Vous êtes sur la page 1sur 225

L a mécanique des milieux continus étudie la déformation des corps solides ou fluides à

l’échelle de quelques µm jusqu’à l’échelle de quelques kms. L’hypothèse de travail principale est
contenue dans le titre du cours. On suppose que la densité d’atomes est assez élevée pour que nous
n’ayons pas à nous préoccuper de l’interaction entre atomes ou molécules.

La mécanique des milieux continus est basée sur une formulation axiomatique des lois de la

mécanique (conservation de la masse, de la quantité de mouvement et la puissance). A partir de cette


formulation axiomatique, un formalisme mathématique rigoureux amène à une description rigoureuse
des déformations et des contraintes (forces internes dans un solide) ainsi qu’à la description des lois
de comportement des solides et des fluides.

Dans ce cours, nous nous limiterons au comportement élastique réversible des solides. Ce
comportement décrit assez bien l’utilisation des structures dans la vie courante. Cependant la
production des matériaux et la mise en forme des structures font appel à des comportements
plastiques, élasto-plastiques et élasto-viscoplastiques. Pendant les travaux dirigés des exemples de
ces comportements seront abordés et nous aurons constamment à l’esprit que le comportement des

solides ne se limite pas à l’élasticité.

Les applications de la mécanique des milieux continus font partie de la vie quotidienne de
tout ingénieur. Afin de souligner l’importance pratique de cette branche de la physique, des visites de

laboratoires sont organisées pour les élèves. Lors de ces visites, nous insisterons particulièrement sur
les applications industrielles de la mécanique et les relations entre la théorie et la démarche
expérimentale.

Ce cours ne pourra être aussi bénéfique que le souhaite son auteur sans l’assistance des
élèves aux exposés oraux, aux travaux dirigés et aux visites de laboratoires.

Mécanique des milieux continus élasticité


Mécanique des milieux continus élasticité
Mécanique des milieux continus élasticité
Liste DES SYMBOLES

α
a scalaire trace   (a11+a22+a33)
a dérivée temporelle de a

T
α
A scalaire transposé du tenseur du
a a


vecteur à trois composantes second ordre, matrice (3x3)
T

b
  

a
b
transposé du vecteur à  produit dyadique de et de
trois composantes (matrice 3x3)



a
.
b
vecteur à six composantes  
 produit scalaire


b
vecteur à six composantes  
α

 produit vectoriel

α
correspond au tenseur 
produit matriciel de et
T
α

a
transposé du vecteur à 
(un vecteur)

α
α
β

β
six composantes
A T

produit matriciel de et
matrice (6x6)
(une matrice, tenseur 2ème ordre)
A A

α
transposé de la matrice (6x6) β : produit double contracté de

α
tenseur du quatrième ordre
et (un scalaire)
A

A
α

correspond à matrice (6x6) : double contracté entre tenseur du


α

tenseur du second ordre, 4ème et du 2ème ordre


matrice (3x3) (tenseur du 2ème ordre)

A aire W vol
def
énergie de déformation par unité de
a0 longueur initiale
a longueur actuelle volume
b0 longueur initiale W int énergie de déformation totale
b longueur actuelle comp
W vol énergie complémentaire par unité de
BC segment de droite
volume
c0 longueur initiale
comp
c longueur actuelle W int. énergie complémentaire totale
E module de Young travail des efforts extérieurs
e f F

 W ext
i

vecteur unitaire comp


 W ext . travail extérieur complémentaire
forces de volume
 W ext puissance des efforts extérieurs
forces
G module de Coulomb ou module W déf . puissance consommé par
de cisaillement la déformation
H

tenseur (2ème ordre) gradient des W inert . puissance des efforts d’inertie
x X

déplacements 
vecteur position actuelle
i indice 
vecteur position initiale
I moment d’inertie d’une section
I I

 / x i dérivée partielle par rapport à xi.


tenseur idendentité du 2ème ordre 
 opérateur gradient
tenseur idendentité du 4ème ordre
 opérateur dérivation : Laplacien
j indice a incrément de a
k indice  symbole de Kronecker
ε ε

l indice tenseur des petites déformations


l longueur
L

 tenseur vitesses de déformations


tenseur des rigidités du 4ème ordre
 élastique déformation élastique
m indice
M moment de flexion  plast. déformation plastique

Mécanique des milieux continus élasticité


M tenseur des compliances du 4ème ordre  module de compressibilité cubique
 coefficient de Poisson
n indice
n

  angle

γ
vecteur normale à un élément de 
surface accélération
P

  masse volumique
force extérieure

σ
r rayon vecteur tenseur des contraintes de Cauchy
R rayon de courbure  contrainte de von Mises

σ
Re limite d’élasticité (y)
m contrainte moyenne ( trace  / 3)
RA, RB réactions d’appui
s tuv

tenseur déviateur des contraintes y limite d’élasticité (Re)


  I ,  II ,  III contraintes principales
vecteur contrainte
  min contrainte principale minimale
vecteur déplacement
  max contrainte principale maximale
vecteur vitesse
 angle

ω
tenseur des petites rotations

Mécanique des milieux continus élasticité


i
Table des matières

CHAPITRE I
APPROCHE PHENOMENOLOGIQUE DE LA DEFORMATION DES SOLIDES
ISOTROPES HOMOGENES
I. L’ESSAI DE TRACTION COMPRESSION SUR UN SOLIDE……………………..… 3
I.1. Observations expérimentales : relation force allongement………...… 3
I.1. Quantification des observations expérimentales ………...……………. 5
II. L’ESSAI DE CISAILLEMENT SUR UN SOLIDE………………………………….…… 9
II.1. Observations expérimentales : relation force déplacement…………… 9
II.2. Quantification des observations expérimentales………………….…….. 10
III. LE VECTEUR CONTRAINTE ET LE TENSEUR CONTAINTE ………………….…. 13
III.1. Le principe de la coupe : équilibre global vs. équilibre local…………… 13
III.2. Le vecteur contrainte …………………………………………………………. 14
III.2.1. Introduction heuristique du vecteur contrainte…………………….. 14
III.2.2. Propriétés du vecteur contrainte……………………………………. 15
III.3. Le tenseur contrainte ………………………….………………………….….. 17
III.3.1. Introduction heuristique du tenseur contrainte …………………… 17
III.3.2. Symétrie du tenseur contrainte……………………………………… 19
III.4. Relation entre le tenseur contrainte et le vecteur contrainte …………. 20
IV. LE TENSEUR DEFORMATION ET LA LOI DE HOOKE POUR UN MATERIAU ISOTROPE
HOMOGENE………………………….………………………….………………………….… 23
IV.1. Le teneur déformation……………………………………………………………. 23
IV.1.1. Les composantes de traction du tenseur déformation………………. 23
IV.1.2 Les composantes de cisaillement du tenseur déformation………… 24
IV.2. La loi de Hooke pour un matériau homogène isotrope…………………….. 25
IV.2.1. La loi de Hooke en chargement uniaxial………………………………. 25
IV.2.2. La loi de Hooke en chargement multiaxial ……………………………. 26
V. CHANGEMENT DE REPERE ………………………….………………………….…………. 29
V.1. Décomposition du tenseur contrainte en produits dyadiques…………… 29
V.2. Comportement des tenseurs contrainte et déformation
lors d’un changement de repère…………………….………………………… 30
CHAPITRE II
APPROCHE DIFFERENTIELLE DE LA DEFORMATION DES SOLIDES ISOTROPES
I. NOTION DE DEFORMATION VARIABLE DANS L’ESPACE …………………………. 35
I.1. Exemple de déformations et contraintes non homogènes………………… 35
I.2.. Transformation de voisinage …………………………………………………… 36
I.2.1. Le vecteur déplacement et le tenseur gradient des déplacements … 36
I.2.2. Transformations de voisinage particulières :
la translation et la rotation………………………………………………. 37
I.2.3. Hypothèse des petites perturbations…………………………………… 37
I.3. Le tenseur petites déformations………………………………….……………... 38
I.3.1. Déformations en allongement…………………………………………… 38
I.3.2. Déformations en cisaillement……………………………………………. 38
I.4. Décomposition du vecteur déplacement en rotation et en déformation… 39
I.5. Conditions de compatibilité……………………………………………………… 40
I.5.1. Unicité du champ de déplacement…………………………………………… 40
1.5.2. Existence d’un champ de déplacement : conditions de compatibilité……. 41
1.5.3. Notation d’Einstein………………………….……………………………… 43
1.5.4. Expression compacte des équations de compatibilité………………… 43
II. PROPRIETES DU TENSEUR CONTRAINTE…………………………………………………. 45
II.1. Les équations d’équilibre………………………….………………………………… 45
II.1.1. Equation d’équilibre en statique sans forces
massiques………………………….………………………….…………… 45
II.1.2. Equation d’équilibre en dynamique sous présence de forces
massiques………………………….………………………….…………… 46
II.2. Les 3 invariants du tenseur contrainte………………………………………… 47
II.2.1. Les valeurs propres du tenseur contraintes……………………………. 47

Mécanique des milieux continus élasticité


ii
Table des matières

III.2.2. La pression et le déterminant……………………………………………. 48


III.2.3. Le tenseur déviateur des contraintes …………………………………… 48
III.3. Le cercle de Mohr………………………………………………………………….… 49
III.3.1 Le cercle de Mohr en contraintes planes………………………………… 49
III.3.2 Le cercle de Mohr en trois dimensions………………………………….... 50
IV. EQUATIONS DE BILAN………………………….……………………………………………….. 51
IV.1. Conditions aux limites sur le tenseur des contraintes…………………………. 51
IV.2. Bilan de la quantité de mouvement………………………….…………………….. 51
IV.2. Equilibre des moments………………………….………………………….……….. 53
IV.3. Conservation de la puissance…………………………………………………… 53
CHAPITRE III
MATERIAUX ELASTIQUES
I. HISTRORIQUE………………………….………………………….…………………………. 59
II. COMPORTEMENT ELASTIQUE LINEAIRE ISOTROPE DES MATERIAUX………….. 51
II.1. Matériaux élastiques linéaires isotropes………………………….…………… 61
II.2. Relation entre le changement de volume et la pression à température
constante …………………………...……………….…………………………….. 63
III. MATERIAUX ANISOTROPES………………………….……………………………………. 65
III.2. Relation entre la notation matricielle et la notation indicielle…………….. 65
IV. L’énergie de déformation………………………….……………………………………….…. 67
IV.1 Expression de l’énergie en fonction des contraintes et en fonction
des déformations………………………….………………………….…………… 67
IV.1.1. Traction uniaxiale………………………….……………………………. 67
V.1.2. Traction multiaxiale sans force de volume ……….………………… 68
IV.2. Densité d’énergie, potentiel de déformation………………………………….. 69
IV.2.1. Densité d’énergie ou énergie par unité de volume………………….. 69
IV.2.2. Propriétés des tenseurs d’élasticité………………………….……….. 71
V. EXERCICES RESOLUS………………………….………………………….……………….. 73
CHAPITRE IV
QUELQUES NOTIONS SUR LA FLEXION DES POUTRES DROITES
I. INTRODUCTION………………………….………………………….………………………… 79
II. CARACTERISTIQUES GEOMETRIQUES DES SECTIONS……………………………… 81
II.1. Le barycentre et les moments statiques……………………………………….. 81
II.2. Le tenseur d’inertie………………………….………………………….…………… 82
II.2.1 Définitions…………………………………………………………………. 82
II.2.2 Théorème de transport de Huygens et axes principaux……………… 82
III. LA FLEXION SIMPLE DES POUTRES SYMETRIQUES………………………………….. 85
III.1. La déformation de flexion………………………….……………………………….. 85
IIII.2. Equilibre : moments de flexion et contraintes de flexion……………………. 85
III.2.1. Equilibre des moments de flexion…………………………………………. 85
III.2.2. Les contraintes de flexion…………………………………………………. 86
III.2.3. L’axe neutre………………………….………………………….…………… 87
IV. LA FLEXION PLANE DE POUTRES A SECTION SYMETRIQUE………………………… 89
IV. 1. Chargement transversal et contraintes de cisaillement……………………… 89
IV.2. Notion de coupe : les éléments de réduction……………………….…………. 89
IV.3. Les contraintes de cisaillement correspondant à l’effort tranchant………… 90
IV.4. Le gauchissement des sections de la poutre………………………….………… 91
V. FORMULATION MACROSCOPIQUE DE LA DEFORMATION DES POUTRES……….… 93
V.1. La déformée d’une poutre en flexion plane………………………….…………… 93
V.2. Exemple : poutre chargée par une force concentrée……………………….……93
V.2.1. Eléments de réduction………………………….…………………………... 93
V.2.2. Déformée de la poutre………………………….…………………………… 94

Mécanique des milieux continus élasticité


iii
Table des matières

CHAPITRE V
METHODES SEMI INVERSE
I. BILAN………………………….………………………….……………………………………. 99
I.1. Nombre d’inconnues, nombre d’équations ………………………………… 99
I.2. Méthodes de résolution………………………….………………………….…… 99
II. EQUATIONS FONDAMENTALES DE L’ELASTICITE………………………….………… 101
II.1. Equations de Beltrami-Mitchell………………………….……………………… 101
II.1.1. Cas général : forces de volume non nulles………………………….… 101
II.1.2. Forces de volume nulles ou constantes……………………………… 101
II.2. Formulation du problème d’élasticité en fonction des déplacements…… 102
II.2.1. Equation de Navier……………………………………………………… 102
II.2.2. Elimination des forces de volume dérivant d’un potentiel…………… 103
II.3. Principe de superposition et unicité de la solution ………………………… 104
II.3.1. Le principe de superposition……………………………………………… 104
II.3.2. Unicité de la solution (Gustav, Robert Kirchhoff 1824 à 1887) ………… 105
III. SOLUTION DE PAPCOVITCH NEUBER DE L’EQUATION DE NAVIER………………… 107
III.1. Analyse de la solution de Papcovitch Neuber ………………………….………… 107
III.2. Démonstration de la solution de Papcovitch Neuber …………………………… 108
III.2.1. Forme générale du vecteur déplacement ………………………………. 108
III.2.2. Expression de l’équation de Navier et valeur de C……………………… 108
III.2.3. Expression du potentiel vecteur…………………………………………… 109
IV EXERCICES RESOLUS………………………….………………………….………………….. 111
CHAPITRE VI
METHODES ENERGETIQUES
I. RAPPEL DES EQUATIONS A RESOUDRE ET BUT DU CHAPITRE………………… 121
II. EXEMPLE SIMPLE : L’ASSEMBLAGE DE RESSORTS ……………………………… 123
III. APPLICATION AUX SOLIDES ELASTIQUES …………………………………………… 125
III.1. Rappels………………………….………………………….……………………… 125
III.1.1. Champ de contraintes statiquement admissibles et champ de
déplacements cinématiquement admissibles ………………………… 125
III.1.2. Energie de déformation et potentiel …………………………………… 125
III.1.3. Les fonctions convexes à une variable……………………………….. 126
III.1.4. Les fonctions convexes à n variables et
considérations sur l’énergie……………………………………………. 127
III.2. Principe de minimum de la fonctionnelle F(u) ………………………………. 129
III.2.1. Démonstration de la propriété de minimum ………………………….. 129
III.2.2. Exemple d’application …………………………………………………… 131
IV. EXERCICES RESOLUS………………………….………………………….………………… 135
CHAPITRE VII : ELASTICITE PLANE
I. LES DEUX ETATS PLANS D’ELASTICITE………………………….………………… 145
I.1. Etat plan de contrainte………………………….………………………….… 145
I.2. Etat plan de déformation…………………….………………………….……. 146
II. LES EQUATIONS FONDAMENTALES DE L’ELASTICITE PLANE………………… 149
II.1. Les équations d’équilibre………………………….……………………………… 149
II.1.1. Les équations différentielles d’équilibre………………………………. 149
II.1.2. Les conditions de contour……………………………………………….. 149
II.1.3. Changement d’axe………………………….…………………………… 150
II.2. Les équations de compatibilité et le potentiel des contraintes……………. 150
III. LA FONCTION D’AIRY………………………….………………………….………………… 151
III.1. Forces de volume nulles………………………….……………………………… 151
III.2. Forces de volume dérivant d’un potentiel………………………….………… 151
IV. APPLICATION A LA THEORIE DES POUTRES…………………………………………… 153
IV.1. Solution de l’équation biharmonique par des polynômes………………… 153

Mécanique des milieux continus élasticité


iv
Table des matières

IV.2. Détermination des déplacements………………………….…………………… 153


IV.3. Exemple d’application : la poutre console………………………….………… 155
V. ETUDE DE QUELQUES PROBLEMES EN COORDONNEES POLAIRES……………… 157
V.1. Expression des contraintes en coordonnées curvilignes…………………. 157
V.2. Equations générales en coordonnées polaires………………………………. 158
V.2.1. Expression des contraintes en coordonnées polaires………………. 158
V.2.2. Equation à satisfaire par la fonction d’Airy
dans le cas de forces de volume nulles……………………………… 159
V.2.3. Expression du tenseur des déformations………………………………. 160
VI. EXERCICES RESOLUS………………………….…………………………………………….. 163
CHAPITRE VIII
APPLICATION DES THEOREMES ENERGETIQUES AUX STRUCTURES
HYPERSTATIQUES
I. INTRODUCTION………………………….………………………….…………………………… 171
II. THEOREMES ENERGETIQUES………………………….…………………………………… 173
II.1. Travail et travail extérieur complémentaire………………………….………… 173
II.1.1. Matériau élastique quelconque…………………………………………… 173
II.1.1. Matériau élastique quelconque…………………………………………… 173
II.2. Théorèmes de Castigliano et d’Engesser……………………………………… 175
II.2.1. Enoncé des théorèmes ………………………….………………………… 175
II.2.2. Démonstration du théorème de Castigliano….………………………… 175
III. APPLICATION DES THEOREMES ENERGETIQUES AUX STRUCTURES
HYPERSTATIQUES………………………….………………………….……………………… 177
III.1. Expression de l’énergie et de l’énergie complémentaire dans une poutre 177
III.1.1. Formule explicite de la densité d’énergie et de la
densité d’énergie complémentaire dans un solide
élastique linéaire isotrope………………………………………………. 177
III.1.2. Densité d’énergie et d’énergie complémentaire dans
une poutre faite en matériau élastique linéaire isotrope……………… 178
III.2. Energie déformation et énergie de déformation complémentaire
d’une poutre en flexion plane………………………………………………….. 178
III.3. Application du théorème d’Engesser aux poutres………………………….. 180
III.3.1. Détermination des relations entre variables cinématiques
macroscopiques et sollicitations extérieures……………………………. 180
III.3.2. Détermination des réactions d’appuis hyperstatiques………………….. 181
IV. EXERCICES RESOLUS………………………………………………………………………… 185
ANNEXE 1 :
ELEMENTS DE LA THEORIE DES GRANDES DEFORMATIONS
I. TRANSFORMATION DE VOISINAGE ET TENSEUR GRADIENT DE LA
TRANSFORMATION………………………….………………………….………………………. 191
I.1. Transformation de voisinage ………………………….………………………… 191
I.2. Gradient de la transformation de voisinage………………………….………… 192
I.2.1. Définition………………………….…………………………………………. 192
I.2.2. Exemple………………………….………………………………………… 193
I.2.3. Transformations homogènes……………………………………………… 194
I.2.4. Interprétation géométrique du tenseur gradient………………………… 194
I.2.5. Notations différentielles …………………………………………………… 195
II. TENSEUR DES DEFORMATIONS DE GREEN LAGRANGE…………………….……… 197
II.1. Tenseur des dilatations………………………….………………………………. 197
II.2. Tenseurs des déformations de Green Lagrange……………….……………… 198
II.3. Déformation dans une direction, allongement unitaire dans
une direction, glissement de deux directions orthogonales……………… 199

III. FORMULATION EN FONCTION DES DEPLACEMENTS……………………………… 201


III.1. Tenseur gradient du déplacement et tenseur petites déformations……. .201

Mécanique des milieux continus élasticité


v
Table des matières

II.2. Relation entre E et  …………………….………………………….………… 202


II.3. Approche de Green-Lagrange vs. approche en petites déformation……… 202
ANNEXE 2 :
LE CERCLE DE MOHR EN TROIS DIMENSIONS……………………. 205
Références bibliographiques ………………………………………………………………………….. 211

Mécanique des milieux continus élasticité


CHAPITRE I
APPROCHE PHENOMENOLOGIQUE DE LA
DEFORMATION DES SOLIDES
ISOTROPES HOMOGENES
-2-

Mécanique des milieux continus élasticité


-3-

I. L’ESSAI DE TRACTION COMPRESSION SUR UN SOLIDE

I.1. Observations expérimentales : relation force allongement

C onsidérons une éprouvette métallique de longueur l0 et de section S0 (Figure 1a).


Soumettons cette éprouvette à une force F (Figure 1b). Sous l’effet de la force appliquée F,
l’éprouvette s’allonge (l > l0) et diminue de section (S < S0). La force F augmente si la longueur de
l’éprouvette augmente. La figure 1c montre l’évolution de la force F en fonction du changement de
longueur l de l’éprouvette. L’état initial (éprouvette non déformée) correspond au point 0. Partant de
l’état initial, la force augmente linéairement en fonction de l’allongement l de l’éprouvette jusqu’au
point A. Le segment OA correspond au régime élastique. Considérons un point X1 quelconque entre O

et A. Si la force est annulée l’éprouvette retrouve sa forme initiale en suivant le chemin X10.

Eprouvette n° 1 Eprouvette n°1


non déformée déformée

-a- -b - - c-

Figure 1. : Traction uniaxiale d’une éprouvette solide (a) forme de l’éprouvette non déformée, (b)
forme de l’éprouvette déformée, (c) relation entre la force et la variation de longueur.

Le segment AB correspond au régime plastique. Dans ce régime, l’éprouvette est soumise à


des déformations permanentes. En effet, diminuons la force en partant du point B. L’éprouvette suit un
trajet (Force, allongement) parallèle au trajet élastique ( BC // OA ). Pour une force nulle il persiste

donc un allongement permanent OC .

En utilisation normale, les structures (une voiture, un avion, un train, le plancher d’un
bâtiment) travaillent toutes dans le domaine élastique, sans déformations ou allongements
permanents. La mise en forme des métaux (production de voitures, avions, trains, …) se fait par
déformation plastique. Dans ce cours, nous nous intéressons au domaine élastique.

Mécanique des milieux continus élasticité


-4-

Nous pouvons résumer les premières observations expérimentales comme suit :

 L’allongement d’une éprouvette en traction simple augmente avec la force


appliquée.
 En régime élastique, l’allongement revient à 0 après suppression de la force.
 En régime plastique, l’allongement dépend non linéairement de la force appliquée.
Après suppression de la force, un allongement permanent subsiste.

Mécanique des milieux continus élasticité


-5-

I.2. Quantification des observations expérimentales

Considérons une deuxième éprouvette du même matériau que l’éprouvette n°1 (Figure 2).
L’éprouvette n° 2 a la même section que l’éprouvette n°1, mais est trois fois plus longue. Soumettons
cette éprouvette à la même sollicitation F que l’éprouvette n°1. Nous admettons l’hypothèse

fondamentale de la mécanique des milieux continus: l’équilibre global de l’éprouvette implique que
chaque morceau de matière est en équilibre. Découpons l’éprouvette par la pensée en trois
morceaux identiques de longueur l0. Chaque morceau est soumis à des forces de traction F et subi un

allongement l. L’allongement total vaut donc 3l.

Figure 2. : Traction uniaxiale sur une éprouvette de longueur initiale 3l0. Chaque morceau de longueur
initiale l0 est en équilibre et s’allonge de l. L’allongement total de l’éprouvette est 3l.

Considérons maintenant une troisième éprouvette du même matériau. Cette éprouvette a la


même longueur l0 que l’éprouvette n°1, mais une section deux fois plus grande (Figure 3).

L’éprouvette n°3 s’allonge d’une quantité l/2. Chaque moitié d’éprouvette est en équilibre. Par
symétrie, la moitié gauche et la moitié droite de l’éprouvette sont soumises chacune à F/2.

-a-

-b- -c-

Figure 3. : Traction uniaxiale sur une éprouvette de longueur initiale l0 et de section initiale 2S0. (a)
Eprouvette non sollicitée. (b) Equilibre global de l’éprouvette sollicitée par une force F. (c) Equilibre de
chaque moitié d’éprouvette.

Mécanique des milieux continus élasticité


-6-

-a- -b-

Figure 4. : Traction uniaxiale sur trois éprouvettes du même matériau. (a) Relation force allongement
pour les trois éprouvettes. (b) Relation contrainte déformation pour les trois éprouvettes.

Les résultats des observations expérimentales sont résumés dans la figure 4. La figure 4a
montre la relation entre l’allongement et la force appliquée pour les trois éprouvettes. Prenons la
courbe correspondant à l’éprouvette n°1 comme référence. Pour une force donnée, l’éprouvette n°2
s’allonge trois fois plus que l’éprouvette n°1. En effet, chaque morceau de longueur l0 s’allonge autant
que l’éprouvette n°1. Pour la même force F, l’éprouvette n° 3 s’allonge deux fois moins que

l’éprouvette n°1. En effet, sous l’effet de la force F, chaque moitié de l’éprouvette n°3 ne reçoit que
F/2. Les deux quantités caractéristiques du comportement mécanique du matériau sont donc :

longueur finale - longueur initiale


la déformation =
longueur initiale
force appliquée
la contrainte de traction =
unité de surface

La figure 4b montre l’évolution de la contrainte (force/unité de surface) en fonction de la


déformation (variation de longueur/longueur initiale). Les courbes correspondantes aux trois
éprouvettes sont confondues. Notez que les contraintes sont mesurées en Pa (N/m2) ou MPa (106
N/m2). Dans la plupart des ouvrages, les contraintes sont désignées par la lettre grecque  (sigma) et
les déformations sont désignées par la lettre grecque  (epsilon). Les déformations n’ont pas d’unité.

Pour la plupart des matériaux métalliques, le régime élastique (OA) correspond à des
déformations inférieures à 0.2%. La contrainte correspondante au point A est appelée limite
d’élasticité. Dans les ouvrages français cette contrainte est notée Re et dans les ouvrages anglo-

saxons y. (yield stress). La pente E de la courbe contrainte déformation dans le domaine élastique
est appelée module de Young en honneur du scientifique anglais du même nom. Le module de
Young a les dimensions physiques d’une contrainte. Pour les métaux le module de Young est exprimé
généralement en GPa (1 giga Pa = 109 Pa = 10 9 N/m2).

Mécanique des milieux continus élasticité


-7-

Le module de Young et la limite d’élasticité des métaux diminuent rapidement quand la


température augmente. Le module de Young à température ambiante (20°C) de la plupart des aciers
est de 210 GPa et le module de Young de la plupart des alliages d’aluminium est de 70 GPa. La limite
d’élasticité y des aciers et des alliages d’aluminium varie fortement avec la composition. A
température ambiante, un acier de construction a un module de l’ordre de 400 MPa et un acier pour
tôles d’automobiles de l’ordre de 1000 MPa. Les alliages d’aluminium de la série 6000 ont une limite
d’élasticité de l’ordre de 200 MPa, alors que les alliages de la série 7000 ont une limite d’élasticité de
l’ordre 600 MPa. Les résultats peuvent être résumés comme suit :

 Pour caractériser un matériau, il faut étudier la relation contrainte (force /


unité de surface) déformation (allongement / longueur initiale).
 Les contraintes sont mesurées en Pa (N/m2) ou plus usuellement en MPa
(10 6 Pa)
 En régime élastique, la relation contrainte déformation est linéaire pour la
plupart des matériaux métalliques. La pente de la courbe (, ) est le
module de Young E. Le module de Young est généralement exprimé en
GPa.
 En régime élastique, la déformation s’annule si la contrainte est supprimée.
 Des contraintes plus élevées que la limite d’élasticité Re ou y conduisent à
la plastification du matériau avec des déformations irréversibles subsistantes
après annulation de la contrainte. La limite d’élasticité des matériaux
métalliques courants est de quelques centaines de MPa à température
ambiante.

Mécanique des milieux continus élasticité


-8-

Mécanique des milieux continus élasticité


-9-

II. L’ESSAI DE CISAILLEMENT SUR UN SOLIDE

II.1. Observations expérimentales : relation force déplacement

Considérons une éprouvette métallique (n°1) de longueur l 0 et de section a0b0 (Figure 5a).
Soumettons cette éprouvette à une force F parallèle au plan de base. Sous l’effet de la force
appliquée F, l’éprouvette est cisaillée. Le déplacement U est proportionnel à la force appliquée F.
Considérons une éprouvette (n°2) du même matériau, de section identique et de hauteur 2l0 (Figure
5b). Le déplacement relatif U de la section supérieure par rapport à la section de base est deux fois
plus grand que pour l’éprouvette n°1. Considérons maintenant l’éprouvette n°3 (Figure 5c) du même
matériau que les deux premières, de hauteur l0 et de section 2 a0b0. Sous l’action d’une force donnée
F, le déplacement relatif de la section supérieure U par rapport à la section inférieure est deux fois
plus petit que pour l’éprouvette n°1 (U=u/2).

-a - -c -

-b- -d-

Figure 5. : Essais de cisaillement sur trois éprouvettes du même matériau. (a) éprouvette n°1, (b)
éprouvette n°2 et (c) éprouvette n°3. (d) Relation force déplacement horizontal du plan supérieur pour
les trois éprouvettes.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 10 -

II.2. Quantification des observations expérimentales

Pour interpréter les observations expérimentales, nous introduisons un nouveau type de


contraintes, i.e. les contraintes de cisaillement et un nouveau type de déformations, i.e. les
déformations de cisaillement. Les contraintes de cisaillement correspondent à des forces appliquées

parallèlement aux surfaces observées. Dans le cas de la figure 5, ceci donne a=F/(a 0b0),
b=F/(a 0b0) et c=F/(2a0 b0).

Les déformations de cisaillement, mesurent la distorsion angulaire générée par les


contraintes de cisaillement. Les déformations de cisaillement sont définies comme la moitié du
changement angulaire pour un solide initialement à angle droit. Dans le cas de la figure 5, ceci
donne : a=/, bc.

Figure 6. : Relation contrainte déformation pour les trois éprouvettes déformées en cisaillement. 0A
correspond au régime élastique. AB correspond au régime plastique. BX1 correspond à la décharge
élastique parallèle à la pente initiale OA. OX1 est la déformation permanente (plastique) après
déchargement des éprouvettes et X1X2 correspond à la déformation élastique

Comme pour l’essai de traction, un régime élastique et un régime plastique sont observés.
Sur la figure 6 le régime élastique correspond à la partie linéaire 0A. La pente de la courbe contrainte
de cisaillement-déformation de cisaillement est donné par G. G est appelé module de cisaillement
ou module de Coulomb, d’après Charles Augustin de Coulomb. Le régime plastique correspond à la
partie AB. Si l’on supprime la force au point B, l’éprouvette se décharge parallèlement à la pente
initiale en suivant le trajet BX1. Attention, le comportement BC n’est pas connu et rien ne permet

d’extrapoler le comportement au-delà des déformations testées. Après décharge, une déformation
permanent plast. correspondant à OX1 subsiste. Si l’éprouvette est remise en charge une deuxième

Mécanique des milieux continus élasticité


- 11 -

fois, elle suivra le trajet X1B. Les résultats sur l’essai de cisaillement peuvent être résumés comme
suit :

 Dans un essai de cisaillement, la force est appliquée parallèlement à la


surface. La contrainte de cisaillement est donnée par la force appliquée divisée
par la surface sur laquelle elle agit.
 Les déformations de cisaillement sont définies comme la moitié du
changement d’angle.
 Les mêmes régimes (élastiques, plastique, décharge élastique) sont observés
en cisaillement et en traction ou compression. Le module élastique en
cisaillement est le module de Coulomb G.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 12 -

-a- -b-

-c-

Figure 7. : Principe de la coupe dans un solide. Equivalence des forces des deux côtés d’une même
section.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 13 -

III. LE VECTEUR CONTRAINTE ET LE TENSEUR CONTAINTE

III.1. Le principe de la coupe : équilibre global vs. équilibre local

Considérons un corps au repos (Figure 7). Les forces sollicitant le corps comprennent les
charges appliquées et les réactions d’appui. Les forces appliquées et les réactions d’appui sont en
équilibre. Cet équilibre est traduit par les équations de la statique, i.e. :

 3 équations d’équilibre en translation et


 3 équations d’équilibre en rotation.

Dans le cas où les 6 équations précédentes sont suffisantes pour déterminer les réactions, la structure
est dite isostatique, dans le cas contraire elle est dite hyperstatique.

P
 

5
Considérons un solide sous l’action de forces extérieures ,.., (Figure 7a). L’ensemble

des fores P i (i=1,2,3,4,5) satisfait aux équations de la statique, i.e. :
P

5 
i

 0
i1

Coupons le solide en deux parties G et D sans séparer les deux parties l’une de l’autre. L’équation
précédente peut s’écrire sous la forme :
P

5      
0    
i

   
i1

Les forces appliquées du côté gauche de la coupure (partie G) équilibrent parfaitement les forces
appliquées du côté droit de la coupure (partie D). Séparons les deux parties du solide (Figure 7b).
Nous supposons que chaque partie du solide est en équilibre. Les forces appliquées sont donc
nécessairement équilibrées par des forces internes. Les forces internes correspondent à la cohésion
de la matière. La répartition de ces forces internes sur la section peut être assez complexe. Nous

nous intéressons ici à la résultante de ces forces sur la section (Figure 7c). La force F d traduit l’effet

de la partie droite sur la partie gauche du solide. Cette force est donc équivalente à l’effet combiné de
P

  
3

, et :
P

   
Fd   
3

 


La force F g traduit l’effet de la partie gauche sur la partie droite du solide. Cette force est donc
P

 
1

équivalente à l’effet combiné de et :

Mécanique des milieux continus élasticité


- 14 -

P
  
Fg  

2
 
Les forces F g et F d sont donc opposées :

P P P

P
    
     

5
  

P P

P
      
Fd   

5
    F g  F d
   
Fg  

2


III.2. Le vecteur contrainte

III.2.1. Introduction heuristique du vecteur contrainte

Le principe de la coupe, indique que les forces des deux côtés d’une surface de coupure
sont forcément de même module et de signes opposés. L’orientation du vecteur force dépend de la
facette considérée. L’orientation de la facette peut être caractérisée de façon unique par la normale
  
unitaire n . Sur la figure 8, F d pointe vers la gauche alors que F g pointe vers la droite. Or
l’orientation relative entre la force et la normale unitaire est la même de chaque côté de la coupure. Le
 
couple (F ,n) caractérise donc de façon univoque le chargement subi par le solide.

Figure 8. : Essai de traction (a) et de compression (b) sur un solide homogène.


T


Pour chaque facette considérée, nous pouvons donc définir le vecteur contrainte de la façon
suivante :


 F
T  lim (1)
S 0 S


F est la force agissant sur la facette considérée et S la surface de la même facette. Le solide sera

considéré en traction si le vecteur contrainte pointe dans la direction de la normale à la facette et en

compression si le vecteur contrainte pointe dans la direction opposée à la normale.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 15 -

III.2.2. Propriétés du vecteur contrainte

-a- -b-

Figure 9. : Solide chargé en équilibre soumis à deux coupures différentes.

 Dépendance du vecteur contrainte vis à vis de l’orientation de la facette


considérée

La figure 9 montre le solide étudié précédemment. Deux coupes distinctes ont été opérées
dans le solide. Les coupures ont été opérées au même point, mais les surfaces de coupe ont des

orientations différentes. Les forces agissant de part et d’autre de la coupure sont identiques dans les

P
  
figures 9a et 9b. En effet, ces forces sont déterminées par les équations d’équilibre F g    

2
(
1
)
F

   
  . Les forces de chaque côté de la coupure sont identiques pour les figures
3

5
d

et  

9a et 9b, mais les forces par unité de surfaces sont évidemment distinctes, ainsi
(
1
)

(
1
)
F

 
(
2
)

(
1
)
d

d
T

 (1)  
T  sur S1 et   sur S2
S1 S2

Le vecteur contrainte est la force par unité de surface sur une facette quelconque d’un solide. Le
vecteur contrainte change donc avec l’orientation de la facette :


 F  
T  lim  T  n (2)
S 0 S

Mécanique des milieux continus élasticité


- 16 -

 Dépendance du vecteur contrainte vis à vis de l’endroit de la coupure

-a- -b-

Figure 10.: Solide chargé en équilibre, soumis à deux coupures différentes conduisant à une
répartition différente des forces de chaque côté de la coupure.

Le vecteur contrainte dépend de l’endroit de la coupure (pour savoir de quel côté agissent

les forces externes P i=1,5 ) et de l’orientation de la facette (pour déterminer l’aire de la surface de
coupe). Dans les figures 9a et 9b, les mêmes forces agissent des deux côtés de la coupure. Les

vecteurs contraintes correspondants à la figure 9a et à la figure 9b sont différents à cause des aires
différentes des surfaces de coupure S1 et S2. Une répartition différente des forces de chaque côté de
la coupure est observée entre la figure 10a et la figure 10b. En effet, dans la figure 10a
 (1)     (2)  
Fd = P 3+P 4+P 5 , alors que dans la figure 10b Fd = P 4+P 5 . Ainsi les vecteurs contraintes
correspondants sont

 (1)     
 (1) Fd
= =
 P 3+P 4+P 5  sur S et  (3)= F (3)
d
=
 P 4+P 5  sur S
T 1 T 3
S1 S1 S3 S3

Mécanique des milieux continus élasticité


- 17 -

III.3. Le tenseur contrainte

III.3.1. Introduction heuristique du tenseur contrainte

Au paragraphe I, dédié aux observations expérimentales, nous avons introduit deux types
de contraintes, i.e.

 les contraintes de traction compression correspondant à une force perpendiculaire à


la facette considérée et
 les contraintes de cisaillement correspondant à une force tangentielle à la facette
considérée.

Considérons maintenant tous les chargements homogènes (constants dans l’espace)


possibles sur une éprouvette parallélépipédique de dimensions initiales a0, b0, c0, suivant les trois
axes coordonnées respectivement.

-a- -b- -c -

Figure 11.: Sollicitations en traction d’un solide parallélépipédique de dimensions initiales a0, b0, c0
(a) solide non déformé,(b) traction selon x1, (c) cisaillement 32.

 Convention de nom

La figure 11b montre un exemple de sollicitation en traction et la figure 11c un exemple de


sollicitation en cisaillement. Pour désigner les contraintes, la convention suivante est adoptée :

Appellation des contraintes :

 Le premier indice indique la face sur laquelle agit la force

 Le deuxième indice indique la direction dans laquelle agit la force

Figure 12.: Sollicitations en traction d’un solide.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 18 -

 Contraintes de traction

La figure 12 montre des sollicitations de traction suivant les trois axes. 11 correspond à une
force appliquée sur la facette perpendiculaire à l’axe x1 dans la direction x1. 22 correspond à une
force appliquée sur la facette perpendiculaire à l’axe x2 dans la direction x2. 33 correspond à une

force appliquée sur la facette perpendiculaire à l’axe x3 dans la direction x3. Dans le cas d’un solide
isotrope (le comportement est indépendant de la direction d’application des forces), les trois
contraintes de traction induisent des changements de longueur, mais pas des changement d’angles.

Sur la figure 12, les surfaces du solide non sollicité se coupent à angles droits et les surfaces du
solide déformé se coupent aussi à angles droits.

 Les contraintes de cisaillement

D’après la convention de nom expliquée plus haut, il y a 3 contraintes de traction et 6


contraintes de cisaillement. Les contraintes de cisaillement correspondent à des forces parallèles à la

facette considérée :

 Facette perpendiculaire à x1 :
 contrainte de cisaillement 12 : agit dans la direction x2.
 contrainte de cisaillement 13: agit dans la direction x3
 Facette perpendiculaire à x2 :
 contrainte de cisaillement 21 : agit dans la direction x1.
 contrainte de cisaillement 23: agit dans la direction x3
 Facette perpendiculaire à x3 :
 contrainte de cisaillement 31 : agit dans la direction x1.
 contrainte de cisaillement 32: agit dans la direction x2

Les contraintes de cisaillement induisent des changements d’angle. Les angles initialement
droits du parallélépipède deviennent pointus ou aigus. Dans un solide homogène, isotrope, soumis à
des petites déformations élastiques par des contraintes de cisaillement, les changements de
longueurs induits par ces contraintes de cisaillement peuvent être négligés. La figure 13 montre

toutes les sollicitations possibles sur un solide.

Figure 13.: Sollicitations possibles d’un solide

Mécanique des milieux continus élasticité


- 19 -

 Le tenseur contraintes

Les 3 contraintes de tractions 11, 22 et 33 et les 6 contraintes de cisaillement peuvent être
représentées par une matrice (3x3). Cette matrice est appelée tenseur contrainte.

III.3.2. Symétrie du tenseur contrainte

-a- -b- -c-

Figure 14. : Equilibre en rotation d’un parallélépipède de dimensions initiales a0, b0, c0 chargé par des
contraintes de cisaillement. (a) Equilibre autour de x1, (b) équilibre autour de x2 et (c) équilibre autour
de x3.

Le principe de la coupe étudié plus haut, a montré que chaque partie d’un solide en
équilibre est nécessairement en équilibre. Les contraintes de traction et de cisaillement équilibrent les
forces extérieures appliquées à la structure. Les forces extérieures appliquées à la structure sont :
 les chargements locaux, i.e. les forces concentrées ou distribuées ;
 les réactions d’appui ;
 les forces massiques distribuées (p.ex. les forces de gravité)

Les matériaux peuvent subir des forces massiques tels les forces de gravité ou les forces
électromagnétiques. Cependant, il n’y a pas de couples ou moment massiques. En chaque point d’un
solide, les moments engendrés par les contraintes doivent donc être nuls. L’équilibre en rotation
implique la symétrie du tenseur contrainte. En effet, considérons le solide représenté figure 14.

Les mêmes composantes de cisaillement agissent dans des directions opposées sur deux facettes
opposées. La direction est suivant l’axe du deuxième indice pour la facette avec la coordonnée la plus
grande.

L’équilibre autour de l’axe x1 permet d’écrire :

contr.  levier
 surface  contr. surface

σ 23
 0 b 0 - 
c 0a σ 32 0 c 0 =0  σ 23  σ 32
b0a
force force

L’équilibre autour de l’axe x2 permet d’écrire σ 31  σ13 . L’équilibre autour de l’axe x3 permet d’écrire

σ12  σ 21 . Le tenseur contrainte peut donc être représenté par une matrice (3x3) symétrique.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 20 -

III.4. Relation entre le tenseur contrainte et le vecteur contrainte

-a- -b-

Figure 15.: Disque d’épaisseur unitaire. (a) Chargement bi axial appliqué au disque. (b) Coupure
dans le disque faisant apparaître le vecteur contrainte sur la facette de coupure.

Considérons un disque d’épaisseur unitaire soumis à un chargement biaxial (Figure 15a).


Les facettes perpendiculaires à l’axe x1 et à l’axe x2 ont respectivement comme aire A1 et A2. Coupons
le disque par une surface d’aire A0 (Figure 15b). L’équilibre du disque triangulaire de la Figure 15b
permet d’écrire :

.
e e
 
équilibre suivant e 1 :

1
 A1 11  A2 21  A0 T  n    0
   

2
 équilibre suivant e 2 :  A1 12  A2 22  A0 T  n  .   0

La figure 16 illustre la relation géométrique entre l’aire des différentes facettes et les composantes de

la normale n :

A1  A0n1 
e

 
1

, n  n1  n 2
A 2  A0 n 2

Cette relation, permet de réécrire la condition d’équilibre du disque triangulaire de la figue 15b :
.
e e

 
équilibre suivant e 1 :
1

 A0n1 11  A0n 2 21  A0 T  n    0


   
2

 équilibre suivant e 2 :  A0n1 12  A0n 2 22  A0 T  n  .   0

Figure 16. : Triangle rectangle. Relation entre les aires des facettes et la normale à l’hypoténuse.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 21 -

  
Le vecteur contrainte T  n  agissant sur la facette de normale n est le produit matriciel du tenseur
contrainte  et de la normale à la facette considérée :

σ
.
n
  
T  n  (3)

Mécanique des milieux continus élasticité


- 22 -

Mécanique des milieux continus élasticité


- 23 -

IV. LE TENSEUR DEFORMATION ET LA LOI DE HOOKE POUR


UN MATERIAU ISOTROPE HOMOGENE

-a- -b-

Figure 17: Solide (a) non déformé, (b) déformé par et .

 21  21  21

  
  12   12     

   
   
e2
2
2  2  12
e2 
  e1
e2 
 e1

e1

- a- -b- -c-

Figure 18. Disque rectangulaire soumis à du cisaillement. La différence entre les cas a, b et c est une
rotation de corps solide (sans déformation) autour de l’origine. Les cas a, b et c correspondent aux
mêmes contraintes et aux mêmes déformations.

IV.1. Le tenseur déformation

IV.1.1. Les composantes de traction du tenseur déformation

L’essai de traction uniaxiale montre qu’un solide oppose une résistance aux changements
de longueurs. La mesure la plus simple, indépendante de la longueur initiale de l’éprouvette, est
l’allongement par unité de longueur initial. Pour caractériser les changements de longueurs dans trois
directions de l’espace, il faut introduire 3 mesures scalaires de déformation (figure 17).

a a0 b  b0 cc0
 11   22   33  (4)
a0 b0 c0

Mécanique des milieux continus élasticité


- 24 -

IV.1.2 Les composantes de cisaillement du tenseur déformation

L’essai de cisaillement montre qu’un solide oppose aussi une résistance au changement
d’angle. L’équilibre en rotation implique que le tenseur contrainte soit symétrique. Considérons le
disque d’épaisseur unitaire de la figure 18 soumis à du cisaillement dans le plan (1,2). La différence
entre les cas a, b et c est une rotation de corps solide (sans déformation) autour de l’origine. Les cas
a, b et c correspondent donc aux mêmes contraintes. La déformation caractérisant le cisaillement est
la moitié du changement d’angle induit par le cisaillement :

   
 12 
2

-a-

-b- -c- -d-

Figure 19. (a) Cisaillement d’un parallélépipède rectangle. Cisaillement d’un disque d’épaisseur
unitaire (b) cisaillement , (c) cisaillement , (d) cisaillement . Le solide non déformé est
représenté en discontinu (trait rouge) et le solide déformé est représenté en trait plein.

Les composantes du tenseur déformation, caractéristiques du cisaillement, correspondent à


la moitié du changement d’angle entre les deux directions considérées. En plus des trois déformations
scalaires caractérisant des changements de longueurs, il y a 3 changements d’angles indépendants à
considérer pour pouvoir caractériser complètement la déformation d’un solide (Figure 19) :

 12   12   13   13  23   23
 12   13   23 
2 2 2 (5)
 21   12  31   13  32   23

Mécanique des milieux continus élasticité


- 25 -

IV.2. La loi de Hooke pour un matériau homogène isotrope

IV.2.1. La loi de Hooke en chargement uniaxial

 Traction ou compression uniaxiale

La figure 20 reprend les sollicitations de la figure 12. L’éprouvette s’allonge dans la


direction de la contrainte appliquée et se rétrécit dans les directions perpendiculaires. La rétraction est
la même dans toutes les directions perpendiculaires à la direction de traction. Une éprouvette à
section circulaire, restera donc à section circulaire. Les déformations correspondantes sont données
dans le tableau 1. Sur un matériau homogène isotrope, les contraintes de tractions ( et
) n’engendrent pas de déformations en cisaillement ( 0).

-a- -b- -c-

Figure 20.: Sollicitations en traction d’un solide parallélépipédique de dimensions initiales l10 , l 02 , l 03 .
e

  
1

(a) Traction selon (b) traction selon , (c) traction selon .


e

  
1

Traction selon Traction selon Traction selon

  11   22   33
 11  E  11    22   E  11    33   E
  
  11   22   33
 22    11    22   22    33  
 E  E  E
  11   22   33
 33    11   E  33    22   E  33  E
  

Tableau 1. : Déformations en traction uniaxiale.

 est appelé coefficient de Poisson en honneur du scientifique français Siméon, Denis Poisson
(1781, 1840).

Mécanique des milieux continus élasticité


- 26 -

 Cisaillement

Les cas de cisaillement sont représentés figure 19. Dans le cas de matériaux homogènes
isotropes, les contraintes de cisaillement ( et ) n’introduisent pas de changement de
longueur (). Les contraintes de cisaillement n’agissent que sur les mêmes

composantes du tenseur déformation, i.e.

  produit le cisaillement / 2G (avec 


  produit le cisaillement / 2G (avec )
  produit le cisaillement  / 2G (avec )

IV.2.2. La loi de Hooke en chargement multiaxial

 Le principe de superposition

Avant de donner la loi de Hooke complète pour un chargement multiaxial, énonçons le


principe de superposition des effets :

La déformation produite par plusieurs contraintes (sollicitations)


est la somme des déformations produites par chaque contrainte
prise séparément.

Comme en électricité, le principe de superposition est applicable parce qu’il existe une
relation de proportionnalité entre contraintes et déformations (cf. entre courant et tension en

électricité). Le principe de superposition est fondamental en physique. En effet, c’est grâce au


principe de superposition que l’on peut décomposer des problèmes complexes en des sous-
problèmes plus simples et obtenir des solutions exactes.

Dans le cas de la plasticité, la proportionnalité entre contraintes et déformations cesse et le


principe de superposition n’est plus applicable. De façon similaire le principe de superposition peut
être mis à profit pour étudier des circuits électriques composés d’éléments linéaires (résistances,
inductances et capacités). Cependant ce principe cesse d’être applicable dans l’étude des circuits
intégrés à base d’éléments non linéaires.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 27 -

 La loi de Hooke complète pour un matériau homogène isotrope

Le principe de superposition des effets permet d’écrire la loi de Hooke (Sir Robert Hooke ,
1635 à 1703) complète pour un matériau homogène isotrope sous la forme :

 1   12
  11  E  11    22   33   12  2G
 
 1   13
 22   22    11   33   13  (6)
 E  2G
 1  
 33  E  33    11   22 
23
 23  2G

σ
Les contraintes  sont représentées par un tenseur symétrique du second ordre , i.e. une
matrice (3x3) symétrique. Les déformations  sont représentées aussi par un tenseur symétrique du
ε

second ordre ou une matrice (3x3) symétrique.

 11  12  13   11  21  31
σ
σ

  21  22  23  T
  12  22  32 
 31  32  33  13  23  33 

Le comportement élastique du matériau est donc généralement décrit par un tenseur


symétrique du quatrième ordre. Cet aspect sera plus approfondi ultérieurement. Rien ne nous

empêche d’écrire la loi de Hooke sous forme matricielle, plus adaptée à des calculs. Les contraintes et

les déformations sont dans ce cas rassemblées dans des vecteurs colonnes à 6 composantes  et

 respectivement. Le comportement est décrit par une matrice M (6x6) symétrique. La matrice M
est appelée matrice de compliance du matériau.

   11     1     0 0 0      11  
    1         
   22      1    0 0 0     22  
ε

  E
M
σ

    33       1    
 0 0 0      33  
 
    (7)
 2 12     0 0 0   1 0 0    2 12  
     1    
 2  23     0 0 0   0 1 0    2 23  
2G  
 2      
  31     0 0 0   0 0 1    2 31  

Mécanique des milieux continus élasticité


- 28 -

Mécanique des milieux continus élasticité


- 29 -

V. CHANGEMENT DE REPERE

V.1. Décomposition du tenseur contrainte en produits dyadiques

Les composantes du tenseur contrainte et du tenseur déformation dépendent évidemment


du repère dans lequel ces tenseurs sont exprimés. Le plus facile pour effectuer un changement de
repère, est d’écrire les tenseurs sous forme d’une somme de produits dyadiques. Le tenseur
contrainte peut s’écrire sous la forme suivante :

 11  12  13  1 0 0  0 1 0  0 0 1  0 0 0 
   21  22  23   11 0 0 0    12 0 0 0    13 0 0 0    21 1 0 0 
 31  32  33 0 0 0  0 0 0  0 0 0  0 0 0 
0 0 0  0 0 0  0 0 0  0 0 0  0 0 0 
   
  22 0 1 0   23 0 0 0   31 0 0 0   32 0 0 0   33 0 0 0 
   
         
0 0 0  0 0 0  1 0 0  0 1 0  0 0 1 

Les matrices élémentaires dans la formule précédente peuvent être écrites sous forme de produits
dyadiques :

1  1  1  0 
σ

     
  11 0  1 0 0   12 0  0 1 0   13 0  0 0 1   21 1  1 0 0 
0  0  0  0 
0  0  0  0  0 
   
  22 1 0 1 0   23 1 0 0 1   31 0 1 0 0   32 0 0 1 0   33 0  0 0 1
   
         
0  0  1  1  1 

soit sous forme plus concise :


σ

  11e1e1T   12e1e T2   13e1e T3   21e 2e1T   22e 2e T2   23e 2e T3


     
 31e 3e1T   32e 3e T2   33e 3e T3
e
e
e

  
1
2
3

Considérons le repère orthonormé , ,  Dans ce repère le tenseur contrainte peut s’écrire


sous la forme suivante :
T1

T2

T3
e
e

e
e

e
e

      3 3  
1

   11   12   13  ...     ij e i e Tj
i 1 j 1
σ

Pour extraire une composante particulière  kl du tenseur contrainte, il suffit de multiplier le tenseur
 
par le vecteur e Tk à gauche et à droite par le vecteur e l . En effet

Mécanique des milieux continus élasticité


- 30 -

 jl
 ki 

ej
T
e
T  3 3 T   
 kl  e k e l     ij e k e i

l
i 1 j 1

où  kl est le symbole de Kronecker (Leopold Kronecker, 1823 à 1891)

 1 si k = l
δ kl = 
0 si k  l

V.2. Comportement des tenseurs contrainte et déformation lors d’un


changement de repère

Considérons un deuxième repère orthonormé e , e , e  . Dans ce repère le tenseur


'
1
'
2
'
3

contrainte peut s’écrire sous la forme suivante :


'
σ

'
' Tj
e
e
3 3  
i
    ij'
i 1 j 1

Pour exprimer la relation entre les composantes du tenseur contrainte dans le nouveau et dans

l’ancien repère, il suffit d’utiliser l’écriture de sous forme de produits dyadiques :


' Tk

'

'
Tk

'
 3 3   
e

e
e

e
 
l

 'kl        ij e i e Tj 
i 1 j 1 
x

P
x

 
Lors d’un changement de variables ' , le tenseur contrainte et le tenseur déformation se
transforment donc comme des matrices (3x3) :
T T
P P
' ε
σ

σ ε
P P


'

(8)

 Relation entre cisaillement et traction compression

Le module de Coulomb G est fonction du module de Young et du coefficient de Poisson 


:

E
G (9)
2 1   
 
En effet, considérons le disque d’épaisseur unitaire de la figure 21a. Dans le système d’axes e 1, e 2 ,
 
ce disque est soumis à de la traction selon e 1 et de la compression selon e 2 . Le tenseur contraintes
s’écrit :

1 0 0 
σ

T1

T2
e
e

e
e

   
 0 1 0 
1

 
0 0 0 

Mécanique des milieux continus élasticité


- 31 -

-a- -b-

Figure 21.: Sollicitations en traction et compression d’un disque d’épaisseur unitaire. (a) structure non
déformée, (b) structure déformée.

Les déformations correspondantes sont obtenues par la loi de Hooke (6).

 1 1   
  11  1    1  1 0 0 
ε

T1

T2
e
e

e
e
(1   )   (1   ) 
E E
  
 0 1 0 
1

2
 soit  1 1 
 1    
1 E E 
 22 E 
 1   1  0 0 0 
E

Ces déformations sont représentées sur la figure 21b.


'
'
e
e '

e
e

 
   
1
2 e

1
2

Considérons le repère , tourné de 45° par rapport à , . La matrice de passage du


'2
e
e
e

   
 
1
1
2

repère  ,  au repère , est donnée par


T1 '
'

T1 '
'
e e
e e
e e
e e

    
1

2  1 1
    2  1 1
T2

T2

 
1

   
'
'
e
e

  ,   vaut
1
2

Le tenseur déformation dans le repère

 0 1 0 
'
ε

T2

T1
e
e

e
e

(1   )   (1   ) 
  
 1 0 0 
1

  
E E  
 0 0 0 

Dans ce repère, le chargement subi par le disque correspond à du cisaillement et le tenseur contrainte
s’écrit :

 0 1 0 
'
σ

T2

T1
e
e

e
e

  1 0 0   
   
 
1


 
 0 0 0 

La loi de Hooke (7) permet de déterminer les déformations correspondantes

Mécanique des milieux continus élasticité


- 32 -

 0 1 0 

'
ε

T2

T1
e
e

e
e
1 
1 0 0   
1  

 

2
 
2G   2G
 0 0 0 

'
ε
En identifiant terme à terme les deux expressions du tenseur déformation , on obtient :

 0 1 0   0 1 0 

'
ε
1   (1   ) 
 1 0 0  1 0 0 
2G   E  
 0 0 0   0 0 0 

Cette égalité implique :

1 (1   )

2G E

Mécanique des milieux continus élasticité


- 33 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

CHAPITRE II
APPROCHE DIFFERENTIELLE DE LA
DEFORMATION DES SOLIDES
ISOTROPES

Mécanique des milieux continus élasticité


- 34 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

Mécanique des milieux continus élasticité


- 35 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

I. NOTION DE DEFORMATION VARIABLE DANS L’ESPACE

I.1. Exemple de déformations et contraintes non homogènes

Considérons le disque d’épaisseur unitaire de la figure 1. Dans l’état non sollicité et non
déformé, toutes les fibres de matières indiquées ont la même longueur l0. Si ce disque est soumis à
un couple de flexion, toutes les fibres prennent des formes d’arcs de cercle de centre identique 0
(Figure 1b). Les fibres du haut sont raccourcies (l<l0) alors que les fibres du bas sont allongées (l>l0).

La fibre du milieu ne change pas de longueur. Dans le système d’axes indiqué, la longueur de la fibre
neutre vaut l 0  R

-a- -b-

Figure 1. : Déformation d’un disque d’épaisseur unitaire en flexion. (a) forme de l’éprouvette non
déformée, (b) forme de l’éprouvette déformée.

R est le rayon de courbure (inconnu) du disque fléchi. Cette équation fourni une relation entre le rayon
de courbure inconnu et l’angle d’ouverture . La longueur des autres fibres s’écrit l   R  x 2  . Avant
déformation, la longueur de toutes les fibres était égale à l0. Donc la déformation d’une fibre

d’ordonnée x2 vaut :

 R  x 2   R
 11   x2
R R

La valeur du rayon de courbure R dépend du couple appliqué au disque et sera déterminée plus tard
par les équations d’équilibre. Pour le moment, le résultat important consiste dans le constat suivant :
Dans le disque de la figure 1 soumis à flexion, les déformations dépendent de l’ordonnée x2.

La figure 2, montre des éléments de matière dans le même disque soumis à flexion avec les
contraintes correspondantes. Ces contraintes dépendent des coordonnées. La loi de Hooke donne :

 11  E 11  Ex 2 / R

Mécanique des milieux continus élasticité


- 36 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

Figure 2. : Déformation d’un disque d’épaisseur unitaire en flexion. Représentation des contraintes
dans le disque.

I.2.. TRANSFORMATION DE VOISINAGE



I.2.1. Le vecteur déplacement u et le tenseur gradient des déplacements H

-a- -b-

Figure 3. : Transformation de voisinage. (a) avec déformation du solide (b) sans déformation du
solide.

Considérons le solide de la figure 3. C 0 désigne la configuration initiale non sollicitée et


non déformée du solide. C(t) correspond à une configuration sollicitée et déformée du solide. Pour
caractériser la transformation du solide entre la configuration initiale C0 et la configuration déformée
 
C(t), il faut introduire le vecteur déplacement u  x  .Dans la figure 3a, le segment PQ est plus long
que le segment P0Q0. Le solide a donc subit une translation vers la droite une déformation allongeant
   
le segment PQ. Les vecteurs déplacement des points P0 et Q0 sont différents ( u  x   u  y  ). Dans la

figure 3b, le segment PQ est identique au segment P0Q0. Le solide a donc subit une translation vers
la droite sans aucune déformation du segment PQ. Les vecteurs déplacement des points P0 et Q0 sont
   
identiques ( u  x   u  y  ). La déformation d’un solide peut être étudiée à partir de la connaissance des

vecteurs déplacement entre la configuration initiale, non déformée et la configuration déformée en


tous les points du solide. Les déformations du solide dépendent du vecteur déplacement et tout
particulièrement du gradient des déplacements. Le tenseur gradient des déplacements est appelé

ui
H ij 
x j

Mécanique des milieux continus élasticité


- 37 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

I.2.2. Transformations de voisinage particulières : la translation et la rotation


  
u( x )  x
x2
  
x2 u ( x )  Cons tan te

x1
x1

-a- -b

Figure 4. : Transformations de voisinage particulières n’introduisant pas de déformation du solide. (a)


translation du solide (b) rotation du solide.

La figure 4 montre deux transformations de voisinage particulières. Dans la figure 4 a, le


 
solide est translaté vers la droite et vers le haut. Le vecteur déplacement u  x  est constant. Le solide

ne subit aucune déformation. Dans la figure 4b, le solide tourne autour de lui-même, le vecteur
  
déplacement peut s’écrire u  x    x . Où  est une matrice antisymétrique (    ). Le solide ne
T

subit aucune déformation.

I.2.3. Hypothèse des petites perturbations

Les composantes de H ( H ij  ui /  x j ) sont des nombres adimensionnels. Nous

définissons la norme euclidienne H du tenseur H comme suit :

3
H   H 2pq
p ,q 1

Nous appellerons petites transformations, les transformations pour lesquelles H est petite vis-à-

vis de l’unité : H  1 . Lorsque les déplacements u sont petits et que la norme H du tenseur
gradient des déplacements H est petite devant l’unité, nous pouvons définir le tenseur petites

déformations  . Si les deux hypothèses précédentes ne sont pas satisfaites, il faut adopter une
description plus complexe. Cette description n’est pas abordée dans ce cours. Cependant les
mesures de grandes déformations sont définies dans l’annexe 1.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 38 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

I.3. Le tenseur petites déformations

I.3.1. Déformations en allongement

Considérons un élément de matière infinitésimal d’un solide en déformation (Figure 5).


Avant déformation, cet élément a une longueur dx1. Pendant la transformation de voisinage, l’élément
de matière subit une translation vers la droite et un allongement. La longueur finale de l’élément de
matière est dx1  u1  x1  dx1  u1  x1 . La déformation de l’élément de matière considéré peut donc

s’écrire :

 dx1  u1  x1  dx1  u1  x1  dx1 u1  x1


 11  
dx1 x1

De façon générale, les déformations en allongement sont :

u1( x1, x 2, x 2) u ( x , x , x ) u ( x , x , x )
 11   22  2 1 2 2  33  3 1 2 2 (1)
x1 x 2 x 3

Figure 5. : Déformation en allongement d’un élément différentiel d’un solide.

I.3.2. Déformations en cisaillement

Considérons un élément de matière infinitésimal d’un solide en déformation (Figure 6).


Avant déformation, cet élément est rectangulaire. Pendant la transformation de voisinage, l’élément
de matière subit une translation u1 vers la droite (Figure 6a). Le déplacement vers la droite dépend de
l’ordonnée x2. Le cisaillement correspondant est caractérisé par l’angle . De même sur la figure 6b,
le déplacement vertical u2 dépend l’abscisse x1. On observe un cisaillement caractérisé par l’angle .

Dans le premier chapitre, la déformation de cisaillement correspondante à la figure 6 a été définie


comme la demi-somme des angles  et  :

Mécanique des milieux continus élasticité


- 39 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

x
 
    1  u 2   u1   
 12   21     
2 2  x1 x 2 

-a- -b

Figure 6. : :Déformation en cisaillement d’un élément différentiel d’un solide.

De façon générale, les déformations en cisaillement sont définies comme suit en coordonnées
cartésiennes :
x

 
1  u 2   u1   
 12       21
2  x1 x 2 
x

 
1  u 3   u1   
 13       31 (2)
2  x1 x 3 
x

 
1  u 2   u 3   
 23       21
2  x 3 x 2 

Les composantes du tenseur déformation ont donc l’expression suivante en coordonnées


cartésiennes :
x
x

 
1  u i   u j    i=1,2,3
 ij     ji  (3)
2  x j x j   j =1,2,3

I.4. Décomposition du vecteur déplacement en rotation et en déformation

Nous avons vu que deux transformations de voisinage particulières n’introduisent pas de


déformations, i.e. la translation et la rotation. Considérons deux points infiniment proches dans un

solide sollicité. La différence du vecteur déplacement du entre les deux points peut s’écrire sous la
forme suivante :

3 u i 3   1  u i u j  1  u i u j  
du i   dx j            dx j
j 1 x j  2  x j x i  2  x j x i  
j 1 

Le premier terme de cette décomposition correspond au tenseur petite déformations  .

Mécanique des milieux continus élasticité


- 40 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

3   1  u u j  
d ui    ij   i 
  x j  x i   x j
d
j 1 
 2   

Le deuxième terme de cette décomposition n’introduit aucune déformation (   0 ). Ce tenseur est


appelé tenseur rotation 

ε
ω
x
 
 
du i   ij   ij dx j d   d
 

u
1   T
1  u u j   grad     grad    (4)
 ij   i   2
2  x j x i 

I.5. Conditions de compatibilité

-a- -b- -c-

Figure 7. : Déformation d’un puzzle. (a) Etat non déformé, (b) les pièces ont été déformées après
assemblage et restent jointes, (c) les pièces ont été déformées de façon indépendante et sont
disjointes.

Dans ce paragraphe, nous étudions les conditions à remplir par un champ de

déformations pour qu’il puisse être intégré et donner lieu à un champ de déplacements continu.
Imaginez un puzzle (Figure 7). Si l’on déforme les pièces du puzzle de façon indépendante, rien ne
garantit que l’on puisse les juxtaposer après déformation sans plis ou vides. Le champ de

déformations doit donc remplir certaines conditions pour correspondre à un champ de


déplacements continu. Ces conditions sont appelées conditions de compatibilité.

I.5.1. Unicité du champ de déplacement

Avant d’énoncer les conditions de compatibilité, nous étudions l’unicité du champ de


déplacement. Considérons les déformations sous l’hypothèse des petites perturbations.

1  u i u j 
 ij    
2  x j x i 

Les composantes du tenseur gradient des déplacements (  ) et les composantes du tenseur petites
rotations (  ) s’écrivent respectivement :

Mécanique des milieux continus élasticité


- 41 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

u i 1  u i u j 
H ij   ij    
x j 2  x j x i 

Les dérivées des composantes du tenseur rotation s’expriment en fonction des différences de petites
déformations. En effet, considérons les dérivées partielles des composantes du tenseur rotation

ij 1   2u i  2u j 
   
xk 2   x j x k  x i x k 


En ajoutant et soustrayant d’abord terme  2u k /  x i x j / 2 ,à  l’expression précédente. Nous
supposons que le champ de déplacement est deux fois continûment dérivable. Ainsi nous pouvons
intervertir l’ordre des dérivées partielles et faire apparaître les dérivées des composantes du tenseur

déformation

ij 1   2u i 2  1   2u j 2 
    uk      uk 
xk 2   x j x k  x i x j  2   x i x k  x i x j 

  1   u i  u k     1  u j u k    ik  jk
           
 x j  2   x k  x i    x i  2   x k  x j    x j  x i
ε
=
0

Si les déformations   sont nulles, le tenseur des rotations  est constant et le tenseur gradient
des déplacements H est égal au tenseur des rotations  :
ε

c
o
n
s
t
a
n
t
e

0  ,   (5)

  
Le champ de déplacements u correspond à une translation u 0 et une rotation de corps solide  x .

Ainsi, la connaissance du champ des


déformations définit le champ de déplacement
à une rotation de corps solide et une translation
près.

1.5.2. Existence d’un champ de déplacement : conditions de compatibilité

Le champ de déplacement doit satisfaire le système différentiel suivant :


ij  ik  jk
  (6)
x k x j xi

Mécanique des milieux continus élasticité


- 42 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

Pour que le vecteur déplacement soit continu en chaque point (pas de trous, ni de recouvrement de
la matière), il faut que ce système soit intégrable. Une condition suffisante pour que ce système
différentiel soit intégrable est donnée par la permutation de l’ordre des dérivées (Fubini Tonnelli) :

 2 ij  2 ij
 (l  k )
 x k x l  x l x k

L’équation correspondante sur les composantes du tenseur déformation s’écrit

 2 ik  2 jk  2 il  2 jl
   (7)
 x j x l  x i x j  x j x k  x i x k

Compte tenu des symétries, il reste 6 relations indépendantes à satisfaire. Les équations précédentes
nous assurent que le système d’équations (6) est intégrable. On peut donc déterminer le tenseur
rotation  si l’on connaît le tenseur des déformations  . Ainsi, le tenseur gradient des déplacements
 est défini. La question est maintenant si l’on peut remonter aux déplacements à partir de la
connaissance du tenseur  . Autrement dit le système

u i
  ij   ij
x j

 2ui  2ui
est-il intégrable ? La réponse sera positive si  (l  j ) soit
 x j x l  x l x j

 
 xl
 
 ij   ij 
x j
 il   il  (l  j ) .

T
Or cette égalité est bien satisfaite d’après les relations (6). Le passage de H à H n’introduit donc
pas de condition de compatibilité supplémentaires. Les 6 relations indépendantes parmi les équations

(7) peuvent s’écrire :

 2 11      13    21    32  2 2 2
  2   12    211    222
 x 2 x 3  x1   x 2  x3  x1   x1 x 2  x2  x1
 2 22     21   32   13   2 23  2 22  2 33
     2   (8)
 x1 x 3  x 2   x 3 X1  x2   x 2 x 3  x 32  x 22
2 2 2
 2 33      32    13    21  2   31    233    211
 
 x1 x 2  x 3   x1  x2  x3   x 3 x1  x1  x3

Mécanique des milieux continus élasticité


- 43 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

1.5.3. Notation d’Einstein

Dans la notation d’Einstein, les calculs sont faits sur les termes génériques des
expressions. Les termes génériques peuvent être traités comme des scalaires. De ce fait, les
opérations somme, multiplication matricielle et de différentiation sont particulièrement simplifiées :
 
 a / x k  est le terme générique de grada  a . Les indices répétés indiquent une somme sur cet
b
 
 
indice. Ainsi   b k / x k   div et a  div[ grad ( a )]   / x k  a / x k  .

1.5.4. Expression compacte des équations de compatibilité

Les relations de compatibilité peuvent se mettre sous une forme plus condensée, si l’on
adopte la notation symbolique de Gibbs. En notation indicielle d’Einstein, les relations de compatibilité
s’écrivent :

2 2     2
 ij   kk    ik    jk 0
x k x k x i x j x j  x k  x i x k

Ce qui conduit à l’expression suivante en notation de Gibbs :


ε

   


   grad div    grad div  
T
  grad grad trace  (9)

Mécanique des milieux continus élasticité


- 44 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

Mécanique des milieux continus élasticité


- 45 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

II. PROPRIETES DU TENSEUR CONTRAINTE

II.1. Les équations d’équilibre

II.1.1. Equation d’équilibre en statique sans force massique

-a- -b-

Figure 8. : : (a) Solide sollicité par des forces extérieures. (b) Elément de volume infinitésimal soumis

e

3
à un champ de contraintes. Les contraintes sur les faces perpendiculaires à sont nulles dans le
dessin.

D’après le principe de la coupe illustré au premier chapitre, chaque partie d’un solide en
équilibre est elle-même en équilibre. Considérons un volume élémentaire de longueurs dx, dy, dz isolé
dans le solide en équilibre (figure 8). La figure 8a montre la pièce sollicitée avec le volume

élémentaire à l’intérieur. La figure 8b montre un agrandissement du volume élémentaire avec la


désignation des contraintes. Sans force de volume (f1=f2=0) présentes, l’équilibre en translation du
volume élémentaire conduit aux 3 équations suivantes :

 σ11 σ12 σ13


   0
 x1 x 2 x 3
σ


div     σ 21  σ 22  σ 23  0 (10)
 x1 x 2 x 3
 σ 31 σ 32 σ 33
   0
 x1 x 2 x 3
d
i
v
σ


La notation   généralise la divergence aux tenseurs du second ordre. L’équilibre en rotation
conduit à l’égalité des contraintes de cisaillement  ij et  ji , c’est-à-dire le tenseur contrainte est

symétrique.
σ
σ

T
 (11)

Mécanique des milieux continus élasticité


- 46 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

II.1.2. Equation d’équilibre en dynamique sous présence de forces massiques

-a- -b-

Figure 9. : (a) Elément de volume infinitésimal soumis à un champ de contraintes. (b) Forces de
volume et forces d’inertie agissant sur un élément de volume infinitésimal.

La densité de la plupart des matériaux techniques est de l’ordre de quelques milliers de

kg/m3. Dans les utilisations de la vie courante, les forces d’inertie sont plus faibles que les
contraintes mises en jeu pour déformer ces matériaux. Cependant, lors d’un choc, les forces d’inertie
peuvent avoir le même ordre de grandeur que ces contraintes et on ne peut plus les négliger dans
l’équation d’équilibre.

De même, les forces massiques (forces de gravité, forces électromagnétiques) sont


généralement négligeables. Cependant, dans des applications particulières, tels les capteurs

piézoélectriques, les forces massiques sont du même ordre de grandeur que les contraintes. La
figure 9 montre les forces d’inertie et les forces massiques agissant sur un élément de volume
infinitésimal. Les forces massiques et les forces d’inertie n’agissent pas sur l’équilibre en rotation. Les
équations d’équilibre en translation sont :

σ11  σ12  σ13     2u1 


f1 
x 1 x 2 x 3 t 2 
u

2
 2u 
σ
f

σ 21  σ 22  σ 23  
f 2   22   div    2 (12)
x1 x 2 x 3 t  t
σ 31  σ 32  σ 33   2u 
f 3   23 
x1 x 2 x 3 t 

Mécanique des milieux continus élasticité


- 47 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

II.2. Les 3 invariants du tenseur contrainte

II.2.1. Les valeurs propres du tenseur contraintes

Figure 10. Disque en chargement plan.

L’exemple suivant montre qu’il faut définir des mesures des contraintes indépendantes du
système de coordonnées utilisé. La figure 10 montre un disque en état plan de contraintes. Soit 

σ
'
l’expression du tenseur contrainte dans le système d’axes (x1, x2) et l’expression du même tenseur
contrainte dans le système d’axes ( x1' , x '2)

100 0 0  0 100 0 
σ
'

   0 100 0 
  100 0 0 
 
 0 0 0   0 0 0 

Le même état physique de contraintes peut donc être exprimé par un tenseur contrainte
correspondant à du cisaillement pur dans le système d’axes ( x1' , x '2) ) ou par un tenseur contrainte
diagonal dans le système d’axes (x1, x2). Le tenseur contrainte est une matrice réelle symétrique

(3x3). Le tenseur contrainte a donc trois valeurs propres réelles. Les valeurs propres sont
souvent notées  I ,  II et  III pour insister sur le fait qu’elles sont indépendantes du repère. Dans
ce cas, le tenseur contrainte s’écrit dans le repère principal :

 I 0 0 
σ

0  II 0 
 
 0 0  III 

Lors d’un changement d’axes, les valeurs propres du tenseur contraintes ne changent pas. Les
valeurs propres caractérisent l’état de contraintes indépendamment de tout référentiel. Toute
combinaison (fonction) des valeurs propres est donc invariable par rapport à un changement de
repère. En mécanique du solide, trois combinaisons particulières des valeurs propres sont utilisées : la

Mécanique des milieux continus élasticité


- 48 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

pression, la contrainte de von Mises (Richard von Mises, de 1883 à 1953) et le déterminant du
tenseur contrainte.

III.2.2. La pression et le déterminant

La pression est l’opposé du tiers de la trace du tenseur contrainte.

σ
  trace( )  11   22   33
p    I  II  III    (13)
3 3 3

L’interprétation physique immédiate de l’invariance de la pression vis-à-vis d’un changement d’axe se


voit dans un fluide. La pression ressentie dans un fluide dépend de la profondeur, mais pas de la
direction dans laquelle on regarde. Le déterminent du tenseur contraintes s’exprime de façon

particulièrement simple en fonction des contraintes principales :


σ

det     I  II  III (14)

L’interprétation physique du déterminant du tenseur contraintes est cependant plus compliquée.

III.2.3. Le tenseur déviateur des contraintes

Avant d’introduire le dernier invariant du tenseur contrainte, communément utilisé en


mécanique du solide, nous considérons le tenseur déviateur des contraintes s . Le tenseur déviateur

des contraintes s est défini comme suit :


s

   m

  1 1    2   3 3  (15)
 m   p
 3

où m est la contrainte moyenne et I la matrice identité. Le tenseur déviateur des contraintes s’écrit
donc :

  11   1  31  1 0 0
   11    2   33   0
s
σ

   m   12   2  32   1 0 
3
  13   3  33   0 0 1 
s

Exprimons en fonction des valeurs propres du tenseur contrainte :

 I 0 0  1 0 0
   II   III  
s

   m   0  II 0  I 0 1 0
  3  
 0 0  III   0 0 1 

Mécanique des milieux continus élasticité


- 49 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

s
La trace du tenseur est nulle. La contrainte de von Mises  est définie comme suit :

s
s
3
σ= trace  
2
(16)
= 
3 2 2 2 2 2 2 2 2 2
s +s +s +s +s +s +s +s +s
2 11 22 33 12 13 21 23 31 32

En traction uniaxiale,    . La contrainte de von Mises est indépendante de la pression ou de la


contrainte moyenne.

III.3. Le cercle de Mohr

III.3.1 Le cercle de Mohr en contraintes planes

-a- -b-

-c- -d-
Figure 11. Etat plan de contraintes. (a) élément de volume considéré, (b) représentation

correspondante sur le cercle de Mohr. Contraintes à considérer pour l’équilibre suivant e  (c) et

e  (d)

Mohr (Christian Otto Mohr, 1835 à 1918) a montré la propriété intéressante suivante du
tenseur des contraintes, indépendante du comportement du matériau et des conditions aux

limites. Considérons l'état de contraintes au point x du volume V. Considérons un état plan de
contraintes 333231 ). Dans l'espace des contraintes de traction  et des contraintes de

cisaillement  l'état de contrainte au point x décrit un cercle si l'on considère toutes les facettes

possibles autour du point x . Supposons que nous connaissions les deux facettes principales. Soit
  
max la contrainte principale maximale et min la contrainte principale minimale. Soit e 1, e 2, e 3 le

Mécanique des milieux continus élasticité


- 50 - -Chapitre 2 : Approche différentielle


repère principal. Si l'angle entre la facette considérée et l'axe e 2 est  dans l'espace physique réel,
l'état de contrainte sur cette facette sera représenté par le point faisant un angle 2 avec l'axe des 
 
dans l'espace (). En effet, l’équilibre du tronçon de matière suivant e  (figure 11c) et suivant e 
(figure 11d) permet d’écrire respectivement :

    max cos 2     minsin 2  



  max   min 
   sin  2 
 2

Dans l’espace () le point (  ,  ) décrit donc bien un cercle de centre   max  min  / 2,0  et de
rayon   max  min  / 2,0  . La contrainte de cisaillement maximale, en considérant toutes les facettes
(angles  différents) pour un chargement donné vaut donc

max=( max - min) /2 (17)

III.3.2 Le cercle de Mohr en trois dimensions

Dans le cas d’un chargement triaxial, une propriété analogue peut être démontrée (cr.

annexe II).

Mécanique des milieux continus élasticité


- 51 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

IV. Equations de bilan

IV.1. Conditions aux limites sur le tenseur des contraintes

Considérons le solide représenté sur la figure 12. La définition du tenseur des

σ
n
 
contraintes de Cauchy (Augustin Louis Cauchy, 1789 à 1857) T  permet de relier le
σ

n
 
tenseur des contraintes et le vecteur contrainte T sur chaque facette d’orientation connue. La
figure 12 représente les surfaces du solide soumises à des chargement en force ( S ) ou soumises à
des déplacements imposés ( Su ). Sur les parties de la surface soumises à des chargements en force

la définition du tenseur des contraintes permet d’écrire :


T
n

σ
n

n
 

T
  
   imposé  
(18)
sur S

Sur les parties de la surface soumises à déplacements imposés, la condition aux limites s’écrit :
u
u

  imposé
 sur Su (19)

Figure 12. : conditions aux limites imposées à un solide.

IV.2. Bilan de la quantité de mouvement

Figure 13. Solide soumis à un chargement extérieur et des forces volumiques

Mécanique des milieux continus élasticité


- 52 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

t
Considérons le solide de la figure 13 soumis à un chargement extérieur  sur S et à des

f

forces de volume dans . Les forces de volume sont des forces agissant à distance distribuées

f
=
g
 
dans le volume du solide. L’exemple le plus connu sont les forces gravifiques (  où  est la
masse volumique). Cependant la prise en compte d’autres forces (électrique, magnétique) peut se
révéler nécessaire. Le solide peut être en mouvement. Par le principe de la coupe, loi

fondamentale de la mécanique s’applique à chaque volume élémentaire V contenu dans W :

γ
  
 dv   dS    dv (20)

V
V  
t

γ
 
correspond aux forces transmises au volume V par la matière avoisinante. est l’accélération du
point de matière

u
x
 
 ,t 
γ
x

  2
  2 (21)
t

σ
t

n
 
Pour le bilan de la quantité de mouvement, il est utile de se rappeler la relation de Cauchy  .
n

 
V

où est la normale extérieure à  , c’est-à-dire pointe vers la matière environnante.


f

σ
n

  
 dv   dS    dv
V V V

Le théorème de Gauss (Carl Friedrich Gauss, 1777 à 1855) ou de Green-Ostrogradski (George


Green de 1793 à 1841, Mikhael Vasilevich Ostrogradski de 1801 à 1862) permet alors de modifier
l’intégrale de surface en une intégrale sur le volume de solide considéré :
f

 
 dv   div   dv    dv
V V V

L’égalité précédente est satisfaite pour tout volume V isolé dans le solide. Ainsi l’égalité suivante doit

être satisfaite en tout point de  :


f

 
 div   (22)

L’équation (22) correspond aux équations d’équilibre en translation. Pour établir l’équation (22) nous
avons considéré la configuration actuelle du solide  et le tenseur des contraintes de Cauchy
(Augustin Louis Cauchy de 1789 à 1857) correspondant à une description eulérienne des contraintes.
Sous l’hypothèse des petites perturbations, cette équation peut être appliquée indifféremment pour
la configuration initiale ou la configuration actuelle.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 53 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

IV.2. Equilibre des moments

Si l’on suppose que le solide ne supporte pas de distribution de moments volumiques

f

(seulement des distributions de forces volumiques ), l’équilibre des moments conduit par des
développements similaires à la symétrie du tenseur contrainte. En effet, l’équilibre des moments
autour d’un point M0 de V s’écrit :
M
f

M
t

γ
    
M

M

0

0
  dv    dS    dv (23)
V V V

En tenant compte de l’équation d’équilibre, l’équation précédente prend la forme

  23   23 
M

   
M

  
 
0

    
  div
   31   13   dv  0

V 
 0  12   21 

 23   23
 
soit   31   13  dv  0 V  
V
 12   21

L’équilibre des moments conduit donc à la symétrie du tenseur contrainte de Cauchy


σ
σ

T
 (24)

IV.3. Conservation de la puissance


f

 
La puissance des forces volumiques et des efforts de surface peut s’écrire :
v

v
t
f

T  T 
W ext   dv   dS (25)
 
v


où est le champ de vitesse en chaque point du solide  dans la configuration actuelle. Nous
transformons l’intégrale de surface comme précédemment en utilisant la relation entre le tenseur des
σ

σ
t
t

  
contraintes de Cauchy et le vecteur contrainte (  . ) :
v

σ
v
n
f

T   
W ext   dv   T dS
 

Mécanique des milieux continus élasticité


- 54 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

L’utilisation du théorème de Gauss (Green-Ostrogradski) permet de transformer l’intégrale de surface


en une intégrale de volume :

σ
v
f
T   
W ext   dv   div   dv   f i v idv    ij v j dv  
    x i

γ
 
L’équation d’équilibre ( div     ) permet d’exprimer la deuxième intégrale en fonction des

forces de volumiques et de la puissance des contraintes de Cauchy.

   ij  v j 
W ext   f i v idv  
x
 ijv j  dv   f i v idv     v j   ij  dv
  i    x i  x i 
  ij  v j 
  f i v idv     v j   ij  dv
   x i  x i 
 v j   v j 
 
 
  f i v idv     f j    j v j   ij  dv      j v j   ij
x i  
 dv
x i 

La symétrie du tenseur des contraintes (  ij   ji ) permet de remplacer le gradient du champ de

vitesse par le tenseur des vitesses de déformations. En effet, l’échange entre les indices muets i et j
permet d’écrire :

1
 vi v v j 
 ij    ij i   ji 
x j 2  x j xi 

et la symétrie du tenseur contrainte donne

vi 1  v j 
 ij   ij  v i     ij ij
x j 2  x j x i 

Ainsi la puissance des efforts extérieurs W ext peut se mettre sous la forme
γ
v
σ
ε


W ext      j v j   ij ij  dv     .  :   dv
  (26)
 W déf .  W inert .

W déf est la puissance utilisée pour déformer le solide. W inert . est la puissance correspondant aux
efforts d’inertie. La conservation de la puissance permet de conclure que la puissance due à la
déformation s’écrit
σ
ε

W déf .    ij ijdv   : dv (27)


 

Mécanique des milieux continus élasticité


- 55 - -Chapitre 2 : Approche différentielle

ε
Le tenseur des contraintes de Cauchy et le tenseur des vitesses de déformations  sont appelées
variables conjuguées. Remarquons que ce sont deux tenseurs eulériens calculés dans la
configuration actuelle.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 56 -

Mécanique des milieux continus élasticité


- 57 -

CHAPITRE III
MATERIAUX ELASTIQUES

Mécanique des milieux continus élasticité


- 58 -

Mécanique des milieux continus élasticité


- 59 -

I. HISTRORIQUE
Il semble que les premières analyses mathématiques de la résistance des solides à la
rupture aient été faites par Galilée (Galileo Galilei de 1564 à1642) dans son ouvrage « Discorsi e
Demonstrazioni matematiche » publié en 1534 (figure 1a).

-a-

-b-

-c-

Figure 1. : Dessins de Galilée pour illustrer l’essai de traction et l’essai de flexion (a) Schémas dus à
Hooke décrivant ses expériences (b). Machine de traction en 2005. (Laboratoire PECM, SMS, Ecole
Nationale Supérieure des Mines de Saint-Etienne) (c).

En Angleterre et en France, à la fin du 17 siècle, Hooke et Mariotte découvraient presque


simultanément la relation entre déformations et contraintes en élasticité. Vers 1660, Hooke découvrit
la loi entre l’allongement d’un ressort et la force qui lui est appliquée (figure 1b). En fait, Hooke
n’appliqua pas ses idées au problème de la flexion des poutres entrevu par Galilée (figure 1a). C’est

Mariotte (Edme Mariotte de 1620 à 1684) qui, en 1680, publia la même loi et expliqua la différence
entre fibres tendues et fibres comprimées dans une poutre en flexion. Ce n’est qu’en 1807 que Young
(1773-1829) introduisit la notion de module d’élasticité.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 60 -

Mécanique des milieux continus élasticité


- 61 -

II. COMPORTEMENT ELASTIQUE LINEAIRE ISOTROPE DES


MATERIAUX
L’essai de traction (figure 2) est l’essai le plus couramment utilisé pour caractériser le
comportement mécanique d’un matériau, et donc établir sa " loi de comportement " (la relation entre
les contraintes, les déformations, les vitesses de déformations, la température,…) Cet essai (chapitre

I) consiste le plus souvent à soumettre une éprouvette (ou plus exactement une partie dite " utile " de
l’éprouvette) à un allongement l par déplacement relatif de ses extrémités, et à mesurer la force F
nécessaire à cet allongement. Une représentation schématique de l’essai de traction est donnée sur la
figure 2. Dans ce chapitre, nous nous intéressons uniquement à la partie OA (déformation élastique)
de la courbe "force-allongement". Les parties AB (déformation plastique homogène) et BC
(déformation plastique localisée) n’entrent pas dans le cadre de ce cours.

Certains matériaux (p.ex. les polymères) exhibent un comportement élastique réversible


pour des grandes déformations (quelques dizaines de pour cents). Généralement les courbes
contrainte-déformation associées à ces comportements élastiques sous grande déformation sont non
linéaires. Ces comportements ne sont pas abordés dans ce cours. Dans ce cours, nous nous
limiterons aux comportements élastiques linéaires.

Figure 2: Représentation schématique de l’essai de traction. Eprouvette à l’état initial et déformé (a).

II.1. Matériaux élastiques linéaires isotropes

Le matériau est dit isotrope, si le comportement considéré (mécanique, électrique,


magnétique) ne dépend pas de la direction de sollicitation. L’isotropie du matériau est une
hypothèse très forte. Le comportement du matériau dépend de sa microstructure. Or cette
microstructure est formée au cours de l’élaboration du matériau. Ainsi un matériau peut révéler un
comportement isotrope ou fortement anisotrope suivant l’élaboration qu’il a subit.

La loi de Hooke (relation contrainte déformation) pour des matériaux élastiques linéaires
isotrope a été établie sur la base de considérations expérimentales au premier chapitre :

Mécanique des milieux continus élasticité


- 62 -

ε
M
σ
 

  11     1     0 0 0     11  
   1       
 22      1    0 0 0     22  
 

M
σ
E 
   33       1    
 0 0 0     33   

(1)
   
   12     0 0 0   1 0 0      12  
     1    
0 1 0      23  
   23    
0 0 0
    2G   



   31     0 0 0   0 0 1      31  

La matrice permettant le passage des contraintes aux déformations s’appelle la matrice des
compliances. Cette forme est employée classiquement. Cependant, l’écriture suivante de la loi de
Hooke avec le facteur 2 devant les déformations de cisaillement et les contraintes de cisaillement
permet de donner une expression particulièrement simple à l’énergie élastique. Remparquons que la
matrice des compliances n’est pas affectée par la présence du facteur 2.
ε
M
σ

 

   11     1     0 0 0      11  
    1         
   22      1    0 0 0     22  
ε

M
σ
    E 
   33       1    
 0 0 0      33   

  
 2 12     0 0 0   1 0 0    2 12  
     1    
  2  13     0 0 0   0 1 0    2 13  
2G  
 2      
  23     0 0 0   0 0 1    2 23  
M

La matrice des compliances a toutes les propriétés d’un tenseur symétrique du quatrième ordre.

Souvent, il peut s’avérer utile d’utiliser plutôt la notation indicielle d’Einstein pour définir la loi de
comportement :

 ij  M ijkl kl (2)
M

Dans cette notation est un tenseur symétrique du 4ème ordre. L’inverse du tenseur , le tenseur
L

, est appelé tenseur de rigidité.

 ij  Lijkl kl (3)

La relation entre contraintes et déformations s’écrit de façon explicite sous la forme suivante pour un
matériau isotrope :

Mécanique des milieux continus élasticité


- 63 -

   11     1 0 0   1 1 1   0 0 0      11  
               
   22     0 1 0   1  2  1 1 1   0 0 0      22  
    0 0 1         
    33  
σ  1 1 1   0 0 0      33  

L
ε
 
  2G    (4)
 2 12    0 0 0  1 0 0    2 12  
         2 
 2 23    0 0 0  0 1 0     23  
   0 0 0  0 0 1    
 2 31         2  31  

II.2. Relation entre le changement de volume et la pression à température


constante

Les physiciens utilisent souvent la compressibilité volumique pour caractériser un


matériau. La compressibilité cubique relie la pression p au changement de volume V.

1 V
p   m   trace     (5)
3 V0

m est la contrainte moyenne. V0 est le volume initial avant déformation et V le changement de


volume V-V0. En petites déformations élastiques, le changement de volume peut être relié à la trace
ε

du tenseur déformation . Considérons le parallélépipède de la figure 3. Avant déformation, les


longueurs des côtés valent respectivement a0, b0, c0. Après déformations, ces côtés ont pris les

longueurs a,b,c. Le changement de volume entre l’état initial et l’état déformé vaut donc :

V V 0 abc  a 0b0c 0
  1 111 22 1 33  1
V0 a 0b 0 c 0

Figure 3. : Solide élastique linéaire soumis à un chargement extérieur. Le parallélépipède a, b, c est


montré dans l’état déformé et dans l’état initial.

Les déformations élastiques sont toutes inférieures à 210-3 (  11 210 3 ,  22 210 3 et  33 210 3 ). Les
termes du second et du troisième degré sont donc négligeables devant les termes du premier degré

dans la formule précédente. Ainsi le changement de volume relatif est bien donné par la trace du
tenseur déformation :

Mécanique des milieux continus élasticité


- 64 -

ε
V V V 0
   11   22   33  trace   (6)
V0 V0

La loi de Hooke donne déjà une relation entre les contraintes et les déformations :

ε
I
    
 2G     trace   
  1  2  

Rappelons la relation entre le module de Coulomb G, le module de Young E et le coefficient de


Poisson  :

E
G
2(1   )

La loi de Hooke (1) impose la relation suivante entre la trace du tenseur des contraintes et la trace du
tenseur des déformations :
σ

I
1
 m  trace    23G  trace     1 2  trace   trace   
3    
I

En nous rappelant que trace    3 , la relation précédente permet d’écrire :


ε

  3
m
2 E
1  
3 2 1      1  2

  trace    3 1 E 2  V 
V
 V0 V0

Et nous obtenons la relation annoncée entre le module de compressibilité cubique , le module de


Young E et le coefficient de Poisson .

V E
m  (7)
V0 3 1  2 

Mécanique des milieux continus élasticité


- 65 -

III. MATERIAUX ANISOTROPES


La loi de Hooke a été généralisée par Cauchy (1789-1857). Cauchy a proposé d’exprimer
chaque composante du tenseur des contraintes comme une fonction linéaire des composantes du
tenseur des déformations.

L
Dans ce cas les tenseurs d’élasticité et ont a priori 81 composantes (chaque indice

σ
varie de 1 à 3). Toutefois, le tenseur des contraintes de Cauchy et le tenseur de petites
ε

déformations sont symétriques. Ces tenseurs n’ont donc que 6 composantes indépendantes Ainsi il
est possible d’écrire toute loi d’élasticité sous forme matricielle :
σ
L
ε

ε
M
σ
   
  (8)
σ

 
où et sont respectivement le vecteur des contraintes ( ! à ne pas confondre avec le vecteur

M
contrainte ) et le vecteur des déformations définis en (1). et sont des matrices (6x6). Les
propriétés de ces matrices sont discutées après l’introduction de l’énergie de déformation.

III.2. Relation entre la notation matricielle et la notation indicielle

La notation (8) de la loi de Hooke généralisée est certes la plus adaptée au calcul des
structures. Cependant, pour les développements théoriques, la notation indicielle est préférée dans

tous les ouvrages modernes. Cette notation fait appel à la convention de sommation d’Einstein. Des
indices répétés indiquent une sommation de 1 à 3 :

3 3
 ij  Lijkl kl signifie  ij    Lijkl kl
k 1 l 1
3 3
(9)
 ij  M ijkl kl signifie  ij    M ijkl kl
k 1 l 1

Pour pouvoir passer de la notation tensorielle à la notation matricielle, la convention suivante entre les
composantes des tenseurs d’ordre 4 et les matrices (6x6) correspondantes est utilisée :

Mécanique des milieux continus élasticité


- 66 -

écriture matricielle écriture tensorielle (indicielle)


 K  L KM  M  ij  L ijkl  kl
K et M représentent des indices doubles  ij  M ijkl kl

   11  22  33 2 31
T
2 12 2 23

   11  22  33 2 31
T
2 12 2 23
  L1111 L1122 L1133   L112 L1123 L1131  
  L11 L12 L13   L14 L15 L16      
      L 2211 L 2222 L 2233   L 212 L 2223 L 2231 
  L 21 L 22 L 23   L 24 L 25 L 26     L 3311 L 3122 L 3331  L 3311 L 3323 L 3331 
  L 31 L 32 L 33   L 31 L 35 L 36    
    L1211 L1222 L1233   L1212 L1223 L1231  
  L 41 L 42 L 43   L 44 L 45 L 46      
      L 2311 L 2322 L 2333   L 2312 L 2323 L 2331 
  L 51 L 52 L 53   L 54 L 55 L 56     L 3111 L 312 L 3133   L 3112 L 3123 L 3131 
  L 61 L 62 L 63  L 64 L 65 L 66  

j i 1 2 3
1 1 4 6
K
2 4 2 5
3 6 5 3

(10)

Mécanique des milieux continus élasticité


- 67 -

IV. L’énergie de déformation


L’expression de l’énergie en fonction des contraintes et des déformations est de très
grande importance en mécanique des matériaux. C’est l’énergie qui permet de définir la partie
réversible et la partie irréversible d’une déformation. C’est à partir de l’expression de l’énergie que les
relations contraintes - déformations pour les matériaux non linéaires sont élaborées. Pour les
matériaux élasto-plastiques une extension du concept d’énergie, appelé potentiel des contraintes
permet de définir la relation entre vitesses de déformation et contraintes. Dans ce paragraphe, nous
calculons l’énergie stockée dans un matériau élastique isotrope soumis à un chargement externe.

IV.1 Expression de l’énergie en fonction des contraintes et en fonction des


déformations

IV.1.1. Traction uniaxiale

Considérons une barre ou un ressort en traction uniaxiale (Figure 7 a). Le travail

nécessaire pour déformer la barre (Wext) est donné par

u final
W ext   F (u )du
0

où u est le déplacement imposé à la barre à partir de la position d’équilibre et F la force


correspondante. En traction uniaxiale, le passage du couple force, déplacement au couple contraintes,
déformations se fait simplement. En effet en remplaçant dans l’expression précédente, F par S et u

par du par l d, (S est la section actuelle de la barre et l la longueur correspondante), nous obtenons :

ε final
W ext =   σ  ε  S ldε
0

Pour des petites déformations élastiques, nous supposons que la section S et la longueur l
peuvent être remplacées par les valeurs initiales S0 et l0 correspondantes. La loi de Hooke en traction
uniaxiale, permet alors d’écrire :

ε final Eε 2 σ2
W ext =S0l 0  Eεdε= V 0 =V0
0 2 2E

Mécanique des milieux continus élasticité


- 68 -

-a- -b-

Figure 7. Essai de traction uniaxiale. (a) ressort en déformation uniaxiale (b) relation entre force et
déplacement.

u
F
 
La figure 7b représente la relation linéaire entre la force et le déplacement

F
,
u
u

 

(  l  l 0 ). L’énergie élastique stockée dans la barre correspond à l’aire sous la courbe .  
L’énergie dépend de façon quadratique des déformations  et des contraintes .

IV.1.2. Traction multiaxiale sans force de volume

La figure 8 montre, un solide soumis à chargement complexe. Supposons que le solide a


atteint un point d’équilibre sous l’ensemble des charges appliquées. Nous incrémentons les forces à

partir de ce point d’équilibre. Les déplacements au point d’application de chaque force changent à la
u


vitesse  . La puissance fournie par les forces appliquées et les réactions pour imposer cette
déformation supplémentaire est données par :
t
.
u

f
.
u

  
 ext.=  dS    dv
W
S V

Figure 8. Solide soums à un chargement multiaxial.


t


est le vecteur contrainte sur la surface extérieur du solide, c’est-à-dire la force par unité de surface.
f


sont les forces externes agissant à distance dans le volume V. Nous transfomons l’expression de
 ext. , afin de faire apparaître les contraintes et les vitesses de déformation.
W
t
.
u

f
.
u

σ
u

f
.
u

σ
u

f
.
u

    
n

 ext.= 
W
S
dS  
V
 dv=  T  dS 

S

 dv= div

V 
   dv  V  dv

Mécanique des milieux continus élasticité


- 69 -

Le premier principe de la thermodynamique indique que La puissance fournie sert à accélérer les
éléments de matières et à les déformer. Nous avons montré au chapitre II (26) qu’en tenant compte

γ
 
de l’équation d’équilibre ( div       ) la puissance fournie s’écrit :

γ
v
σ
ε

W ext      j v j   ij ij  dv     .  :   dv
 
 W déf .  W inert .

σ
ε
W déf est la puissance utilisée pour déformer le solide et vaut W déf .    ij ijdv   : dv . La
 
puissance par unité de volume de matière vaut donc W déf .
vol   ij ij . Le travail de déformation fourni est

l’intégrale de la puissance entre l’état initial (non déformé) et l’état actuel (déformé).

ε
ε

ε
t t
W vol   W vol dt    ij    ijdt    ij   d  ij
déf . déf .
0 0 0

L’énergie de déformation s’écrit donc :


W déf .     ij d  ijdv (11)
 0

Pour établir le bilan des puissances, nous n’avons formulé aucune hypothèse sur le comportement du
matériau. Cette expression est valable pour tous les comportements de matériaux. Nous avons

cependant supposé que le travail extérieur sert à déformer et à accélérer la matière. L’énergie de
déformation est donc donnée par l’expression (11) pour tous les comportements de matériaux
(élastiques, plastiques, visqueux, …). Dans la plupart des matériaux cette énergie est transformée
partiellement en chaleur. Dans le cas d’un comportement purement élastique, l’énergie de déformation
est complètement récupérable et correspond à l’énergie interne


W int.     ij d  ijdv (12)
 0

IV.2. Densité d’énergie, potentiel de déformation

IV.2.1. Densité d’énergie ou énergie par unité de volume

 Energie de déformation

En mécanique des matériaux, on est surtout intéressé par l’énergie de déformation par
unité de volume W déf .
vol . L’énergie par unité de volume s’exprime comme le travail des contraintes sur

Mécanique des milieux continus élasticité


- 70 -

les déformations. L’énergie de déformation est toujours exprimée en fonction des déformations. Avec

ε
 
les vecteurs et introduits plus haut, nous pouvons écrire

ε

ε
σ
T 
  ij  d  ij  
déf .
W vol  d (13)
0 0

Dans les matériaux élastiques linéaires, l’énergie de déformation est une forme quadratique définie
positive des déformations. Les contraintes sont linéairement proportionnelles aux déformations. Cette
proportionnalité permet d'écrire :

ε
L
ε

ε
ε
déf . 1 1 T  1
W vol  : :  L   ij Lijkl kl (14)
2 2 2

Dans le cas des matériaux isotropes élastiques linéaires, l’énergie de déformation prend une
expression particulièrement simple :

déf . 3G 2 9 2
W vol =  eq   m (15)
2 2

ε
2
où  eq  eij eij est la déformation équivalente de von Mises et  m  trace  / 3 la déformation
3
moyenne.  eq et  m sont deux invariants du tenseur déformation. L’énergie de déformation d’un

matériau isotrope ne dépend donc que des invariants du tenseur déformation, du module de

cisaillement G et du module de compressibilité cubique k.

 Energie de déformation complémentaire

L’énergie de déformation complémentaire est définie comme suit :


σ
ε

T 
comp.
W vol     ij ij  W déf . déf .
vol   :   W vol   W déf
vol
.
(16)

L’énergie de déformation complémentaire est toujours exprimée en fonction des contraintes. Il faut
exprimer les déformations en fonction des contraintes dans l’équation précédente en utilisant la loi de
ε
M
:
σ

comportement. Dans le cas d’un matériau élastique linéaire ( = ), l’énergie de déformation


complémentaire s’écrit :
σ
M
σ

σ
=
σ

1 T 
W vol
comp.
   12 : : 
2
M
1
2
 ij M ijkl kl
(17)
ε
M
:
σ

Mécanique des milieux continus élasticité


- 71 -

 Potentiel des déformations et potentiel des contraintes

La notion d’énergie de déformation et d’énergie de déformation complémentaire est


particulièrement importante pour analyser le comportement de matériaux élastiques (paragraphe
suivant) et pour énoncer les théorèmes fondamentaux sur l’énergie. Ces théorèmes sont utilisés pour

déterminer des solutions approchées aux équations de la mécanique du solide. Les théorèmes
énergétiques sont à la base du calcul des structures par éléments finis utilisé largement dans les
applications industrielles (chapitre 5). Les contraintes sont les dérivées de l’énergie de déformation et
les déformations sont les dérivées de l’énergie de déformation complémentaire :

W vol
déf .
W vol
comp.
 
 ij   ij  (18)
 ij  ij

IV.2.2. Propriétés des tenseurs d’élasticité


 Positivité des tenseurs d’élasticité

Nous postulons que l’énergie de déformation est positive ou nulle. L’énergie de


déformation élastique est nulle si et seulement si les contraintes sont toutes nulles et les déformations
M

toutes égales à zéro. Les matrices et sont donc définies positives.

 Symétrie des tenseurs d’élasticité


σ

La symétrie du tenseur du contrainte et du tenseur des déformations ε


implique une

symétrie entre le premier et le deuxième indice et entre le troisième et le quatrième indice des
M

tenseurs et . En effet :

σ ij= L ijklε kl   Lijkl  L jikl  Lijlk


 (19)
σ ij=σ ji ε kl  ε lk   M ijkl  M jikl  M ijlk

L’existence d’une énergie de déformation et de l’énergie de déformation complémentaire, implique des


symétries supplémentaires pour les tenseurs de rigidité et de compliance.

comp. comp.
 2W vol   2W vol 
M ijkl  M klij
 ij  kl  kl  ij
déf . déf .
(20)
 2W vol  2W vol
Lijkl    L klij
 ij  kl  kl  ij
M

Les tenseurs et ont donc en réalité que au maximum 21 composantes indépendantes.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 72 -

Mécanique des milieux continus élasticité


- 73 -

V. EXERCICES RESOLUS

V.1 Produit doublement contracté

V.1.1. Enoncé

Considérez le produit doublement contracté entre le tenseur contrainte et le tenseur déformation


σ
ε

: . Démontrez que

σ
ε
s
e
:  :  3 m m ,

(
σ
où  m et  m sont respectivement la contrainte moyenne (  m  trace ) / 3 ) et la déformation
ε

moyenne  m  trace( ) / 3 ). et sont respectivement le tenseur déviateur des contraintes

ε
s
σ

I
(    m ) et le tenseur déviateur des déformations (    m ).

V.1.2. Solution
σ
:
ε

En notation indicielle, le produit doublement contracté s’écrit


σ
:
ε

 
 s ij   m ij eij   m ij 
 
 s ij eij   ij ij m m   meij ij   m s ij ij
δ

Le produit doublement contracté de avec lui-même vaut 3. En effet :


δ
δ
1
1
1
1

 ij ij    12 12   13 13


δ
δ
2
2
2
2

+ 21 21    23 23
δ
δ
3
3
3
3

+ 31 31   32 32  3
σ
:
ε

Les termes non gras sont nuls par définition. Les deux derniers termes de sont nuls parce que
la trace de tout déviateur est nul
e s

eij ij  e11  e 22  e 33  trace( )  0


σ
:
ε

s ij ij  s11  s 22  s 33  trace( )  0


ainisi 
  ij ij  s ij eij  3 m m  (c.q.f.d.)

V.2 Relation entre les déviateurs du tenseur contrainte et du tenseur


déformation dans le cas d’un solide élastique linéaire isotrope

V.2.1. Enoncé
Déterminez la relation entre le déviateur du tenseur contrainte et le déviateur du tenseur
s

déformation  2G

V.2.2. solution*
Partons de la loi de Hooke

Mécanique des milieux continus élasticité


- 74 -

ε
I
  
 2G   trace   
 1  2 

ε
1 1
trace    2G  trace    1 2 trace   
3 3 

s
σ

σ
I

ε
I
1   
  trace    2G   trace   
3  1  2 

ε
I

e
 1 
 2G   trace     2G
 3

V.3 Relation entre les invariants du tenseur contrainte et du tenseur


déformation dans le cas d’un solide élastique linéaire isotrope

V.3.1. Enoncé

Déterminez la relation entre la contrainte de von Mises  et la déformation équivalente de


von Mises  eq

3 2
 s ij s ij  eq  eij eij
2 3
  3G eq

V.3.2. solution

Nous utilisons la relation entre le déviateur des contraintes et le déviateur des déformations
établie dans l’exercice précédent.
s
s

e
e

e
e

3 3 2 2
 :  4G :  3G :  3G eq (c.q.f.d.)
2 2 3

V.4 Expression de la densité d’énergie en fonction des invariants du


tenseur déformation

V.4.1. Enoncé

Démontrer que dans un solide élastique linéaire isotrope

déf . 3G 2 9 2
W vol =  eq   m
2 2
2 2
comp.
W vol   m
6G 2
ε

2
où  eq  eij eij est la déformation équivalente de von Mises et  m  trace  / 3 la déformation
3
moyenne.  eq et  m sont deux invariants du tenseur déformation.

V.2.2. Solution

Partons de l’expression générale de la densité d’énergie de déformation :

Mécanique des milieux continus élasticité


- 75 -

σ
ε

ε

déf .
W vol =   : d
0

σ
L
ε
Le matériau étant élastique linéaire (  : ), nous obtenons forcément une forme quadratique :

σ
ε
déf . 1
W vol = : .
2

Or cette forme quadratique peut être exprimée facilement en fonction des valeurs moyennes et des
déviateurs (exercice 1).
σ
ε

s
e

1 1
déf .
W vol =
2
: 
2
 :  3 m m  (a)

Nous avons montré la relation entre la contrainte moyenne et le changement de volume (formule 7) :

V E
m 
V0 3 1  2 

Rappelons que le changement relatif de volume est égal à la trace du tenseur déformation. Ainsi la

relation précédente s’écrit :


ε
ε

V trace( )
m   trace( )  3  3 m
V0 3

Dans l’exercice 2, nous avons déterminé la relation entre le déviateur du tenseur contrainte et le
déviateur du tenseur déformation :
s

 2G

Remplaçons le tenseur déviateur et la contrainte moyenne par leurs expressions dans (a) :
s
e

e
e

( W déf .
vol =
1
2

 :  3 m m   12 2G :  9 m2 . 
Le premier terme du membre de droite s’exprime facilement en fonction de la déformation équivalente
de von Mises :
e
e

e
e

 9 2
déf .
W vol =
1
2
 3 2
2G :  9 2m  G 
2 3

:    m
 2 (c.q.f.d.)
déf . 3 2 9
W vol = G eq  2m
2 2

Dans le cas d’un matériau élastique linéaire, la valeur de la densité d’énergie de déformation est égale
à la valeur de la densité de déformation complémentaire. Pour obtenir la densité d’énergie
complémentaire de déformation, il suffit d’exprimer la relation précédente en fonction des invariants du
tenseur contrainte. Pour cela nous n’avons qu’à inverser les relations scalaires   3G eq et

 m  3 m .

Mécanique des milieux continus élasticité


- 76 -

ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DES MINES DE SAINT-ETIENNE


2 2
comp. 3   9   m   2  2m
W vol = G        (c.q.f.d.)
2  3G  2  3  6G 2

Mécanique des milieux continus élasticité


- 77 -

CHAPITRE IV
QUELQUES NOTIONS SUR LA FLEXION DES
POUTRES DROITES

Mécanique des milieux continus élasticité


- 78 -

Mécanique des milieux continus élasticité


- 79 -

I. INTRODUCTION

-a- -b-

Figure 1. : Poutre avec section symétrique. (a) Poutre à section rectangulaire avec chargement dans
son plan de symétrie, (b) poutre typique en double T utilisée en génie civil.

Si la notion de poutre est assez commune dans le langage courant, sa définition


mathématique est complexe et amène une lourdeur inutile dans le cadre du présent cours. Nous
considérons dans la suite simplement qu’une poutre est un élément de structure avec une
direction privilégiée dans laquelle son élancement L est beaucoup plus grand que dans les
deux autres dimensions, i.e. la hauteur h et la largeur b de la section. Une définition rigoureuse
des poutres sera donnée dans le cours de Résistance des Matériaux. Dans ce chapitre, nous
aborderons les fondements de la flexion des poutres droites à section symétrique. Nous supposons
donc que les sollicitations sont toutes appliquées dans un plan de symétrie (Figure 1). La faible
épaisseur de la poutre justifie généralement l’hypothèse de contraintes planes () Les

notions de flexion composée, de flexion de poutres à section non symétrique ainsi que les théorèmes
spécifiques aux poutres hyperstatiques sont abordées dans le cours de Résistance des matériaux.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 80 -

Mécanique des milieux continus élasticité


- 81 -

II. CARACTERISTIQUES GEOMETRIQUES DES SECTIONS

II.1. Le barycentre et les moments statiques

 Le barycentre d’une surface

Soit une surface plane S. Soit M(x ,x ) un point de S et dS un élément de surface


1 2

entourant M (figure 2). Le centre de la surface S est le barycentre G de l’ensemble des points de S :

barycentre :
 
OGS   OM dS (1)
S

x2 S
M
dS

e2

0 e 1 x1

Figure 2. : Section de surface S avec un point courant M et un élément de surface dS.

 Le barycentre d’une surface


e

Le moment statique W 
1

1 d’e la surface S par rapport à l’axe est défini par


e


1

moment statique par rapport à


W 1   x 2dS (1)
S

Le moment statique est homogène au cube d’une longueur. Le moment statique peut être positif
négatif ou nul. Le moment statique autour d’un axe passant par le barycentre est nul.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 82 -

II.2. Le tenseur d’inertie


II.2.1 Définitions
 Moments d’inertie par rapport à un axe

e
e
Soit une surface plane S et un repère   , 

2
 appartenant à S. Le moment d’inertie Iij

e
e
 

j
de la surface S par rapport aux axes sont définis par :

 I 11 I 12   x 2 x 2 x1x 2 
      dS (2)
 I 21 I 22  S  x1x 2 x1x1 

Le moment d’inertie est homogène à la quatrième puissance d’une longueur et est toujours
positif. Si l’un des axes est un axe de symétrie, alors le moment produit I12 est nul.

 Moments d’inertie par rapport à un point


Le moment d’inertie polaire par rapport au point O est défini comme suit :

2
I 0    dS  I 11  I 22 (3)
S

II.2.2 Théorème de transport de Huygens et axes principaux

 Théorème de transport de Huygens

x2 x1G X2

E2
S
G  X1
 E1
e2 xG
2

0 e 1 x1
 
Figure 3. : Section de surface S avec un repère e 1, e 2 et un second repère au centre de gravité G.
e
e
E
E

 
   
1


1

Soit un second repère , de même base que , mais dont l’origine est
confondue avec le centre de gravité G. Soient M(X1,X2) les coordonnées de M dans le nouveau
repère. Les moments d’inertie dans le nouveau repère s’écrivent :

 I 11
G 0 X 2X 2 X 1 X 2
 G
     dS
 0 I 11 S  X 1 X 2 X 1X 1

Mécanique des milieux continus élasticité


- 83 -

E
E
 
Les moments I12 sont nuls dans le repère  ,  . Les relations entre moments d’inertie dans le

2
e
e

E
E
   
 et dans le repère  ,  centré au centre de gravité s’obtiennent à partir de :
1

2
repère  ,

2
 X 2  x G2  dS  I 11G  S  x G2   
2 2 G 2
I 11    2xG G
2  X 2dS  I 11  S x 2
S S

 X 1 x1G  dS  I G22  S  x1G   


2 2 2
I 22    2 x1G X 1dS  I G G
22  S x1
S S

I 12    X 1 x1G   X 2  x G2  dS  I 12G  x1G X 2dS  x G2  X 1dS  S x1G x G2  I 12G  S x1G x G2


S S S

Ces relations constituent le théorème de transport de Huygens.

I 11  I 11  
G S G 2
x2

22  S  x1 
G 2
I 22  I G (4)
G G
I 12  I G
22  S x1 x 2

 Axes principaux et axes centraux principaux

La matrice d’inertie est symétrique ; elle a donc deux valeurs propres réelles et deux
directions propres.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 84 -

Mécanique des milieux continus élasticité


- 85 -

III. LA FLEXION SIMPLE DES POUTRES SYMETRIQUES

III.1. La déformation de flexion

-a- -b-

Figure 4. : Flexion simple d’un élément de matière. (a) Elément de matière non sollicité et non
déformé, (b) Elément de matière sollicité et déformé.

Revenons sur l’étude de la flexion d’un élément de matière abordée au début du chapitre
2. La figure 4 montre un élément de matière de longueur l0 et d’épaisseur unitaire soumis à un

moment de flexion M. Par symétrie, toutes les fibres de l’élément de matière se transforment en arcs
de cercle. La déformation due au moment de flexion seul a été calculée au chapitre 2 et vaut :

 ε 11 0 0 
ε=  0 0 0  ε 11  x 2 (5)
 0 0 0 R
 

où R est le rayon de courbure de l’élément de matière. Ce rayon de courbure va être déterminé par
l’équilibre.

IIII.2. Equilibre : moments de flexion et contraintes de flexion

III.2.1. Equilibre des moments de flexion

Considérons un morceau de matière soumis à un moment de flexion M. Opérons une


coupure à l’intérieur du morceau (figure 5). Après coupe, les deux morceaux (gauche et droite) sont
en équilibre d’après le principe fondamental de la mécanique des milieux continus : « Chaque
morceau d’un solide en équilibre est lui-même en équilibre ». Il faut donc que les moments externes
appliqués au morceau de gauche et de droite soient équilibrés par des efforts intérieurs. En effet, MD
est l’effet du morceau de droite sur le morceau de gauche et MG est l’effet du morceau de gauche sur

le morceau de droite. Par un raisonnement analogue à celui du premier chapitre, on montre que
l’équilibre global et l’équilibre de chaque morceau imposent :

M D  MG  M (6)

Mécanique des milieux continus élasticité


- 86 -

-a-

-b- -c-

Figure 5. : Flexion simple d’un élément de matière. (a) Elément de matière entier. (b) moitié gauche
en équilibre sous l’effet du moment extérieur et sous l’effet du moment transmis par la moitié droite.
(c) moitié droite en équilibre sous l’effet du moment extérieur et du moment transmis par la moitié
gauche.

III.2.2. Les contraintes de flexion

Figure 6. : Flexion simple d’un élément de matière avec visualisation des contraintes de flexion sous
forme de flèches (Coupe 2D).

Dans le deuxième chapitre, nous avons supposé que les solides ne supportent pas
de distributions volumiques de moments. Seules des contraintes de traction-compression et de
cisaillement peuvent être supportées. Il faut que les moment MD et MG correspondent donc à des

distributions particulières de contraintes impliquant un moment sur la section considérée. Les


déformations (5) permettent effectivement de générer ces contraintes. Appliquons la loi de Hooke en
traction uniaxiale.

x2
 11 E  11  E
R

Les contraintes de flexion sont donc en fait une combinaison de contraintes de traction et de
compression.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 87 -

Figure 7. : Equilibre d’un élément de matière soumis à flexion.

Pour déterminer définitivement la valeur des contraintes de flexion, il faut connaître la valeur du rayon
de courbure R de l’élément de matière. Le rayon de courbure R est obtenu en exprimant l’équilibre en
rotation de l’élément de matière considéré (Figure 7) :

E E
M   x 2 11dS   x 22dS  I 33 I 33   x 22dS
S RS R S

I33 est le moment d’inertie de la section droite autour de l’axe x3. Dans le cas d’une poutre de section
rectangulaire de hauteur h et de largeur b

b2 h 2
bh 3
I 33 =  dx 3  x 22dx 2 =
-b 2 -h 2 12

L’équation d’équilibre en rotation autour de x3 permet de calculer le rayon de courbure R en fonction

du moment de flexion M et de déterminer les déformations et les contraintes en fonction du moment


de flexion :

 Mx 2
1 M  ε11= EI
=  (7)
R EI   11= Mx 2
 I

III.2.3. L’axe neutre

Dans le cas d’une section rectangulaire, les contraintes  11 s’annulent au centre de la


section. Dans le cas de sections plus compliquées les contraintes 11 passent de l’état de traction à
l’état de compression. Les contraintes 11 s’annulent donc forcément à l’intérieur de la section. La

ligne de contraintes nulles est choisie comme axe x1 et est appelée axe neutre.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 88 -

Mécanique des milieux continus élasticité


- 89 -

III. LA FLEXION PLANE DE POUTRES A SECTION SYMETRIQUE

IV. 1. Chargement transversal et contraintes de cisaillement

Considérons la poutre de la figure 8 soumise à une force concentrée P au point x =. Les1

réactions d’appuis sont purement verticales. Les équations d’équilibre en translation verticale et de
rotation autour du point d’application de la force P permettent de déterminer les réactions d’appui :

 (L-ζ)
=P
R A + R B=P   R A L

R A ζ-R B (L-ζ)=0   ζ
R =P
 B L

Figure 8. : Poutre fixée par une articulation au point A (libre de tourner mais pas de glisser) et
simplement appuyée en B. (a) Poutre avec appuis. (b) Poutre avec visualisation des réactions d’appui
en A et en B.

IV.2. Notion de coupe : les éléments de réduction

Considérons la poutre sur deux appuis chargée par une force concentrée P. La poutre est
en équilibre sous l’effet de la force appliquée P et des réactions d’appuis RA et RB. Coupons cette
poutre en deux. Par l’hypothèse fondamentale de la mécanique des milieux continus, chaque morceau
de poutre est en équilibre. Pour équilibrer les réactions d’appuis et la force appliquée P, il faut donc la
présence d’un moment de flexion M(x1) et d’une force assurant l’équilibre en translation T(x1). Cette
force est appelée effort tranchant. Le moment de flexion et l’effort tranchant sont les résultantes en
force et en moment des contraintes agissant sur une section interne de la poutre. Ces résultantes sont
appelées éléments de réduction en mécanique des solides.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 90 -

Figure 9. : Poutre avec visualisation des réactions d’appuis en A et en B et des éléments de réduction
M (moment de flexion) et T effort tranchant.

IV.3. Les contraintes de cisaillement correspondant à l’effort tranchant

Le moment de flexion est réalisé à l’échelle locale par la distribution de contraintes de


traction compression (7). L’effort tranchant T correspond à la présence de contraintes de cisaillement
sur la section de la poutre. L’intégrale des contraintes de cisaillement sur la section est égale à l’effort

tranchant :

T=  12dS
S
(8)

En résistance des matériaux on considère que les contraintes de cisaillement sont constantes sur la
section de la poutre.

 T
  12= A

 ε12=  12
 2G (9)

où A est l’aire de la section S. Dans la plupart des cas cette formule donne des résultats satisfaisants.
Cependant, elle ne peut être qu’une approximation. Considérons un morceau de la poutre sur deux
appuis. La surface supérieure de la poutre n’est pas chargée. Le vecteur contrainte est donc
nécessairement nul :
σ
n

σ
e

    21 
2

     0 sur le bord libre


  22 

Or, les contraintes de cisaillement vérifient nécessairement la symétrie du tenseur contrainte. Donc
sur une facette x1=constante, la contrainte de cisaillement 12 s’annule forcément au coin supérieur et
au coin inférieur. La moyenne sur la section des contraintes de cisaillement est bien égale à l’effort
tranchant. Les contraintes de cisaillement s’annulant au bords de la poutre, leur valeur maximale
(centre de la section) est donc supérieure à celle donnée par la formule (5).

Mécanique des milieux continus élasticité


- 91 -

T T
 12=  (10)
A' A

Cette correction dépend de la forme de la section. La correction, tabulée pour beaucoup de sections
courantes en génie civil, se trouvent dans des ouvrages techniques spécialisés.

-a- -b-

Figure 7. : (a) Agrandissement de la partie droite de la poutre. La surface supérieure de la poutre


n’est pas chargée. Le vecteur contrainte est donc nécessairement nul. (b) Répartition réelle des
contraintes de cisaillement dans poutre à section rectangulaire.

IV.4. Le gauchissement des sections de la poutre

L’hypothèse de déformation en arc de cercles concentriques est valable rigoureusement


dans le cas de la flexion pure sans présence d’effort tranchant et de contraintes de cisaillement. Dans

la plupart des cas cette hypothèse donne encore des bons résultats loin des points d’application des
forces. L’effet de gauchissement des sections sera discuté en détails dans le cours de résistance des
matériaux.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 92 -

Mécanique des milieux continus élasticité


- 93 -

V. FORMULATION MACROSCOPIQUE DE LA DEFORMATION


DES POUTRES

V.1. La déformée d’une poutre en flexion plane

Soit u = f(x ) l’équation du déplacement vertical de l’axe neutre de la poutre. On appelle


2 1

déformée de la poutre l’équation de l’axe neutre. On appelle flèche d’une poutre, le déplacement
vertical le plus important réalisé par la poutre. L’équation (3) reliant le moment de flexion à la

courbure permet de déterminer la déformée d’une poutre fléchie. En effet, la courbure d’une courbe
x2=f(x1) est donnée par :

d2 f
 x1
1 dx12 2
 3/ 2
 d 2 f  x1
R   d dx1
 
2
1  f  x1  
  dx1  

On suppose que la dérivée première f '  x1 est petite devant l’unité et que le carré de f '  x1 est
négligeable. L’équation (3) relie donc la dérivée seconde de f(x1) au moment de flexion. f(x1) est la
forme de l’axe neutre de la poutre.

1 d2 M  x1
  2 f  x1  (11)
R dx1 EI

V.2. Exemple : poutre chargée par une force concentrée

V.2.1. Eléments de réduction

Reprenons la poutre de la figure 5 articulée en A et simplement appuyée en B. Les


réactions d’appuis RA et RB constituent deux inconnues. Pour déterminer ces deux inconnues, nous
disposons de deux équations (la translation verticale et l’équilibre en rotation). La poutre est donc
isostatique, c’est-à-dire que les réactions peuvent être déterminées sans faire appel à la déformée de
la poutre.

 Calcul des réactions

L’équilibre en translation verticale et l’équilibre en rotation autour du point d’application de la


force P, permettent de déterminer les deux réactions d’appui.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 94 -

 (L  )
 R A P
RA  RB  P   L

R A  R B ( L   )  0   
R P
 B L

 Calcul du moment et de l'effort tranchant

Pour déterminer l’expression du moment fléchissant et de l’effort tranchant, on opère une


coupure dans la poutre. En effet, de cette façon ces efforts seront rendus actifs. Considérons les deux
schémas de la figure 8. La coupure opérée sur la figure 8a sert à déterminer le moment fléchissant
entre le point A et le point d’application de la force P. La coupure opérée sur la figure 8b sert à
déterminer le moment fléchissant entre le point d’application de la force P et le point B. Les directions
positives du moment fléchissant M et de l’efforts tranchant T sont indiquées figure 8. Les schémas de
la poutre avec coupure sont appelés « schémas rendus libres ». Ceci signifie que le moment
fléchissant et l’effort tranchant ont été « rendus libres » ou rendus opérants.

-a- -b-

Figure 8. : Schémas rendus libres de la poutre pour le calcul du moment fléchissant et de l’effort
tranchant (a) entre A et le point d’application de la force et (b) entre le point d’application de la force et
le point B.

 P ( L   ) x1  P( L   )
 R A x1  x1    R A  x1  
L L
M ( x1)  T ( x1) 
 R B  L  x1  P ( L  x1) z x1     R B   
P
x1  
 L et  L

V.2.2. Déformée de la poutre

Equation de l'élastique  u 2 / x1    M ( x1) / EI


2 2


Le moment fléchissant M est relié à la dérivée seconde du déplacement vertical u2.

 P ( L   ) x1
 x1  
u 22 M ( x1)  EIL
 
x12 EI  P ( L  x1)
 x1  
 EIL

 Expression du déplacement vertical

Mécanique des milieux continus élasticité


- 95 -

Le déplacement vertical est obtenu par l’intégration de l’équation précédente.

 P( L   ) x13 A1 B1  P ( L   ) x12 A1
  x1  x1      x1  
 6 EIL EIL EIL u 2  2 EIL EIL
u 2( x1)   et  ( x1 )  
 P   L x1  x1   A 2 x1  P  x  A
2 3 2
B2  L x1  1   2
 EIL  2 x1  x1   
 EIL   x1  
 6  EIL EIL   2  EIL

L’intégration de l’équation de l’élastique introduit donc deux constantes pour chaque tronçon de poutre
(A1, B1 et A2, B2 sont des constantes d’intégration). Ces constantes sont déterminées par les
conditions aux limites (conditions de fixation de la poutre).

Figure 9. Schéma de la poutre avec déformée et explication des conditions aux limites sur le
déplacement u2.

 Conditions aux limites (figure 9)


 Condition sur le déplacement à l'origine

L’annulation du déplacement au point A, permet de déterminer B1.

u 2(0)  0   B1  0

 Continuité des rotations en x = 

La continuité de la tangente (rotation) au point d’application de la force impose une relation entre A1 et
A2.

 P ( L   ) 2 A1 
    
 2 EIL EIL  PL 2
 ( )      A2  A1
 P 2 A2  2
  2 EIL  2 L     EIL   

 Continuité du déplacement en x1 = 

Mécanique des milieux continus élasticité


- 96 -

 P 4 PL 3 A1 
    x  
 6 EIL 6 EIL EIL  P 3
u 2( )     B 2   L
 P
4
A1 B2  6
 6 EIL  EIL   EIL x  

 Continuité du déplacement en x = 

P 3 
u 2( L )  
1 P L3 A2
3 EIL

EIL
L
6 EIL
L  0   A2 

P
6
2 L2   2  

PL 2 Pz 
A1  A2 
2

6
 Pz
6

2 L 2   2  3 L   A1 

P
6
2 L 2  3L   2  
 Expression finale du déplacement et de la rotation

 Le déplacement vertical

 P( L   ) x 
 6 EIL   2 L     x 
2 x 
u 2  x1  
 Pz ( L   )  L 2   2   L   2  x 
 6 EIL  

Le déplacement vertical est proportionnel à la force P, inversement proportionnel au module de Young

E et à l’inertie I de la section.

 La flèche

2 2
P 2 P 3     
f  L- 2  L   1- L 
3EIL 3EI  L    
(12)

La flèche de la poutre est proportionnelle à la force appliquée P et au cube de la longueur de


la poutre. La flèche est inversement proportionnelle au module de Young E et à l’inertie I de la section
de la poutre.

En construction mécanique ou en génie civil le but de l’ingénieur est de maximiser autant


que possible (en évitant les problèmes d’instabilité) l’inertie des sections des poutres à quantité de
matière minimale. Dans le domaine du génie civil, ceci a conduit au développement des poutres en I
ou double T.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 97 -

CHAPITRE V
METHODES SEMI INVERSES

Mécanique des milieux continus élasticité


- 98 -

Mécanique des milieux continus élasticité


- 99 -

I. BILAN

I.1. Nombre d’inconnues, nombre d’équations

En élasticité linéaire, et sous l’hypothèse des petites perturbations, le nombre


d’inconnues dans un problème de mécanique des milieux continus est égal à 15. En effet, l’objectif est

u
x
  
de déterminer en chaque point du solide le vecteur déplacement   (trois composantes), le
ε
x

σ
x
 
tenseur des déformations   (six composantes indépendantes) et le tenseur des contraintes  
(six composantes indépendantes). Pour résoudre un tel problème, nous devons donc disposer de 15
équations. Ces équations sont :

 les trois équations d’équilibre :


d
i
v
σ
f

 
   0 (1)
 les six équations de compatibilités des déformations
ε

ε

grad trace    grad div    grad div 
T
   grad (2)
 La loi de Hooke d’un matériau isotrope élastique linéaire
σ

σ
   1
 2G  
 1  2
trace    I  ou


E
1     trace   I (3)

On constate que les équations sont en fait des équations différentielles. Leur intégration se fera donc

à une constante près, qui sera déterminée à l’aide des conditions aux limites en pression ou en
déplacement :

 
 u = U sur Su
  
σ.n = T sur S
(4)

I.2. Méthodes de résolution

Il existe beaucoup de méthodes de résolution des équations précédentes. Toutefois, les


méthodes dites « semi-inverses » présentent l’avantage de fournir des expressions analytiques pour
les champs de déplacements, de déformations et de contraintes dans le solide. Ce paragraphe est
consacré aux méthodes semi-inverses, dans le cas de matériaux homogènes, au comportement
élastique linéaire isotrope. De plus, nous négligerons les effets d’accélération (résolution statique). En
effet, ces hypothèses permettent de mettre en place des équations relativement simples à résoudre.

Il existe deux grandes méthodes de résolution semi-inverse de ce type de problème. La première, dite
« résolution en contraintes », consiste à écrire toutes les conditions que doivent satisfaire les

Mécanique des milieux continus élasticité


- 100 -

contraintes dans la structure, pour en déduire une solution. La seconde, dite « résolution en
déplacements », consiste à écrire les équations à l’aide du vecteur des déplacements.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 101 -

II. EQUATIONS FONDAMENTALES DE L’ELASTICITE

II.1. Equations de Beltrami-Mitchell

II.1.1. Cas général : forces de volume non nulles

Reprenons les équations de compatibilité de Saint-Venant écrites sous forme indicielle


(2). Les déformations peuvent être exprimées en fonction des contraintes par la loi de Hooke pour un
matériau élastique linéaire isotrope (3). En substituant l’expression des déformations en fonction des
contraintes dans les équations de compatibilité, le premier terme de l’équation (2) s’écrit :

2 1   2 ij 2 
 ij  1        ll  ij 
x k x k E  x k x k x k x k 
I

En effet, les dérivées du tenseur sont nulles. Le deuxième terme se transforme de façon

similaire.Pour transformer les deux derniers termes de l’équation de compatibilité, nous exprimons les
déformations en fonction des contraintes par la loi de Hooke, puis nous utilisons l’équation d’équilibre
(1). Ainsi le troisième terme de l’équation de compatibilité s’écrit :

2 1   fi  2 ll 
 ik   1     
x j x k E  x j x j x i 

Et nous obtenons la forme finale de l’équation de compatibilité exprimée en fonction des contraintes

 2 ij  2 kk   f i f j   1    f l
1     1        ij  0
x k x k x i x j  x j x i  1    x l

soit en notation symbolique de Gibbs :


σ

f
I

      


   1     grad      div 
T
1      grad grad trace    grad  
  
 0
 (5)

II.1.2. Forces de volume nulles ou constantes

Quand les forces de volumes sont nulles ou constantes, l’équation de compatibilité se réduit
à:

 
1      grad grad trace    0
(6)

Mécanique des milieux continus élasticité


- 102 -

Les équations (6) ont été obtenues par Beltrami en 1892. Elles ont été généralisées par Mitchell en
1900 pour y inclure l’existence de forces de volume. Elles sont généralement désignées sous le nom
d’équations de Beltrami-Mitchell. En notation indicielle, les équations (6) s’écrivent :

 2 ij 2
1      kk  0
x k x k x i x j

Ceci correspond à un système de 9 identités (i=1..3, j=1..3). Si l’on somme les égalités pour (i=j=1..3),
on obtient par contraction des indices :

2
 2 kk  2   2 mm  0  
1     mm     mm  0
x k x k x mx m x k x k

 mm  0 (7)

Le premier invariant du tenseur contrainte (la trace) est une fonction harmonique (à Laplacien

nul). A partir des équations (6) et (7) il est facile de montrer que toutes les contraintes sont
biharmoniques :

 ij  0 (8)

Les équations de Beltrami-Mitchell et les conditions aux limites (4) sont suffisantes pour déterminer
le tenseur des contraintes sans équivoque. La formulation en contraintes est utilisée pour résoudre

des problèmes plans (contraintes planes dans les tôles minces ou déformations planes). Cependant
pour des problèmes tridimensionnels, ces équations sont rarement utilisées. On part plutôt de
l’approche en déplacement présentée au paragraphe suivant.

II.2. Formulation du problème d’élasticité en fonction des déplacements

II.2.1. Equation de Navier

Au paragraphe précédent nous avons établi les équations qui gouvernent le tenseur des
σ
x


contraintes  dans un corps élastique. Nous allons voir qu’on peut résoudre certains problèmes
u
x

 
d’une manière plus simple en prenant comme inconnue le vecteur déplacement   . En effet,
l’équation d’équilibre s’écrit en fonction des contraintes sous la forme :
σ
f

   ij
div    0 soit  f i  0 (i=1,2,3)
x j

Mécanique des milieux continus élasticité


- 103 -

La loi de Hooke d’un matériau élastique linéaire isotrope permet d’exprimer les contraintes en fonction

ε
I
des déformations sous la forme  2G    / 1  2  trace    . L’équation d’équilibre s’écrit alors en
fonction des déformations :

 ij   kk  f i  0

x j 1  2 x i 2G

ε
x

u
x
  
L’expression du tenseur des déformations   en fonction des déplacements   permet de
simplifier l’équation précédente :

 1  u i u j    u k f i
     0
x j 2  x j x i  1  2 x i x k 2G

u
x
 
Nous supposons que le champ des déplacements   est continûment dérivable à l’ordre 2 et que

nous pouvons intervertir l’ordre des dérivées dans le premier terme pour faire apparaître la dérivée de
la divergence du champ des déplacements. Nous obtenons l’expression de l’équation fondamentale
de l’élasticité appelée aussi équation de Navier sous la forme suivante :

 2u i  1   u k  f i
  0 (9a)
x j x j 1  2 x i  x k  G

Cette équation prend une forme simple en notation symbolique de Gibbs :


f


u

 1  
  grad  div      0 (9b)
1  2 G
u


Soit, en détaillant le Laplacien du champ des déplacements  , et en supposant les forces
volumiques nulles, on trouve
u

 1       


2  grad  div     rot  rot     0 (10)
 1  2 

II.2.2. Elimination des forces de volume dérivant d’un potentiel

Nous allons monter comment on peut éliminer l’action des forces de volume dans le cas
f


particulier où elles dérivent d’un potentiel, c’est-à-dire :  grad V  . Les forces de gravitation,
celles dues à une variation de température, les forces d’inertie due à une translation, celles dues à
une rotation à vitesse constante rentrent dans cette catégorie ; mais les forces d’inertie (dues à une
accélération angulaire, par exemple), n’y rentrent pas.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 104 -

f
 
En tenant compte de  grad V  , l’équation de Navier prend la forme :


grad V 

u
 1  
  grad  div     0 (11)
1  2 G

II.3. Principe de superposition et unicité de la solution

II.3.1. Le principe de superposition

-a- -b- -c-


Figure 1 : Illustration du principe de superposition

L’équation de Navier constitue un système de 3 équations aux dérivées secondes. Le


u
x

 
champ inconnu   intervient linéairement et les coefficients des dérivées sont indépendants de
u
x u

 
l’inconnu   . L’équation de Navier constitue donc un système linéaire pour le champ des
x

f
  
déplacement   . Considérons un corps  soumis à un champ de forces volumiques ( A) et à des
u
T

 
forces superficielles ( A) sur sa frontière  . Soit ( A) la solution de l’équation de Navier pour le

 
T
f

 ( A)  ( A)
chargement , . Considérons le même corps  soumis à un champ de forces volumiques
T f

( B)
u
f

(B) 
et à des forces superficielles sur la même frontière  . Soit ( B ) la solution de l’équation
u

( A) (B)
 
T

(B) (B)
de Navier pour le chargement , . Alors le champ des déplacements  est la

 
T

T
f

   ( A)  ( B )
solution de Navier pour le chargement ( A)  ( B ),  .

Ce principe a une importance exceptionnelle dans la théorie de l’élasticité. Cependant, il n’est pas
applicable sans restriction. En effet, en établissant les équations d’équilibre intérieur et à la surface,
nous avons admis implicitement que les déformations du corps étaient très petites, en sorte que la
forme et la position d’un élément de volume étaient les mêmes avant et après déformation. En
conséquence, ces équations, et toutes les conséquences que nous en avons tirées, ne sont
valables aussi longtemps que les petits déplacements élastiques du corps n’affectent pas de
façon sensible l’action des forces extérieures. Or, il y a des cas où la déformation du corps doit
être prise en considération, ce sont tous les problèmes d’instabilité élastique. Dans ce cas, l’analyse
correcte exige la prise en compte des termes quadratiques dans le tenseur des déformations. Dès lors
l’équation (10) cesse d’être linéaire et le principe de superposition devient inapplicable. Ce principe est
également inapplicable dans le problème du contact entre deux corps élastiques (problème de Hertz)

Mécanique des milieux continus élasticité


- 105 -

parce que l’étendue de la surface de contact varie selon la grandeur de l’effort appliqué de sorte que
les conditions aux limites dépendent, ici encore de la déformation du corps.

II.3.2. Unicité de la solution (Gustav, Robert Kirchhoff 1824 à 1887)

f

Considérons un corps  soumis à un champ de forces volumiques et à des forces

u ε

T


superficielles sur  . Soit
la solution de l’équation de Navier pour ce chargement. Le champ

ε
u


 

u
  T
, le champ des déformations  grad ( )   grad ( ) / 2 et le champ des contraintes associés à

ε
σ
 

u
 (1) (1) (1)
par la loi de Hooke sont uniques. En effet supposons l’existence de deux champs , , et

U
  
ε
σ

 
u

 (2) (2) (2)


, , solutions de l’équation de Navier pour le chargement dans , sur S  et sur

S u . Le principe de superposition permet de conclure que la différence des deux champs


ε

ε
σ

  est solution de l’équation de Navier


u

(1)   (2), (1)  (2), (1)


 (2)
pour un chargement à forces de
f

U
 
volume nulles et les conditions limites  0 sur S  et  0 sur S u . Nous pouvons notamment
écrire pour les contraintes :
σ

 
 (1)
div  (2)  0 dans 
σ

 (1) 

 (2) .  0 sur S

Il existerait donc une solution non nulle des équations de la théorie de l’élasticité pour laquelle toutes
les forces superficielles et de volume seraient nulles. Mais alors, le travail effectué par ces forces lors
de la mise en charge serait également nul et il en résulterait la nullité de l’énergie potentielle interne :
σ

σ
M

W    (1)  (2)  : :  (1)  (2)  dv  0



   

Or W est une forme quadratique définie positive qui ne peut s’annuler que si toutes les composantes
σ

(1)
de  (2) sont identiquement nulles.

La démonstration ci-dessus a les mêmes limitations que celles discutées pour le principe de

superpositon. Elle n’est donc pas applicables aux phénomènes d’instabilité. De plus, il importe de
souligner que la démonstration est basée sur l’hypothèse que l’énergie de déformation est uniquement
due à l’action des forces extérieures et que le corps n’est le siège d’aucune contrainte quand il est

libérée de l’action des forces extérieures. Or, il se fait fréquemment que les corps élastiques sont le
siège de contraintes résiduelles, dues le plus souvent à des déformations non élastiques que la pièce
a subies lors de sa fabrication. Ces contraintes résiduelles sont étudiées dans le cours de plasticité.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 106 -

Mécanique des milieux continus élasticité


- 107 -

III. SOLUTION DE PAPCOVITCH NEUBER DE L’EQUATION DE


NAVIER

Beaucoup d’approches ont été proposées dans la littérature pour déterminer la solution
générale des équations de Navier. Hélas, ces solutions dépendent généralement de potentiels
inconnus et aussi difficile à déterminer que la solution elle-même. Dans la suite de ce chapitre, nous
exposerons la solution de Papcovitch Neuber qui est à la base de beaucoup de travaux fondamentaux
sur le comportement de solides hétérogènes. Ensuite nous monterons par l’exemple de la sphère
soumise à son champ de gravitation comment construire la solution complète en partant des
équations différentielles gérant le comportement de la solution dans le volume et des conditions de
bord.

Figure 2 : Solide élastique linéaire isotrope, soumis à un chargement en volume et en surface.

III.1. Analyse de la solution de Papcovitch Neuber f

Considérons le solide élastique linéaire isotrope de la figure 2 soumis aux forces  dans le
u
=
u

σ
.
n
=
t

   
volume  et aux conditions de bords sur Su et sur S.

La solution générale à l’équation de Navier peut se mettre sous la forme


11 12
u
=

x
.
B

1 -    
u

 
 
0

  - grad 
2G  4   
1  -  
u

 
graddiv  
0

0
1 =

  - (12)
2G    
=
f

B
0

 -  
Ψ
0

 
=
f
x

 -  
Ψ

 
0

où est une solution particulière de  .


est le vecteur position et est la solution
B


u
Ψ

 
0
0

générale de l’équation de Laplace dans . Les expressions particulières de , et sont


déterminées par les conditions aux limites en déplacement et en contraintes.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 108 -

f
=
0

Dans le cas de forces de volume nulles ( ) la solution prend une expression particulièrement
simple :

11
u
=

x
.
B
1 -    


2G 
-
4  
grad 

  (13)

B
=
0

III.2. Démonstration de la solution de Papcovitch Neuber

III.2.1. Forme générale du vecteur déplacement

Les théorèmes d’existence et d’unicité de la solution d’un problème d’élasticité linéaire


isotrope, assurent que
12

f

u
+

u
  
grad [div    
1

 -
  G
f

  v
a une solution quel que soit le vecteur de forces . Tout vecteur doit donc pouvoir se mettre sous la
forme
v

Ψ
+

1    

=
2G 
 C graddiv  
.

u


Considérons cette forme pour le vecteur déplacement , soit :
u

Ψ
+

1    

=
2G 
 C graddiv  
.

Ψ


où et C sont respectivement un potentiel vectoriel une constante inconnus.

III.2.2. Expression de l’équation de Navier et valeur de C


u


Pour déterminer la valeur la plus adéquate de C, nous remplaçons par son expression dans
u


l’équation de Navier. Le premier terme de l’équation de Navier (  ) se transforme comme suit :
u

Ψ
+

  
 1 
 =
2G 
 C  graddiv 
  
Ψ

     
  i  xk x k x i      m
2 2
or  graddiv m  
      grad ( div )
x m  x i x m  x k x k
 
u

Ψ
+

  
 1 
donc  =
2G 
 C graddiv  
  

Mécanique des milieux continus élasticité


- 109 -

Considérons le deuxième terme de l’équation de Navier : 

Ψ
 1      

graddiv   =
2G 
graddiv   
 C graddiv  graddiv


  

Ψ
Ψ
  
    2   
graddiv  graddiv        m        m   graddiv   
  i x i x p x p  x m  x i x m  x p x p 
 

L’équation de Navier prend donc la forme


12

12

f

u
+

Ψ
+

Ψ
 1       
 
grad [div     
1

1
 -   C -  graddiv   
  2G   
12    G

-

1

 C  -
 

Ψ
=
f
 - 
avec
12

soit 
u

Ψ
   
  = 1  -
 
1

 - graddiv 

 2G    

III.2.3. Expression du potentiel vecteur


Ψ

Ψ
=
f

 - 
Le potentiel vecteur doit satisfaire l’équation  . La solution générale de cette équation
différentielle du second ordre s’écrit
Ψ Ψ A B
=


Ψ

  
0

 
=
f

 - 
Ψ =


0 1

0B

est une solution particulière de 



A

 
1

est une solution particulière de 


B
=
A

 
A

 
2

et sont les solutions générales de l'équation   0


12

12
u
=

1 -   1  -  


u

u
A


  
    
graddiv   graddiv 
0

0
1

0
1

   - avec   -
2G     2G    
Ψ


Ψ

   
0

Remplaçons par   dans l’expression du vecteur déplacement


12
u

1  -   

 
1

=  - graddiv 
2G    
Ψ
=

 
Ψ

   
0

or       donc
12
u
=

1 -  
u



  
graddiv  
0

2
1

  -
2G    
12

1  -  
u

 
 
graddiv 
0

0
1

avec   -
2G    

Mécanique des milieux continus élasticité


- 110 -

 forme finale du champ de déplacement solution de l’équation de Navier


 

A
  
Considérons le terme graddiv    . graddiv   est une solution particulière de l’équation de

2
B
 

A

est la solution générale. Le terme graddiv   peut donc être omis sans perdre de

2
Laplace. Or
généralité.
12
u
=

1 -   
u

A
 
graddiv    est la solution complète. Cette solution peut s’écrire sous la
0

1
1
  -
2G    
forme suivante :
12
u
=

1 -  
u

 
0

  - grad 
2G    
A


  div  
1

B

A

  div    div     div  


 
1

x
.
B
 1  
A

 
1

est donc bien une solution particulière de   . Le champ scalaire vaut   . En effet,
2

 1  1 B m 
m

 x B m  Bk  x
2  
x
k

x
k

x
k

 2  
B

 2 1  B k B k  2B m   B k  div 
m

   x 
x
k
x
k

x
k

x
k

x
k
x
k

x
k

  2      

Ainsi nous obtenons la forme finale de la solution générale de l’équation de Navier :


11 12
u
=

x
.
B

1 -    
u

 
 
0

  - grad 
2G  4   
1  -  
u

 
 
graddiv 
0

0
1

  -
2G    
=
f

 - 
Ψ
0



Mécanique des milieux continus élasticité


- 111 -

IV EXERCICES RESOLUS

IV.1. Démontez les équations de Beltrami-Mitchel

Reprenons les équations de compatibilité de Saint-Venant écrites sous forme indicielle


2 1   2 ij 2 
 ij  1        ll  ij 
x k x k E  x k x k x k x k 

Les indices muets k et l (en rouge et bleu) sont répétés et indiquent donc des sommations. Les deux
indices non répétés i et j varient chacun de 1 à 3. Les déformations peuvent être exprimées en
fonction des contraintes par la loi de Hooke pour un matériau élastique linéaire isotrope :

1
 ij 
E
 
1   ij   ll ij

Ici nous utilisons l comme indice muet. En substituant l’expression précédente des déformations en
fonctions des contraintes dans les équations de compatibilité, le premier terme de l’équation s’écrit :

2 1   2 ij  2 ll 
 ij  1     ij 
x k x k E  x k x k x k x k 
δ

En effet, les dérivées du tenseur sont nulles. Pour écrire le deuxième terme de l’équation de

compatibilité en fonction des contraintes, nous exprimons d’abord la trace du tenseur des
déformations en fonction de la trace du tenseur des contraintes en utilisant la loi de Hooke. La loi de
Hooke d’un matériau élastique linéaire isotrope permet d’écrire :

1   1  2  1  2  ll 1  2  rr
1     kk   ll 
kk
 kk  kk    
E  E E E
 3 

Le choix particulier de l’indice muet (k, l ou r) n’a évidemment aucune importance. Ainsi le deuxième
terme de l’équation de compatibilité s’écrit comme suit en fonction des contraintes :

2 1  2   2 kk
 kk 
x i x j E x i x j

Pour transformer les deux derniers termes de l’équation de compatibilité, nous exprimons les
déformations en fonction des contraintes par la loi de Hooke, puis nous utiliserons l’équation

d’équilibre.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 112 -

2 1 2 1   2 
 ik  1   ik   ll ik  1       ik      ll  ik 
x j x k E x j x k E  x j  x k  x j x k 
1      ik     2 ll 
 1      
E  x j  x k  x j x i 

Les indices k et l) sont muets. L’expression précédente peut se simplifier par l’équation d’équilibre. En
effet
σ

 f
  ij     ik  f i
div   v 0  f i  0 d'où  
x j x j  x k  x j

Ainsi le troisième terme de l’équation de compatibilité s’écrit :

2 1   fi  2 ll 
 ik   1     
x j x k E  x j x j x i 

L’équation de compatibilité peut ainsi s’écrire

 2 ij  2 ll  2 kk
1     ij  1  2 
x k x k x k x k x i x j
 fi  2 ll f j  2 ll
 1      1     0
x j x j x i x i x j x i

 2 ij  2  ll   2  kk    f i f j 
1     ij   1      0
x k x k x k x k x i x j  x j x i 

L’équation précédente correspond à 9 équations scalaires (i=1..3,j=1..3). Si le second membre de


chaque équation scalaire est nul, la somme des seconds membres doit être nulle aussi. Nous

sommons toutes les équations scalaires en opérant une contraction sur les indices i et j.

 2  ii   2  ll   2  kk  f  2 ii 1   f i
1    3  2 1    i  0  
x k x k x k x k x i x j x i x k x k 1    x i

Le troisième terme de l’équation de compatibilité peut donc être remplacé par

 2 ii  1    f i
x k x k 1    x i

Et nous obtenons la forme finale de l’équation de compatibilité exprimée en fonction des contraintes

Mécanique des milieux continus élasticité


- 113 -

 2 ij 2   f i f j   1    f l
1      kk  1        ij  0
x k x k x i x j  x j x i  1    x l

Cette équation peut s’écrire en notation symbolique de Gibbs en identifiant les différents termes
comme suit : σ

f
I
f
      T 
1    
 grad grad trace    1    grad 
     
  grad     div    0
 

IV.2. Démontrez les équations de Navier

L’équation d’équilibre s’écrit en fonction des contraintes sous la forme  ij / x j  f i  0.


La loi de Hooke d’un matériau élastique linéaire isotrope permet d’exprimer les contraintes en fonction

 
des déformations sous la forme  ij  2G  ij   / 1  2    kk  ij . L’équation d’équilibre s’écrit alors en
fonction des déformations :

 ij   kk  f i  0

x j 1  2 x i 2G

L’expression du tenseur des petites déformations en fonction des déplacements sous

 ij   u i / x j  u j / x i  / 2 permet de simplifier l’équation précédente :

 1  ui u j    u k f i
    0
x j 2  x j xi  1  2 xi 
x k 2G
   kk
 ij

Nous supposons que le champ des déplacements est continûment dérivable à l’ordre 2 et que nous
pouvons intervertir l’ordre des dérivées dans le premier terme pour faire apparaître la dérivée de la
divergence du champ des déplacements :

 2u i  u j 2  u k f i
   0
x j x j x i x j 1  2 x i x k G

Nous obtenons l’expression de l’équation fondamentale de l’élasticité appelée aussi équation de


Navier ou de Lamé sous la forme suivante :

 2u i 1  u k f i
  0
x j x j 1  2 x i x k G

Cette équation prend une forme simple en notation symbolique de Gibbs :

Mécanique des milieux continus élasticité


- 114 -

f

u
 1  
  grad  div      0
1  2 G


Soit en détaillant le Laplacien du champ des déplacements u et en supposant les forces
volumiques nulles, on trouve

u
     
  grad  div     rot  rot   

u
 1       
2  grad  div     rot  rot     0
 1  2 

IV.3. Sphère soumise à son propre champ de gravitation

Figure 3. : Système de coordonnées sphériques utilisées dans le problème.

Considérons la déformation d’une sphère soumise à son propre champ de gravitation.


f


Plaçons-nous en coordonnées sphériques (r,,) (Figure 3). La force volume ne dépend que la

coordonnée radiale r. Soient R le rayon de la sphère,  la densité et g l’accélération de la pesanteur.


La force de volume prend la forme simple
f


e

gr 
r


R
e


r

où est le vecteur unitaire dans la direction radiale au point considéré (Figure 3). Vu la symétrie du
u


problème, le champ de déplacement est purement radial et ne dépend que de la coordonnée r.
u

 
r

 ur r

Le rotationnel du champ de déplacement est donc nul. Et le Laplacien prend une forme
particulièrement simple
u

       


  grad  div   rot  rot     grad  div 

Le membre de gauche de l’équation de Navier devient :

Mécanique des milieux continus élasticité


- 115 -

2 1     2 1    d

u
1 

e
   
 div  

r
  grad  div   grad  div  
1  2 1  2 1  2 dr

L’équation de Navier s’écrit donc :


2 1   d 2 1   d

u
e

e
 gr  gr
 div      soit

r
 div   
1  2 dr GR 1  2 dr GR

Ceci est bien une équation différentielle sur la fonction scalaire ur(r). Pour déterminer la divergence du
champ de déplacement, nous utilisons une approche mécanique. En effet, la divergence du champ

ε

de déplacement est égale la trace du tenseur petites déformations : div    trace   . La divergence

est donc un invariant de ce tenseur et peut être calculée par la trace du tenseur petites déformations
dans n’importe quel système d’axe :
u

div     rr      

Pour déterminer l’expression de la déformation radiale  rr et des deux déformations ortho radiales

  et   , nous utilisons la définition élémentaire de la déformation apprise au premier chapitre :


variation de longueur divisée par la longueur initiale.

Figure 4. : Coupe selon un grand cercle dans la sphère utilisée pour déterminer les déformations..

La figure 4 représente une coupe selon un grand cercle dans la sphère. L’élément de matière est
représenté avant et après déplacement radial. Pour déterminer la déformation radiale  rr nous
e


r

considérons la longueur dans la direction radiale avant et après déplacement :

dr  u r  r  dr   u r  r   dr  du r  r 


 rr 
dr dr

De même pour la déformation  

 r  u r  r   d  rd u r  r 
   
rd r

Par symétrie      . Donc

Mécanique des milieux continus élasticité


- 116 -

u  r  2u r  r  1 d 2

u

div   rr        r
r

r
 2
r dr
r ur  

u


e
 d 1 d 2 
 

r
grad  div      2 r ur 
dr  r dr 

En tenant compte de G=E/(2(1+)),l’équation de Navier s’écrit finalement :

d 1 d 2  1  1  2  gr
dr  r 2 dr

r ur   

 E 1   R

La solution est la superposition d’une solution homogène et d’une solution particulière La solution à
d  du r 2u r 
l’équation homogène   0 s’écrit :
dr  dr r 

b
u r  ar  2  b  0 .
r

Où a et b sont deux constantes indéterminées. Le fait que la solution doive converger pour r tendant
vers 0 fait rejeter le deuxième terme. La solution à l’équation homogène s’écrit donc finalement

u r  ar .

Pour obtenir une solution particulière, nous intégrons simplement l’équation

d 1 d 2  1  1  2   g  r 
 2
dr  r dr 

r ur    
1    
E R
1 d 2  1  1  2   g  r 2  2 1  1  2   g  r 5 
r
 

 2 dr r u r    2 1      r ur  
E R 10 1   
 
E R
1  1  2   g  r 4  1  1  2   g  r 3 
d 2
dr

r ur    2 1   
 
E R
ur  
10 1   
 
E R

La solution complète s’écrit :

1  1  2   g  r 3   r3 
ur      ar  A    ar
10 1    E R R
1  1  2   g
A
10 1    E

Cette solution doit satisfaire les conditions de bord. Dans le problème présent, il n’y a pas de
conditions aux limites sur les déplacements. La condition aux limites correspond à la surface libre de
la sphère. Le vecteur contrainte imposé à l’extérieur de la sphère est nul. Donc, nous devons
imposer :
σ
.
n


 0 en r=R

Mécanique des milieux continus élasticité


- 117 -

σ
.
n

e
 

r
La normale  0 en r=R à la surface de la sphère est le vecteur unitaire (Figure 3). La condition

σ
.
n
σ
.
e
 

r
aux limites s’écrit donc explicitement :   0 . Dans le système de coordonnées sphérique,

nous pouvons expliciter les composantes du tenseur contrainte sur lesquels porte cette condition

  rr  r  r  1    rr 

σ
.
 

e
  
  r      0    r   0

r
 
  0   
 r         r 

Les composantes hors diagonale sont nulles par symétrie radiale. La figure 5 illustre les contraintes

non nulles dans le présent cas, i.e. :  rr ,   et   .La seule condition aux limites non satisfaite
porte sur la contrainte radiale  rr .

Figure 5. : Sens des contraintes  rr ,   et  

Pour déterminer  rr , nous calculons les déformations à partir du champ de déplacement et


appliquons la loi de Hooke.

 r3   r2    
u r   A    ar     A  a  rr  r   2G  rr  trace    
R R  1  2 
 r2         r2      r2   
 rr  3 A  a  rr  r   2G  3 A  a   5 A    3a  
R  R  1  2  R  

Il faut annuler la contrainte radiale sur la surface extérieure de la sphère (r=R).

     3  
 rr  R   2G  3 AR  a     5 AR  3a    0 donne a  AR
  1  2   1  

La solution complète pour la sphère soumise à son propre champ de gravitation s’écrit :

1  1  2   g   r 2  3    1  1  2   g   r 2  3   
ur  Rr    2       R     
10 1    E   R  1    10 1    E   R 2  1   

1  1  2   g   r 2  3        
 rr  R  3    
10 1   E   R 2  1    

La figure 6 représente le champ de déplacement radial ur et la déformation  rr en fonction du rayon r.


Le champ de déplacement ur est négatif dans toute la sphère. Celle-ci est en compression.

Mécanique des milieux continus élasticité


- 118 -

Cependant le champ de déformation est négatif dans un noyau et positif proche de la surface de la
sphère. Le rayon du noyau dépend de la valeur du coefficient de Poisson .

-a- -b-

Figure 6. : Sphère de rayon R soumise à son propre champ de gravitation g. (a) champ de
déplacement radial en fonction du rayon, (b) déformation radiale en fonction du rayon.

Mécanique des milieux continus élasticité


-.119 -

CHAPITRE VI
METHODES ENERGETIQUES

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.120 -

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.121 -

I. RAPPEL DES EQUATIONS A RESOUDRE ET BUT DU


CHAPITRE

Figure 1 : Solide élastique linéaire isotrope, soumis à un chargement en volume et en surface.

Considérons le solide élastique linéaire isotrope de la figure 1, soumis aux forces de


f

u
2
 
volume . Dans la suite du chapitre nous considérons les effets d’inertie (   / t 2 ) négligeables.
Le solide se déforme « lentement » (   10 4 s 1 dans les alliages métalliques et   101s 1 dans les
polymères). Dans le chapitre V, nous avons résumé les équations à satisfaire par les champs solution

du problème d’élasticité linéaire isotrope. Le nombre d’inconnues dans un problème de mécanique

x

des milieux continus est égal à 15. En effet, l’objectif est de déterminer en chaque point du solide le
u
x

ε
x
  
vecteur déplacement   (trois composantes), le tenseur des déformations   (six composantes
σ
x


indépendantes) et le tenseur des contraintes   (six composantes indépendantes). Pour résoudre
un tel problème, nous devons donc disposer de 15 équations. Ces équations sont :

 les trois équations d’équilibre :


d
i
v
σ
f

 
   0 (1)
 les six équations de compatibilités des déformations
ε


grad trace    grad div    grad div 
T
   grad (2)
 La loi de Hooke d’un matériau isotrope élastique linéaire
σ

   1
 2G  
 1  2
trace    I  ou


E
1     trace   I (3)

On constate que les équations sont en fait des équations différentielles. Leur intégration se fera donc
à une constante près, qui sera déterminée à l’aide des conditions aux limites en pression ou en

déplacement :
u σ
u =

 
 sur S u
n
t

  (4)
sur S

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.122 -

Dans le chapitre IV, nous avons appris une méthode très élégante pour obtenir des
solutions approchées aux équations de l’élasticité. Cette méthode consiste à poser des hypothèses
raisonnables sur le champ de déplacement ou sur le champ de déformation et de contraintes. Dans
les cas des poutres ces hypothèses correspondent à ne considérer que le plan moyen et à supposer
que les sections droites restent droites. Une approche similaire est couramment utilisée en théorie des
plaques et des coques. Dans le chapitre VII, nous verrons une autre méthode de simplification pour
les structures à parois minces ou au contraire des structures très étendues le long d’une génératrice.
Or dans pratiquement tous les problèmes industriels exhibant des géométries complexes, on ne

dispose pas de solutions exactes aux équations (1) à (4). Le but de ce chapitre est de construire une
approche permettant :

 d’élaborer des solutions approchées aux équations décrivant le comportement d’un

solide élastique
 de définir une mesure de l’erreur commise par une solution
 d’utiliser des techniques numériques pour obtenir des solutions aux équations

décrivant le comportement d’un solide élastique.


Dans la littérature, il existe beaucoup de méthodes de recherche de solutions approchées
optimales. Ces méthodes sont toutes basées sur les propriétés de l’énergie élastique exprimée en

fonction des déformations ou de l’énergie complémentaire exprimée en fonction des contraintes. Dans
ce chapitre, nous nous limiterons à une approche basée sur des champs de déplacement dépendant
d’une série de paramètres. C’est en effet cette technique qui est utilisée dans la majorité des

simulations par éléments finis à l’heure actuelle.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.123 -

II. EXEMPLE SIMPLE : L’ASSEMBLAGE DE RESSORTS

- a- -b- -c-
Figure 2 : Assemblages de ressorts de différentes raideurs soumis à une force P.

Considérons les assemblages de ressorts de la figure 2. On suppose que sans force


appliquée (P=0) les longueurs sont l10 , l 02 et l 03 . k1, k2 et k3 sont les raideurs des ressorts. Tous les
ressorts sont supposés agir dans leur domaine linéaire. Pour trouver l’allongement de chaque ressort,

il suffit d’écrire les équations d’équilibre de chaque ressort et l’ensemble. Or, on se rend compte que si
cette démarche est aisée pour un assemblage de 3 ressort, elle devient vite inextricable pour 103 voire
1010 ressorts. Dans une structure de la vie courante, il est tout à fait classique de rencontrer des

dimensions pareilles. Une démarche plus élégante consiste à minimiser la fonction suivante des
allongements des ressorts :

F ( l1, l 2,...)  W int ( l1, l 2,...)  P ext ( l1, l 2,...)


est minimale pour la solution exacte

où Wint est l’énergie interne stockée dans le système et Wext est le produit des forces extérieures par le
déplacemement du point d’application de la force. Tous les allongements sont supposés
indépendants. Dans le cas d’un solide élastique (Figure 1), la fonction F dépend du champ de
u
x

 
déplacement   en chaque point du solide et s’écrit :
ε

t
u
x

   
W int   W vol 
def

CA
  dv P ext   . ( )dS
 S
(5)
ε
u
x

t
u
x

  CA     
F  ( )    W def 
vol    dv   . ( )dS
 S
u
x

 
Pour différents champs de déplacement ( ) , la fonction F donne des valeurs scalaires réelles. Nous
allons montrer au paragraphe suivant que le champ exact minimise F. Mais avant, appliquons cette
approche aux trois assemblages de ressorts de la figure 2. Le seul point important consiste dans le
choix des des allongements indépendants. Le calcul des différents termes de F et la minimisation sont
d’une grande simplicité. Ces exemples illustrent l’efficacité de l’approche par champs d’essai.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.124 -

Assemblages
a b c

Variable(s) l 1 , l 2 l 1 l 1 , l 3

P ext P  l 1  l 2  P l 1 P   l 1  l 3 

k 1l12 k 2l 22  k 1  k 2  l12 k 3l 32


  k 1  k 2  l12 
F 2 2  P l 1 2 2
 P  l 1  l 2  2  P  l 1  l 3 

F k 1l1  P  0  k 1  k 2  l 1  P  0
 l i
0  k 1  k 2  l 1  P  0
k 1l 2  P  0 k 3l1  P  0

P P P P P
solution l 1  l 2  l 1  l 1  l 3 
k1 k2 k1  k 2 k1  k 2 k3

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.125 -

III. APPLICATION AUX SOLIDES ELASTIQUES

III.1. Rappels

III.1.1. Champ de contraintes statiquement admissibles et champ de


déplacements cinématiquement admissibles

On appelle champ de contraintes statiquement admissibles tout champ de contraintes


σ

σ
f
 
symétrique (Figure 1) qui satisfait l’équation d’équilibre en translation ( div     0 ) dans 
S . A.

σ
n
t
 
et la condition d’équilibre de surface (  ) sur S. On appelle champ de déplacements

u

cinématiquement admissible (C.A.), tout champ de déplacements C . A. (Figure 1) qui satisfait les
u
u

 
conditions de bord sur Su (  ) et qui est dérivable au moins une fois permettant la définition du
ε

C . A.
champ de déformations .

12 u
ε
=
σ

σ
f

    u

u
   SA
 
 T 
SA T    CA 
 div   0 SA  SA x      CA  x  
   (6)
σ
n

u
t

u
t

 SA    imposé   x  S   CA   imposé   x 


   Su

III.1.2. Energie de déformation et potentiel

Figure 3 : Relation contrainte déformation d’un matériau élastique (non linéaire), Energie de
déformation par unité de volume et énergie complémentaire par unité de volume.

L’énergie de déformation par unité de volume et l’énergie complémentaire ont été

déterminée au chapitre III, (III.15 à III.19). La figure 3 représente la relation contrainte déformation
d’un matériau élastique non linéaire. Dans le cas d’un essai de traction uniaxiale, l’énergie de
déformation correspond à l’aire sous la courbe  et l’énergie complémentaire à l’aire complétant le

rectangle formé par l’origine des axes et le point courant (). L’énergie de déformation est une
fonction du tenseur déformation et l’énergie complémentaire une fonction du tenseur contrainte. Par
hypothèse l’énergie de déformation et l’énergie complémentaire doivent être définies positives. La
formule 15 du chapitre III et la formule 18 du même chapitre permettent d’écrire :

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.126 -

ε
déf .

ε
W vol    ij 
déf .
 d  ij   ij    W vol (7)
0  ij

comp.
W vol  
comp.
W vol     ij ij  W vol
déf .
  ij  (8)
 ij

Au paragraphe III.2., nous montrerons que parmi tous les champs de déplacements cinématiquement

u
x
u

u
   
admissibles C . A. dans , le champ exact ( ex. ) minimise la fonction F  ( ) . Pour démontrer la
u

propriété de minium de F   nous utiliserons une propriété fondamentale de l’énergie de déformation.

En effet, la positivité de l’énergie de déformation assure que celle-ci est convexe.

III.1.3. Les fonctions convexes à une variable

-a- -b-
Figure 4 : Fonction convexe à une variable (a) définition à partir de la sécante, (b) propriété de la
tangente.

. Définition

Nous supposons dans la suite que les fonctions considérées sont continûment dérivables.
Considérons une fonction à une variable réelle f(x). f(x) est convexe, si la sécante entre deux points
quelconques de trouve toujours au-dessus de la fonction (figure 4a). Sous forme mathématique
cette propriété s’écrit :

 f  x 2   1    f  x1  f  x 2  1    x1


(9)
  0,1

. Propriété intéressante des fonctions convexes

Les fonctions (potentiels) convexes ont des propriétés très intéressantes et sont largement
utilisées en physique mathématique. Dans le cadre de ce cours, nous utiliserons qu’une de ces
propriétés remarquables. La tangente à la courbe est toujours en dessous de celle-ci. Sous forme
mathématique, ceci s’écrit :

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.127 -

 f 
 f  x 2   f  x1   x 2  x1  0 (10)
 x1 

 f / x1 signifie  f / x  x  x 1


. Cette propriété intéressante sera démontrée dans les exercices

résolus.

III.1.4. Les fonctions convexes à n variables et considérations sur l’énergie


x
Une fonction f

  à n variables réelles est convexe, si et seulement si elle est convexe
pour chaque variable prise séparément. La formule (10) s’écrit donc pour chaque composante :

    
 f x (2)  f x (1)    x (2)  x (1)   f  
i i   i i  
 x i   (1)
 0 i  1,..., n
xi

Cette inégalité peut être écrite sous forme vectorielle :


x

 f  (2)  f  (1)     (2)   (1)   f    0


   
         (1) x
x

La figure 5 montre une fonction convexe à 2 variables. La fonction est continue, monotone et les
lignes de niveaux forment des courbes convexes dans l’espace (x1,x2).


Figure 5 : Exemple de fonction convexe à 2 variables. ci sont des lignes de niveau ( f   c i ).
L’énergie de déformation est une fonction convexe des composantes du tenseur déformation. Cette
propriété permet d’écrire (figure 6) :

 W déf 
ε

W déf
  (2)
 W déf   (1)  (2) (1) 
ε

 : vol  0
 vol vol W      
ε
ε

   (1)

 
ε

déf
W déf
 vol    W    
(2) déf
vol
(1) (2)
ij  
(1)  W vol

ij   

0
  ij
ε
ε

  (1)

Or les dérivées de l’énergie de déformation s’identifient aux contraintes, i.e.  ij  W /  ij ou sous


σ

forme symbolique  W /  . L’identité précédente s’écrit donc

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.128 -

σ
W
    W    
(2) (1) (2)
 (1) 

: (1)
0
(11)

ε
 
W
  W    
(2) (1) (2) (1)  (1)
ij   ij   ij  0

Figure 6 : Energie de déformation, propriété de convexité : cas général

Figure 7 : Energie de déformation, propriété de convexité : application à la comparaison d’une


solution cinématiquement admissible et de la solution exacte.
ε

(1) ( ex ) (2) ( ca )
Si nous choisissons (figure 7)  et  , nous obtenons l’inégalité fondamentale pour

toutes les approches basée sur des champs de déplacement.


ε

W déf
 vol    W    
( ca ) déf
vol
ex ( ca )
 ( ex ) 

: ( ex )
0
(12)
ε

W déf
 vol    W    
( ca ) déf
vol
( ex ) ( ca ) ( ex )  ( ex )
ij   ij   ij  0
ε

( ex ) ( ca )
, sont respectivement le champ de déformation exact et un champ de déformation
cinématiquement admissible quelconque. Il est important de remarquer que l’inégalité (12) fait

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.129 -

intervenir le champ de contrainte exacte. Or, pour connaîte le champ de contrainte, on se base sur les
déformation et la loi d’élasticité du matériau (linéaire ou non). Si l’on cherche une solution approchée,

ε
σ
le champ de déformation exacte n’est pas connu, les contraintes sont approchées par  ( ca )  .
 

III.2. Principe de minimum de la fonctionnelle F(u)

III.2.1. Démonstration de la propriété de minimum

x
u

Parmi tous les champs cinématiquement admissibles  ca
  , le champ de déplacement
x

u
u

 ex  
exact   minimise la fonctionnelle F  .
ε

t
u
x
   
W int   W vol    dv
def CA
P ext   . ( )dS


S
ε
u
x

t
u
x
  
F  ( )    W def  CA     dv   .  (  )dS
vol  
 u S
x

x
u
   
En effet, considérons la valeur de la fonctionnelle F     pour le champ exact ex   et pour un
x
u

 
champ cinématiquement admissible ca   quelconque
ε
x

x
u

t
.
x
u

   ex    dv      ex 
F  ex      W def
vol      dS


S
ε
x

x
u

t
x
.
u

  def  ca      ca 
F  ca      W vol  dv       dS


S

Pour démontrer la propriété de minimum, nous calculons simplement la différence


x

x
u

   
F  ca     F  ex    :

 
ε

ε
x

x
u

     ca      W def  ex     dv
F  ca     F  ex      W def
vol 

 vol  
t
x
.

 
u

   
     ca    ex    dS
S

Dans la suite, nous n’écrirons plus explicitement la dépendance des champs vis-à-vis des
ε

ε
x

t
x

 
u

     
coordonnées. ca   , ca   , ex   , ex   et   seront donc notés respectivement  ca ,
ε


u

ca  ex
, , ex et
ε

vol    W  dv 
u

  ca   F   ex    W def


t

 
u

F ca def
vol
ex
 
 . ca  ex  dS
 S

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.130 -

u

Sur la partie Su de  , le déplacement cinématiquement admissible ca et le déplacement exact ,

u
u

 ex 
sont tous les deux égaux au déplacement imposé . L’intégrale de surface peut donc être
étendue à toute la frontière

ε
vol    W  dv 
u

  ca   F   ex    W def

t
 

u
F ca def
vol
ex
 
 . ca  ex  dS
 

σ
n
=
t
 
Le théorème de Cauchy ( ) permet de transformer la dernière intégrale comme suit
ε

vol    W  dv  ε
u

σ
  ca   F   ex    W def

u
n
F ca def
vol
ex

 T  ca  ex
 T   dS
 
σ
u

u
b

  ca   ex  . Avec cette notation, il est aisé de voir comment


 T
Désignons par le vecteur  
transformer l’intégrale de surface en intégrale de volume par le théorème de Gauss ou Green
Ostrogradsky.
b

T  
n

 b k   
  dv  
σ

 
u

u
n

 T  
 T  ca  ex
 dS   dS   div   dv    kl u ca ex 
l  u l  dv
     x k  x k
b


n

 b k 
b

 

T 
dS   div   dv   

 dv  
  kl u ca 
ex 
l  u l  dv 
    x k  x k

En dérivant l’intégrant terme à terme et, en tenant compte de l’équilibre à force de volume nulle
σ

( div    0 ), l’intégrale se transforme comme suit :


σ

 u ca ex 
u

u
n

    kl  ca ex l  u l dv
  
 T T  ca  ex
dS    x k 
 u
kl l u 
ca  ex  dv 
l   
  l
u  u l dv  
  
kl   
x k 
    x k    x k
 u ca u ex 
   kl  l  l  dv
 x k 
  x k

En jouant sur les indices muets, nous pouvons écrire

1 
σ

 u lca u lex   u ca u qex   u ca p 


u ex
u

u
n

 T T   ca  ex  q p
    dS    kl  x  x  dv =   2  pq  x  x    qp  x  x  
   k k     p p   q q  

La symétrie du tenseur contrainte permet alors d’obtenir

1 
σ

 u ca u qex   u ca p 
u ex
u

u
n

T T
  ca   ex  dS   q p
    
pq      pq     dv
 2 
  
  x p x p   x q x q  
 1  u ca
q p  1  u q
u ca ex
p 
u ex 
   pq         dv
  2  x p x q  2  x p x q  
   pq  ca
qp   qp  dv
ex

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.131 -

Ainsi la différence entre la valeur de la fonctionnelle pour un champ cinématique quelconque et pour
le champ exact s’écrit :

  ca   F   ex    W élast.  dv

ε
  W     
u

u
ca ex ex ca ex
F élast . ij ij   ij

Soit sous forme symbolique :

  ca   F   ex    W élast.  dv  0


ε

ε
  W    
u

ca ex ex ca ex
F élast . :  (13)

Nous avons montré précédemment que l’intégrant de l’expression précédente est défini positif suite à

u
 
la convexité de l’énergie de déformation. La différence entre F ca et F ex est donc positive ou    
nulle.

III.2.2. Exemple d’application

Considérons une barre encastrée soumise à des sollicitations en cisaillement sur deux f

faces (figure 8). On néglige la gravité et les forces de volume sont nulles. On se propose de
déterminer le champ de déplacement dans la barre.

-a- -b-
Figure 8 : Barre encastrée à section rectangulaire. (a) barre non sollicitée, (b) barre sollicitée par un
cisaillement  sur deux faces latérales.

Exprimons successivement les termes de la fonctionnelle


ε

vol  dv 
u

t
u

F   ca    W def ca

  ca
. dS .
 S
u
u

Nous cherchons le champs cinématiquement admissible


 ca
, qui minimise la fonctionnelle F   ca  .
Pour ce faire, nous n’allons pas considérer tous les champs possibles, mais seulement certaines
u


classes de champs dépendant d’une série de paramètres. Nous minimiserons la fonction F ca . par  
rapport à ces paramètres. Nous ne considérerons que des champs cinématiquement admissibles

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.132 -

u 0
u
 
infiniment dérivables. De plus ca  sur S u . Ici la surface Su correspond à l’encastrement (Figure

u
=
u
 
9a) avec comme condition ca  sur S u

- a- - b- - c- - d-

Figure 9 : Conditions aux limites à considérer pour le problème de la barre encastrée. (a) Surface Su
à déplacement imposé, (b) à (d) parties de la surface S à vecteur contrainte imposé.

La figure 9 montre toutes les conditions aux limites à prendre en compte dans le problème présent.
La surface Su se limite à la surface (x1=0). Un champ de déplacement cinématiquement admissible
possible est
u

 ( A) 
1

 a x1 .

a est un parmètre d’optimisation. Nous déterminerons la valeur de a en minimisant la fonctionnelle


u



F ( A) par rapport à a. L’intégrale de volume est facilement estimée. En effet, le tenseur petites
u


déformations correspondant au champ ( A) s’écrit

a 0 0
ε

( A)
 0 0 0
 
 0 0 0 

L’énergie de déformation par unité de volume est donc une constante


ε

2
( A)  Ea
W vol 
def

 2

Et l’énergie interne est donnée par


ε

2
 W vol 
def ( A) 
dv  Ea l 0

 2

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.133 -

La surface S est composée

 des 2 surfaces latérales S(1,2)   x1, x 2, x 3  : x 2  1/ 2, x 3   1/ 2,1/ 2 ,

 des faces avant et arrière S(3,4)   x1, x 2, x 3: x 2 1/ 2,1/ 2, x 3  1/ 2
 et de la surface inférieure S(5)   x1, x 2, x 3  : x1  l 0 (x1=l0).
t
.
u

t
.
u

t
.
u

t
.
u
  ( A)   ( A)   ( A)   ( A)
 dS   dS   dS   dS
S (1,2) (3,4) (5)
S S S

Pour déterminer la valeur du terme de surface, nous procédons séparément pour chaque partie de S
La contribution des deux surfaces latérales vaut :

1/ 2 l0
t
.
u

  ( A)
 dS  2  dx 3   a x1dx1   a l 02 Sur les surfaces
(1,2) 1/ 2 0
S

La contribution des surfaces S(3,4) et S(5) est nulle, puisque le vecteur contrainte est imposé nul.
t
.
u

t
.
u

  ( A)   ( A)
 dS   dS  0
(3,4) (5)
S S

u

Comme la forme spatiale du champ a été fixée, la fonctionnelle F  ( A)  devient une fonction du

paramètre a
ε
u

Ea 2   a 2
t
u

   ca
F   A    W def  ( A) dv   . dS  F ( a )  l0 l0
  vol   2
 S 

Le meilleur choix du paramètre a est donc donné par :


 l0
a optimal 
E
u

 
1

Ce choix de paramètre correspond au champ de vitesse optimal ( optimal )   l 0 / E  x1 . Si nous


u

u
 
remplaçons dans l’expression de la fonctionnelle F   A  le champ cinématiquement admissible  A 
 
u


par ( optimal ) , nous obtenons la valeur minimale de F pour tous les champs considérés.

 2l 30
F ( a optimal )  
2E

Figure 10. Variation de l’écart relatif à la valeur optimale de la fonctionnelle en fonction du paramètre
a normé par sa valeur optimale.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.134 -

La figure 10 représente la variation de F(a) en fonction du paramètre a. La minimisation de la


fonctionnelle, correspond maintenant à la minimisation de la fonction a. Cette approche ne donne
évidemment pas le meilleur champ parmi tous les champs possibles, mais seulement le meilleur
champ parmi tous les champs testés. Pour affiner la solution, on peut donc tester un champ
cinématiquement admissible plus élaboré dépendant de 3 paramètres.

e

 

1
Pour le champ de déplacement ( B )  a1x1  a 2 x12  a 3 x13 , la seule composante non nulle
du champ de déformation est

(B)

 11  a1  2a 2 x1  3a 3 x12 

Les contraintes correspondantes s’obtiennent par la loi de Hooke

(B)

 11  E a1  2a 2 x1  3a 3 x12 

La solution optimale correspond maintenant à:

 a optimal , a optimal , a optimal    2 l 0 


 
0
 1 2 3   E E 

La figure 11 représente l’écart relatif entre la valeur de la fonctionnelle et la valeur optimale en


fonction des paramètres a1 et a2. L’influence du paramètre a1 sur la valeur de la fonctionnelle est
beaucoup plus grande que celle du paramètre a2.

Figure 11. Variation de l’écart relatif à la valeur optimale de la fonctionnelle en fonction des
paramètres a1 et a2 normés par leurs valeurs optimales respectives.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.135 -

IV. EXERCICES RESOLUS

IV.1. Propriété des fonctions convexes

IV.1.1 Enoncé

Démontrez que
 f  x 2   1    f  x1  f  x 2  1    x1   0,1 (1)

implique
 f 
 f  x 2   f  x1   x 2  x1  0 (2)
 x1 
IV.1.2 Solution

Définissions le point courant X ( )   x 2  1    x1 . L’inégalité (1) peut alors s’écrire

 f  x 2   1    f  x1  f  X ( )

Nous développons la fonction f  X ( ) autour de  = 0, c’est-à-dire autour de x1 et obtenons

X   f 
 f  x 2   1    f  x1  f  x1      
    0 X  X   0 

soit

 f 
 f  x 2   1    f  x1  f  x1    x 2  x1  
 x1 

En réarrangeant les termes, nous obtenons l’inégalité annoncée :

 f 
  f  x 2   f  x1    x 2  x1  
 x1 
(c.q.f.d.)
 f 
 f  x 2   f  x1   x 2  x1  0
 x1 

IV.2. Equation des travaux virtuels

IV.2.1 Enoncé
σ

Montrer que le travail de tout champ de contraintes statiquement admissibles sa


sur
ε

ca
tout champ de déformations cinématiquement admissibles est égal aux travail des forces
t


u


imposées associées aux déplacements cinématiquement admissibles ca et aux forces de volume

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.136 -

f ε

σ
sa
. Les contraintes statiquement admissibles et les déformations cinématiquement admissibles
ca
ne sont pas associées par la loi de Hooke.

ε
sa ca

u σ
 : dv
    ca

u
u

f
    
  t T cad S    t T  d S U   T cad  
sa

S SU 

IV.2.2 Solution
u

 CA
Le fait que soit cinématiquement admissible, permet d’écrire le champ des
ε

ca
déformations en fonction du gradient des déplacments :

  
  u ca  u ca  
σ

sa ca
dv    ijsa ica  sa 1  i

j 
 : j dv   ij dv
   2  x j x i 

 
 CA
ij

Nous transformons l’expression précédente pour faire apparaître un terme unique du tenseur gradient
des vitesse.

1   u ica  u ca
j
 1  sa u ica  u ica 
  ijsa    dv     ij   sa  dv
x j 
ji
 2  x j x i   2 x j

σ
S . A.
Le tenseur des contraintes est en équilibre. L’équilibre en rotation, permet d’affirmer que est
symétrique.

1  sa u ica u ica  u ca
   ij   sa
ji  dv    ijsa i dv
 2 x j x j   x j

Pour faire apparaître les intégrales de surfaces par l’utilisation du théorème de Gauss (Green
Ostrogradski), nous transformons le produit du tenseur des contraintes par le tenseur gradient des
déplacements en une divergence :

u ica 
 ijsau ica   ijsa CA
  ijsa dv    dv   u i dv
 x j  x j  x j

La dernière intégrale peut être transformée par l’hypothèse d’équilibre des contraintes

 ijsa
 u CA CA
i dv   f i u i dv
 x j 

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.137 -

u
S . A.  ca
Donc le travail des contraintes sur le champ cinématiquement admissible s’écrit

 ijsauica dv 
  ijsa ijcadv    f i u icadv
  x j 

La deuxième intégrale du membre de gauche peut être transformée en une intégrale de surface par
l’application du théorème de Gauss (Green-Ostrogradski) :

 ijsauica dv   ij u ica n jdS


 
 x j S SU

Les contraintes sont en équilibre, donc par hypothèse le tenseur des contraintes vérifie les conditions
aux limites. Sur la surface S, le vecteur contrainte est imposé et  ijsa n j  t i . Ainsi, l’intégrale
précédente peut s’écrire :

  ijsa u ica n jdS   t i u icadS    ijsa u ica n jdS


S SU S SU

Le membre de gauche de l’équation (2) s’écrit finalement :


σ

sa ca
 : dv   t i u icadS    ij u ica n jdS   f i u icadv
 S SU 

soit en notation symbolique :


σ

t
.
u


f
u
t
.
u

  ca 

sa
: ca
dv   d S   d S U   .  cad  (c.q.f.d.)
 S Su 

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.138 -

IV.3. Principe des travaux virtuels

IV.3.1. Enoncé

σ
ε

t
 
Soient , et
l’état courant existant dans un solide soumis à des sollicitations sur
u

u
u
  ca 
S et sur SU. Soit  une perturbation cinématiquement admissible de autour de l’état actuel
u

u
 ca  ca
 est continu et dérivable au moins une fois dans  et   0 sur SU. Démontrez que

σ
a) Condition nécessaire : si le champ est en équilibre , alors
σ

u
f
t
ca  T  CA  
 : dv    d S    T  cad 
 S 
(1)
ε

u
1  
 ca      ca      ca  
   
T
2     

u
 ca
b) inversement si l’équation précédente est satisfaite pour tout champ 
cinématiquement admissible, le champ σest en équilibre.

IV.3.2. Solution
a. Condition nécessaire

σ
Montrons d’abord que l’équation (1) est vérifiée pour tout champ de contraintes en
u

u
 
équilibre et tout champ de déplacements  ca cinématiquement admissible. Le fait que  ca soit
ε

ca
cinématiquement admissible, permet d’écrire le champ des déformations  en fonction du gradient
des déplacments :

 ca

  u ca    dv
σ

ca 1    ui j
 : dv    ij  CA
ij dv    ij 
   2  x j  x i 
 

Nous transformons l’expression précédente pour faire apparaître un terme unique du tenseur gradient
des déplacements.

 ca
1   ui  
  u ca
j  dv  1  
  u ica  
  u ica  
  ij     ij  ji
 dv
 2  x j x i   2 x j x j 
   
σ

Le tenseur des contraintes est en équilibre. L’équilibre en rotation, permet d’affirmer que est
symétrique.

 ca
1   ui 
  u ca
j    dv  
  u CA
i  dv
  ij     ij
 2  x j x i   x j
 

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.139 -

Pour faire apparaître les intégrales de surfaces l’utilisation du théorème de Gauss (Green
Ostrogradski), nous transformons le produit du tenseur des contraintes par le tenseur gradient des
déplacements en une divergence :

  ij
 u ica
dv   
 ij u i 
dv  
 ij ca
ca

 u i dv

 x j   x j  x j

La dernière intégrale peut être transformée par l’hypothèse d’équilibre des contraintes

 ij
  u icadv   f i u icadv
 x j 
σ

u
 ca
Donc le travail des contraintes sur la perturbation cinématiquement admissible  du champ des
déplacements s’écrit

  ij  ijcadv  
  u dv   f  u
ij
ca
i ca  
 ij uCA
i 
i i dv dv
  x j   x j
   ij u CA ca
i n jdS   f i u i dv
S S u 

Les contraintes sont en équilibre, donc par hypothèse le tenseur des contraintes vérifie les conditions
u


aux limites sur la surface S,. La perturbation  ca est nulle sur SU. Ainsi, l’égalité précédente peut
s’écrire :

  ij  ijca dv   
  u dv   f  u
ij
ca
i ca   t T  u CAdS   f i u icadv
i i dv
  x j  S 
σ

f
.
δ
u
t
δ
u

   ca
dv   .  dS   
ca ca
 : d  (c.q.f.d.)
 S 

(c.q.f.d.)

b. Condition suffisante
C
A
δ
u


Si l’équation (1) est vérifiée pour tout champ de déplacement cinématiquement admissible, le
σ

champ de contraintes est en équilibre :


C
A

C
A
σ

f
.
δ
u
t
δ
u

  
 :  ε CAdv   .  d S   d
 S 

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.140 -

Comme le champ des déplacements est cinématiquement admissible, l’intégrale de volume peut
s’écrire

 CA

  u CA    dv

σ
1    ui j
 :  ε CAdv    ij  iCA
j dv    ij 
   2  x j x i 
 

L’intégrale précédente peut être transformée comme suit

 CA
1    ui

 
  u CA
j  dv    CA
1    ij u i

  ij u CA
j    dv
  ij 
 2  x j x i   2  x j x i 
   
1   ij CA  ij CA 
   ui   u j dv

 2  x j x i 

Nous transformons le premier terme du membre de droite de façon à faire apparaître une composante
unique pour le champ de déplacement et une dérivée unique par rapport à xj.

  CA
1    ij u i

 
  ij u CA
j  dv  
1    ij u i
CA

 
  ji u iCA  dv
 
2 x j x i   2  x j x j 
  

L’application du théorème de Gauss permet d’écrire


1    ij u i
CA
 
  ji u iCA  dv  1
 

  
 ij   ji  u iCAdS
 2  x j x j
 
S SU 2

La perturbation cinématiquement admissible du champ des déplacements est nulle sur Su, donc

1 1

2
 
 ij   ji  u CA
i n jdS  
2

 ij   ji  u CA
i n jdS 

S  SU S

L’intégrale de volume de l’équation (1) prend maintenant la forme suivante :

  ca
1    ui  
  u ca  dv  1
  ij
2 

j

  
 ij   ji  u ica n jdSdv


x j x i
 S 2

1   ij CA  ij CA 
   ui   u j dv
 2  x j x i 

L’équation (1) conduit à l’égalité

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.141 -

 1   ij  ji   
   
1

  f i  u icadv    t i   ij   ji  n j uicad S 
2
   x j x j   S  2

u
 ca
pour tout champ  cinématiquement admissible. D’après le lemme du calcul des variations, des
intégrales identiquement nulles impliquent la nullité de l’intégrant :

1   ij  ji  1

2  x j

x j  2
 
  f i dans  et t i   ij   ji n j  0 sur S 

L’inversion des indices muets i et j permet d’établir que :

 ij
 ij   ji et  f i dans  et que
x j

t i   ij n j  0 sur S 

(c.q.f.d.)

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.142 -

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.143 -

CHAPITRE VII
ELASTICITE PLANE

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.144 -

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.145 -

Dans ce chapitre nous étudierons plus en détail le comportement des matériaux dans le
régime élastique. Ce régime concerne l’utilisation des structures dans la vie courante sans
déformations permanentes (ponts, voitures, avions, trains, structures du génie civil, …).

I. LES DEUX ETATS PLANS D’ELASTICITE


Les équations de la théorie de l’élasticité se simplifient considérablement dans le cas particulier
fréquent où tous les vecteurs contraintes sont parallèles à un même plan. Ce cas se rencontre dans
deux types de problèmes nettement distincts, que nous allons étudier. La notation indicielle ne

présentant aucun avantage dans les problèmes particuliers, nous emploierons la notation des
ingénieurs.

I.1. Etat plan de contrainte

Figure 1. Disque en état plan de contraintes.

Considérons (figure 1) un disque mince d’épaisseur constante, présentant un plan de


symétrie, sollicité par des forces appliquées sur son contour. Les contraintes 33 , 31 et 32 sont
nulles sur les deux faces du disque. Par raison de continuité, elles ne peuvent prendre à l’intérieur du

disque que des valeurs très faibles par rapport à 11 ,  22 et 12 . L’on ne commet pas une erreur
sensible en affirmant qu’elles sont nulles sur tout plan intérieur parallèle aux faces. Pour la même
raison, il est certain que les trois composantes non nulles 11 ,  22 et 12 . ne dépendent

pratiquement pas de x3, c’est-à-dire qu’elles restent constantes sur toute l’épaisseur du disque. Le
tenseur des contraintes n’a que 3 composantes non nulles. La loi de Hooke d’un matériau élastique
isotrope montre que la déformation  33 est non nulle :

 11   22 12 
 0 
 11 12 0  E 2G
 
σ

12  22  11
 12  22 0   0 
(2)
 2G E 
 0 0 0   
  11   22  
 0 0 
 E 

En inversant les expressions de 11 et  22 dans l’équation (2), on obtient :

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.146 -

 E
11  (1  2)  11   22 
 
 E
 22    22  11 (3)
 (1   2)
 33  0

I.2. Etat plan de déformation

Considérons un tunnel ou un puits de mine (figure 2 ) de très grande étendue selon la


direction x3. Si les sections perpendiculaires à l’axe x3 sont toutes identiques, deux sections distantes
de dx3 se déforment de façon identique. La structure de la figure 2 est en déformation plane.

Figure 2. Exemple de structure en déformation plane : puit de mine

Le tenseur des déformations s’écrit :

 u1 1  u1 u 2  
    0
 x1 2  x 2 x1  
 11  12 0  
1 
   12  22 0    u1  u 2  u 2
0 (4)
 2 x x1  x 2 
 0 0 0   2 
 0 0 0
 
 

La composante non nulle 33 du tenseur des contraintes s’obtient par la loi de Hooke. Dans un
matériau isotrope élastique 33 vaut :

1
 33   33    11   22    0   33    11   22 
E
Les autres composantes non nulles du tenseur des contraintes s’écrivent

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.147 -

   
 11  2G  11  1  2  11   22  
  
  
 22  2G  22   11   22 
  1  2 
 33    11   22 


soit en réarrangeant les différents termes :

 E
 11  1   1  2  1  11    22 
 
  1    
 11  1  11    22
 E
  1   E 
 22   (5)
 1   1  2   11 22 
 1   
    11  1    22 
        22 E 
 33 11 22

Ayant résolu un problème de contraintes planes, il est souvent utile de connaître la solution du

problème correspondant de déformation plane. C’est le cas par exemple si l’on veut résoudre
expérimentalement un problème de déformation plane. Le moyen le plus simple consiste à effectuer
les mesures sur un disque mince représentant le problème de contraintes planes correspondant, puis

à repasser au problème initial. Pour ce faire, point n’est besoin de recommencer tous les calculs. Il
suffit de faire les substitutions suivantes :

Pour passer de contraintes planes en déformations planes

E 
E  (6)
1   2 1   
et pour passer de déformations planes aux contraintes planes

E 1  2  
E  (7)
1  2 1   

Les deux transformations précédentes laissent inchangée l’expression du module de cisaillement ou


de Coulomb G, en fonction de E et .

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.148 -

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.149 -

II. LES EQUATIONS FONDAMENTALES DE L’ELASTICITE


PLANE

II.1. Les équations d’équilibre

II.1.1. Les équations différentielles d’équilibre

En annulant  33 ,  31 ,  32 les équations d’équilibre (sans terme d’inertie) s’écrivent :

  11  12
 x  x  F 1  0
 1 2
 (8)

 12   22
 F2  0
 x1 x 2

II.1.2. Les conditions de contour

Figure 4. Conditions de contour en contraintes planes

Soient cos() et sin() les cosinus directeurs de la normale extérieure au contour du


disque en chargement plan. Soient T1 et T2 les tractions superficielles imposées sur le contour. La

définition du tenseur contrainte permet d’écrire :

  11 cos   12 sin   T 1
 (9)
 12 cos   22 sin   T 2

Ces conditions expriment l’équilibre de translation selon les deux axes coordonnées du prisme
élémentaire sur la figure 4.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.150 -

II.1.3. Changement d’axe

Figure 5. Contraintes sur deux facettes orthogonales.


e

 
Soient 1 les directions principales des contraintes (12=0) et max, min (figure 5) les
et 2

e
 
contraintes principales. Dans ce cas on montre que 1 et 2 sont aussi les directions principales des
déformations pour un matériau isotrope. Les formules de changement d’axes établies pour le tenseur
des contraintes en 3 dimensions prennent des expressions particulièrement simples en contraintes
planes ou en déformations planes (cercle de Mohr):

    max cos 2   maxsin 2     max cos 2   minsin 2


 
   max   min     max   min  (10)
      sin  2        sin  2 
  2    2 

II.2. Les équations de compatibilité et le potentiel des contraintes

Dans le cas tridimensionnel, les équations de compatibilité s’écrivent (chapitre 2).


       
 ij   kk   ik   jk  0
 xk  xk  xi  x j  x j  xk  xi  x k

Si les déformations 13, 23 sont nulles et que toutes les autres déformations sont indépendantes de x3,
les équations de compatibilité se réduisent à l’unique équation :

 2 11   2 22  2  2 12  0
(11)
x 22 x12 x1 x 2

Comme dans le cas tridimensionnel, les équations de compatibilité peuvent être exprimées en
fonction des contraintes. En contraintes planes ou déformations planes, on part cependant plus

souvent de la fonction d’Airy.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.151 -

III. LA FONCTION D’AIRY

III.1. Forces de volume nulles

Considérons les équations d’équilibres dans le cas où les forces de volume sont nulles
  11  12
 x  x  0
 1 2

  12   22  0
 x1 x 2

Ces équations sont satisfaites d’office pour des contraintes dérivant d’une fonction d’Airy (exercices
résolus) :

 2  2  2
 11   22   12   (12)
x 22 x12 x1 x 2

En combinant, la définition (12) des contraintes, la loi de Hooke et les équations de compatibilité (11),
on montre que la fonction potentielle des contraintes doit être biharmonique (exercice résolue) :

  2  2    2  2   4  4  4
 2  2  2  2   4  2 2 2  4  0 (13)
 x1 x 2   x1 x 2  x1 x1 x 2 x 2

Toute fonction biharmonique permet donc de satisfaire, les équations d’équilibre, la loi de Hooke et
l’équation de compatibilité. Or nous avons démontré que la solution d’un problème d’élasticité est
unique sous l’hypothèse des petites perturbations. Donc la fonction  qui permet de satisfaire les
conditions aux limites donne la solution unique du problème.

III.2. Forces de volume dérivant d’un potentiel

N ous allons à présent considérer un cas plus général et admettre qu’il existe des forces
F

de volume dérivant d’un potentiel V sous la forme

 V 
 F 1   x1 
F

 
 gradV       (14)
 F 2   V 
 
 x 2 

Les équations d’équilibre en translation s’écrivent dans ce cas sous la forme

   11  V   12
  0
 x1 x 2
 (15)
  12    22  V   0
 x1 x 2

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.152 -

Ces équations ont la même forme que les équations d’équilibre sans forces de volume et sont
satisfaites d’office pour des contraintes dérivant d’une fonction d’Airy  :

2 2
   2
 11  V  2  22
V  2  12
 (16)
x 2 x1 x1 x 2

En combinant, la définition (16) des contraintes, la loi de Hooke et les équations de compatibilité (11),
on montre que la fonction potentielle des contraintes doit satisfaire les conditions suivantes (exercice

résolue) :

en état de déformations planes:

1  2
  V
1 (17)
et en état de contraintes planes

  1    V
(18)
Toute fonction biharmonique permet donc de satisfaire, les équations d’équilibre, la loi de Hooke et
l’équation de compatibilité. Or nous avons démontré que la solution d’un problème d’élasticité est
unique sous l’hypothèse des petites perturbations. Donc la fonction  qui permet de satisfaire les
conditions aux limites donne la solution unique du problème.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.153 -

IV. APPLICATION A LA THEORIE DES POUTRES

IV.1. Solution de l’équation biharmonique par des polynômes

On a montré que la solution des problèmes d’élasticité plane, dans le cas particulier où
les forces de volumes sont nulles ou constantes se réduit à l’intégration de l’équation biharmonique
moyennant les conditions à la surface.

 4  4  4
4
2 2 2 4 0
x1 x1 x 2 x 2

Dans le cas des poutres ayant une section rectangulaire de faible épaisseur, on peut trouver des
solutions pratiquement intéressantes en adoptant comme expression de  des polynômes de divers
degrés et en ajustant leurs coefficients de façon adéquate.

n
   a n,i x1i x 2n-i
i=0

N n
 2  2  2
   a n,i x1i x n-i
2  11   22   12  
i=0 x 22 x 12 x 1x 2
1 a1,0 x 2  a1,1x1
0 0 0
2 a 2,0x 22  a 2,1x1 x 2  a 2,2 x12  11  2a 2,0  22  2a 2,2  12  a 2,1
3 a 3,0 x 32  a 3,1x1 x 22   11  6a 3,0 x 2  2a 3,1x1  22  2a 3,2 x 2  6a 3,3x1  12  -2a 3,1x 2  2a 3,2x1
a 3,2 x12 x 2  a 3,3x13
a 4,0 x 42  a 4,1x1 x 32  a 4,2 x12 x 22  11  12a 4,0 x 22  22  2a 4,2 x 22  12  3a 4,1x 22
 a 4,3x13x 2  a 4,4 x14 6a 4,1x1 x 2  2a 4,2 x12 6a 4,3x1 x 2  12a 4,4x12 4a 4,2 x1 x 2  3a 4,3x12
avec 3a 4,4+ a 4,2+3a 4,0  0

Tableau 1 : Quelques fonctions d’Airy polynomiales utiles

IV.2. Détermination des déplacements

Connaissant les contraintes  11 ,  22 et  12 , on peut en déduire les déformations par la loi


de Hooke. Une fois les déformations calculées, il faut en déduire les déplacements :

u1 , u 1  u u 
 11   22  2 et  12   1  2 
x1 x 2 2  x 2 x1 

En intégrant les deux premières équations on obtient :

u1    11dx1  f 1  x 2 

u 2    22dx 2  f 2  x1

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.154 -

On dérive ensuite ces expressions par rapport à x2 et x1 respectivement et on introduit ces dérivées
dans les définitions de la déformation de cisaillement.

1    f 1( x 2) f 2( x1)
 12      11dx1     22dx 2    
2  x 2 x1  x 2 x1

Or  12 est connu par la loi de Hooke.

 12   1  2
 12 
2G 2G x1 x 2

Les deux relations précédentes impliquent une condition sur la somme des dérivées de f 1 x 2  et de
f 2  x1 :

f 1( x 2) f 2( x1) 1  2 1   
       11dx1     22dx 2   (19)
x 2 x1 2G x1 x 2 2  x 2 x1 

L’équation (19) permet de déterminer les fonctions inconnues f 1 x 2  et f 2  x1 à deux constantes

près. Ces constantes correspondent à un champ de translation et une rotation de corps solide. En
effet, posons :

f 1  x 2   f 1  x 2   a  bx 2
f  x1  f  x1  c  bx1
2 2

où a, b et c sont trois constantes arbitraires. Les termes additionnels dans les fonctions f1 et f2
introduisent des termes supplémentaires dans le champ de déplacement :

u1    11dx1  f 1  x 2     11dx1  f 1  x 2   a  bx 2
u 2    22dx 2  f  x1    22dx 2  f  x1  c  bx1
2 2

Or, les déformations  11   u1 / x1 et  22   u 2 / x 2  ne sont pas affectées par les termes
e

 
supplémentaires. Les constantes a et c correspondent à une translation  a 1  c 2  . Le terme b
ω

correspond à une rotation de corps solide (rotation sans déformation). Le tenseur des petites
rotations vaut :

 u1 u 2 
0 
1  x 2 x1   0 b 
ω

  
2  u 2 u1   b 0 
  0 
 x1 x 2 

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.155 -

Les constantes a, b et c ne peuvent donc pas être déterminées par la connaissance des champs de
déformation ou de contrainte. Or le vecteur déplacement doit satisfaire des conditions aux limites sur
la surface Su. C’est ces conditions aux limites qui permettront de fixer les constantes a, b et c. En
terme mécanique, on dit « éliminer les modes rigides »..

IV.3. Exemple d’application : la poutre console

Considérons une poutre console ayant une section droite rectangulaire étroite (dont nous
prendrons la largeur pour unité) qui est fléchie par une force P appliquée à son extrémité libre (figure
7).

x
c

l
P y

Figure 7. Poutre console chargée par une force distribuée à son extrémité libre.

Dans le cours de Résistance des Matériaux, la flexion des poutres est traitée en détails. On montre
que la flexion de la poutre console donne lieu aux contraintes suivantes (exercice résolu) :

3 P   x2  
2
P x1x 2
11    22  0 12   1    
I 2    c  

où I est le moment d’inertie de la section droite et  est sa section.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.156 -

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.157 -

V. ETUDE DE QUELQUES PROBLEMES EN COORDONNEES


POLAIRES

V.1. Expression des contraintes en coordonnées curvilignes

-a- -b-
Figure 5. Vecteur contrainte sur deux facettes orthogonales dans le système cartésien (a) et dans le
système de coordonnées curvilignes (b).

Pour déterminer l’expression des contraintes en coordonnées curvilignes quelconques,


nous passons d’abord par l’expression du vecteur contrainte sur deux facettes orthogonales dans le
système cartésien. Sur la facette orthogonale à l’axe des x1 et la facette orthogonale à l’axe des x2, le

vecteur contrainte s’écrit respectivement :


e e

e e
t t

  
1

2 2
1 2

  11  12
   (19)
1

  12   22
e

 
où 1 et 2 sont respectivement les vecteurs unitaires dans la direction des x1 et dans la direction
des x2. Les vecteurs contrainte peuvent s’exprimer à partir de la fonction d’Airy :

    2     2         
e

e
t
1

   2  1    2   1 2
  x 2   x1 x 2  x 2  x 2 x1 

  2     2         
e

e
t


2

     1   2  2    1 2
  x1 x 2   x1  x1  x 2 x1 

L’expression entre parenthèses dans les membres de droite n’est rien d’autre que le produit vectoriel

e

  
3

de grad par le vecteur unitaire . Donc les vecteurs contraintes et peuvent s’écrire sous la
forme :

 
e
t


 

1

  grad  3
 x 2
  (20)
e
t

    grad   3

 
2

 x1

e


3

Or la quantité grad  est indépendante du choix des axes. Par conséquent, les formules ci-
dessus ont une validité générale et, pour deux directions orthogonales quelconques r, t diposées
e

 
comme les axes 1 et 2 , on a :

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.158 -

 

e
t

 

r
  r grad  3
  (21)

e
t
     grad  
 

t
 3
t

Ces formules montrent que pour définir un champ plan de contraintes, il suffit de donner le champ de

e
 3
vecteurs grad  qui n’est défini qu’à une constante près de sorte que  n’est définie qu’à une
fonction linéaire près, de la forme (ax1+bx2+c).

V.2. Equations générales en coordonnées polaires

V.2.1. Expression des contraintes en coordonnées polaires

Les équations précédentes peuvent être appliquées en coordonnées polaires (Figure 6).
 est compté positivement en tournant de l’axe des x1 vers l’axe des x2. La transformation de
coordonnées est définie comme suit :

 x1   r cos() 
r

  
  x 2    r sin()  (22)
   
 x3   x3 

Figure 6. Système de coordonnées polaires avec vecteurs unitaires.

Pour une fonction potentielle indépendante de x3, le gradient s’écrit en coordonnées polaires sous la
forme (exercices résolus) :


e

  1  
r

grad  r,    
r r 
e

 
r

etsont les vecteurs tangentes unitaires aux lignes coordonnées r=constante et =constante.
e

  
r

Les vecteurs et sont mutuellement orthogonaux (exercice résolu). Le vecteur est choisi de
e
e e
e

  
θ
3

façon à ce que  r, ,  forme un trièdre direct. En tenant compte du fait que les vecteurs
e

 
r

coordonnées et changent d’orientation quand la coordonnée  change, on établit facilement


t

 
r

les expressions suivantes pour les vecteurs contraintes et :

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.159 -

1  1  2     2   1  

e
t

r     r   
r  r  2 r  r  r 2 
(23)
 1  1  2    2  

e
t

     2   r  2 
 r  r r  r 

L’identification terme à terme entre les expressions des vecteurs contraintes et du tenseur contrainte
donne (exercices résolus).

1  1  2  
 rr    
r  r  2 r 
 2
   (24)
r 2
1  1  2   1  
 r  2    
r  r r  r  r  

La contrainte circonférentielle   ne fait pas intervenir de dérivées selon . Pour des applications
particulières, changer la dépendance de la fonction d’Airy en  ne changera donc par l’expression de
contrainte circonférentielle. La contrainte de cisaillement  r ne fait intervenir que des dérivées
d’ordre 1 par rapport à  et la contrainte radiale  rr ne fait intervenir que la dérivée première par
rapport à r.

V.2.2. Equation à satisfaire par la fonction d’Airy dans le cas de forces de


volume nulles

L’équation   0 est indépendante du système de coordonnées. Pour exprimer le laplacien en


coordonnées polaires, nous utilisons son expression symbolique :

f  div gradf  
L’expression du gradient en coordonnées polaires a été obtenue dans un exercice résolu. Pour
déterminer l’expression de la divergence, nous nous servons du fait que la divergence du
déplacement est égale à la trace du tenseur petite déformation (exercice résolu). Ainsi nous obtenons
l’epression suivante pour le laplacien de la fonction d’Airy :

  2 1  1  2 
   2   
 r r r r 2  2 

Et la fonction d’Airy doit satisfaire l’équation suivante :

  2 1  1  2    2 1  1  2 
   2      0 (25)
 r r r r 2  2   r 2 r r r 2  2 

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.160 -

-a- -b-

-c- -d-

Figure 7. Analyse des déformations en coordonnées polaires dues à un déplacement radial (a et b) et


dues à un déplacement circonférentiel (c et d).

V.2.3. Expression du tenseur des déformations

En coordonnées polaires l’expression du tenseur des petites déformations peut s’obtenir


en exprimant la partie symétrique du gradient des déplacements

1  u i u j 
 ij    
2  x j x i 

dans le nouveau système de coordonnées. On peut aussi évaluer les déformations par la voie
géométrique directe comme suit. Si ur est le déplacement radial du côté ad de l’élément abcd de la
figure 6 a, le déplacement radial du côté bc est :

u r (r) dr
u r (r  dr)  u r (r) 
r
L’allongement relatif de l’élément abcd dans la direction radiale est, par conséquent

u
 rr  (26)
r

En ce qui concerne la déformation dans la direction circonférentielle, il faut observer qu’elle dépend
non seulement du déplacement u mais également du déplacement radial ur. Si l’on suppose, par
exemple, que les points a et d de l’élément abcd (figure 6a) subissent uniquement le déplacement

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.161 -

radial ur, la nouvelle longueur de l’arc ad est (r+du)d et la déformation circonférentielle vaut, par
conséquent u/r.

Sur la figure 6c, la différence de déplacement circonférentiel des côtés ab et cd de l’élément abcd est

 u  /   d . La longueur initiale de l’arc ac est rd. La déformation circonférentielle due à cette


différence de déplacement vaut donc :  u  / r  . La déformation circonférentielle totale vaut donc :

u r  1 u 
   (27)
r r 
Evaluons maintenant la déformation tangentielle due au déplacement radial ur (figure 6b). L’angle
entre les direction ad et a’d’ est dû au déplacement radial ur et vaut u / r . La déformation
tangentielle due au déplacement circonférentiel u est représentée sur la figure 6d. L’angle entre ab
et a’b’ est égal à  u  / r  . Il faut noter qu’une partie de cet angle seulement contribue à la distorsion.
En effet, l’autre partie, égale à u/r représente le déplacement angulaire dû à la rotation de l’élément

abcd comme un corps rigide autour de l’axe passant par l’origine. Par conséquent, la variation totale
de l’angle dab représentant la distorsion est

1 u  u  u 
2 r    (28)
r  r r

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.162 -

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.163 -

VI. EXERCICES RESOLUS

VI.1. Fonction d’Airy

VI.1.1. Equations d’équilibre :


Enoncé :

En partant de la définition (12) des contraintes à partir de la fonction d’Airy, démontrez que
les contraintes satisfont nécessairement l’équation d’équilibre en translation.

Solution :

      2     2   3  3
 11  12   2       2
 0
 x1 x 2 x1  x 2  x 2  x1 x 2  x1 x 2 x 2x x 2
1

 12  22    2     2   3   3  0
        2    2
 x1 x 2 x1  x1 x 2  x 2  x1  x1 x 2 x 2x12

VI.1.2. Biharmonicité de la fonction d’Airy :


Enoncé

En partant de la définition (12) des contraintes à partir de la fonction d’Airy, des équations
de compatibilité (11) et de la loi de Hooke, démontrez que la fonction d’Airy est biharmonique.

Solution :

La loi de Hooke et la définiton des contraintes à partir de la fonction d’Airy permettent

d’écrire :

11     22  33  22    11  33


11   22 
E E
(1  )12 en déformation plane
12 
E σ 33    11   22 
soit en contraintes planes

11   22  1   2      2    22  11  1   2      2  


11     2    22     2  
E E  x 22   x1   E E  x12   x 2  
(1  )12 (1  )   2 
12    
E E  x1 x 2 
Ainsi les dérivées des déformations s’écrivent

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.164 -

 211  1   4      4  
   2 2  
x 22 E  x 42   x1 x 2  
 2 22  1   4      4  
   2 2  
x12 E  x14   x1 x 2  
2 2(1  )   4 
2  12   
x1 x 2 E  x12x 22 
L’équation de compatibilité conduit donc à

 211  2 22  212 1   4    4    4  


  2         2  2 2    0 (c.q.f.d.)
x 22 x12 x1 x 2 E  x14   x 24   x1 x 2  

VI.1.3. Forces de volume dérivant d’un potentiel


Enoncé :

Démontrez que dans le cas de forces de volume F dérivant d’un potentiel V, la fonction
d’Airy  doit satisfaire les équations suivantes (17) ou (18) en état plan de déformation et en état de

contraintes planes respectivement.

Solution

Les déformations peuvent s’exprimer sous la forme suivante en fonction des contraintes

11   22 11   22
11   22 
E E
(1  )12 en déformation plane
12 
E σ 33    11   22 

où   1   1    ,   1     en état de déformations planes et   1,    en état de


contraintes planes respectivement. Ainsi, nous obtenons les expressions suivantes des déformations
à partir de la fonction d’Airy :

 1   2    2  
11        V        V  
 E   x 22    x1 
2
 


 1    2     2  
 22     2   V     2   V  
 E   x 2    x1   


 (1  )   2  
12   E    V 
  x1 x 2  
Les dérivées des déformations s’écrivent

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.165 -

  2   4 2    4  2V  
 11  1       V   
    2 
 x 22 E   x 42 x 22  2 2
 x1 x 2 x 2  

  2 22 1    4  2V    4  2V  
 2
          2 
 x1 E   x14 x12  2 2
 x1 x 2 x1  


  212  2(1  )   4   2V  
 2  
E  x12x 22 x1 x 2  
 x1 x 2

1    4  4   4   2V  2V  
  4  4   2 (1  )    2 2        2  2    0
E   x1 x 2  x1 x 2  x1 x 2  

En déformation plane 1 2 ,  2 donc     1   1  2  et 1       , ainsi

1    4  4   4   2V  2V  
   4  4   2 2 2        2  2    0
E   x1 x 2  x1 x 2  x1 x 2  

 4  4  4        2V  2V      1  2
  2    0  (c.q.f.d.)
x14 x 42 x12x 22   x12 x 22   1 

En contraintes planes   1 ,    donc     1    et 1      , ainsi

 4   4  2  4         2V   2V   0    
   1   (c.q.f.d.)
x14 x 24 x12x 22   x12 x 22  

VI.2. La poutre console


Enoncé

Considérons une poutre console ayant une section droite rectangulaire étroite (dont nous
prendrons la largeur pour unité) qui est fléchie par une force P appliquée à son extrémité libre (figure
7). Démontrez que les contraintes peuvent se mettre sous la forme suivante :

3 P   x2  
2
P x1x 2
11    22  0 12   1    
I 2    c  

où I est le moment d’inertie de la section droite et  est sa section.

Indication

Choisir pour la fonction d’Airy l’expression

d 4 x1 x 32
( x1, x 2)  b 2 x1x 2 
12
Solution

On obtient l’expression suivante pour les contraintes

d 4 x 22
11  d 4 x1 x 2  yy  0 12   b 2 
2

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.166 -

Pour rendre la face supérieure et la face inférieure libres de toute force on doit avoir

d 4c 2  0 soit 2b 2
12y  /  c   b 2  d4  2
2 c
Il faut en plus satisfaire l’équilibre sur le bord chargé par la force distribuée P :

 b x2  3P
P   c c 12 ldx 2  cc   b 2  2 2 2  dx 2  b 2 
x1  c   4c

En remplaçant les valeurs trouvées pour d4 et b2 , on trouve

3P 3P  x 22 
11   3 x1 x 2 12
 1  
2c 4c  c 2 

Si l’on note que 2c3 / 3 est le moment d’inertie de la section droite et que 2c est sa section W, on
peut encore écrire les formules précédentes sous la forme :

 2
P x1 x 2 3 P   x2  
11    22  0 12   1  
I 2    c  
 

VI.3. Les coordonnées polaires



VI.3.1. Expression de grad en coordonnées polaires
Enoncé

Déterminez l’expression de grad en coordonnées polaires

Solution

 est compté positivement dans le sens des aiguilles d’une montre. La transformation de
coordonnées est définie comme suit :

 x1   r cos() 
r

  
  x 2    r sin() 
   
 x3   x3 
Les vecteurs coordonnées (Figure 8) dans le système curviligne sont les dérivées du vecteur position
par rapport aux coordonnées curvilignes :

   r cos()   cos() 
E

 r   
  r  r sin()   sin() 

     r cos()   r   sin() 
E

    r sin()   cos() 

Les vecteurs unitaires correspondants sont donc
    
e

    
E r
r  
E r E
 E r = et     E  
E
Er hr E h r

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.167 -

 
où h r et h  sont respectivement les modules des vecteurs E r et E  . Le gradient s’exprime sous la
forme suivante en coordonnées polaires :


e
1   1     1  

θ
grad    
hr r h   r r 

Ainsi nous trouvons par identification



e
      1    1 

θ
grad      
r t r r  t r 

-a- -b-

Figure 8. Système de coordonnées polaires (a) vecteurs coordonnées, (b) vecteurs unitaires
correspondant.

VI.3.2. Expression des vecteurs contraintes en coordonnées polaires


Enoncé

Déterminez l’expression des vecteurs contraintes en coordonnées polaires.

Solution
e

Les vecteurs 
r et

 sont mutuellement orthogonaux. Le vecteur

3 est choisi de façon
e
e
e

à ce que   r,  ,  3 forme un trièdre direct. Ainsi, nous avons :



e

    1        1   
grad  z   r    z    
   
r
 r r  r r
e

 
Ainsi les vecteurs contraintes sur les facettes orthogonales à r et  s’écrivent
1  
e

e
t

 1   1     
grad   3  r
r   r 
r   
r  r 

e

e
t

   1     

grad   3    r
r  r 

r   r 
Or dans les expressions précédentes, il faut tenir compte du fait que l’orientation des vecteurs de base
change quand la coordonnée  change :
e

 
e

 r    
 r
 
 
Ainsi, nous obtenons finalement les expressions suivantes pour les vecteurs contraintes t r et t 

1  1  2     2   1  
e

e
t


r     r   
r  r  2 r  r  r 2 

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.168 -

 1  1  2    2  

e
t

     2   r  2 
 r  r r  r 
1  1  2  
 rr    
r  r  2 r 
 2
  
r 2
1  1  2   1  
 r  2    
r  r r  r  r  

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.169 -

CHAPITRE VIII
APPLICATION DES THEOREMES
ENERGETIQUES AUX STRUCTURES
HYPERSTATIQUES

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.170 -

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.171 -

I. INTRODUCTION
Dans le chapitre V nous avons appris à déterminer une solution approchée en

u

minimisant la fonctionnelle F   le en fonction du champ de déplacement cinématiquement
u


admissible C . A. . Nous avons utilisé pour cela la propriété de convexité de l’énergie de déformation.
Dans ce chapitre, nous analyserons les propriétés du travail extérieur (le travail fourni pour déformer
une structure) et du travail extérieur complémentaire. Considérons la poutre sur 5 appuis simples
représentée sur la figure 1. Manifestement, il n’y a que deux équations d’équilibre disponibles
(translation verticale et rotation) pour déterminer les 5 réactions d’appui. On dira que la structure est
3 fois hyperstatique, i.e. il y a trois réactions (au sens large : force ou moment) qui ne sont pas
déterminées par la statique du corps indéformable. Or dans les constructions en génie civil ou en
génie mécanique les structures hyperstatiques sont nombreuses. En effet, nous allons voir que les

réactions d’appuis surabondantes sont telles qu’elles minimisent l’énergie de déformation.

- a- -b-
Figure 1. : Poutre sur 5 appuis simple (a) structure avec sollicitations et fondation, (b) structure avec
sollicitations et réactions d’appui.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.172 -

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.173 -

II. THEOREMES ENERGETIQUES

II.1. Travail et travail extérieur complémentaire


II.1.1. Matériau élastique quelconque

-a- -b-

Figure 2. : Structure soumise à de sollicitations concentrées (a) avec représentation des


déplacements aux points d’applications des forces, (b) avec représentation des déplacements dans
les directions des forces correspondantes.

Considérons la structure représentée sur la figure 2. Sur la figure 2a les forces


concentrées avec les déplacements correspondants sont représentées. Sur la figure 2b, les forces et

les déplacements dans les directions des forces sont représentées. Le travail extérieur est défini
comme le travail fourni pour déformer la structure :

1 2
W ext   P1  1,..,  n  d 1   P 2  1,..,  n  d  2 
0 0
(1)
n
...   P n  1,..,  n  d  n
0

Pour déterminer le travail extérieur, il faut considérer la dépendance de chaque force en fonction de

tous les déplacements.

P i  P i  1,...,  n  (i=1,...n)

Le travail extérieur complémentaire est obtenu par transformation de Legendre :

P1 P2
comp
W ext   1  P1,.., P n  dP1    2  P1,.., P n  dP 2 
0 0
(2)
Pn
...    n  P1,.., P n  dP n
0

Le travail extérieur complémentaire est une fonction des forces appliquées. Pour déterminer le travail
extérieur complémentaire, il faut considérer la dépendance de tous les déplacements vis-à-vis de
toutes les forces.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.174 -

II.1.2. Matériau élastique linéaire

Si la structure est faite à partir de matériaux élastiques linéaires et qu’il n’y a pas de
dissipation d’énergie (frottements) dans les appuis, il existe une relation linéaire entre les

K
déplacements et les forces. Dans ce cas, il est utile de définir les matrices de rigidité et de
F

Δ
 
souplesse . Soit le vecteur des valeurs de toutes les forces et le vecteur des déplacements
dans les directions d’application des forces.

 P1   1 

P
=

Δ
=
       
    (3)
 P n    n 
K

Δ
 
La matrice de rigidité exprime les forces
en fonction des déplacements alors que la matrice
F

P
 
de souplesse exprime les déplacements en fonction des forces .
Δ
=
F
P

P
=
K
Δ
   

 1   f 11 ... f 1n   P1   P1   k 11 ... k 1n   1 
      (4)
                  
    
  n   f n1  f nn   P n   P n   k n1  k nn    n 

Les matrices de rigidité et de souplesse sont évidemment inverses l’une de l’autre. Ces matrices sont
définies positives. Les matrices de rigidité et de souplesse peuvent être très grandes (n très grand). La
détermination expérimentale ou par modélisation des termes de ces matrices peut être très complexe
pour des structures comprenant beaucoup de composants. Le seul résultat important ici est
l’existence de ces matrices et par conséquent d’une relation linéaire entre les déplacements et les
forces. Dans ce cas, le travail extérieur et le travail extérieur complémentaire prennent des formes
particulièrement simples :
K
Δ

F
P

 
Δ

1 T comp 1 T
W ext  W ext  (5)
2 2

Attention, la valeur numérique du travail extérieur est égale à la valeur numérique du travail

complémentaire dans les structures élastiques linéaires. Or, il est fondamental de considérer le
travail extérieur comme une fonction des déplacements et le travail extérieur complémentaire
comme une fonction des forces.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.175 -

II.2. Théorèmes de Castigliano et d’Engesser

II.2.1. Enoncé des théorèmes

Considérons
Δ T de nouveau la structure de la figure 2b. Si nous considérons les

déplacements   1   n  comme variables indépendantes :

W ext  (théorème de Castigliano)


Pi   (6)
 i   j i
T
P


Si nous considérons forces   P1  P n  . comme variables indépendantes :

comp 
W ext
 i   (théorème d'Engesser) (7)
P i  P j i

II.2.2. Démonstration du théorème de Castigliano

Considérons de nouveau la structure de la figure 2b. Nous considérons que les


T
Δ


déplacements sont indépendants. Soit   1   n  la valeur actuelle des déplacements. La
T
P


structure est à l’équilibre et toutes les forces sont fixées à   P1  P n  . Incrémentons un seul
déplacement i, en gardant tous les autres déplacements fixés (Figure 3) :

 i   i +d  i
d  k =0 k  i

-a- -b-
Figure 3. : Changement de la force Pi et d’une autre force quelconque Pk si seul le déplacement Di
varie de i à i+di.

Toutes les forces vont être incrémentées pour imposer le changement de déplacement
 i   i + d  i . Or seule la force Pi va effectuer un travail, puisque le point d’application des autres

forces ne bouge pas (Figure 3). Ainsi le changement du travail extérieur vaut :

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.176 -

dW ext  P i d  i (sans sommation)

Nous pouvons aussi déterminer l’incrément du travail extérieur par un simple développement de
Taylor
W ext W ext W ext W ext
dW ext  d 1  ....  d  i  ....  dn  d i
1  i  n  i

En comparant les deux expressions précédentes pour l’incrément du travail extérieur, nous obtenons
l’identité voulue :
W ext
Pi 
 i

Attention, nous n’avons pas utilisé le fait que le matériau soit élastique linéaire. Le théorème
d’Engesser est valable pour des matériaux élastiques non linéaires pourvu que l’hypothèse des
petites perturbations soit satisfaites. Cependant, nous avons considéré les déplacements i tous
indépendants. Pour appliquer le thèorème d’Engesser, il faut donc d’abord éliminer toutes les
variables dépendantes entre elles.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.177 -

III. APPLICATION DES THEOREMES ENERGETIQUES AUX


STRUCTURES HYPERSTATIQUES

III.1. Expression de l’énergie et de l’énergie complémentaire dans une poutre

Si la structure n’est soumise qu’à des accélérations modérées, le travail extérieur fourni
sert exclusivement à déformer celle-ci. Le premier principe de la thermodynamique implique donc
l’égalité du travail extérieur fourni W ext et de l’énergie de déformation totale stockée dans la
structure W int . . De même le travail extérieur complémentaire W comp
ext . sera égal à l’énergie élastique
comp
complémentaire totale W int . stockée dans la structure. Dans la suite, nous déterminerons le travail
extérieur par l’énergie élastique totale et le travail extérieur complémentaire par l’énergie élastique
complémentaire totale. L’énergie élastique interne et l’énergie élastique complémentaire sont

évaluées à partir de leurs densités d’énergie correspondantes.


Δ

 ε
W ext   vol 
 W int.   W def  dv

P

σ
 (8)
comp
W ext .    W int.
comp
vol   dv
  W comp

III.1.1. Formule explicite de la densité d’énergie et de la densité d’énergie


complémentaire dans un solide élastique linéaire isotrope

Dans le chapitre 3, nous avons établi l’expression de la densité d’énergie de déformation


élastique (énergie de déformation par unité de volume) et la densité d’énergie de déformation

complémentaire. Pour un matériau élastique linéaire isotrope, on obtient

déf . 3G 2 9 2 comp. 
2
2
W vol =  eq   m W vol   m
2 2 6G 2

A partir de ces formules, on établit facilement (exercices résolus) les expressions suivantes pour la
densité d’énergie de déformation et la densité d’énergie de déformation complémentaire :

 2  
déf .
W vol  G   11 2 2 2 2 2 2 2 
  222   33  12  13  31  11 22  332 
 3 1  2   (9)
2 
comp.
W vol 
1

2 E 11
 2   222   33  
    11 33   33 22 
E 11 22
1
2G 12
 
 2   223   13
2

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.178 -

III.1.2. Densité d’énergie et d’énergie complémentaire dans une poutre faite en


matériau élastique linéaire isotrope

On appelle flexion simple la sollicitation composée uniquement d’un moment fléchissant


unique avec un effort tranchant nul. On appelle flexion plane la sollicitation composée d’un moment
fléchissant et d’efforts tranchants dans un plan. Supposons qu’une poutre soit soumise à flexion plane

avec un effort normal N (Figure 4).

Figure 4. : Elément de poutre soumise à flexion plane et sollicitation normale avec indication des
éléments de réduction

Dans une poutre soumise à flexion plane, seules 11 et 12 sont non nulles. La densité d’énergie de
déformation complémentaire s’écrit donc

comp. 1   11
2
2 
W vol    12  (10)
2  E G 

III.2. Energie déformation et énergie de déformation complémentaire d’une


poutre en flexion plane

Calculons l’énergie de déformation complémentaire totale dans une poutre soumise à


flexion plane. L’énergie de déformation complémentaire totale est l’intégrale sur le volume de la poutre

de la densité d’énergie de déformation complémentaire

comp 1   11
2
2 
W int   W comp
vol dv     12  dv
  2  E G 

Remplaçons  11 et  12 par leurs expressions en fonction des éléments de réduction. Le principe de

supperposition permet de calculer la contrainte  11 comme la somme d’une contribution due à la


flexion traction (effort normal N)
flexion  11 (moment M) et d’une contribution due à la traction  11
x x

x x

 
flexion traction M   x2 N  
 11   11   11    
I  A 
x

  
où I   et A   sont respectivement l’inertie et l’aire de la section droite au point
T
x


La contrainte de cissaillement est donnée par l’efffort tranchant   divisé par l’aire de la section
x


droite corrigée A '   pour tenir compte de la non constance de la contrainte sur la section.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.179 -

x x

T 
 12  
A' 

L’énergie de déformation complémentaire prend donc la forme

x x

x x

x x
   2  2
comp. comp 1  1  M  x2 N    1  T   
W int   W vol dv            dv
  2 E  I  A   G  A '   
 

e
e

e
   
1

3
Figure 5. : Poutre élancée dans la direction , fléchie dans le plan ( , ) autour de l’axe
e

e
e
  
1

2
Considérons une poutre élancée dans la direction , fléchie dans le plan ( , ) autour de l’axe
e


3

(Figure 5). Les éléments de réduction (N,M,T) ne dépendent plus que de la coordonnée décrivant

la position le long de l’axe de la poutre, i.e. x1. L’expression précédente de l’énergie complémentaire
de déformation se simplifie comme suit (exercices résolus):

comp. 1 L N2 M2 T2 
W int       dx1 (11)
2 0  EA EI GA ' 

Pour déterminer l’énergie de déformation totale W int , nous utilisons de nouveau l’égalité entre
comp.
W .int  W int dans le cas d’un matériau élastique linéaire. Nous décomposons cette fois la
déformation  11 en une contribution de flexion et une contribution de traction :
x

x x

 
flexion M   x2 N  
x

traction
 11   11   11    
EI   EA  
L’inversion de la formule (11) donne

1L  2  EI  2 
W .int   EA 11 2 GA '  12  dx1
20  R  (12)
R=rayon de courbure

où R est le rayon de courbure de la ligne neutre de la poutre.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.180 -

III.3. Application du théorème d’Engesser aux poutres

III.3.1. Détermination des relations entre variables cinématiques


macroscopiques et sollicitations extérieures

-a- -b-

Figure 6. : Poutre encastrée chargée par une force concentrée et un moment (a) Sollicitations
extérieures (M et P), (b) flèche (f) et rotation (f) induites par ces sollicitations.

Dans beaucoup d’applications pratiques, on ne cherche pas à connaître tout le champ de


contraintes et de déformations dans une poutre. Celles-ci sont généralement surdimensionnées du
point de vue sécurité. Cependant, il est important de limiter la flèche et la rotation en bout de poutre.
En effet, imaginez une poutre supportant un balcon (Figure 6) Il est évidemment inconcevable que la

poutre prenne une flèche importante, même si cela ne conduit pas à des problèmes de sécurité. Le
théorème d’Engesser permet de déterminer une relation entre les sollicitations externes et les
grandeurs cinématiques associées. Dans l’exemple de la figure 6, le moment fléchissant est donnée

par :

M  x1   Px1  M A

Négligenons la contribution de l’effort tranchant à l’énegie totale complémentaire. Celle-ci s’écrit alors

comp

1 M2
W int  dx1
2 E poutre I

La flèche f est la variable cinématique associée à l’effort P et la rotation  est la variable cinématique
associée au moment MA. Ceci nous permet de calculer directement ces deux grandeurs à partir du
théorème d’Engesser :

comp
W int 1 L M 1 L 3
f 
P
  M
2 EI 0 P
dx1  
EI 0
 Px1  M A  x1dx1  P3EI
L

comp
W int 1 L M 1 L P L2 M AL
   M
2 EI 0
dx1  
EI 0
P x  M A  dx1 
2 EI

EI
M A M A

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.181 -

III.3.2. Détermination des réactions d’appuis hyperstatiques

-a- -b-

Figure 7. : Poutre encastrée chargée par une force concentrée et un moment (a) Sollicitations
extérieures (M et P), (b) flèche (f) et rotation (f) induites par ces sollicitations.

Considérons la poutre encastrée à droite et sur appui simple à gauche (figure 7a). La
figure 7b montre les réactions d’appui. Il y a les deux forces verticales RA et RB et le moment

d’encastrement MA. Or, au total nous disposons de deux équations d’équilibre (translation verticale et
rotation autour de l’axe x3). La structure est une fois hyperstatique, i.e. il y a une des 3 réactions
(au sens large forces et moments) qui n’est pas déterminée par les équations d’équilibre du

solide indéformable.

Choisissons une des trois réactions RA, RB ou MA comme variable de chargement extérieur.
Nous pouvons prendre n’importe laquelle des trois variables, puisque nous avons vu qu’effectivement

une variable est indépendante au sens qu’elle n’est pas déterminée par la statique du solide
indéformable. Pour l’exemple présent nous choisissons la réaction RA. Le théorème d’Engesser
donne une relation entre la réaction RA et le déplacement au point A :

comp
W int
 A
R A

Or l’appui simple au point A exige que  A  0 . Nous obtenons donc une équation supplémentaire

pour déterminer la réaction inconnue :

comp
W int
 A  0  RA
R A

Déterminons la valeur de l’énergie de déformation complémentaire totale en considérant RA comme


variable. Le schéma rendu libre de la figure 8 permet de déterminer le moment de flexion :

p x12
M  x1  R A x1 
2

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.182 -

Figure 8 : Schéma rendu libre (coupe au point x1) pour calculer le moment de flexion M(x1)..

La valeur correspondante de l’énergie de déformation complémentaire totale vaut:

2
1 L 2 1 L  p x12 
  M  x1 dx1 
comp
W int.    R A x1  dx1
2 EI 0 2 EI 0  2 

Et la valeur de la réaction d’appui RA est donnée par

comp L
W int. 1 p x12  1  L3 p L 4 
   R A x1  x1dx1  R A  0
R A EI 0  2  EI  3 8 
3 pL
RA 
8

La connaissance de RA, permet d’expliciter toutes les autres valeurs

3 pL 5 pL
R B  pL  
8 8
pL 2  x1    x1  
M  x1    3  4  
8  L    L 

Le moment d’encastrement MA vaut

pL 2
M A=M  L   
8

La distribution de la contrainte 11 dans la poutre est donnée par

pL 2  x1    x1   x 2
 11  x1, x 2     3  4  
8  L    L  I

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.183 -

-a- -b-

Figure 9 : Réactions d’appui en fonction du paramètre de chargement p et de la longueur de la


poutre L (a) RA, (b) RB.

La figure 9 représente les deux réactions d’appui en fonction de la charge p et de la


longueur de la poutre L. Les réactions varient linéairement en fonction de p puisque le matériau à un
comportement linéaire et linéairement en fonction de la longueur de la poutre parce que la charge

totale vaut pL et que les réactions dépendent linéairement de la charge totale.

Figure 10 : Variation du moment normalisé en fonction de la distance normalisée le long de l’axe


neutre de la poutre.

La figure 10 représente la variation du moment de flexion le long de l’axe de la poutre. Le


moment augmente linéairement avec la charge p pour un problème d’élasticité linéaire. Le moment
dépend de façon quadratique de la longueur de la poutre. Le moment a un profil quadratique le long
de l’axe de la poutre. Le moment le plus grand (en valeur absolue) est réalisé à l’encastrement. C’est
à l’encastrement que la poutre subi les contraintes de traction et compression les plus grandes (figure
11).

Figure 11 : Distribution de contraintes dans la poutre.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.184 -

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.185 -

IV. EXERCICES RESOLUS

IV.1. Différentes expressions de la densité d’énergie de déformation d’un


solide élastique linéaire isotrope

IV.1.1. Enoncé

A partir de l’expression de la densité d’énergie donnée au chapitre III


déf . 3 9
W vol = G 2eq   2m
2 2

démontrez que W déf .


vol s’écrit de façon explicite sous la forme suivante :

 2  
déf .
W vol  G   11 2 2 2 2 2 2 2 
  222   33  12  13  31  11 22  332 
 3 1  2  

IV.1.2. Solution

Déterminons d’abord la relation entre  et G :

E E 2 1   2 1   
   G
3 1  2  2 1    3 1  2  3 1  2 

Dans l’expression de W déf .


vol remplaçons  par son expression en fonction de G et de  et exprimons les

invariants du tenseur déformation en fonction de leurs composantes.

déf . 3 2 2 2 2 2 2 2 2 2  9
W vol = G  e11  e 222  e33 e12 e13 e31 2
 m
2 3 2

Pour les composantes de cisaillement, le terme déviatorique est égal à la déformation. Pour les
composantes en traction, nous remplaçons le terme déviatorique par son expression en fonction des
déformations.

déf . 3 2 2 2 2 2 2 2 2 2  9
W vol = G  e11  e 222  e33 e12 e13 e 31 2
 m
2 3 2
 2  2 2  2 2   3 1    2 

=G   11 m    22  m    33 m   2 12
2 2 2
 13  31  m
  1  2  

Développons pour obtenir

2  2  2  2 2  2 2  2 2   3 1  1   
   2 
  m  2 m  11   22   33 
déf .
W vol =G   11  22  33  12  13  31 
  1  2   

Réarrangeons les termes

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.186 -

2  2  2  2 2  2 2  2 2   3 1  1   
   2 
déf . 2
W vol =G   11  22  33  12  13  31    m  6 m 
  1  2   

En remplaçant m par sa valeur, nous obtenons le résultat annoncé

déf .  2 3 2

W vol  G   11 2 2 2 2 2 2 2 
  222   33  12  13  31 m 
 1  2  

 2  
déf .
W vol  G   11 2 2 2 2 2 2 2 
  222   33  12  13  31  11 22  332  (c.q.f.d.)
 3 1  2  

IV.2. Différentes expressions de la densité d’énergie de déformation


complémentaire d’un solide élastique linéaire isotrope

IV.2.1. Enoncé

A partir de l’expression de la densité d’énergie donnée au chapitre III


comp.

2 m
2
W vol
6G 2

démontrez que W comp .


vol s’écrit de façon explicite sous la forme suivante :

2  2  
comp.
W vol 
1

 2   22
2 E 11
 33
E

 11 22   11 33   22 33 
1
 2   13
2G  12
2  2 
 31

IV.2.2. Solution

Dans l’expression de W comp .


vol remplaçons  par son expression en fonction de E et de  et exprimons

les invariants du tenseur contrainte en fonction des composantes du tenseur déviateur des contraintes

comp.

2 m
2
W vol
6G 2
2  2  2 2  2 2  2 2    m 3 1  2 
1 3 2 2
  s11  s 22 s 33 s12 s13 s 31
6G 2  2 E

Séparons les termes en contraintes normales et en contraintes de cisaillement

2  2  2 2  2 2  2 2   3 m 1  2 
1 3 2 2
comp.  s11  s 22
W vol  s   
6G 2  33 12 13 31 2 E

comp.
W vol 
1
2E
 s 22 s 33 m 
2  2  2   31 2  2  1  2  2  2 
1    s11 
2G  12
 13  31

Regroupons les termes faisant intervenir le coefficient de Poisson :

comp.
W vol 
1
 s 2  s 2  s 2   3 m
2 E  11 22 33
2   2  2  2  2
 1
 2 2 2 
 s11 s 22 s 33 6 m   2G  12   13   31

Développons le premier terme du second membre en fonction des composantes du tenseur contrainte

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.187 -

2 2 2
  s 22  s 33   11 m    22  m    33 m 
 s11
2 2 2 

 22  33 3 2m  2  11   22   33 m
2  2  2 
  11
2  2  2 
  11  22  33 3 2m

Ainsi le terme indépendant du coefficient de Poisson s’écrit :

 s11
2 2 2  2 2 2 2
  s 22  s 33  3 m   11   22   33

Le terme multipliant le coefficient de Poisson se simplifie de manière similaire

 s11
2 2 2  2 2 2 2 2
  s 22  s 33  6 m   11   22   33  9 m
2  2  2  2
  11  22  33  11 22  33
 2  11 22   11 33   22 33

L’expression de la densité d’énergie de déformation complémentaire est donc donnée par

2  2  2  
comp.
W vol 
1
2E

 11  22  33
E

 11 22   11 33   22 33 
1
 2   13
2G  12
2  2 
 31 (c.q.f.d.)

IV.3. Energie de déformation complémentaire totale d’une poutre

IV.2.1. Enoncé

Démontrez
comp. 1 L N2 M2 T2 
W int       dx1
2 0  EA EI GA ' 

IV.2.2. Solution

 2 2
comp. comp 1  1  M  x1 x 2 N  x1  1  T  x1  
W int   W vol dv         dv
  2  E  I  x1 A x1  G  A ' x1  
 
 2 2
L 1  1  M  x1 x 2 N  x1  1  T  x1  
  dx1       dx 2dx 3
0 A 2  E  I  x1 A x1  G  A ' x1  
 

Pour plus de concision, nous n’écrivons pas explicitement la dépendance vis-à-vis de x1 :

1  1  M x2 N 
L 2 2
comp. 1T 
W int   dx1         dx 2dx 3
0 A 2  E  I A  G  A'  

Le développement du premier intégrant conduit à :

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.188 -

1  1  M x2 N 
L 2 2
comp. 1T 
W int   dx1        dx 2dx 3
0 A 2  E  I A  G  A'  

1  1  M 2x 2 N 2 MN x 2  1  T  
L 2 2
comp.  
W int   dx1   2      dx 2dx 3
2 E  I2 A2 AI  G  A '  
0 A    

Les différents termes de la première intégrale se simplifient comme suit :

1  1  M x2 N 
L 2 2
comp. 1T 
W int   dx1         dx 2dx 3
0 A 2  E  I A  G  A'  

1  1  M 2x 2 N 2 MN x 2  1  T  
L 2 2
comp.
W int   dx1     2      dx 2dx 3
A 2 E 2 A2 AI  G  A '  
0   I  
comp.
L 1  1 M2 2  N2  MN   1  T 2   
W int   dx1   2   x 2dx 2dx 3   2   dx 2dx 3   2   x 2dx 2dx 3        dx 2dx 3  
0 2  E  I A  A A  AI  A  G  A '   A  

1  1 N 2  2 MN   1  T  
2
comp.
L M2
W int   dx1   2 1
I  I 2 I 3   I 3
0 2  E  I A2 AI  G  A '  

Les différentes intégrales I1, I2 et I3 valent respectivement :

I 1   x 22dx 2dx 3  I par la définiton du moment d’inertie I de la section droite


A

I 2   dx 2dx 3  A par la définiton de l’aire d’une section


A

I 3   x 2dx 2dx 3  0 parce que le moment statique est nul par rapport au centre de gravité et l’axe
A
neutre passe par le centre de gravité de la section. En remplaçaont les trois intégrales par leurs
valeurs respectives, on trouve

comp. 1 L M2 N 2 1 L T2
W int    I1  dx1   dx1 (c.q.f.d.)
2E 0  I A  2G 0 A '

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.189 -

ANNEXE 1 :
ELEMENTS DE LA THEORIE DES GRANDES
DEFORMATIONS

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.190 -

-a-

-b-

Figure 1 : Réseau de lignes dessinées sur un solide (a) avant indentation et (b) après indentation par
un cylindre.

Figure 2 : Configuration initiale et actuelle d’un solide déformé.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.191 -

I. TRANSFORMATION DE VOISINAGE ET TENSEUR GRADIENT


DE LA TRANSFORMATION
La figure 1 représente l’indentation d’un solide par un cylindre. Nous avons choisi comme
configuration initiale la configuration non déformée. Sur les deux configurations est représenté un
réseau de lignes. Après déformation (dans la configuration C(t)), le réseau de lignes initialement
orthogonales est distordu. Nous remarquons que la distorsion du réseau
 n’est pas constante dans tout le solide ;
 se traduit par une variation des angles initialement droits ;
 se traduit par une variation des longueurs.
Dans la suite de ce chapitre, nous introduirons une mesure de la distorsion angulaire et une mesure
de la variation des longueurs. Ces mesures doivent être locales, puisque les distorsions du réseau
peuvent varier dans le solide.

I.1. Transformation de voisinage

Soit un référentiel R dans lequel on a choisi un repère R constitué d’une origine O et de


la base cartésienne orthonormée. Soit  une partie quelconque d’un système matériel . On désigne

par C0 la configuration de  à l’instant initial et par C(t) sa configuration à l’instant t. Considérons deux
points matériels Q et P occupant à l’instant initial les positions Q0, P0 et à l’instant t les positions Q(t),
P(t). Dans la configuration initiale Q0 et P0 sont décrit par deux vecteurs
X

   
O
Q
O
P

 
0

p
0

 Xp et  Y p

Nous supposons qu’il y a une relation biunivoque entre les points dans la configuration initiale
et les mêmes points matériels dans la configuration actuelle. Le passage de la configuration
initiale à la configuration à l’instant t peut être décrit par la transformation de voisinage
x
=
Φ
X

  
 ( ,t)
y
=
Φ
Y

   (1)
 ( ,t)
Φ

  
La fonction vectorielle dépend des coordonnées dans la configuration initiale ( ou ) et du
temps t. Cette fonction doit satisfaire certaines propriétés pour assurer que la matière reste continue
(ni trou ni recouvrement). Ces propriétés seront analysées dans la suite de cette annexe. Pour

simplifier les expressions, nous noterons dans la suite de l’exposé la transformation de voisinage sous
la forme suivante :

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.192 -

x
=
x
X

Φ Φ
X Y

= =
x y
X Y
      
 ( , t )  ( ,t) ( ,t)
  

y
=
y
Y
     (2)
 ( ,t)  ( ,t) ( ,t)

Attention, les coordonnées des différents points sont bien transformées par la même fonction

vectorielle continue et dérivable sur toute l’étendue du solide.

I.2. Gradient de la transformation de voisinage

I.2.1. Définition

L’un des objectifs de ce cours est de savoir si la distance entre les points P(t) et Q(t) change
au cours de la transformation. Pour estimer la distance entre P(t) et Q(t) nous exprimons le vecteur
P
Q

P
Q

P
Q
   

Q
P
0
 t  (noté

0
ci-après) en fonction du vecteur . Le vecteur peut donc s’écrire :
P
Q
O
Q
0
P
y
Y

x
X
      
   ( ,t)  ( ,t)
P
Q

 
Le vecteur est l’accroissement de la fonction pour un accroissement de la variable égal à
Y
X

 
 . Un développement limité au premier ordre donne :

i
yi  xi   X 1, X 2, X 3 (Y p  X p )
X p
1/ 2
 (Y 1 X 1) 2  (Y 2  X 2) 2(Y 3 X 3) 2 
   i Y 1  X 1,Y 2  X 2,Y 3  X 3, t 
i  1,2,3
où i est une fonction qui tend vers 0 si Yi tend vers Xi pour i=1,2,3 (i.e. P0 tend vers Q0). Sous forme

vectorielle on peut écrire :


y
x
F
X

Y
X

α
Y
X

Y
X

      



  ,t        ,t 
P
Q
F

,0

α
0
P

      (3)


Q

Q
P

 t   ,t
0

0
0

0
0


F
X

Φ
X

   
Le tenseur ( , t )  grad [ ( , t )] est appelé tenseur gradient de la transformation. dépend du
F

point considéré P0 et du temps t. Les composantes de sont données par :


F

Φ
X

x
X

      
( X , t )  grad [ ( , t )]  grad [ ( , t )]
 xi (4)
F ij 
X j

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.193 -

X2
10
9
8
7
6
5
4
2,5 5 2,5
3
2  
X2 x2
1  3,5 
X1 x1
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 X1
Figure 3 : Exemple de transformation particulière : glissement simple avec translation

I.2.2. Exemple

La figure 3 montre une transformation particulière. Le solide entier est d’abord translaté de
3,5 unités dans la direction x1. Puis une transformation appelée glissement simple est appliquée. La

partie supérieure est translatée de 2 unités dans la direction x1 alors que la partie inférieure ne bouge
plus. La transformation peut s’écrire de la façon suivante :

 x1  X 1  2,5  1,5 X 2

x2  X 2
x  X
 3 3
Le tenseur gradient de la transformation s’écrit :

  x1  x1  x1 
 X 2  X 3 
 X1 1 1,5 0 
F

  x2  x2   
  x2   0 1 0
X1 X 2  X 3 
0 0 1 
  x3  x3  x3 
 
  X 1 X 2  X 3 

La translation de 2,5 unités dans la direction des x1 positif n’intervient pas dans le tenseur gradient de
la transformation. Dans la suite, un mouvement d’ensemble d’un solide sera appelé mouvement
rigide ou mode rigide. Les coordonnées x2 et x3 ne sont pas affectées par la transformation. Dans le

tenseur gradient de la transformation cela se traduit par une valeur unitaire sur la diagonale principale.
Le tenseur gradient de cette transformation ne dépend pas des coordonnées de la configuration
initiale. Ce type de transformations est appelé transformation homogène.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.194 -

I.2.3. Transformations homogènes

F
Si le tenseur ne dépend pas du point matériel P0, la transformation est dite homogène.

transformation homogène :

x
F
X
B
  
 (t )  (t ) (5)
x i  F ij (t ) X j  B i (t )

α
  

Q
P

P
t

0
t 

0
La relation (1) s’écrit dans le cas d’une transformation homogène  . La fonction
est identiquement nulle.

I.2.4. Interprétation géométrique du tenseur gradient

-a- -c-

-b- -d-

Figure 4: Indentation d’un solide par un cylindre infinie en configuration non déformée prise comme
référence (a et b) et configuration déformée (c et d).

La figure 4 montre l’indentation d’un solide par un cylindre indéformable. Les figures 4a
et 4b correspondent à la configuration non déformée. Cette configuration sera adoptée comme
configuration initiale C0. Les figures 4c et 4d correspondent à la configuration déformée, soit C(t). Le
segment de droite L0 = P0Q0 de la configuration initiale se transforme un arc de courbe Lt = P(t)Q(t)

dans la configuration C(t). Considérons la formule (3)


P
Q
F

α α
0
P

P Y

     


Q X

Q X

Q
P Y

   
0

0 X
0

0
0

 ,t  ,t
y
x
F
X

       



  ,t      ,t  
P
Q
'
F
0
P

  


Q
P

 
0
0
0

Posons  ,t . On peut écrire


P
Q

P
Q
'

α α
P

    


Q
Q X

 
0 X
0

0
0

  ,t
.
y
x
P
Q
'

     



    ,t  
α

0
P

    
Q
Q

 
0
0

0
0

Comme ,t tend vers 0 si tend vers à t fixé, il apparaît que Q’ sera voisin de Q
si Q0 est voisin de P0. Une des idées fondamentales de la modélisation des déformations d’un milieu

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.195 -

P
Q

P
Q
'
 
continu est d’approcher le vecteur par le vecteur . On appelle transporté du vecteur

P
Q
'
  
Q

Q
P

P
0

0
0

0
à l’instant t, le vecteur . Il ne faut pas confondre le transporté de , qui est un

F
vecteur avec le transformé du segment L0=P0Q0 par l’application qui la courbe Lt.

P


Q
0
0
transporté du vecteur

P
Q
'
F
0
P
  

Q P
P α
 

0
0
0
 ,t (6)

P
Q

P
Q
'
    

Q
P
 

0
0

0
0
   ,t

Figure 5: Passage de la représentation pour des quantités finies à des quantités différentielles.

I.2.5. Notations différentielles



Q
P Q
0
0

L’équation (1) est exacte quelle que soit la longueur du vecteur .Toutefois le vecteur
P
Q
'
F

P
0
P

   


Q
P

 
0
0
0

 ,t ne sera une bonne approximation du vecteur que si Q0 est proche de

P0. Dans la suite, nous considérons que les points P0 et Q0 sont infiniment proches, soit :
y
P
Q
O
Q
O
P

x
Δ
x
P
Q
'
d
x Y

       


Q Q
P P

 
0
0

 dX ,  . Si l’on pose (Figure 5)      et


X
d
X

     


O
Q

O
P

0 0 0 0   , l’équation (3) devient :

    
 
x  dx   dX dX (7)
P d
Q x

P
Q
'

Δ
x

  
Confondre le vecteur avec revient donc à approcher l’accroissement de la fonction
Φ
X

  
( , t ) par le vecteur .

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.196 -

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.197 -

II. TENSEUR DES DEFORMATIONS DE GREEN LAGRANGE


Considérons de nouveau le problème de l’indentation d’un solide par un cylindre infini
(Figure 6). Nous proposons de comparer les longueurs et les angles dans la configuration de
référence et dans la configuration actuelle. La variation de longueur dépend de l’orientation du

segment considéré dans la configuration de référence. La mesure la plus adéquate à notre problème
semble donc être le produit scalaire de deux vecteurs élémentaires. En effet, le produit scalaire tient
compte de l’orientation relative des vecteurs. Le produit scalaire d’un vecteur par lui-même permet
d’estimer les longueurs. Le produit scalaire de deux vecteurs différents permet d’estimer l’angle formé
par ces vecteurs.

-a-

-b-

Figure 6: Indentation d’un solide par un cylindre infinie. Configuration de référence et configuration
déformée.

II.1. Tenseur des dilatations


x
x

F
X
F
X

 T 
Calculons donc d .d    d  d
F
x


x

T  
d .d '  d T  T  d '
 
C
X


X


d T d '
F
C

T
Le tenseur  est appelé tenseur des dilatations de Gauchy-Green.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.198 -

tenseur des dilatations de Gauchy  Green

F
x

C
X

F

X
T   T (8)
d .d '  d T d ' 

Ce tenseur dépend de la configuration initiale et permet de calculer le produit scalaire de deux


vecteurs dans la position actuelle en fonction du produit scalaire des vecteurs correspondants dans la
configuration initiale. Comme, en tant que forme bilinéaire, il s’applique sur deux vecteurs relatifs à la

C
configuration initiale, on dira que est un tenseur lagrangien. Les composantes du tenseur sont
adimensionnelles.
C

est symétrique (i.e. égal son transposé). En effet :


C

C
F

F
F

F
F
   
T T T T T T
   
C
X

T 
La forme bilinéaire est définie positive. En effet,
F
C

d
x
F

X
   dét T   2
dét    dét  T
  2  J 2  0 et d d  0

II.2. Tenseurs des déformations de Green Lagrange


E

Le tenseur des déformations de Green-Lagrange permet de calculer le changement du

produit scalaire entre deux vecteurs dans la configuration de référence et dans la configuration
déformée :
E
d
x
d
x

T ' T ' T '


d d  2d d (9)

C’est à partir du tenseur des déformations de Green-Lagrange que l’on peut déterminer les
changements de longueurs d’un segment entre la configuration déformée et la configuration de
référence. De même pour estimer le changement d’angle entre deux vecteurs, on utilise le tenseur
des déformations de Green-Lagrange. Le tenseur de Green-Lagrange peut être calculé à partir du
tenseur des dilatations :
I
C
X

 d 

d
x
d
x

T ' T ' T T ' T '


 d d d d '_  d d d 

Tenseur des déformations de Green  Lagrange


I
C

 
E

1 (10)
 
2

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.199 -

E
Le tenseur des déformations de Green-Lagrange est symétrique comme le tenseur des dilatations

F
F
C
T T
de Cauchy-Green . Comme  , on peut exprimer le tenseur des déformations de Green-

F
Lagrange en fonction du tenseur gradient de la transformation :

Tenseur des déformations de Green  Lagrange

I
F
 
E
1 T (11)
 
2

Exprimé en fonctions des composantes dans la base R nous obtenons :

1  x p x p 
E ij     ij 

2 Xi X j 
F

E
Comme celles des tenseurs et , les composantes du tenseur sont sans dimension.

II.3. Déformation dans une direction, allongement unitaire dans une


direction, glissement de deux directions orthogonales
Nous calculons la variation de longueur d’un segment entre la configuration de référence
et la configuration actuelle par :
E
d
x
d
x

T ' T ' T '


d d  2d d soit
d
x

E
X

 
X

 2 2 T
 d  2d d
E

 dl 0 0   2dl 02  
t

t
t

 T  T 
 dl 0  2 dl 0 
2 2
dl 0 0 0
2 2
E

 dl 0
 T0 
t
t

dl 
2 0
dl 02

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.200 -

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.201 -

III. FORMULATION EN FONCTION DES DEPLACEMENTS

III.1. Tenseur gradient du déplacement et tenseur petites déformations

Figure 7: Configuration initiale C0 et actulle C(t) d’un solide avec représentation des vecteurs
déplacements.

On appelle déplacement du point matériel P à l’instant t, le vecteur


U
X

P
O
P

x
X

        X


O
P
P

 ,t 
0

   ( ,t) 

Le tenseur gradient du déplacement est défini dans la configuration de référence par


H

U
X

   U i
 grad 
   
, t  soit H ij 
X j
. (12)
X
U

 
H

Les composantes du tenseur sont adimensionnelles, car et ont la dimension d’une


H
U
X

x F
X

   
longueur. Comme   
, t  ( , t )  , le tenseur gradient du déplacement est lié au tenseur
gradient de la transformation par :
H
F
I

  (13)
A

Tout tenseur du second ordre peut s’écrire de façon unique sous la forme d’une somme d’un
A

A
A

A
A

s a s a s
tenseur symétrique et d’un tenseur antisymétrique :   . Le tenseur symétrique et
A

a
le tenseur antisymétrique sont donnés par :
A

s

1
2
  T
 et a

1
2
  T
.
H

L’application de cette décomposition sur le tenseur gradient des déplacements , permet d’introduire
ε

le tenseur petites déformations et le tenseur petites rotations :

Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.202 -

H
ε

ω

1
2
  T
 et 
1
2
  T
. (14)

En composantes dans la base R, il vient :

1  Ui U j  1  Ui U j 
 ij     et ij     (15)
2   X j  X i  2   X j  X i 

II.2. Relation entre E et 

C
Le tenseur des dilatations de Cauchy-Green peut s’écrire en fonction du tenseur
gradient des déplacements H :
C

F
F

I
 T
   HT  H   H  HT  HT H

La formule précédente permet d’exprimer le tenseur des dilatations de Cauchy-Green en fonction du


tenseur des petites déformations et tenseur gradient des déplacements
C

ε
I

 2  HT H

E
Maintenant, nous pouvons établir l’expression du tenseur des déformations de Green-Lagrange en
E

C
I

fonction du tenseur gradient des déplacements H .Comme   /2 on a


ε
C
I

1 1 T
E
2
   
2
H H (16)

La formule (16) montre qu’une approche en petites déformations est valable si le terme du second
degré H T H peut être négligé devant ( H  H T ) .

II.3. Approche de Green-Lagrange vs. approche en petites déformations

Considérons le disque d’épaisseur unitaire de la figure 8. Ce disque est soumis à du


cisaillement simple. La validité de l’approche en petites déformations dépendra de la valeur de l’angle
. En effet la transformation de voisinage s’écrit :

 U 
 x1  X 1   h  X 2
  
x2  X 2
x  X
 3 3


Mécanique des Milieux continus Elasticité


-.203 -

 0 U / h  0
1 

E
et le tenseur déformation de Green-Lagrange vaut  U / h  U / h 2 0
2 
 0 0 0

Le tenseur petites déformations vaut :

 U  
 0   0
 h 

ux

ux
ε
   T
1     1  U  
            0 0
2        2  h  
 0 0 0
 
 
E

La différence entre et réside dans le terme E22. En effet, en petites déformations, on néglige les
changements de longueurs dus aux cisaillements. Alors que dans la formulation de Green Lagrange,
un élément de longueur positionné initialement suivant l’axe x2 subit un changement de longueur :

2 2
1 0 U / h    0   U / h  
E

 dl 0
   2 0
t
t

dl 
2 T
0 0 1      0 1    U / h  2
dl 02 2  U / h  U / h 2   1   U / h  2 
  

Si U / h  1 , on considérera que ce changement de longueur est négligeable dans l’analyse


u

H

mécanique. Or ici le vecteur déplacement et le tenseur gradient des déplacements valent :

 U   U  
u1   h  x 2 0  h  0 
ux

      
  
H


u 2 0      0 0 0
u  0    
 3 0 0 0
  

Le module du tenseur gradient des déplacements vaut donc


H

U 
 
h

Et nous retrouvons la condition de validité de l’approche en petites déformations, i.e.


H

1 (15)

Mécanique des Milieux continus Elasticité


- 204 -

Mécanique des Milieux continus Elasticité


- 205 -

Annexe 2 :
Le cercle de Mohr
en
trois dimensions

Mécanique des Milieux continus Elasticité


- 206 -

3
2

1 3
3 2 3

2  2   2
1 2 3 2 1
3 
1 3
 
3 3 2 3

2  2 2
1 2 
1
3 3

Figure 1 : Solide chargé par une distribution de forces externe avec représentation des contraintes
principales.

 
3 3 
1

  n
T n
T ( n)
    T t 
2 2 T ( n) 2

T t n
T n

 
1 1 
3

-a- -b-
Figure 2 : Contraintes normale et tangentielle sur des facettes différentes au même point de l’espace
physique.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


- 207 -

Considérons un solide soumis à un chargement quelconque (Figure 1). Supposons qu’en


chaque point du solide, nous connaissons la valeur des contraintes principales ainsi que l’orientation

des facettes principales. En un point donné du solide (figure 2), considérons différentes facettes. Soit
T
n

n
    
( )  T n  T t le vecteur contrainte agissant sur la facette perpendiculaire au vecteur . Nous

déterminons la variation des composantes T n et T t du tenseur des contraintes en fonction de la

facette considérée. Les composantes T n et T t du tenseur des contraintes doivent satisfaire 3

équations.

T
n
 
 Expression du vecteur contrainte ( ) en fonction des contraintes principales

Dans le trièdre principal, le tenseur des contraintes prend la forme (en notation matricielle) :

1 0 0   n1 
σ

n

  0  2 0    n 2 
 0 0  3  n 3 

soit en notation vectorielle:


σ

e
e e

e
e

 T  T  T 1  1 0 0 
 1 1 1  2 2 2  3
e
e

 T
 0  1 0 0  0 0 0 
 
3 3

e
e
n

    1 1
 n1 1  n 2 2  n 3 3
0  0 0 0 
e
e
e

 T 
1 1 est le produit dyadique du vecteur1 par lui-même. L’écriture matricielle et la définition du
T
n

 
tenseur de Cauchy, permettent de calculer ( ) comme suit :

1 0 0   n1   1n1 
T
n
σ
n

     
( )  .  0  2 0   n 2    2n 2 
  
 0 0  3  n 3    3n 3 

 
L’écriture vectorielle permet de calculer T ( n ) comme suit :
T
n

σ
n

e
e

 
e

         
( )  .  1 1 1T  2 2 T2   3 3 T3   n1 1  n 2 2  n 3 3
  
e

e
T
n

    
( )  1 n1 1   2 n 2 2   3 n 3 3
 
T
n
T
n

   
e


En notation indicielle le vecteur contrainte ( ) s’écrit donc ( )   j n j j

 Expression de la contrainte normale T n et de la contrainte de cisaillement T t en


fonction des contraintes principales
n


T
n

T
n

   
La composante T n de ( ) suivant la normale s’obtient en multipliant ( ) par , soit

Mécanique des Milieux continus Elasticité


- 208 -

e
T
n

e
T  

n
  T   
T n  ( )   n1 1T  n 2 T2  n 3 3  1 n1 1   2 n 2 2   3 n 3 3
   

2 2 2
T n  n1 1  n 2 2  n3 3

T
n
 
Le module du vecteur contrainte ( ) peut s’écrire sous la forme suivante
T
n

  2
( )  n12 12  n 22  22  n 32  32  n 2j  2j

T
n
 
Or le module du vecteur contrainte ( ) peut aussi s’écrire sous la forme suivante :
T
n

  2
( )  T n2  T t2 donc n12 12  n 22  22  n 32  32  n 2j  2j  T 2n  T t2 .

 Valeurs admissibles de T n et T t en fonction des contraintes principales


Les valeurs des composantes de la normale doivent satisfaire le système suivant :

 n 2  2  n 2  2  n 2  2  T 2  T 2
 1 1 2 2 3 3 n t
2 2 2
n
 1 1   n 
2 2  n 
3 3  Tn 
 2 2 2
 n1  n 2  n 3  1

La solution du système précédent s’obtient facilement, si l’on prend comme variables les carrés des
composantes de la normale :

 2  22  32   2 2  n 2
 1   T n  T t    1 
A
x
b
A

 
   1  2  3  T n   n 2
2
  1   2
1 1 1
   n 3 
 

La solution peut se mettre sous forme d’une permutation circulaire :


 n2  n  2
T    2 T n   3  T t
 1
  
1   2 1   3 

 
 2 T n   3 T n  1  T t
 n2 
2
 (11)


 
 2  1  2   3 
   2
T   1 T n   2  T t
 n2  n 
 3
  
 3  1  3   2 
 Cas de trois contraintes principales différentes

Mécanique des Milieux continus Elasticité


- 209 -

Supposons que les trois contraintes principales sont différentes et classons-les suivant leurs valeurs

1   2   3 . Les formules (11) et la positivité des carrés des composantes de la normale permettent
d’écrire :


 n 2 
 T    T     T 2  0
n 3 t 


 
 2

 T n   3 T n  1  T t  0 (12)


 Tn 1 
    T n    T 2  0
2 t 
Comme en deux dimensions, plaçons nous dans l’espace des contraintes tangentielles T t et des
contraintes normales T n . L’axe horizontal correspond aux contraintes normales T n et l’axe vertical

aux contraintes tangentielles T t . Sur les facettes principales, le cisaillement est nul. Ces facettes
sont donc représentées par les points  1,0 ,   2,0 et   2,0 respectivement. Les équations (12)

 
correspondent à des inégalités dans l’espace T n , T t . Ces équations délimitent donc trois domaines

admissibles pour les composantes T n et T t du vecteur contrainte T n .

 
  
      2   3     2   3        2   3     2   3    T 2  0
T
 n  T
2   2  n  2   2  t
         
  R 23 c 23 

 
 
     3  1    3  1       3  1    3  1  

 T n             T t2  0
2   2   T n  2   2 
         
 
 R13 c13
 
 
   1   2   1   2     1   2   1   2  


 T n       T       T t2  0
2   2   n  2   2 
         
  R12 c12 

En définissant les grandeur R12, R13 ,R23 , c12, c13 et c23 comme ci-dessus, les équations précédentes
peuvent se mettre sous la forme

T n  R 23  c 23T n  R 23  c 23  T 2  0


 t

T n R13 c13T n R13 c13 T t  0


2
      
 
T n  R12  c12 T n  R12  c12   T t  0
 2

soit

Mécanique des Milieux continus Elasticité


- 210 -

C : T   c  2  T 2  R 2
 23 n 23 t 23
 2
C13: T n  c13  T t  R13
 2 2
(13)
 2
C12 : T n  c12   T t  R12
2 2

Ces trois équations correspondent à des inégalités sur des cercles. Le vecteur contrainte est extérieur
au cercle C23 construit sur les deux contraintes principales les plus petites (2 et 3), intérieur au

cercle C13 construit sur la plus grande (1) et la plus petite contrainte principale (3) et extérieur au
cercle C12 construit sur la contrainte principale maximale (1) et la contrainte intermédiaire (2). Le
domaine admissible pour le vecteur contrainte est représenté sur la figure 14 en hachuré.

  T t

R13

R23 R12
  T n
c 23 c13 c12

2 1
3

Figure 3 : Cercle de Mohr dans le cas 1 > 2 > 3. Le domaine admissible du vecteur contrainte est
représenté en hachuré.

 Cas de deux contraintes principales identiques


Dans le cas où deux contraintes principales sont identiques, on se ramène à un cercle de Mohr unique
comme pour dans le cas des contraintes planes.

Mécanique des Milieux continus Elasticité


- 211 -

Références bibliographiques :
livres ou cours en libre accès sur internet
Cours en français
http://www.mmaya.fr/PDF/MMCWeb.pdf
http://catalogue.polytechnique.fr/Files/EXT_0962_X.pdf
http://www.imprimerie.polytechnique.fr/Editions/Files/p_T1.pdf
http://freddy.univ-tln.fr/enseignement/MMC.pdf
http://www.chireux.fr/mp/cours/mecanique_milieux_continus.pdf
http://mms2.ensmp.fr/mmc_paris/poly/MMC.pdf
cours en anglais
http://www.math.odu.edu/~jhh/part1.PDF
http://www.math.odu.edu/~jhh/counter2.html
http://www.me.berkeley.edu/ME280B/notes.pdf
http://solidmechanics.org/contents.htm
http://esag.harvard.edu/rice/

Grands classiques
1. L. D. LANDAU and E. M. LIFSHITZ THEORY OF ELASTICITY
INSTITUTE OP PHYSICAL PROBLEMS, U.S.S.B. ACADEMY OF SCIENCES
Volume 7 of Course of Theoretical Physics
PERGAMON PRESS Oxford • New York • Toronto Sydney • Paris • Braunschweig
2. A. E. GREEN J. E. ADKINS LARGE ELASTIC DEFORMATIONS AND NON-LINEAR
CONTINUUM MECHANICS, OXFORD AT THE CLARENDON PRESS 1960
3. MORTON E. GURTIN An Introduction to Continuum Mechanics 1981 ACADEMIC
PRESS, ISBN 0-12-309750-9
4. A. E. H. LOVE, A TREATISE ON THE MATHEMATICAL THEORY OF ELASTICITY NEW
YORK DOVER PUBLICATIONS 1944
5. Omri Rand Vladimir Rovenski, Analytical Methods in Anisotropic Elasticity with Symbolic
Computational Tools, Birkhäuser, Boston • Basel • Berlin, ISBN 0-8176-4372-2
6. J.R. Barber : Elasticity in SOLID MECHANICS AND ITS APPLICATIONS Volume 107n,
Series Editor: G.M.L. GLADWELL, KLUWER ACADEMIC PUBLISHERS, ISBN: 1-4020-
0966-6
7. Otto T. Bruhns Advanced Mechanics of Solids, Springer-Verlag Berlin Heidelberg
NewYork, ISBN 3-540-43797-5
8. Y. C. FUNG FOUNDATIONS OF SOLID MECHANICS, 1965, Prentice-Hall
9. Jean Salençon Mécanique des milieux continus (tomes 1,2), 1988, éd. MARKETING,
ISBN 2-7298-8863-2
10. S.P. Timoshenko, Résistance des Matériaux, DUNOD, ISBN-204-010268-X
11. Charles Massonet, Serge Cescotto, Mécanique des matériaux, 1992, De Boeck&Larcier
s.a., ISBN 2-8041-2021-X
12. E. J. HEARN, MECHANICS OF MATERIALS 2, An Introduction to the Mechanics of
Elastic and Plastic Deformation of Solids and Structural Materials, Butterworth-
Heinemann, ISBN 0 7506 3266 6

Mécanique des Milieux continus Elasticité


- 212 -

Mécanique des Milieux continus Elasticité

Vous aimerez peut-être aussi