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Fiche de lecture, BOUHADA Elias

Armes de communication massive

Informations de guerre en Irak : 1991-2003

Les guerres en Irak sont les jalons historiques qui ont participé à façonner les interactions géopolitiques
entre les puissances occidentales telles que nous les connaissons aujourd’hui. Ces conflits marquent
également le début d’une nouvelle aire médiatique puisqu’elles bouleversent complètement les codes
de la transmission d’informations en temps de guerre. Affranchie de la censure stricte qu’elle avait
connue auparavant, forte de nouvelles technologies plus maniable tel que le vidéophone et internet,
l’information est désormais plus transparente, plus choquante et plus réelle mais reste toujours aussi
manipulable. En effet, le journaliste semble avoir carte blanche et s’autorise à téléviser des images
toujours plus brutales de ces guerres passionnelles qui opposent les Etats-Unis à l’Irak. Cette liberté
nouvelle est cependant farouchement surveillée par les gouvernements qui tentent d’user de leur
diplomatie pour contrôler les vagues d’informations qui submergent l’occident. Il n’est plus question
de contraindre mais bien de manipuler chaque fragment d’information afin de le rendre conforme à
l’idéologie officielle de chaque partie. Internet devient alors un champ de bataille ou fake news, demi-
vérité et informations maquillées se livrent une guerre acharnée au sujet de conflits motivées par des
intérêts sur lesquelles il règne toujours une forme de controverse. Ainsi, le défis de la transmission
d’information est plus grand que jamais au cours de cette « guerre en directe » car les journalistes
travaillent constamment sous la peur d’être des objets manipulation et la crainte que leurs discours
soient détournés et instrumentalisé pour devenir un outil de propagande.
Chaque propos au sujet de la guerre est appelé à être minutieusement justifié et la tempérance du
discours est vivement préconisé, surtout durant la seconde guerre d’Irak sur laquelle les médias ont
eu des propos plus nuancés que lors de la guerre de 1991. Celle-ci affirmait une approche dualiste
opposant la superpuissance américaine et son géant CNN à l’ennemi de l’occident, à savoir l’Irak et a
fortiori, tout le moyen orient dont la voix fut porté par Al-Jazeera. Ainsi, l’occident s’est retrouvé sous
le joug des médias américains ayant largement participer à ériger et propager l’hégémonie
étatsunienne. En revanche, en 2003, les chaines d’information occidentales se sont libérées de cet
asservissement et ont rapporter les faits de manière plus authentique. C’est le cas notamment des
médias français qui ont suivi la ligne directrice donnée par Dominique de Villepin, ministre des Affaires
étrangère sous Jacques Chirac, lorsqu’il annonce que son pays ne soutiendra l’invasion de l’Irak
instiguée par George W. Bush. Cependant, bien qu’elle soit plus libre en apparence durant la seconde
guerre du Golfe, la presse américaine demeure tout de même extrêmement contrôlée par le
gouvernement américain. Tout est mis en œuvre pour donner l’impression au peuple américain que le
contenu véhiculé est authentique. Les reporters de guerre sont invités a suivre les soldats sur le terrain.
Ces derniers sont « embarqués » par l’armée étasunienne afin de documenter le conflit et d’en retirer
des images poignantes destinées à nourrir le patriotisme virulent des américains. Comme le prouvent
les différents témoignages, cette initiative était purement stratégique et les reporters qui y
participaient étaient fermement encadrées et manipulés en vue de relayer un message qui soit en
accords avec l’idéologie véhiculée par le gouvernement. Ce message est même volontairement
théâtralisé et dramatisé puisqu’il représente un moyen redoutable d’exacerber les passions afin de
plonger le peuple dans une illusion parfaite qui lui donne l’impression de comprendre les raisons qui
poussent les États-Unis a prendre part à cette guerre. Dans la recherche de cet objectif, les reporters
sont stratégiquement répartis au sein des unités de l’armé et sont eux même manipulés afin de devenir
un outil de propagande. Les tirs de l’armée américaine ayant pris pour cible des journalistes étrangers
le 8 avril 2003 est un signe de cette volonté de ne raconter qu’une seule version de l’histoire, celle qui
va dans le sens de du discours patriotique américain et de l’intervention héroïque des États-Unis en
Irak.
En réaction à cette corruption des médias, sont apparu des « warblogs » sur internet. Ceux-ci
formaient un espace d‘expression libre ou différents journalistes qui n’étaient soumis à aucune ligne
éditoriale, aucun media ou gouvernement, pouvaient poster leurs travaux le rendant ainsi disponible
à l’ensemble de la planète. Ainsi, le format du warblogs soumet le travail des journalistes qui en usent
aux critiques du public et la liberté d’expression que permettait a priori ce format est rapidement
remise en question en raison du fait que chacun est en droit de véhiculer les informations qu’il juge
pertinentes. C’est pourquoi le format de warblogs se doit encore de faire ses preuves afin de jouir
d’une certaine crédibilité. Par ailleurs, les conséquences indésirables qu’ont eu les diffusions d’images
choquantes lors de la guerre du Vietnam ont permis à l’État américain d’apprendre de ses erreurs. Lors
de la seconde guerre d’Irak, la superpuissance occidentale veille à contrôler le flux d’informations et
d’images provenant des zones de guerre. Il né alors une défiance extrême envers ces images qui, et le
gouvernement américain en a bien conscience, peuvent renverser l’opinion publique en défaveur de
la politique menée par les États-Unis. Il faut bien dire que l’unification et le soutien de l’opinion
publique fut indispensable dans la justification de la guerre dans laquelle s’est précipitée le
gouvernement américain en 2003. En effet, nous sommes bien loin du consensus qui rassemblait les
puissances occidentales juste douze ans auparavant lors de la première invasion de l’Irak par George
H. W. Bush. Cette fois, une puissance européenne ose contester l’hégémonie américaine : La France.
L’annonce du veto français devant l’Organisation des Nations Unies signifie que la France ne prendra
pas part à cette seconde guerre qu’elle juge injustifiée. Cette décision offre une marge de manœuvre
aux médias français qui adoptent une posture plus critique qu’en 1991 vis-à-vis du conflit initié par les
États-Unis. La presse tient des propos plus nuancés et, pour la première fois, cherche à faire entendre
la voix et les récits des Irakiens qui jusque-là, n’avaient que peu ou pas été transmis à l’occident. Les
chaînes françaises abordent donc le sujet de la guerre d’Irak chacune à leur manière en ce qu’elles
transmettent les différentes informations dans des formats qui leur sont propres, marqués par leur
identité. Cette forme plus authentique du journalisme représente une véritable évolution pour la
presse de cette époque. Par ailleurs, la seconde guerre du Golfe marque le début d’un phénomène
dissection publique des métiers du journalisme. En effet, la presse s’ouvre et révèle les conditions de
travail en son sein, les mécanismes qui la composent et les enjeux auxquels les journalistes sont
confrontés. Cette dissection se fait de plus en plus profonde à mesure qu’on en apprend sur le
fonctionnement de la machine médiatique. Celle-ci pousse même au développement d’une forme de
vigilance accrue et de tempérance vis-à-vis des informations relayées. Cette quête d’authenticité est
soutenue par l’émergence de chaînes arabes qui donnent la parole aux peuples arabes et notamment
aux irakiens, premières victimes de cette guerre. Ces nouveaux acteurs médiatiques révèlent les
horreurs de la guerre aux yeux du monde. Ces images choquantes véhiculée par la presse arabe
prouvent que la seconde guerre du Golfe fut un carnage humain difficile à maquiller pour les États-
Unis.
Enfin, télévisée la mort fut, durant les deux guerres du golf, un dilemme permanent. La diffusion
d’images à caractère choquant s’avère être, en temps de guerre, une arme redoutable et à double
tranchant dans la mesure où ces illustrations ont énormément d’influence sur l’opinion publique. Ces
images sont non seulement diffusées mais également manipulée et les horreurs qu’elles véhiculaient
sont minimisées par les deux parties pour en tirer un profit. Cette propagande sournoise dura tout au
long du conflit qui fut principalement motivé par le désir de vengeance des États-Unis à la suite des
attentats du 11 septembre 2001. Les médias ont joué un rôle prépondérant dans la galvanisation des
foules, l’incitation au patriotisme et la justification de cette vendetta.

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