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ATTS r'estival) dOsnabrück (Allemagne), le D E A F (Dutch Llectro-

nic A r t s Festival), le N e x t Five Minutes d?Amsterdam, la Trans-


mediale de Berlin et le V I P E R en Suisse. Depuis deux ou trois ans,
les espaces d'exposition spécialisés dans l?art des nouveaux médias
se sont multipliés à travers le monde.

Le médium numérique pose un certain nombre deproblèmes au


monded e ! art traditionnel, que ce soit en m a t i è r e d£brésentatio
collection déconservation)En effet, alors que les musées sont
parfaitément biéfr~équipés? o u r accueillir des? «objets d» a r t
q i m n é r i q u e d { p h o t o g r a p h i e s ou s c u l p t u r e sp a r exemple), ilsl e sont ©

beaucoup moins lorsqu'il s?agit d'œuvres numériques interactives


E T T I RO ALC BOA R M P PES IYI OO EIT I te

fondées sur le temps. Ce probleme ne se pose pas u n i q u e m e nat l ' a r t


numérique mais-atissi àà la vidéo, à la performance ou encore à des
œuvres du type de la Rotative plaque de verre de Duchamp. Dans un
monde del?art où objet règne en maître, ces pièces ont toujours été.
l'exception plutôt que la règle, En' outre, les projets numériques |

requièrent souvent la participation. du public etne révèlent pas leur :

contenu au premiér coup d ' œ i;l leur exposition est s o u v e n t coû-


teuse et e x i g e une maintenance rigoureuse. La plupart des m u s é e:s
é t a n t b â t i s s u r le m o d è l e d u « c u b e blanc », i l s n?offrent. que peu de -
possibilités de branchement électrique et leurs systèmes de présen- |

t a t i o n s o n t loin d? être tous?m o d u l a b l e s . O r le:succès d ' u n e EXPOSI- :

tion dépend en grande partie de l'effort accompli pour sa présenta-


tion, tant sur le plan techni que que didactique. |

Lorsqu'il sagit @é

yes t r a v a u x conçus pour I n t e r n e t


dans un espace physique p u b ic, le problème tend à être plus com-
plexe encore. Le N e t a r t se veut accessible à tous, n ' i m p o r t e où et à
t o u t m o m e n t (à condition d?avoir accès au Net), et n'a aucunement
besoin d?un musée p o u r être présenté ou expliqué au public. Dans le
monde en ligne, le contexte physique d?une galerie ou d?un musée ©

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. un indicateur de Statut.
n e fonctionne p l u s en e n t toutefois jouer un ròle
L e s espaces d e s tualisant, en retraçantson
important pour le NWe Là sa conservation où encoree n élargis.
évolution, encontri an breux débats concernant les différents
sant son public.D e nom Net a r t dans le contexte institutionnel
m o d e s deprésentation n n qu'il ne doit être présenté qu'enl i g n e
ont eu lieu. CertainsP o u r Internet », qui l'héberge de toute facon,
Ree que e Sa plane SEE

à Internet possible dans l'espace public


Doit-on doncre n d r e ] e r ? Les récentes innovations dans les
ou le réserver à ans fil et des appareils mobiles pour.
domaines ? v e e s e connecter en tous lieux. Or. les œur-
rasentbientôt perme t souvent des spectateurs qu'ils leurConsac-
res de Net art ?onel o n g Ainsi, afin de créer unenvironnement
Enverablelmurnieepion ces œuvres Sont souvent présentées dans

un espace à part,ceq u i a suscité des critiques quantà la « ghettoisg_


tion » de cette forme d'art. L'installation dans un « salon » Séparé
invite certes le public à passer plus de temps avec l?œuvre, Mais
empêche cette dernière d'être vue dans le contexte d?autres travaux
créés à partir de médiums plus traditionnels et de dialoguer avec
eux En vérité, c'est l'œuvre qui doit dicter l'environnement adé.
quat à son exposition. La rapidité des développements technolo-
giques et de leur intégration à notreunivers
quotidien est telle que
nous ne tarderons pas à voir apparaître de
nouvelles manières de
visionnere t d'interagiravecl?art numérique.
é L e l e ? et donc la vente, d'œuvres numériques est un
?
autre sujet depolémique I

sair rareté égale valeur » n?est pas néces-


, Pertinente lorsqu'il S'agit d'art numérique. Le problème
€st moindre dans le cas des installations numériques, qui sont après
toutd es objets, ou du Software art (qui s'accompagne parfois d'un
adopt R u occasion). Le Principe des éditions limitées a été
el artistes numériques dont les créations sont
les collections d n "ici ?tcelaapermis à leur art d'entrer dans
Brands musées. Le Net art est sans con-
Us problé
?matique en m a t i è r e de collection car il

toutep e r s o n n e q u i se connecte fe
Plus en plus CE type cd'œu
o m m ?ndent et c o l l e c t ;i o n n e n t néanm oins de

|
vres, d o n t ils h é b e r g e n t l e code source sur
TServeur.A Ladifférence des autres ceu : abritées par le a m
une œuvre Internet est visible
lorsquelemy nen
EN permanence et non uniquement
|
she dé:

décide de l'exposer dans ses salles.


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L ' u n des plus grands problèmes que pose l'art numérique est
3 sans conteste sacconservation. Bien qu'il soit souvent présenté
comme étant éphémère et instable, cela n?est pas tout à fait Juste.
Toute œuvre d'art fondée sur le temps, telle une performance, est
par nature éphémère et ne continue d'exister après saprésentation
qu?à travers les enregistrements audio, vidéo ou photographiques

qui ont pu en être faits. Les œuvres numériques « orientées proces-


sus » sont certes éphémères mais la technologie numérique offre
aussi de plus grandes possibilités d'enregistrement; l'ensemble du
processus d?une œuvre numérique fondée sur le temps est poten-
tiellement archivable. Bits et bytes sont en effet plus stables que la
peinture, la pellicule ou la bande vidéo. Tant que l'on dispose des
instructions pour compiler le code ? sous forme de sortie papier,
par e x e m p l e , l'œuvreelle-même n'est pas perdue. En revanche, ce
qui rend l?art numérique instable, c'est l'évolution rapide des
matériels et des logiciels : changements de système d'exploitation,
niveaux de résolution des écrans de plus en plus élevés, mises à j o u r
incessantes des navigateurs. Collectionner les machines et les logi-
ciels au fur et à mesure que de nouvelles versions sortent n'est pas
une solution satisfaisante. I l existe cependant deux moyens pour
conserver ce type d'œuvre les « émulateurs », ces programmes
:

qui permettent de « recréer » des systèmes d'exploitation ou des


logiciels, et la « migration », une mise à jour de l'œuvre afin qu'elle
corresponde à la version plus récente du matériel ou du logiciel
utilisé. Instances gouvernementales, organismes nationaux et
internationaux et diverses institutions étudient actuellement des
mesures susceptibles d'apporter une solution au problème de la
conservation d'œuvres d?art numérique. Leur succès dépendra
largement de l'adoption de normes standard, ce qui exige un
dialogue permanententre toutes les parties concernées.
L ' a r t numérique a connu un développement p r o d i g i e u x
depuis le début des années 1990, et il ne fait aucun doute q u ' i l est
là pour rester. L'expansion des technologies numériques et l e u r
impact sur notre environnement quotidien et n o t r e culture
entraînera la création d'œuvres toujours plus nombreuses qui
seront le reflet critique de ce phénomène culturel. Néanmoins,
pour l'instant, il ne nous est pas possible de prédire si l ' a r t numé-
rique intégrera les collections permanentes des musées ou s?il
évoluera dans d'autres contextes, aidé financièrement et présenté
par un nombre croissant de laboratoires de recherche et de
centres d?art et de technologie.

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