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Analyse fonctionnelle (3MA210 CS B)

Corrigé du partiel du 13 mars 2020


Exercice 1. Soit µ une mesure positive sur X.
1. Voir le cours.
2. Soit 0 < p ≤ r ≤ q ≤ +∞, on peut donc écrire r = pp0 + qq0 où 1 ≤ p0 , q 0 ≤ +∞ et p10 + q10 = 1. En
utilisant l’inégalité de Hölder, on calcule alors
Z Z Z 1/p0 Z 1/q0
r p 1/p0 q 1/q 0 p q 0 q/q 0
|f | dµ = (|f | ) (|f | ) dµ ≤ |f | dµ |f | dµ = kf kp/p
p kf kq < +∞.
X X X X
r
Donc f ∈ L (µ).
3. (a) Pour 0 < p ≤ q ≤ +∞ et a ≥ 0, on a ap ≤ 1 + aq : en effet, si 0 ≤ a ≤ 1, on a ap ≤ 1 et si
a ≥ 1, on a ap ≤ aq . Ainsi, pour f ∈ Lq (µ), on calcule
Z Z
p
|f | dµ = (1 + |f |q )dµ < +∞
X X

car la fonction constante égale à 1 est intégrable comme µ(X) < +∞.
Donc f ∈ Lp (µ).
(b) On suppose 0 < p ≤ q ≤ +∞.
i. En utilisant d’abord la continuité de x ≥ 0 7→ xp , puis la définition de Lp (µ), puis en
remplaçant |f | par |f |q , on calcule,
 1/p  1/p  1/p
Z Z
sup kf kp =  sup kf kpp  =  sup |f |p dµ =  sup f p/q dµ .
     
f ∈Lq (µ) f ∈Lq (µ) f ∈Lq (µ) X R f ≥0 X
kf kq =1 kf kq =1 kf kq =1 X f dµ=1

On a utilisé le fait que f 7→ |f |q est surjective de {f ∈ Lq (µ); kf kq = 1} dans {f ≥


0; kf k1 = 1}. En effet, si g ≥ 0 est telle que kgk1 = 1, alors f = g 1/q est dans Lq (µ) et
vérifie kf kq = 1.
ii. Supposons que µ(X) = 1.
Comme p/q ≤ 1, la fonction x ≥ 0 7→ xp/q est concave (on calculera la dérivée seconde de
cette fonction indéfiniment différentiable sur ]0, +∞[). Donc, pour f ∈ {f ≥ 0; kf k1 = 1},
l’inégalité de Jensen nous dit que
Z Z p/q
p/q
f dµ ≤ f dµ = 1.
X X
R p/q
D’autre part, comme µ(X) = 1, pour f égale à la fonction constante 1, on a X
f dµ =
1. On a donc montré que Z
sup f p/q dµ = 1
R f ≥0 X
X f dµ=1

(c) Si 0 < µ(X) < +∞, on pose µ̃ = µ/µ(X). Donc µ̃(X) = 1 et pour 0 < p ≤ q, Lp (µ) = Lp (µ̃)
et kf kµ,p µ(X)1/p = kf kµ̃,p
sup kf kµ,p = µ(X)1/p−1/q sup kf kµ̃,p
f ∈Lq (µ) f ∈Lq (µ̃)
kf kµ,q =1 kf kµ̃,q =1

1
4. (a) Pour c > 0 et f ∈ Lp (µ), on calcule
Z Z
−p
µ({x ∈ X; |f (x)| ≥ c}) = 1{x∈X; |f (x)|≥c}) dµ ≤c |f |p dµ.
X X

−1/p
Donc, si c > µ− kf kp , on obtient que µ({x ∈ X; |f (x)| ≥ c}) < µ− . Ceci par hypothèse
implique que µ({x ∈ X; |f (x)| ≥ c}) = 0.
−1/p
(b) La définition de k · k∞ (cf cours) nous donne alors immédiatement kf k∞ ≤ µ− kf kp .
p
(c) Soit 0 < p ≤ q ≤ +∞ et f ∈ L (µ). On calcule
Z Z
q
|f | dµ ≤ |f |p kf k∞
q−p
dµ = kf kpp kf kq−p
∞ < +∞.
X X

Donc f ∈ Lq (µ).
1
−1
(d) L’inégalité ci-dessus nous dit que, pour f ∈ Lp (µ) telle que kf kp = 1, on a kf kq ≤ µ−q p .
Par hypothèse sur la mesure µ, pour tout ε > 0, il existe Xε ⊂ X mesurable tel que µ− ≤
µ(Xε ) ≤ µ− + ε. La fonction fε = µ(Xε )−1/ 1Xε est dans Lp (µ) et telle que kfε kp = 1. De plus
1
− p1
kfε kq = µ(Xε )1/q−1/p . En laissant ε → 0+ , on obtient que sup kf kq = µ−q .
f ∈Lp (µ)
kf kp =1

Exercice 2. 1. (a) On considère l’application Ψ : f ∈ P 0 7→ 1[0,1] · f ∈ C([0, 1], C)). Cette fonction
est injective car, si f ∈ P 0 est connue sur [0, 1], elle est connue partout sur R comme f (x +
1) = f (x) pour tout x. D’autre part, une fonction de C([0, 1], C)) s’étend en une fonction
périodique continue si et seulement si elle vérifie f (0) = f (1). Donc Ψ établit une bijection
entre P 0 et les fonctions de C([0, 1], C)) telles que f (0) = f (1). Donc P 0 est identifié à {f ∈
C([0, 1], C)); f (0) = f (1)}. Ainsi k · kC 0 est une norme sur P 0 . D’autre part, comme f ∈
C([0, 1], C)) 7→ f (0) − f (1) ∈ C est une forme linéaire continue (car |f (0) − f (1)| ≤ 2kf kC 0 ),
P 0 est fermé (dans (C([0, 1], C), k · kC 0 )) comme noyau de cette forme. C’est donc un espace
de Banach comme (C([0, 1], C), k · kC 0 ).
Z 1
0
(b) On remarque que P0 =Ker ` où ` est la forme f 7→ f (x)dx qui est continue car |`(f )| =
Z 1 0


f (x)dx ≤ kf kC 0 pour f ∈ C([0, 1], C).
0
Donc, P00 est un sous-espace fermé de P 0 et à ce titre un espace de Banach.
R1 R1 R1
(c) Pour f ∈ P 0 , on peut écrire f (t) = f (t) − 0 f (x)dx + 0 f (x)dx. Or t 7→ f (t) − 0 f (x)dx est
R1
une fonction de P00 et la fonction t 7→ 0 f (x)dx est constante. Donc P 0 = P00 + K. D’autre
R1
part, si f ∈ K ∩ P00 , alors pour tout x ∈ R, f (x) = 0 f (t)dt = 0 i.e. f est identiquement
nulle. Ainsi P 0 = P00 ⊕ K.
2. On considère l’application Ψ : P 0 7→ C(R, C) définie par
Z t Z 1
Ψ(f )(t) = f (y)dy − (1 − y)f (y)dy.
0 0

pour t ∈ R.

2
(a) Montrons que Ψ(f ) est 1-périodique. Pour t ∈ R, on calcule
Z t+1 Z 1 Z t Z t+1
Ψ(f )(t + 1) − Ψ(f )(t) = f (y)dy = f (y)dy − f (y)dy + f (y)dy
t 0 0 1
Z 1 Z t Z t
= f (y)dy − f (y)dy + f (y + 1)dy
0 0 0
Z 1 Z t
= f (y)dy + [f (y + 1) − f (y)]dy = 0
0 0

car f ∈ P00 . Par Fubini, comme toute nos fonctions sont bornées et intégrées sur des compacts,
nous calculons
Z 1 Z 1 Z t Z 1 
Ψ(f )(t)dt = f (y)dy − (1 − y)f (y)dy dt
0 0 0 0
Z Z 1
(1) = 10≤y≤t f (y)dtdy − (1 − y)f (y)dy
[0,1]×[0,1] 0
Z Z  Z 1
= 1y≤t≤1 dt f (y)dy − (1 − y)f (y)dy = 0
[0,1] [0,1] 0

Donc Ψ envoie P00 dans lui-même et elle est continue sur P00 car
Z t Z 1

kΨ(f )kC 0 = sup f (y)dy − (1 − y)f (y)dy ≤ 2kf kC 0 .
x∈[0,1] 0 0

(b) Comme Ψ est linéaire, k · kΨ est sous-additive et homogène de degré 1. Comme k · kC 0 est
définie, k · kΨ l’est aussi.
En vertu de la question précédente, on a k · kC 0 ≤ k · kΨ ≤ 3k · kC 0 . Les deux normes sont donc
équivalentes.
Rt
(c) Pour f continue, la fonction t 7→ 0 f (y)dy est C 1 sur R. Donc, Ψ(P00 ) ⊂ C 1 (R, C) et on a déjà
vu que Ψ(P00 ) ⊂ P00 . Ainsi Ψ(P00 ) ⊂ P01 . R1
D’autre part, si f ∈ P01 alors f 0 ∈ P00 : en effet, f 0 est clairement périodique et 0 f 0 (t)dt =
f (1) − f (0) = 0. De plus, d’après (1), on a
Z 1 Z 1 Z t  Z 1
0 0
(1 − y)f (y)dy = f (y)dy dt = (f (t) − f (0))dt = −f (0).
0 0 0 0

Donc, Ψ(f 0 )(t) = f (t) − f (0) + f (0) = f (t).


(d) Dans la question précédente, on a montré que Ψ est surjective de P00 sur P01 . L’injectivité est
claire puisque si Ψ(f ) = Ψ(g), en dérivant on obtiens f = g. Donc, Ψ est une bijection linéaire
de P00 sur P01 . En vertu du calcul de la fin de la question précédente, elle vérifie, pour tout
f ∈ P00 , kψ(f )kC 1 = kf kΨ .
(e) k · kC 1 est une norme sur P01 puisque Ψ est une bijection linéaire, que kψ(f )kC 1 = kf kΨ pour
tout f ∈ P00 et que et k · kΨ est une norme sur P00 . Comme, de plus, (P00 , k · kΨ ) est un espace
de Banach (car k · kΨ est équivalente à k · kC 0 ) et que (P00 , k · kC 0 ) est un espace de Banach),
(P01 , k · kC 1 ) est un espace de Banach.

3
(f) La question 1.c nous dit que P 0 = P00 ⊕ K ; d’autre part, P 1 = C 1 (R, C) ∩ P 0 et P01 =
C 1 (R, C) ∩ P00 . Donc P 1 = P01 ⊕ K. On peut donc identifier P 1 à P01 × K par l’application
Φ : (f, c) ∈ P01 × K 7→ f + c ; l’application Φ est linéaire et l’égalité P 1 = P01 ⊕ K nous dit
qu’elle est bijective.
On voit alors k · kC 1 définit une norme sur P 1 qui est juste la norme kΦ(·)k1 où k · k1 est
la norme sur P01 × K définie par k(f, c)k1 = kf kC 1 + |c| (on identifie la fonction constante c
à la valeur constante qu’elle prend). Le produit de deux espaces de Banach étant un espace
de Banach (pour la norme naturelle), on obtient que (P 1 , k · kC 1 ) est également un espace de
Banach.

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