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Travaux du 1er groupe de travail de la Loge de Rencontre « Lumières de


Méditerranée » pour sa première Tenue Régulière du samedi 23 janvier à
Barcelone.

Planche synthèse
Richard Onses
Responsable du premier groupe de travail
Espagne, Italie, Malte, Maroc, France

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Le sous-groupe de travail de la G.L. P. Massilia a conduit sa réflexion en partant de
la démarche personnelle, en général, vers une progression spirituelle, pour se focaliser
ensuite progressivement sur une démarche personnelle de type initiatique, puis sur une
démarche initiatique Maçonnique régulière. Il faut, en effet, garder à l’esprit que le but
de ces premiers travaux est de contribuer à démontrer que la Franc Maçonnerie peut être
une des voies les plus efficaces pour contribuer à bâtir, individuellement puis
collectivement, le « pilier humain, spirituel, éthique et multiculturel » indispensable à
un développement véritablement durable des pays méditerranéens.

1) Pourquoi l’Homme se lance-t-il dans une démarche personnelle de progrès


spirituel ?

- Depuis que l’Homme est Homme, il est en questionnement métaphysique, en quête


de la part de divin qu’il a perdu, en marche pour éliminer de sa conscience ses
préoccupations matérielles et vitales, voire intellectuelles afin de s’unir à son Ame
et d’établir un dialogue entre l’Ame et Dieu ; il veut ainsi fuir l’univers matériel qui
ne serait qu’illusion pour retrouver sa place dans le monde du Verbe et de la Pensée
qui constitue la Réalité. Ses motivations peuvent être la curiosité, la quête d’un sens
métaphysique à l’existence, la recherche d'un épanouissement spirituel, voire dans le
cadre d’un vécu religieux notamment pour progresser toujours et encore dans la
relation avec Dieu.

2) Vers quoi l’Homme espère-t-il ainsi spirituellement progresser ?

- Le but est d´atteindre l’Equilibre entre le Moi conscient et le Moi spirituel ,


préalable indispensable à l’Equilibre entre le Moi et/ou le Soi avec l’Autre, defini
dans la planche Maroc, vers la Beauté de l’Ame .

- La raison profonde de cette démarche correspond, en fait, à une décision


courageuse, d’entrer dans un difficile « combat » contre soi même dont dans le but
est de se dépasser, d’aller au delà de la matérialité et de la culture pour retrouver en
soi l’Homme Primordial, celui qui avait la Parole, le Verbe, la part de Divin.

- Ce combat pas uniquement mené à des fins personnelles mais pour mieux servir
l’humanité au prix du sacrifice. C´est l’esprit chevaleresque dans l’initiation
maçonnique, défini aussi dans la planche Espagne.

3) Quand l’Homme se lance-t-il dans cette quête spirituelle  ?

- Cette prise de conscience est souvent suffisante mais elle nécessite un catalyseur
externe, une impulsion (le Parrain en Franc Maçonnerie, une lecture décisive, voire
un véritable « Euréka spirituel », personnel ou révélé, résultant de la libération
soudaine d’une pulsion immanente ou d’une réminiscence de l’Âme qui se souvient.
Passé la levée d’inhibition, la démarche solitaire devient solidaire mais nécessite

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l’humilité. C’est aussi la capacité d’accepter l’autre et sa différence pour se
construire, puis s’élever avec lui, par lui et pour lui.

4) Comment progresser plus rapidement vers le type d’épanouissement spirituel


individuel ?

- La démarche initiatique Maçonnique régulière présente les atouts de toute démarche


initiatique, notamment par la voie ésotérique et/ou herméneutique et par
l’acceptation et la complémentarité, voire l’exigence des autres voies de progrès
spirituel : religieuse, artistique et créative, méditatives et intuitives ou imaginatives,
intellectuelles, scientifiques, logiques (croyance raisonnée). Elle permet d’accéder à
d’autres domaines de connaissance normalement inaccessibles aux profanes
(Secrets et Mystères). Elle s’appuie sur l’imagination et l’émotion partagées,
exacerbées par les pratiques du rituel, procédant par paliers incluant notamment une
succession de morts initiatiques ainsi que de constructions et déconstructions du
Temple intérieur. Il s’agit tout au long du parcours, de lever ce frein qui empêchait
la conscience d’émerger et la pulsion naturelle de se libérer. Par l’acceptation
scrupuleuse d’une Règle elle permet la progression vers le Bien, le Beau, le Juste , le
Vrai, c’est à dire en fin de compte vers le Divin, car la FM régulière accepte les
croyances dogmatiques fondatrices essentielles de toutes les grands Religions
monothéistes.

La démarche initiatique maçonnique est clairement structurée en étapes,


logiquement ordonnées : déconditionnement culturel, véritable lâché prise;
meilleure connaissance du Moi présent et accès à Dieu par une connaissance
approfondie de soi (Gnose) libérant le chemin vers le Moi spirituel; restructuration
du Moi pour se mettre en condition de recherche de l’Etre, pour retrouver le
Principe, appelé parfois reintégration comme dans la planche Espagne. Cette
démarche a besoin d´être Fraternelle, c’est-à-dire ouverte à des Hommes « de bonne
volonté », tous en quête spirituelle, s’engageant de plus à se respecter et à
s’entraider.

Pré- Conclusion de Massilia

La démarche personnelle initiatique Maçonnique régulière en est une voie alliant


l’efficacité à une plus grande universalité en parfaite compatibilité avec les Religions
monothéistes, très présentes en Méditerranée). Après la phase pré-initiatique conduisant
à la décision de l’initiation, vient la phase post-initiatique, qui bien que toujours
personnelle n’en reste pas moins, par essence, partagée. En effet, comment bâtir le pilier
« humain, spirituel, éthique et partagé » d’un nouveau développement véritablement
durable du bassin Méditerranéen et vouloir progresser avec l’autre et surtout pour
l’autre sans désirer sincèrement progresser soi-même ? Mais le progrès individuel,
égoïste, ou égocentré, ne peut, en effet, aboutir qu’à une hypertrophie du Moi. Quand
on veut faire grandir les autres il faut d’abord grandir soi même et quand on veut
progresser avec les autres il faut d’abord les aimer.

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Pour la GLP de Provence, la « CONNAISSANCE DE SOI ET ACCES A LA
TRANSCENDANCE » qui définit LA DÉMARCHE PERSONNELLE a ses racines
dans par exemple Platon " Il ne mène pas la vie d'un homme celui qui ne s'interroge
pas sur lui même."

Tout être a un besoin de compréhension et d'ouverture, le désir de dépasser les limites


d'une vie précaire et superficielle, trop souvent douloureuse.
Confronté à l'apparente absurdité de la vie et prenant conscience de sa propre finitude
l'homme veut connaître un bonheur, une illumination intérieure, un « salut ». À partir de
ce manque va naître le sentiment d'une nécessité impérative : la quête d’une sagesse.
Vient ensuite un moment où après une maturation la certitude s'impose: "Voilà, c'est là
que je m'engage". À cet égard le mystique musulman RÜMI parle d'une nécessaire
libération: "Vous êtes du ciel! Libérez-vous de vos cages",(volonté) et d'une
renaissance possible: "Mourrez et naissez une seconde fois en amour".

On n'entre pas dans la vérité sans être passé à travers son propre anéantissement, il faut
libérer de toute passion la pensée, la parole, l'attachement, l'égocentrisme, pour atteindre
une conscience supra individuelle, non seulement au travers de l´acquisition de
connaissances mais surtout par la perte de ce qui nous divise, par la destruction de nos
illusions.

Mais "l'ego” (ou le mental) ne va pas disparaître aussi facilement, il a comme loi de se
perpétuer. Le risque, c'est d'essayer de prendre, de recevoir, de s'enrichir, sans jamais
être mis en cause. Alors le « Maître » vient, car il en est toujours ainsi pour ceux qui
demandent, pour ceux qui cherchent, pour ceux qui frappent à la porte, et une relation
réelle commence à s'instaurer, nos illusions sur notre propre compte sont ébranlées.
Parcours solitaire bien évidemment. De nombreux mythes évocateurs de la
pérégrination vers le "Centre" décrivent la solitude du héros.

Mais dans le lâcher prise, dans la non-dualité, nous pouvons être Immergés dans le
sentiment de plénitude, l'opposé du désarroi, de l'abandon. À ce moment c'est une
conversion qui s'accomplit à l'intérieur de nous. C'est de l'intérieur que nous nous
sentons reliés au monde entier, même si le monde entier paraît nous rejeter, vers le
retournement intérieur définitif, si justement évoqué par des expressions comme "éveil"
ou "mort du vieil homme".

La vérité de "l'Etre" n'est jamais éloignée de nous, en "Lui" nous avons le mouvement et
la vie. Mais nous n'en sommes pas conscients parce que des revêtements nous en
séparent sous la forme du mental, des peurs et des faux désirs, de tout ce qui nous
maintient dans l'illusion et le sommeil, tels les personnages du Quichotte dans la
planche Espagnole. La voie de "l'Etre", la quête, consiste à se dépouiller, à déposer nos
vieilles peaux, et à les piétiner pour atteindre la "Vérité".

Pourtant vient toujours l'instant où l'on se rend compte avec humilité et lucidité que ce
changement n'a pas atteint nos profondeurs ultimes, le doute sur la qualité de la "Voie"
que le « Maître » a bien voulu nous faire entrevoir, sur sa capacité à nous mener vers ce
"Centre" à la fois désiré et refoulé. Face au « Maître », et malgré les épreuves
initiatiques subies, il n'y a pas deux, il n'y a qu'un: le disciple. Le « Maître » n'est pas
autre que le disciple. Il est le disciple qui a reconnu le chemin et l’emprunte sans cesse.

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Et il appartient au disciple de dépasser la dualité, cette séparation "moi et le Maître"
pour être de plus en plus ouvert à lui, un avec lui dans une totale immersion.Dans un
premier temps, c'est le « Maître » qui vient nous rejoindre là où nous sommes, dans un
deuxième pas nous allons peu à peu rejoindre le « Maître » là où il est.

Le niveau le plus profond n'est pas de vivre à travers le « Maître », mais que le Maître»
vive dans le disciple pour se dire: "Je vis, mais ce n'est plus l'ego et le mental qui vivent
en moi, c'est enfin ma réalité la plus profonde".

Pour cela, un travail de destruction et de transformation doit s'opérer où, par sa propre
négation, l'être de la réalité humaine doit se mettre en question dans son "Etre".L'être va
à la fois se perdre et se reconnaître, l´homme devient responsable du sens qu'il donne à
sa vie et le disciple à sa quête. Ce chemin d'avenir c'est la réalisation de l'être que je ne
suis pas, que je projette pour combler le manque que je suis. Mais la quête n'est jamais
terminée. Quant le futur se réalise, il devient présent et insaisissable comme tel, puisque
de nouveau tendu vers un futur toujours projeté, toujours en chantier. "l'Etre" est
toujours ailleurs, sa structure est "diasporique" à la fois unité et dispersion. Pour y
parvenir un seul moyen le détachement ou autrement dit le "lâcher prise". Par le
détachement, nous sortons de notre marée d'empreintes, nous cessons de nous identifier
à ce paquet de mémoire qui nous constitue comme individu. Nous découvrons enfin
"l'Etre" essentiel, non attaché à la matrice spatio-temporelle dans laquelle nous avons
toujours vécu. Tel est le sens de cette "deuxième naissance" qui suit "la mort du vieil
homme".

Le disciple qui a compris cela purifie sa mémoire, rompt avec ses habitudes
sclérosantes. Il se tient alors dans un étant de liberté et de vacuité, il devient vide. Alors
l'éternité remplace le temps et l'espace, la "Vérité" qu’il saisit en lui l'embrasse et
l'embrase, et suivant les termes empruntés à St Jean et à St Paul " l’homme charnel" est
devenu "homme spirituel". La lumière des hommes renaît en lui, l'éclaire et se
renouvelle à chaque instant pour vivre l’amour et la beauté. Se tenant dans le droit-fil de
l'origine, il va à l'essentiel, c'est-à-dire que dans la construction de son temple intérieur,
il devient "Un" avec la vie.

Alors "l'homme spirituel" voit Dieu dans chaque chose et dans chaque corps, après qu'il
l'a vu en lui même: " Le dieu dont je parle tu le portes en toi-même."(Epictète.50-130).
Ainsi au bout de sa quête vers la Lumière « l'homme spirituel" comprend finalement
qu'il existe un seul esprit derrière toute la création. Accédant ainsi à la révélation de
notre identité existentielle avec l'Etre, nous accédons à la liberté métaphysique, celle qui
nous transcende hors du monde contingent et nous offre la paix et la sérénité, en nous et
entre les autres dans la l’égalité et la fraternité.

" ...Descends en toi-même, entre dans la chambre secrète de ton coeur. Si tu es loin de
toi-même comment peux-tu être près de Dieu?"(St. Augustin). En s'orientant totalement
vers Dieu, « l'homme spirituel » devient un lieu de métamorphose. C’est le retour de
l'âme à elle-même dans une conformité à son Créateur., encore là la reintégration.

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Oui, parcours individuel certes, mais jamais personnel, car à la fois hors du monde et
dans le monde, « l'homme spirituel », demeure plus que jamais, attentif et disponible,
auprès de ses frères en humanité, avec dans le coeur l'unité indissociable d'un amour de
Dieu sans partage et d'un amour du prochain sans limites.

Pour le Grande oriente d´Italia, “ Le parcours initiatique comme premier pas vers une
conscience commune”, repose sur la question :

Quels objectifs devrait aujourd’hui se fixer la Franc-Maçonnerie, et surtout nous, frères


issus de différents Grands Orients du pourtour méditerranéen, quand les idéaux de
démocratie, tolérance, laicité de laquelle notre Institution a fait un cheval de bataille,
font désormais partie du patrimoine commun, tout du moins du monde occidental? En
d’autres termes : “ Que nous reste-t-il à faire? “ Avons-nous encore quelque-chose à
enseigner? Comment pouvons-nous aujourd’hui construire nos cathédrales? Nous
pouvons nous consacrer à créer, dans la sérénité de nos temples, les germes d’un monde
meilleur et espérer qu’ils portent leurs fruits.

Tout comme le jeune maçon opératif s’attachait à travailler un bloc de marbre jusqu’à
en faire une colonne d’apprenti, dans l’espoir de satisfaire son Maître d’Oeuvre, de la
même façon, tout au long d’un parcours intérieur qui nous mène à la conscience, nous
devons nous construire comme hommes neufs et meilleurs, prêts à travailler pour le bien
et le progrès de l’humanité.

L’attente dans la “Salle des pas perdus” avant d’entrer dans le Temple est un acte
préparatoire à une transmutation de type psychique. L’accès au Temple, non seulement
participe à sa nature collective, mais aussi est propre à amener un changement intérieur,
car le Temple lui-même est investi de cette intentionalité sacrée que le sujet rapporte à
soi, et qui est fondée sur l’intention de modifier sa propre condition psychique à travers
la participation à sa substance sacrée et à celle des rites qui s’y déroulent. A cette fin, les
Travaux Maçonniques effectués dans le Temple impliquent un état de conscience
particulier de la part de tous les frères : un état intérieur auquel se réfère notre rituel
lorsqu’est souligné le nécessaire abandon des métaux à l’entrée du Temple, comme
signification du détachement par rapport au monde profane, le lâcher prise dont nous
parlions auparavant dans la planche de Provence.

Nous devons garder à l’esprit que notre Temple n’est pas un lieu de culte, ni de prière,
mais un lieu temporairement sacré dans lequel se déroulent des rites. C’est un lieu entre
deux mondes: terrestre et céleste. Un lieu de rencontre et de méditation. Un lieu clos qui
se distingue physiquement du monde non sacré, et dans le même temps, clos car il
renferme en soi le sacré. Dans cette optique, le Temple devient un lieu de rencontre
privilégié, car en lui est présente la manifestation du sacré, mais c’est surtout un lieu qui
nous permet d’entrer en son sein afin d’instaurer avec lui un rapport direct.

Les anciens frères tailleurs de pierre vivaient quotidiennement ce rapport direct avec le
sacré, et en glorifiaient l’essence à travers leur art maçonnique, à définir ainsi l’être un
vrai Maçon
-Quel art professez-vous?

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-La Maçonnerie
-Quels édifices construisez-vous?
-Temples et tabernacles.
-Où les construisez-vous?
-Par manque de terrain, nous les construisons dans nos coeurs...
\
Dans ces mots extraits d’un antique catéchisme, réside l’esprit des véritables initiés.

Aujourd’hui, dans cette époque dégradée par l’absence totale de valeurs fortes et
durables, notre travail devrait signifier l’incessante volonté de construire toujours
quelque-chose pour le bien et le progrès de l’humanité. Mais ceci implique de posséder
cette intelligence et cette humilité nécessaires pour retirer gants et bijoux, et creuser à
mains nues le terrain de notre être, et y poser les fondations de notre évolution
spirituelle et humaine. Nous ne sommes ni des ascètes ni des moines, mais pas non plus
des trafiquants ou des politiciens; nous sommes des INITIES, et comme tel des hommes
à la recherche de la Vérité. Nous sommes des chevaliers de l’esprit, des Quichotes
direait Cervantés dans la planche d´Espagne, mais nous descendons de ces pauvres
chevaliers qui indiquaient la voie aux pélerins et qui, à genoux et à mains nues,
creusaient les profondeurs du Temple de Salomon à la recherche de l’Arche d’Alliance.

Il faudrait, autant que possible, chercher à suivre de nouveau l’exemple de ces Maîtres
passés, capables dans leur sagesse et humilité de se salir d’esprit et de terre. Un sage
égyptien disait : “ Ne te vante pas de ton savoir, mais consulte un illétré comme tu
consulterais un savant” . Serais ce ici encore le Maìtre qui va vers le disciple, comme
nous dit la Provence?

Le parcours intérieur que nous devons effectuer en communion avec les frères, au sein
de nos Temples, doit nous porter à la conscience, qui n’est pas la connaissance ou la
culture. Si nous voulons pouvoir graver le monde dans l’espérance de transmettre des
principes nouveaux et approcher les personnes de credo politique et religieux différent,
nous devons, grâce à la culture, mais plus encore grâce à une prédisposition d’âme
neuve liée à la prise de conscience de soi, agir unis en ayant des objectifs précis et
communs.

Seulement ainsi nous pourrons créer cette force formidable capable de détruire les
préjudices, abattre les tabous, défaire une fois pour toutes les DIFFERENCES, qui
n’implique pas la créations d’EGAUX, mais la participation paritaire des
DIFFERENTS.

La Grande Loge d´Espagne aborde le thème « Se changer soi même pour changer la
société et le monde » dans son premier sous-thème, La démarche personnelle, en
rappelant que la pratique continue de la franc-maçonnerie qui permet d´avancer très
lentement vers la perfection, de limer sans hâte les aspérités de la pierre brute, donne un
sens à la vie de ceux qui s´engagent sur le chemin de l´initiation.
 
Toutefois, de la même manière que faire du yoga ne contribue ni à la solution du
problème du réchauffement climatique ni à celui de la faim, se changer soi même sans
aucune démarche de participation active dans la société ne changera pas le monde. Il est

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bien entendu qu´il s´agit de participation à titre individuel et non de l´ordre comme tel.
Les valeurs maçonniques, entre autres, si elles pénètrent le tissu social, peuvent changer
le monde. Les avancées dans la laïcité et l´éducation pour tous en sont des
exemples.Tous les peuples méditerranéens participent de cette progression, individuelle
ou collective, en ayant été plus ou moins longtemps en relation au cours des différentes
périodes historiques.

L´Espagne abonde en exemples de coexistence pacifique des trois religions (sous


Alphonse X, sous l´émirat de Grenade (dont le grand visir était juif), dans les
commanderies templières), mais aussi de passages sanglants d´intolérance et d
´expulsions, menés à leur extrême par la création des tribunaux de l´inquisition. Les
approches des trois principaux rites ne sont pas forcement toutes adaptées aux cultures
méditerranéennes ni aux trois religions. L´auto-questionnement dont le but est d’établir
un dialogue entre l’Âme et Dieu variera selon la religion, le niveau culturel, et le degré
d´emprise de la religion sur la société. La Franc Maçonnerie Régulière n´est-elle pas,
sur le plan de la recherche Personnelle, un processus d'introspection et de quête de l'être
permettant a travers une meilleure connaissance de soi l’accès a la spiritualité.
 
S'il est bien un personnage dans la littérature espagnole qui symbolise cette quête, c'est
Don Quichotte. Il s´agit cependant d´un ouvrage à vocation universelle, et non
seulement adapté à une région ou une culture méditerranéenne, qui n´est autre qu´un
parcours initiatique. Quichotte en hébreu est transcrit en Queshot, ce qui signifie celui
qui a le droit, celui qui est dans le droit chemin, celui qui est en possession de la vérité.
Cervantès était un auteur qui connaissait la cabale, la thorah, le Zohar.  Don Quijote de
la mancha n' est pas en fait l' habitant de la mancha, cette région du centre de l' Espagne,
mais la mancha au sens de la tache. La tache étant le péché originel au sens biblique. Le
monde est taché suite au péché originel, la quête de celui qui cherche le vrai sens de la
vie, qui est en droit de chercher, est celle de Don Quichotte. 
 
A la mort du dernier prophète l'humanité perd son âge d'or, les portes du ciel se ferment,
le monde est enchanté par le malin. C est dans cet état que se trouve Don Quichotte. Ne
vois tu pas, dit-il à son fidèle Sancho, que toutes les choses paraissent a l' envers. Le
lecteur pense que Don Quichotte est fou alors que lui nous voit tels que le monde est
réellement, tel qu’il était dans sa perfection avant la chute.  Ne voit il pas dans le corps
d'une Dulcinée qui nous parait laide la beauté de son âme. La chute originelle a introduit
une faille ou brèche, par laquelle le mal a fait irruption dans le monde. Le mal a déréglé
la nature. C'est la méfiance et la jalousie de l'homme qui ont causé ce trouble. Il nous
faut donc chercher au fond de nous même ce corps immortel, non pas celui que nous
croyons, déguisés que nous sommes tels les compagnons d'Ulysse transformés en
vulgaires cochons, dans notre animalité. Catiaux dit les trop simples prennent du doré
pour de l'or et les trop intelligents rejettent l' or car il est doré. Les choses sont cachées
aux yeux du monde depuis la chute de l' homme. Adam qui se souvient de l'Eden nous a
donné l' initiation comme recours pour réparer les effets de cette chute, nous dit
Douénias dans le sillage de Martines de Pascually ou Willermoz. L' homme a une âme
immortelle, une empreinte unique et personnelle du créateur qui l' a créé à son image.
Cette empreinte en négatif est indestructible.
  
La science des chevaliers veut désensorceler, restaurer, rendre au monde sa pureté
originelle. La quête c'est en maçonnerie le cherchant, puis le souffrant, ce sont les
quêteurs de l'initiation. La tradition juive enseigne que le nom de Dieu IHWH a une

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valeur numérique de 26. Avec la chute il s' est séparé en deux moitiés de 13, l’une sur
terre l' autre au ciel. C est le nombre de l’ homme incomplet, isolé, devenu fou, la carte
du tarot, le MAT, ici le Don Quichotte, le chevalier à la triste figure. Tel Isis séparé d'
Osiris, notre héros cherche sa dulcinée, il cherche en sa dame la beauté qui lui manque,
qui unit à sa force fusionnera en sagesse. Dulcinée dissout Quichotte qui la coagule.
Don quichotte ne dit il pas “réduis en ma clarté le chaos de ma confusion', ordo ab
chaos. La dissolution n' est autre que le combat avec les moulins a vent, la lutte contre le
hasard qui caractérise les âmes errantes de notre monde enchanté par le malin. Le Zohar
dit va vers toi, cherche toi, trouve toi.
 
L'homme détruit c' est le temple de Jérusalem, et cette reconstruction c' est la
recomposition du rapport de l’ homme a Dieu quelle que soit sa religion. Après la chute
vient la reconciliation, la réintégration. Ainsi Queshot n' est autre que le droit chemin,
que prend celui qui est en droit de chercher la vérité, Jérusalem est son étoile, et pour
notre héros c' est Barcelone derrière ses murailles. C'est dans ce voyage que celui qui va
devenir l' archétype espagnol va mélanger ses racines philosophiques soit romaines
(Tarraco), soit grecques (Ampurias) soit phéniciennes (Alicante), sans compter les
influences Sépharades de Cordoue et arabes de Grenade,  un vase méditerranéen ou
s’exécute une symbiose sublime. La méditerranée est creuset, est utérus. Sancho mon
ami tu dois savoir que par la volonté du ciel, je suis né de l’âge de fer pour ressusciter
dans l âge d' or. Dans ce creuset  naitra l' or fin de la sagesse.
 
En toute logique, la légende d´Hiram (apparue dans les rituels maçonniques anglais
autour de 1730) est basée sur des archétypes des religions juive, chrétienne et
musulmane : la rébellion de Lucifer dans la Génèse, celle d´Iblis dans le Coran ou celle
de l´archange Samael dans le Zohar. Dans « Le chercheur de vérité » le maître soufi
Idries Shah explique : « Quelle est l´erreur fondamentale de l´homme ? Penser qu´il est
vivant alors qu´il est dans la salle d´attente de la vie ».

L´essence pure de l´Être se trouve dans la connaissance de soi, après notre


déconstruction par rapport à nos acquis culturels et sociaux, dont parlait la planche de
Provence, après l´élimination de nos défauts vient le perfectionnement de nos vertus,
quoique dans "La Trés Sainte Trinosophie”, le comte de Saint Germain nous montre que
toutes les vertus tendent à la perfection, mais elles ne sont pas parfaites par elles mêmes,
car c´est de leur juste mélange que doit sortir l´oeuvre divine. Probablement, à la fin de
notre transformation alchimique (car nous n´y sommes pas encore...), une fois unis à
nous mêmes, illuminés, nous pourrons avoir conscience de notre mission sur terre et
nous y employer.

 
 Conclusion :

Depuis que l’Homme est Homme, il est en questionnement métaphysique, en quête de


la part de divin qu’il a perdu, en marche pour éliminer de sa conscience ses
préoccupations matérielles et vitales, voire intellectuelles afin de s’unir à son Ame et
d’établir un dialogue entre l’Ame et Dieu. La raison profonde de cette démarche
correspond, en fait, à une décision courageuse, d’entrer dans un difficile « combat »
contre soi même dont dans le but est de se dépasser, d’aller au delà de la matérialité et
de la culture pour retrouver en soi l’Homme Primordial, celui qui avait la Parole, le
Verbe, la part de Divin.

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Vient ensuite un moment où après une maturation la certitude s'impose: "Voilà, c'est là
que je m'engage". À cet égard le mystique musulman RÜMI parle d'une nécessaire
libération: "Vous êtes du ciel! Libérez-vous de vos cages",(volonté) et d'une
renaissance possible: "Mourrez et naissez une seconde fois en amour".On n'entre pas
dans la vérité sans être passé à travers son propre anéantissement, il faut libérer de toute
passion la pensée, la parole, l'attachement, l'égocentrisme, pour atteindre une conscience
supra individuelle, non seulement au travers de l´acquisition de connaissances mais
surtout par la perte de ce qui nous divise, par la destruction de nos illusions. La voie de
"l'Etre", la quête, consiste à se dépouiller, à déposer nos vieilles peaux, et à les piétiner
pour atteindre la "Vérité".

l’ homme incomplet, isolé, devenu fou, le Don Quichotte, le chevalier à la triste figure.
cherche sa dulcinée, il cherche en sa dame la beauté qui lui manque, qui unit à sa force
fusionnera en sagesse. Quichotte en hébreu est transcrit en Queshot, ce qui signifie celui
qui a le droit, celui qui est dans le droit chemin, celui qui est en possession de la vérité.
Cervantès était un auteur qui connaissait la cabale, la thorah, le Zohar.  Don Quijote de
la mancha n' est pas en fait l' habitant de la mancha, cette région du centre de l' Espagne,
mais la mancha au sens de la tache. La tache étant le péché originel au sens biblique. La
chute originelle a introduit une faille ou brèche, par laquelle le mal a fait irruption dans
le monde. Le mal a déréglé la nature. C'est la méfiance et la jalousie de l'homme qui ont
causé ce trouble. Il nous faut donc chercher au fond de nous même ce corps immortel.
Par la deconstruction, nous atteignons la reintégration.

Alors l'éternité remplace le temps et l'espace, la "Vérité" qu’il saisit en lui l'embrasse et
l'embrase, et suivant les termes empruntés à St Jean et à St Paul " l’homme charnel" est
devenu "homme spirituel". Alors "l'homme spirituel" voit Dieu dans chaque chose et
dans chaque corps, après qu'il l'a vu en lui même: " Le dieu dont je parle tu le portes en
toi-même."(Epictète.50-130).

En effet, comment bâtir le pilier « humain, spirituel, éthique et partagé » d’un nouveau
développement véritablement durable du bassin Méditerranéen et vouloir progresser
avec l’autre et surtout pour l’autre sans désirer sincèrement progresser soi-même ?
Mais le progrès individuel, égoïste, ou égocentré, ne peut, en effet, aboutir qu’à une
hypertrophie du Moi. Quand on veut faire grandir les autres il faut d’abord grandir soi
même et quand on veut progresser avec les autres il faut d’abord les aimer.

Aujourd’hui, dans cette époque dégradée par l’absence totale de valeurs fortes et
durables, notre travail devrait signifier l’incessante volonté de construire toujours
quelque-chose pour le bien et le progrès de l’humanité. Mais ceci implique de posséder
cette intelligence et cette humilité nécessaires pour retirer gants et bijoux, et creuser à
mains nues le terrain de notre être, et y poser les fondations de notre évolution
spirituelle et humaine. Nous ne sommes ni des ascètes ni des moines, mais pas non plus
des trafiquants ou des politiciens; nous sommes des INITIES, et comme tel des hommes
à la recherche de la Vérité. Nous sommes des chevaliers de l’esprit, des Quichotes
direait Cervantés dans la planche d´Espagne, mais nous descendons de ces pauvres
chevaliers qui indiquaient la voie aux pélerins et qui, à genoux et à mains nues,
creusaient les profondeurs du Temple de Salomon à la recherche de l’Arche d’Alliance.
Toutefois, de la même manière que faire du yoga ne contribue ni à la solution du
problème du réchauffement climatique ni à celui de la faim, se changer soi même sans

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aucune démarche de participation active dans la société ne changera pas le monde. Il est
bien entendu qu´il s´agit de participation à titre individuel et non de l´ordre comme tel.

Pour le Comité de Lecture : RF Jacques di Costanzo (Précepteur Principal)


TVF Philippe Zanin (Précepteur adjoint)
RF Jean-Louis Geiger (Grand Inspecteur Provincial)

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Annexe 1
Contribution de la Grande Loge Provinciale Massilia
de la GLNF

A LA GLOIRE DU GRAND ARCHITECTE DE L’UNIVERS


______________________________________________________________________

Contribution de la Grande Loge Provinciale Massilia de la G.L.N.F. aux travaux


du 1er groupe de travail de la Loge de Rencontre « Lumières de Méditerranée »
pour sa première Tenue Régulière du samedi 23 janvier à Barcelone.
______________________________________________________________________

Thème général des travaux 2009 de « Lumières de méditerranée » :


« Se changer soi-même pour changer la société et le monde »
Sous-thème pour la première Tenue :
« La démarche personnelle ».

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Introduction : méthode d’analyse adoptée par le sous-groupe G.L.P Massilia

Le sous-groupe de travail de la G.L. P. Massilia a conduit sa réflexion en partant de la


démarche personnelle, en général, vers une progression spirituelle, pour se focaliser
ensuite progressivement sur une démarche personnelle de type initiatique, puis sur une
démarche initiatique Maçonnique régulière.

Il faut, en effet, garder à l’esprit que le but de ces premiers travaux est de contribuer à
démontrer que la Franc Maçonnerie peut être une des voies les plus efficaces pour
contribuer à bâtir, individuellement puis collectivement, le « pilier humain, spirituel,
éthique et multiculturel » indispensable à un développement véritablement durable des
pays méditerranéens.

Pour aboutir à ce ciblage progressif de sa réflexion, le sous-groupe a abordé


successivement les questions suivantes :

 Pourquoi l’Homme se lance-t-il dans une démarche personnelle de progrès


spirituel ?
 Vers quoi espère-t-il ainsi spirituellement tendre ?
 Quand se lance-t-il dans cette quête spirituelle ?
 Comment lui est-il proposé de procéder dans le cadre de la démarche initiatique
Maçonnique régulière afin de progresser plus rapidement vers le type
d’épanouissement spirituel individuel recherché et indispensable à l’objectif
collectif précité ?

5) Pourquoi l’Homme se lance-t-il dans une démarche personnelle de progrès


spirituel ?

- La première réponse « évidente » se trouve dans tout bon manuel de philosophie


puisque c’est le thème central de réflexion de tous les philosophes, des grands
classiques de l’Antiquité jusqu’aux contemporains. Depuis que l’Homme est
Homme, il est en questionnement métaphysique, en quête de la part de divin qu’il a
perdu, en marche pour éliminer de sa conscience ses préoccupations matérielles et
vitales, voire intellectuelles afin de s’unir à son Ame et d’établir un dialogue entre
l’Ame et Dieu ; il veut ainsi fuir l’univers matériel qui ne serait qu’illusion pour
retrouver sa place dans le monde du Verbe et de la Pensée qui constitue la Réalité.

- Mais dans les faits, cette réponse est différente en fonction du degré de maturité
spirituelle de chacun et du niveau de remise en question, de la vision et du vécu
matérialiste et/ou scientiste de sa propre existence.

- Dans certains cas, il pourrait ne s’agir que d’une simple curiosité, que l’on pourrait
qualifier « d’intellectuelle », qui pousserait à s’intéresser personnellement à une
démarche de progrès spirituel, telle la démarche Maçonnique, et à essayer de la
découvrir.

- Dans d’autres cas, c’est la quête d’un sens métaphysique à l’existence, à la vie, à la
mort, qui apparaît, à un certain stade de maturation, où se manifeste et se concrétise

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la révélation d’une angoisse existentielle, souvent liée à la peur de la mort, qui bien
entendu préexistait le plus souvent (toujours ?) dans l’inconscient.

- Dans la plupart des cas, l’épanouissement matériel et intellectuel étant atteints dans
le quotidien, le niveau d’attente s’élève « naturellement » (Pyramide des besoins de
Maslow) vers la recherche d'un épanouissement spirituel et/ou métaphysique. C’est
alors que s’effectue le passage décisif de l’intellectuel au spirituel.

- Plus rarement, c’est après un parcours spirituel avancé, dans le cadre d’un vécu
religieux notamment, que le besoin d’un autre type de démarche complémentaire,
d’une autre voie, vers une nouvelle étape spirituelle, se fait sentir. Ceci pour mieux
vivre la Foi, pour l’épurer des pratiques dogmatiques, pour la rendre plus universelle
en revenant à l’essentiel : progresser toujours et encore dans la relation avec Dieu.

6) Vers quoi l’Homme espère-t-il ainsi spirituellement progresser ?

- C’est en général sur des références culturelles que s’appuie la démarche ; elle a pour
but d’atteindre la Paix intérieure, pour aller vers l’Equilibre entre le Moi conscient
et le Moi spirituel (préalable indispensable à l’Equilibre entre le Moi et/ou le Soi
avec l’Autre), vers la Beauté de l’Ame (ce qui est une fausse expression car l’Ame
est par essence belle ; il s’agit plutôt de la beauté de la synergie entre le Conscient et
l’Ame)… comme s’il s’agissait d’une évidence, d’un objectif naturel et non
problématique.

- La raison profonde de cette démarche correspond, en fait, à une décision


courageuse, quoique souvent inévitable, d’entrer dans un difficile « combat » contre
soi même dont dans le but est de se dépasser, d’aller au delà de la matérialité et de
la culture, pour se libérer de la gangue intellectuelle, culturelle, politique, cultuelle
(tailler la Pierre brute) et tenter de retrouver en soi l’Homme Primordial, celui qui
avait la Parole, le Verbe, la part de Divin. Réussir à se maintenir jusqu’à la mort
hors de cette gangue, qui empêche toute ouverture véritable à l’Autre et à la Vérité,
telle est la finalité de ce combat.

- Ce combat incessant contre les ennemis de l’intérieur n’est pas uniquement


mené à des fins personnelles mais pour mieux servir l’humanité ; il peut aller, en cas
de nécessité, jusqu’au sacrifice pour l’autre. Ainsi apparaît l’esprit chevaleresque
dans l’initiation maçonnique.

7) Quand l’Homme se lance-t-il dans cette quête spirituelle  ?

- Après, bien entendu, avoir pris suffisamment conscience du « Pourquoi ?» et du « 


Vers quoi ? » préliminaires indispensables à cette démarche.

- Cette prise de conscience est souvent suffisante mais elle nécessite un catalyseur
externe, une impulsion (le Parrain en Franc Maçonnerie, une lecture décisive, une
rencontre, une révélation…) pour passer au stade de besoin impératif de quête
spirituelle par une voie différente (mais complémentaire) que celles déjà empruntées

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- A ce stade de motivation spirituelle, il est possible que le processus de prise de
décision, ne soit pas progressif mais qu’il s’agisse au contraire, d’un véritable
« Euréka spirituel », personnel ou révélé, résultant de la libération soudaine d’une
pulsion immanente ou d’une réminiscence de l’Âme qui se souvient. . Il s’agit alors
d’une authentique levée d’inhibition.

- Dans le cadre spécifique de la démarche volontaire pour entrer en Maçonnerie,


l’Initiation serait l’aboutissement de cette première phase d’amont de progrès
spirituel strictement personnel. Dès lors le processus engagé n’est plus uniquement
personnel ou solitaire mais solidaire.

- Comme pour la plupart des autres démarches de type initiatique, la prise de décision
nécessite au préalable, hormis le cas de « l’Euréka spirituel », d’être arrivé à un
niveau personnel suffisant de capacité d’acceptation, de remise en question, de
réceptivité, d’écoute et donc d’humilité. L’humilité c'est ’être capable de reproduire
en soi ce terrain fertile, l’humus, qui permet la résurgence et l’épanouissement de
germes qui jusque là restaient à l’état quiescent. C’est aussi la capacité d’accepter
l’autre et sa différence pour se construire, puis s’élever avec lui, par lui et pour lui.

8) Comment est-il proposé à l’initié de procéder dans le cadre de la démarche


initiatique Maçonnique régulière, afin de progresser plus rapidement vers le
type d’épanouissement spirituel individuel recherché et indispensable à
l’objectif collectif précité ?

- La démarche initiatique Maçonnique régulière présente les atouts de toute démarche


initiatique, notamment par la voie ésotérique et/ou herméneutique (voie symbolique
et allégorique sur laquelle nous reviendrons) mais aussi par une caractéristique
spécifique essentielle : l’acceptation et la complémentarité, voire l’exigence des
autres voies de progrès spirituel : religieuse, artistique et créative, méditatives et
intuitives ou imaginatives, intellectuelles, scientifiques, logiques (croyance
raisonnée).

- L’initiation maçonnique permet d’accéder à d’autres domaines de connaissance


normalement inaccessibles aux profanes (Secrets et Mystères). Elle s’appuie sur
l’imagination et l’émotion partagées, exacerbées par les pratiques du rituel. Plutôt
que sur des mots, elle s’appuie sur des Rites privilégiant des Symboles, des
Allégories et des Rituels à caractère sacré qui permettent d’aller au delà des mots
dont l’interprétation est immanquablement réductrice et non universelle. Ces Rites
sacrés, dont les origines sont immémoriales, doivent être considérés comme des
outils de progression et non comme des contraintes ou des dogmes.

- Les voies de l’initiation maçonnique empruntent traditionnellement le chemin de


l’élévation spirituelle, de la recherche de Perfection, de l’élévation du niveau de
conscience et de la symbolique pour tenter de tendre, de manière asymptotique, vers
l’Archétype ; elles procèdent par étapes et paliers incluant notamment une
succession de morts initiatiques ainsi que de constructions et déconstructions du
Temple intérieur. Il s’agit tout au long du parcours, de lever ce frein qui empêchait
la conscience d’émerger et la pulsion naturelle de se libérer.

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- Ceci implique l’acceptation scrupuleuse d’une Règle qui s’applique à l’échelon
individuel aussi bien que collectif et également l’obligation de ne pas dévier de
l’objectif de progression vers le Bien, le Beau, le Juste , le Vrai, c’est à dire en fin de
compte vers le Divin.

- La FM se veut croyante et non dogmatique, en ce sens que si elle recommande


fortement la Foi en un Dieu unique, elle accepte néanmoins les croyances
dogmatiques fondatrices essentielles de toutes les grands Religions monothéistes
dont elle récuse, cependant, les pratiques dogmatiques ou sectaires.

- La démarche initiatique maçonnique est clairement structurée en étapes,


logiquement ordonnées :
 déconditionnement culturel, social et politique ; véritable lâché
prise, abandon ou remise en question pour un retour à
l’humanité primordiale.
 meilleure connaissance du Moi présent et accès à Dieu par une
connaissance approfondie de soi (Gnose) libérant le chemin
vers le Moi spirituel ou Divin.
 restructuration du Moi pour se mettre en condition de recherche
de l’Etre. Cette quête ontologique a pour finalité l’élévation
du niveau de spiritualité vers la quintessence de l’individu.
 libération de l’imagination et de l’intuition, enfin, pour
retrouver le Principe.

- Enfin, cette démarche est Fraternelle, c’est-à-dire qu’elle est ouverte à des Hommes
« de bonne volonté », tous en quête spirituelle, s’engageant de plus à se respecter et
à s’entraider.

Conclusion

- La démarche personnelle spirituelle est une progression permanente mais qui


s’effectue par paliers successifs. La démarche personnelle initiatique Maçonnique
régulière en est la seule voie alliant l’efficacité à une plus grande universalité (dont
une parfaite compatibilité, voire synergie, avec les Religions monothéistes, très
présentes en Méditerranée).

Dans ce cas de démarche initiatique, deux grandes phases de la quête personnelle


sont à distinguer et à analyser : une phase pré-initiatique conduisant à la décision de
l’initiation, et une phase post-initiatique, qui bien que toujours personnelle n’en
reste pas moins, par essence, partagée.

-La démarche personnelle spirituelle est un préalable indispensable à tout progrès


spirituel collectif et donc à l’atteinte du grand objectif de « Lumières de
Méditerranée » : bâtir le pilier « humain, spirituel, éthique et partagé » d’un nouveau
développement véritablement durable du bassin Méditerranéen et puis du monde.
Comment, en effet, vouloir progresser avec l’autre et surtout pour l’autre sans
désirer sincèrement progresser soi-même ?

- Toutefois, on entrevoit, dès à présent, que si cette démarche est nécessaire elle n’est
en aucun cas suffisante. Le progrès individuel, égoïste, ou égocentré, ne peut, en

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effet, aboutir qu’à une hypertrophie du Moi et non pas à un épanouissement
spirituel total (la richesse apportée par l’Autre étant indispensable) personnel ou
collectif, toujours avec l’Autre, par l’Autre et pour l’Autre.

- Quand on veut faire grandir les autres il faut d’abord grandir soi même et quand on
veut progresser avec les autres il faut d’abord les aimer.

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Annexe 2

Contribution de la Grande Loge Provinciale de Provence


de la GLNF

« CONNAISSANCE DE SOI ET ACCES A LA TRANSCENDANCE »

LA DÉMARCHE PERSONNELLE

" Il ne mène pas la vie d'un homme celui qui ne s'interroge pas sur lui même."
(Platon. Apol,I/28)
Tout être a un besoin de compréhension et d'ouverture, le désir de dépasser les limites
d'une vie précaire et superficielle, trop souvent douloureuse.
Un matin, comme chaque jour, le soleil se lève, et l'on se dit qu'on ne trouve pas ici-bas,
ce dont nous avons totalement besoin.
Interrogation permanente sur le sens de l'existence et le moyen de vivre en harmonie
avec soi même, avec l'autre et avec le monde, et plus particulièrement de donner un sens
à sa vie personnelle.
Comment être heureux? Comment réussir sa vie? Que faire pour en traverser ses
inéluctables crises ? Comment affronter sereinement la mort? Peut-on trouver la paix
intérieure? Comment cultiver la relation intime avec un Etre transcendant ?
Confronté à l'apparente absurdité de la vie et prenant conscience de sa propre finitude
l'homme veut connaître un bonheur, une illumination intérieure, un « salut ».
À partir de ce manque va naître le sentiment d'une nécessité impérative : la quête d’une
sagesse.
Mais l'on se pose des questions.
Qu'est-ce que je veux?
Est-ce que je le veux durablement?
Est-ce que je le veux intensément
C'est une préparation, mais vient ensuite un moment où après qu'une maturation se soit
opérée en nous, la certitude s'impose: "Voilà, c'est là que je m'engage".

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C'est tout le sens du chemin spirituel.
À cet égard le mystique musulman RÜMI parle d'une nécessaire libération:
"Vous êtes du ciel! Libérez-vous de vos cages",
Et d'une renaissance possible:
"Mourrez et naissez une seconde fois en amour".

Et la voie qui mène du Fini à l'Infini est toujours la même.


On n'entre pas dans la vérité sans être passé à travers son propre anéantissement.
Le chemin de la purification de soi est âpre et raide.
Pour atteindre à cette pureté de l'âme, il faut libérer de toute passion la pensée, la parole
et l'acte.
Surplomber les courants contraires de la haine et l'amour, de la répulsion et de
l'attachement.
Effacement de l'égocentrisme, éveil à une conscience supra individuelle, cette voie ne
consiste pas seulement à acquérir des connaissances ou des capacités qui nous
manquent, elle consiste surtout à perdre ce qui nous trouble et nous divise.
Cet aspect de destruction de nos illusions est très important.
Ce que l'on appelle "l'ego” (ou le mental) ne va pas disparaître aussi facilement, il a
comme loi de se perpétuer.
Le risque, c'est d'essayer de prendre, de recevoir, de s'enrichir, sans jamais être mis en
cause.
Et finalement "l'ego" sauve sa peau dans l'histoire.
Adieu éveil, adieu libération.
Alors le « Maître » vient, car il en est toujours ainsi pour ceux qui demandent, pour
ceux qui cherchent, pour ceux qui frappent à la porte, et une relation réelle commence à
s'instaurer, nos illusions sur notre propre compte sont ébranlées et inévitablement nous
nous trouvons confrontés à ce que notre intériorité se refuse à voir.
C'est seulement dans une relation personnelle, de l’être à l’Etre, que cet aspect de choc
devient possible.
Et le réel vers lequel le « Maître » nous achemine est donc l'inconnu où comme
Abraham, il s'agit de partir vers soi-même, de quitter le connu vers un pays qu'on ne
connaît pas, avec seulement une promesse, qu'il s'agit toujours d'une vie.
La voie comporte un aspect chirurgical.
Le « Maître » nous aide à nous éveiller, car on n'arrive pas à s'éveiller tout seul; il nous
place devant notre propre illusion, notre propre aveuglement, et nous permet d'émerger
peu à peu de ce "moi" qui est en lui-même la prison.
Parcours solitaire bien évidemment.
Nous ne pouvons pas être tout le temps accroché au « Maître ».
Certes des étapes cruciales se vivent auprès de lui, mais d'autres moments décisifs se
vivent seuls en acceptant complètement cette solitude, en cherchant uniquement au
travers de la compréhension et du vécu assimilé de la relation avec le « Maître », l'aide
et le point d'appui en soi-même.
Je suis là, seul. Qu'est-ce que j'ai pour moi?
Le souvenir de ma prime éducation et de mes expériences, les souffrances et les
émotions ressenties, et la possibilité d'éclairer le moment que je suis en train de vivre
par une authentique et libre conscience.
Il faut en passer par là.
De nombreux mythes évocateurs de la pérégrination vers le "Centre" décrivent la
solitude du héros.

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La solitude complète du Christ au jardin de Gethsémani, tandis que les apôtres dorment
au lieu de prier avec Lui, en est un exemple extrême qui nous concerne tous.

Mais les disciples ne sont pas seuls, puisque le « Maître » les porte en lui.
Cependant, il faut souhaiter que la vie nous amène, au moins à certains moments, à nous
sentir complètement seul car si nous sortons victorieux de l'épreuve, ce n'est pas "l'ego"
qui sort victorieux.
La relation authentique et profonde, avec le « Maître », toute faite "d'agapè" et de vérité,
doit pouvoir illuminer notre solitude: au moment où nous sommes le plus abandonné en
apparence nous nous sentons pas du tout seul au niveau du ressenti le plus profond.
C'est là une expérience sublime et extraordinaire mais à laquelle grâce à l'Amour
rencontré nous pouvons tous être appelés.
Oui seuls devant les épreuves de la vie.
Mais dans le lâcher prise, dans la non-dualité, nous pouvons être Immergés dans le
sentiment de plénitude, l'opposé du désarroi, de l'abandon.
À ce moment c'est une conversion qui s'accomplit à l'intérieur de nous.
C'est de l'intérieur que nous nous sentons reliés au monde entier, même si le monde
entier paraît nous rejeter.
La transformation est précédée d'années d'efforts, de doutes, de victoires, c'est un long
processus au cours duquel le disciple devient de plus en plus sérieux sur la voie.
Et puis vient un moment décisif où se produit un retournement intérieur définitif, si
justement évoqué par des expressions comme "éveil" ou "mort du vieil homme".
Ou l'on atteint l'autre rive, ou l’on ne l'a pas atteinte.
Mais le voyage du batelier ne peut-être envisagé qu'en termes de progression, où il s'agit
d'avancer en éliminant tout ce qui nous coupe, tout ce qui nous sépare, de la réalité, du
réel.
La vérité de "l'Etre" n'est jamais éloignée de nous, en "Lui" nous avons le mouvement et
la vie. Mais nous n'en sommes pas conscients parce que des revêtements nous en
séparent sous la forme du mental, des peurs et des faux désirs, de tout ce qui nous
maintient dans l'illusion et le sommeil.
La voie de "l'Etre" consiste à se dépouiller, à déposer nos vieilles peaux, et à les
piétiner.
Mais nos couches d'émotions, d'orgueil, d'illusions, sont plus ou moins denses, et seul
un chemin progressif accompli avec foi et constance nous permet d'éliminer peu à peu
tous les obstacles intérieurs qui nous séparent de la "Vérité".
Longue et rude route où souffrances, émotions douloureuses et peur de la découverte
nous côtoient sans cesse.
On peut alors abandonner la quête et s'illusionner que la tâche est terminée, que l'on
peut abandonner cette mort journalière qu'il nous faut accomplir, et que l'on est
vraiment passé dans un autre monde.
Mais vient toujours l'instant où l'on se rend compte avec humilité et lucidité que ce
changement n'a pas atteint nos profondeurs ultimes.
Alors vient le doute sur la qualité de la "Voie" que le « Maître » a bien voulu nous faire
entrevoir, sur sa capacité à nous mener vers ce "Centre" à la fois désiré et refoulé, et le
disciple pense s'être égaré et perdu son temps de vie en s'engageant sur ce chemin dans
lequel il avait mis ses espérances.

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C'est vrai que la route de la "Vérité" n'est pas facile, que le mental va nous jouer
beaucoup de tours, qu'il y a un prix à payer, et qu'il nous faudra faire preuve de fortes
déterminations et de beaucoup de persévérance dans notre pérégrination.

Mais il faut savoir que nous ne progresserons que si nous mettons en pratique nos
premières découvertes.
Et nous ne les mettrons en pratique que si nous sommes vraiment motivés.
Et nous ne serons vraiment motivés que si nous pensons que notre force nous pouvons
la puiser sans retenue dans cette "agapè" que le « Maître » nous offre dans un oubli
complet de soi.
Quand, dans notre cheminement, les difficultés se présentent c’est en lui que nous
devons puiser l’eau vive qui nous permet de les affronter.
Si le « Maître » est là pour moi et non pour lui, nul obstacle ne saurait entraver ou
arrêter la quête entamée.
Alors les doutes ? Ils font partie de l'approche, de la lente descente vers "l'Etre",
Il faut apprendre à les voir en face, élucidés et dissipés, la voie s'ouvre vraiment.
Que percevons-nous au-delà ce « Maître » qui vit en nous, pour nous?
Si nous voyons qu'à travers sa perception intellectuelle, issue de nos fantasmes, cela ne
suffit pas.
Il faut que nous ressentions intuitivement, hors l’image, ce dont il est porteur tel qu'il l'a
reçu de celui qui l’a fait chair et qu'il doit transmettre à tous ceux qui croient en lui.
C'est tout simplement le monde immense, éternel, de la Vérité et de la Vie de cette vie
lumière des hommes dans lequel il s'insère et dont il est devenu simplement un
instrument, porte-parole d’un amour à découvrir, dont il est à la fois le chemin et le but.
Il s'agit là d'une relation de coeur à coeur et elle est fondamentale.
La voie dont le « Maître » n'est que l'écho n'est pas le chemin d'une fictive relation
empreinte d'un "Eros" destructeur mais l'état intérieur immuable du disciple établi dans
"l'Agapè".
La raison d'être du « Maître », c'est au-delà des apparences souvent trompeuses, de nous
guider avec patience et compassion vers la paix intérieure, vers une maîtrise et une
sérénité indépendantes des circonstances; de nous montrer le chemin qui nous conduira
vers la sagesse suprême, immuable et transcendante.
Face au « Maître », et malgré les épreuves initiatiques subies, il n'y a pas deux, il n'y a
qu'un: le disciple.
Le « Maître » n'est pas autre que le disciple. Il est le disciple qui a reconnu le chemin et
l’emprunte sans cesse.
Le « Maître » ne projette rien sur le disciple, il n'attend rien pour lui, il n'est que
proposition et communion.
Et il appartient au disciple de dépasser la dualité, cette séparation "moi et le Maître"
pour être de plus en plus ouvert à lui, un avec lui dans une totale immersion.
Dans un premier temps, c'est le « Maître » qui vient nous rejoindre là où nous sommes,
dans un deuxième pas nous allons peu à peu rejoindre le « Maître » là où il est.
Quand le disciple a résolu ses principaux problèmes existentiels, qu'il est devenu
suffisamment unifié, structuré, qu'il a disons-le, manifestement progressé dans sa
compréhension et dans sa pratique et qu'il récolte le fruit de cette pratique, l'important
pour lui est de se laisser, chaque jour d'avantage, envahir par cette représentation du «
Maître » qu'il est en devenir.

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Il ne s'agit plus que le « Maître » soit en communion avec nous mais de chercher à être
en communion avec lui, autrement dit d'être un peu moins du côté des demandeurs, un
peu plus du côté de celui qui donne.
Il faut cependant veiller à rejoindre le « Maître » dans l'essence et non dans l'apparence.
Le niveau le plus profond n'est pas de vivre à travers le « Maître », mais que le Maître»
vive dans le disciple.
Ce n'est pas une aliénation puisque le « Maître » sous une forme très personnelle est
fondamentalement impersonnel.
De cela il faut en prendre à chaque instant conscience, pour se dire: "Je vis, mais ce n'est
plus l'ego et le mental qui vivent en moi, c'est enfin ma réalité la plus profonde".
C'est cette réalité que le « Maître », s'oubliant, porte en lui pour l'autre avec l'autre,
miroir sans tain où il n'est jamais "JE", mais toujours "LUI".
Si la voix de la voix du « Maître » est en nous, il ne s'agit pas d'un parasitage par un
étranger, mais enfin le véritable « Soi » qui va vivre, et non plus un amas de résidus du
passé, de tendances mécaniques, de conditionnements, de limitations.
C'est ainsi que la transmission s'opère."Il faut qu'il grandisse et que je diminue" dit le «
Maître » et si le disciple est profondément uni au « Maître » spirituellement et
charnellement, il devient le représentant du « Maître », c’est-à-dire le témoin de la vérité
et de la sagesse.
Certes l'ego et le mental, l'inconscient du disciple vont réagir et pendant longtemps ils
essaieront par tous les moyens de sauver leur dictature, leur népotisme, leur tyrannie et
donc d'échapper à la relation directe avec le « Maître », pour ne pas être mis en cause.
C'est là que réside l'un des plus grands malentendus dans la relation de « Maître » à
disciple.
Souvent dans son impatience, le disciple veut un résultat immédiat.
Or le « Maître » trace une voie. Si le disciple la trouve trop difficile et elle l'est, il en
conclut aussitôt qu'il ne peut la suivre, que cela ne lui correspond pas.
D'où le malentendu.
Le « Maître » porte avec humilité un désir qui n'est pas le sien Il nous indique, avec
compréhension, d'affectueuses balises qui parsèment le chemin. Cette révélation doit
déclencher chez nous une prise de conscience qui permet ensuite de voir exactement où
l'on en est.
Mais cela ne peut se produire que si l'on est réellement engagé sur la voie.
Et cela exige soumission et confiance où la main qui se tend vers vous n'est pas
enfermement mais libération.
Il nous faut apprendre dans le silence à entendre l'infini musique de la "Voie".
À voir dans chaque acte de la relation instaurée l'idée que je peux, jusqu'à la fin,
changer le sens de mon passé, m'en détacher et, dans le même élan, transformer en
choix ce que le poids du monde m'a imposé comme un destin, seuls les actes décident
de ce qu'on a voulu.
Mais sommes-nous en mesure d'entendre et de voir cela?
S'il y a en nous cette peur latente de découvrir la vérité, cette vérité qui peut faire très
mal, nous sommes sur la défensive, incapable de nous ouvrir à ce que dit le « Maître ».

Il nous faut donc nous libérer de la peur, nous éveiller, briser notre vision actuelle qui
nous fait souffrir et empêche l’amour de soi.
Pour cela, un travail de destruction et de transformation doit s'opérer où, par sa propre
négation, l'être de la réalité humaine doit se mettre en question dans son "Etre".
Qu'est ce qui doit être détruit?
Uniquement ce qui n'a aucune réalité, c’est-à-dire le mental.

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Ce processus de destruction s'accompagne dans une alchimie subtile de la
transformation de l’être d’aujourd'hui, en une force de vie qui sera compatible avec
notre unification intérieure et notre harmonie.
Dans cette entrée en soi, "l'Etre" se saisit comme liberté devant l'indétermination des
possibles et où exister c'est se projeter vers l'avant, un toujours plus avant, où l'être va à
la fois se perdre et se reconnaître.
Donc condamné à être libre, de cette liberté absolue, où l'homme devient responsable du
sens qu'il donne à sa vie et le disciple à sa quête.
Ce chemin d'avenir c'est la réalisation de l'être que je ne suis pas, que je projette pour
combler le manque que je suis.
Mais la quête n'est jamais terminée. Quant le futur se réalise, il devient présent et
insaisissable comme tel, puisque de nouveau tendu vers un futur toujours projeté,
toujours en chantier.
Et pas plus que le présent, ce futur "n'est", de telle sorte que où qu'il cherche à se saisir,
"l'Etre" est toujours ailleurs, sa structure est "diasporique" à la fois unité et dispersion.
"Meurs et deviens ce que tu n'es pas encore" dit Nietzsche.
Pour y parvenir un seul moyen le détachement ou autrement dit le "lâcher prise".
Le détachement n'est pas mépris ni indifférence mais liberté à l'égard de ce qu'on
possède et de ce qui nous possède, liberté à l'égard de ces "empreintes" inconscientes
qui sont à la source de nos attachements, de nos peurs, de nos culpabilités, de nos
souffrances, et tout simplement de ce refus viscéral de vivre pleinement au coeur de nos
désirs.
Par le détachement, nous sortons de notre marée d'empreintes.
Nous cessons de nous identifier à ce paquet de mémoire qui nous constitue comme
individu.
Nous découvrons enfin "l'Etre" essentiel, non attaché à la matrice spatio-temporelle
dans laquelle nous avons toujours vécu.
Tel est le sens de cette "deuxième naissance" qui suit "la mort du vieil homme".
Ce détachement, ce "lâcher prise" implique et exige le renoncement au système des
garanties où l'homme ose renouveler sans relâche son abandon des assurances
sécurisantes pour faire le grand saut dans l'inconnu à la recherche de ce qu'il "est".
C'est la formule du grand "meurs et deviens" qui meut et anime tout vivant par lequel il
naît et s'éteint, viennent puis disparaît, et cède la place au non advenu afin qu'il puisse
éclore à son tour.
Telle est la loi fondamentale de la vie initiatique et donc de la quête du disciple qui
implique le renoncement sans cesse renouvelé à l'hégémonie du moi existentiel et de sa
vision de la réalité, en faveur de "l'Etre" essentiel et de la vie nouvelle qu'il permet et
suscite.

Le disciple qui a compris cela purifie sa mémoire, rompt avec ses habitudes
sclérosantes. Il se tient alors dans un étant de liberté et de vacuité, il devient vide.
Alors l'éternité remplace le temps et l'espace, la "Vérité" qu’il saisit en lui l'embrasse et
l'embrase, et suivant les termes empruntés à St Jean et à St Paul " l’homme charnel" est
devenu "homme spirituel". La lumière des hommes renaît en lui, l'éclaire et se
renouvelle à chaque instant pour vivre l’amour et la beauté.
Se tenant dans le droit-fil de l'origine, il va à l'essentiel, c'est-à-dire que dans la
construction de son temple intérieur (où la divinité viendra résider) il écoute et adhère
au mouvement même de la vie en lui, il devient alors plus vivant, il devient "Un" avec
la vie.

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Vie, Lumière et Amour sont en nous et sans cesse nous devons en être les chercheurs.
Il y a unité de l'homme avec son Créateur, et nous ne cessons d'être près de LUI et en
LUI en tout instant:
" En lui nous vivons, nous nous mouvons et nous sommes."(Actes.17/28)
Etre, pour « l’homme spirituel", signifie que l'on s'unit à Dieu, que l'on se fond avec Lui
dans la réalité ultime:
" Je vis mon Seigneur par l'oeil du coeur, et je lui dis qui es-tu? Il me dit:
Toi."(Tradition Islamique)
Alors "l'homme spirituel" voit Dieu dans chaque chose et dans chaque corps, après qu'il
l'a vu en lui même:
" Pourquoi donc méconnais-tu la noble origine? Ne sais-tu pas d'où tu es venu?
" Lorsque tu parles avec quelqu'un, lorsque tu l'excuses et tu discutes, ne sais- tu pas que
tu nourris en toi ton Dieu?
" C'est un dieu que tu exerces. Un dieu que tu portes partout, et tu n'en sais rien
malheureux!
" Et crois-tu que je parle ici d'un dieu d'argent ou d'or en dehors de toi?
" Le dieu dont je parle tu le portes en toi-même."(Epictète.50-130)
Ainsi au bout de sa quête vers la Lumière « l'homme spirituel" comprend finalement
qu'il existe un seul esprit derrière toute la création :
" Car Dieu qui a dit " Que du sein des ténèbres la lumière brille" est aussi celui qui fait
briller sa lumière dans nos coeurs, pour qu'y luise l'éclat de la connaissance de la
splendeur de Dieu."(St. Paul.2ème Ep. Corinthiens 4/6).
Accédant ainsi à la révélation de notre identité existentielle avec l'Etre, nous accédons à
la liberté métaphysique, celle qui nous transcende hors du monde contingent et nous
offre la paix et la sérénité (c'est-à-dire, la joie et le bonheur d'être) en nous permettant de
réaliser l'unité entre notre moi et le monde ambiant au sein de l'Etre, et notamment
l'égalité et la fraternité, sur le plan de la plus haute spiritualité, avec l'autre, tous les
autres qui procèdent du même principe existentiel.
En somme rien ne peut être sensible que ce que l’on éprouve en soi et si Dieu est
quelque part, c'est bien en nous que nous l'approchons.
" ...Descends en toi-même, entre dans la chambre secrète de ton coeur. Si tu es loin de
toi-même comment peux-tu être près de Dieu?"(St. Augustin)
Nous sommes les seuls existants, et en nous, nous portons le monde:
" O homme regarde toi, tu as en toi le Ciel et la terre."(Hildegarde de Bingen.1098-
1179)
En sorte qu'il suffit d'être pour arriver à Dieu, car l'existence ne se prouve pas, elle
s'éprouve, elle se vit:

" Celui qui accomplit toutes ses actions pour Moi, qui me prend comme but de sa vie,
qui est un dévot libre de tout attachement sans hostilité pour aucune créature, celui-là
vient à Moi."(Bhagavad Gîta)
Nous apercevons enfin cette "Vérité Ultime", que la Divinité la plus haute est
impersonnelle et universelle, ce qui donne son sens plein et entier à cette fraternité que
nous faisons nôtre. En effet, voir toute chose dans son origine, dans son
commencement, nous met en lumineuse fraternité avec les vivants, élargit le coeur, et
nous rend infiniment proche de ce qui fait être l'unité et la multitude des "étant".
Moment ineffable que cet instant où nous cessons d'être, pour nous sentir dans la
communion de L'Etre, où nous découvrons l'immense relation de tout ce qui se
manifeste dans la profonde unité de la Lumière qui l'éclaire:

24/34
" Qu'il aille tout seul, sans aide, pour rechercher la perfection seulement dans l'Un, qui
n'abandonne pas et n'est pas abandonné...Se réjouissant dans le Soi suprême, assis,
indifférent, sans désirs, avec son propre Soi, comme compagnon unique, c'est lui qui,
recherchant le bonheur, doit exister ici."(Bhagavad Gita)
Moment de foi à vrai dire, mais aussi moment de vérité où notre conscience s'accomplit
dans ce sentiment de l'unité universelle, de la Lumière et de l'Amour, où "l'homme
spirituel" qui ne fait plus qu'un avec le Soi reste stable dans son propre mystère:
" En vérité il n'y a que Toi pour Te connaître, Toi-même par Toi-même.
" Au milieu des secrets, Je suis le silence; au milieu de ceux qui connaissent, Je suis la
Connaissance."(Bhagavad Gita)
Ainsi notre vérité c'est notre vie intérieure dont nous parvenons à assurer la plénitude:
Vivre sa vie, c'est être éveillé à la vie et la prendre en charge en nous comme l'unique
chance qu'elle ait de s'accomplir dans sa fidélité à toutes les modalités de l'Etre.
La foi de "l'homme spirituel", c'est bien au-delà de soi, chercher à manifester son Etre,
c'est la puissance en soi, c’est la force de vie en nous.
Cette vie qu'est la Lumière qui révèle le monde et qui fait de tout homme l'image infinie
de l'instant face à l'éternité, car:
" Ce n'est pas dans son corps mais par l'esprit que l'homme fut fait à l'image de
Dieu."(St. Augustin)
Et rien ne peut rompre les liens étroits qui les unissent, car:
" ...l'homme est enraciné en Dieu et Dieu est enraciné en l'homme."(N.Berdiaev.1874-
1948))
Où Dieu n'est pas concevable sans l'homme et où l'homme perd son sens en dehors de
Dieu.
C'est pourquoi chaque être apparaît comme le signe visible d'une réalité invisible, il
témoigne d'une présence celle de Dieu dont il est l'image.
L'expérience spirituelle qui en découle permet d'approcher le mystère de la vie divine et
de comprendre le mystère de l'homme.
Comme nous l'enseigne St. Jean, le disciple bien-aimé, la formation de la personne
humaine échappe au monde objectivé. Dépendant de la subjectivité, elle reçoit son
animation de l'image divine qu'elle porte en elle et qui ne cesse de lui transfuser sa
propre énergie.
La tragédie de l'homme provient de la présence en lui des deux natures, il est le lieu où
s'affrontent le monde et Dieu.
De là naissent les contradictions qui l'assaillent et ne cessent de le déchirer.
En s'orientant totalement vers Dieu, « l'homme spirituel » devient un lieu de
métamorphose.

Enfanté par l'éternité, il participe à un monde nouveau, où il apprend à saisir l'Eternité


dans le temps, tout en se situant hors du temps.
Il comprend que l'Eternité éclaire le présent et confère à l'existence sa véritable
profondeur.
Révéler l'Eternel, signifie hâter l'évènement de L'Esprit et de la Lumière qui en
provient.
C’est le retour de l'âme à elle-même dans une conformité à son Créateur.
Alors « l'homme spirituel », empreint de cette foi ardente, engage cette réformation de
son être où le Verbe, souffle de Dieu, le pénètre et l'établit dans l'unité et l'indépendance
de l'Etre, au sein de son intériorité.

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Parcours individuel certes, mais jamais personnel, car à la fois hors du monde et dans le
monde, « l'homme spirituel », demeure plus que jamais, attentif et disponible, auprès de
ses frères en humanité, avec dans le coeur l'unité indissociable d'un amour de Dieu sans
partage et d'un amour du prochain sans limites.
L'élément divin qui appartient à l'homme par son origine est donc source de sa dignité et
de sa grandeur.
Tel est le credo de « l'homme spirituel », témoin de l'étroite parenté entre l'homme et
Dieu, sans humilier l'homme, ni pétrifier Dieu.
Le Moyen Age a mis l'accent sur Dieu contre l'homme, l'époque moderne sur l'homme
contre Dieu. « L'homme spirituel » réconcilie la foi en Dieu et la foi en l'homme et
sauve l'image de Dieu en l'homme où :" Dieu n'est en rien semblable à l'idée qu'on s'en
fait, absolument en rien."(N.Berdiaev)
Oui:
" Dieu est toujours au-delà de toute définition formelle.
" C'est pourquoi nous sommes plus prés de Lui quand notre pensée se tait.
" Dieu ne se pense pas. Il se vit"
(Amadou Hampaté Bâ.1900-1991)
°°°°°°°°°°°°°°°°°°
G.L.P.P le 4 décembre 2009

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Annexe 3
Contribution du Grand Orient d´Italie

“ Le parcours initiatique comme premier pas vers une conscience commune”

Quels objectifs devrait aujourd’hui se fixer la Franc-Maçonnerie, et surtout nous, frères


issus de différents Grands Orients du pourtour méditerranéen, quand les idéaux de
démocratie, tolérance, laicité de laquelle notre Institution a fait un cheval de bataille,
font désormais partie du patrimoine commun, tout du moins du monde occidental? En
d’autres termes : “ Que nous reste-t-il à faire? “ Avons-nous encore quelque-chose à
enseigner? Comment pouvons-nous aujourd’hui construire nos cathédrales? Nous
pouvons nous consacrer à créer, dans la sérénité de nos temples, les germes d’un monde
meilleur et espérer qu’ils portent leurs fruits.
Ce qui nous intéresse est l’aspect privé et personnel. Nous voulons comprendre si les
frères appartenant à des Loges de Grands Orients différents du nôtre trouvent difficile
de concilier les magnifiques discours que nous tenons au sein de nos Loges, avec les
compromis, les difficultés, les duretés de la vie quotidienne, dans ce que nous appelons,
peut-être avec présomption, le monde profane. En somme, nous voudrions savoir s’il
leur arrive à eux aussi de s’interroger sur la signification d’être Franc-Maçon! La
réponse est naturellement liée à ce que nous pourrons répondre à la question: “Que
faire?”

Tout comme le jeune maçon opératif s’attachait à travailler un bloc de marbre jusqu’à
en faire une colonne d’apprenti, dans l’espoir de satisfaire son Maître d’Oeuvre, de la
même façon, tout au long d’un parcours intérieur qui nous mène à la conscience, nous
devons nous construire comme hommes neufs et meilleurs, prêts à travailler pour le bien
et le progrès de l’humanité.
……”pour créer une architecture sacrée il est indispensable de connaître, au moins dans
une certaine mesure, les lois cosmiques, qui trouvent correspondance avec celles
immuables de l’esprit”

L’attente dans la “Salle des pas perdus” avant d’entrer dans le Temple est un acte
préparatoire à une transmutation de type psychique. L’accès au Temple, non seulement
participe à sa nature collective, mais aussi est propre à amener un changement intérieur,

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car le Temple lui-même est investi de cette intentionalité sacrée que le sujet rapporte à
soi, et qui est fondée sur l’intention de modifier sa propre condition psychique à travers
la participation à sa substance sacrée et à celle des rites qui s’y déroulent.
A cette fin, les Travaux Maçonniques effectués dans le Temple impliquent un état de
conscience particulier de la part de tous les frères : un état intérieur auquel se réfère
notre rituel lorsqu’est souligné le nécessaire abandon des métaux à l’entrée du Temple,
comme signification du détachement par rapport au monde profane.

Nous devons garder à l’esprit que notre Temple n’est pas un lieu de culte, ni de prière,
mais un lieu temporairement sacré dans lequel se déroulent des rites. C’est un lieu entre
deux mondes: terrestre et céleste. Un lieu de rencontre et de méditation. Un lieu clos qui
se distingue physiquement du monde non sacré, et dans le même temps, clos car il
renferme en soi le sacré. Dans cette optique, le Temple devient un lieu de rencontre
privilégié, car en lui est présente la manifestation du sacré, mais c’est surtout un lieu qui
nous permet d’entrer en son sein afin d’instaurer avec lui un rapport direct.

Les anciens frères tailleurs de pierre vivaient quotidiennement ce rapport direct avec le
sacré, et en glorifiaient l’essence à travers leur art maçonnique, à définir ainsi l’être un
vrai Maçon
-Quel art professez-vous?
-La Maçonnerie
-Quels édifices construisez-vous?
-Temples et tabernacles.
-Où les construisez-vous?
-Par manque de terrain, nous les construisons dans nos coeurs...
\
Dans ces mots extraits d’un antique catéchisme, réside l’esprit des véritables initiés.

Aujourd’hui, dans cette époque dégradée par l’absence totale de valeurs fortes et
durables, notre travail devrait signifier l’incessante volonté de construire toujours
quelque-chose pour le bien et le progrès de l’humanité. Mais ceci implique de posséder
cette intelligence et cette humilité nécessaires pour retirer gants et bijoux, et creuser à
mains nues le terrain de notre être, et y poser les fondations de notre évolution
spirituelle et humaine. Nous ne sommes ni des ascètes ni des moines, mais pas non plus
des trafiquants ou des politiciens; nous sommes des INITIES, et comme tel des hommes
à la recherche de la Vérité.
Nous sommes des chevaliers de l’esprit mais nous descendons de ces pauvres chevaliers
qui indiquaient la voie aux pélerins et qui, à genoux et à mains nues, creusaient les
profondeurs du Temple de Salomon à la recherche de l’Arche d’Alliance.
Il faudrait, autant que possible, chercher à suivre de nouveau l’exemple de ces Maîtres
passés, capables dans leur sagesse et humilité de se salir d’esprit et de terre: cette terre
qui pour nous aujourd’hui est extérieure et profane, mais qui, si aplannie de notre
continu et incessant travail, nous permettra d’y construire notre Temple.
Un sage égyptien disait : “ Ne te vante pas de ton savoir, mais consulte un illétré comme
tu consulterais un savant. Il est impossible de toucher les frontières de l’art, et il n’existe
pas d’artisan qui en ait complètement acquis la maîtrise. Une bonne parole est mieux
cachée que la pierre verte; et pourtant tu peux l’entendre des femmes qui travaillent au
moulin.”

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Comme nous avons vu précedemment le parcours intérieur que nous devons effectuer
en communion avec les frères, au sein de nos Temples, doit nous porter à la conscience,
qui n’est pas la connaissance ou la culture. A travers l’étude et la confrontation avec les
frères nous devons développer la faculté de perçevoir, comprendre, évaluer les faits qui
se vérifient dans la sphère de l’expérience individuelle.

Si nous voulons pouvoir graver le monde dans l’espérance de transmettre des principes
nouveaux tels de pouvoir approcher les personnes de credo politique et religieux
différent, nous devons, grâce à la culture, mais plus encore grâce à une prédisposition
d’âme neuve liée à la prise de conscience de soi, agir unis en ayant des objectifs précis
et communs.

Seulement ainsi nous pourrons répondre à la question: que faire?

Seulement ainsi nous pourrons créer cette force formidable capable de détruire les
préjudices, abattre les tabous, défaire une fois pour toutes les DIFFERENCES, qui
n’implique pas la créations d’EGAUX, mais la participation paritaire des
DIFFERENTS.

Je concluerais par une invitation à réfléchir sur cette brève histoire Zen, qu’un tel
excercice pourrait, pour des initiés comme nous, aider à prendre conscience!

“Un jeune moine bouddhiste, après dix ans d’étude, de méditation, de concentration au
sein du temple, se sentant prêt à affronter le monde extérieur, demande et obtient de son
Maître la permission de porter au monde la parole de Buddha.
Après quelques années passées dans les diverses régions de l’Asie, où il avait fait don
aux peuples qui les habitent de tout l’enseignement qu’il avait reçu, retourna à la maison
du Maître et, une fois arrivé, comme il est d’usage, laissa à l’entrée ses chaussures et
appuya son bâton au mur.
S’inclinant en présence du Maître, il dit “ Maître, je suis revenu car j’ai terminé mes
voyages; dans le temple j’ai reçu la CONNAISSANCE et dans le monde j’ai acquis la
CONSCIENCE de la vie terrestre et céleste.”
Le Maître lui demanda alors “Dis-moi: en entrant chez moi, tu as laissé à l’entrée tes
chaussures et le bâton l’as-tu appuyé à gauche ou à droite de celle-ci?“
Le moine comprit, se leva et s’inclinant profondément retourna sur ses pas, de nouveau
dans le monde hors du temple, à la recherche de “son” temple.

Marco Jacobbi

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Annexe 4

Contribution de la Grande Loge d´Espagne

« Se changer soi même pour changer la société et le monde »

Premier sous-thème : La démarche personnelle

 
 
 
 

La pratique continue de la franc-maçonnerie qui permet d´avancer très lentement vers


la perfection, de limer sans hâte les aspérités de la pierre brute, donne un sens à la vie de
ceux qui s´engagent sur le chemin de l´initiation.
 
Toutefois, de la même manière que faire du yoga ne contribue ni à la solution du
problème du réchauffement climatique ni à celui de la faim, se changer soi même sans
aucune démarche de participation active dans la société ne changera pas le monde. Il est
bien entendu qu´il s´agit de participation à titre individuel et non de l´ordre comme tel.
Les valeurs maçonniques, entre autres, si elles pénètrent le tissu social, peuvent changer
le monde. Les avancées dans la laïcité et l´éducation pour tous en sont des exemples.

Tous les peuples méditerranéens participent de cette progression, individuelle ou


collective, en ayant été plus ou moins longtemps en relation au cours des différentes
périodes historiques.

L´Espagne abonde en exemples de coexistence pacifique des trois religions (sous


Alphonse X, sous l´émirat de Grenade (dont le grand visir était juif), dans les
commanderies templières), mais aussi de passages sanglants d´intolérance et d
´expulsions, menés à leur extrème par la création des tribunaux de l´inquisition.

Les approches des trois principaux rites ne sont pas forcement toutes adaptées aux
cultures méditérranéennes ni aux trois religions. Le RER est moins adapté aux pays de
la rive sud, le rite Emulation et le REA sont eux le reflet des influences anglaise ou
française dans les franc-maçonneries. Les rites maçonniques actuels ont été construits
sur des récits tirés de l´ancien testament à l´époque d´Anderson, faisant fi des traditions
beaucoup plus chrétiennes de la franc maçonnerie opérative (par exemple les références

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aux quatre saints couronnés ont complètement disparu des rituels), et ignorant
complètement le monde musulman. La franc-maçonnerie a subi une grande influence
des élites culturelles occidentales ou occidentalisées. C´est pourquoi elle peut être vue
par l´opinion publique dans les pays les plus islammisés ou de tradition juive par
exemple comme pratiquée par les occidentaux.
 
L´auto-questionnement dont le but est d’établir un dialogue entre l’Âme et Dieu variera
selon la religion, le niveau culturel, et le degré d´emprise de la religion sur la société.
 
La Franc Maçonnerie Régulière, sur le plan de la recherche Personnelle, n'est autre qu'
un processus d' introspection et de quête de l'être permettant a travers une meilleure
connaissance de soi l' accès a la spiritualité.
 
S' il est bien un personnage dans la littérature espagnole qui symbolise cette quête, c' est
Don Quichotte. Il s´agit cependant d´un ouvrage à vocation universelle, et non
seulement adapté à une région ou une culture méditerranéenne. Voyons rapidement en
quoi une analyse ésotérique, voire cabalistique ou alchimique, qui peut nous révéler en
parallèle a une analyse purement maçonnique, certains aspects qui font de cette quête
une progression initiatique.
 
Quichotte en hébreu est transcrit en Queshot, ce qui signifie celui qui a le droit, celui qui
est dans le droit chemin, celui qui est en possession de la vérité. Cervantès était un
auteur qui connaissait la cabale, la thorah, le Zohar.  Don Quijote de la mancha n' est
pas en fait l' habitant de la mancha, cette région du centre de l' Espagne, mais la mancha
au sens de la tache. La tache étant le péché originel au sens biblique. Le monde est taché
suite au péché originel, la quête de celui qui cherche le vrai sens de la vie, qui est en
droit de chercher, est celle de Don Quichotte. 
 
A la mort du dernier prophète l' humanité perd son âge d' or, les portes du ciel se
ferment, le monde est enchanté par le malin. C est dans cet état que se trouve Don
Quichotte. Ne vois tu pas, dit – il à son fidèle Sancho, que toutes les choses paraissent a
l' envers. Le lecteur pense que Don Quichotte est fou alors que lui nous voit tels que le
monde est réellement, tel qu’ il était dans sa perfection avant la chute.  Ne voit il pas
dans le corps d' une Dulcinée qui nous parait laide la beauté de son âme.
 
La chute originelle a introduit une faille ou brèche, par laquelle le mal a fait irruption
dans le monde. Le mal a déréglé la nature. C' est la méfiance et la jalousie de l' homme
qui ont causé ce trouble. Il nous faut donc chercher au fond de nous même ce corps
immortel, non pas celui que nous croyons, déguisés que nous sommes tels les
compagnons d' Ulysse transformés en vulgaires cochons, dans notre animalité. Catiaux
dit les trop simples prennent du doré pour de l' or et les trop intelligents rejettent l' or car
il est doré.
 
Les choses sont cachées aux yeux du monde depuis la chute de l' homme. Adam qui se
souvient de l' Eden nous a donné l' initiation comme recours pour réparer les effets de
cette chute, nous dit Douénias dans le sillage de Martines de Pascually ou Willermoz. L'
homme a une âme immortelle. une empreinte unique et personnelle du créateur qui l' a
créé à son image. Cette empreinte en négatif est indestructible. Dans la veille des
larmes, Dieu a maintenu l' alliance. qui nous permet de retrouver cet ADN, ces qualités

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divines qui avant étaient graces, et maintenant seulement exercées par moment ne sont
plus que des vertus, nécessitant cet effort constant et humain.
  
La science des chevaliers veut désensorceler, restaurer, rendre au monde sa pureté
originelle. La quête c' est en maçonnerie le cherchant, puis le souffrant, ce sont les
quêteurs de l' initiation.
 
La tradition juive enseigne que le nom de Dieu IHWH a une valeur numérique de 26.
Avec la chute il s' est séparé en deux moitiés de 13, l’une sur terre l' autre au ciel. C est
le nombre de l’ homme incomplet, isolé, devenu fou, la carte du tarot, le MAT, ici le
Don Quichotte, le chevalier à la triste figure. Tel Isis séparé d' Osiris, notre héros
cherche sa dulcinée, il cherche en sa dame la beauté qui lui manque, qui unit à sa force
fusionnera en sagesse. Dulcinée dissout Quichotte qui la coagule, ils forment ainsi le
rubis tels Merlin et Viviane nous dit Pere Sanchez.  Don quichotte ne dit il pas “réduis
en ma clarté le chaos de ma confusion', ordo ab chaos. La dissolution n' est autre que le
combat avec les moulins a vent, la lutte contre le hasard qui caractérise les âmes
errantes de notre monde enchanté par le malin. Le Zohar dit va vers toi, cherche toi,
trouve toi, Cervantès nous dit sur ce point que Quichotte fait 100 pas,  cent étant la
valeur de “lej leja”. La lutte contre les puissances mauvaises n' est autre que le travail
sur la pierre cubique.
 
L' homme détruit c' est le temple de Jérusalem, et cette reconstruction c' est la
recomposition du rapport de l’ homme a Dieu quelle que soit sa religion. Après la chute
vient la reconciliation, la réintégration. Ainsi Queshot n' est autre que le droit chemin,
que prend celui qui est en droit de chercher la vérité, Jérusalem est son étoile, et pour
notre héros c' est Barcelone derrière ses murailles. Dieu œuvre a chasser l' hostilité entre
les hommes, à refonder la paix. Le maçon parfait cherche le vrai, le bon et le juste. Tel
Quichotte il tempère la dureté de la justice par la clémence.
 

C' est dans ce voyage que celui qui va devenir l' archétype espagnol va mélanger ses
racines philosophiques soit romaines (Tarraco), soit grecques (Ampurias) soit
phéniciennes (Alicante), sans compter les influences Sépharades de Cordoue et arabes
de Grenade,  un vase méditerranéen ou s’exécute une symbiose sublime. La
méditerranée est creuset, est utérus. Sancho mon ami tu dois savoir que par la volonté
du ciel, je suis né de l’âge de fer pour ressusciter dans l âge d' or. Dans ce creuset  naitra
l' or fin de la sagesse. L âge de fer c' est la tour de fer dans l Enéide ou la muraille de fer
dans Dante. Le troisième jour est la résurrection Don Quichotte ne dit il pas Sancho
attends moi dans 3 jours. Une pensée arabe ne dit elle pas l' home dort et lorsqu' il meurt
il se réveille. La mort en hébreu est mat le fou et en inversant les lettres tam, la justice.
 
Quichotte affronte donc le terrible bruit de cette eau comme si elle tombait de la lune, il
a soif dans le désert, et affronte le vent symbolisé par les moulins. Ainsi i s' initie.
Quichotte est donc réintégré, il a rejoint la cité sainte, il a retrouve le calme du juste, la
chaleur du souffle du père qui a expiré le Verbe, le Verbe du pere qui construit et le
Verbe du fils qui révèle.

Jadis, les constructeurs de pyramides, puis les constructeurs de cathédrales, les


compagnons et les maîtres maçons ont toujours été dirigés par une élite qui transmettait
les secrets. Pour celà un langage symbolique avait été créé, non seulement dans un but d

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´auto-protection, mais aussi parce que les symboles maçonniques sont des passerelles
spirituelles qui nous approchent de l´absolu, de la contemplation de la création et de l
´immensité de Dieu.

Le prologue de l´ouvrage de C.G. Jung, « L´homme à la découverte de son âme »


indique que l´on appelle projection le phénomène social par lequel un individu imprime
sur un objet ou un être vivant un contenu et une tonalité psychique qui sont en fait un
aspect de sa vie intérieure. C´est à dire que l´individu est uni au monde par deux liens
aussi importants qu´irrationnels, qui sont la perception et la projection. En toute logique,
la légende d´Hiram (apparue dans les rituels maçonniques anglais autour de 1730) est
basée sur des archétypes des religions juive, chrétienne et musulmane : la rébellion de
Lucifer dans la Génèse, celle d´Iblis dans le Coran ou celle de l´archange Samael dans
le Zohar.

Depuis que l´Homo Faber gouverne notre société, le matérialisme s´est implanté
partout, même à l´intérieur de nos loges, où coexistent le désir de cheminer vers la
perfection et celui de paraître ou de progresser trop vite, au risque même de ne pas
respecter la tradition ou le secret ; René Guénon disait que « La haine contre le secret c
´est la haine contre tout ce qui s´éloigne de l´uniformité ».

Face à la vague matérialiste des révolutions industrielles et au scepticisme de l


´Illustration, les rituels maçonniques se sont compliqués en incorporant toute sorte de
gestes symboliques, de serments et de preuves de fidélité, qui n´existaient pas avant le
XVIIe siècle, et qui représentent des artifices théatraux difficiles à comprendre à l´ère
numérique. Tout cela rend la voie maçonnique à la spiritualité plus longue et difficile,
plus parsemée d´embuches et de tentations que d´autres voies, comme par exemple les
écoles cabbalistes, le reiki, ou le bouddhisme. Dans « Le chercheur de vérité » le maître
soufi Idries Shah explique : « Quelle est l´erreur fondamentale de l´homme ? Penser qu
´il est vivant alors qu´il est dans la salle d´attente de la vie ».

L´essence pure de l´Être se trouve dans la connaissance de soi, après notre


déconstruction par rapport à nos acquis culturels et sociaux. Après l´élimination de nos
défauts vient le perfectionnement de nos vertus, quoique dans "La Trés Sainte
Trinosophie”, le comte de Saint Germain nous montre que toutes les vertus tendent à la
perfection, mais elles ne sont pas parfaites par elles mêmes, car c´est de leur juste
mélange que doit sortir l´oeuvre divine.

Probablement, à la fin de notre transformation alchimique (car nous n´y sommes pas
encore...), une fois unis à nous mêmes, illuminés, nous pourrons avoir conscience de
notre mission sur terre et nous y employer.

 
 
 
 
 
Planche de travail de la Grande Loge d’Espagne pour Lumières de Méditerranée 
 
 

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