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LA CRISE

Monologue de Martine (Homéopathie)

J’en ai plein le cul, j’en ai plein le cul, j’suis vulgaire, tant mieux. Ça va pas se passer comme
ça. Alors messieurs dames si vous êtes venus pour l’homéopathie vous allez me faire le
plaisir de décamper dans les 30 secondes. Sinon c’est moi qui vais vous faire sortir à coups
de pieds au cul, d’accord. J’suis vulgaire tant mieux. Parce que mon mari il est allopathe,
vous comprenez, allopathe, pas homéopathe, allopathe. Je reviens de la banque on a un
découvert de 20 briques. Grâce à quoi ? A l’homéopathie. Avant quand il était allopathe il
voyait entre 60 et 70 personnes par jours. 10 minutes chacun. Une bonne grosse
ordonnance bourrée de médicaments, paf c’était emballé. A 150 francs par personne vous
avez qu’à faire le compte. Maintenant qu’il est homéopathe il voit plus que 10 personnes par
jour, il passe une heure avec chaque client, hein, une heure. 12 personnes au lieu de 65 vous
avez qu’à faire le compte. Alors maintenant c’est décidé. S’il veut la guerre, ça sera la guerre.
Mais l’homéopathie c’est fini. Dehors tout le monde !
Qu’est-ce que je fais ? Mais je sauve notre ménage, voilà ce que je fais. Je reviens de la
banque on a 20 briques de découvert. L’homéopathie j’en ai plein le cul tu comprends. Je
suis vulgaire, tant mieux. Et comment est-ce que tu crois qu’on va payer les traites de la
maison dans le midi ? Et les écoles des enfants ? Et les notes de téléphone de Conception qui
appelle le sud de l’Espagne toute la journée ? Mais faut pas engueuler les immigrés. Et les
réparations de la maison de Rambouillet ?
Ah, c’est ça que t’appelles travailler ? Tu passes des heures à bavasser avec tes clients
pendant que moi je me bats avec les fournisseurs et le banquier. Et tes clients. Tu crois que
ça les amuse d’attendre comme ça des heures tes clients ? Regarde-moi ça ils sont 8 là, ils en
ont pour jusqu’à ce soir. Ça vous amuse d’attendre des heures messieurs dames ? Autrefois
on n’attendait pas ici, jamais, en 10 minutes clac, clac c’était bouclé, au suivant.
Mon cher Paul je t’emmerde. Je suis vulgaire, tant mieux. Tant que j’habiterai dans cette
maison ça se passera pas comme ça. J’ai encore mon mot à dire. Tu veux la guerre, t’auras la
guerre.
Mais je suis tout à fait d’accord avec toi là-dessus Paul, mais c’est très bien de vouloir guérir
les gens, mais dans ce cas-là soigne en homéopathie les gens que tu aimes, les enfants, moi,
ta famille. Là, d’accord. Mais les autres, non. Le business c’est le business, on n’est pas des
philanthropes quand même. Autrement, où va-t-on ?
Très bien, je vois que tu veux la guerre, alors je te préviens. On est sur le régime de la
communauté de biens. Je demande le divorce, je prends les enfants et la moitié de tout. Ça
va te couter la peau des fesses. Tu me trouves vulgaire, tant mieux.
Tu connais ton intérêt des agios à la banque ? 17%. 17%, et encore c’est un prix d’ami paraît-
il. 20 briques à 17%, t’as qu’à faire le compte.
C’est bien simple. Ou bien tu me jures aujourd’hui même que tu feras plus jamais
d’homéopathie à part en privé ou à la maison, ou bien je m’en vais et je t’envoie mon
avocat. Je vais tout de même pas vendre la maison de Rambouillet parce que tu veux guérir
la terre entière.

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