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Marianne Tenand

Microéconomie 1 (2016 - 2017) - Département d'économie ENS

Problème de minimisation de la dépense

Exemple avec une fonction Cobb-Douglas

Soit un agent pour lequel l'espace des objets X ⊂ R2 , dont les préférences peuvent être
représentées par la fonction d'utilité de type Cobb-Douglas suivante : U (x1 , x2 ) = xα1 xβ2 .

Résolution du problème de minimisation de la dépense (PMD)

Le PMD s'écrit dans ce cas :

min p 1 x1 + p 2 x2
x1 ,x2

s.c. U (x1 , x2 ) ≥ u avec u > U (0, 0)


x1 ≥ 0 et x2 ≥ 0

Le Lagrangien s'écrit :

L(x1 , x2 , λ, µ1 , µ2 ) = −(p1 x1 + p2 x2 ) + λ(U (x1 , x2 ) − u) + µ1 x1 + µ2 x2

Les CPO peuvent se poser sous la forme des conditions de Kuhn et Tucker :

⇐⇒ − p1 + λUx′ 1 (x1 , x2 ) + µ1 = 0
∂L(x1 , x2 , λ, µ)
=0
∂x1
⇐⇒ − p2 + λUx′ 2 (x1 , x2 ) + µ2 = 0
∂L(x1 , x2 , λ, µ)
=0
∂x2
∂L(x1 , x2 , λ, µ)
≥0 ⇐⇒ U (x1 , x2 ) ≥ 0
∂λ
∂L(x1 , x2 , λ, µ)
≥0 ⇐⇒ x1 ≥ 0
∂µ1
∂L(x1 , x2 , λ, µ)
≥0 ⇐⇒ x2 ≥ 0
∂µ2
λ≥0
µ1 ≥ 0 et µ2 ≥ 0

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(suite des conditions de Kuhn et Tucker :)

λ(U (x1 , x2 ) − u) = 0
µ1 x1 = 0 et µ2 x2 = 0

Pour une solution en coin (x∗1 = 0 ou x∗2 = 0), on a U (x∗ ) = 0 = U − (0, 0). Ainsi, pour
atteindre un niveau d'utilité u > U (0, 0), on aura nécessairement x∗1 > 0 ou x∗2 > 0 (une
solution intérieure).
On a donc : µ1 = µ2 = 0 (d'après la dernière condition de Kuhn et Tucker).
Alors, on peut réécrire les deux premières conditions :

Ux′ 1 (x1 , x2 ) Ux′ 2 (x1 , x2 )


=
p1 p2

(on retrouve le principe d'égalisation des utilités marginales). Soit encore :

α β
=
x1 p 1 x2 p 2
⇐⇒ αx2 p2 = βx1 p1
β p1
⇐⇒ x2 = x1
α p2

Par ailleurs, du fait de la monotonie des préférences, U (x∗ ) = u (pas d'excès d'utilité
à l'optimum). Alors :

xα1 xβ2 = u
u
⇐⇒ xα1 =
xβ2
−β/α
⇐⇒ x1 = u1/α x2

En combinant cette dernière expression avec celle issue des deux premières CPO :

x∗2 = [
β p1 α/(α+β) 1/(α+β)
] u
α p2

On peut alors en déduire x∗1 (en réutilisant une équation donnant x1 en fonction de
x2 ou en utilisant la symétrie de la fonction Cobb-Douglas).

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Les fonctions de demande hicksienne

On en déduit que les demandes hicksiennes pour les biens 1 et 2 sont :


⎧ β 1
⎪ αp
⎪h1 (p1 , p2 , u) = [ β p12 ] α+β u α+β

⎨ α 1
⎪h2 (p1 , p2 , u) = [ β p1 ] α+β u α+β


⎩ α p2

Remarque : Dans le PMU, il était plus simple d'utiliser la transformation logarith-


mique de U (.), ln(U (.)). Dans le PMD, vous auriez pu aboutir aux mêmes résultats
en minimisant la dépense en posant la contrainte sur la transformation logarithmique de
U (.), mais il est en fait plus simple dans ce cas de travailler avec U (.) elle-même.

La fonction de dépense

La fonction de dépense est donc :

e(p1 , p2 , u) = p1 h1 (p1 , p2 , u) + p2 h2 (p1 , p2 , u)


α β
α β
β α 1
= [p1α+β ( p2 ) α+β + p2α+β ( p1 ) α+β ]u α+β
β α

Vous pouvez vérier que cette fonction est homogène de degré 1 .

La dualité

Pour rappel, nous avions dérivé les fonctions de demande marshallienne pour
les biens 1 et 2 suivantes :

⎪ α R
⎪x1 (p1 , p2 , R) =
⎪ α+β p1

⎪ β R
⎩x2 (p1 , p2 , R) =

⎪ α+β p2

On peut en déduire la fonction d'utilité indirecte :

v(p1 , p2 , R) = U (x1 (p1 , p2 , R), x2 (p1 , p2 , R)


α R α β R β
=[ ] +[ ]
α + β p1 α + β p2

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Vous pouvez vérier la dualité de la théorie du consommateur en vériant que :

v(p1 , p2 , e(p1 , p2 , u)) = u


e(p1 , p2 , v(p1 , p2 , R)) = R
xi (p1 , p2 , e(p1 , p2 , u)) = hi (p1 , p2 , u), i = 1, 2
hi (p1 , p2 , v(p1 , p2 , R)) = xi (p1 , p2 , R), i = 1, 2

Remarque : Lorsqu'on travaille avec une Cobb-Douglas à deux arguments, on se place


fréquemment dans le cas où β = 1 − α, ce qui simplie les expressions dérivées ci-dessus.
C'est tout particulièrement fréquent en théorie du producteur.

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