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u+v
≤ 1 − δ.
2 Lp (Ω,µ)
Définissons
εp
A := x ∈ Ω : |u(x) − v(x)|p > (|u(x)|p + |v(x)|p ) ,
2
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et aussi r(x) := max(|u(x)|, |v(x)|). Par définition de A, r(x) > 0 pour tout
x ∈ A, et
u(x) v(x) ε
− ≥ 1.
r(x) r(x) 2p
Il suit du Lemme 6.2 qu’il existe δ > 0 tel que
p
u(x) + v(x) |u(x)|p + |v(x)|p
≤ (1 − δ)
2 2
1/p 1/p
p ε p p
|u − v| dµ ≤ |u| dµ + |v| dµ ≤ ε.
Ω\A 21/p Ω\A X\A
Par conséquent,
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Proposition 6.3. Pour 1 < p < ∞ l’espace Lp (Ω, µ) est lisse et pour tout u
dans Lp (Ω, µ) \ 0 et tout v ∈ Lp (Ω, µ),
1−p
D · p (u)(v) = u p |u|p−2 uv dµ.
Ω
p
Démonstration. Notons que u → u Lp (Ω,µ) est la composition de u → u Lp (Ω,µ)
1/p
avec la fonction racine p-ième g : s → s . Il nous suffit donc d’établir la
dérivabilité en 0 de la fonction
ε→ |u + εv|p dµ
Ω
pour une constante C > 0 qui ne dépend que de p. Par l’inégalité de Hölder,
p p
= g′ ( u Lp ) D · Lp )(u).v
1−p
= u Lp (Ω,µ) |u|p−2 uv dµ,
Ω
Exercice 6.1. Montrer par quatre contre-exemples bien choisis les affirmations
contenues dans la remarque ci-dessus.
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6.2 Dualité dans les espaces de Lebesgue
En combinant les deux résultats de la section précédente avec le théorème
de représentation du Chapitre 5 (Théorème 5.15) nous obtenons le :
Théorème 6.5. Pour 1 < p < ∞, le dual de l’espace Lp (Ω, µ) est isométriquement
′
isomorphe à Lp (Ω, µ) où p′ := p/(p − 1). Plus précisément, pour chaque f ∈
′
(Lp (Ω, µ))′ , il existe un unique v in Lp (Ω, µ) tel que
f (u) = uv dµ,
Ω
Démonstration. Par le Théorème 5.15, pour chaque f ∈ (Lp (Ω, µ))′ \ 0, il existe
une unique w ∈ Lp (Ω, µ) tel que w Lp (Ω,µ) = 1 et tel que pour tout u ∈
Lp (Ω, µ),
f (u) = f (Lp (Ω,µ))′ D · (w)(u),
ce qui signifie, au vu de la Proposition 6.3,
1−p
f (u) = f (Lp (Ω,µ))′ w p u|w|p−2 w dµ = uv dµ,
Ω Ω
Nous pouvons dès lors traduire la notion de convergence faible dans le cas
des espaces de Lebesgue : en effet, par le théorème qui précède chaque espace
′
Lp (Ω, µ) peut être vu comme un espace dual, celui de Lp (Ω, µ) (car (p′ )′ = p).
Sans ambiguı̈té, nous écrivons alors :
Définition 6.6. (Convergence faible dans Lp (Ω, µ)) Soit 1 < p < ∞, on
dit qu’une suite (un )n∈N ⊂ Lp (Ω, µ) converge faiblement vers u dans Lp (Ω, µ)
′
si pour tout v in Lp (Ω, µ),
un v dµ → uv dµ
Ω Ω
lorsque n → ∞.
Comme pour 1 < p < ∞, Lp (Ω, µ) est un espace de Banach séparable (voir
Chapitre 4), il suit du Théorème 5.10 que toute suite bornée (un )n∈N dans
Lp (Ω, µ) possède une sous-suite qui converge faiblement.
Bien qu’il ne soit ni lisse ni uniformément convexe, on peut néanmoins iden-
tifier la dual de L1 (Ω, µ) à L∞ (Ω, µ), au moins si µ est une mesure de Radon
sur un ouvert Ω de RN .
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Théorème 6.7. Soit µ une mesure de Radon sur un ouvert Ω de RN . Le dual
de L1 (Ω, µ) est isométriquement isomorphe à L∞ (Ω, µ) . Plus précisément, pour
tout f ∈ (L1 (Ω, µ))′ , il existe un unique v ∈ L∞ (Ω, µ) tel que
Démonstration. Soit f ∈ (L1 (Ω, µ))′ . Soit φ ∈ L2 (Ω, µ) une fonction strictement
positive telle que pour tout compact K de Ω on a
Dès lors fφ appartient à (L2 (Ω, µ))′ et par le Théorème 6.5 il existe un unique
vφ dans L2 (Ω, µ) tel que
fφ (w) = vφ w dµ,
Ω
i.e.
vφ
f (φw) = φw dµ.
Ω φ
v
On définit alors v := φφ . Nous allons montrer que v appartient à L∞ (Ω, µ) et
que v L∞ (Ω,µ) � f (L1 (Ω,µ))′ . Supposons par l’absurde qu’il existe ε > 0 et
A ⊂ Ω, mesurable avec µ(A) > 0 tel que |v(x)| > f (L1 (Ω,µ))′ + ε, pour tout
x ∈ A. On considère alors la fonction
w(x) = 1A (x)signe(v(x)),
vφ
f (φw) = φw dµ = |v|φ dµ � ( f (L1 (Ω,µ))′ + ε) φ dµ,
Ω φ A A
et
f (φw) ≤ f (L1 (Ω,µ))′ φw L1 (Ω,µ) = f (L1 (Ω,µ))′ φ dµ,
A
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Exercice 6.2. Montrer qu’il existe toujours une fonction φ telle que indiquée
dans la démonstration précédente.
Définition 6.8. (Convergence faible dans L1 (Ω, µ)) On dit qu’une suite
(un ) ⊂ L1 (Ω, µ) converge faiblement vers u dans L1 (Ω, µ) si pour tout v ∈
L∞ (Ω, µ),
un v dµ → uv dµ
Ω Ω
lorsque n → ∞.
Définition 6.10. L’espace des mesures de Radon finies sur Ω, noté M(Ω), est
par définition le dual de l’espace C0 (Ω, R).
Notons que l’on a déjà introduit la notion de mesure de Radon positive dans
le Chapitre 3 sur l’intégration. Grâce au Théorème de représentation de Riesz
(Théorème 3.36), nous pouvons maintenant faire le lien entre ces deux notions
très proches.
Théorème 6.11. Quelle que soit L ∈ M(Ω) il existe deux mesures de Radon
positives λ+ et λ− sur Ω telles que
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Démonstration. On prétend que pour L ∈ M(Ω), il existe des formes linéaires
positives L+ et L− sur C0 (Ω, R) telles que L(u) = L+ (u) − L− (u) pour tout
u ∈ C0 (Ω, R). Une fois cette affirmation démontrée, la conclusion suivra alors
immédiatement du Théorème de représentation de Riesz (Théorème 3.36).
On définit le cône C + := {u ∈ C0 (Ω, R) : u ≥ 0}, et pour u ∈ C + ,
Etape 5 : L+ est une forme linéaire sur C0 (Ω, R). L’additivité de L+ montre
que pour tout n ∈ N, L+ (nu) = nL+ (u). Comme (−u)± = u∓ , on obtient
L+ (−u) = −L+ (u) et l’identité précédente s’étend ensuite à n’importe quel
n ∈ Z. Si maintenant r = p/q ∈ Q avec p, q ∈ Z et q = 0, alors L+ (qru) =
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qL+ (ru) = L+ (pu) = pL+ (u), et donc L+ (ru) = rL+ (u). La continuité de L+
et la densité de Q dans R implique finalement que L+ (αu) = αL+ (u) pour tout
α ∈ R.
Etape 6 : L− est une forme linéaire positive sur C0 (Ω, R). On définit
L := L+ − L. Alors L− est clairement une forme linéaire. De plus, comme
−
L(u) = u dλ,
Ω
v dλn → v dλ
Ω Ω
lorsque n → ∞.
La convergence faible des mesures de Radon finies est donc un cas particulier
de convergence faible dans un dual telle que nous l’avons définie au Chapitre 5
(avec la remarque que celle-ci est parfois appelée la convergence *-faible).
Exercice 6.3. Au Chapitre 2, nous avons démontré que l’espace BC(K, R) est
séparable quel que soit le compact K ⊂ RN . En déduire que Cc (Ω, R) est
séparable.
u ∈ L1 (Ω, µ) → T u ∈ M(Ω),
où
T u : v ∈ C0 (Ω, R) → uv dµ.
Ω
En conséquence, si (un )n∈N est une suite bornée dans L1 (Ω, µ), alors on peut
extraire une sous-suite qui converge au sens faible des mesures de M(Ω) vers
une mesure de Radon finie, i.e., il existe (unk )k∈N et λ ∈ M(Ω) telles que pour
tout v ∈ C0 (Ω, R),
unk v dµ → v dλ.
Ω Ω
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Il est important de noter que cette notion de convergence faible est différente
de, et plus faible que, celle introduite à la Définition 6.8. Le résultat suivant,
que l’on mentionne sans démonstration, fournit une caractérisation complète
des suites dans L1 (Ω, µ) qui convergent faiblement au sens de la Définition 6.8.
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