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Licence de Mécanique – Mécanique des fluides

Ondes acoustiques - TD 8 & 9

1 Les équations de l’acoustique


1.1 Les grandeurs de l’acoustique
Le domaine de l’acoustique s’intéresse à la propagation d’ondes de surpression à
travers un fluide considéré au repos. Les grandeurs représentées sont donc la pression
P et la densité ρ du fluide, ainsi que la vitesse v des particules du fluide. Ces gran-
deurs dépendent du temps et de l’espace, mais on considérera pour le moment un cas
unidimensionnel (x, t).
La théorie des ondes acoustiques traitée dans ce cours est perturbative, c’est-à-dire
que les grandeurs étudiées varient peu par rapport à une moyenne. On écrit ceci comme
suit : 


 P(x, t) = P0 + p(x, t)
ρ(x, t) = ρ0 + δρ(x, t)

(1)



v(x, t) = 0 + v(x, t)

Ainsi, la pression moyenne du fluide est P0 , constante dans l’espace et le temps. De


même sa densité moyenne est ρ0 .
L’acoustique modélise donc l’évolution de la vitesse v(x, t), de la surpression p(x, t)
et de la variation de densité δρ(x, t).

1.2 Les 3 équations de l’acoustique


L’acoustique se base sur un système de trois équations :

∂v 1 ∂p
=− (2)
∂t ρ0 ∂x
∂p 1 ∂v
=− (3)
∂t χs ∂x
∂δρ ∂v
= −ρ0 (4)
∂t ∂x

où on a introduit χs = − V1 ∂V
∂P
, la compressibilité isentropique du fluide, dont on reparlera
plus tard.
1.2.1 Dérivation de ces équations
Pour obtenir les équations ((2)-(4)), on va se servir de deux équations classiques de
la mécanique des fluides : l’équation d’Euler (ou simplement le Principe Fondamental
de la Dynamique), et la conservation de la masse. Toutefois, on aura besoin de les
linéariser pour obtenir les équations recherchées, en utilisant le fait que les grandeurs
étudiées sont petites.
La troisième équation qu’on utilisera est celle de la compressibilité d’un fluide, et
provient de la thermodynamique.

1.2.2 Équation d’Euler


L’équation d’Euler de la mécanique des fluides est la suivante :

∂→
−v
−v · →
− → →

ρ + ρ(→ ∇ )−v = − ∇ P + ρ→
−g
∂t

On notera d’abord qu’on néglige l’influence de la gravité. On se placera sur une


seule direction de l’espace, x. L’équation devint alors

∂v
ρ + ρv∂x v = −∂x P
∂t

La prochaine étape est de linéariser l’équation. Pour ça, on se rappelle les décom-
positions données dans l’éq. 1 :

∂v
(ρ0 + δρ) + (ρ0 + δρ)v∂x v = −∂x (P0 + p)
∂t

Soit en notant en vert les grandeurs d’ordre 0 et en rouge les grandeurs d’ordre 1 :

∂v ∂v ∂(P0 + p)
(ρ0 + δρ) + (ρ0 + δρ)v =−
∂t ∂x ∂x

On peut alors séparer l’équation entre l’ordre 0 et ce qui est à l’ordre 1.


(Rappel : ordre 0 x ordre 1 = ordre 1, ordre 1 x ordre 1 = ordre 2)

0 = −∂x P0 (Ordre 0)
∂v ∂p
ρ0 =− (Ordre 1)
∂t ∂x

On retrouve ainsi l’équation (2).


1.2.3 Conservation de la masse
L’équation de conservation de la masse (en une dimension) est :
∂ρ ∂ρv
+ =0
∂t ∂x

En linéarisant comme dans la section précédente, on obtient :


∂δρ ∂v
+ ρ0 =0
∂t ∂x
où on reconnaît l’équation (4).

1.2.4 Compressibilité d’un fluide


La thérmodynamique nous dit que la variation d’un volume V de fluide s’exprime
en fonction de la pression et de l’entropie :
∂V ∂V
dV = dP + dS
∂P ∂S

Dans le cadre de l’acoustique, on s’intéresse à des évolutions isentropiques (à entropie


constante), c’est-à-dire qu’il n’y a pas de pertes d’énergie sous forme de chaleur ni de
frottement. On a donc dS = 0. Ainsi, la variation relative du volume s’écrit :
dV 1 ∂V
= dP (5)
V V ∂P S

On notera que dans le cas d’un gaz parfait, on a PV = NRT, soit :


∂V ∂ nRT nRT V
 
= =− 2 =−
∂P ∂P P P P

Ainsi, on a :
1 ∂V 1
= − dP
V ∂P S P

Au premier ordre, P = P0 qui est constant. On va donc appeler V1 ∂V ∂P S


le coefficient
de compressibilité du gaz, noté χS . Par ailleurs, la petite variation de P, notée dP, est
justement la surpression p(x, t) qui nous intéresse en acoustique, ce qui donne :

dV
= χS p (6)
V

On veut maintenant calculer dV/V. Pour ça, on s’intéresse à la déformation d’un


volume V quand on a un champ de vitesse v(x, t). On peut écrire le déplacement des
particules Ψ(x, t), tel que :
∂Ψ
= v(x, t)
∂t
dx

s V0 V'

ψ(x) ψ(x+dx)

Figure 1 – Représentation d’une variation de volume due à un déplacement ψ.

On définit un volume V0 de section s et largeur dx, déformé en V ′ par le déplacement


Ψ(x, t). On a alors (voir Fig. 1) :

V ′ = V0 + s [Ψ(x + dx, t) − Ψ(x, t)]


∂Ψ
⇒ V ′ = V0 + sdx
∂x
∂Ψ V − V0 dV

⇒ = =
∂x V0 V

Ainsi :
∂Ψ dV
= = χS p
∂x V
1 ∂Ψ
⇒ p(x, t) = −
χS ∂x

On dérive alors cette expression par rapport à dt pour obtenir l’équation (3).

1.3 Équation d’onde


Grâce aux trois équations de l’acoustique, on peut déterminer l’équation différen-
tielle contrôlant l’évolution de la surpression ou de la vitesse. En dérivant l’équation (2)
par rapport à dt, on a :
∂2 v 1 ∂2 p 1 ∂2 v
= − =
∂t2 ρ0 ∂t∂x ρ0 χs ∂x2

On trouve une équation similaire sur p en dérivant l’équation (3) par rapport à dt.
Cela nous donne le système d’équations d’ondes suivant :

∂2 v 1 ∂2 v
− =0 (7)
∂t2 ρ0 χs ∂x2
∂2 p 1 ∂2 p
− =0 (8)
∂t2 ρ0 χs ∂x2
On peut alors définir la célérité de l’onde, qui est la même pour l’onde de surpression
et pour l’onde de vitesse :
1
c= √
ρ0 χs

2 Impédance acoustique
2.1 Définition de l’impédance
On sait (parce qu’on peut le prouver mathématiquement) que les solutions des
équations (7)-(8) sont des ondes périodiques progressives, qu’on peut représenter par des
fonctions de la forme :

v(x, t) = V ei(ωt−kx)
p(x, t) = P ei(ωt−kx)

où V ou P est l’amplitude complexe de l’onde, ω est donnée par la fréquence d’oscil-


lation (a priori toutes les fréquences sont possibles), et k est défini par ω = kc.
On peut utiliser cette formulation sur p et v dans l’équation (2) :

∂v 1 ∂p
=−
∂t ρ0 ∂x
1
⇒ iωv = −1 (−ik)p
ρ0
p ω ρ0
r
⇒ = ρ0 = cρ0 =
v k χs

q
ρ
Cette grandeur Z = χ0s est appelée l’impédance acoustique du milieu. On peut y
voir l’analogie avec l’impédance électronique :
— p, la surpression, est l’origine de la force qui induit le mouvement des particules
du fluide, comme la tension u induit le mouvement des électrons,
— v, la vitesse, est liée au flux de particules, comme l’intensité i est liée au flux
d’électrons.
On a donc p = Zv, avec Z un nombre réel. Cela implique que p et v sont en phase,
c’est-à-dire que les zones de haute pression sont aussi les zones de grande vitesse.

Note pour les ondes régressives : on voit que si l’onde se propage vers les x décrois-
sants, donc si l’argument de l’exponentielle est ωt + kx, alors on aura p = −Zv.

2.2 Coefficient de réflexion


On s’intéresse à ce qu’il se passe quand une onde acoustique passe d’un milieu à un
autre. Pour ce faire, on a besoin de définir la section S selon laquelle l’onde acoustique
se propage.
S1,Z1
S2,Z2
pi
pt
pr

Figure 2 – Définition des deux milieux et des ondes progressives dedans.

2.2.1 Définition des ondes étudiées


À l’interface entre deux milieux, on a donc d’un côté S1 et Z1 , et de l’autre S2
et Z2 (voir Fig. 2). On suppose que l’onde arrive du milieu 1, on note la pression
correspondante pi (pour "incidente") avec la forme :

pi = Pi ei(ωt−k1 x)

où on définit k1 en fonction de la célérité dans le milieu 1, et où on est en ωt − kx parce


que l’onde est progressive vers les x croissants. On a de même vi = pi /Z1 .
L’onde réfléchie dans le milieu 1 par l’interface s’écrit :

pr = Pr ei(ωt+k1 x)

où on aura le même k1 parce qu’on est dans le même milieu, mais avec ωt + kx parce
qu’elle se propage vers les x décroissants. La phase causée par la réflexion est incluse
dans l’amplitude complexe Pr . Ici, vr = −pr /Z1 , où le signe - provient du fait qu’on soit
en +kx au lieu de −kx.
Enfin, l’onde transmise s’écrit :

pt = Pt ei(ωt−k2 x)

où k2 est défini par ω et la célérité dans le milieu 2. La phase causée par la transmission
est incluse dans l’amplitude complexe Pt . Ici, vt = pt /Zt .
Ce qui nous intéresse, c’est de calculer, connaissant l’amplitude Pi de l’onde inci-
dente, les amplitudes Pr et Pt des ondes réfléchies ou transmises.
Généralement, on s’intéresse même plus précisément aux coefficients de réflexion
et de transmission :
Pr
r=
Pi
Pt
t=
Pi
2.2.2 Équations de continuité
On a l’interface entre les deux milieux en x = 0. Les équations qui vont nous
permettre de relier les pressions dans le milieu 1 et dans le milieu 2 sont :
— La continuité de la pression : pi (0, t) + pr (0, t) = pt (0, t)
— La conservation du débit : S1 vi (0, t) + S1 vr (0, t) = S2 vt (0, t)
Cela nous donne le système suivant :

pi (0, t) + pr (0, t) = pt (0, t)


S1 vi (0, t) + S1 vr (0, t) = S2 vt (0, t)

Soit en remplaçant par leurs expressions en x = 0, et en annulant tous les termes en


eiωt : 
Pi + Pr = Pt


Pi Pr Pt
= S2

S1 − S1

Z1 Z1 Z2

On peut alors tout diviser par Pi :



1 + r =t


S1
 Z (1 − r) = ZS2 t


1 2

On peut alors définir α1 = Z1 /S1 et α2 = Z2 /S2 , et on obtient :

α2 − α1
r= (9)
α2 + α1
2α2
t= (10)
α2 + α1

2.3 Énergie acoustique


On peut définir les contributions de v et p à l’énergie de l’onde acoustique, comme
un énergie potentielle et une énergie cinétique :
1
Ep = χs p2
2
1
Ec = ρ0 v2
2

Maintenant qu’on connaît le lien entre p et v pour une onde progressive, p = Zv, on
peut écrire l’énergie potentielle autrement :
1 1 1
Ep = χs p2 = χs Z2 v2 = ρ0 v2 = Ec
2 2 2

On a donc :
Em = Ep + Ec = ρ0 v2 = χs p2
La variation dans le temps de l’énergie acoustique dépend alors de :
∂Em ∂v ∂p
= ρ0 v + χs p
∂t ∂t ∂t

Avec les équations (3)-(2), cela donne :


∂Em ∂p ∂pv
= −v − pFvx = −
∂t ∂x ∂x

On peut donc définir je = pv, le flux d’énergie acoustique.

2.4 Intensité acoustique


L’intensité d’une onde acoustique correspond à l’intégrale du flux sur une période :
1
I = ⟨je ⟩ = ⟨pv⟩T = ⟨p⟩T
Z

Soit, en notant P l’amplitude de p, on a :

||P||
I= (11)
2Z

On utilise par ailleurs souvent la notion d’intensité sonore :


I
 
L = 10 log10
I0
où I est l’intensité de l’onde acoustique définie ci-dessus, et I0 est une intensité de
référence :
I0 = 10−12 W · m2
qui correspond à peu près au seuil de sensibilité de l’oreille humaine.

3 Ondes se propageant dans un tube


3.1 Ondes stationnaires
On s’intéresse maintenant à la propagation des ondes dans un tube de longueur L.
On considère qu’il est de taille finie S, et que le milieu extérieur est de taille infinie.
Si on regarde ce que cela signifie en termes d’impédance, on voit que α2 ≪ α1 , donc
r = 1 et t = 0. Les ondes acoustiques sont donc confinées dans le tube.
Si on exprime l’onde dans le tube, on a donc :
p(x, t) = pi (x, t) + pr (x, t)
⇒ p(x, t) = Pi ei(ωt−k1 x) + Pr ei(ωt+k1 x)
 
⇒ p(x, t) = Pi ei(ωt−k1 x) + ei(ωt+k1 x)
parce que r = 1 implique Pi = Pr . En regardant la partie réelle de cette fonction, on a :
 
p(x, t) = Pi cos(ωt − k1 x − ϕ) + cos(ωt + k1 x + ϕ)
⇒ p(x, t) = Pi cos(ωt) cos(k1 x + ϕ)

où ϕ provient de la phase de Pi et représente le fait qu’il peut y avoir une phase non
nulle en x = 0.
On voit apparaître des ondes stationnaires, où l’évolution en x et l’évolution en t
sont indépendantes. On parlera alors de nœuds de pression aux positions où la pression
est toujours nulle, et de ventres de pression aux positions où la pression est maximale.
Pour les vitesses, on utilise la formulation avec les impédances :

Zv(x, t) = Z (vi (x, t) − vr (x, t))


 
⇒ v(x, t) = Vi ei(ωt−k1 x) − ei(ωt+k1 x)
⇒ v(x, t) = Vi sin(ωt) sin(k1 x + ϕ)

où on a bien le même ϕ que pour la surpression puisque Vi est proportionnel à Pi .


On constate que dans le cas des ondes stationnaires, v et p ne sont plus en phase,
mais en quadrature de phase. Les ventres de pression seront donc des nœuds de vitesse
et inversement.

3.2 Conditions aux limites


Les extrémités d’un tube peuvent soient être ouvertes, soient fermées par une paroi
rigide. Cela va appliquer des conditions aux limites différentes sur l’onde stationnaire
qu’il contient.
À une extrémité ouverte, on a la pression extérieure Pext qui est constante (puisque
l’onde dans le tube ne s’y propage pas). La surpression à l’interface est donc nulle, et
p(t) = 0.
À une extrémité fermée, on a la paroi qui empêche les particules du fluide de se
déplacer. On a donc v(t) = 0.

3.3 Modes acoustiques


On a des ondes stationnaires avec des conditions aux limites, cela va nécessairement
restreindre les formes d’onde pouvant osciller dans le tube, c’est-à-dire quantifier les
modes possibles, donc les fréquences ω possibles.
Ainsi, on a trois cas, selon que chaque extrémité est fermée ou ouverte.
3.3.1 Tube fermé
Si on ferme le tube des deux côtés, on aura alors vitesse nulle en 0 et en L :

v(0, t) = 0, ∀t


v(L, t) = 0, ∀t



sin(ϕ)

 =0
⇒
sin(k1 L + ϕ) = 0


ϕ = 0 + nπ, n ∈ Z


⇒
k1 L + ϕ = 0 + mπ, m ∈ Z

On peut choisir n’importe quel n pour la valeur de ϕ, donc on prend 0, et cela donne
les modes :
π
k1(m) = m , m ∈ Z (12)
L

3.3.2 Tube ouvert


Si on ouvre le tube des deux côtés, on a la surpression nulle en 0 et en L :

p(0, t) = 0, ∀t


p(L, t) = 0, ∀t



cos(ϕ)

 =0
⇒
cos(k1 L + ϕ) = 0


ϕ

 = π2 + nπ, n ∈ Z
⇒
k1 L + ϕ = π2 + mπ, m ∈ Z

Comme précédemment, on prend la valeur la plus simple pour ϕ, donc ϕ = π2 , et


on a alors :
π
k1(m) = m , m ∈ Z (13)
L

On voit que la différence avec le tube fermé, c’est que la pression est nulle aux bords
au lieu d’être maximale. Par contre, les k1 possibles donc les ω des modes pouvant se
propager (on dira aussi "résonner") sont les mêmes.
3.3.3 Tube semi-ouvert (ou tube semi-fermé)
On ferme le tube d’un côté et on l’ouvre de l’autre. De manière arbitraire, on choisit
qu’il sera fermé en 0 (donc vitesse nulle) et ouvert en L (donc surpression nulle) :

v(0, t) = 0, ∀t


p(L, t) = 0, ∀t



sin(ϕ)

 =0
⇒
cos(k1 L + ϕ) = 0


ϕ = nπ, n ∈ Z


⇒
k1 L + ϕ = π2 + mπ, m ∈ Z

On peut donc prendre ϕ = 0, et cela donne :


π
k1(m) = (2m + 1), m ∈ Z (14)
2L

On voit ici que les modes disponibles sont différents. Notamment, pour les autres
tubes, le mode fondamental est k1(1) , et le deuxième est k1(2) = 2k1(1) . Ici, on voit que le
mode fondamental est k1(0) , et le deuxième k1(1) = 3k1(0) .
Cela va changer la composition des ondes acoustiques qui se formeront dans le
tube, et donc sa sonorité.

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