activités de recherche, soutenu par une gestion éclairée et compétente du processus
de formation, est un facteur clé de succès dans la poursuite des objectifs de formation à la recherche. C’est
par l’application des meilleurs standards de qualité, à tous les échelons du processus de formation, que
l’Université de Montréal, en étroite collaboration avec l’École Polytechnique et l’École des Hautes Études
Commerciales, peut fournir à la société des chercheurs et des scientifiques hautement qualifiés et ainsi
consolider sa position en tant que complexe universitaire de calibre mondial41.

39 « For the student, the defense should be a « crowning experience », the ultimate opportunity to demonstrate his or her expertise
after years of research, reporting and writing. It is also an excellent preparation for future professional presentations where defense
of one’s work is an accepted part of standard professional meeting structure. For other doctoral students who attend the
examination it is a learning experience, conveying guidance on the formulation and completion of a dissertation project.
« In this age of collaboration and team research, especially in the sciences, the oral defense is a premier opportunity for the
faculty to verify the independent contribution of the student. It forces the student to define clearly his or her role in the collaborative
project and to articulate the place of the dissertation in the research project and in the student’s discipline. » Council of Graduate
Schools, The Role and Nature of the Doctoral Dissertation : A Policy Statement. Washington DC, 1991, p. 28.

40 R. Lacroix, L’Université de Montréal : un projet d’avenir, octobre 1998.

41 Université de Montréal, Pour un complexe universitaire de calibre mondial, mémoire de l’Université de Montréal au ministre de
l’Éducation, septembre 1999.

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Ces enjeux considérables de la formation à la recherche sous-tendent les principes et les procédures
d’ordre académique et pédagogique présentés dans ce document de réflexion. La sauvegarde de la qualité
de formation des chercheurs et des scientifiques exige beaucoup de vigilance face aux embûches toujours
présentes dans une grande université fortement engagée en formation aux cycles supérieurs et en
recherche. Par exemple, on peut facilement réaliser que l’admission d’étudiants insuffisamment qualifiés ou
motivés dans un programme est inévitablement à la source de difficultés subséquentes qui peuvent s’avérer
fort sérieuses. Il peut arriver également, dans certains champs d’études, qu’il soit difficile d’atteindre un
équilibre entre le développement d’une compétence de chercheur autonome chez l’étudiant et sa
contribution attendue à l’avancement des connaissances, notamment à cause d’un accent trop prononcé
mis sur l’acquisition d’habiletés techniques. Enfin, c’est sans doute l’encadrement insuffisant ou incomplet
de l’étudiant qui constitue l’obstacle le plus sérieux, car il est souvent difficile à déceler et à caractériser et
ce n’est que vers la fin du parcours de l’étudiant que se manifestent ses conséquences négatives sur la
qualité de la formation.

La voie centrale de réflexion proposée à la section 2 est axée sur la gestion compétente des différents
aspects d’un programme de formation. Si l’on suppose que des programmes pertinents et des ressources
appropriées sont disponibles, les éléments déterminants de la qualité d’un cheminement étudiant et de celle
du mémoire ou de la thèse jalonnent tout le parcours de formation : démarches relatives à l’admission, suivi
de l’offre de formation, accueil et première inscription au programme, programme d’études et choix du
directeur de recherche, encadrement de l’étudiant, suivi et évaluation de la formation, rédaction proprement
dite du mémoire ou de la thèse. Dans cette perspective, il s’ensuit que des responsabilités claires et
précises doivent être assumées par le directeur de programme et par le directeur de recherche, avec
l’assistance du Comité d’études supérieures et l’appui de la FES, en évitant tout conflit d’intérêts réel ou
apparent.

Dans le cadre de sa mission de service à la société et pour renforcer le rayonnement et la réputation de


la communauté universitaire, l’Université vise à diffuser largement les résultats des travaux de recherche
des étudiants en encourageant et en soutenant la publication des mémoires et des thèses. À cet égard, la
FES a instauré depuis déjà plusieurs années la possibilité de présenter le mémoire ou la thèse par articles.
L’expérience montre que ce mode de présentation permet de diffuser efficacement les résultats de
recherche, quoiqu’il semble mieux convenir actuellement aux secteurs des sciences naturelles et des
sciences de la santé qu’aux secteurs des arts et lettres, de même que des sciences sociales et humaines.
Mais il soulève des questions importantes concernant la qualité de la formation (section 3) étant donné que
les articles produits impliquent généralement la contribution directe du directeur de recherche et

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possiblement d’autres coauteurs, et que la présentation du mémoire ou de la thèse sous forme d’articles
distincts peut entraîner un affaiblissement de la cohérence de l’ensemble du manuscrit. L’étudiant et son
directeur de recherche sont directement interpellés par ces questions mais, comme ils sont en même temps
juge et partie, on peut se demander s’ils sont seuls en mesure d’établir, à la satisfaction du jury, que
l’étudiant est le premier ou principal auteur des articles inclus dans le mémoire ou la thèse. La réflexion sur
ce mode de présentation du mémoire ou de la thèse et sur ses modalités d’application doit se continuer, en
reconnaissant que les conditions de son actualisation peuvent différer selon les champs d’études.

Les principes généraux qui sous-tendent l’évaluation des mémoires et des thèses, de même que les
rôles et les responsabilités des différents intervenants, sont traduits dans divers articles du règlement
pédagogique de la FES et dans les documents qui guident la démarche des jurys. Il va de soi que la
crédibilité de l’évaluation des mémoires et des thèses, la reconnaissance des contributions à l’avancement
des connaissances et la qualité des formations dépendent de l’intégrité et du fonctionnement approprié du
processus d’évaluation. Tel qu’indiqué à la section 4, même si l’étudiant, le directeur de recherche et les
membres du jury doivent assumer des responsabilités importantes à cet égard, le directeur de programme
et la FES sont interpellés à plusieurs titres. Dans la mesure où les différents intervenants comprennent bien
les principes généraux qui gouvernent l’évaluation des mémoires et des thèses et que chacun joue son rôle
de façon adéquate, on peut croire que l’évaluation sera rigoureuse, équitable et crédible. Il reste toutefois
que ce processus complexe, appliqué aux différents champs d’études des divers secteurs du savoir, doit
faire l’objet d’une attention continue pour qu’il permette de contrôler les défis imprévus, comme ceux qui se
posent dans le cas de mémoires ou de thèses par articles, et de bien gérer les conflits pouvant survenir
entre l’étudiant et son directeur de recherche ou les contestations des décisions du jury.

Ces éléments de réflexion suggèrent que l’application de standards reconnus de qualité dans la mise
en œuvre des programmes de formation à la recherche exige une gestion éclairée, attentive et compétente.
Cette responsabilité est assumée par le directeur de programme, assisté du Comité d’études supérieures,
et par la FES. Mais la bonne gestion à elle seule n’est pas nécessairement garante d’un résultat de qualité.
C’est en dernier ressort l’étudiant et son directeur de recherche qui, en tant qu’acteurs clés, vont déterminer
le degré de succès, ou possiblement l’échec, du parcours de formation et du mémoire de maîtrise ou de la
thèse de doctorat.

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