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LES NOMBRES COMPLEXES

I. Introduction
Considérons les équations suivantes :
(1) x  2  0 ( 2) 4 x  5  0 (3) x 2  5  0 ( 4) x 2  4  0
 Dans N (ensemble des naturels), l’équation (1) n’admet pas de solution. 0n résout ce
problème en créant les nombres négatifs. Dans Z (ensemble des entiers), cette
équation a comme solution -2.

 Dans Z , l’équation (2) n’a pas de solution. On introduit les fractions. Dans Q
5
(ensemble des rationnels), cette équation a comme solution  .
4

 Dans Q , l’équation (3) n’a pas de solution. C’est pourquoi on introduit les nombres
irrationnels. Dans R (ensemble des réels), l’équation (3) admet deux solutions :
5 et  5 .

 Dans R , l’équation (4) n’a pas de solution. C'est pourquoi on crée de nouveaux
nombres : les nombres complexes. Il forment l’ensemble C et permettent de
déterminer les solutions de cette équation.

Remarque

Historiquement, ce n’est pas en cherchant les solutions d’une équation du second degré,
mais celles d’une équation du 3e degré que les mathématiciens italiens du XVIe siècle
furent confrontés à la racine carrée d’un nombre négatif. Cardano (1501-1576), Tartaglia
(1499-1557) et Ferrari (1522-1565) désignèrent par le symbole  1 , la racine carrée
apparemment inexistante de -1 et c’est Bombelli (1526-1572) qui établit les règles de
calcul des nombres complexes. Dès lors, une équation de degré n possède n solutions.

II. Définitions
2
 Nous définissons le nombre i par la formule i  1
i et - i sont les racines carrées de - 1.

 Si a , b  R , z  a  bi est un nombre complexe.


Si b  0 , z  a est un réel, ce qui entraîne que R est inclus dans C .
Si a  0 et b  0 , z  bi est un imaginaire pur.

 a est la partie réelle du nombre complexe z, b est sa partie imaginaire.

 z  a  bi est le nombre complexe conjugué du nombre complexe z  a  bi

 z  a 2  b 2 est le module (ou valeur absolue) de z .

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III. Opérations dans l'ensemble des nombres complexes

Remarque

Dans la suite z, z ', z ''... représentent respectivement les nombres complexes a  bi ,


a ' b ' i , a '' b '' i ….

1. Égalité

a  a '
a  bi  a ' b ' i si et seulement si 
b  b '
Des nombres complexes sont égaux si et seulement leurs parties réelles sont égales ainsi
que leurs parties imaginaires.

2. Addition

( a  b i )  ( a 'b ' i )  ( a  a ' )  ( b  b ' ) i

3.Multiplication scalaire

k(a + bi) = ka +kbi

Note
La multiplication scalaire se réduit à deux multiplications de réels.

4.Multiplication dans l'ensemble des nombres complexes

( a  b i ) . (a 'b ' i )  ( a a 'b b ' )  ( a b ' a ' b ) i

En pratique, il suffit d’effectuer suivant la règle du produit de polynômes et de remplacer


i 2 par  1 .

IV. Propriétés

1. Propriétés des nombres complexes conjugués

 z  z  ( a  b i )  ( a  b i )  2a  R
 z.z  ( a  bi ).( a  bi)  a 2  b2  R

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La somme et le produit de deux nombres complexes conjugués sont des nombres
réels.

2. Propriétés du module

  z C : z  z Évident d’après la définition

2
  z C : z  zz Évident d’après la définition

 z 0  z0

  z C : z  0

 z , z '  C : z z '  z z '

En effet : * z  a 2  b 2 et z '  a '2  b '2


z z'  a 2  b 2 a ' 2 b ' 2  ( a 2  b 2 ) ( a ' 2 b ' 2 )
 a 2 a ' 2 b 2 a ' 2  a 2b ' 2 b 2b ' 2
* zz'  (aa'bb')  i (ab' a ' b)
z z'  (aa 'bb') 2  (ab'a ' b) 2  a 2 a ' 2 2aa ' bb'b 2 b' 2 a 2 b' 2 2aa ' bb'a ' 2 b 2
 a 2 a ' 2 b 2 a ' 2  a 2b ' 2 b 2b ' 2

1 1
 z  C0 : 
z z

En effet : z  C0 , on a successivement :
1
z.  1
z
1
z.  1
z
1
z . 1
z
1 1

z z

z z
 z  C , z   C0 :  Évident d’après ce qui précède
z' z'

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V.Calcul dans l'ensemble des nombres complexes

1. Addition et soustraction

Exemples

 ( 3  2i )  ( 5  4 i )  3  2 i  5  4 i  8  2i

 (  2  i )  ( 4  4 i )  2  i  4  4 i  6  5 i

2. Multiplication et division

Exemples

 ( 2  i ) . ( 3  4 i )  6  8 i  3 i  4 i 2  6  8 i  3 i  4  10  5 i

1 1  2i 1  2i 1  2i 1  2 i 1 2
       i
1  2 i (1  2 i ) (1  2 i ) 1  4 i 2 1  4 5 5 5

3i (3  i ) (1  2 i) 3  6 i  i  2 i 2 3  6 i  i  2 5  5 i
      1 i
1  2 i (1  2 i ) (1  2 i) 1  4i2 1 4 5

3. Racine carrée
Un nombre complexe z admet toujours deux racines carrées opposées Z telles que : Z²=z

Note
Dans le cas où z est un réel, les racines sont faciles à calculer. Dans les autres cas, il est
aisé de voir que les racines carrées seront de la forme x  iy avec xy  0 .

Exemples
2 2
 Les racines carrées de - 3 sont 3 i et - 3 i car  3i  
 3 et  3 i   3 .
Remarque : (1+i)²=2i (1-i)²=-2i
On distingue 5 cas possibles :
1er cas : = ∈ ; = ∓√ .
2éme cas : = ∈ ; = ∓ √− .
3éme cas : = ∈ ; =∓ (1 + )

4éme cas : = ∈ ; =∓ (1 − ).
5éme cas : z=a+ib

 Recherchons les racines carrées de 3  4 i

: on cherche un nombre complexe x  y i tel que ( x  y i )2  3  4 i

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x²  y ²  3  x ²  ( y ²)  3
x²  y ²  3 x²  y ²  3  
     x ² y ²  4   x ².(  y ²)  4
2 xy  4  xy  2  xy  0  xy  0
 
2 2
On cherche donc deux nombres réels x et  y dont la somme est 3 et dont le
produit est – 4
On obtient x 2  4 et  y 2  1 , ce qui donne x  2 ou x  2 et y  1 ou y  1
or xy  0
Les racines carrées sont donc : 2  i ,  2  i

Remarque
Il n’y a que deux combinaisons de signes correctes car le produit xy a le même signe que
la partie imaginaire.

VI.Résolution d’une équation du second degré dans l'ensemble des


nombres complexes
On veut résoudre l’équation : az 2  bz  c  0, a , b, c  C , a  0

1. Équation à coefficients réels (a, b, c  R )


2
Résoudre l'équation z  2 z  5  0

  ( 2) 2  4(1) (5)  4  20  16  16 i 2  (4i ) 2

2  4i
z et z  1  2 i ou z  1  2 i
2

2. Équation à coefficients complexes (a, b, c  C )

1 2
Résoudre l'équation z  ( i  4 ) z  5  10 i  0
2

∆= 5 + 12
On calcule les racines du discriminant ∆= ( + ) . alors on a :

 x ²  ( y ²)  5
x²  y ²  5 
   x ².( y ²)  36
2 xy  12  xy  0

On obtient x 2  9 et  y 2  4 , ce qui donne x  3 ou x  3 et y  2 ou y  2


Comme xy  0 ,   5  12i  (3  2i ) 2 et

(i  4)  (3  2 i)
z
1
ce qui entraîne
z  7  i ou z  1  3 i

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Conclusion
Dans l’ensemble des nombres complexes, toute équation du second degré possède deux
racines (distinctes ou non). En particulier, lorsque ses coefficients sont réels, ses racines
sont soit réelles, soit complexes conjuguées.

Ceci devient évident au départ de la formule qui permet de déterminer les racines d'une
équation du second degré :
b  b 2  4ac
x
2a

Tout trinôme du second degré est donc factorisable dans C :


az 2  bz  c  a ( z  z1 ) . ( z  z2 )
Généralisation

Dans l’ensemble des nombres complexes, toute équation de degré n possède n solutions
complexes ou réelles.

VII.Forme trigonométrique d’un nombre complexe

1. Définition

y Appelons P le point image de z  a  b i .


b P On a P( a , b )


P est déterminé par :
ˆ
 : mesure en radians de l'angle xOP
 
x  : distance OP
O a

 est l’argument de z, il est déterminé à 2k près (k  Z )


 est le module de z, donc   z  a 2  b 2
 a
cos    a   cos 

Si   0 on a : 
sin   b  b   sin 
 

z peut s’écrire z  a  b i   cos   sin  i   ( cos  i sin )

Remarque
On écrit parfois z   cis

z   (cos  i sin  ) est la forme trigonométrique du nombre complexe z  a  bi

Réciproquement, à toute forme trigonométrique z   (cos  i sin  ) correspond le


complexe z  a  bi avec a   cos et b   sin  .

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2. Passage de la forme algébrique d'un nombre complexe à sa forme
trigonométrique

Il suffit de calculer  et 

Exemple
Écrire le nombre z  1  i sous sa forme trigonométrique.
On cherche  et  tels que z  1  i   ( cos  i sin  )

2
    1  12  2
_√
 = =


 = = alors = . = √2 + .

3.Égalité de deux complexes mis sous forme trigonométrique

Considérons deux nombres complexes

z  a  b i   ( cos  i sin  )
z '  a 'b ' i   ' (cos 'i sin  ' )
Ces deux nombres sont égaux si et seulement si leurs modules sont égaux et leurs
arguments dont égaux à un multiple de 2  près, ce qui s'écrit :

 '  
z'  z  
 '    k 2  ( k  Z )

4.Produit de deux nombres complexes mis sous forme trigonométrique

z  a  b i   ( cos  i sin  )
z '  a 'b ' i   ' (cos 'i sin  ' )

zz'   (cos  i sin  ).  '(cos 'i sin  ' )


   ' cos cos 'i cos sin  'i sin  cos 'i 2 sin  sin  '
  ' cos cos ' sin  sin  'i (cos sin  ' sin  cos ')
= (cos( + ) + ( + ))

Le produit de deux nombres complexes est un nombre complexe


 dont le module est le produit des modules de ces nombres : zz'    '
 dont l’argument est la somme des arguments de ces nombres : Arg(zz’) =  + ’

Généralisation

Le produit de n nombres complexes s'écrit sous forme trigonométrique :

z  z1.z2 .z3 .  .zn  1 . 2 .3 .  . n  cos(1  2  3    n )  i sin(1  2  3    n ) 

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Il en résulte que la ne puissance d’un complexe s’écrit :

n
z n  z.z. z.  .z   (cos   i sin )   n (cos n  i sin n) , n

Donc: z n  n (cos n  i sin n) , n

Dans le cas particulier où  = 1, on a la formule de MOIVRE :

n
 cos  i sin   cos n  i sin n

5.Inverse d’un nombre complexe mis sous forme trigonométrique

On considère un nombre complexe z différent de 0. On a


1 1
  cos (  )  i sin (  ) 
z 
En effet :
1 1
z .   (cos  i sin  ). cos     i sin    
z 
1
  .  cos   (  )   i sin   (  )  

 cos 0  i sin 0  1

6.Quotient de deux nombres complexes mis sous forme trigonométrique

z 
  cos    '   i sin    ' 
z' '
Évident d’après ce qui précède.

7. Autre expression de z = cos θ + i sin θ

7.1. Notation exponentielle :


Soit un complexe z tel que . z   (cos  i sin  )

Pour   R , on note = et ̅ = . Cette notation est appelée notation exponentielle.

On pose + = et on lit « e puissance i thêta »


π π
On déduit : = −1, 2 = et =e =1. = + = .

Si  est un argument de z ,alors un argument de z est  et    est un argument de  z

, d’où =

Toute écriture = ( ∓ )= . ( avec ∈ et   R réels ) est une forme

exponentielle .

En effet :Si est un réel non nul ,| | = = | |. = | |. ( = 1 , donc| | = | |.)

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Si > 0 , alors| | = | | = , donc dans ce cas = est une forme exponentielle .
( )
Si < 0, alors | | = | | = − , donc dans ce cas = = (− ) (le module est égale

à − et un argument de z est    ,est aussi une forme exponentielle

7.2. Propriétés

Soit = et. ′ = ′

( )
 ̅= . ̅= = = .

( ) ( )
 . = = ′ . = . =

Formule de Moivre :

= ( ) = . Donc .

Ou encore, pour = 1. =( ) = .

7.3. Conséquence

Soit + = et − .
En ajoutant membre à membre,
+ = 2. d’où = .
_
+ =2 d’où = .

Ces formules sont appelées "formules d’Euler".

8. Racines nièmes d’un nombre complexe (équation binôme)

On veut déterminer les racines nièmes de z   (cos  i sin  ) , c'est-à-dire des nombres
z '   '(cos ' i sin  ') tels que ( z ') n  z . On a

 'n cos n 'i sin n '   cos  i sin 

   k 2   k 2 
z '  n   cos  i sin  , k 
 n n 

Conclusions

 Tout nombre complexe a n racines nièmes complexes : pour les trouver, il suffit de
remplacer dans l'expression précédente k par 0,1,..,n - 1.

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 Les points images de ces racines nièmes sont les n sommets d’un n-gone régulier inscrit
dans le cercle de rayon n  et de centre O.

Exemple
Déterminer les racines cubiques de z  1  i .
 Recherchons d'abord la forme trigonométrique de ce nombre. Il vient
successivement :
z  1 i : a 1 , b 1

  12  12  2

1 √2
= =
√2 2

= = ⟹ = .

= √2 ( + )
4 4

 Il est maintenant facile de déterminer les racines cubiques demandées :

= √2 4+ 2 + 4+ 2 = √2( +
2
+ +
2
)
3 3 12 3 12 3

ce qui donne :
= 0 ′ = √2( + )
12 12

9 9
= 1 ′ = √2( + )
12 12

17 17
=2 ′ = √2( + )
12 12

6
 On peut représenter les solutions sur un cercle de rayon 2

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