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3 Séries 53
1 Définitions – Série géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
1.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
1.2 Série géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
1.3 Séries convergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
1.4 Suites et séries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
1.5 Le terme d’une série convergente tend vers 0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
1.6 Linéarité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
1.7 Critère de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
2 Séries à termes positifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
2.1 Convergence par les sommes partielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
2.2 Théorème de comparaison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
2.3 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
2.4 Théorème des équivalents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
2.5 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
3 Séries alternées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
3.1 Critère de Leibniz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
3.2 Reste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.3 Contre-exemple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
4 Séries absolument convergentes – Règle de d’Alembert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.1 Séries absolument convergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.2 Règle du quotient de d’Alembert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
4.3 Règle des racines de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
4.4 D’Alembert vs Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
4.5 Règle de Raabe-Duhamel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
5 Comparaison série/intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
5.1 Théorème de comparaison série/intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
5.2 Preuve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
5.3 Séries de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
5.4 Séries de Bertrand . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
5.5 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
6 Produits de deux séries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
6.1 Motivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
TABLE DES MATIÈRES . 4
Introduction
Nous allons introduire l’intégrale à l’aide d’un exemple. Considérons la fonction exponentielle f (x) = e x .
On souhaite calculer l’aire A en-dessous du graphe de f et entre les droites d’équation (x = 0), (x = 1) et
l’axe (O x).
y y = ex
1
A
0 1 x
Nous approchons cette aire par des sommes d’aires des rectangles situés sous la courbe. Plus précisément,
soit n > 1 un entier ; découpons notre intervalle [0, 1] à l’aide de la subdivision (0, 1n , 2n , . . . , ni , · · · , n−1
n , 1).
−
i−1 i
On considère les « rectangles inférieurs » Ri , chacun ayant pour base l’intervalle n , n et pour hauteur
i−1
f i−1 = e(i−1)/n . L’entier i varie de 1 à n. L’aire de Ri− est « base × hauteur » : ni − i−1 × e(i−1)/n = 1n e n .
n n
y y = ex y y = ex
1 1
0 1 2 3 1 x 0 1 2 3 1 x
4 4 4 4 4 4
La somme des aires des Ri− se calcule alors comme somme d’une suite géométrique :
1 n
n i−1 n 1
X e n 1 X 1 i−1 1 1 − e n n
= en = 1
= 1
e − 1 −−−−→ e − 1.
i=1
n n i=1 n 1− en en −1 n→+∞
FONCTIONS RIEMANN INTÉGRALES 1. FONCTIONS EN ESCALIER 6
e x −1
Pour la limite on a reconnu l’expression du type 1 (avec ici x = 1n ).
x −−→
x→0
Soit maintenant les « rectangles supérieurs » Ri+ , ayant la même base i−1 i i
n , n mais la hauteur f n = e
i/n
.
Pn e n i
Un calcul similaire montre que i=1 n → e − 1 lorsque n → +∞.
L’aire A de notre région est supérieure à la somme des aires des rectangles inférieurs ; et elle est inférieure
à la somme des aires des rectangles supérieurs. Lorsque l’on considère des subdivisions de plus en plus
petites (c’est-à-dire lorsque l’on fait tendre n vers +∞) alors on obtient à la limite que l’aire A de notre
région est encadrée par deux aires qui tendent vers e − 1. Donc l’aire de notre région est A = e − 1.
y y = ex
0 1 x
n = 10
1. Fonctions en escalier
1.1. Subdivisions
Définition 1.
Soit [a, b] un intervalle fermé borné de R (−∞ < a < b < +∞). On appelle une subdivision de [a, b]
une suite finie, strictement croissante, de nombres S = (x 0 , x 1 , . . . , x n ) telle que x 0 = a et x n = b.
Autrement dit a = x 0 < x 1 < · · · < x n = b.
a b
x0 x1 x2 x3 x4 x5 x6 x7 x
Définition 2.
Une fonction f : [a, b] → R est une fonction en escalier s’il existe une subdivision (x 0 , x 1 , . . . , x n ) et des
nombres réels c1 , . . . , cn tels que pour tout i ∈ {1, . . . , n} on ait
∀x ∈]x i−1 , x i [ f (x) = ci
Autrement dit f est une fonction constante sur chacun des sous-intervalles de la subdivision.
Exemple 2.
Soit f n : [0, 1] −→ R donnée par :
(
x si x i < x < x i+1
f n (x) =
1 si x = x i , i = 0, 1, 2; ....n
où pour tout n > 1, les x i sont les points de la subdivision de [0, 1] donnée par
1 k
Sn = {x 0 = 0, x 1 = , ......, x k = , ...., x n = 1}
n n
Proposition 1. Demonstration
Soient f et g deux fonctions en escalier sur [a, b] et λ ∈ R Alors | f |, f + g ;λ f et f g sont des fonctions en
escalier sur [a, b].
Preuve.
Si S0 et S1 sont des subdivisions associées à f et g respectivement alors S = S0 ∪ S1 est associée à f et à g.
On peut donc supposer que f et g sont en escalier sur la même subdivision S = (x i )06i 6n . Ainsi f et g sont
constantes, égales respectivement à ci et di sur chaque intervalle ]x i , x i+1 [ Donc | f |, λ f , f + g et f g sont
égales à |ci |, λci , ci + di et ci di sur ]x i, x i+1 [. D’où la proposition.
2. L’intégrale de Riemann
Nous allons reprendre la construction faite dans l’introduction pour une fonction f quelconque. Ce qui va
remplacer les rectangles seront des fonctions en escalier. Si la limite des aires en-dessous égale la limite
Rb
des aires au-dessus on appelle cette limite commune l’intégrale de f que l’on note a f (x) d x. Cependant
il n’est pas toujours vrai que ces limites soient égales, l’intégrale n’est donc définie que pour les fonctions
intégrables. Heureusement nous verrons que si la fonction f est continue alors elle est intégrable.
a x
b
y = f (x)
FONCTIONS RIEMANN INTÉGRALES 2. L’INTÉGRALE DE RIEMANN 8
c5
c1
c2
0
x0 x1 x2 x3 x4 x5 x6 x7 x
c4
c6
c3
Définition 3.
Rb
Pour une fonction en escalier comme ci-dessus, son intégrale est le réel a f (x) d x défini par
Z b n
X
f (x) d x = IS ( f ) = ci (x i − x i−1 )
a i=1
Remarque.
Notez que chaque terme ci (x i − x i−1 ) est l’aire du rectangle compris entre les abscisses x i−1 et x i et de
hauteur ci . Il faut juste prendre garde que l’on compte l’aire avec un signe « + » si ci > 0 et un signe « − » si
ci < 0.
L’intégrale d’une fonction en escalier est l’aire de la partie située au-dessus de l’axe des abscisses (ici en
rouge) moins l’aire de la partie située en-dessous (en bleu). L’intégrale d’une fonction en escalier est bien un
nombre réel qui mesure l’aire algébrique (c’est-à-dire avec signe) entre la courbe de f et l’axe des abscisses.
Proposition 2.
La quantité IS ( f ) ne dépend pas du choix de la subdivision S associée à f , elle ne dépend que de f et de
[a, b].
Preuve.
0
Considérons deux subdivisions S = (x i )06i 6n et S = ( y j )06 j 6m associées à f .
0
• 1er cas S ⊂ S sur chaque intervalle ]x i ; x i+1 [ la fonction f est constante égale à ci . Mais cet intervalle se
découpe en union de certains intervalles ] yk ; yk+1 [, k = l0 , l0 + 1, l0 + 2, ..., l1 oú f prend des valeurs dl
−1
l1P l=l 1 −1 l=l 1 −1
dl ( yl+1 − yl ) = ci ( yl+1 − yl ) = ci ( yl+1 − yl ) =
P P
qui sont forcément toutes égales à ci . Donc
l=l0 l=l0 l=l0
ci (x i+1 − x i ) En faisant la somme sur tous les i = 0; 1, 2, ..., n − 1 on aura
l=m−1
X i=n−1
X
dl ( yl+1 − yl ) = ci (x i+1 − x i )
l=0 i=0
Ainsi, dans ce cas, IS 0 ( f ) = IS ( f )
• 2éme cas
0 00 0
si S et S sont quelconques, associées à f alors S = S ∪ S est une subdivision associée à f vérifiant
00 0 00
S ⊂ S et S ⊂ S D’après le cas premier, on a :
IS ( f ) = IS 00 ( f ) = IS 0 ( f )
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 2. L’INTÉGRALE DE RIEMANN 9
Rb
Cette quantité qui ne dépend donc que de f et de [a, b] est notée a
f (t) et appelée l’intégrale de f
entre a et b.
Proposition 3.
Soient f et g deux fonctions en escalier sur [a; b].
Rb
1. Si f est positive sur tout [a, b], alors : a f (t)d t ¾ 0.
Rb Rb
2. Si f ¾ g sur tout [a, b], alors : a f (t)d t ¾ a g(t)d t.
Rb R
b
3. On a a | f (t)|d t ¾ a f (t)d t .
Preuve. 1. Soit S = x j 0¶i¶n une subdivision associée à f alors toutes les valeurs ci de f sur ]x i ; x i+1 [
sont positives. Comme les (x i+1 − x i ) sont tous positifs, donc :
Z b n−1
X
f (t)d t = ci (x i+1 − x i ) ¾ 0
a i=0
2. Il suffit d’appliquer 1) à f − g.
3. Pour tout x ∈ [a, b] on a, | f (x)| ¾ f (x) ¾ −| f (x)| l’assertion 2) implique :
Z b Z b Z b
| f (x)|d t ¾ f (t)d t ¾ − | f (x)|d t
a a a
D’où Z
Z b b
| f (t)|d t ¾ f (t)d t .
a
a
2.3. Définitions
Soit f une fonction définie et bornée sur [a, b] ⊂ R. On note :
Définition 4.
On dit qu’une fonction bornée f sur [a, b] est intégrable au sens de Riemann ( ou bien Riemann
intégrable) si iab ( f ) = I ab ( f ). Cette valeur commune est notée :
Z b
f (t)d t,
a
et appelée intégrale de f entre a et b.
En analyse réelle, il est souvent utile de ramener un problème à une propriété séquentielle convenable par
exemple une fonction f est continue en un point a si et seulement si, pour toute suite (x n )n convergente
vers a sa suite image ( f (x n ))n converge vers f (a). C’est le cas de la définition précédente.
Théorème 1.
Une fonction f définie et bornée sur [a, b] est intégrable sur [a, b] si et seulement si il existe deux suites
(ϕn )n et (ψn )n de fonctions en escalier telles que :
• ϕn ¶ f ¶ Rψn pour tout n,
b
• limn→+∞ a (ψn − ϕn ) (t)d t = 0.
Rb Rb Rb
Dans ce cas on a limn→+∞ a ψn (t)d t = limn→+∞ a ϕn (t)d t et cette limite commune est a f (t)d t.
Preuve.
Rb
Supposons que iab ( f ) = I ab ( f ) = a f (t)d t. Par définition de la borne inférieure et supérieure on a :
( Rb
∀ϕ ∈ E− ( f ) a
ϕ(t)d t ¶ iab ( f ),
Rb
∀" > 0, ∃ϕ" ∈ E− ( f ) iab ( f ) − " < a ϕ" (t)d t.
et ( Rb
∀ψ ∈ E+ ( f ) a
ψ(t)d t ¾ I ab ( f )
Rb
∀" > 0, ∃ψ" ∈ E+ ( f ) I ab ( f
) + " > a ψ" (t)d t
Ainsi pour " = 1n , n ¾ 1 il existe alors deux fonctions ϕn ∈ E− ( f ) et ψn ∈ E+ ( f ) telles que
Z b
1
b
ia ( f ) − < ϕn (t)d t ¶ iab ( f )
n a
Z b
1
I ab ( f ) ¶ ψn (t)d t < I ab ( f ) +
a n
Si on fait tendre n vers l’infini, on aura
Z b Z b
lim ϕn (t)d t = iab ( f ) = lim ψn (t)d t = I ab ( f )
n→+∞ n→+∞
a a
Par construction, les fonctions ϕn et ψn sont bien en escalier et satisfont ϕn ¶ f ¶ ωn . Ainsi la preuve dans
un sens est faite.
Réciproquement, si il existe deux suites (ϕn )n et (ψn )n telles que :
Z b
ϕn ¶ f ¶ ψn et lim (ψn − ϕn ) (t)d t = 0,
n→+∞
a
alors on a l’implication suivante :
Z b Z b Z b
ϕn (t)d t ¶ iab ( f )¶ I ab ( f )¶ ψn (t)d t ⇒ 0 ¶ I ab ( f ) − iab ( f )¶ (ψn (t) − ϕn (t)) d t
a a a
Rb Rb
0 ¶ iab ( f ) − a ϕn (t)d t ¶ a (ψn (t) − ϕn (t)) d t,
Rb Rb
et 0 ¶ a ψn (t) − I ab ( f ) ¶ a (ψn (t) − ϕn (t)) d t.
Il suffit alors de faire tendre n vers l’infini pour conclure.
Exemple 3.
• Les fonctions en escalier sont intégrables ! En effet si f est une fonction en escalier alors Rb
la borne
inférieure I a ( f ) et supérieure ia ( f ) sont atteintes avec la fonction φ = f . Bien sûr l’intégrale a f (x) d x
b b
0 1 x
On montre que i01 ( f ) ¶ 0 < 1 ¶ I01 ( f ) ⇒ i01 ( f ) 6= I01 ( f ), (Les bornes inférieure et supérieure ne coïncident
pas) donc f n’est pas Riemann intégrable sur [0, 1]. (voir TD)
Il n’est pas si facile de calculer des exemples avec la définition. Nous avons vu l’exemple de la fonction
R1
exponentielle dans l’introduction où nous avions en fait montré que 0 e x d x = e − 1. Nous allons voir
maintenant l’exemple de la fonction f (x) = x 2 . Plus tard nous verrons que les primitives permettent de
calculer simplement beaucoup d’intégrales.
Exemple 4.
R1
Soit f : [0, 1] → R, f (x) = x 2 . Montrons qu’elle est intégrable et calculons 0 f (x) d x.
y
y = x2
x
0 n=5 1
2
définie par φ + (x) = ni 2 si x ∈ i−1 i + − +
n n (pour chaque i = 1, . . . , n) et φ (1) = 1. φ et φ sont des fonctions
,
− +
en escalier et l’on a φ 6 f 6 φ .
L’intégrale de la fonction en escalier φ + est par définition
Z1 n n n
i2 i i−1 i2 1 1 X 2
X X
+
φ (x) d x = − = = 3 i .
0 i=1
n2 n n i=1
n2 n n i=1
Pn n(n+1)(2n+1)
On se souvient de la formule i=1 i 2 = 6 , et donc
Z1
n(n + 1)(2n + 1) (n + 1)(2n + 1)
φ + (x) d x = = ·
0 6n3 6n2
De même pour la fonction φ − :
Z1 n n−1
−
X (i − 1)2 1 1 X 2 (n − 1)n(2n − 1) (n − 1)(2n − 1)
φ (x) d x = = 3 j = = ·
0 i=1
n2 n n j=1 6n3 6n2
Maintenant i01 ( f ) est la borne supérieure sur toutes les fonctions en escalier inférieures à f donc en particulier
R1 R1
i01 ( f ) > 0 φ − (x) d x. De même I01 ( f ) 6 0 φ + (x) d x. En résumé :
Z1 Z1
(n−1)(2n−1) (n+1)(2n+1)
6n2
= − 1 1
φ (x) d x 6 i0 ( f ) 6 I0 ( f ) 6 φ + (x) d x = 6n2
.
0 0
Lorsque l’on fait tendre n vers +∞ alors les deux extrémités tendent vers 13 . On en déduit que i01 ( f ) =
R1
I01 ( f ) = 13 . Ainsi f est intégrable et 0 x 2 d x = 13 .
Exemple 5.
On considère la fonction f définie par :
f : [0, 1] → R
x 7→ a x
Avec a ∈ R∗+ , montrons à l’aide du théorème caractéristique ci-dessus (qu’on peut considérer comme
définition), que la fonction f est Riemann intégrable sur [0, 1]. Pour tous n ¾ 1, on considère la subdivision
de [0, 1] telle que :
1
§ ª
k
Sn = x 0 = 0, x 1 = , . . . , x k = , . . . , x n = 1 ,
n n
qui va être associée aux fonctions en escalier définies par :
ϕn (t) = a x i , ψn (t) = a x i+1 , ∀t ∈] x i , x i+1 [, i = 0, 1, . . . , n − 1,
ϕn (x i ) = 0, ψn (x i ) = a, i = 0, 1, . . . , n.
Puisque f est strictement croissante, donc : ϕn ¶ f ¶ ψn et on a :
Z1 n−1 n−1
X X i 1
ϕn (t)d t = a x i (x i+1 − x i ) = a
0 i=0 i=0
nn
n−1
a X a n(n − 1)
= 2 i= 2 .
n i=0 n 2
et
1 n−1 n−1
i+11
Z X X
ψn (t)d t = a x i+1 (x i+1 − x i ) = a
0 i=0 i=0
n n
n−1
a X a n(n + 1)
= 2
(i + 1) = 2 .
n i=0 n 2
D’où Z 1 Z 1
a
lim ϕn (t)d t = lim ψn (t)d t = .
n→+∞
0
n→+∞
0 2
R1
Ainsi f est intégrable sur [0, 1] et son intégrale vaut 0
(at)d t = 2a .
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 2. L’INTÉGRALE DE RIEMANN 13
Proposition 4.
Si f et g sont deux fonctions bornées et intégrables sur [a, b] et si λ ∈ R. Alors λ f et f + g sont intégrables
sur [a, b] et on a :
Rb Rb
• a λ f (t)d t = λ a f (t)d t,
Rb Rb Rb
• a ( f + g)(t)d t = a f (t)d t + a g(t)d t.
Preuve.
Comme f et g sont intégrables on sait qu’il existe des suites (ϕn )n¾1 , (ψn )n¾1 , (un )n¾1 et (vn )n¾1 de fonctions
en escalier telles que pour tout n ¾ 1 :
ϕn ¶ f ¶ ψn et un ¶ g ¶ vn ,
et
Z b Z b
lim (ψn − ϕn ) (t) = lim (vn − un ) (t) = 0.
n→+∞ n→+∞
a a
Il s’en suit que :
Rb
? Si λ > 0, alors : λϕn ¶ λ f ¶ λψn et limn→+∞ a (λψn − λϕn ) (t)d t = 0.
Rb
? si λ < 0, alors : λψn ¶ λ f ¶ λϕn et limn→+∞ a (λϕn − λψn ) (t) = 0. Pour λ = 0 c’est trivial. Donc
λ f est intégrable sur [a, b]. On a déjà vu que pour les fonctions en escalier l’intégrale est linéaire et de la
linéarité de la limite on déduit que :
Z b Z b
λ f (t)d t = lim λϕn (t)d t
n→+∞
a a
b
Z
= lim λ ϕn (t)d t
n→+∞
a
Z b
= λ lim ϕn (t)d t
n→+∞
a
Z b
=λ f (t)d t
a
Par ailleurs on a
ϕn + un ¶ f + g ¶ ψn + vn
et
Z b Z b Z b
lim (ψn + vn ) (t)d t = lim ψn d t + lim vn d t
n→+∞ n→+∞ n→+∞
a a a
Z b Z b
= lim ϕn d t + lim un d t
n→+∞ n→+∞
a a
Z b
= lim (ϕn + un ) (t)d t
n→+∞
a
Z b
= ( f + g)(t)d t
a
C’est ce qu’il fallait démontrer.
Notons R([a, b]) l’ensemble des fonctions Riemann intégrables sur [a, b] (qui contient évidement les
fonctions en escalier sur [a, b] ). La proposition 2.1 nous informe que R([a, b]) est un espace vectoriel réel
Rb
et que f 7→ a f (t)d t est une application linéaire de R([a, b]) dans R ( donc c’est une forme linéaire de
R([a, b])).
FONCTIONS RIEMANN INTÉGRALES 2. L’INTÉGRALE DE RIEMANN 14
1. Si S = x j 0¶i¶n est une subdivision associée à f alors elle l’est à λ f aussi. Si f prenait les valeurs ci
sur les intervalles ]x i ; x i+1 [ alors λ f prend les valeurs λci sur ces mêmes intervalles. On obtient donc
Z b n−1
X n−1
X Z b
λ f (t)d t = λci (x i+1 − x i ) = λ ci (x i+1 − x i ) = λ f (t)d t.
a i=0 i=0 a
2. Soit S = x j 0¶i¶n une subdivision associée à f et à g. Chacune de ces fonctions vaut ci et di respective-
ment sur les intervalles ]x i ; x i+1 [. Ainsi f + g vaut ci + di sur ces intervalles et on aura :
Z b n−1
X
( f + g)(t)d t = (ci + di ) (x i+1 − x i )
a i=0
n−1
X n−1
X
= ci (x i+1 − x i ) + di (x i+1 − x i )
i=0 i=0
Z b Z b
= f (t)d t + g(t)d t.
a a
Mini-exercices.
R1 1
R1
1. En admettant que 0
xn d x = n+1 . P(x) d x où P(x) = an x n + · · · + a1 x + a0 .
Calculer l’intégrale 0R1
Trouver un polynôme P(x) non nul de degré 2 dont l’intégrale est nulle : 0 P(x) d x = 0.
Rb R b 2 R b p rR
b Rb R
b
2. A-t-on a f (x)2 d x = a f (x) d x ; a f (x) d x = f (x) d x ; | f (x)| d x = f (x) d x ;
a a a
R b
R bR
| f (x) + g(x)| d x = a f (x) d x + a g(x) d x ?
Rb Rb Rb
3. Peut-on trouver a < b tels que a x d x = −1 ; a x d x = 0 ; a x d x = +1 ? Mêmes questions avec
Rb 2
a
x d x.
R2 2 R
b 3
4. Montrer que 0 6 1 sin x d x 6 1 et a cos x d x 6 |b − a|.
Proposition 5.
Soient f et g deux fonctions bornées et intégrables sur un compact [a; b] de R.
Rb
1. Si f ¾ 0 sur [a, b] alors a f (t)d t ¾ 0.
Rb Rb
2. Si f ¾ g sur[a, b] alors a f (t)d t ¾ a g(t)d t.
Preuve. 1. Comme f est intégrable, on sait qu’il existe une suite (ψn )n de fonctions en escalier telles que
f ¶ ψn pour tout n et
Z b Z b
f (t)d t = lim ψn (t)d t
n→+∞
a a
Rb
Comme f est positive, toutes les fonctions ψn le sont aussi, donc les intégrales a
ψn (t)d t sont positives
et leur limite aussi.
2. Il suffit d’appliquer 1) à f − g ¾ 0
Maintenant soit f une fonction bornée sur [a, b]. Pour tout x ∈ [a, b] on pose
f− (x) = max{− f (x), 0} et f+ (x) = max{ f (x), 0}
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 2. L’INTÉGRALE DE RIEMANN 15
f = f+ − f− et | f | = f+ + f−
Proposition 6.
Soit f une fonction bornée intégrable sur [a, b], alors f+ , f− et | f | sont aussi intégrables et
Z Z
b b
f (t)d t ¶ | f (t)|d t
a a
Preuve.
Comme f est intégrable alors il existe des fonctions en escalier (ϕn )n et (ψn )n vérifiant ϕn ¶ f ¶ ψn et
dont les intégrales convergent vers celle de f . On vérifie alors facilement que
(ϕn )+ ¶ f+ ¶ (ψn )+
et que (ψn )+ − (ϕn )+ ¶ ψn − ϕn . Donc f+ est intégrable sur [a, b]. Par la même méthode, f− est intégrable
sur [a, b] D’où | f | = f+ + f− est intégrable sur [a, b].
L’inégalité des intégrales découle de 2) de la proposition 4. appliquée à
−| f | ¶ f ¶ | f |
Exemple 6 (Application).
Calculer les limites suivantes :
Z x 2
et
lim dt
x→0+
0 2 + cos(t)
2x
t +1
Z
1
lim dt
x→+∞ x2 x t (1 + cos2 (t))
Pour calculer la première limite, il suffit d’appliquer la formule de la moyenne à [a, b] = [0, x] et à la
t2
e
fonction t 7→ f (t) = 2+cos(t) qui est continue sur R le compact [0, 1] ⊃ [0, x], x ∼ 0+ . Soient alors
m = min{ f (t), t ∈ [0, 1]} et M = max{ f (t), t ∈ [0, 1]}. La formule de la moyenne nous mène à
Z x 2
1 et
m¶ ¶M
x − 0 0 2 + cos(t)
Par suite
Z x 2
et
xm ¶ dt ¶ xM
0 2 + cos(t)
D’où
Z x 2
et
lim dt = 0
x→0+
0 2 + cos(t)
FONCTIONS RIEMANN INTÉGRALES 2. L’INTÉGRALE DE RIEMANN 16
De même la fonction
t +1
g : t 7→ g(t) =
t (1 + cos2 (t))
est continue sur [1, +∞ [ avec lim x→+∞ g(t) = 1. Or pour x ∼ +∞ on a [x, 2x] ⊂ [1, +∞[, donc
m = inf{g(t), 1 ¶ t < +∞} et M = sup{g(t), 1 ¶ t < +∞}
existent bien dans R et d’après la formule de la moyenne
Z 2x
1 t +1
m¶ ¶M
2x − x x t (1 + cos2 (t))
Puisque x > 0 on aura
2x
t +1
Z
m 1 M
¶ 2 dt ¶
x x x t (1 + cos (t))
2 x
Par conséquence,
2x
t +1
Z
1
lim dt = 0.
x→+∞ x2 x t (1 + cos2 (t))
Preuve.
Quitte à considérer −g, on peut supposer que g est positive. La fonction f est continue sur [a, b], donc elle
est bornée et atteint ses bornes :
m = min{ f (x) : a ¶ x ¶ b}, M = max{ f (x) : a ¶ x ¶ b}
Par ailleurs on a ;
Z b Z b Z b
m g(x)d x ¶ f (x)g(x)d x ¶ M g(x)d x
a a a
Rb Rb
- Si g(x)d x = 0, d’après la dernière inégalité, a f (x)g(x)d x = 0 et le théorème devient trivial.
Rab Rb
- Si a
g(x)d x 6= 0 alors a g(x)d x > 0 et les inégalités précédentes nous donnent
Rb
a
f (x)g(x)d x
m¶ Rb ¶M
a
g(x)d x
Rb
f (x)g(x)d x
Le théorème des valeurs intermédiaires nous assure l’existence d’un c ∈ [a, b] tel que f (c) = a
Rb .
a
g(x)d x
Ce qu’il fallait démontrer.
Proposition 8.
Si f et g sont deux fonctions bornées
Rb R b sur [a,
R b et intégrables b] alors f g est bornée et intégrable sur [a, b].
Mais en général a ( f g)(t)d t 6= a f (t)d t a
g(t)d t .
Preuve.
? Cas où f et g sont toutes les deux positives. On pose
M = max{ f (x), a ¶ x ¶ b} et N = max{g(x), a ¶ x ¶ b}
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 2. L’INTÉGRALE DE RIEMANN 17
Par définition, il existe des fonctions en escalier (ϕn )n , (ψn )n , (un )n et (vn )n telles que
ϕn ¶ f ¶ ψn et un ¶ g ¶ vn
Posons
ϕn0 (x) = max {ϕn (x), 0} , ψ0n (x) = min {ψn (x), M }
u0n (x) = max {un (x), 0} , vn0 (x) = min {vn (x), N }
Ce sont toutes des fonctions en escalier qui vérifient bien :
ϕn ¶ ϕn0 et 0 ¶ ϕn0 ¶ f ¶ ψ0n ¶ ψn
Les fonctions f − m et g − m0 qui sont bornées et intégrables sont positives. D’après le cas précédent,
( f − m) g − m0 , est intégrable. Puisque
f g = ( f − m) g − m0 + mg + m0 f − mm0 ,
on en déduit que f g est bornée Riemann intégrable. Pour voir qu’on n’a pas toujours l’égalité, il suffit de
prendre [a, b] = [0, 2] et f = g = 1
Z2 Z2 Z 2 2 Z 2 Z2
( f g)(t)d t = d t = 2 6= 4 = dt = ( f )(t)d t × (g)(t)d t.
0 0 0 0 0
Preuve.
Soit λ ∈ R. La fonction f + λg est intégrable, donc ( f + λg)2 l’est aussi. Comme c’est une fonction positive,
donc Z b
( f (x) + λg(x))2 d x ¾ 0
a
Ainsi Z b Z b Z b
2 2
λ (g(x)) d x + 2λ f (x)g(x)d x + ( f (x))2 d x ¾ 0
a a a
Rb
est un polynôme de degré deux en λ et qui est toujours du signe du coefficient a (g(x))2 d x de λ2 , donc
son discriminant est négatif, c’est-à-dire :
Z b 2 Z b Z b
4 f (x)g(x)d x −4 ( f (x))2 d x (g(x))2 d x ¶0
a a a
Proposition 9.
Soient f est une fonction bornée et intégrable et g une fonction définie sur [a, b] est égale à f sauf sur un
nombre finis de points, alors g est intégrable et
Z b Z b
g(x)d x = f (x)d x
a a
Preuve.
Par hypothèse il existe une subdivision S = (x i )0¶i¶n de [a, b] telle que f = g sur chacun des intervalles
]x i , x i+1 [. La fonction f − g est donc nulle sur chacun des intervalles ]x i , x i+1 [. En d’autres termes, la
fonction f − g est en escalier. Elle est donc intégrable et son intégrale est clairement nulle. La fonction
g = f − ( f − g) est donc intégrable et son intégrale est égale à celle de f .
Remarque.
Cette proposition signifie que si on change les valeurs d’une fonction R-intégrable sur [a, b] en un nombre
fini de points de [a, b] alors elle reste encore intégrable et garde la même intégrale.
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 3. FAMILLES DE FONCTIONS INTÉGRABLES 19
3.2. Monotonie
Théorème 4.
Toute fonction monotone sur un compact [a, b] de R est intégrable.
Preuve.
supposons que f : [a, b] → R bornée est croissante (sinon on considérera − f qui sera croissante).
Pour tout n ¾ 1 considérons la subdivision : Sn = x 0 = a, x 1 = a + b−a b−a
n , . . . , x i = a + i n , . . . , x n = b , qui
permet de construire les fonctions en escalier :
ϕn (t) = f (x i ) , ∀t ∈] x i , x i+1 [, i = 0, 1, 2, . . . ., n − 1
et
ψn (t) = f (x i+1 ) , ∀t ∈] x i , x i+1 [, i = 0, 1, 2, . . . , n − 1
On a évidemment ϕn ¶ f ¶ ψn et :
Z b i=n−1
X
0¶ (ψn − ϕn ) (t)d t = ( f (x i+1 ) − f (x i )) (x i+1 − x i )
a i=0
i=n−1
X b−a
= ( f (x i+1 ) − f (x i ))
i=0
n
i=n−1
b−a X
= ( f (x i+1 ) − f (x i ))
n i=0
b−a
= ( f (b) − f (a))
n
Rb
ce qui implique que limn→+∞ a
(ψn − ϕn ) (t)d t = 0, par suite f est intégrable sur [a, b].
3.3. Continuité
Définition 5.
Une fonction f est continue en un point a d’un intervalle I de R si
∀" > 0, ∃ηa," > 0, |x − a| < ηa," ⇒ | f (x) − f (a)| < ".
f est dite continue sur I si f est continue en tout point a de I.
Remarque.
Dans cette définition, il faut noter que le ηa,ε > 0 ci-dessus dépend de ε évidement mais aussi de a.
Définition 6.
Une fonction f est dite uniformément continue sur un intervalle I de R si
∀ε > 0, ∃ηε > 0, |x − y| < ηa,ε ⇒ | f (x) − f ( y)| < ε.
Exemple 7.
Théorème 5 ( Heine ).
Toute fonction continue sur un intervalle fermé borné [a, b] est uniformément continue sur [[a, b]
Preuve.
Si f est continue, montrons qu’elle est uniformément continue, c’est-à-dire :
Théorème 6.
Si f : [a, b] → R est continue alors f est intégrable.
Preuve.
Par hypothèse, f est continue, d’après le théorème de Heine, f est aussi uniformément continue, donc pour
tout ε > 0, il existe un η > 0 telle que
ε
|x − y| < η ⇒ | f (x) − f ( y)| <
2(b − a)
On considère une subdivision (x i )06i 6m−1 telles que ma x(x i+1 − x i ) < η ; puis que b−a m converge vers zéro,
b−a b−a
soit m > 1 tel que m < η, Il suffit de prendre S = {x i = a + i m }06i 6m−1 . on définit les fonctions en
escalier :
ε ε
ϕε (t) = f (x i ) − , ψε (t) = f (x i ) + , x i < t < x i+1 , 0 < i < n − 1,
2(b − a) 2(b − a)
Pour tout t ∈]x i , x i+1 [ on a 0 < t − x i < x i+1 − x i < η donc
ε ε ε
| f (x i ) − f (t)| < 2(b−a) ce qui signifie que f (x i ) − 2(b−a) < f (t) < f (x i ) + 2(b−a) c’est-à-dire ϕε (t) < f (t) <
ψε (t) par ailleurs
Rb Pn−1 ε ε
a
ψ ε (t) − ϕ ε (t)d t = i=0 ( f (x i ) + 2(b−a) − f (x i ) + 2(b−a) )((x i+1 − x i )
b n−1
ε ε
Z X
ψε (t) − ϕε (t)d t = f (x i ) + − f (x i ) + ) (x i+1 − x i )
a i=0
2(b − a) 2(b − a)
n−1
b−a X ε
=
n i=0 2(b − a)
=ε
Pour ε = 1/n, on aura alors des fonctions en escalier (ϕn )n , (ψn )n telles que :
Z b
ϕn 6 f 6 ψn et lim (ψn − ϕn ) (t)d t = 0
n→+∞
a
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 3. FAMILLES DE FONCTIONS INTÉGRABLES 21
(i) Si f est intégrable sur [a, b] alors f est intégrable sur [a, c] et sur [c, b]
(ii) Si f est intégrable sur [a, c] sur [c, b] alors f est intégrable sur [a, b]
(iii) Si f est intégrable sur [a, b] alors on a la relation de Chasles
Z b Zc Z b
f (x) d x = f (x) d x + f (x) d x
a a c
Preuve.
La relation de Chasles est évidente pour les fonctions en escalier.
(i) Si pour ε > 0 il existe ϕ et ψ en escalier sur est [a, b] telles que
Z b
ϕ ¶ f ¶ ψ et (ψ − ϕ) (t)d t < ε
a
Z b
ϕn ¶ f ¶ ψn sur [c, b] avec lim (ψn − ϕn ) (t)d t = 0
n→+∞
c
FONCTIONS RIEMANN INTÉGRALES 4. PRIMITIVE ET INTÉGRALES 22
D’où
b b c b
Z Z Z Z
f (t)d t = lim ψn (t)d t = lim ψn (t)d t + ψn (t)d t
n→+∞ n→+∞
a a a c
Z b Z b
f (t)d t = lim ψn (t)d t
n→+∞
a a
c b
Z Z
= lim ψn (t)d t + ψn (t)d t
n→+∞
a c
Z c Z b
= lim ψn (t)d t + lim ψn (t)d t
n→+∞ n→+∞
a c
Z c Z b
= f (t)d t + f (t)d t
a c
Puisque
Z a Z c Z b
0= f (t)d t = f (t)d t + f (t)d t
a a c
on aura donc
Corollaire 1.
Si f est intégrable sur [a, b] alors
Z b Z a
f (x) d x = − f (x) d x
a b
En particulier, la relation
Z d Z c Z d
f (x) d x = f (x) d x + f (x) d x
e e c
est vraie quelques que soient les relations d’ordre entre e, c et d dans [a, b].
Théorème 7.
Si f est continue (respectivement monotone) par morceaux sur [a, b] alors f est intégrable sur [a, b].
4. Primitive et intégrales
Dans cette section, f : [a, b] → R est une fonction bornée intégrable sur [a, b].
Proposition 11.
si | f | 6 M sur [a, b]. alors pour tous x et y dans [a, b],
|F (x) − F ( y)| 6 M |x − y|
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 4. PRIMITIVE ET INTÉGRALES 23
Preuve.
Supposons que x > y
Z x Z y Z x Za
|F (x) − F ( y)| = f (t)d t − f (t)d t = f (t)d t + f (t)d t
a a
a y
Ainsi
Z x Z y
|F (x) − F ( y)| = f (t)d t − f (t)d t
Za a
x Za
= f (t)d t + f (t)d t
a y
Z x
= f (t)d t
y
Z x
< Mdt
y
= M (x − y)
Corollaire 2.
Rx
La fonction F : x → F (x) = a f (t)d t est Lipschitzienne donc uniformément continue sur [a, b]
Théorème 8.
Soit x 0 ∈ [a, b]. Les assertions suivantes sont satisfaites :
(a) Si f admet une limite réelle l à droite au point x 0 alors F admet une dérivée à droite en x 0 égale à l :
0
lim+ f (t) = l ∈ R ⇒ Fd (x 0 ) = l
x→x 0
(b) Si f admet une limite réelle l à gauche au point x 0 alors F admet une dérivée à gauche en x 0 égale à l :
0
lim− f (t) = l ∈ R ⇒ F g (x 0 ) = l
x→x 0
(c) Si f admet une limite réelle l au point x 0 alors F admet une dérivée en x 0 égale à l :
0
lim f (t) = l ∈ R ⇒ F (x 0 ) = l
x→x 0
0
lim f (t) = f (x 0 ) ∈ R ⇒ F (x 0 ) = f (x 0 )
x→x 0
Preuve.
.
Ainsi
F (x 0 + h) − F (x 0 ) F (x 0 + h) − F (x 0 ) − lh
− l | = |
h h
x +h
Z
1 0
= f (t)d t − lh
h x
0
Z x 0 +h
1
6 |( f (t) − l)| d t
h x
0
Z x 0 +h
1
6 εd t
h x
0
=ε
0
D’où Fd (x 0 ) = l
(b) la même que (a)
(c) c’est juste (a) et (b)
(d) c’est (c) pour l = f (x 0 ).
Théorème 9.
0 0 0
Si f est continue sur [a, b] alors F est dérivable avec F (x) = f (x), ∀x ∈]a, b[, Fd (a) = f (a) et F g (b) =
f (b)
On remarque que si la fonction F n’est pas dérivable, alors f ne sera plus continue. Un exemple est donné
par :
(
x si 0 6 x 6 1
F (x) =
2x − 1 si 1 < x 6 2
0 0
n’est pas dérivable puisque F g (1) = 1 et Fd (1) = 2 et pour laquelle
(
1 si 0 6 x 6 1
f (x) =
2 si 1 < x 6 2
n’est pas continue.
Définition 7.
On dit que G est une primitive de f sur [a, b] si G est une fonction dérivable sur [a, b] vérifiant
G 0 (x) = f (x) pour tout x ∈ [a, b]
Trouver une primitive est donc l’opération inverse de calculer la fonction dérivée.
Exemple 8.
x3
1. Soit I = R et f : R → R définie par f (x) = x 2 . Alors F : R → R définie par F (x) = 3 est une primitive
x3
de f . La fonction définie par F (x) = + 1 est aussi une primitive de f .
3
p 3
2. Soit I = [0, +∞[ et g : I → R définie par g(x) = x. Alors G : I → R définie par G(x) = 23 x 2 est une
primitive de g sur I. Pour tout c ∈ R, la fonction G + c est aussi une primitive de g.
Nous allons voir que trouver une primitive permet de les trouver toutes.
Proposition 12.
Soit f : I → R une fonction et soit F : I → R une primitive de f . Toute primitive de f s’écrit G = F + c où
c ∈ R.
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 4. PRIMITIVE ET INTÉGRALES 25
Démonstration. Notons tout d’abord que si l’on note G la fonction définie par G(x) = F (x) + c alors
G 0 (x) = F 0 (x) mais comme F 0 (x) = f (x) alors G 0 (x) = f (x) et G est bien une primitive de f .
Pour la réciproque supposons que G soit une primitive quelconque de f . Alors (G − F )0 (x) = G 0 (x) − F 0 (x) =
f (x) − f (x) = 0, ainsi la fonction G − F a une dérivée nulle sur un intervalle, c’est donc une fonction
constante ! Il existe donc c ∈ R tel que (G − F )(x) = c. Autrement dit G(x) = F (x) + c (pour tout x ∈ I).
R R R
Notations. On notera une primitive de f par f (t) d t ou f (x) d x ou f (u) du (les lettres t, x, u, ...
sont des lettres dites muettes, c’est-à-dire interchangeables). On peut même noter une primitive simplement
R
par f .
R
La proposition 12 nous dit que si F est une primitive de f alors il existe un réel c, tel que F = f (t) d t + c.
R Rb
Attention : f (t) d t désigne une fonction de I dans R alors que l’intégrale a f (t) d t désigne un nombre
Rb
réel. Plus précisément nous verrons que si F est une primitive de f alors a f (t) d t = F (b) − F (a).
Par dérivation on prouve facilement le résultat suivant :
Proposition 13.
Soient F une primitive de f et G une primitive de g. Alors F + G est une primitive de f + g. Et si λ ∈ R
alors λF est une primitive de λ f .
R
ex d x = ex + c sur R
R
cos x d x = sin x + c sur R
R
sin x d x = − cos x + c sur R
x n+1
R
xn d x = n+1 +c (n ∈ N) sur R
x α+1
xα d x =
R
α+1 +c (α ∈ R \ {−1}) sur ]0, +∞[
1
R
x d x = ln |x| + c sur ]0, +∞[ ou ] − ∞, 0[
R R
sh x d x = ch x + c, ch x d x = sh x + c sur R
dx
R
1+x 2
= arctan x + c sur R
arcsin x + c
pdx
R
= π sur ] − 1, 1[
2 − arccos x + c
1−x 2
Argshx + c
pdx
R
= p sur R
x 2 +1 ln x + x 2 + 1 + c
Argchx + c
pdx
R
= p sur x ∈]1, +∞[
x 2 −1 ln x + x 2 − 1 + c
FONCTIONS RIEMANN INTÉGRALES 4. PRIMITIVE ET INTÉGRALES 26
Remarque.
Ces primitives sont à connaître par cœur.
x n+1
1. Voici comment lire ce tableau. Si f est la fonction définie sur R par f (x) = x n alors la fonction : x 7→ n+1
x n+1
est une primitive de f sur R. Les primitives de f sont les fonctions définies par x 7→ n+1 + c (pour c une
n+1
constante réelle quelconque). Et on écrit x n d x = xn+1 + c, où c ∈ R.
R
2. Souvenez vous que la variable sous le symbole intégrale est une variable muette. On peut aussi bien
n+1
écrire t n d t = xn+1 + c.
R
3. La constante est définie pour un intervalle. Si l’on a deux intervalles, il y a deux constantes qui peuvent
être différentes. Par exemple pour 1x d x nous avons deux domaines de validité : I1 =]0, +∞[ et
R
4. On peut trouver des primitives aux allures très différentes par exemple x 7→ arcsin x et x 7→ π2 − arccos x
sont deux primitives de la même fonction x 7→ p 1 2 . Mais bien sûr on sait que arcsin x + arccos x = π2 ,
1−x
donc les primitives diffèrent bien d’une constante !
Théorème 10.
Soit f : [a, b] → R une fonction continue. La fonction F : I → R définie par
Z x
F (x) = f (t) d t
a
b
Notation. On note F (x) a = F (b) − F (a).
Exemple 9.
Nous allons pouvoir calculer plein d’intégrales. Recalculons d’abord les intégrales déjà rencontrées.
1. Pour f (x) = e x une primitive est F (x) = e x donc
Z1
1
e x d x = e x 0 = e1 − e0 = e − 1.
0
x3
2. Pour g(x) = x 2 une primitive est G(x) = 3 donc
Z 1
x 3 1
x2 d x = 3 0
= 31 .
0
Rx t=x
3. a
cos t d t = sin t t=a
= sin x − sin a est une primitive de cos x.
Ra
4. Si f est impaire alors ses primitives sont paires (le montrer). En déduire que −a
f (t) d t = 0.
Remarque.
Rx
1. F (x) = a f (t) d t est même l’unique primitive de f qui s’annule en a.
Rb
2. En particulier si F est une fonction de classe C 1 alors a
F 0 (t) d t = F (b) − F (a) .
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 5. INTÉGRATION PAR PARTIES – CHANGEMENT DE VARIABLE 27
Rx
3. On évitera la notation a f (x) d x où la variable x est présente à la fois aux bornes et à l’intérieur de
Rx Rx
l’intégrale. Mieux vaut utiliser la notation a f (t) d t ou a f (u) du pour éviter toute confusion.
4. Une fonction intégrable n’admet pas forcément une primitive. Considérer par exemple f : [0, 1] → R
définie par f (x) = 0 si x ∈ [0, 12 [ et f (x) = 1 si x ∈ [ 12 , 1]. f est intégrable sur [0, 1] mais elle n’admet
pas de primitive sur [0, 1]. En effet par l’absurde si F était une primitive de f , par exemple la primitive
qui vérifie F (0) = 0. Alors F (x) = 0 pour x ∈ [0, 12 [ et F (x) = x − 12 pour x ∈ [ 12 , 1]. Mais alors nous
obtenons une contradiction car F n’est pas dérivable en 12 alors que par définition une primitive doit
être dérivable.
Théorème 11.
Soient u et v deux fonctions de classe C 1 sur un intervalle [a, b].
Z b Z b
0
b
u0 (x) v(x) d x
u(x) v (x) d x = uv a
−
a a
b b b
Notation. Le crochet F a est par définition F a = F (b) − F (a). Donc uv a = u(b)v(b) − u(a)v(a). Si
l’on omet les bornes alors F désigne la fonction F + c où c est une constante quelconque.
La formule d’intégration par parties pour les primitives est la même mais sans les bornes :
Z Z
u(x)v (x) d x = uv − u0 (x)v(x) d x.
0
L’utilisation de l’intégration par parties repose sur l’idée suivante : on ne sait pas calculer directement
l’intégrale d’une fonction f s’écrivant comme un produit f (x) = u(x)v 0 (x) mais si l’on sait calculer l’intégrale
de g(x) = u0 (x)v(x) (que l’on espère plus simple) alors par la formule d’intégration par parties on aura
l’intégrale de f .
Exemple 10.
R1
1. Calcul de 0 x e x d x. On pose u(x) = x et v 0 (x) = e x . Nous aurons besoin de savoir que u0 (x) = 1 et
qu’une primitive de v 0 est simplement v(x) = e x . La formule d’intégration par parties donne :
R1 x R1
0
xe dx = u(x)v 0 (x) d x
0 1 R 1
= u(x)v(x) 0 − 0 u0 (x)v(x) d x
1 R1
= x ex 0 − 0 1 · ex d x
1
= 1 · e1 − 0 · e0 − e x 0
= e − (e1 − e0 )
= 1
FONCTIONS RIEMANN INTÉGRALES 5. INTÉGRATION PAR PARTIES – CHANGEMENT DE VARIABLE 28
Re
2. Calcul de 1
x ln x d x.
2
On pose cette fois u = ln x et v 0 = x. Ainsi u0 = 1x et v = x2 . Alors
Ze Ze Ze Z e
0
e x2 e 1 x2
u0 v = ln x ·
ln x · x d x = uv = uv 1 − 2 1 − x 2 dx
1 1 1 1
Z e
2 2
e2 1 x 2 e e2 e2 e2 +1
ln e e2 − ln 1 12 1 1
= − 2 x dx = 2 − = − + =
1 2 2 1 2 4 4 4
R
3. Calcul de arcsin x d x.
Pour déterminer une primitive de arcsin x, nous faisons artificiellement apparaître un produit en écrivant
arcsin x = 1 · arcsin x pour appliquer la formule d’intégration par parties. On pose u = arcsin x, v 0 = 1
(et donc u0 = p 1 2 et v = x) alors
1−x
Z Z
x
1 · arcsin x d x = x arcsin x − p dx
1 − x2
p
= x arcsin x − − 1 − x 2
p
= x arcsin x + 1 − x 2 + c
Z Z
2 x
2 x
x e d x = x e − 2 x ex d x
D’où
Z
x 2 e x d x = (x 2 − 2x + 2)e x + c.
Exemple 11.
Z 1
sin(πx)
Nous allons étudier les intégrales définies par I n = d x, pour tout entier n > 0.
0 x +n
1. Montrer que 0 6 I n+1 6 I n .
sin(πx) sin(πx)
Pour 0 6 x 6 1, on a 0 < x + n 6 x + n + 1 et sin(πx) > 0, donc 0 6 x+n+1 6 x+n . D’où 0 6 I n+1 6 I n
par la positivité de l’intégrale.
2. Montrer que I n 6 ln n+1
n . En déduire limn→+∞ I n .
sin(πx) 1
R1 1
1
d x = ln(x + n) 0 = ln n+1
De 0 6 sin(πx) 6 1, on a x+n 6 x+n . D’où 0 6 I n 6 0 x+n n → 0.
3. Calculer limn→+∞ nI n .
1 1
Nous allons faire une intégration par parties avec u = x+n et v 0 = sin(πx) (et donc u0 = − (x+n)2 et
v = − π1 cos(πx)) :
Z 1
1
nI n = n sin(πx) d x
0 x +n
1 Z1
1 1
n n
= − cos(πx) − cos(πx) d x
π x +n 0 π 0 (x + n)2
n 1 n
= + − Jn
π(n + 1) π π
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 5. INTÉGRATION PAR PARTIES – CHANGEMENT DE VARIABLE 29
R1 cos(πx)
Il nous reste à évaluer Jn = 0 (x+n)2
d x.
Z1 Z1
n n | cos(πx)| n 1
Jn 6 dx 6 dx
π π 0 (x + n) 2 π 0 (x + n)2
1
1 1 1 1 1
n n
= − = − + = → 0.
π x +n 0 π 1+n n π n+1
1
Donc limn→+∞ nI n = limn→+∞ n
π(n+1) + π − πn Jn = π2 .
Théorème 12.
Soit f une fonction définie sur un intervalle I et ϕ : J → I une bijection de classe C 1 . Pour tout a, b ∈ J
Z ϕ(b) Z b
f ϕ(t) · ϕ 0 (t) d t
f (x) d x =
ϕ(a) a
Voici un moyen simple de s’en souvenir. En effet si l’on note x = ϕ(t) alors par dérivation on obtient
dx 0 0
R ϕ(b) Rb 0
d t = ϕ (t) donc d x = ϕ (t) d t. D’où la substitution ϕ(a) f (x) d x = a f (ϕ(t)) ϕ (t) d t.
Démonstration. Comme F est une primitive de f alors F 0 (x) = f (x) et par la formule de la dérivation de la
composition F ◦ ϕ on a
(F ◦ ϕ)0 (t) = F 0 (ϕ(t))ϕ 0 (t) = f (ϕ(t))ϕ 0 (t).
Donc F ◦ ϕ est une primitive de f (ϕ(t))ϕ 0 (t).
Z b Z ϕ(b)
0
b ϕ(b)
Pour les intégrales : f (ϕ(t))ϕ (t) d t = F ◦ ϕ a = F ϕ(b) − F ϕ(a) = F ϕ(a) = f (x) d x.
a ϕ(a)
Remarque.
Comme ϕ est une bijection de J sur ϕ(J), sa réciproque ϕ −1 existe et est dérivable sauf quand ϕ s’annule.
Si ϕ ne s’annule pas, on peut écrire t = ϕ −1 (x) et faire un changement de variable en sens inverse.
Exemple 12.
R
Calculons la primitive F = tan t d t.
Z Z
sin t
F= tan t d t = dt .
cos t
0 0
On reconnaît ici une forme uu (avec u = cos t et u0 = − sin t) dont une primitive est ln |u|. Donc F = − uu =
R
− ln |u| = − ln |u| + c = − ln | cos t| + c.
Nous allons reformuler tout cela en terme de changement de variable. Notons ϕ(t) = cos t alors ϕ 0 (t) =
− sin t, donc
ϕ 0 (t)
Z
F= − dt
ϕ(t)
Si f désigne la fonction définie par f (x) = 1x , qui est bijective tant que x =6 0 ; alors F = − ϕ 0 (t) f (ϕ(t)) d t.
R
Remarque : pour que l’intégrale soit bien définie il faut que tan t soit définie, donc t 6≡ π2 mod π. La restriction
d’une primitive à un intervalle ] − π2 + kπ, π2 + kπ[ est donc de la forme − ln | cos t| + c. Mais la constante c
peut être différente sur un intervalle différent.
Exemple 13.
R 1/2 x
Calcul de 0 (1−x 2 )3/2
d x.
Soit le changement de variable u = ϕ(x) = 1 − x 2 . Alors du = ϕ 0 (x) d x = −2x d x. Pour x = 0 on a
u = ϕ(0) = 1 et pour x = 12 on a u = ϕ( 12 ) = 34 . Comme ϕ 0 (x) = −2x, ϕ est une bijection de [0, 12 ] sur
[1, 43 ]. Alors
Z 1/2 Z 3/4 −du Z 3/4
x dx 2 1
= =− u−3/2 du
0 (1 − x 2 )3/2
1 u 3/2 2 1
1 −1/2 3/4
1 3/4 1 2
= − − 2u 1
= p 1 = q − 1 = p − 1.
2 u 3 3
4
Exemple 14.
R 1/2
Calcul de 0 (1−x12 )3/2 d x.
On effectue le changement de variable x = ϕ(t) = sin t et d x = cos t d t. De plus t = arcsin x donc pour
x = 0 on a t = arcsin(0) = 0 et pour x = 12 on a t = arcsin( 12 ) = π6 . Comme ϕ est une bijection de [0, π6 ]
sur [0, 12 ],
Z 1/2 Z π/6 Z π/6
dx cos t d t cos t d t
= =
0 (1 − x 2 )3/2
0 (1 − sin t)
2 3/2
0 (cos 2 t)3/2
Z π/6 Z π/6
cos t 1 π/6 1
= 3
dt = 2
d t = tan t 0 = p .
0 cos t 0 cos t 3
Exemple 15.
Calcul de (1+x12 )3/2 d x.
R
Soit le changement de variable x = tan t donc t = arctan x et d x = cosd t2 t (la fonction tangente établit une
bijection de ] − π2 , + π2 [ sur R). Donc
Z Z
1 1 dt
F= dx =
(1 + x )
2 3/2 (1 + tan t)
2 3/2 cos2t
Z
dt 1
= (cos2 t)3/2 2
car 1 + tan2 t =
cos t cos2 t
Z
= cos t d t = sin t = sin t + c = sin(arctan x) + c
Donc Z
1
d x = sin(arctan x) + c.
(1 + x 2 )3/2
En manipulant un peu les fonctions on trouverait que la primitive s’écrit aussi F (x) = p x + c.
1+x 2
Mini-exercices.
R π/2 R π/2
1. Calculer les intégrales à l’aide d’intégrations par parties : 0 t sin t d t, 0 t 2 sin t d t, puis par
R π/2
récurrence 0 t n sin t d t.
R R
2. Déterminer les primitives à l’aide d’intégrations par parties : t sh t d t, t 2 sh t d t, puis par récurrence
R n
t sh t d t.
Rap Rπ p
3. Calculer les intégrales à l’aide de changements de variable : 0 a2 − t 2 d t ; −π 1 + cos t d t (pour
ce dernier poser deux changements de variables : u = cos t, puis v = 1 − u).
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 6. INTÉGRATION DES FRACTIONS RATIONNELLES 31
sh t
R
4. Déterminer les primitives suivantes à l’aide de changements de variable : th t d t où th t = ch t ,
R pt
e d t.
Il faut être conscient cependant que beaucoup de fonctions ne s’intègrent pas à l’aide de fonctions simples.
p R 2π
Par exemple si f (t) = a cos t + b2 sin2 t alors l’intégrale 0 f (t) d t ne peut pas s’exprimer comme
2 2
somme, produit, inverse ou composition de fonctions que vous connaissez. En fait cette intégrale vaut
la longueur d’une ellipse d’équation paramétrique (a cos t, b sin t) ; il n’y a donc pas de formule pour le
périmètre d’une ellipse (sauf si a = b auquel cas l’ellipse est un cercle !).
b−
a
// //
−
Mais de façon remarquable, il y a toute une famille de fonctions que l’on saura intégrer : les fractions
rationnelles.
Troisième cas. Le dénominateur a x 2 + b x + c ne possède pas de racine réelle. Voyons comment faire sur
un exemple.
Exemple 16.
Soit f (x) = 2x 2x+1
+x+1
. Voir (TD)
FONCTIONS RIEMANN INTÉGRALES 6. INTÉGRATION DES FRACTIONS RATIONNELLES 32
Les règles de Bioche. On note ω(x) = f (x) d x. On a alors ω(−x) = f (−x) d(−x) = − f (−x) d x et
ω(π − x) = f (π − x) d(π − x) = − f (π − x) d x.
• Si ω(−x) = ω(x) alors on effectue le changement de variable u = cos x.
• Si ω(π − x) = ω(x) alors on effectue le changement de variable u = sin x.
• Si ω(π + x) = ω(x) alors on effectue le changement de variable u = tan x.
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 7. SOMMES DE DARBOUX ET DE RIEMANN 33
Exemple 17.
cos x d x
R
Calcul de la primitive 2−cos2 x
Voir (TD)
x
Avec t = tan on a
2
1 − t2 2t 2t
cos x = sin x = tan x =
1 + t2 1+ t 2 1 − t2
2 dt
et dx = .
1 + t2
Exemple 18.
R0 dx
Calcul de l’intégrale −π/2 1−sin x.
Le changement de variable t = tan 2x définit une bijection de [− π2 , 0] vers [−1, 0] (pour x = − π2 , t = −1 et
2t 2 dt
pour x = 0, t = 0). De plus on a sin x = 1+t 2 et d x = 1+t 2 .
Z0 Z0 2 dt Z0
dx 1+t 2 dt
= =2
−2π 1 − sin x
2t
−1 1 − 1+t 2 −1 1 + t 2 − 2t
Z0
1 0 1
dt
= 2 = 2 = 2 1 − =1
−1 (1 − t)
2 1 − t −1 2
Mini-exercices.
4x+5 6−x 2x−4 1
R R R R
1. Calculer les primitives x 2 +x−2
d x, x 2 −4x+4
d x, (x−2)2 +1
d x, (x−2)2 +1
d x.
dx
pour tout k > 1. Idem avec Jk = (xx2 +1) dx
R R
2. Calculer les primitives I k = (x−1)k k.
R 1 dx R 1 x dx R 1 x dx R1 dx
3. Calculer les intégrales suivantes : 0 x 2 +x+1 , 0 x 2 +x+1 , 0 (x 2 +x+1)2 , 0 (x 2 +x+1) 2.
Rπ Rπ R 2π d x
4. Calculer les intégrales suivantes : −2π sin2 x cos3 x d x, 02 cos4 x d x, 0 2+sin x.
2
Théorème 13.
Soit f une fonction bornée sur [a, b]. Les assertions suivantes sont équivalentes :
1. f est intégrable.
2. sab ( f ) = Sab ( f ).
FONCTIONS RIEMANN INTÉGRALES 7. SOMMES DE DARBOUX ET DE RIEMANN 34
Preuve.
Évidement,.
k=n−1
X
R(S, E, f ) = f (ek )(x k+1 − x k )
k=0
(appelées sommes de Riemann de f relative à E dans S)
Théorème 14.
Soit f une fonction bornée et intégrable sur [a, b], alors
Z b
f (x)d x = lim [R(S, E, f )]
δ(S)→0
a
Preuve.
Identique à celle des sommes de Darboux.
Un cas particulier de ce théorème est lorsqu’on considère la subdivision
b−a b−a
Sn = {x 0 = a, x 1 = a +, ......, x k = a + k , ....x n = b}, n > 1
n n
sur [a, b] dont le diamètre est δ(Sn ) = b−a
n donc δ(Sn ) converge vers 0 ainsi On peut ainsi énoncer
Corollaire 3.
Soit f : [a, b] → R une fonction intégrable, alors
n
X Z b
b−a
a + k b−a
Sn = n f n −−−−→ f (x) d x
n→+∞
k=1 a
La somme Sn s’appelle la somme de Riemann associée à l’intégrale et correspond à une subdivision régulière
de l’intervalle [a, b] en n petits intervalles. La hauteur de chaque rectangle étant évaluée à son extrémité
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 7. SOMMES DE DARBOUX ET DE RIEMANN 35
droite.
b−a 1
et f a + k b−a k
Le cas le plus utile est le cas où a = 0, b = 1 alors n = n n =f n et ainsi
n
X Z1
1 k
Sn = n f n −−−−→ f (x) d x
n→+∞
k=1 0
f ( nk )
k
x
0 n 1
Remarque.
L’intégrale est définie à partir de limites de sommes. Mais maintenant que nous savons calculer des intégrales
sans utiliser ces sommes on peut faire le cheminement inverse : calculer des limites de sommes à partir
d’intégrales.
Exemple 19.
Pn 1
Calculer la limite de la somme Sn = k=1 n+k .
On a S1 = 2 , S2 = 3 + 4 , S3 = 4 + 5 + 6 , S4 = 15 + 16 + 17 + 18 ,. . .
1 1 1 1 1 1
Pn
La somme Sn s’écrit aussi Sn = 1n k=1 1 k . En posant f (x) = 1+x 1
, a = 0 et b = 1, on reconnaît que Sn est
1+ n
une somme de Riemann. Donc
n n
1X 1 1 X k
Sn = = f
n k=1 1 + k n k=1 n
n
Z b Z 1
1 1
−−−−→ f (x) d x = d x = ln |1 + x| 0 = ln 2 − ln 1 = ln 2.
n→+∞
a 0 1+ x
Ainsi Sn → ln 2 (lorsque n → +∞).
Mini-exercices.
p p
1. Trouver les primitives des fonctions : x 3 − x 7 , cos x + exp x, sin(2x), 1 + x + x, p1 , 3 1
x
x, x+1 .
1
2. Trouver les primitives des fonctions : ch(x) − sh( 2x ), 1+4x 2
,p1 2 − p 1 .
1+x 1−x 2
3. Trouver une primitive de x 2 e x sous la forme (a x 2 + b x + c)e . x
4. Trouver toutes les primitives de x 7→ x12 (préciser les intervalles et les constantes).
R1 R π d x R e 1−x R 21 d x
5. Calculer les intégrales 0 x n d x, 04 1+x 2, 1 x 2 d x, 0 x 2 −1
.
Pn e k/n Pn n
6. Calculer la limite (lorsque n → +∞) de la somme Sn = k=1 n . Idem avec Sn0 = k=1 (n+k)2
.
FONCTIONS RIEMANN INTÉGRALES 8. INTÉGRALE GÉNÉRALISÉE 36
8. Intégrale généralisée
Définition 8.
Rb
Soit f : (a, b) → R une fonction continue. On dit que a f (x)d x est Intégrale généralisée si
(1) a = −∞ ou
(2) a = +∞ ou
(3) sup{| f (x)|, x ∈ (a, b)} = +∞
Pour tout intervalle borné [α, β] ⊂ (a, b), f est Riemann intégrable sur [α, β] Par définition,
Z b Z β
f (x)d x = lim f (x)d x
α→a,β→b
a α
Lorsque cette limite existe dans R on dit que l’intégrale généralisée est convergente. Si cette limite n’existe
pas on dira que l’intégrale impropre est divergente.
Exemple 20.
R +∞ d x R +∞ 2 R1 1
R2 dx
R2dx
I1 = 0 x 2 +1
d x, I2 = −∞ x exp−x d x, I3 = 0 x
d x, I4 = 0 x(x−2)
I5 = 0 x−1
R +∞ d x
(1) I1 = 0 x 2 +1
d x. On pose
Z β
dx
I1 (β) = d x, β ∈ R?+
0 x2 + 1
qui est bien une intégrale de Riemann.
Z β
dx
I1 (β) = dx
0 x2 +1
β
= [arctan(x)]0
= arctan(β)
limβ→+∞ (I1 (β)) = l imβ→+∞ (arctan(β)) = π/2 l’intégrale généralisée I1 est convergente avec
Z +∞
dx
I1 = d x = π/2
0 x +1
2
R +∞ 2
(2) I2 = −∞ x exp−x d x est une intégrale généralisée qui est égale, d’aprés la relation de Chasles, à
Z +∞ Z0 Z +∞
2 2 2
I2 = x exp−x d x = x exp−x d x + x exp−x d x
−∞ −∞ 0
R0 −x 2
Rβ −x 2
On pose alors I2,1 (α) = α
x exp d x et I2,2 (β) = 0
x exp d x où 0 ∈ [α, β] ⊂ R
Z 0
2
I2,1 (α) = x exp−x d x
α
1 2
= [− exp−x ]0α
2
qui converge vers − 12 .
R +∞ 2
Identiquement on aura I2,2 converge vers 12 ainsi −∞ x exp−x d x = 0
R1
(3) I3 = 0 1x d x est une intégrale généralisée puisque :
1
sup {| |} = +∞
0<x<1 x
Z 1
lim+ 1/x d x = lim+ [ln(x)]1α = +∞
α→0 α→0
α
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 8. INTÉGRALE GÉNÉRALISÉE 37
Z 2 Z1 Z2
dx dx dx
= +
0 x −1 0 x −1 1 x −1
Z1 Z2
dx dx
I(5,1) = et I(5,2) =
0 x − 1 1 x −1
Zα Z2
dx dx
I(5,1 (α) = et I(5,2) (β) =
0 x −1 β x −1
Z 2
dx
I(5,2) (β) =
β x −1
= [ln(x − 1)]2β
= − ln(β − 1)
Et
lim I(5,2) (β) = +∞
β→1+
R2dx
R 2 dx
Ainsi 1 x−1
diverge et par conséquence 0 x−1 est divergente.
Chapitre
Équations différentielles
2
linéaires : d’ordre 1 et 2
1. Définition
1.1. Introduction
Une équation différentielle est une équation :
• dont l’inconnue est une fonction (généralement notée y(x) ou simplement y) ;
• dans laquelle apparaissent certaines des dérivées de la fonction (dérivée première y 0 , ou dérivées d’ordres
supérieurs y 00 , y (3) , . . .).
Exemple 1.
Soit l’équation différentielle y 0 = 2x y + 4x. Vérifier que y(x) = k exp(x 2 ) − 2 est une solution sur R, ceci
quel que soit k ∈ R.
1.2. Définition
Passons à la définition complète d’une équation différentielle et surtout d’une solution d’une équation
différentielle.
Définition 1.
• Une équation différentielle d’ordre n est une équation de la forme
F x, y, y 0 , . . . , y (n) = 0
(E)
où F est une fonction de (n + 2) variables.
• Une solution d’une telle équation sur un intervalle I ⊂ R est une fonction y : I → R qui est n fois
dérivable et qui vérifie l’équation (E).
Remarque.
• Rechercher une primitive, c’est déjà résoudre l’équation différentielle y 0 = f (x). C’est pourquoi on trouve
souvent « intégrer l’équation différentielle » pour « trouver les solutions de l’équation différentielle ».
• Une équation différentielle linéaire est homogène, ou sans second membre, si la fonction g ci-dessus
est la fonction nulle :
a0 (x) y + a1 (x) y 0 + · · · + an (x) y (n) = 0
• Une équation différentielle linéaire est à coefficients constants si les fonctions ai ci-dessus sont
constantes :
a0 y + a1 y 0 + · · · + an y (n) = g(x)
où les ai sont des constantes réelles et g une fonction continue.
Exemple 2.
1. y 0 + 5x y = e x est une équation différentielle linéaire du premier ordre avec second membre.
2. y 0 + 5x y = 0 est l’équation différentielle homogène associée à la précédente.
3. 2 y 00 − 3 y 0 + 5 y = 0 est une équation différentielle linéaire du second ordre à coefficients constants, sans
second membre.
4. y 02 − y = x ou y 00 · y 0 − y = 0 ne sont pas des équations différentielles linéaires.
C’est une simple vérification. On peut reformuler la proposition en disant que l’ensemble des solutions
forme un espace vectoriel.
Autrement dit, on trouve toutes les solutions en ajoutant une solution particulière aux solutions de l’équation
homogène. C’est une conséquence immédiate du caractère linéaire des équations.
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 2. ÉQUATION DIFFÉRENTIELLE LINÉAIRE DU PREMIER ORDRE 41
Définition 2.
Une équation différentielle linéaire du premier ordre est une équation du type :
y 0 = a(x) y + b(x) (E)
où a et b sont des fonctions définies sur un intervalle ouvert I de R.
Dans la suite on supposera que a et b sont des fonctions continues sur I. On peut envisager la forme :
α(x) y 0 + β(x) y = γ(x). On demandera alors que α(x) 6= 0 pour tout x ∈ I. La division par α permet de
retrouver la forme (E).
On va commencer par résoudre le cas où a est une constante et b = 0. Puis a sera une fonction (et toujours
b = 0). On terminera par le cas général où a et b sont deux fonctions.
2.1. y 0 = a y
Théorème 1.
Soit a un réel. Soit l’équation différentielle :
y0 = a y (E)
Les solutions de (E), sur R, sont les fonctions y définies par :
y(x) = ke ax
Ce résultat est fondamental. Il est tout aussi fondamental de comprendre d’où vient cette formule, via une
preuve rapide (mais pas tout à fait rigoureuse). On réécrit l’équation différentielle sous la forme
y0
=a
y
que l’on intègre à gauche et à droite pour trouver :
ln | y(x)| = a x + b
On compose par l’exponentielle des deux côtés pour obtenir :
| y(x)| = e ax+b
Autrement dit y(x) = ±e b e a x . En posant k = ±e b on obtient les solutions (non nulles) cherchées. Nous
verrons une preuve rigoureuse juste après.
y y
x k=0 k=0 x
k<0 k<0
ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES : D’ORDRE 1 ET 2 2. ÉQUATION DIFFÉRENTIELLE LINÉAIRE DU PREMIER ORDRE 42
Exemple 3.
Résoudre l’équation différentielle :
3 y0 − 5 y = 0
5
On écrit cette équation sous la forme y 0 = 53 y. Ses solutions, sur R, sont donc de la forme : y(x) = ke 3 x ,
où k ∈ R.
Remarque.
• L’équation différentielle (E) admet donc une infinité de solutions (puisque l’on a une infinité de choix
de la constante k).
• La constante k peut être nulle. Dans ce cas, on obtient la « solution nulle » : y = 0 sur R, qui est une
solution évidente de l’équation différentielle.
• Le théorème 1 peut aussi s’interpréter ainsi : si y0 est une solution non identiquement nulle de l’équation
différentielle (E), alors toutes les autres solutions y sont des multiples de y0 . En termes plus savants,
l’ensemble des solutions forme un espace vectoriel de dimension 1 (une droite vectorielle).
Preuve du théorème 1.
1. On vérifie que les fonctions proposées sont bien solutions de (E). En effet, pour y(x) = ke ax , on a
y 0 (x) = ake ax = a y(x).
2. Montrons que les fonctions proposées sont les seules solutions. (C’est-à-dire qu’il n’y en a pas d’un autre
type que y(x) = ke a x .) Soit y une solution quelconque de (E) sur R. Considérons la fonction z définie
par : z(x) = y(x)e−a x . Alors, par la formule de dérivation d’un produit :
z 0 (x) = y 0 (x)e−a x + y(x) − ae−ax = e−ax y 0 (x) − a y(x)
Mais, par hypothèse, y est une solution de (E), donc y 0 (x) − a y(x) = 0. On en déduit que z 0 (x) = 0,
pour tout réel x. Ainsi z est une fonction constante sur R. Autrement dit, il existe une constante k telle
que z(x) = k pour tout x ∈ R. D’où :
z(x) = k donc y(x)e−ax = k donc y(x) = ke ax .
Ce qui termine la preuve du théorème.
2.2. y 0 = a(x) y
Le théorème suivant affirme que, lorsque a est une fonction, résoudre l’équation différentielle y 0 = a(x) y
revient à déterminer une primitive A de a (ce qui n’est pas toujours possible explicitement).
Théorème 2.
Soit a : I → R une fonction continue. Soit A : I → R une primitive de a. Soit l’équation différentielle :
y 0 = a(x) y (E)
Les solutions sur I de (E) sont les fonctions y définies par :
y(x) = keA(x)
Si a(x) = a est une fonction constante, alors une primitive est par exemple A(x) = a x et on retrouve les
solutions du théorème 1.
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 2. ÉQUATION DIFFÉRENTIELLE LINÉAIRE DU PREMIER ORDRE 43
Démonstration.
y(x) solution de (E)
⇐⇒ y 0 (x) − a(x) y(x) = 0
e−A(x) y 0 (x) − a y(x) = 0
⇐⇒
0
⇐⇒ y(x)e−A(x) = 0
⇐⇒ ∃k ∈ R y(x)e−A(x) = k
⇐⇒ ∃k ∈ R y(x) = keA(x)
Exemple 4.
Comment résoudre l’équation différentielle x 2 y 0 = y ? On se place sur l’intervalle I+ = ]0, +∞[ ou I− =
] − ∞, 0[. L’équation devient y 0 = x12 y. Donc a(x) = x12 , dont une primitive est A(x) = − 1x . Ainsi les
1
solutions cherchées sont y(x) = ke− x , où k ∈ R.
Proposition 3.
Si y0 est une solution de (E), alors les solutions de (E) sont les fonctions y : I → R définies par :
y(x) = y0 (x) + keA(x) avec k ∈ R
où x 7→ A(x) est une primitive de x 7→ a(x).
La recherche de la solution générale de (E) se réduit donc à la recherche d’une solution particulière. Parfois
ceci se fait en remarquant une solution évidente. Par exemple, l’équation différentielle y 0 = 2x y + 4x a pour
2
solution particulière y0 (x) = −2 ; donc l’ensemble des solutions de cette équation sont les y(x) = −2 + ke x ,
où k ∈ R.
Puisque A0 = a, on a :
Ainsi :
y00 (x) − a(x) y0 (x) = k0 (x)eA(x)
Donc y0 est une solution de (E) si et seulement si
Z
0 0 −A(x)
k (x)e A(x)
= b(x) ⇐⇒ k (x) = b(x)e ⇐⇒ k(x) = b(x)e−A(x) dx.
Exemple 5.
Soit l’équation y 0 + y = e x + 1. L’équation homogène est y 0 = − y dont les solutions sont les y(x) = ke−x ,
k ∈ R.
Cherchons une solution particulière avec la méthode de variation de la constante : on note y0 (x) = k(x)e−x .
On doit trouver k(x) afin que y0 vérifie l’équation différentielle y 0 + y = e x + 1.
y00 + y0 = e x + 1
k0 (x)e−x − k(x)e−x + k(x)e−x = e x + 1
⇐⇒
⇐⇒ k0 (x)e−x = e x + 1
⇐⇒ k0 (x) = e2x + e x
⇐⇒ k(x) = 21 e2x + e x + c
On fixe c = 0 (n’importe quelle valeur convient) :
1 2x 1
−x
y0 (x) = k(x)e = e + e e−x = e x + 1
x
2 2
Nous tenons notre solution particulière ! Les solutions générales de l’équation y 0 + y = e x + 1 s’obtiennent
en additionnant cette solution particulière aux solutions de l’équation homogène :
1 x
y(x) = e + 1 + ke−x , k ∈ R.
2
cette équation dans l’exemple 5 : y(x) = 12 e x + 1 + ke−x où k ∈ R. Nous allons déterminer la constante k
afin que la condition initiale y(1) = 2 soit vérifiée :
1 1 k e e2
y(1) = 2 ⇐⇒ e + 1 + ke−1 = 2 ⇐⇒ = 1 − ⇐⇒ k = e −
2 e 2 2
e2
1 x −x
Ainsi la solution cherchée est y(x) = 2 e + 1 + e − 2 e , et c’est la seule solution.
Exemple 7.
Les solutions de l’équation différentielle y 0 + y = x sont les
y(x) = x − 1 + ke−x k∈R
et sont définies sur I = R. Pour chaque point (x 0 , y0 ) ∈ R2 , il existe une unique solution y telle que
y(x 0 ) = y0 . Le graphe de cette solution est la courbe intégrale passant par (x 0 , y0 ).
(x 0 , y0 )
2.6. Exemples
Exemple 8.
On considère l’équation différentielle (E) : x 3 y 0 + (2 − 3x 2 ) y = x 3 .
Correction.
ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES : D’ORDRE 1 ET 2 3. ÉQUATION HOMOGÈNE DE PREMIER ORDRE 46
2
6 0, on a y 0 = − 2−3x
1. (a) Résolution de l’équation homogène (E0 ) : x 3 y 0 + (2 − 3x 2 ) y = 0. Pour x = x3
y.
2
− 2−3x dx
R
2 2
Donc la solution générale de (E0 ) est y(x) = ke x3 = ke3 ln |x| e1/x = k|x|3 e1/x . Donc la
3 1/x 2 2
solution générale de (E0 ) sur ]0, +∞[ est : y(x) = k1 x e ; et sur ] − ∞, 0[ : y(x) = k2 x 3 e1/x .
(b) Résolution de l’équation avec second membre (E) par la méthode de variation de la constante. On
2
cherche une solution sous la forme y(x) = k(x)x 3 e1/x . En dérivant et en remplaçant dans l’équation
2 R −1/x 2 2
différentielle, on obtient k0 (x)x 3 e1/x = 1. Donc k(x) = e x 3 dx = 12 e−1/x + c. D’où une solution
2
particulière de (E) sur ]0, +∞[ ou ] − ∞, 0[ : y0 (x) = k(x)x 3 e1/x = 21 x 3 .
2
(c) Solution générale sur ]0, +∞[ : y(x) = 12 x 3 + k1 x 3 e1/x .
2
Solution générale sur ] − ∞, 0[ : y(x) = 21 x 3 + k2 x 3 e1/x .
2
2. x 3 e1/x tend vers +∞ (resp. −∞) lorsque x → 0+ (resp. 0− ), donc pour k1 ou k2 non nul, y ne peut
pas être prolongée par continuité en 0. Pour k1 = k2 = 0, y(x) = 12 x 3 est continue et dérivable sur R.
C’est la seule solution sur R.
2
3. Si l’on cherche une solution particulière vérifiant y(1) = 0, alors on a y(x) = 12 x 3 + k x 3 e1/x , y(1) =
1 1 3 1/x 2
1/2 + ke = 0, donc k = − 2e . Donc y(x) = 12 x 3 − 2e x e .
Exemple 9.
Résoudre x(1 + x) y 0 − (x + 2) y = 2x.
1. Équation homogène.
x+2
L’équation homogène est x(1 + x) y 0 − (x + 2) y = 0. Pour x 6= 0 et x =
6 −1, l’équation s’écrit y 0 = x(1+x) y.
x+2 2 1
La décomposition de la fraction en éléments simples est : a(x) = = −
x(1+x) x 1+x .
Une primitive de
R x+2
a(x) est donc A(x) = x(1+x) dx = 2 ln |x| − ln |x + 1|. La solution générale de l’équation homogène est
x2 2 2
y(x) = keA(x) = ke2 ln |x|−ln |x+1| = keln |x+1| = k |x+1|
x x
= ±k x+1 . Cette solution est bien définie en x = 0.
2
x
On obtient donc la solution générale de l’équation homogène : y(x) = k x+1 sur ] − ∞, −1[ ou sur
] − 1, +∞[.
2. Solution particulière.
2
x
On cherche une solution de l’équation non homogène sous la forme y0 (x) = k(x) x+1 par la méthode de
0
variation de la constante. En remplaçant dans l’équation, on obtient k (x)x = 2x. Donc pour x 6= 0, on
3
x2
a k0 (x) = x22 , et k(x) = − 2x . D’où la solution générale de l’équation non homogène y(x) = − x+1
2x
+ k x+1 .
Cette solution est définie sur ] − ∞, −1[ ou ] − 1, +∞[.
3. Existe-t-il une solution définie sur R ?
x(k x−2)
On a y(x) = x+1 . Donc pour k = 6 −2, on ne peut prolonger y en −1. Pour k = −2, on peut prolonger
y en −1. On obtient une solution définie sur R : y = −2x.
Définition 3.
Une équation homogène de premier ordre est une équation différentielle du type :
0 y(x)
y (x) = f (1)
x
où f est une fonction réelle.
Pour résoudre une telle équation, le changement de variable y(x) = xα(x) où α est une fonction réelle
à déterminer, permet de transformer l’ égalité 1 en une équation différentielle à variables séparables de
premier degré, donc facile à intégrer.
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 4. ÉQUATION DIFFÉRENTIELLE DE BERNOULLI 47
Exemple 10.
Définition 4.
Une équation de Bernoulli d’ordre n ¾ 2 est une équation différentielle du type :
y 0 (x) + a(x) y(x) + b(x) y n (x) = 0 (8)
où n est entier naturel plus grand que 2, a et b sont des fonctions continues sur un intervalle de I de R.
y = 0 est solution de 13. Alors pour déterminer les solutions (non triviales), on divise les deux membres
par y n ce qui donne :
y 0 (x) a(x)
+ n−1 + b(x) = 0 (9)
yn y
1
Posons z(x) = y n−1
; on se ramène à :
1 0
z (x) + a(x)z(x) + b(x) = 0 (10)
1−n
Exemple 11.
Définition 5.
On appelle équation de Recatti est une équation différentielle du type :
y 0 (x) = a(x) y 2 (x) + b(x) y(x) + c(x) (12)
6.1. Définition
Une équation différentielle linéaire du second ordre, à coefficients constants, est une équation de la forme
a y 00 + b y 0 + c y = g(x) (E)
Théorème 4.
L’ensemble des solutions de l’équation homogène (E0 ) est un R-espace vectoriel de dimension 2.
a y 00 + b y 0 + c y = 0
⇐⇒ (ar 2 + br + c)e r x = 0
⇐⇒ ar 2 + br + c = 0.
Définition 6.
L’équation ar 2 + br + c = 0 est appelée l’équation caractéristique associée à (E0 ).
Théorème 5.
1. Si ∆ > 0, l’équation caractéristique possède deux racines réelles distinctes r1 6= r2 et les solutions de (E0 )
sont les
y(x) = λe r1 x + µe r2 x où λ, µ ∈ R.
2. Si ∆ = 0, l’équation caractéristique possède une racine double r0 et les solutions de (E0 ) sont les
y(x) = (λ + µx)e r0 x où λ, µ ∈ R.
Exemple 12.
1. Résoudre sur R l’équation y 00 − y 0 − 2 y = 0.
L’équation caractéristique est r 2 − r − 2 = 0, qui s’écrit aussi (r + 1)(r − 2) = 0 (∆ > 0). D’où, pour tout
x ∈ R, y(x) = λe−x + µe2x , avec λ, µ ∈ R.
2. Résoudre sur R l’équation y 00 − 4 y 0 + 4 y = 0.
L’équation caractéristique est r 2 − 4r + 4 = 0, soit (r − 2)2 = 0 (∆ = 0). D’où, pour tout x ∈ R,
y(x) = (λx + µ)e2x , avec λ, µ ∈ R.
3. Résoudre sur R l’équation y 00 − 2 y 0 + 5 y = 0.
L’équation caractéristique est r 2 −2r +5 = 0. Elle admet deux solutions complexes conjuguées : r1 = 1+2 i
et r2 = 1 − 2 i (∆ < 0). D’où, pour tout x ∈ R, y(x) = e x (λ cos(2x) + µ sin(2x)), avec λ, µ ∈ R.
Démonstration. La preuve consiste à trouver deux solutions linéairement indépendantes, ce qui permet
d’affirmer qu’elles forment une base d’après le théorème 4 (que l’on a admis).
1. Si ∆ > 0, alors l’équation caractéristique a deux racines réelles distinctes r1 , r2 . On obtient ainsi deux
solutions y1 = e r1 x , y2 = e r2 x qui sont linéairement indépendantes car r1 6= r2 . Comme l’espace des
solutions un espace vectoriel de dimension 2 (par le théorème 4), alors une base de l’espace des solutions
de (E0 ) est e r1 x , e r2 x .
La solution générale de (E0 ) s’écrit y(x) = λe r1 x + µe r2 x , où λ, µ ∈ R.
2. Si ∆ = 0, alors l’équation caractéristique a une racine réelle double r0 . On obtient ainsi une solution
y1 = e r0 x . On vérifie que y2 = x e r0 x est aussi une solution : a y200 + b y20 + c y2 = (2ar0 + ar02 x)e r0 x + (b +
br0 x)e r0 x + c x e r0 x = (2ar0 + b)e r0 x = 0 car 2ar0 + b = P 0 (r0 ) = 0, où P(r) = ar 2 + br + c. Ces deux
solutions sont linéairement indépendantes. Une base de l’espace des solutions est e r0 x , x e r0 x , et la
solution générale de (E0 ) s’écrit y(x) = (λ + µx)e r0 x , où λ, µ ∈ R.
3. Si ∆ < 0, alors l’équation caractéristique a deux racines complexes conjuguées r1 = α + i β, r2 = α − i β.
On obtient deux solutions complexes Y1 = e(α+i β)x = eαx ei β x , Y2 = e(α−i β)x = eαx e− i β x . Comme les
parties réelles et imaginaires sont des solutions réelles, on obtient deux solutions réelles y1 = eαx cos(β x),
y = eαx sin(β x), qui sont linéairement indépendantes. Alors, une base de l’espace des solutions est
2αx
e cos(β x), eαx sin(β x) . La solution générale de (E0 ) s’écrit y(x) = eαx (λ cos(β x) + µ sin(β x)), où
λ, µ ∈ R.
ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES : D’ORDRE 1 ET 2 6. ÉQUATION DIFFÉRENTIELLE LINÉAIRE DU SECOND ORDRE À COEFFICIENTS CON
Pour ce type d’équation, nous admettons le théorème de Cauchy-Lipschitz qui s’énonce ainsi :
y(x 0 ) = y0 et y 0 (x 0 ) = y1 .
Dans la pratique, pour résoudre une équation différentielle linéaire avec second membre (avec ou sans
conditions initiales), on cherche d’abord une solution de l’équation homogène, puis une solution particulière
de l’équation avec second membre et on applique le principe de superposition :
Proposition 4.
Les solutions générales de l’équation (E) s’obtiennent en ajoutant les solutions générales de l’équation
homogène (E0 ) à une solution particulière de (E).
Si g(x) = eαx P1 (x) cos(β x) + P2 (x) sin(β x) , où α, β ∈ R et P1 , P2 ∈ R[X ], on cherche une solution
• y0 (x) = x eαx Q 1 (x) cos(β x) + Q 2 (x) sin(β x) , si α + i β est une racine de l’équation caractéristique.
Dans les deux cas, Q 1 et Q 2 sont deux polynômes de degré n = max{deg P1 , deg P2 }.
Exemple 13.
Résoudre les équations différentielles :
(E0 ) y 00 − 5 y 0 + 6 y = 0 (E1 ) y 00 − 5 y 0 + 6 y = 4x e x (E2 ) y 00 − 5 y 0 + 6 y = 4x e2x
1. Équation (E0 ). L’équation caractéristique est r 2 − 5r + 6 = (r − 2)(r − 3) = 0, avec deux racines distinctes
r1 = 2, r2 = 3. Donc l’ensemble des solutions de (E0 ) est λe2x + µe3x | λ, µ ∈ R .
2. Équation (E1 ).
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI6. ÉQUATION DIFFÉRENTIELLE LINÉAIRE DU SECOND ORDRE À COEFFICIENTS CONSTANTS 51
(a) On cherche une solution particulière à (E1 ) sous la forme y0 (x) = (a x + b)e x . Lorsque l’on injecte
y0 dans l’équation (E1 ), on obtient :
(a x + 2a + b)e x − 5(a x + a + b)e x + 6(a x + b)e x = 4x e x
⇐⇒ (a − 5a + 6a)x + 2a + b − 5(a + b) + 6b = 4x
⇐⇒ 2a = 4 et − 3a + 2b = 0
⇐⇒ a = 2 et b = 3
Donc y0 (x) = (2x + 3)e x .
(b) L’ensemble des solutions de (E1 ) est (2x + 3)e x + λe2x + µe3x | λ, µ ∈ R .
(c) On a y(x) = (2x + 3)e x + λe2x + µe3x . On cherche λ, µ tels que y(0) = 1, y 0 (0) = 0. C’est-à-dire que
3 + λ + µ = 1, 5 + 2λ + 3µ = 0. Donc λ = −1, µ = −1, c’est-à-dire que y(x) = (2x + 3)e x − e2x − e3x .
3. Équation (E2 ). Comme 2 est une racine de l’équation caractéristique, on cherche une solution particulière
sous la forme y0 (x) = x(a x + b)e2x . On obtient y0 (x) = x(−2x − 4)e2x .
λ0 y1 + µ0 y2 = 0
(S) g(x)
λ0 y10 + µ0 y20 = a .
= g(x)
On a utilisé le fait que y1 et y2 sont solutions de l’équation homogène. Le système (S) se résout facilement,
ce qui donne λ0 et µ0 , puis λ et µ par intégration.
Exemple 14.
Résoudre l’équation suivante, sur l’intervalle ] − π2 , + π2 [ :
1
y 00 + y =
cos x
00
Les solutions de l’équation homogène y + y = 0 sont λ cos x + µ sin x où λ, µ ∈ R.
On cherche une solution particulière de l’équation avec second membre sous la forme
y0 (x) = λ(x) cos x + µ(x) sin x
où cette fois λ(x), µ(x) sont des fonctions à trouver et qui vérifient (S) :
0
λ y1 + µ0 y2 = 0
0
λ cos x + µ0 sin x = 0
g(x) donc
0 0 0 0
λ y1 + µ y2 = a
−λ0 sin x + µ0 cos x = cos1 x .
En multipliant la première ligne par sin x et la seconde par cos x, on obtient
λ0 cos x sin x + µ0 (sin x)2 = 0
donc par somme µ0 = 1.
−λ0 cos x sin x + µ0 (cos x)2 = 1
sin x
Ainsi µ(x) = x et la première ligne des équations devient λ0 = − cos x donc λ(x) = ln(cos x).
ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES : D’ORDRE 1 ET 2 6. ÉQUATION DIFFÉRENTIELLE LINÉAIRE DU SECOND ORDRE À COEFFICIENTS CON
On vérifie pour se rassurer que y0 (x) = ln(cos x) cos x + x sin x est une solution de l’équation. Ainsi les
fonctions solutions sont de la forme :
λ cos x + µ sin x + ln(cos x) cos x + x sin x
quels que soient λ, µ ∈ R.
Chapitre
3
Séries
1.1. Définitions
Définition 1.
Soit (uk )k>0 une suite de nombres réels (ou de nombres complexes). On pose
n
X
Sn = u0 + u1 + u2 + · · · + un = uk .
k=0
La suite (Sn )n>0 s’appelle la série de terme général
X uk .
Cette série est notée par la somme infinie uk . La suite (Sn ) s’appelle aussi la suite des sommes
k>0
partielles.
Exemple 1.
Fixons
X q ∈ C. Définissons la suite (uk )k>0 par uk = q k ; c’est une suite géométrique. La série géométrique
q k est la suite des sommes partielles :
k>0
S0 = 1 S1 = 1 + q S2 = 1 + q + q 2 ... Sn = 1 + q + q 2 + · · · + q n ...
Définition 2.
Si la suite (Sn )n>0 admet une limite finie dans R (ou dans C), on note
+∞
X
S= uk = lim Sn .
n→+∞
k=0
P+∞
On appelle alors S = k=0 uk la somme de la série
P
k>0 uk , et on dit que la série est convergente. Sinon,
on dit qu’elle est divergente.
Notations. On peut noter une série de différentes façons, et bien sûr avec différents symboles pour l’indice :
+∞
X X X
P
ui un u
k>0 k uk .
i=0 n∈N
X +∞
X
Pour notre part, on fera la distinction entre une série quelconque uk , et on réservera la notation uk à
k>0 k=0
une série convergente ou à sa somme.
SÉRIES 1. DÉFINITIONS – SÉRIE GÉOMÉTRIQUE 54
Proposition 1.
Soit q ∈ C. La série géométrique k>0 q k est convergente si et seulement si |q| < 1. On a alors
P
+∞
X 1
q k = 1 + q + q2 + q3 + · · · =
k=0
1−q
Démonstration. Considérons
Sn = 1 + q + q 2 + q 3 + · · · + q n .
• Écartons tout de suite le cas q = 1, pour lequel Sn = n + 1. Dans ce cas Sn → +∞, et la série diverge.
• Soit q 6= 1 et multiplions Sn par 1 − q :
(1 − q)Sn = (1 + q + q2 + q3 + · · · + q n ) − (q + q2 + q3 + · · · + q n+1 ) = 1 − q n+1
Donc
1 − q n+1
Sn =
1−q
1
Si |q| < 1, alors q n → 0, donc q n+1 → 0 et ainsi Sn → 1−q . Dans ce cas la série k>0 q k converge.
P
Si |q| > 1, alors la suite (q n ) n’a pas de limite finie (elle peut tendre vers +∞, par exemple si q = 2 ; ou
bien être divergente, par exemple si q = −1). Donc si |q| > 1, (Sn ) n’a pas de limite finie, donc la série
k
P
k>0 q diverge.
+∞
1
X 1 1
Exemple 2. 1. Série géométrique de raison q = 2 : = 1
= 2. Cela résout le paradoxe de
k=0
2k 1− 2
Zénon : la flèche arrive bien jusqu’au mur !
1 1
2. Série géométrique de raison q = 3, avec premier terme .
On se ramène à la série géométrique
33
+∞
X 1 +∞
X 1 1 1
commençant à k = 0 en ajoutant et retranchant les premiers termes : k
= k
−1− − 2 =
k=3
3 k=0
3 3 3
1 13 3 13 1
1
− = − = .
1− 3 9 2 9 18
3. Le fait de calculer la somme d’une série à partir de k = 0 est purement conventionnel. On peut toujours
effectuer un changement d’indice pour se ramener à une somme à partir de 0. Une autre façon pour
+∞
X 1
calculer la même série k
que précédemment est de faire le changement d’indice n = k − 3 (et donc
k=3
3
k = n + 3) :
+∞
X 1 +∞
X 1 +∞
X 1 1 +∞
1 X 1 1 1 1
k
= n+3
= 3 n
= 3 n
= 1
=
k=3
3 n=0
3 n=0
3 3 3 n=0 3 27 1 − 3 18
+∞ 2k +∞
X 1 k
X 1 1 4
4. (−1) k
= − = −1
= .
k=0
2 k=0
4 1− 4 5
Une façon pratique d’étudier la convergence d’une série est d’étudier son reste : le reste d’ordre n d’une
P+∞
série convergente k=0 uk est :
+∞
X
R n = un+1 + un+2 + · · · = uk
k=n+1
Proposition 2.
Si une série est convergente, alors S = Sn + R n (pour tout n > 0) et limn→+∞ R n = 0.
P+∞ Pn P+∞
Démonstration. • S = k=0 uk = k=0 uk + k=n+1 uk = Sn + R n .
• Donc R n = S − Sn → S − S = 0 lorsque n → +∞.
Proposition 3.
Une somme télescopique est une série de la forme
X
(ak+1 − ak ).
k>0
Cette série est convergente si et seulement si ` := limk→+∞ ak existe et dans ce cas on a :
+∞
X
(ak+1 − ak ) = ` − a0 .
k=0
Démonstration.
n
X
Sn = (ak+1 − ak )
k=0
= (a1 − a0 ) + (a2 − a1 ) + (a3 − a2 ) + · · · + (an+1 − an )
= −a0 + a1 − a1 + a2 − a2 + · · · + an − an + an+1
= an+1 − a0
Théorème 1.
Si la série k>0 uk converge, alors la suite des termes généraux (uk )k>0 tend vers 0.
P
Le point clé est que l’on retrouve le terme général à partir des sommes partielles par la formule
un = Sn − Sn−1 .
Pn
Démonstration. Pour tout n > 0, posons Sn = k=0 uk . Pour tout n > 1, un = Sn −Sn−1 . Si k>0 uk converge,
P
la suite (Sn )n>0 converge vers la somme S de la série. Il en est de même de la suite (Sn−1 )n>1 . Par linéarité
de la limite, la suite (un ) tend vers S − S = 0.
Une série dont le terme général ne tend pas vers 0 ne peut pas converger.
1
k>1 (1 + k )
2
P P
Par exemple les séries et k>1 k sont divergentes.
1.6. Linéarité
Proposition 4.
P+∞ P+∞
Soient k=0 ak et k=0 bk deux séries convergentes de sommes respectives A et B, et soient λ, µ ∈ R (ou C).
P+∞
Alors la série k=0 (λak + µbk ) est convergente et de somme λA + µB. On a donc
+∞
X +∞
X +∞
X
(λak + µbk ) = λ ak + µ bk .
k=0 k=0 k=0
Pn Pn Pn Pn
Démonstration. An = k=0 ak → A ∈ C, Bn = k=0 bk → B ∈ C. Donc k=0 (λak + µbk ) = λ k=0 ak +
Pn
µ k=0 bk = λAn + µBn → λA + µB.
Par exemple :
+∞ +∞ +∞
X 1 5 1 X 1 1 1 3 19
X
+ = + 5 = 1
+5 1
=2+5 = .
k=0
2k 3k k=0
2k k=0
3k 1− 2 1− 3
2 2
Comme application pour les séries à termes complexes, la convergence équivaut à celle des parties réelle et
imaginaire :
Proposition 5.
Soit (uk )k>0 une suite de nombres complexes. Pour tout k, notons uk = ak + i bk , avec ak la partie réelle de uk
P P P
et bk la partie imaginaire. La série uk converge si et seulement si les deux séries ak et bk convergent.
Si c’est le cas, on a :
+∞
X +∞
X +∞
X
uk = ak + i bk .
k=0 k=0 k=0
Exemple 4.
Considérons par exemple la série géométrique k>0 r k , où r = ρei θ est un complexe de module ρ < 1 et
P
d’argument θ .
Comme le module de r est strictement inférieur à 1, alors la série converge et
+∞
X 1
rk = .
k=0
1−r
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 1. DÉFINITIONS – SÉRIE GÉOMÉTRIQUE 57
D’autre part, r k = ρ k ei kθ par la formule de Moivre. Les parties réelle et imaginaire de r k sont
ak = ρ k cos(kθ ) et bk = ρ k sin(kθ ) .
On déduit de la proposition précédente que :
+∞
+∞ +∞
+∞
1 1
X X X X
ak = Re k
r = Re et bk = Im r k
= Im .
k=0 k=0
1−r k=0 k=0
1−r
Le calcul donne :
+∞ +∞
X 1 − ρ cos θ X ρ sin θ
ρ k cos(kθ ) = et ρ k sin(kθ ) = .
k=0
1 + ρ 2 − 2ρ cos θ k=0
1 + ρ 2 − 2ρ cos θ
1
Plus précisément, on a limn→+∞ Sn = +∞. Cependant on a uk = k → 0 (lorsque k → +∞).
Pour montrer que la série diverge nous allons utiliser le critère de Cauchy.
Rappel. Une suite (sn ) de nombres réels (ou complexes) converge si et seulement si elle est une suite de
Cauchy, c’est-à-dire :
∀ε > 0 ∃n0 ∈ N ∀m, n > n0 |sn − sm | < ε
Pour les séries cela nous donne :
Démonstration. La preuve est simplement de dire que la suite (Sn ) des sommes partielles converge si et
seulement si c’est une suite de Cauchy. Ensuite il suffit de remarquer que
S − S = u + · · · + u .
m n−1 n m
Pn
Revenons à la série harmonique k>1 1k . La somme partielle est Sn = k=1 1k . Calculons la différence de
P
deux sommes partielles, afin de conserver les termes entre n + 1 (qui joue le rôle de n) et 2n (qui joue le
rôle de m) :
1 1 n 1
S2n − Sn = + ··· + > =
n+1 2n 2n 2
La suite des sommes partielles n’est pas de Cauchy (car 12 n’est pas inférieur à ε = 14 par exemple), donc la
série ne converge pas.
SÉRIES 2. SÉRIES À TERMES POSITIFS 58
Si on souhaite terminer la démonstration sans utiliser directement le critère de Cauchy alors on raisonne
par l’absurde. Supposons que Sn → ` ∈ R (lorsque n → +∞). Alors on a aussi S2n → ` (lorsque n → +∞)
et donc S2n − Sn → ` − ` = 0. Ce qui entre en contradiction avec l’inégalité S2n − Sn > 21 .
Proposition 6.
X1 n
X 1
Pour la série harmonique et sa somme partielle Sn = , on a
k>1
k k=1
k
lim Sn = +∞.
n→+∞
Démonstration. Soit M > 0. On choisit m ∈ N tel que m > 2M . Alors pour n > 2m on a :
1 1 1 1
Sn = 1 + + + · · · + m + · · · +
2 3 2 n
1 1 1
> 1 + + + ··· + m
2 3 2
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
= 1+ + + + + + + + + ··· + + · · · + m−1 + ··· + m
2 3 4 5 6 7 8 9 16 2 +1 2
1 1 1 1 1
> 1 + + 2 + 4 + 8 + · · · + 2m−1 m
2 4 8 16 2
1
= 1+m > M
2
L’astuce consiste à regrouper les termes. Entre chaque parenthèses il y a successivement 2, 4, 8, ... termes
jusqu’à
2m − (2m−1 + 1) + 1 = 2m − 2m−1 = 2m−1 termes.
Ainsi pour tout M > 0 il existe n0 > 0 tel que, pour tout n > n0 , on ait Sn > M ; ainsi (Sn ) tend vers +∞.
Cela reprouve bien sûr que la série harmonique diverge.
Proposition 7.
Une série à termes positifs est une série convergente si et seulement si la suite des sommes partielles est
majorée. Autrement dit, si et seulement s’il existe M > 0 tel que, pour tout n > 0, Sn 6 M .
De plus, dans le cas de convergence, la somme de la série S vérifie bien sûr lim Sn = S, mais aussi Sn 6 S,
pour tout n.
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 2. SÉRIES À TERMES POSITIFS 59
Démonstration. Comme nous l’avons observé, la convergence ne dépend pas des premiers termes. Sans
perte de généralité on peut donc supposer k0 = 0. Notons Sn = u0 + · · · + un et Sn0 = v0 + · · · + vn . Les suites
(Sn ) et (Sn0 ) sont croissantes, et de plus, pour tout n > 0, Sn 6 Sn0 . Si la série vk converge, alors la suite
P
(Sn0 ) converge. Soit S 0 sa limite. La suite (Sn ) est croissante et majorée par S 0 , donc elle converge, et ainsi la
série uk converge aussi. Inversement, si la série uk diverge, alors la suite (Sn ) tend vers +∞, et il en
P P
2.3. Exemples
Exemple 5.
Voici un exemple fondamental, la série exponentielle.
X 1
La série converge.
k>0
k!
Exemple 6.
P 1
P ln(k)
Inversement, nous avons vu que la série k>1 k diverge. On en déduit facilement que les séries k>1 k
et k>1 p1 divergent également.
P
k
Terminons avec une application intéressante : le développement décimal d’un réel.
Exemple 7.
Soit (ak )k>1 une suite d’entiers tous compris entre 0 et 9. La série
+∞
X ak
converge.
k=1
10k
a
En effet, son terme général uk = 10kk est majoré par 109 k . Mais la série géométrique
P 1
10k
converge, car
1
P 9
10 < 1. La série k converge aussi par linéarité, d’où le résultat.
P10
+∞ a
Une telle somme k=1 10kk est une écriture décimale d’un réel x, avec ici 0 6 x 6 1.
Par exemple, si ak = 3 pour tout k :
+∞
X 3 3 3 3 1
k
= + + + · · · = 0, 3 + 0, 03 + 0, 003 + · · · = 0, 333 . . . =
k=1
10 10 100 1000 3
On retrouve bien sûr le même résultat à l’aide de la série géométrique :
+∞
X 3 +∞
3 X 1 3 1 3 10 1
k
= k
= · 1
= · =
k=1
10 10 k=0 10 10 1 − 10 10 9 3
SÉRIES 3. SÉRIES ALTERNÉES 60
On note alors
uk ∼ vk .
même nature.
Autrement dit, si les suites sont équivalentes alors elles sont soit toutes les deux convergentes, soit toutes
les deux divergentes. Bien sûr, en cas de convergence, il n’y a aucune raison que les sommes soient égales.
Enfin, si les suites sont toutes les deux strictement négatives, la conclusion reste valable.
Revenons sur un exemple qui montre que ce théorème est très pratique : les suites k12 et (k+1)(k+2)
1 1
= k2 +3k+2
1 1
P P
sont équivalentes. Comme la série (k+1)(k+2) converge (exemple 3), alors cela implique que k2
converge.
Démonstration. Par hypothèse, pour tout ε > 0, il existe k0 tel que, pour tout k > k0 ,
uk
− 1 < ε,
v
k
ou autrement dit
(1 − ε)vk < uk < (1 + ε)vk .
Fixons un ε < 1. Si uk converge, alors par le théorème 3 de comparaison, (1 − ε)vk converge, donc
P P
2.5. Exemples
Exemple 8.
Les deux séries
X k2 + 3k + 1 X k + ln(k)
et convergent.
k4 + 2k3 + 4 k3
Dans les deux cas, le terme général est équivalent à k12 , et nous savons que la série
P 1
k2
converge.
Exemple 9.
Par contre
X k2 + 3k + 1 X k + ln(k)
et divergent.
k3 + 2k2 + 4 k2
Dans les deux cas, le terme général est équivalent à 1k , et nous avons vu que la série
P1
k diverge.
3. Séries alternées
Il existe un autre type de série facile à étudier : les séries alternées. Ce sont celles où le signe du terme
général change à chaque rang.
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 3. SÉRIES ALTERNÉES 61
Exemple 10.
La série harmonique alternée
+∞
X 1 1 1 1
(−1)k = 1 − + − + ···
k=0
k+1 2 3 4
1
converge. En effet, en posant uk = k+1 , alors
1. uk > 0,
2. (uk ) est une suite décroissante,
3. la suite (uk ) tend vers 0.
P+∞ k 1
Par le critère de Leibniz (théorème 5), la série alternée k=0 (−1) k+1 converge.
3.2. Reste
P+∞
Non seulement le critère de Leibniz prouve la convergence de la série k=0 (−1)k uk , mais la preuve nous
fournit deux résultats importants supplémentaires : un encadrement de la somme et une majoration du
reste.
Corollaire 1.
+∞
X
Soit une série alternée (−1)k uk vérifiant les hypothèses du théorème 5. Soit S la somme de cette série et
k=0
soit (Sn ) la suite des sommes partielles.
SÉRIES 4. SÉRIES ABSOLUMENT CONVERGENTES – RÈGLE DE D’ALEMBERT 62
Pour une série alternée, la vitesse de convergence est donc dictée par la décroissance vers 0 de la suite (uk ).
Celle-ci peut être assez lente.
Exemple 11.
P+∞ (−1)k
Par exemple, on a vu que la série harmonique alternée k=0 k+1 converge ; notons S sa somme. Les sommes
partielles sont S0 = 1, S1 = 1 − 12 , S2 = 1 − 12 + 13 , S3 = 1 − 12 + 13 − 14 , S4 = 1 − 12 + 13 − 14 + 15 ,. . . L’encadrement
du corollaire s’écrit
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 − 6 1 − + − 6 · · · 6 S2n+1 6 · · · 6 S 6 · · · 6 S2n 6 · · · 6 1 − + − + 6 1 − + 6 1
2 2 3 4 2 3 4 5 2 3
On en déduit
35 47
S3 = ' 0, 58333 . . . 6 S 6 S4 = ' 0, 78333 . . .
60 60
Si on pousse les calculs plus loin, alors pour n = 200 on obtient
S201 ' 0, 69067 . . . 6 S 6 S200 ' 0, 69562 . . .
Ce qui nous donne les deux premières décimales de S ' 0, 69 . . .
En plus nous avons une majoration de l’erreur commise, en utilisant l’inégalité |R n | 6 un+1 . On trouve que
1
l’erreur commise en approchant S par S200 est : |S − S200 | = |R200 | 6 u201 = 202 < 5 · 10−3 .
En fait, vous verrez plus tard que S = ln 2 ' 0, 69314 . . .
Définition 3.
P
On dit qu’une série k>0 uk de nombres réels (ou complexes) est absolument convergente si la série
P
k>0 |uk | est convergente.
Théorème 6.
Toute série absolument convergente est convergente.
P P
Démonstration. Utilisons le critère de Cauchy. Soit uk une série absolument convergente. La série |uk |
P+∞
est convergente, donc la suite des restes (R0n ) avec R0n = k=n+1 |uk | est une suite qui tend vers 0, donc en
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 4. SÉRIES ABSOLUMENT CONVERGENTES – RÈGLE DE D’ALEMBERT 63
particulier c’est une suite de Cauchy. Soit ε > 0 fixé. Il existe donc n0 ∈ N tel que pour tout n > n0 et pour
tout p > 0 :
|un | + |un+1 | + · · · + |un+p | < ε.
Par suite, pour n > n0 et p > 0 on a :
u + u
n+1 + · · · + un+p 6 |un | + |un+1 | + · · · + |un+p | < ε.
n
P
Donc, d’après le critère de Cauchy (théorème 2), uk est convergente.
u
Le plus souvent, la situation que l’on étudie est lorsque la suite uk+1k
converge ; la position de la limite par
rapport à 1 détermine alors la nature de la série.
Voici une application directe et la plus utilisée, pour les séries de nombres réels, strictement positifs :
où c est une constante. Comme 0 < q < 1, alors la série q k converge, d’où le résultat par le théorème 3
P
P
de comparaison : la série |uk | converge.
u
Si uk+1
k
> 1, la suite (|uk |) est croissante : elle ne peut donc pas tendre vers 0 et la série diverge.
xk
En effet pour uk = k! on a
x k+1
uk+1 (k+1)! |x|
u = x k = k + 1 → 0 lorsque k → +∞.
k k!
La limite étant ` = 0 < 1 alors par la règle du quotient de d’Alembert, la série est absolument convergente,
donc convergente. Par définition la somme est exp(x) :
+∞
X xk
exp(x) = .
k=0
k!
k! uk+1 k+1 1
k>0 1·3 ··· (2k−1) converge, car uk = 2k+1 tend vers 2 < 1.
P
2.
(2k)! uk+1 (2k+1)(2k+2)
k>0 (k!)2 diverge, car uk = tend vers 4 > 1.
P
3. (k+1)2
Remarque. • Le théorème ne peut s’appliquer si certains uk sont nuls, contrairement à la règle des racines
de Cauchy que l’on verra après.
• Notez
bien que le théorème ne permet pas toujours
de conclure. Faites aussi bien attention que l’hypothèse
uk+1 uk+1
est uk 6 q < 1, ce qui est plus fort que uk < 1.
u
→ 1. Par exemple pour les séries uk =
P
• De même le corollaire ne permet pas de conclure lorsque uk+1 k
uk+1 vk+1 k2
P1 P 1 k
vk = = =
P
k et k 2 nous avons u
k k+1 → 1, de même que vk (k+1) 2 → 1. Cependant la série
P1 P 1
k diverge alors que k2
converge.
Terminons par un exemple plus compliqué.
Exemple 14.
k
Trouver tous les z ∈ C tels que la série k>0 3 z k soit absolument convergente.
P
k
Soit uk = 3 z k . Alors, pour z 6= 0,
k+1 (k+1)k(k−1)
k+1
|uk+1 | 3 |z| 3! k+1
= k
= k(k−1)(k−2) |z| = |z| → |z| lorsque k → +∞.
|uk | k−2
k
3 |z| 3!
|u |
Si |z| < 1 alors pour k assez grand |uk+1| < q < 1 donc la série uk est absolument convergente.
P
k
|u | k+1
Si |z| > 1 alors |uk+1| = k−2 |z| > k+1 >
P
k−2 1 pour tout k. Donc la série uk diverge.
k
Démonstration. Rappelons que la nature de la série ne dépend pas de ses premiers termes. Dans le premier
cas du théorème, k |uk | 6 q implique |uk | 6 q k . Comme 0 < q < 1, alors la série q k converge, d’où le
p P
Nous allons comparer la règle du quotient de d’Alembert avec la règle des racines de Cauchy. Nous allons
voir que la règle des racines de Cauchy est plus puissante que la règle du quotient de d’Alembert. Cependant
dans la pratique la règle du quotient de d’Alembert reste la plus utilisée.
Proposition 8.
Soit (uk ) une suite à termes strictement positifs.
uk+1 p
Si lim =` alors lim k
uk = ` .
k→+∞ uk k→+∞
Autrement dit, si on peut appliquer la règle du quotient de d’Alembert, alors on peut aussi appliquer la règle
des racines de Cauchy.
Démonstration. Pour tout ε > 0, il existe k0 tel que, pour tout k > k0 ,
uk+1
`−ε< <`+ε.
uk
Par récurrence, on en déduit :
uk0 (` − ε)k−k0 6 uk 6 uk0 (` + ε)k−k0 .
Or :
q q
lim k
uk0 (` − ε)k−k0 = ` − ε et lim k
uk0 (` + ε)k−k0 = ` + ε .
k→+∞ k→+∞
Donc il existe k1 > k0 tel que, pour k > k1 ,
p
` − 2ε < k
uk < ` + 2ε ,
d’où le résultat.
SÉRIES 4. SÉRIES ABSOLUMENT CONVERGENTES – RÈGLE DE D’ALEMBERT 66
Terminons par un exemple où la règle des racines de Cauchy permet de conclure, mais pas la règle du
quotient de d’Alembert.
Exemple 16.
Définissons la suite uk par :
2n
3n si k = 2n
uk =
2n
3n+1
si k = 2n + 1
uk+1
Le rapport vaut 13 si k est pair, 2 si k est impair. La règle du quotient de d’Alembert ne s’applique donc
uk
p q
pas. Pourtant, k uk converge vers 23 < 1, donc la règle des racines de Cauchy s’applique et la série uk
P
converge.
k>1
kα
kα p
car (k+1)α → 1 et uk → 1.
k
Il nous faut raffiner la règle de d’Alembert pour pouvoir conclure. Cependant nous reviendrons sur la
convergence des séries de Riemann par d’autres techniques.
u 1
P
2. Si ∀k > k0 on a uk+1 k
> 1 − k , alors la série uk n’est pas absolument convergente.
uk+1
Attention ! Il existe des séries convergentes, quoique uk > 1 − 1k . Par le deuxième point une telle série ne
peut pas être absolument convergente.
En effet, prenons uk = (−1)k 1k . Alors :
|uk+1 | k 1 1
= =1− >1− .
|uk | k+1 k+1 k
2. L’hypothèse implique k|uk+1 | > (k − 1)|uk | > 0 (pour tout k > k0 ). Donc la suite (k|uk+1 |)k>k0 est
croissante, ainsi k|uk+1 | > ε > 0. Donc pour tout k > k0 , on a |uk+1 | > εk . Donc |uk | diverge, car
P P1
k
diverge.
Nous pouvons maintenant savoir quelles sont les séries de Riemann qui convergent.
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 5. COMPARAISON SÉRIE/INTÉGRALE 67
kα
Démonstration. Supposons α > 1. Définissons ∆(k) = (k+1)α . Montrons qu’il existe β > 1 et k0 tels que
β
∆(k) 6 1 − ∀k > k0 .
k
1
Choisissons β quelconque vérifiant 1 < β < α. Considérons la fonction f (x) = (1+x)α + β x.
La fonction f est C ∞ sur [0, ∞[ et f (0) = 1. Comme f 0 (0) = β − α < 0, on voit que f est décroissante sur
β
[0, x 0 ] pour un certain x 0 avec 0 < x 0 < 1. Ainsi f (x) 6 1 sur [0, x 0 ] ce qui entraîne que ∆(k)+ k = f ( 1k ) 6 1
β
pour k > k0 avec k0 entier tel que k1 6 x 0 . Donc ∆(k) 6 1− k et on peut appliquer la règle de Raabe-Duhamel
P 1 0
pour déduire que kα converge.
1 1
P1 1
Si 0 < α 6 1, alors
P
k 6 kα . Or la série k diverge donc la série kα diverge aussi.
5. Comparaison série/intégrale
Cette section fait la jonction entre les séries et les intégrales impropres. C’est un lien essentiel entre deux
objets mathématiques qui sont au final assez proches. Pour cette partie il faut connaître les intégrales
R +∞
impropres 0 f (t) dt.
Théorème 10.
Soit f : [0, +∞[→ [0, +∞[ une fonction décroissante. Alors la série k>0 f (k) (dont le terme général est
P
R +∞
uk = f (k)) et l’intégrale impropre 0 f (t) dt sont de même nature.
« De même nature » signifie que la série et l’intégrale du théorème sont soit convergentes en même temps,
soit divergentes en même temps.
Attention ! Il est important que f soit positive et décroissante.
5.2. Preuve
Le plus simple est de bien comprendre le dessin et de refaire la démonstration chaque fois que l’on en a
besoin.
f (k)
Z k+1
f (k + 1)
f (k + 1) 6 f (t) dt 6 f (k) f (x)
k
x
k k+1
Sur le dessin cette inégalité signifie que l’aire sous la courbe, entre les abscisses k et k + 1, est comprise
entre l’aire du rectangle vert de hauteur f (k + 1) et de base 1 et l’aire du rectangle bleu de hauteur f (k) et
de même base 1.
On somme ces inégalités pour k variant de 0 à n − 1 :
Xn−1 n−1 Z k+1
X n−1
X
f (k + 1) 6 f (t) dt 6 f (k).
k=0 k=0 k k=0
Soit :
Z n
u1 + · · · + u n 6 f (t) dt 6 u0 + · · · + un−1 .
0
P
La série uk converge et a pour somme S si et seulement si la suite des sommes partielles converge vers
Rn Rx
S. Si c’est le cas 0 f (t) dt est majorée par S, et comme 0 f (t) dt est une fonction croissante de x (par
Rn
positivité de f ), l’intégrale converge. Réciproquement, si l’intégrale converge, alors 0 f (t) dt est majorée,
la suite des sommes partielles aussi, et la série converge.
+∞
X 1
Proposition 10.Si α>1 alors converge
k=1
kα
X 1
Si 0<α61 alors diverge
k>1
kα
f (k) et
P
Démonstration. Dans le théorème 10, rien n’oblige à démarrer de 0 : pour m ∈ N, la série k>m
R +∞
l’intégrale impropre m f (t) dt sont de même nature.
1
Nous l’appliquons à f : [1, +∞[→ [0, +∞[ définie par f (t) = t α . Pour α > 0, c’est une fonction décroissante
et positive. On peut appliquer le théorème 10.
H.B OUTANFIT & A.SOULLAMI 5. COMPARAISON SÉRIE/INTÉGRALE 69
On sait que :
x 1
(x 1−α − 1) si α 6= 1
Z
1
dt = 1−α
α
1 t ln(x) si α = 1
R +∞ 1 P+∞ 1
Pour α > 1, 1 t α dt est convergente, donc la série k=1 kα converge.
R +∞ 1 1
Pour 0 < α 6 1, 1
P
t α dt est divergente, donc la série k>1 kα diverge.
Proposition 11.
Soit la série de Bertrand X 1
.
k>2
kα (ln k)β
(
β >1 alors elle converge.
Si α=1 et
β 6 1 alors elle diverge.
Démonstration. La démonstration est la même que pour les séries de Riemann. Par exemple pour le cas
α=1:
Z x 1 (ln x)1−β − (ln 2)1−β
1 si β 6= 1
dt = 1−β
β
2 t(ln t) ln(ln x) − ln(ln 2) si β = 1
5.5. Applications
Nous retrouvons en particulier le fait que :
P 1
1. k2
converge (prendre α = 2),
P1
2. alors que k diverge (prendre α = 1).
Terminons avec deux exemples d’utilisation des équivalents avec les séries de Riemann et de Bertrand.
Exemple 17. 1. La série
1
X
ln 1 + p
k>1 k3
est-elle convergente ?
Comme
1 1
ln 1 + p ∼ p
k 3 k3
P 1 P 1 3
et que la série de Riemann p = 3 converge (car 2 > 1) alors par le théorème des équivalents la
k3 k2
P+∞
1
série k=1 ln 1 + p 3 converge également.
k
SÉRIES 6. PRODUITS DE DEUX SÉRIES 70
2. La série
X 1 − cos p1
k ln k
1
k>1 sin k
est-elle convergente ?
On cherche un équivalent du terme général (qui est positif) :
1 − cos p1 1
k ln k
1
∼
sin k 2k ln k
P 1
Or la série de Bertrand k ln k diverge, donc notre série diverge aussi.
6.1. Motivation
Pour un produit de sommes, il y a plusieurs façons d’ordonner les termes une fois le produit développé.
Dans le cas d’une somme finie l’ordre des termes n’a pas d’importance, mais dans le cas d’une série c’est
essentiel. On choisit de regrouper les termes en fonction des indices, de la façon suivante :
a0 + a1 b0 + b1 = a0 b0 + a b +a b + a1 b1
|{z} | 0 1 {z 1 }0 |{z}
somme des indices=0 somme des indices=1 somme des indices=2
a0 + a1 + a2 b0 + b1 + b2 = a0 b0 + a b +a b
|{z} | 0 1 {z 1 }0
somme des indices=0 somme des indices=1
+ a0 b2 + a1 b1 + a2 b0 + a b +a b + a2 b2
| {z } | 1 2 {z 2 }1 |{z}
somme des indices=2 somme des indices=3 somme des indices=4
Les deux dernières formes correspondent à notre décomposition en fonction de la somme des indices.
Définition 4.
P P P
Soient i >0 ai et j >0 b j deux séries. On appelle série produit ou produit de Cauchy la série k>0 ck
où
k
X
ck = ai bk−i
i=0
Théorème 11.
P+∞ P+∞
Si les séries i=0 ai et j=0 b j de nombres réels (ou complexes) sont absolument convergentes, alors la
série produit
+∞ +∞
k
X X X
ck = ai bk−i
k=0 k=0 i=0
est absolument convergente et l’on a :
+∞
+∞ +∞
!
X X X
ck = ai × bj .
k=0 i=0 j=0
Démonstration. Notations.
• Sn = a0 + · · · + an , Sn → S,
• Tn = b0 + · · · + bn , Tn → T ,
• Pn = c0 + · · · + cn .
On doit montrer que Pn → S · T .
2n
Sn · Tn
Pn
P2n
0
0 n 2n i
Le dessin représente le point correspondant aux indices (i, j). Le triangle rouge représente Pn (avec le
regroupement des termes correspondant aux diagonales), le carré vert correspond au produit Sn · Tn , le
triangle bleu représente P2n . Le fait que le carré soit compris entre les deux triangles traduit la double
inégalité Pn 6 Sn · Tn 6 P2n .
Pk
• Pn0 = c00 + · · · + cn0 où ck0 = i=0 |ai bk−i |.
D’après le premier cas, Pn0 → P 0 avec P 0 = S 0 · T 0 . Ainsi
X X
|Sn · Tn − Pn | = ai b j 6 |ai b j | = Sn0 · Tn0 − Pn0 → S 0 · T 0 − P 0 = 0.
06i, j 6n 06i, j 6n
i+ j>n i+ j>n
Ainsi Pn = Sn · Tn − (Sn · Tn − Pn ) → S · T − 0 = S · T .
Donc la série ck est convergente et sa somme est S · T . De plus, |ck | 6 ck0 . La convergence de ck0 implique
P P
P
donc la convergence absolue de ck .
6.3. Exemple
Exemple 18.
P+∞ P+∞ 1
Soit i=0 ai une série absolument convergente et soit j=0 b j la série définie par b j =
P
2j
. La série bj
est absolument convergente.
Notons
k k
X X 1
ck = ai bk−i = ai × k−i .
i=0 i=0
2
P
Alors la série ck converge absolument et
+∞
+∞ +∞
!
+∞
X X X X
ck = ai × bj = 2 ai .
k=0 i=0 j=0 i=0
6.4. Contre-exemple
P P
Si les séries ai et b j ne sont pas absolument convergentes, mais seulement convergentes, alors la série
de Cauchy peut être divergente.
Exemple 19.
(−1)i
Soient ai = bi = pi+1 , i > 0. Alors ai et
P P
b j sont convergentes par le critère de Leibniz, mais ne sont
pas absolument convergentes. On a
k k k
X X (−1)i (−1)k−i X 1
ck = ai bk−i = p p = (−1) k
i+1 k−i+1
p
i=0 i=0 i=0 (i + 1)(k − i + 1)
(k+2)2
Or, pour x ∈ R, (x + 1)(k − x + 1) = −x 2 + k x + (k + 1) 6 4 (valeur au sommet de la parabole). D’où
(k+2)
p
(i + 1)(k − i + 1) 6 2 . Ainsi
k k
X 1 2 2(k + 1)X
|ck | = = > → 2.
+ +
p
i=0 (i + 1)(k − i + 1) i=0
k 2 k 2
P
Donc le terme général ck ne peut pas tendre 0, donc la série ck diverge.