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RAPPORT D’ACTIVITÉ

2021

Des manifestants soudanais lancent des grenades lacrymogènes contre les forces de sécurité dans la capitale Khartoum, le 19 mai 2022,
lors d'une manifestation appelant à un régime civil et dénonçant l'administration militaire. © AFP
Afghan women stage "silent protest" for their education rights
KABOUL, AFGHANISTAN - 19 SEPTEMBRE : des femmes afghanes tiennent des banderoles et se scotchent la bouche alors qu'elles se
rassemblent pour organiser une "manifestation silencieuse" pour leurs droits à l'éducation à l'entrée du centre commercial en face du
ministère de l'Éducation, à Kaboul, en Afghanistan, le 19 septembre 2021. Bilal Guler / Anadolu Agency via AFP

RAPPORT D’ACTIVITÉ
2 021
04 Nos fondamentaux
06 Notre Fédération
08 Les 192 organisations membres
10 Le Bureau international
11 Priorité soutenir les défenseur·es des droits humains
22 Priorité favoriser un environnement propice à la démocratie et aux libertés
37 Priorité promouvoir les droits des femmes
42 Priorité combattre les discriminations et les violences fondées
sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre

45 Priorité promouvoir les droits des personnes migrantes


48 Priorité combattre l'impunité et protéger les populations face
SOMMAIRE

aux crimes les plus graves

65 Priorité promouvoir le respect des droits humains par les acteurs


économiques

75 Rapport financier 2021
77 Remerciements
NOS FONDAMENTAUX

Notre mandat : la protection de tous les droits

La FIDH est une ONG internationale qui défend les droits humains - civils,
politiques, économiques, sociaux et culturels - tels qu'énoncés dans la Déclaration
universelle des droits humains.

Notre engagement : trois piliers d'action

La FIDH agit en concertation avec ses organisations membres et partenaires. Ses


actions reposent sur trois piliers stratégiques : la garantie de la liberté et de la
capacité d'action des défenseur·es des droits humains, l'universalité des droits et
leur mise en œuvre effective.

Notre principe directeur : la responsabilité de tous

Le travail de la FIDH s'adresse aux États en tant que premiers garants des droits
humains. Il s'adresse également aux acteurs non étatiques tels que les groupes
armés et les sociétés multinationales. La FIDH s'engage à faire en sorte que les
auteurs individuels de crimes internationaux répondent de leurs actes par le biais
du système de justice pénale internationale.

L'éthique de la FIDH : indépendance et objectivité

La FIDH est une organisation non partisane, non confessionnelle, à but non lucratif.
Le siège de son Secrétariat international est établi en France. La FIDH y est une
ONG reconnue. Indépendance, expertise et objectivité sont les gages de sa
crédibilité. La FIDH protège ses valeurs en agissant en toute transparence.

Interaction : présence locale et action mondiale

En tant que mouvement fédéral, la FIDH fonctionne sur la base d'une interaction
avec ses organisations membres. Elle combine expérience et connaissance du

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terrain avec expertise en matière de droit international, de mécanismes de
protection et d'organes intergouvernementaux. Cette combinaison unique se traduit
par des actions conjointes entre la FIDH et ses organisations membres à l ‘échelle
nationale, régionale et internationale pour remédier aux violations des droits
humains et consolider les processus de démocratisation. Cette expertise confère à
la FIDH une grande représentativité et une grande légitimité.

Notre système de gouvernance : universalité et transparence

La structure et le fonctionnement de la FIDH placent ses organisations membres au


cœur du processus de décision et reflètent ses principes de gouvernance.

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NOTRE FEDERATION
 
 
Le Congrès

• Il est composé des organisations membres de la FIDH : 192 à l'issue du


Congrès de la FIDH qui s’est réuni à Taipei en 2019 ;
• il se réunit tous les trois ans ;
• il est l’occasion de débattre des priorités thématiques et géographiques de
la FIDH et de décider des orientations politiques de la fédération.

Le Bureau international

• Il compte vingt-deux membres bénévoles issus des organisations membres


de la FIDH et élus par le congrès : le/la président·e, le/la trésorier·e, quinze
vice-président·es et cinq secrétaires généraux/générales ;
• il fixe les orientations et objectifs stratégiques principaux, dans le cadre des
orientations politiques définies par le congrès. Il approuve les comptes
annuels de la FIDH ;
• il se réunit trois fois par an et fait rapport au Congrès.

Le Bureau exécutif

• Il est composé du/de la président·e, du/de la trésorier·e, des cinq


secrétaires généraux/générales et de cinq secrétaires généraux/générales
adjoint·es ;
• il prépare l’organisation des Bureaux internationaux ;
• il se réunit une fois par mois et fait rapport au Bureau international.

Le Secrétariat international

• Basé à Paris, il est composé d'une équipe de professionnels dirigée par


un/une directeur/directrice général·e et un/une directeur/directrice général·e
adjoint·e, qui siègent avec voix consultative au Bureau international et au
Bureau exécutif.

• Les équipes sont structurées par régions, par priorités thématiques et en


délégations. Le Secrétariat international dispose de délégations
permanentes auprès des Nations unies à Genève, auprès de l'Union
européenne à Bruxelles, auprès de la Cour pénale internationale à La Haye.

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Il dispose d'un bureau régional à Tunis et de bureaux de liaison avec les
organisations membres à Abidjan et Bamako. Le Secrétariat compte
également un département « Communication », un département
« Recherche de fonds », un département « Ressources Humaines et
Techniques » et un département « Administration et Finances ».

• En contact permanent avec les acteurs de terrain, le Secrétariat international


met en œuvre les décisions prises par les instances politiques de la FIDH,
en lien avec les organisations membres, les chargé.es de mission, les
membres du Bureau international et du Bureau exécutif.

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192 ORGANISATIONS MEMBRES
 
 
AFGHANISTAN, Armanshahr/Open Asia / ALBANIA, Albanian Human Rights Group (AHRG) / ALGERIA, Collectif
des familles de disparu(e)s en Algérie (CFDA) / ALGERIA, Ligue Algérienne de défense des droits de l’homme (LA
DDH) /ANGOLA, Associação Justiça Paz e Democracia (AJPD) / ARGENTINA, Centro De Estudios Legales y
Sociales (CEL S)/ ARGENTINA, Comité De Acción Jurídica (CAJ) / ARGENTINA, Liga Argentina Por Los Derechos
Del Hombre (LA DH) / ARMENIA, Civil Society Institute (CSI) / AUSTRIA, Osterreichische Liga Fur
Menschenrechte (OLFM) /Azerbaidjan, Human Rights club (HRC) / BAHRAIN, Bahrain Center For Human Rights
(BCHR) / BAHRAIN, Bahrain Human Rights Society (BHRS) / BANGLADESH, Odhikar / BELARUS, Human Rights
Center Viasna / BELGIUM, Liga Voor Menschenrechten (LVM) / BELGIUM, Ligue Des Droits De L’Homme –
Belgique / BOLIVIA, Asamblea Permanente De Derechos Humanos De Bolivia (APDHB) / BOTSWANA, The
Botswana Centre For Human Rights – Ditshwanelo / BRAZIL, Justiça Global (CJG) / BRAZIL, Movimento
Nacional De Direitos Humanos (MNDH) / BURKINA FASO, Mouvement Burkinabé Des Droits De L’Homme Et Des
Peuples (MBDHP) / BURUNDI, Ligue Burundaise Des Droits De L’Homme (Iteka) / CAMBODIA, Cambodian
Human Rights And Development Association (ADHOC) / CAMBODIA, Ligue Cambodgienne De Défense Des
Droits De L’Homme (LICADHO) / CAMEROON, Maison Des Droits De L’Homme (MDH) / CANADA, Canadian
Centre for International Justice (CCIJ) / CANADA, Ligue Des Droits Et Des Libertés Du Québec (LDL) / CENTRAL
AFRICAN REPUBLIC, Ligue Centrafricaine Des Droits De L’Homme (LCDH) / CENTRAL AFRICAN REPUBLIC,
Observatoire Centrafricain des Droits de l’Homme (OCDH) /CENTRAL AFRICAN REPUBLIC, Observatoire
Centrafricain des Droits de l’Homme (OCDH) / CHAD, Association Tchadienne Pour La Promotion Et La Défense
Des Droits De L’Homme (ATPDH) / CHAD, Ligue Tchadienne Des Droits De L’Homme (LT DH) / CHILE,
Corporacion De Promocion Y Defensa De Los Derechos Del Pueblo (CODEPU ) / CHILE, Observatorio Cuidadano
/ CHINA, China Labour Bulletin (CLB) / CHINA, Human Rights In China (HRIC) / CHINA (TIBET ), International
Campaign For Tibet (ICT) / COLOMBIA, Comite Permanente Por La Defensa De Los Derechos Humanos (CPDH) /
COLOMBIA, Corporacion Colectivo De Abogados José Alvear Restrepo (CCAJAR) / COLOMBIA, Instituto
Latinoamericano De Servicios Legales Alternativos (ILSA) / COLOMBIA, Organización Femenina Popular (OFP) /
CONGO, Observatoire Congolais Des Droits De L’Homme (OCDH) / CROATIA, Civic Committee For Human Rights
(CCHR) / CUBA, Comision Cubana De Derechos Humanos Y Reconciliacion National (CCHDN) / CZECH
REPUBLIC, Human Rights League (HRL ) - Liga Lidskych Prav / DEMOCRATIC REPUBLIC OF CONGO, Association
Africaine Des Droits De L’homme (ASADHO) / DEMOCRATIC REPUBLIC OF CONGO, Groupe Lotus /
DEMOCRATIC REPUBLIC OF CONGO, Ligue Des Électeurs (LE) / DJIBOUTI, Ligue Djiboutienne Des Droits
Humains (LDDH) / DOMINICAN REPUBLIC, Comisión Nacional De Los Derechos Humanos Inc (CNDHRD) /
ECUADOR, Acción Ecológica / ECUADOR, Comisión Ecuménica De Derechos Humanos (CEDHU) / ECUADOR,
Fundación Regional De Asesoria En Derechos Humanos (INRE DH) / EGYPT, Cairo Institute For Human Rights
Studies (CIHRS) / EGYPT, Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR ) / EGYPT, Human Rights Association For
The Assistance Of Prisoners (HRAAP) / EL SALVADOR, Comision De Derechos Humanos Del Salvador (CDHES) /
ETHIOPIA, Human Rights Council (HRCO) / EUROPE, Association Européenne Pour La Défense Des Droits De
L’Homme (AEDH) / FINLAND, Finnish League For Human Rights (FLHR) – Ihmisoikeusliitto / FRANCE, Ligue Des
Droits De L’Homme (LDH) / FRANCE (FREN CH POLYNESIA), Ligue Polynésienne Des Droits Humains (LPDH) /
France (NEW CALEDONIA), Ligue Des Droits Et Du Citoyen De Nouvelle Calédonie (LDHNC) / GEORGIA, Human
Rights Center (HRIDC) / GERMANY, Internationale Liga Fur Menschenrechte (ILMR) / GREECE, Hellenic League
For Human Rights (HLHR) / GUATEMALA, Centro De Acción Legal En Derechos Humanos (CALDH) / GUINEA-
BISSAU, Liga Guineense Dos Direitos Humanos (LG DH) / GUINEACONAKRY, Mêmes droits pour tous (MDT) /
GUINEACONAKRY, Organisation Guinéenne De Défense Des Droits De L’Homme Et Du Citoyen (OGDH) / GULF,
Gulf Center for Human Rights (GCHR) / HAITI, Solidarite Fanm Ayisyèn (SOFA) / HAITI, Centre Oecumenique Des
Droits Humains (CEDH) / HAITI, Réseau National De Défense Des Droits De L’Homme (RN DDH) / HONDURAS,
Centro De Investigación Y Promoción De Los Derechos Humanos (CIPRO DEH) / HONDURAS, Comité de
Familiares de Detenidos Desaparecidos en Honduras (COFADEH) / Hungary , Hungarian Helsinki Committee
(HHC) / INDIA, Association of Parents of Disappeared Persons (AP DP) / INDIA, Commonwealth Human Rights
Initiative (CHRI) / INDIA, People’s Watch / INDONESIA, KontraS / IRAN, Defenders Of Human Rights Center In
Iran (DHRC) / IRAN, Justice for Iran (JFI) / IRAN, Ligue Pour La Défense Des Droits De L’Homme En Iran (LDDHI)
/ IRELAND, Free Legal Advice Centres Limited (FLA C) / IRELAND, Irish Council For Civil Liberties (ICCL) /
ISRAEL, Adalah / ISRAEL, Association For Civil Rights In Israel (ACRI) / ISRAEL, B’tselem / ISRAEL, Public

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Committee Against Torture In Israel (PCAT I) / ITALY, Lega Italiana Dei Diritti Dell’uomo (LIDU) / ITALY, Unione
Forense Per La Tutela Dei Diritti Dell’uomo (UFTDU) / IVORY COAST, Ligue Ivoirienne Des Droits De L’homme
(LIDHO) / IVORY COAST, Mouvement Ivoirien Des Droits Humains (MIDH) / JAPAN, Center For Prisoners’ Rights
(CPR ) / JORDAN, Amman Center For Human Rights Studies (ACHRS) / KAZAKHSTAN, International Legal
Initiative (ILI) / KAZAKHSTAN, Kazakstan International Bureau for Human Rights and Rule of Law (KIBHR) /
KENYA, Kenya Human Rights Commission (KHRC) / KUWAIT, Human Line Organisation (HLO ) / KYRGYZSTAN,
Human Rights Movement (Bir Duino-Dyrgyzstan) / KYRGYZSTAN, Kylym Shamy / KYRGYZSTAN, Legal Clinic
Adilet / LAOS, Mouvement Lao Pour Les Droits De L’Homme (MLDH) / LATVIA, Latvian Human Rights
Committee (LHRC) / LEBANON, Centre Libanais des Droits Humains (CLDH) / LEBANON, Palestinian Human
Rights Organization (PHRO) / LIBERIA, Regional Watch For Human Rights (LWHR) / LIBYA, Human Rights
Association for Recording and Documenting War Crimes and Crimes Against Humanity / LIBYA, Libyan League
For Human Rights (LLH) / LITHUANIA, Lithuanian Human Rights Association (LHRA ) / MALAYSIA, Suara Rakyat
Malaysia (Suaram) / MALDIVES, Maldivian Democracy Network (MDN) /MALI, Association Malienne Des Droits
De L’Homme (AMDH) / MAURITANIA, Association Mauritanienne Des Droits De L’Homme (AMDH) / MEXICO,
Comision Mexicana De Defensa Y Promocion De Los Derechos Humanos (CMDPDH) / MEXICO, IDHEAS, Litigio
Estratégico en Derechos Humanos (IDHEAS) / MEXICO, Liga Mexicana Por La Defensa De Los Derechos
Humanos (LIMEDDH) / MOLDOVA, Promo-LEX / MOROCCO, Association Démocratique des Femmes du Maroc
(ADFM) / MOROCCO, Association Marocaine Des Droits Humains (AMDH) / MOROCCO, Organisation Marocaine
Des Droits De L’Homme (OMDH) / MOZAMBIQUE, Liga Mocanbicana Dos Direitos Humanos (LMDDH) /
Myanmar , Altsean Burma / Myanmar , Myanmar Alliance for Transparency and Accountability (MATA ) /
Myanmar , Women Peace Network (WPN) / NICARAGUA, Centro Nicaraguense De Derechos Humanos (CEN IDH)
/ NIGER, Association Nigerienne Pour La Défense Des Droits De L’Homme (ANDDH) / NIGERIA, Civil Liberties
Organisation (CLO ) / NORTHERN IRELAND, Committee On The Administration Of Justice (CAJ) / NORWAY,
Norwegian Helsinki Committee (NHC) / PAKISTAN, Human Rights Commission Of Pakistan (HRCP) /
PALESTINE, Al Haq / PALESTINE, Al Mezan Center for Human Rights (Al Mezan) / PALESTINE, Palestinian
Centre For Human Rights (PCHR) / PALESTINE, Ramallah Centre For Human Rights Studies (RCHRS) /
PANAMA, Centro De Capacitación Social De Panamá (CCS) / PERU, Asociacion Pro Derechos Humanos (APRO
DEH) / PERU, Centro De Derechos Y Desarrollo (CEDAL ) / PERU, Equidad / PHILIPPINES, Philippine Alliance Of
Human Rights Advocates (PA HRA) / POLAND, Helsinki Foundation for Human Rights (HFHR) / POLAND, Polish
Society of Anti- Discrimination Law (PSAL) / PORTUGAL, Liga Portuguesa dos Direitos Humanos - CIVITA S /
ROMANIA, The League For The Defense Of Human Rights (LA DO) / RUSSIA, Anti- Discrimination Center
Memorial (ADC Memorial) / RUSSIA, Citizens’ Watch (CW) / RUSSIA, Memorial HRC – Moscow / RWANDA,
Association Rwandaise Pour La Défense Des Droits De La Personne Et Des Libertés Publiques (ADL) / RWANDA,
Ligue Rwandaise Pour La Promotion Et La Défense Des Droits De L’Homme (LIPRODHOR) / Saudi Arabia , Alqst
(Alqst) / SENEGAL, Ligue Sénégalaise des Droits
Humains (LSDH) / SENEGAL, Organisation Nationale Des Droits De L’Homme (ONDH) / SENEGAL, Rencontre
Africaine Pour La Défense Des Droits De L’Homme (RADDHO) / SOUTH AFRICA, Lawyers for human rights (LHR)
/ SOUTH KOREA, People’s Solidarity for Participatory Democracy (PSPD) / SPAIN, Asociacion Pro Derechos
Humanos De Espana (APDHE) / SPAIN, Federacion De Asociaciones De Defensa Y Promocion De Los Derecho
(FDDHH) / SUDAN, African Center For Justice And Peace Studies (ACJPS) / SUDAN, Sudan Human Rights
Monitor (SUHRM) / SWITZERLAND, Ligue Suisse Des Droits De L’homme (LSDH) / SYRIA, Al Marsad / SYRIA,
Damascus Center For Human Rights Studies (DCHRS) / SYRIA, Syrian Center for Media and Freedom of
Expression (SCM) / TAIWAN, Covenants Watch Taiwan (CWT) / TAIWAN, Taiwan Association For Human Rights
(TA HR) / TAJIKISTAN, Tajik “Bureau on Human Rights and Rule of Law” (BHR) / TANZANIA, The Legal And
Human Rights Centre (LHRC) / THAILAND, Internet Law Reform Dialogue (iLaw) / THAILAND, Manushya
Foundation (Manushya) / THAILAND, Thai Lawyers for Human Rights (TLHR) / THAILAND, Union For Civil
Liberties (UCL) / THE NETHERLANDS, Liga Voor De Rechten Van De Mens (LVRM) / TOGO, Ligue Togolaise Des
Droits De L’Homme (LT DH) / TUNISIA, Association Tunisienne Des Femmes Démocrates (ATFD) / TUNISIA,
Doustourna / TUNISIA, Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) / TUNISIA, Ligue
Tunisienne Des Droits De L’Homme (LT DH) / TURKEY, Human Rights Foundation Of Turkey (HRFT) / TURKEY,
Insan Haklari Dernegi (IHD) Ankara / TURKEY, Insan Haklari Dernegi (IHD) Diyabakir / UGANDA, Foundation For
Human Rights Initiative (FHRI) / UKRAINE, Center for Civil Liberties (CLC) / UNITED STATES OF AMERICA,
Center For Constitutional Rights (CCR) / UNITED STATES OF AMERICA, Center For Justice & Accountability
(CJA) / UZBEKISTAN, Human Rights Society Of Uzbekistan (HRSU) / Venezuela , Programa Venezolano de
Educación – Acción en Derechos Humanos (PROVEA ) / VIETNAM, Comité Vietnam Pour La Défense Des Droits
De L’Homme (CVDDH) / YEMEN, Mwatana (Mwatana) YEMEN, Sisters’ Arab Forum For Human Rights (SAF) /
ZIMBABWE, Zimbabwe Human Rights Association (Zimrights)

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BUREAU INTERNATIONAL

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PRIORITE

SOUTENIR LES DEFENSEUR·ES DES DROITS


HUMAINS

ANALYSE DES PROGRES REALISES EN 2021 A LA LUMIERE


DES OBJECTIFS ET DES DEFIS

L'une des principales tendances dont ont souffert les mouvements de défense des
droits humains et les défenseur·es des droits humains dans le monde en 2021 a été,
et demeure, le champ d’action de plus en plus étroit de la société civile, qui s’accroit
partout dans le monde, tant dans les pays autoritaires que dans les pays autrefois
démocratiques. L’année 2021 a été marquée par une crise sans précédent et par
des attaques généralisées contre les défenseur·es des droits humains et leurs
organisations dans des pays tels que le Bélarus, l'Afghanistan, la Russie, la
Palestine, la Turquie et le Nicaragua, pour n'en citer que quelques-uns. C'est dans
ce contexte de plus en plus courant que les menaces ciblées et mortelles proférées à
l'encontre des défenseur·es des droits humains ont augmenté de manière
exponentielle, en représailles évidentes à leur travail et à leur soutien aux droits
humains.

Les États ont également continué à avoir recours à des lois répressives et à des
tribunaux inféodés pour mettre hors la loi, arrêter et détenir des défenseur·es des
droits humains dans toutes les régions, dans le but de les réduire au silence. Parmi
ces défenseur·es figurent des avocat·es spécialisé·es dans les droits humains, des
défenseur·es de la liberté d'expression, des défenseur·es des populations
autochtones, de la terre et de l'environnement, des défenseur·es des droits des
personnes migrantes, des défenseur·es des droits des femmes, des défenseur·es
des droits des personnes LGBTQI+, des syndicalistes et autres militant·es.

De nombreux États, sur tous les continents, ont continué à utiliser la crise de la
COVID-19 pour accroître arbitrairement leurs prérogatives, conserver le pouvoir,
contrôler leurs populations, réduire les droits fondamentaux et supprimer les voix
critiques et le champ d’action de la société civile. Plus généralement, divers motifs
juridiques ont été mis en avant pour réduire les droits à la liberté d'association et de
réunion pacifique, et les organisations de défense des droits humains ont été

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   11  


particulièrement ciblées de telle sorte qu’elles ne peuvent poursuivre leur travail
légitime. Les défenseur·es des droits humains et les groupes de défense des droits
ont continué de faire l'objet de toutes sortes de harcèlement, en ligne et hors ligne, et
notamment d’un harcèlement administratif et judiciaire, qui se traduit souvent par des
arrestations et des détentions arbitraires. Dans certains cas, les États ont utilisé leur
législation antiterroriste contre la société civile et les défenseur·es des droits
humains, comme en Palestine, en Turquie et en Égypte.

Dans le cadre des programmes de l'Observatoire pour la protection des défenseurs


des droits de l’Homme et de ProtectDefenders.eu, la FIDH et ses organisations
membres ont répondu à ces défis avec un double objectif : protéger les défenseur·es
des droits humains dans les situations d'insécurité, en ligne et hors ligne, et les
protéger notamment contre la détention arbitraire et le harcèlement, et renforcer la
capacité des défenseur·es des droits humains à agir.

L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme : depuis


1997, la FIDH travaille en collaboration avec l’Organisation mondiale contre la torture
(OMCT) pour mener un large éventail d'actions de défense des défenseur·es des
droits humains, dans le cadre d’un partenariat unique : l’Observatoire pour la
protection des défenseurs des droits de l'Homme.

ProtectDefenders.eu : depuis 2015, la FIDH fait partie d'un consortium de 12 ONG


internationales et régionales qui ont pour objectif de renforcer leur coordination et
leur complémentarité dans le soutien et l'assistance urgente aux défenseur·es
menacé·es à travers le monde.

I. PROTECTION DES DÉFENSEUR·ES DES DROITS HUMAINS

Alertes - Les alertes sont l'un des principaux outils de protection utilisés par
l'Observatoire pour la protection des défenseur·s des droits humains. Elles consistent
à tirer la sonnette d'alarme sur les cas d'insécurité et de répression des défenseur·es
afin de mobiliser les décideur·es et les leviers potentiels pour mettre un terme à ces
situations. En 2021, la FIDH a publié 367 alertes (appels urgents, communiqués de
presse et lettres ouvertes aux autorités), portant sur 65 pays. Nombre de ces alertes
ont été suivies d'un plaidoyer ciblé visant à mobiliser les mandats de protection de
l'UE et de l'ONU pour demander la fin du harcèlement et la libération des
défenseur·es des droits humains, dont certain·es sont détenu·es depuis des mois,
voire des années (voir impacts ci-dessous). Ces alertes ont directement contribué à
l'adoption de 7 résolutions par le Parlement européen (Vietnam, Iran, Afghanistan,
Émirats arabes unis, Bélarus, Cuba, Russie), et à la rédaction d’au moins 19
déclarations des rapporteurs spéciaux de l'ONU appelant à protéger et à faire cesser

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   12  


le harcèlement des défenseur·es des droits humains en danger (Israël, Cambodge,
Guatemala, Kazakhstan, Turquie, Égypte, Ouzbékistan, Philippines, Inde, Pérou,
Maroc, Bahreïn).

Suite aux procès organisés par les autorités russes pour dissoudre l’organisation
Mémorial international et le Centre Mémorial de défense des droits humains (HRC) (ce
dernier étant une organisation membre de la FIDH) les 8 et 12 novembre
respectivement, la FIDH a publié 6 déclarations et appels urgents condamnant la
décision de fermer deux des plus importantes organisations de la société civile qui
défendent les droits humains et travaillent à perpétuer la mémoire des victimes de la
répression soviétique. Parmi ces alertes figurait une déclaration signée par 55 des
organisations membres de la FIDH qui se sont montrées solidaires des deux
organisations « Mémorial ». La FIDH a également organisé la retransmission en direct
des audiences contre les deux organisations, avec la traduction en anglais des débats.
Ces retransmissions sur Twitter ont enregistré environ 5000 vues.

Campagne #FreeViasna - En septembre 2021, la FIDH et 23 ONG internationales


et bélarusses ont lancé une campagne mondiale #FreeViasna
(https://belarus.fidh.org/freeviasna) pour demander la libération de 7 membres du
Centre de défense des droits humains, Viasna, l'organisation membre de la FIDH au
Bélarus. Parmi ces membres incarcérés, on compte le vice-président de la FIDH
Valiantsin Stefanovic et l'ancien vice-président Ales Bialiatski. La campagne
comprenait l'organisation de manifestations et de piquets individuels à Paris, Kiev,
Helsinki, Vilnius et d'autres capitales, des publications sur les réseaux sociaux avec
des photos des prisonniers et prisonnières politiques, la diffusion de l’hashtag
#FreeViasna et l’envoi de courriers aux prisonniers et prisonnières politiques et aux
diplomates. La campagne a été vue par plus de 17 millions de personnes dans le
monde.

Missions d’observation dans le cadre des procédures judiciaires et procès


inéquitables organisés contre les défenseur·es - Face à l'utilisation et à la
manipulation des systèmes juridiques dans le but d’entraver ou de criminaliser les
actions des défenseur·es, et dans un contexte de procès pénaux à caractère
politique, la FIDH organise des missions d'observation de procès. Ces missions ont
plusieurs objectifs : fournir une assistance juridique experte dans ces types d'affaires
infondées en soutien aux défenseur·es incriminé·es ; attirer l'attention sur ces
affaires et mobiliser la solidarité de la communauté internationale afin de garantir le
respect du droit à un procès équitable ; faire la lumière sur les violations de
procédures au niveau national et international ; et inciter les autorités concernées à
respecter et à mettre en œuvre les normes relatives aux procès équitables.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   13  


Procès observés en 2021 :
- Thaïlande : 23 personnes, dont des défenseur·es des droits humains,
des travailleur·euses et un·e journaliste, ont été jugé·es au motif qu’ils/les
auraient diffamé l’entreprise thaïlandaise Thammakaset. Bien que de
nombreuses audiences aient été reportées en raison de la pandémie de
COVID-19 en 2021, nous notons quelques bonnes nouvelles et
notamment la confirmation par la Cour suprême du non-lieu prononcé
dans une affaire contre la défenseure des droits humains Ngamsuk
Ruttanasatian, le 22 septembre 2021, ou plus récemment la confirmation
par la Cour d'appel du non-lieu prononcé dans une affaire de diffamation
entamée contre les défenseures des droits humains Nan Win et Sutharee
Wannasiri (2022).
- Les défenseur·es des droits humains en Algérie font l'objet d'un
harcèlement judiciaire pour leur implication dans le mouvement social du
"Hirak".
- Honduras : mission d’observation durant le procès de David Castillo,
auteur présumé du meutre de la défenseure des droits fonciers et
environnementaux Berta Cáceres, et publication de nombreux articles
d’analyse des audiences (voir impacts ci-dessous).
- Toujours au Honduras, action de sensibilisation sur la détention
arbitraire des défenseur·es des droits environnementaux de Guapinol, via
4 missions d’observation du procès qui s’est déroulé en 2021. Cet effort
impliquant plusieurs ONG a finalement abouti à la libération de ces
défenseur·es en février 2022.
- Missions d’observation dans le cadre des procès en dissolution des
organisations Mémorial international et Mémorial HRC (une organisation
membre de la FIDH) en Russie.

Formations pour renforcer la capacité des défenseur·es des droits humains à


se protéger contre les risques de répression - Dans un contexte d’incessante
surveillance en ligne des défenseur·es des droits humains dans le monde, la FIDH a
organisé une formation sur la sécurité numérique en novembre 2021 au Burkina
Faso pour 15 défenseur·es (dont 4 femmes), à partir du Kit de sécurité numérique
élaboré par la FIDH. Cette dernière a également organisé une formation sur la
sécurité numérique pour 20 défenseur·es en Haïti (dont 10 femmes). Enfin, deux
ateliers ont été menés en ligne à l'automne 2021 pour sensibiliser 13 défenseur·es
des droits humains en Turquie aux questions de bien-être et notamment au rôle des
organisations dans le soutien au bien-être individuel, et leur fournir une plateforme
pour partager leurs expériences avec les autres participant·es.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   14  


Aide d'urgence aux défenseur·es en danger dans des contextes très instables
– En 2021, pour répondre aux situations de danger de mort et aux actes ciblés
mettant en danger l'intégrité physique et psychologique des défenseur·es, la FIDH a
accordé 57 aides matérielles à 111 défenseur·es et leurs familles (7 femmes, 102
hommes et 2 personnes non binaires) et à 2 ONG dans les pays suivants :
Afghanistan, Azerbaïdjan, Bélarus, Burundi, Cambodge, Cameroun, Égypte, Guinée,
Kenya, Myanmar, Ouganda, Pakistan, Philippines, République démocratique du
Congo, Rwanda, Somalie, Syrie, Tchad, Thaïlande, Tunisie et Venezuela. Ces
subventions ont permis de couvrir les frais suivants : actions en justice, sécurité sur
les trajets domicile/bureau, soins médicaux, y compris soutien psychosocial, etc.
Cette année a été marquée par une augmentation significative du soutien à la
relocalisation temporaire, dont ont bénéficié 36 défenseur·es et leurs familles (contre
29 défenseur·es en 2020). Ceci est notamment dû à la crise en Afghanistan qui est
marquée non seulement par un ciblage explicite et généralisé des défenseur·es des
droits humains, mais aussi par une situation humanitaire désastreuse qui ne fait
qu'aggraver l'urgence des efforts de relocalisation et de protection.

Depuis la chute de l'Afghanistan aux mains des talibans le 15 août 2021, la FIDH a
travaillé sans relâche, 24 heures sur 24, pour répondre à la crise des droits humains
dans le pays. Cette réponse s'est faite à plusieurs niveaux. La FIDH a notamment
soutenu les défenseur·es des droits humains de son organisation membre en
Afghanistan, Armanshahr/OPEN ASIA, et les a aidé·es à sortir d'Afghanistan de
façon sécurisée, à se réinstaller à l'étranger et leur a fourni une aide matérielle et
financière pour leur permettre de faire face à cette période compliquée et de
continuer à effectuer leur travail d’une importance vitale. Ce travail a nécessité une
importante coordination avec diverses parties prenantes, notamment les autorités
nationales de plusieurs pays de l'UE, d'autres organisations membres de la FIDH et
des ONG partenaires. La FIDH a également reçu des centaines de demandes d'aide
de la part d'autres défenseur·es afghan·es des droits humains en danger et en a
soutenu (et continue de soutenir) un grand nombre grâce à son dispositif d’octrois de
subventions.

II. RENFORCER LA CAPACITÉ D'ACTION DES DÉFENSEUR·ES

Mission d'enquête sur l’environnement de travail des défenseur·es des droits


humains et sur les violations de droits auxquelles ils·elles sont confronté·es -
En 2021, l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme a
publié 10 rapports, dont les thèmes sont : 1) la fermeture de l'espace d’expression de
la société civile ; 2) les attaques contre les droits à la liberté de réunion pacifique ; 3)
la liberté d'association et son impact sur les défenseur·es des droits humains et les

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   15  


organisations de défense des droits humains (en Thaïlande, en Turquie, au
Nicaragua, en Palestine et au Pérou) ; 4) les narratifs hostiles et stigmatisants qui
dépeignent la société civile et les organisations de défense des droits humains sous
les traits d’agents étrangers qui représentent une menace pour la sécurité nationale
et encouragent les activités terroristes (en Europe, en Palestine et en Turquie) ; 5)
les impacts de la pandémie de COVID-19 sur le travail des défenseur·es des droits
humains (au Venezuela, au Guatemala et au Brésil) ; et 6) les actions de
harcèlement et les violences perpétrées à l’encontre des défenseur·es des peuples
authoctones, de la terre et de l'environnement (au Nicaragua, au Guatemala et au
Brésil). Nombre de ces rapports mettent en lumière la situation catastrophique dans
laquelle se retrouvent les défenseur·es des droits des femmes, les défenseur·es des
droits des personnes LGBTQI+ et/ou les défenseur·es des droits des populations
autochtones.

Rapports publiés en 2021


- Brésil : « Les impacts de la pandémie de COVID-19 sur la défense des
droits humains au Brésil ».
- Guatemala : « Una deuda sin saldar » (Une dette sans salaire).
- Pérou : « Saper les droits. La défense des droits humains entravée par
les intérêts économiques »
- Venezuela : « Ennemies de l’intérieur : La défense des droits humains
dans le contexte de la pandémie de Covid-19 au Venezuela ».
- Thaïlande : « Garder la tête haute - Les femmes défenseures des droits
humains fer de lance des manifestations pro-démocratiques en
Thaïlande ».
- Nicaragua : « Les nouvelles lois de la répression ».
- Nicaragua : « Nicaragua : Une année de violence contre les
défenseur·es des droits des peuples indigènes Mayangna et Miskitu ».
- Turquie : « La répression en cours : une menace existentielle pour la
société civile indépendante ».
- Palestine : « Dans le viseur ».
- Europe : « Europe : la saison de la chasse à la solidarité est ouverte ».

Plaidoyer pour un environnement de travail favorable aux défenseur·es - La


FIDH et ses organisations membres se sont appuyées sur ces rapports pour mener
des actions de plaidoyer aux niveaux national, régional et international. Au niveau
national par exemple, le rapport portant sur le Guatemala abordait le sujet d’une
feuille de route et proposait au gouvernement du pays une série de
recommandations afin de garantir la protection des défenseur·es des droits humains
à l'occasion du premier anniversaire de son entrée en fonction. Au niveau
international, le rapport sur la Thaïlande a été présenté aux diplomates basés à
Bangkok afin de les sensibiliser aux problèmes rencontrés par les femmes

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   16  


défenseures des droits humains, de leur faire prendre conscience de la situation des
droits des personnes LGBTQI+ dans le pays et de les inciter à adopter des mesures
de protection, tandis que le rapport sur le Brésil a été utilisé dans le cadre de
l'Examen par l'OCDE des stratégies et initiatives du Gouvernement ouvert au Brésil.
Un tel examen vise à évaluer la situation de la société civile et les pratiques de
participation citoyenne dans la vie publique du pays. L'Observatoire a également
travaillé régulièrement avec le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation
des défenseur·es des droits humains, et le Rapporteur a, par exemple, cité le rapport
sur le Brésil à l’occasion d'un événement en ligne sur les défenseur·es des droits
humains qui a rassemblé près de 600 participant·es en février 2021. L'Observatoire a
également pris la parole devant la Commission africaine des droits de l'homme et
des peuples afin de mettre en avant les défis auxquels sont confrontés les
défenseur·es des droits humains sur le continent et de formuler des
recommandations à l’attention des États parties et des commissaires.

En amont de la session d’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations


unies qui s'est tenue début juin 2021 à New York, l’Observatoire a rendu publique
une lettre dans laquelle il revenait sur l'impact des stratégies antiterroristes sur la
société civile et sur les défenseur·es des droits humains. Cette lettre, qui lançait un
appel à la communauté internationale afin qu’elle prenne conscience des effets
néfastes des politiques antiterroristes sur la société civile et adopte des mesures
visant à inverser cette tendance, a été transmise à plusieurs missions permanentes
des États membres auprès des Nations unies.

Depuis avril 2021, l'Observatoire – allié à une coordination d'ONG en France - a


poussé la diplomatie française à adopter des lignes directrices nationales sur la
protection des défenseur·es des droits humains, basées sur les lignes directrices de
l'UE ainsi que sur le plan d'action du sommet mondial de Paris de 2018.

Établir les responsabilités des États et des personnes individuelles dans des
cas emblématiques de violations des droits des défenseur·es des droits
humains - La FIDH mène des actions judiciaires et quasi-judiciaires devant les
tribunaux nationaux et les mécanismes régionaux et internationaux de protection des
droits humains.

Actions judiciaires et quasi-judiciaires devant les juridictions nationales : en


2021, alors que la FIDH et ses organisations membres en RDC ont pu faire valoir de
nouveaux arguments dans le dossier (ouvert depuis 2016) sur l'assassinat des
défenseurs congolais Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, la procédure a été
rouverte et l'un des accusés a été arrêté par les autorités congolaises. En Russie, les
14 et 16 décembre 2021 respectivement, en sa qualité d’Amicus Curiae, la FIDH a
également déposé deux dossiers de conclusions : l’un auprès de la Cour suprême en

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   17  


soutien à Mémorial international, et le second auprès du tribunal de la ville de
Moscou en soutien à Mémorial HRC ; dans ces conclusions, la FIDH demandait aux
tribunaux de mettre un terme aux poursuites engagées par le procureur en vertu de
la loi sur les « agents étrangers ». Les deux organisations ont finalement été
dissoutes à la fin du mois de décembre, à l'issue de deux procès à caractère
politique au cours desquels aucune preuve tangible n'a été présentée pour étayer les
accusations portées contre les deux organisations. Les véritables raisons de cette
dissolution sont manifestement politiques : au cours du procès, les procureurs ont
notamment accusé Mémorial international et Mémorial HRC de « déformer la
mémoire historique, en particulier celle de la Grande Guerre patriotique » et de
« créer une image fausse de l'URSS en la présentant en tant qu'État terroriste ».
Enfin, au Mexique (en août) et au Honduras (en novembre), l'Observatoire, en sa
qualité d’Amicus Curiae, a déposé deux dossiers de conclusions auprès de la Haute
Cour d’Oaxaca et de la Cour suprême du Honduras respectivement, en soutien aux
défenseur·es de la terre et de l'environnement qui sont détenu·es par les autorités.
Au Honduras, cette initiative a contribué à la libération des défenseur·es de Guapinol
au début de 2022.

Soutien matériel et renforcement des capacités - La FIDH a accordé 17


subventions de renforcement des capacités en 2021, dans le but de renforcer les
capacités des ONG à organiser des sessions de formation ; la FIDH a également
apporté une assistance financière et opérationnelle aux ONG persécutées pour leurs
activités (Bahreïn, Bolivie, Chili, RDC, Honduras, Irak, Nigeria, Pérou, Philippines,
Russie, Soudan, Tanzanie, Thaïlande, Ouganda et Zimbabwe). Les subventions
pour renforcement des capacités ont principalement été versées à des organisations
de défenseur·es des droits humains et des ONG qui opèrent en dehors de notre
réseau (13 sur 17).

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   18  


COUP DE PROJECTEUR SUR LES IMPACTS ET SUR LES
RESULTATS SIGNIFICATIFS

Objectif 1 - Protéger les défenseur·es des droits humains vivant dans


des situations d'insécurité

1.1.  Résultat  escompté  :  les  défenseur·∙es  échappent  à  la  répression  et  sont  mieux  
protégé·∙es  

LIBERATION DES DEFENSEUR·ES DES DROITS HUMAINS : UNE

MOBILISATION FORTE ET SANS RELACHE


En 2021, les efforts de la FIDH en matière de documentation, de plaidoyer et de soutien direct ont
contribué à au moins 129 libérations de défenseur·es des droits humains dans les pays suivants :
Tanzanie, Arabie saoudite, Venezuela, Turquie, Kazakhstan, Algérie, Inde, Chili, Iran, Tunisie, Maroc,
Pakistan, Égypte, Mexique, Côte d'Ivoire, Ouganda, Bélarus, Burundi, Congo Brazzaville, Guinée, Russie,
Cuba, Thaïlande, Hong Kong, Myanmar, Bangladesh, Zimbabwe, Guatemala, Philippines, Honduras,
Cambodge, Togo et Niger. Par ailleurs, en 2021, 61 défenseur·es et ONG de 17 pays ont vu leur
situation s'améliorer : pour certain·es, des acquittements ont été prononcés, pour d’autres les
poursuites ont été abandonnées et d’autres encore ont bénéficié de grâces, de réductions de peines ou
de peines commuées en peines de prison avec sursis. Cependant 36 défenseur·es des droits humains
de 13 pays ont dû être relocalisés.

Grâce à un travail sans relâche, nous avons obtenu de nombreux résultats positifs : plusieurs de nos
collègues ont été libérés, notamment la défenseure saoudienne des droits des femmes Loujain Al-
Hathloul, après trois ans d'emprisonnement, mais aussi Tito Magoti en Tanzanie, Max Bokayev au
Kazakhstan, Khaled Drareni en Algérie, Teresita Naul aux Philippines et Paulina Acevedo au Chili.
Certaines de nos ligues ont également été acquittées de fausses accusations de fraude fiscale (ILI et
KIBHR au Kazakhstan par exemple).

Néanmoins, au 15 juin 2022, de nombreux autres collègues étaient toujours en détention arbitraire
comme le vice-président de la FIDH Valentin Stefanovich au Bélarus, Khurram Parveez de notre ligue
au Cachemire, Nasrin Sotoudeh et Narges Mohammadi du DHRC en Iran, Yuri Dmitriev de notre ligue en
Russie, et Abdulhadi Al-Khawaja de notre ligue au Bahreïn, pour n'en citer que quelques-uns. Notre
mobilisation continue.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   19  


HONDURAS : CONDAMNATION DANS L'AFFAIRE BERTA CACERES:

UN JUGEMENT HISTORIQUE
Le 5 juillet 2021, David Castillo, officier du renseignement militaire et ancien cadre de la société
hydroélectrique Desarrollos Energéticos (DESA), a été condamné pour le meurtre de Berta Cáceres, la
leader du peuple Lenca et défenseure des droits des populations autochtones, des droits fonciers et
environnementaux, le 2 mars 2016. Dans son jugement, le tribunal national du Honduras a condamné
David Castillo en tant que co-auteur du crime et considéré que le motif du meurtre était d'étouffer
l'opposition des communautés autochtones de Río Blanco au projet hydroélectrique Agua Zarca alors
que ce mouvement d’opposition était mené par Berta Cáceres, en sa qualité de coordinatrice du
Consejo Civico de Organizaciones Populares y Indigenas de Honduras (COPINH).

Cette condamnation est un jugement historique dans la lutte contre l'impunité pour le meurtre des
défenseur·es des droits fonciers et environnementaux au Honduras et souligne combien il est
important de défendre la nature, les droits des populations autochtones et des agriculteurs. Ce
jugement créé un véritable précédent et fera jurisprudence dans d’autres affaires.

La FIDH avait dénoncé le harcèlement dont était victime Berta Cáceres avant qu’elle ne soit assassinée
et n'a jamais cessé de se mobiliser, mettant en lumière l’unité et le travail sans relâche des différentes
organisations qui ont participé et soutenu la recherche de la justice et de la vérité dans cette affaire.
Avec d'autres organisations internationales et latino-américaines de défense des droits humains - dont
les organisations membres de la FIDH telles que le CAJAR, le CALDH et le CIPRODEH – la FIDH a pris
part à la Mission d’enquête organisée dans l'affaire Berta Cáceres. Cette initiative inter-ONG a permis
d’observer les audiences, de publier des analyses de ces audiences et des rapports sur les avancées du
processus judiciaire, et de publier de nombreuses lettres ouvertes aux autorités honduriennes pour
demander que les procédures régulières soient respectées lors du premier procès contre les principaux
auteurs du meurtre de Berta en 2018. À la fin de ce procès sept personnes ont été condamnées en
janvier 2019.

Néanmoins, bien que le verdict reconnaissant la responsabilité pénale de Roberto David Castillo Mejia
en tant que co-auteur du meurtre ait été rendu le 5 juillet 2021, la première chambre de la Cour chargée
de prononcer la peine n'avait toujours pas publié la peine par écrit 20 juin 2022. Ce retard a bien
entendu un impact sur les victimes – dont la famille de Roberta, son organisation et ses collègues –
qui demandent que justice soit faite, que la vérité soit établie et qui veulent faire valoir leur droit à
réparation.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   20  


Objectif 2 : Renforcer la capacité d'action des défenseur·es des droits
humains

2.1.  Résultat  escompté  :  les  décideur·∙es  politiques  prennent  davantage  de  mesures  pour  
protéger  les  défenseur·∙es.

APPEL AUX ORGANES INTERGOUVERNEMENTAUX : REPRESSION

DES DEFENSEUR·ES DES DROITS HUMAINS PERPETREE PAR

ISRAËL
Fin avril, dans le contexte d’un nouveau cycle de violence, l'Observatoire, en coopération avec les neuf
organisations membres de la FIDH de la région, a publié un rapport intitulé « Dans le viseur » qui
dénonce les campagnes de calomnies et les tactiques de harcèlement déployées par le gouvernement
israélien et par diverses organisations inféodées au gouvernement à l’encontre des organisations et
des défenseur·es des droits humains en Israël, en Palestine et dans le Golan syrien. Le rapport vise à
déconstruire le discours du gouvernement israélien et des organisations qui lui sont inféodées,
discours qui associe fallacieusement les ONG indépendantes et les défenseur·es des droits humains
au terrorisme, à l'antisémitisme, à la trahison, aux agents étrangers, afin de les délégitimer et de
potentiellement tarir leurs sources de financement.

Suite à la publication de ce rapport, des actions conjointes de plaidoyer ont été menées et sont
toujours en cours : un webinaire a été organisé pour reprendre les questions mises en lumière dans le
rapport ; ce webinaire a rassemblé 50 participant·es et avait pour but d’encourager les États et les
donateurs privés à continuer et/ou à augmenter leur soutien aux organisations de la société civile ;
nous avons soumis une contribution à la Rapporteuse spéciale sur la liberté d'expression dans le
contexte de son rapport HRC47 sur la désinformation, nous avons organisé des réunions individuelles
avec les États membres de l'Union européenne, ainsi que des réunions entre la Rapporteuse spéciale
sur la situation des défenseur·es des droits humains et les défenseur·es palestinien·nes.

En octobre, le gouvernement israélien a déclaré six organisations de la société civile palestinienne,


dont Al-Haq, membre de la FIDH, comme terroristes. La FIDH et ses organisations membres ont
organisé plusieurs rencontres au niveau de l'UE sur la question de la lutte contre le terrorisme, avec un
bon niveau de participation du Parlement européen et du rapporteur spécial de l'UE, Eamon Gilmore. Au
cours de ces rencontres, nous avons souligné le caractère mensonger des accusations de terrorisme,
et avons poussé à une réaction internationale.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   21  


PRIORITE

FAVORISER UN ENVIRONNEMENT
PROPICE A LA DEMOCRATIE ET AUX
LIBERTES

ANALYSE DES PROGRES REALISES EN 2021 A LA LUMIERE


DES OBJECTIFS ET DES DEFIS

Partout dans le monde, l'année 2021 a été marquée par un recul généralisé et très
important de l'État de droit, un déclin de la démocratie, une dégradation des droits
humains et des libertés individuelles, une influence accrue des groupes
conservateurs et des mouvements de droite, par plusieurs coups d'État militaires
(Guinée, 2 putschs au Mali depuis 2020, Tchad, Soudan, Myanmar, etc.) et des
crises majeures (Afghanistan, Bélarus, Russie, etc.). La fermeture de l'espace de la
société civile faisait (et fait toujours) partie d'un mouvement de repli autoritaire
généralisé contre la démocratie. Ces évolutions négatives se sont intensifiées dans
un contexte encore marqué par la pandémie de COVID-19, qui a servi de prétexte
pour justifier toutes sortes de mesures restrictives contre les droits fondamentaux.

Dans ce contexte, la FIDH et ses organisations membres ont continué sans relâche
à surveiller les violations des droits humains et à agir pour barrer la route à
l'autoritarisme, soutenir la lutte contre le terrorisme dans le respect des droits
humains, promouvoir l'abolition universelle de la peine de mort et soutenir la
protection des populations dans les situations de conflit et de crise.

Focus sur l'Afrique


En Afrique subsaharienne, les élections générales qui se sont tenues en 2021 ont
été marquées par des obstacles - y compris des violations des droits humains -
avant, pendant et après les élections dans plusieurs pays, ce qui a fini par nuire à la
légitimité des résultats et du processus électoral dans son ensemble. En coopération
avec notre organisation membre sur le terrain, la FIDH a suivi la situation pendant et
après les élections de janvier en Ouganda, marquées par la violence et les

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   22  


restrictions à l'espace démocratique, y compris pour l'opposant politique Bobi Wine.
Notre plaidoyer pour la libération de Bobi Wine et de son épouse, assignés à
résidence, a finalement abouti au départ de la police et des militaires de leur
demeure. Au Kenya, à l'approche des élections de 2022, la FIDH et ses
organisations membres ont continué à rendre compte des violences sexuelles
perpétrées contre les femmes dans le contexte des élections. En Côte d'Ivoire, et en
Tanzanie, la FIDH et ses organisations membres ont suivi de près la situation et
condamné les violences liées aux élections, exhortant la communauté internationale
à faire pression sur les autorités nationales pour qu'elles respectent l'État de droit,
mettent fin aux violations des droits humains et s'engagent dans des processus
pacifiques pour résoudre les crises politiques en cours. En République
centrafricaine, la Ligue centrafricaine des droits de l'Homme (LCDH), l'Observatoire
centrafricain des droits de l'Homme (OCDH) et la FIDH ont appelé les 17 candidats à
la présidence à s'engager à respecter 10 principes fondamentaux des droits
humains. En Guinée, le coup d'État militaire de septembre 2021 qui a renversé le
président Alpha Condé, a laissé le pays dans une situation très précaire. Tout en
condamnant publiquement le coup d'État, la FIDH et ses organisations membres ont
alerté la CEDEAO et la Conférence des chefs d'État de la sous-région sur les
conséquences défavorables des mesures de sanction prises contre la junte au
pouvoir, et notamment sur les conséquences pour les victimes dans leur combat
pour obtenir justice dans un délai raisonnable.

Au Mali, à la suite du deuxième coup d'État en moins de 10 ans, la FIDH et


l'Association malienne des droits de l'Homme (AMDH) ont condamné la prise de
pouvoir par les militaires et se sont inquiétées de la situation des droits humains
dans le pays, situation déjà fragilisée par des années de conflit ayant engendré une
crise humanitaire et plus récemment par la situation sanitaire. La FIDH et ses
organisations membres ont publié plusieurs communiqués de presse et déclarations
pour faire la lumière sur la situation. La FIDH a également organisé un atelier en
ligne avec les délégations de l'AMDH chargée d’enquêter sur les violences
extrémistes et sur les crimes, y compris les crimes sexuels, commis par les groupes
fondamentalistes au Nord et au Centre du Mali.

La lutte contre le terrorisme et la violence extrémiste continue de faire peser des


menaces sur les populations civiles dans diverses régions d'Afrique subsaharienne
et ont un impact sur les droits humains. La FIDH encourage une approche régionale
et s'est alliée à Crisis Action et à des dizaines de partenaires pour lancer la Coalition
des peuples pour le Sahel afin de permettre une réponse plus efficace aux défis de
sécurité auxquels sont confrontées les populations du Sahel dès lors qu’elles
cherchent à faire respecter leurs droits humains et s'attaquer aux injustices qui
alimentent la crise. En avril 2021, la Coalition populaire pour le Sahel a publié un
rapport intitulé « Sahel : ce qui doit changer », dans lequel elle recommande une

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   23  


réorientation radicale de la région du Sahel et l’abandon de l'approche actuelle,
essentiellement fondée sur la lutte militarisée contre le terrorisme, au profit d'une
approche privilégiant la protection des populations civiles, le dialogue entre toutes les
parties au conflit, la lutte contre la corruption, l'amélioration de l'accès à l'aide et la fin
de l'impunité. Les efforts collectifs de la coalition ont conduit la FIDH et notre membre
au Mali à informer différentes personnalités officielles en France, et au niveau des
Nations Unies à New York, en amont des discussions importantes qui se sont tenues
au niveau du Conseil de Sécurité des Nations Unies. La coalition a également
contribué au renouvellement d'un mécanisme dédié du Conseil des droits de
l'homme de l'ONU sur le Mali.

Au Soudan, la FIDH a condamné le coup d'État militaire du 25 octobre, la dissolution


des instances dirigeantes et l'instauration d'un état d'urgence à l'échelle nationale qui
visait à faire taire les voix de la population civile, des défenseur·es des droits
humains et des organisations de la société civile. La FIDH a soutenu avec succès la
suspension de la participation du Soudan à toutes les activités de l'UA jusqu'à la
restauration effective de l'Autorité de transition dirigée par des civils et a appuyé la
demande d'une mission d’enquête de l'UA au Soudan afin d’entamer un dialogue
avec toutes les parties prenantes.

Coup de projecteur sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord


Dix ans après les soulèvements de 2011, de nombreux pays du Moyen-Orient et
d'Afrique du Nord, région où les inégalités sont les plus fortes au monde, voient
réapparaître des formes renouvelées de soulèvement et de mouvements citoyens
sur fond d'entraves à la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels,
renforcées par la crise du COVID-19.

Dix ans après le Printemps arabe, la FIDH a organisé un webinaire régional en


partenariat avec l’iReMMO (l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-
Orient) pour présenter le cas de trois célèbres défenseur·es des droits humains
affiliés à nos organisations membres en Tunisie, en Égypte et en Syrie. L'événement
retransmis sur Facebook a rassemblé 11 000 personnes intéressées, et le webinaire
lui-même, qui s’est tenu en arabe avec interprétation en français, a rassemblé
environ 200 participant·es le 30 janvier 2021.

Dès la première semaine de mai, alors que le cycle de violence reprenait en


Palestine et en Israël, la FIDH a plaidé pour que soit mis fin à la violence et au
système d'apartheid et a mobilisé l'ONU avec plus de 50 de ses organisations
membres, demandant notamment : l'adoption d'un embargo sur la fourniture, la vente
ou le transfert de toute arme et munition aux parties belligérantes ; la mise en place
d'une enquête indépendante sur les violations du droit international humanitaire et
des droits humains tant en Palestine (y compris Gaza et la Cisjordanie) qu'en Israël ;

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   24  


l'imposition de sanctions ciblées contre les responsables de violations des droits
humains et d'infractions graves au droit international humanitaire ; la fin du blocus de
la bande de Gaza.

En outre, la FIDH a continué à soutenir, surveiller et mener des actions de plaidoyer


sur les situations où les principales forces contre-révolutionnaires au pouvoir en
Palestine (voir impacts ci-dessous), en Syrie, en Arabie saoudite, aux Émirats
arabes unis, au Yémen, au Bahreïn et en Égypte, et dans d'autres pays, ont
perpétré de graves violations du droit international humanitaire et des droits humains,
tout en se présentant comme des remparts contre le terrorisme et l'extrémisme
islamiste. Le 11 mars 2021, le Parlement européen a adopté une résolution sur la
situation des droits humains au Bahreïn, déplorant que la situation des droits
humains dans le pays continue de se détériorer. Bien que l'éminent défenseur des
droits humains Nabeel Rajab ait été libéré de prison à la mi-2020, les accusations
mensongères portées contre lui n'ont pas encore été abandonnées et il reste soumis
à une interdiction de voyager. Au cours des dix dernières années, la FIDH et ses
organisations membres au Bahreïn ont été en contact régulier avec les institutions et
les États membres de l'UE afin de les informer des violations des droits humains en
cours dans le pays. Dans sa dernière résolution, le Parlement européen s'est fait
l'écho des appels de nos organisations qui demandent que les droits humains soient
intégrés à tous les domaines de coopération avec le Bahreïn. La constante
mobilisation de la communauté internationale est essentielle pour améliorer de
manière significative la situation des droits humains dans le pays.

Coup de projecteur sur les Amériques


Au Nicaragua, dans un contexte de répression qui a perduré en 2021, le Centre
nicaraguayen des droits humains (CENIDH) a continué à faire face à la
criminalisation de ses missions et de ses activités : son siège à Managua a été
détruit et transformé en centre de santé le 29 janvier 2021. En dépit de cette
situation, la FIDH et le CENIDH ont présenté un rapport conjoint qui analyse les
exécutions extrajudiciaires constituant des crimes contre l'humanité, qui ont été
commises depuis avril 2018 au Nicaragua. Le rapport, intitulé « Responsabilité
maintenant ! Exécutions extrajudiciaires et répression au Nicaragua entre 2018 et
2020 » est le résultat d'un travail de suivi et d'une analyse poussée de la FIDH et du
CENIDH sur la période 2018 - 2020. Une campagne de communication a été lancée
au moment de la publication du rapport, afin d’expliquer comment la répression a été
organisée et afin de lancer un appel à la solidarité internationale avec le peuple
nicaraguayen. La FIDH a également dénoncé la prolifération des lois et mesures
dites « Agents étrangers » comme moyen d'étouffer les activités des ONG, et
notamment des organisations de défense des droits humains. Parallèlement à cela,
notre action de plaidoyer auprès de l'OEA, de l'UE et de l'ONU a permis d'inclure
certaines questions clés (par exemple, la reconnaissance des exécutions

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   25  


extrajudiciaires et le démantèlement des groupes paramilitaires) dans la résolution
sur le Nicaragua lors de la 46e session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU.

Au Venezuela, la crise politique, économique, sociale et humanitaire sans précédent


à laquelle est confronté le pays depuis 2018 a eu un impact profond sur les droits
humains. La FIDH et PROVEA ont documenté comment la détérioration des
institutions et de l’état de la démocratie au Venezuela, associée aux politiques mises
en place par l’État, se sont traduites par de graves violations du droit à l'alimentation
depuis 2016.

En Colombie, la FIDH a publié un rapport qui met en évidence les graves lacunes
des politiques publiques en matière de prévention des exécutions extra-judiciaires.
Le rapport montre que malgré le système d'alerte précoce en place au niveau du
bureau du médiateur, qui a enregistré 572 assassinats de leaders syndicaux.ales et
de défenseur·es des droits humains, 254 assassinats d'ancien.nes militant·es des
FARC-EP et 184 massacres depuis 2018, l'administration du président Iván Duque
n'a pas agi avec diligence et n'a pas réussi à prévenir les violations graves des droits
humains, en particulier celles dont le risque avait été identifié.

La FIDH a également plaidé à distance devant la Cour interaméricaine des droits de


l'homme sur la mise en œuvre de la condamnation de l'État chilien pour
discrimination raciale dans l'affaire Mapuche.

Coup de projecteur sur l'Asie


Afin d’assurer un suivi du droit à la liberté de réunion pacifique dans une région où
sont de plus en plus souvent organisées des manifestations de grande ampleur dans
des contextes politiques restrictifs, la FIDH a entrepris de dresser une liste
d'observateurs et d’observatrices internationaux.ales pour la région. Ces
observateur.trices seront envoyé·es pour observer les manifestations pacifiques en
Asie. D’ici la fin 2022, la FIDH et ses organisations membres auront créé le matériel
de formation et auront rédigé un manuel complet d'observation des assemblées
(AOM). Avec ses organisations membres en Inde, en Thaïlande, au Cambodge et au
Pakistan, la FIDH a rendu compte des violations du droit à la liberté de réunion et
d'association, fourni une assistance juridique à plus de 800 personnes dans des
affaires liées aux droits à la liberté d'expression et de réunion, et mené plus de 30
missions d'observation d'assemblées publiques.

En décembre 2021, la FIDH a publié un rapport intitulé « Hors de contrôle – La crise


des droits humains et de la règle de droit au Bangladesh » qui révèle un état de droit
affaibli caractérisé par un système judiciaire inféodé à la branche exécutive du
gouvernement, une censure généralisée de la presse, une répression des voix
critiques et de sévères restrictions à la liberté de réunion et d'association.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   26  


En Thaïlande, la répression continue des militant·es pro-démocratie, notamment en
vertu de la loi draconienne sur le crime de lèse-majesté (article 112 du Code pénal)
continue de nous préoccuper. Nous continuons de documenter et de mener des
actions de plaidoyer sur cette question, notamment par la publication du rapport
« Deuxième vague – Le retour du crime de lèse-majesté en Thaïlande », ce a permis
de formuler un nombre record de recommandations sur le crime de lèse-majesté à la
Thaïlande lors de son troisième Examen périodique universel (EPU) qui s’est tenu en
novembre, lorsque 12 États membres de l'ONU (50 % de plus que lors de l'EPU
précédent) ont demandé que soit voté un amendement visant à mettre un terme au
recours à l'article 112. La FIDH a également adressé une pétition au Groupe de
travail des Nations unies sur la détention arbitraire (WGAD), qui a abouti à un avis du
WGAD appelant à la libération d'Anchan Preelerd, qui purge actuellement la plus
longue peine de prison jamais imposée en vertu de l'article 112 du Code pénal
thaïlandais.

Par ailleurs, la FIDH a entrepris des initiatives de documentation et de plaidoyer en lien


avec les violations des droits humains les plus graves commises dans des pays dans
lesquels la capacité de la société civile locale à opérer librement et en toute sécurité
est soit extrêmement limitée, soit totalement inexistante. Dans ces pays, il est souvent
impossible, trop dangereux ou inefficace de mener des actions de plaidoyer à l'échelle
nationale. L'objectif est donc d'alerter la communauté internationale sur ces violations
et de déclencher des actions efficaces susceptibles d’améliorer la situation
(Thaïlande, Inde, Indonésie, Népal, Corée du Nord, Myanmar, Maldives, Népal).

Depuis février 2021, la FIDH et ses organisations membres au Myanmar ont plaidé
pour des sanctions visant directement les grands conglomérats appartenant à la
junte et dont les revenus alimentent la violente répression menée par le Tatmadaw,
les forces armées du Myanmar. Ce plaidoyer a contribué à la décision de l'UE de
sanctionner 10 personnes, dont le nouveau ministre de l’Information et deux
conglomérats contrôlés par les militaires (voir impacts ci-dessous).

Coup de projecteur sur l'Europe de l’Ouest


En Hongrie, la FIDH et ses organisations membres et partenaires ont continué à
mobiliser les institutions de l'UE afin d’obtenir des avancées eu égard à l’application
de la procédure prévue par l'article 7(1) du Traité sur l'Union européenne (TUE) afin
de remédier au mépris permanent dont fait preuve le parti au pouvoir pour les
principes de l'UE, notamment les principes d'indépendance de la justice, la liberté
des médias, la liberté d'association et le respect de l'espace civique, la liberté des
universitaires et les droits des minorités et des personnes migrantes. En Pologne, la
collaboration de la FIDH avec une large coalition regroupant des organisations
polonaises, européennes et internationales de défense des droits humains et des
droits des femmes s'est intensifiée et a permis de mettre en commun différentes

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   27  


ressources et expertises afin de dénoncer la détérioration de l'État de droit et de la
situation des droits humains en Pologne. En avril, une lettre signée par environ 200
ONG européennes a été envoyée à la présidence portugaise du Conseil de l'UE et
aux ministres de l'UE pour souligner les préoccupations de la société civile. Grâce à
une très importante mobilisation, à d'intenses efforts de plaidoyer tant au niveau de
l'UE que des capitales des États membres et grâce au travail des médias, le Conseil
a décidé de réactiver l’application des procédures prévues par l'article 7 du TUE à
l’encontre de la Pologne et de la Hongrie. Cette initiative permet à l’UE de sortir
d'une impasse politique qui durait depuis trois ans et va permettre de demander des
comptes à ces pays qui ont violé les principes de l'UE.

À la suite de consultations organisées avec la société civile dans les pays de l'UE
pour informer le cycle annuel de révision de l'État de droit de la Commission
européenne, la FIDH s’est associée à Liberties.eu pour coordonner la contribution
du Human Rights & Democracy Network (HRDN). Cette contribution était centrée sur
les tendances régionales et a permis d’identifier les points sur lesquels le processus
pouvait être amélioré à l'avenir. La FIDH a également facilité les « visites pays »
virtuelles entre les services de la Commission et ses membres dans les pays de l'UE.
Elle a également contribué à la réponse du Parlement européen au rapport 2020 de
la Commission européenne sur l’État de droit. Les efforts à venir viseront à impliquer
davantage les organisations membres dans les pays de l'UE dans ce processus, en
coordonnant les contributions, en assurant la liaison avec d'autres réseaux et en
faisant remonter leurs informations à la Commission européenne, tant sur le contenu
que sur le processus.

Coup de projecteur sur l'Europe de l'Est et l'Asie centrale


En Ouzbékistan, des centaines de prisonnières et prisonniers politiques ont été
libéré·es depuis le changement de régime de 2016. Le 25 février, la FIDH a présenté
son rapport « Ouzbékistan : Le droit à réparation des prisonniers politiques » qui
inclut des études de cas comparatives sur la mise en œuvre des mesures de
réparation et autres mesures de justice transitionnelle, sur la base de l’expérience
d'autres États en transition. Ce rapport insiste sur l'importance et l'urgence de faire
respecter les droits des survivants à la restitution, à la réhabilitation, à la
compensation et aux garanties de non-récidive pour les milliers de personnes en
détention arbitraire et torturées sous le régime précédent, et formule des
recommandations politiques aux autorités nationales pour parvenir à un tel résultat.
Une conférence en ligne a permis d'entendre les témoignages d'un ancien prisonnier
politique, d'un avocat ouzbek spécialisé dans les droits humains, de représentant·es
d'Amnesty International, du Centre international pour la justice transitionnelle, de
Freedom Now, d'un professeur de la faculté de droit de l'Université de Californie du
Sud et du responsable de la FIDH spécialisé dans cette région. Un site internet dédié
à l'événement a été créé http://reparations.live/#about.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   28  


Au Bélarus, Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, continue de
revendiquer la victoire aux élections présidentielles truquées du 9 août 2020, et a
réprimé les manifestations pacifiques qui ont depuis été organisées dans tout le
pays. Avec plus de 30 000 arrestations arbitraires et des centaines de rapports de
torture rien qu'au cours du dernier trimestre de 2020, un effondrement complet de
l'État de droit et le déni de la pandémie de COVID-19 érigé en politique d'État, le
Bélarus connaît la pire crise des droits humains de son histoire moderne. La FIDH et
Viasna, son organisation membre au Bélarus, ont demandé une enquête
indépendante sur les violations des droits humains au lendemain de la réélection
d’Alexandre Loukachenko et sur la violence dont usent les autorités pour réprimer
les manifestations publiques pacifiques, et ont réclamé que soient prises des
mesures décisives, tant au niveau régional qu’international. Le plaidoyer a contribué
à l'établissement par l'OSCE du mécanisme de Moscou sur le Bélarus. Ce
mécanisme prévoie une enquête indépendante sur les violations des droits humains
et la conduite des élections au Bélarus. Les efforts de plaidoyer ont contribué à la
tenue d'une session spéciale du Conseil des droits de l’homme de l'ONU et à
l'adoption par l'UE de conclusions et de sanctions spécifiques contre les autorités
bélarusses. L'effort de plaidoyer de la FIDH a également permis d'assurer la mise en
place d'un mécanisme d'enquête robuste sur les violations des droits humains à
l'approche de l'élection présidentielle de 2020 et après celle-ci. La FIDH a également
créé un site web pour suivre, compiler et présenter des informations détaillées sur la
situation des droits humains dans le pays, y compris sur les prisonnières et
prisonniers politiques, les violations contre les groupes vulnérables, et les efforts
pour obtenir des avancées sur la responsabilité des crimes du régime :
https://belarus.fidh.org/.

En Russie, à la lumière du rôle important que joue la mémoire historique dans le


soutien au régime autoritaire russe, un rapport décrivant le cadre juridique restrictif
visant les défenseur·es des droits humains travaillant sur la mémoire historique, ainsi
que les obstacles à leur travail. Tous les éléments inclus dans ce rapport publié en
mars 2021 ont été obtenus lors d'entretiens et de recherches documentaires (voir
impacts ci-dessous).

Promouvoir l'abolition universelle de la peine de mort


Tout au long de l'année 2021, la FIDH et ses organisations membres sont restées
engagées sur la question de l'abolition de la peine de mort. La FIDH a été réélue
au Comité directeur de la Coalition mondiale contre la peine de mort lors de
l'Assemblée générale de la Coalition en juin 2021. La FIDH siège à l’Assemblée
générale de la Coalition depuis sa création en 2002. La FIDH a contribué à la
Journée mondiale contre la peine de mort de 2021 qui mettait l'accent sur les
femmes, en relayant les documents pertinents à ses organisations membres et a
diffusé des messages clés via les réseaux sociaux.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   29  


Tout au long de l'année, la FIDH a saisi plusieurs occasions de discuter de la
question de la peine de mort et de faire pression pour son abolition totale et
universelle. Le 28 janvier 2021, la FIDH a envoyé une lettre ouverte au président de
la République de Corée, Moon Jae-in, l'encourageant à saluer le tout premier vote du
pays en faveur de la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies (AGNU)
visant à établir un moratoire mondial sur la peine de mort, et à demander à son
gouvernement de déclarer un moratoire officiel sur les exécutions et de progresser
sur la voie de l'abolition. Le 12 mars 2021, la présidente de la FIDH, Alice Mogwe,
est intervenue lors d'un événement virtuel organisé dans le cadre du 14e Congrès
des Nations unies pour la prévention du crime et la justice pénale, au cours duquel
elle a mis en lumière les tendances régionales et les meilleures pratiques en Afrique,
en mettant l'accent sur le rôle joué par la Commission africaine des droits de
l'homme et des peuples. La FIDH a également approuvé une déclaration conjointe
publiée à l'occasion du Congrès des Nations unies sur la criminalité ; cette
déclaration appelle les organes des Nations unies et les États membres à faire de
l'abolition de la peine de mort une partie intégrante des programmes de prévention
de la criminalité et à œuvrer pour mettre en place des réformes significatives de la
justice pénale.

Fin mars 2021, la FIDH et son organisation membre, l'Union for Civil Liberty, ont
publié une soumission conjointe en vue du troisième Examen périodique universel de
la Thaïlande. Cette soumission portait sur les développements relatifs à la peine de
mort et aux conditions de détention dans le pays. Lors de l'examen de novembre, la
Thaïlande a reçu 22 recommandations relatives à la peine de mort mais n’en n'a
accepté que sept. En mai 2021, la FIDH et son organisation membre Kontra ont
publié un document d'information en amont de la session de dialogue sur les droits
humains entre l'UE et l'Indonésie. Ce document soulignait, entre autres, le manque
de progrès du pays vers l'abolition de la peine de mort.

À l'occasion de la Journée internationale de l'enfant en novembre 2021, la FIDH a


publié, en partenariat avec la European Saudi Organization for Human Rights
(ESOHR), une note d'information sur l'application de la peine de mort aux mineurs au
Royaume d'Arabie saoudite. La note d’information dresse une analyse du cadre
juridique en Arabie saoudite tel qu'il s'applique aux mineurs, et examine brièvement
le nombre d'enfants exécutés au cours du règne du monarque Mohammed ben
Salman. La note explique encore pourquoi les autorités continuent à autoriser
l'exécution d'enfants malgré les engagements pris par le pays et en dépit des
récentes réformes telles que la nouvelle loi sur les enfants mineurs de 2018.

Protection des populations civiles dans les contextes de crise et de conflit


Les délégations de la FIDH ont continué à impliquer les défenseur·es des droits
humains et les organisations membres et partenaires dans la planification

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   30  


stratégique visant à influencer l'ONU, l'UA et l'UE, avec un effort de plaidoyer
international intense consacré aux mécanismes de surveillance/garanties spécifiques
à chaque pays, et/ou aux sanctions prises individuellement à l’encontre de tel ou tel
pays. À cet égard, la FIDH et ses organisations membres ont plaidé avec succès
pour le renouvellement des mécanismes de surveillance et de rapport du Conseil des
droits de l'homme de l'ONU concernant les situations au Soudan et au Nicaragua.
Le Conseil des droits de l'homme a également adopté une résolution sur la situation
des droits humains au Burundi. Cette résolution renouvelle le mandat de la
Commission d'enquête pour un an, suite à un intense plaidoyer de la FIDH et de son
organisation membre au Burundi, la Ligue Iteka.

La FIDH et ses organisations membres au Burundi et en RDC ont organisé une


série de réunions de plaidoyer en ligne avec les États membres de l'UE et sont
parvenu à les convaincre de prolonger d'une année supplémentaire le régime de
sanctions de l'UE à l'encontre des responsables burundais et des hauts
fonctionnaires de la RDC responsables de violations des droits humains. Depuis
février 2020, la FIDH et Justice for Iran ont mené un plaidoyer conjoint basé sur une
enquête approfondie menée à la suite des manifestations de novembre 2019 en
Iran, afin d'inciter l'UE et ses États membres à allonger la liste des personnes sous
sanctions. Le 11 avril 2021, le Conseil de l'UE a annoncé sa décision d'ajouter 8
fonctionnaires iraniens et 3 centres de détention à la liste des personnes et
institutions soumises à des mesures restrictives du fait de leur implication dans des
violations des droits humains en République islamique d'Iran.

Une initiative de plaidoyer spécifique a également été menée auprès de pays tiers
influents, soit pour plaider en faveur de leur mobilisation dans des forums
intergouvernementaux ciblés, soit pour obtenir leur influence et leur soutien dans le
suivi des résolutions de l'ONU et de l'UE sur les pays suivants : Bélarus, Burkina
Faso, Birmanie, Burundi, Cambodge, Chine, RDC, Égypte, EAU, Inde-
Pakistan/Cachemire, Iran, Mali, Nicaragua, Niger, Soudan et Palestine (voir impacts
ci-dessous).

Suite aux arrestations de responsables de l’Egyptian Initiative for Personal Rights


(EIPR) - organisation membre de la FIDH en Égypte - en novembre 2020, la FIDH a
intensifié sa mobilisation et a participé à l'effort de plaidoyer collectif pour pousser les
États à mettre en place un mécanisme de suivi et de rapport sur les droits humains
en Égypte au niveau du Conseil des droits de l'homme. Cette pression s'est traduite
par une déclaration commune sur la situation des droits humains en Égypte lors de la
46e session du Conseil des droits de l'homme, la première en sept ans.

Après la prise de contrôle de l'Afghanistan par les talibans le 15 août 2021, la FIDH a
publié un certain nombre de communiqués de presse et a mené des actions de

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   31  


plaidoyer au sein du Conseil des droits de l'homme des Nations unies (notamment une
session spéciale sur l'Afghanistan), au Parlement européen et en France. Toutes ces
actions ont conduit à l'adoption d'une résolution, votée lors de la session de septembre
du Conseil des droits de l'homme, établissant un Rapporteur spécial sur la situation
des droits humains en Afghanistan. Tout en se félicitant de la reprise de l'enquête de la
Cour pénale internationale sur l'Afghanistan, la FIDH et ses membres
Armanshar/OPEN ASIA et le Center for Constitutional Rights (CCR), ont exprimé leur
profonde inquiétude quant à l'annonce faite par le Procureur le 27 septembre 2021 de
se concentrer sur les crimes commis par les talibans et l'État islamique, et de « dé-
prioritiser » les crimes commis par d'autres acteurs, à savoir les forces nationales
afghanes, les forces armées américaines et le personnel de la CIA dans les centres de
détention secrets, sans collecte préalable d'information, ni consultation des victimes.
Enfin, la FIDH a rejoint Amnesty International et l'OMCT dans la publication, en
septembre 2021, d'une note d'information et d'une « mise à jour à 100 jours » publiée
le 23 novembre 2021. Cette note d'information a permis de renforcer notre travail de
plaidoyer, qui s'est traduit notamment par des rencontres avec, entre autres, l'Élysée,
le Cabinet du Président du Conseil européen Charles Michel, et le Représentant
spécial de l'Union européenne pour les droits de l'Homme, Eamon Gilmore. La FIDH a
également fait appel à un consultant pour établir une méthodologie permettant de
documenter les violations à distance et de produire une analyse factuelle de la
situation sur le terrain.

De nombreux aspects de ce travail sont entrepris en étroite collaboration avec


d'autres organisations internationales non gouvernementales, et cette coopération a
pris la forme de diverses coalitions émergentes : dans certaines d’entre elles, la
FIDH joue et continuera de jouer un rôle de premier plan.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   32  


COUP DE PROJECTEUR SUR LES IMPACTS ET SUR LES
RESULTATS SIGNIFICATIFS

Objectif 1 - Contrer l'autoritarisme

Résultat escompté 1.1 : les organisations membres et partenaires sont dotées de


capacités accrues pour agir en faveur des libertés et des principes démocratiques.

RUSSIE : CRIMES CONTRE L'HISTOIRE


Le 10 juin 2021, la FIDH a publié un rapport intitulé « Russie : Crimes contre l’Histoire » et a organisé
une conférence virtuelle le jour même de la publication du rapport. Ce rapport dresse la liste des
violations des droits humains visant les historien·nes, les militant·es, les journalistes et les ONG
travaillant sur la mémoire historique du passé soviétique en Russie, et formule des recommandations
aux autorités nationales et aux organisations internationales sur la manière d'améliorer la situation de
ces « producteurs d'histoire ». Le rapport, publié en russe, en anglais et en français, part d’entretiens
avec 16 historiens, journalistes et activistes basés en Russie ; il a eu un retentissement médiatique
important et le quotidien français Le Monde a consacré deux pages spéciales au rapport. La
conférence s’est donc tenue le jour du lancement du rapport. Elle a rassemblé des centaines
d'universitaires, de militant·es d'ONG, de représentant·es de gouvernements et d'organisations
internationales et de donateurs. Parmi les orateurs qui se sont exprimés figuraient des historiens de
renommée mondiale, dont Nicolas Werth, président de Mémorial France, et Elena Zhemkova,
cofondatrice de Mémorial international.

« Ce rapport est important, et pas seulement pour la Russie », a déclaré Valiantsin Stefanovic, vice-
président de la FIDH. « Ses conclusions et recommandations pourraient être appliquées à d'autres pays de
la région et du monde qui manipulent la mémoire historique. Au Bélarus par exemple, nous constatons une
exploitation similaire des lois mémorielles pour réprimer le mouvement pro-démocratie ».

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   33  


Résultat attendu 1.2 : les autorités entravées dans leurs initiatives liberticides,
arbitraires et antidémocratiques.

HONDURAS ET CORRUPTION : UN PRECEDENT HISTORIQUE

POUR LES PROCEDURES JUDICIAIRES DANS LES AFFAIRES DE

CORRUPTION
En septembre, conjointement avec les organisations CAJAR, CALDH, et CIPRODEH, en sa qualité
d’Amicus Curiae, la FIDH a déposé des conclusions auprès de la Cour suprême de justice du Honduras.
L’objectif de ces conclusions était d’obtenir que le groupe autochtone COPINH soit reconnu comme
victime dans l'affaire de corruption qui implique différents fonctionnaires et les dirigeants de
l'entreprise du projet hydroélectrique "Agua Zarca" qui ont ordonné le meurtre de Berta Cáceres. La
Cour suprême a annulé la décision de première instance et a reconnu le droit de COPINH à être partie
au procès en raison des violations des droits humains causées par la corruption. Cette décision a créé
un précédent important et historique qui fera jurisprudence dans les procédures judiciaires en cours
pour les actes de corruption à l'origine de violations des droits humains à l'encontre des communautés
autochtones. Ce succès s'ajoute à la condamnation, le 5 juillet dernier, du directeur de l'entreprise du
projet hydroélectrique qui a été reconnu co-auteur de l'assassinat de Berta Cáceres. La FIDH suit ce
procès depuis 3 ans.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   34  


Objectif 4 - Soutenir la protection des populations dans les situations
de conflits et de crises

Résultat  escompté  4.1  :  les  populations  vivant  dans  des  contextes  de  conflits  et  de  crises  
sont  mieux  protégées.

LE MYANMAR APRES LE COUP D'ETAT MILITAIRE DU 1ER FEVRIER:

ADOPTION DE SANCTIONS
La FIDH a été choquée par les évènements tragiques qui se sont succédé au Myanmar suite au coup d'État
er
militaire du 1 février qui a abouti au renversement du gouvernement élu du Myanmar par les forces
militaires, à la suspension du Parlement et à l'arrestation et la détention arbitraire de responsables
gouvernementaux et politiques, de défenseur·es des droits humains, de journalistes et de membres de la
société civile du Myanmar. En coopération avec ses organisations membres, la FIDH a publié plusieurs
réactions pour condamner la prise illégale du pouvoir par les militaires et les atrocités commises par les
forces de sécurité contre les manifestant·es qui défilaient pacifiquement contre le coup d'État, notamment
lors de deux sessions du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, la session spéciale sur le
Myanmar en février et les sessions ordinaires. Avec son organisation membre ALTSEAN-Birmanie et d'autres
partenaires de la société civile, la FIDH plaide au niveau international en faveur de sanctions ciblées contre
les intérêts économiques de l'armée, et plus particulièrement en faveur de sanctions supplémentaires visant
directement les grands conglomérats appartenant à la junte dont les revenus alimentent la répression
violente du Tatmadaw (forces armées du Myanmar) ; la FIDH et ses partenaires plaident également en
faveur de la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) par le Conseil de sécurité des Nations unies sur la
situation au Myanmar.

En conséquence, l'UE a adopté des sanctions à l'encontre de la Tatmadaw et de ses conglomérats, MEC et
MEHL, et, début 2022, à l'encontre de l'entreprise publique Myanmar Oil and Gas Enterprise (MOGE), ainsi
qu'à l'encontre de hauts responsables de la Tatmadaw, notamment le commandant en chef, Min Aung
Hlaing, et le commandant en chef adjoint, Soe Win, et des 14 personnes sanctionnées en 2018 pour de
graves violations des droits humains commises à l'encontre des Rohingyas dans les États de Rakhine,
Kachin et Shan. Les mesures prises par l'UE à l'encontre du Myanmar s'appliquent désormais à un certain
nombre de personnes de haut rang et à plusieurs entreprises publiques. Elles comprennent une interdiction
de voyager et un gel des avoirs, et interdisent aux citoyens et aux entreprises de l'UE de mettre des fonds à la
disposition des personnes et entités figurant sur la liste. Les sanctions précédemment adoptées,
notamment un embargo sur les armes, une interdiction d'exportation de biens à double usage et des
restrictions à l'exportation d'équipements de surveillance des communications, restent en place. Notre
plaidoyer a également visé le géant français de l'énergie TotalEnergies, l'une des dernières sociétés
européennes actives dans le pays : l’objectif était que l’entreprise suspende ses transferts financiers vers la
junte aux motifs que celle-ci avait pris le pouvoir de manière illégale. Alors que l’interdiction des transferts
financiers dans le secteur pétrolier et gazier n'a pas été décidée par les responsables européens ou
américains, TotalEnergies a finalement annoncé qu'elle se retirerait du Myanmar en 2022.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   35  


RESOLUTION HISTORIQUE SUR LA PALESTINE
En juin 2021, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a adopté une résolution historique, par 24 votes
« Pour », 9 « Contre » et 14 abstentions, établissant une commission d'enquête permanente pour traiter des
récentes violations perpétrées par Israël contre le peuple palestinien des deux côtés de la ligne verte, tout en
s'attaquant aux causes profondes du colonialisme et de l'apartheid israéliens, répondant ainsi à l'appel à
l'action des ONG lancé par la FIDH et ses partenaires.

SHANGHAI, CHINE - Les gens font la queue dans un magasin d'alimentation le 02 juin 2022 à Shanghai, en Chine. Photo de Hu Chengwei/ Getty Images via
AFP

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   36  


PRIORITE

PROMOUVOIR LES DROITS DES FEMMES

ANALYSE DES PROGRES REALISES EN 2021 A LA LUMIERE DES OBJECTIFS


ET DES DEFIS

La discrimination et les violences sexuelles et basées sur le genre (VBSG) à l'égard


des femmes restent trop répandues dans le monde, et ce fléau s’est encore aggravé
en raison de la pandémie de COVID-19. En 2021, les mouvements anti-droits et anti-
genre ont ébranlé le concept même de droits humains et de justice de genre. Ils ont
continué à attaquer les droits sexuels et reproductifs des femmes - fondement de
leur émancipation - en faisant pression afin d’obtenir des politiques réactionnaires ou
en faisant obstacle au progrès.

Les structures patriarcales de nombreux États ont permis la montée en puissance de


forces populistes et conservatrices sur tous les continents. Ces forces réactionnaires
menacent les acquis de l'Etat de droit et la primauté du droit positif. Elles prennent
pour cible les droits humains - ceux des femmes et des filles en particulier ; mettent
l'accent sur les « spécificités » culturelles au détriment de l'universalité des droits
humains ; portent atteinte à l'égalité des sexes et mettent en péril certains droits,
notamment les droits sexuels et reproductifs, qui sont une pierre angulaire de
l’émancipation des femmes et des filles et une condition préalable à la réalisation de
l'égalité des sexes. 2021 a été une année au cours de laquelle nous avons été
témoin de très nombreuses attaques contre les droits des femmes ; ces droits ne
sont jamais définitivement acquis et doivent faire l'objet d'un combat constant. Les
organisations de femmes et de défense des droits humains, telles que les
organisations membres et partenaires de la FIDH, sont parfaitement conscientes de
cette réalité et ont travaillé sans relâche tout au long de l'année pour bloquer ces
tentatives de retour en arrière.

Dans ce contexte, la FIDH a mis un accent particulier sur la documentation axée sur
le plaidoyer concernant les violences basées sur le genre et la discrimination à
l'égard des femmes - en temps de paix et de crise. De plus, la FIDH a continué à
promouvoir les droits sexuels et reproductifs dans les pays où nos organisations
membres et partenaires ont été particulièrement actives ces dernières années.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   37  


Mobilisation des États pour prévenir et combattre les violences basées sur le
genre
En Côte d'Ivoire, trois missions d'enquête ont été menées avec la LIDHO (Ligue
ivoirienne des droits de l'Homme) et le MIDH (Mouvement ivoirien des droits de
l'Homme) en 2021 pour recueillir des témoignages sur les obstacles à la justice et
aux autres services pour les survivant·es de violences sexuelles et basées sur le
genre. Ces missions d’enquête visaient à mettre en évidence le fossé entre le droit et
la pratique et à décrire les mesures qui devraient être mises en place pour lever les
obstacles à la justice et aux autres services. Les recommandations d'un rapport
intermédiaire sur le sujet ont été présentées aux ministères, à la présidence, aux
membres du Parlement, aux institutions nationales et aux leaders de la société civile
ivoirienne lors d'une mission internationale de plaidoyer en décembre 2021.
L'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire a adopté le 21 décembre une loi sur les
mesures de protection des victimes de violences conjugales et de violences
sexuelles non conjugales. Cette loi prévoit des certificats médicaux gratuits à la
demande des victimes de violences sexuelles et basées sur le genre ; cette
disposition est en droite ligne de l'une des recommandations du rapport.

Au Kenya, la FIDH et son organisation membre, la Kenya Human Rights


Commission (KHRC), ont présenté conjointement leurs conclusions et analyses sur
les cas de violences sexuelles commises lors des élections de 2017, afin de
réclamer justice pour les survivant·es et dans le but d'attirer l'attention sur la
nécessité de prévenir et d’assurer une protection contre de nouvelles violations lors
des élections de 2022. Bénéficiant d'une importante couverture médiatique au niveau
national, le lancement du rapport a favorisé le débat sur les violences sexuelles et
basées sur le genre pendant les élections au Kenya. La KHRC s'est rendue dans six
régions du pays pour susciter l'intérêt du public. Le rapport a également été envoyé à
l'Union européenne en vue de la prochaine mission d'observation électorale de l'UE.

Au Sénégal, la FIDH a soutenu les consultations juridiques proposées par


l'Association des juristes sénégalaises (AJS) pour renforcer le conseil juridique aux
victimes et survivant·es de violences sexuelles et basées sur le genre. À la suite de
l'adoption en 2020 d'une loi criminalisant le viol, l'AJS, avec le soutien de la FIDH,
a organisé une conférence de haut niveau intitulée : « Loi 2020-05 criminalisant le
viol et la pédophilie », à Dakar en décembre 2021. Cette conférence de deux jours a
réuni près d'une centaine de professionnels des secteurs judiciaire, juridique,
associatif, médical, universitaire et médiatique pour discuter des enjeux de
l'application de la loi et des difficultés rencontrées dans la lutte contre les violences
sexuelles et basées sur le genre au Sénégal. Des participant·es d'associations de
défense des droits humains de Côte d'Ivoire, de Mauritanie, de Guinée et du Mali ont
partagé leurs travaux sur la protection des femmes et des filles et leur analyse de
l'application des sanctions pénales pour viol dans leurs pays respectifs. Mame Gor
Diouf, secrétaire générale du ministère sénégalais de la Femme, de la Famille et du
Genre a offert le soutien du ministère pour briser le silence sur cette question et
promouvoir les efforts d'éradication de la violence via une campagne nationale de

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   38  


sensibilisation : "Na Dakk Mbaa Mou Dal" (« Il faut que cela cesse, sinon la loi sera
appliquée »).

En septembre 2021, la FIDH, Amnesty International et l'OMCT ont publié une étude
sur les violations des droits humains en Afghanistan depuis la prise du pouvoir par
les talibans le 15 août 2021. La note d'information intitulée « Le sort de milliers
d’Afghans est en jeu : l’Afghanistan tombe aux mains des talibans » traite
spécifiquement des incidents démontrant la répression des droits des femmes et
des filles et les intimidations auxquelles sont confrontées les femmes
défenseures des droits humains.

La CPI et la responsabilité en matière de crimes sexuels et basés sur le genre


Ces dernières années, la Cour pénale internationale (CPI) a réussi à améliorer
l'accès à la justice pour les victimes de crimes sexuels et basés sur le genre. Cela
dit, la Cour a également démontré ses faiblesses dans ce domaine, et il est évident
qu’il reste encore beaucoup à faire. C'est pourquoi, alors que le mandat de la
Procureure de la CPI, Fatou Bensouda, s'est achevé le 15 juin 2021, la FIDH a fait le
point sur les progrès et les reculs de l’institution au cours des neuf années de
mandat de Mme Bensouda dans trois domaines spécifiques, dont la responsabilité
des auteurs de crimes sexuels et basés sur le genre. Le rapport, intitulé « Cour
pénale internationale : une analyse de l'héritage de la procureure Bensouda »,
propose des recommandations à l’attention de son successeur, le procureur Karim
Khan. Le rapport est basé sur des consultations approfondies avec près de 70
organisations nationales membres et partenaires de la FIDH travaillant dans et sur
les pays qui sont du ressort de la CPI.

Protection des droits sexuels et reproductifs


Le 22 octobre 2021 marquait le premier anniversaire de la décision du Tribunal
constitutionnel polonais qui introduisait une interdiction de facto de l'avortement en
Pologne. Au cours de l’année écoulée, les femmes, les jeunes filles et toutes les
personnes enceintes, ont été confrontées à des obstacles pratiquement
insurmontables pour bénéficier d’un avortement légal dans la mesure où une
décision du Tribunal constitutionnel a pratiquement interdit l'avortement légal dans le
pays. Plus généralement, les droits sexuels et reproductifs sont la cible de
nombreuses attaques en Pologne. Les organisations et les militant·es des droits des
femmes en Pologne et dans toute l'Europe ont dénoncé ce recul continu et persistant
des droits des femmes - et au-delà, de tous les droits humains - sous le
gouvernement actuel de la Pologne, et ont appelé à l'action et à la solidarité du
public et des décideur·es, notamment au niveau de l'UE. Depuis cette décision
controversée, les femmes défenseures des droits humains sont confrontées à un
environnement de plus en plus hostile et dangereux. La FIDH, en collaboration avec
Defend the Defenders et IPPF-Europe, a publié et diffusé largement une courte vidéo
contenant des témoignages de femmes défenseures des droits humains de Pologne,
de Turquie et du Chili.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   39  


COUP DE PROJECTEUR SUR LES IMPACTS ET SUR LES
RESULTATS SIGNIFICATIFS

Objectif 1 – Combattre les violences et les discriminations à l’égard des


femmes, en temps de crise et en temps de paix

Résultat escompté 1.1. les organisations membres et partenaires sont soutenues et


renforcées dans leur capacité d'action.

RENFORCER LA CAPACITE D'AGIR CONTRE LES VIOLENCES

SEXUELLES ET BASEES SUR LE GENRE


Après son lancement le 25 novembre 2020, le glossaire A à Z sur les violences sexuelles et basées sur
le genre, disponible en anglais, français et espagnol (https://www.fidh.org/en/issues/international-
justice/when-it-comes-to-sexual-and-gender-based-violence-words-matter), a été traduit en arabe, russe
et farsi, et a été largement diffusé auprès des membres et des partenaires. Le glossaire contient 61
termes et une annexe dressant la liste des instruments régionaux et internationaux pertinents. Il
permet d'identifier et de clarifier les définitions clés que les praticiens doivent bien connaître lorsqu'ils
travaillent sur des questions de crimes ou de violences sexuels et basés sur le genre, et lorsqu'ils
s'adressent aux victimes et aux témoins de ces crimes. Le glossaire peut être utilisé dans le monde
entier, même si certains États peuvent appliquer des définitions différentes ou suivre des approches
différentes. Il s'agit d'un outil destiné aux organisations membres et partenaires et peut être utilisé
dans leur travail quotidien en faveur de l’établissement des responsabilités en matière de violences
sexuelles et basées sur le genre.

Des formations sur mesure ont été dispensées à une soixantaine de participant·es issu·es
d'organisations membres et partenaires en Côte d'Ivoire et au Mali ainsi qu’à plusieurs membres du
Secrétariat international de la FIDH. Ces formations ont suivi la note d'orientation interne de la FIDH sur
la méthodologie de documentation des violences sexuelles et basées sur le genre, développée au cours
de ces dernières années et finalisée en 2021. Cette méthodologie adopte une approche « do no harm »
(ne pas nuire) et est conforme au Code Murad, un code de conduite mondial et volontaire à l’attention
de celles et ceux qui recueillent des informations auprès de survivant.es de violences sexuelles
systématiques et liées aux conflits.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   40  


Résultat escompté 1.2. Un cadre normatif pour la protection des femmes contre les
violences et les discriminations amélioré

VERS UN PROJET DE LOI-TYPE SUR L'EGALITE EN MATIERE

D’HERITAGE AU MAGHREB
En Tunisie, au Maroc et en Algérie, la société civile – et notamment les femmes - se bat depuis des
décennies pour obtenir plus d'égalité et de liberté. S'il est un sujet qui incarne les injustices héritées du
passé que la société civile cherche à abolir, c'est bien l'inégalité entre hommes et femmes en matière
d'héritage. Dans aucun de ces pays, les femmes ne sont égales à leurs frères, fils, cousins ou maris dès
qu’il s’agit de questions d’héritage.

La FIDH et ses organisations partenaires se battent pour l'éradication de cette injustice patriarcale bien
ancrée, qui empêche les femmes de jouir pleinement de leur indépendance. L'inégalité successorale,
présente dans tous les codes régissant la vie familiale dans ces pays et dans les nombreuses lois
sexistes en vigueur, contribue à l'appauvrissement de nombreuses femmes ou à leur maintien dans la
pauvreté. La FIDH et l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) ont uni leurs forces pour
rendre leurs campagnes plus efficaces. Ensemble, elles avaient organisé un séminaire régional sur
l'égalité dans l'héritage au Maghreb en 2018.

L'ensemble de leurs observations ont été rassemblées dans un rapport sur la discrimination basée sur le
genre en matière d’héritage, qui compare la situation dans les trois pays du Maghreb. Ce rapport, publié
le 12 décembre 2021, constitue une boîte à outils précieuse pour les organisations féministes et les
aide dans leurs actions de plaidoyer en faveur de l’égalité en matière d’héritage. Il consacre un chapitre
à la démonstration de la perte de revenus par le maintien de la discrimination dans l'héritage avec des
éléments socio-économiques ; il présente l'évolution du débat autour de cette question et consacre un
chapitre aux aspects juridiques et techniques qui régissent la discrimination fondée sur le genre dans
l'héritage. Le rapport se conclut en démontrant que les constitutions des pays et les engagements pris
par ces pays au niveau international sont en contradiction avec une telle discrimination. Un objectif à
long terme est de rédiger un projet de loi-type sur l'égalité successorale, qui pourra être proposé par
des élus courageux et soucieux de moderniser leur pays dans ce domaine.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   41  


PRIORITE
COMBATTRE LES DISCRIMINATIONS ET VIOLENCES
FONDEES SUR L'ORIENTATION SEXUELLE ET
L'IDENTITE DE GENRE

ANALYSE DES PROGRES REALISES EN 2021 A LA LUMIERE DES OBJECTIFS


ET DES DEFIS

Partout dans le monde, les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres,


queer et intersexuées (LGBTQI+) sont victimes de graves violations de leurs droits
humains : stigmatisation, discrimination, criminalisation, violence, voire meurtre.
Outre les attaques personnelles, elles sont victimes d'une inégalité de traitement et
de statut juridique, notamment pour tout ce qui touche à leur vie privée et familiale, à
l'emploi et la liberté d'association. Les acteurs anti-droits attaquent les droits humains
de plus en plus fréquemment, d’une manière coordonnée, avec des moyens – et un
impact – de plus en plus importants. Ils s'attaquent à « l’idéologie de genre » pour
justifier des lois et des politiques discriminatoires à l'égard des personnes LGBTQI+.
Les défenseur·es des droits des personnes LGBTI+ sont particulièrement
menacé·es. La protection de celles et ceux qui défendent les droits humains des
personnes LGBTQI+ est restée une priorité en 2021.

Neuf alertes et déclarations urgentes ont été publiées par l'Observatoire dans le
cadre d’attaques contre les défenseur·es des droits humains des personnes
LGBTQI+ (Russie, Tunisie, Guatemala, Ouzbékistan, Kazakhstan, Turquie,
Géorgie). La FIDH a également apporté un soutien matériel à sept personnes ou
ONG locales actives auprès des personnes LGBTQI+ (Kenya, Tunisie, Bélarus,
Cameroun, Ouganda) et a versé deux subventions institutionnelles qui ont bénéficié
à 68 défenseur·es des droits humains (Tanzanie, Bolivie).

Les 26 juin et 1er juillet 2021, la 19e Marche des fiertés s'est déroulée sur fond de
retrait de la Turquie de la Convention d'Istanbul du Conseil de l'Europe, par simple
décision prise le 20 mars 2021 par le président du pays. Cette décision était motivée
par des positions anti-LGBTQI+. La montée du discours anti-LGBTQI+ a également
eu un impact négatif sur les droits des femmes en Turquie. Le 1er juillet 2021,

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   42  


partout en Turquie, les femmes sont descendues dans la rue pour dénoncer le retrait
officiel de la Turquie de la Convention. Dans certains endroits, notamment dans le
quartier de Taksim à Istanbul, les manifestations se sont déroulées sous haute
surveillance policière et la police a fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en
caoutchouc contre les manifestant·es. L'Observatoire a fermement condamné les
agressions violentes contre des manifestant·es pacifiques et des journalistes durant
la Marche des fiertés et durant les manifestations organisées pour protester contre le
retrait de la Turquie de la Convention d'Istanbul, et a exhorté le gouvernement turc à
mettre fin à l'incrimination et au harcèlement continus des défenseur·es des droits
des LGBTQI+ et des femmes dans le pays.

En février, l'Observatoire pour la protection des défenseur·es des droits humains a


publié un rapport intitulé « Standing tall - Women human rights defenders at the
forefront of Thailand's pro-democracy protests » (« Garder la tête haute : c’est la
devise des défenseures des droits humains en première ligne des manifestations
prodémocratie en Thaïlande »). Ce rapport se base sur des entretiens réalisés avec
22 femmes défenseures des droits humains, jeunes et adultes, qui ont manifesté
pacifiquement et plaidé en faveur des droits humains et des libertés fondamentales
dans le cadre des manifestations. Lors des manifestations en Thaïlande, les femmes
ont critiqué les stéréotypes sexistes, les relations de pouvoir inégales et les autres
injustices de la société thaïlandaise qui empêchent les femmes et les personnes
LGBTQI+ de jouir de leurs droits fondamentaux. Les groupes de défense des droits
des femmes et des personnes LGBTQI+ ont également organisé et mené leurs
propres rassemblements pour insister sur leurs appels à l'égalité entre les sexes et
réaffirmer les revendications du mouvement prodémocratie. Les militant·es LGBTQI+
et non-binaires sont confrontés à des attaques redoublées en raison de leur
orientation sexuelle, de leur identité ou expression de genre, ainsi que pour avoir
défendu des droits liés au genre et à la sexualité.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   43  


COUP DE PROJECTEUR SUR LES IMPACTS ET SUR LES
RESULTATS SIGNIFICATIFS

Objectif 2 - Lutte contre les violences, les discriminations et la


stigmatisation

Résultat attendu 2.1 : la responsabilité des États est engagée en matière de


violences et de discriminations à l'encontre des personnes LGBTQI+.

UNE PLAINTE DEPOSEE CONTRE L'UKRAINE DEVANT LA COUR

EUROPEENNE DES DROITS DE L’HOMME POUR DISCRIMINATION

CONTRE LES COUPLES DE MEME SEXE


En juin 2021, la FIDH, le CCL (Center for Civil Liberties, Ukraine), le NELFA (Network of European
LGBTIQ* Families Associations), et l'ECSOL (European Commission on Sexual Orientation Law) ont
soumis un Amicus Curiae à la Cour européenne des droits de l'Homme dans le cadre d’une plainte
déposée contre l'Ukraine pour discrimination contre les couples de même sexe ; la plainte avait été
déposée le 24 novembre 2014 : les plaignants sont deux hommes vivant en couple depuis 2010. Ils
ont déposé plainte en vertu de l'article 14, combiné à l'article 8 de la Convention, aux motifs que le
droit ukrainien ne leur permet pas de contracter un mariage ou tout autre type d'union civile, ce qu’ils
considèrent comme étant une discrimination fondée sur l'orientation sexuelle.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   44  


PRIORITE
PROMOUVOIR LES DROITS DES PERSONNES
MIGRANTES

ANALYSE DES PROGRES REALISES EN 2021 A LA LUMIERE DES OBJECTIFS


ET DES DEFIS

Ces dernières années, les attaques contre les organisations de défense des droits
humains et les militant·es qui défendent les droits des migrant·es ont augmenté de
façon spectaculaire en Europe. Le nombre de décès de migrant·es a également
grimpé en flèche : 1 146 personnes ont perdu la vie dans la Méditerranée au cours
du premier semestre 2021 seulement, et ce sont plus de 40 000 personnes qui ont
péri depuis 2014. Cependant, les politiques visant à dissuader l’immigration et les
fermetures des frontières continuent de l'emporter sur l'impératif de respect des
droits humains et sur le devoir de sauver des vies, tant au niveau de l'Union
européenne que des États membres. Cette situation, associée à une fermeture
générale de l'espace civique dans la région, a accru la pression sur les personnes et
les organisations qui continuent à élever la voix pour défendre les droits des
migrant·es et porter assistance aux personnes en détresse aux frontières terrestres
et maritimes de l'Europe.

En novembre 2021, l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de


l'Homme a publié un rapport intitulé « Immigrés : en Europe, la chasse est ouverte ».
Les auteurs de ce rapport proposent une analyse des processus de criminalisation
de la solidarité aux migrant·es à travers les voix de celles et ceux qui défendent les
droits des personnes migrantes dans toute l'Europe. Leurs conclusions sont basées
sur 20 entretiens avec des responsables d’organisations et des défenseur·es dans
11 pays européens, ainsi qu'avec des membres de réseaux de la société civile qui
travaillent sur cette question au niveau européen et mondial. Sur le continent, on
observe systématiquement trois tendances inquiétantes : la création d'un
environnement hostile ; une augmentation des récits stigmatisants - souvent
assimilables à des discours de haine - à l'encontre des migrant·es et de ceux qui les
défendent ; et l'entrave au travail de ces défenseur·es et de leurs organisations qui,
dans certains cas, conduit à des poursuites pénales. Le rapport contient une série de
recommandations à l'intention des parties prenantes de l'UE, du Conseil de l'Europe
et des Nations unies, ainsi que des gouvernements nationaux.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   45  


La longue crise en Lybie, qui a suivi la chute du régime de Kadhafi en 2011, et son
impact sur les flux migratoires vers l'Europe ont eu pour conséquence, entre autres,
que les politiques de l'Union européenne ont externalisé le contrôle de ses frontières
à des États et des acteurs armés non étatiques souvent violents, non seulement en
Libye même mais aussi dans les pays subsahariens.

La FIDH, le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits humains
(ECCHR) et Avocats pour la justice en Libye (LFJL) ont mené un projet conjoint afin
de documenter les crimes contre l'humanité commis contre les migrants et les
réfugiés en Libye. En novembre 2021, les trois organisations ont publié un rapport
public, ainsi qu'un résumé, intitulé « Migrants et réfugiés en Lybie : victimes de crime
contre l’humanité » qui intègre les principales conclusions d’un long travail de
documentation, qui présente un bref résumé de l'analyse juridique des principaux
crimes contre l'humanité qui ont été identifiés, ainsi qu'une analyse de la
responsabilité de l'UE eu égard à la situation des migrants et des réfugiés en Libye
(à travers son soutien financier, en formation et en équipement) et de la
responsabilité individuelle des États membres (via les accords de coopération signés
avec les autorités libyennes). Enfin, le rapport propose une description interactive du
voyage de Tesfay, un survivant. Le rapport formule un certain nombre de
recommandations à l'attention de la CPI, des Nations Unies (ONU), des autorités
libyennes et de l'UE et ses États membres. Outre le rapport public, la FIDH, l'ECCHR
et le LFJL ont soumis une communication confidentielle de 300 pages au Bureau du
Procureur de la Cour pénale internationale, au titre de l'article 15 du traité de Rome
relatif à la Cour pénale interantionale.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   46  


COUP DE PROJECTEUR SUR LES IMPACTS ET SUR LES
RESULTATS SIGNIFICATIFS

Objectif 1 - Soutenir des lois et politiques protectrices des droits des


migrant·es

Résultat attendu 1.2 : Des instances inter-gouvernementales, des agences


transnationales et des entreprises mieux sensibilisées sur les droits des personnes
migrantes

CONSECRATION DU « PRINCIPE DE FRATERNITE » QUI ANNULE LE

« DELIT DE SOLIDARITE » MENAÇANT TOUTE PERSONNE QUI

APPORTE UNE AIDE AU SEJOUR D'UNE PERSONNE ETRANGERE EN

SITUATION IRREGULIERE.
Depuis 2016, Cédric Herrou est la cible d'actions judiciaires incessantes pour son travail de défense des
droits humains et d'aide humanitaire aux migrant·es à la frontière franco-italienne, dans la vallée de la
Roya, dans le département français des Alpes-Maritimes.

Sous surveillance constante, la vallée de la Roya fait l'objet d’importantes opérations de police depuis
2016. L’objectif de ces opérations est d’empêcher le passage et la présence des migrant·es et de ceux qui
leur viennent en aide. Cédric Herrou est devenu le symbole de celles et ceux qui dénoncent le refoulement
illégal de migrant·es, notamment de mineur·es, des Alpes-Maritimes vers l'Italie. Le 12 décembre 2018, la
Chambre criminelle de la Cour de cassation a partiellement annulé la condamnation de Cédric Herrou
après la décision du Conseil constitutionnel du 6 juillet 2018, qui marque la consécration du « principe de
fraternité » qui annule le « délit de solidarité » qui frappait toute personne apportant une aide au séjour
d'un·e étranger·e en situation irrégulière. Cependant, l'acharnement judiciaire ne s'est pas arrêté avant le
31 mars 2021. Le 13 mai 2020, la cour d'appel de Lyon a relaxé Herrou du chef d’accusation « d’aide à
l'entrée, à la circulation et au séjour irréguliers d'étranger·es en France », mais le parquet a fait appel de
cette décision dès le 22 mai 2020. La Cour de cassation a finalement rejeté le pourvoi, rendant son
acquittement définitif le 31 mars 2021.

L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme et la Ligue des droits de l'Homme
(LDH) ont salué cette décision, tout en rappelant que Cédric Herrou n'aurait jamais dû être poursuivi pour
ses actes de solidarité avec les migrants de la vallée de la Roya. Il est à espérer que cette décision de la
Cour de Cassation mettra fin au harcèlement dont sont victimes toutes celles et tous ceux qui défendent
les droits des migrant·es en France, et que cette consécration juridique du « principe de fraternité »
deviendra réalité, reconnaissant la légitimité de la défense des droits des migrant·es.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   47  


PRIORITE

COMBATTRE L'IMPUNITE ET PROTEGER LES


POPULATIONS FACE AUX CRIMES LES PLUS
GRAVES

ANALYSE DES PROGRES REALISES EN 2021 A LA LUMIERE DES OBJECTIFS


ET DES DEFIS

L'accès à la justice pour les victimes de crimes internationaux graves (crimes contre
l'humanité, crimes de guerre, génocide, torture et disparitions forcées) est resté l'une
des plus grandes priorités de la FIDH en 2021. La FIDH soutient les victimes dans
l'accès aux mécanismes de justice nationaux dans les pays où les crimes sont
commis, mais trop souvent, les autorités nationales n'ont pas la volonté ou la
capacité de contraindre les auteurs de violations graves des droits humains à
répondre de leurs actes, ce qui oblige les victimes à chercher justice ailleurs. Dans
ces situations, la FIDH, en étroite collaboration avec ses organisations membres et
partenaires, et avec son Groupe d'action judiciaire (GAJ), a soutenu des victimes
dans leur lutte pour la justice devant les mécanismes de justice extra-nationaux,
régionaux et internationaux. Grâce au soutien apporté aux représentant·es des
organisations nationales de la société civile, des avocat·es et des militant·es des
droits humains, grâce au travail conjoint d’enquêtes sur les situations de crimes
internationaux, aux actions de contentieux stratégiques en soutien aux victimes et
grâce aux activités complémentaires de plaidoyer, la FIDH et ses organisations
membres ont contribué à la lutte contre l'impunité des crimes les plus graves, à la
mise en œuvre effective des droits des victimes et à la participation des victimes
dans les processus de justice.

Les mécanismes de justice internationale - plus particulièrement la CPI - ont continué


à subir des pressions et des attaques de la part d'États s'opposant à des enquêtes
qui viseraient potentiellement leurs citoyens. En avril 2021, la nouvelle administration
américaine a annulé le décret de l'ère Trump qui entravait le travail de la CPI en
réponse à l'intérêt de la Cour pour les crimes présumés perpétrés par des soldats
américains et certains alliés, notamment en Afghanistan et en Palestine. Bien qu’il
s’agisse là d’une avancée, le Bureau du Procureur de la CPI a continué à travailler

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   48  


dans un climat politique qui met à mal son efficacité et l'impact de son travail. Ces
attaques se sont ajoutées au fardeau déjà existant des défis, y compris financiers,
auxquels est confrontée cette Cour de dernier recours, mais la CPI a fermement
défendu son indépendance contre les demandes en faveur d'un système de justice
de facto sélective, ouvrant par exemple une enquête longtemps attendue sur la
situation de la Palestine. La FIDH et ses organisations membres et partenaires ont
continué à plaider pour que les États parties au Statut de Rome soutiennent
activement la Cour.

En outre, 2021 a été une période charnière pour la CPI en termes de gouvernance,
puisqu'un tiers de ses effectifs a été renouvelé à la suite de l'élection par les États
parties de six nouveaux juges qui ont prêté serment en mars 2021, ainsi que de
l'élection par les juges d'une nouvelle présidence de la CPI (président et deux vice-
présidents). Un nouveau et troisième Procureur de la CPI a été élu et a pris ses
fonctions en juin 2021, pour un mandat de neuf ans. Une nouvelle Présidente de
l'Assemblée des États parties a commencé son mandat. Enfin, la Cour et les États
parties ont engagé des discussions sur l'évaluation et la mise en œuvre des
recommandations de la Revue des expert·es indépendant·es visant à renforcer la
performance de la Cour.

Parallèlement, l'espace de responsabilité pour les crimes internationaux au niveau


national, dans les pays où les crimes ont été commis, a continué de se réduire plus
encore en 2021. L'impact des lois d'amnistie et le manque de volonté politique ont
été visibles en Côte d'Ivoire et au Mali, où des procédures pénales prometteuses ont
été arrêtées ou bloquées, au nom de la « réconciliation », ou en Guinée Conakry, où
le procès pour les crimes internationaux commis lors du massacre du 28 septembre
n'a pas commencé, contrairement aux nombreuses annonces faites par les autorités
nationales, laissant les victimes dans l’attente depuis plus de 10 ans, sans recours
effectif au niveau national.

Face à ces défis, en 2021, la FIDH s'est engagée dans différents types d'activités
afin de lutter contre l'impunité dont jouissent les auteur·es de crimes internationaux
et de favoriser l'accès des victimes à la justice.

Renforcement des capacités et documentation - La documentation des crimes


internationaux graves, visant à établir les faits et les responsabilités concernant les
crimes les plus graves, et la documentation de l'état des mécanismes de justice
nationaux pour enquêter et poursuivre véritablement ces crimes, ont continué à jouer
un rôle essentiel dans les efforts de la FIDH. La FIDH cherche à renforcer les
capacités de ses membres et à mener des missions de documentation dans le but
de sensibiliser, de produire des rapports d'enquête et/ou d'engager des procédures
judiciaires.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   49  


Tout au long de l'année 2021, et malgré les difficultés résultant de la pandémie de
Covid-19, la FIDH a mené et soutenu plusieurs missions de documentation, soit
en présentiel, soit en distanciel, avec ses organisations membres et partenaires sur
les crimes internationaux et sur la mise en œuvre du principe de complémentarité
entre les mécanismes de justice nationaux et internationaux pour offrir réparation aux
victimes de ces crimes.

La FIDH a pu entreprendre une mission d'enquête de plusieurs semaines au Soudan


en janvier/février 2021, conjointement avec son organisation membre, l'African
Center for Justice and Peace Studies (ACJPS). Les délégués de la mission se sont
rendus à Khartoum et ont pu se rendre dans différentes parties du Darfour pour
documenter les crimes graves qui ont eu lieu au Darfour, en particulier au Darfour
occidental, depuis la chute de Bachir. La délégation a mené des entretiens
individuels, et parfois collectifs, avec plus de 100 personnes. Ces recherches et cette
documentation dans le pays ont été consignées dans un rapport conjoint intitulé
« Retards et dilemmes : de nouvelles violences au Darfour et des efforts de justice
incertains dans le cadre de la transition fragile du Soudan » qui a été publié le 30
novembre 2021. Le rapport souligne l'augmentation de la violence au Darfour depuis
la transition de 2019, notamment au Darfour occidental, et aborde la question de
l’impunité qui continue d’exister dans le pays. Un point presse a été organisé le 24
novembre 2021 au cours duquel le rapport a été présenté. Le rapport, et ses
recommandations, ont été présentés dans plusieurs réunions de plaidoyer qui se
sont tenues en 2021 et qui ont rassemblé un très grand nombre de personnes.

Du 25 au 29 octobre 2021, la FIDH a mené une mission à Kiev, en Ukraine, en


collaboration avec son organisation membre le Centre pour les libertés civiles (CCL),
afin de rencontrer plus de 70 représentant·es des autorités ukrainiennes, d'ONG,
d'organisations internationales et d'ambassades, et d'évaluer les efforts de la justice
nationale en matière de recherche de responsabilité pour les crimes internationaux
commis dans le Donbas et en Crimée au cours des huit années précédentes. Cette
enquête et cette documentation ont alimenté notre plaidoyer auprès des parties
prenantes concernées afin d'obtenir justice pour ces crimes. Bien que nos
organisations aient constaté des avancées encourageantes au cours des dernières
années, d'importants obstacles juridiques et opérationnels persistent, et la volonté
politique semble manquer pour que les victimes puissent effectivement obtenir vérité,
justice et réparations. Un atelier « à huis clos » a été organisé pendant la mission
avec une quinzaine de représentant·es de la société civile ukrainienne et la
participation de représentant·es de la CPI pour discuter de l'état de la situation de
l'Ukraine à la CPI et des perspectives pour les victimes.

En Côte d'Ivoire, la FIDH, le Mouvement Ivoirien des droits humains (MIDH) et la

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   50  


Ligue ivoirienne des droits de l'Homme (LIDHO) ont mené une mission à Abidjan du
5 au 11 décembre 2021 au cours de laquelle nos organisations ont rencontré des
représentant·es des autorités nationales, de la société civile, des diplomates, et des
partenaires internationaux, afin de discuter des questions liées au « processus de
réconciliation nationale », et plus particulièrement de la situation des victimes de
violations graves des droits humains et de l'état actuel du système judiciaire, qui
montre des signes inquiétants de politisation. Cette enquête et cet effort de
documentation serviront de base au plaidoyer prévu en 2022.

Le 23 novembre 2021, la FIDH, en collaboration avec le Centre européen pour les


droits constitutionnels et les droits humains (ECCHR) et Lawyers for Justice in Libya
(LFJL), a publié un rapport public intitulé « Pris au piège : les migrant·es et les
réfugié·es priégé·es en Lybie sont victimes de crimes contre l’humanité ». Ce rapport
se fonde sur un travail d’enquête et de documentation à distance mené pendant près
de deux ans. Les organisations ont mené des entretiens approfondis et semi-
structurés, en distanciel et en présentiel, avec 21 personnes, dont 14 migrant·es et
réfugié·es rescapé·es de crimes dont ils/elles ont été victimes alors qu'ils étaient en
Libye. Alors que la mission de documentation a également été utilisée pour
transmettre une communication détaillée au Bureau du Procureur de la CPI, qui a
ouvert une enquête sur la Libye, le rapport présente une analyse des conclusions sur
les crimes contre l'humanité qui ont été présentées dans la communication à la CPI
et examine les politiques de l'UE conçues pour empêcher les migrant·es et les
réfugié·es de rejoindre l'Europe via la Libye. Le rapport soutient que les politiques de
l'UE aboutissent dans les faits à piéger les migrant·es et les réfugié·es en Libye, et
exhorte l'UE et les États européens à mettre immédiatement un terme aux opérations
de refoulement en Libye, à se conformer à leurs obligations internationales et à
suspendre toute forme de soutien et d'assistance aux autorités libyennes pour tout
ce qui touche aux politiques de gestion des migrations.

À partir de l’enquête et de la documentation rassemblée par la FIDH et l'IDHEAS


depuis 2019, y compris des entretiens avec des familles de victimes, les deux
organisations ont publié en juin 2021 un rapport de 56 pages intitulé « Mexique :
Structure criminelle au sein du parquet de l'État de Nayarit et crimes contre
l'humanité ». Ce rapport démontre qu'entre 2011 et 2017, l'ancien gouverneur
Roberto Sandoval et le procureur Edgar Veytia ont créé une structure criminelle au
sein du parquet de Nayarit, au travers de laquelle ils se sont rendus responsables
d’actes d'homicide, de torture, de spoliation, d'extorsion et de disparition forcée.
Entre juin et septembre 2017, au moins 47 personnes ont été victimes de disparition
forcée sur ordre du procureur général de Nayarit, au Mexique.

Au sujet de la Colombie, à partir de rapports d'ONG nationales et locales, de


documents judiciaires, de missions de documentation complémentaires et missions

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   51  


d’enquête effectuées en 2020 et 2021, la FIDH et son organisation membre CAJAR
ont publié en octobre 2021 un rapport intitulé « La plaie au cœur du monde : Crimes
contre l'humanité perpétrés contre des populations indigènes de la Sierra Nevada de
Santa Marta, Colombie ». Le rapport révèle que 180 membres de groupes indigènes
de la Sierra Nevada de Santa Marta, en Colombie, ont été victimes de crimes contre
l'humanité perpétrés entre 2002 et 2009, par l'armée colombienne et des groupes
paramilitaires, et demande à la CPI d'inclure ces crimes dans son examen
préliminaire ouvert sur la Colombie.

Contentieux stratégique dans le cadre de crimes internationaux et soutien aux


mécanismes d'accès des victimes à la justice - Grâce à une approche
pluridimensionnelle, multi-régionale et pluri-juridictionnelle, la FIDH collabore avec
une grande variété d'acteurs – incluant tant des partenaires locaux travaillant sur le
terrain que des avocat·es pénalistes internationaux.ales - pour renforcer sa
participation aux procédures de contentieux stratégique. Chaque année, la FIDH
cherche à améliorer son approche pour mieux soutenir les victimes et les
communautés affectées. En s'appuyant sur une documentation efficace des
violations des droits humains, elle adapte, avec le GAJ, sa stratégie et sa
méthodologie pour explorer, avec ses organisations membres, toutes les voies
légales et judiciaires disponibles pour mettre un terme à l'impunité.

En décembre 2021, la FIDH était engagée dans 71 procédures de contentieux


stratégiques concernant des violations commises dans 31 pays. Cela inclut 25
nouvelles procédures engagées depuis juin 2019. Avec les avocats du GAJ ainsi que
nos organisations membres et partenaires, la FIDH soutient directement 1 059
victimes, défenseur·es des droits humains et ONG à travers le monde dans leur
quête de justice et de réparation. Les contentieux portés devant les juridictions
nationales (tant extraterritoriales que territoriales) constituent la majorité des dossiers
dans lesquels la FIDH est impliquée (58%). Les contentieux portés devant la CPI
(dans 10 affaires) représentent 16% de l'ensemble des affaires judiciaires.

Devant les juridictions nationales


La société civile, les victimes et les communautés affectées continuent de faire face
à un rétrécissement considérable de l'espace de responsabilité, notamment en Côte
d'Ivoire, en Guinée et au Mali. Face à cette réalité, en 2021, la FIDH et ses
organisations membres ont mis en place une nouvelle stratégie d'intervention au
niveau national.

La FIDH, le Collectif d'Avocats José Alvear Restrepo (CAJAR), l'IDHEAS et


l’organisation Strategic Litigation in Human Rights, ont poursuivi leurs efforts
communs pour contribuer à la lutte contre l'impunité dans les cas d’exécutions
extrajudiciaires et de disparitions forcées en Colombie et au Mexique. Outre le

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   52  


travail de documentation, les formations et les activités d'échange d’expérience, la
FIDH a soutenu ses membres dans la création d'espaces d'échange d'expériences
entre différents groupes de victimes en Colombie et au Mexique et dans la poursuite
des actions en justice en faveur des victimes d'exécutions extrajudiciaires et de
disparitions forcées au niveau local. La FIDH soutient également des actions
complémentaires visant à sensibiliser les différentes parties prenantes sur l'existence
de crimes contre l'humanité dans les deux pays.

Par une ordonnance d'août 2018, le Président Ouattara permettait à la quasi-totalité


des personnes suspectées de crimes internationaux commis pendant la crise post-
électorale, de bénéficier d’une 'amnistie. La FIDH et ses organisations membres en
Côte d'Ivoire, la LIDHO et le MIDH, ont décidé de contester cette ordonnance au
nom des 165 victimes représentées par les avocats du GAL depuis 2012 devant les
juridictions nationales. En avril 2019, un recours a été introduit devant la Chambre
administrative de la Cour suprême, au motif que l'ordonnance prise par le Président
était incompatible avec les obligations de l'État en vertu du droit international. Le
recours déposé par les organisations au niveau national n'ayant pas abouti - et
l'annonce inattendue en 2021 d'une audience d'examen des conclusions n'ayant pas
été suivie d'effet - les avocats du GAL ont étudié d'autres voies de recours pour
contester l’ordonnance d'amnistie, et ont commencé à monter un dossier contre l'État
de Côte d'Ivoire qui sera déposé courant 2022 auprès de la Cour de justice de la
CEDEAO, organe de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest.

Cependant, et malgré tous les obstacles rencontrés, un procès contre Amadé


Oueremi, l'une des rares personnes à ne pas avoir bénéficié de la loi d'amnistie,
s’est tenu en mars et avril 2021. Amadé Oueremi était poursuivi pour des exactions
commises à Duékoué les 28 et 29 mars 2011, qualifiées de crimes contre l'humanité.
Bien que la tenue du procès ait été annoncée à la dernière minute, la FIDH et ses
membres en Côte d'Ivoire y ont pris part en tant que parties civiles et aux côtés de 34
victimes. Ce procès, le seul qui se soit tenu pour juger des exactions commises
durant la crise qui a suivi les élections, a abouti à la condamnation d'Amadé Oueremi
à la prison à vie.

En novembre 2021, alors qu'une mission de la CPI se trouvait à Conakry, les


autorités guinéennes ont annoncé une nouvelle fois le début éminent du procès des
responsables du massacre du 28 septembre 2009. Les autorités ont avancé la date
de la fin mars 2022, suscitant de nombreux espoirs de voir enfin satisfaites les
demandes de justice des victimes, plus de 12 ans après les faits. Malgré plusieurs
communications du comité de pilotage en charge de l'organisation du procès, la date
de début du procès a de nouveau été repoussée. En 2021, la FIDH, l'Association des
Victimes, Parents et Amis du 28 septembre 2009 (AVIPA), et l'Association
Guinéenne de Défense des Droits de l'Homme (OGDH) se sont mobilisées pour

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   53  


pousser les autorités guinéennes à rendre justice aux victimes et à leurs familles,
tout en poursuivant les discussions avec le Bureau du Procureur de la CPI, qui mène
un examen préliminaire de la situation depuis plus de 10 ans.

Devant les juridictions nationales appliquant la compétence universelle ou


extra-territoriale
Devant les juridictions nationales, la FIDH et ses organisations membres ont
également continué à soutenir l'accès des victimes à la justice en utilisant le
mécanisme de compétence universelle et extraterritoriale. En décembre 2021, la
FIDH était engagée dans 25 procédures impliquant l'exercice de la compétence
universelle ou extraterritoriale, ce qui représente un peu plus d'1/3 des activités
contentieuses stratégiques de la FIDH. Ces affaires concernent la commission de
crimes internationaux dans 10 pays, en Afrique, au Moyen-Orient, aux Amériques, en
Europe de l'Est et en Asie centrale, avec une majorité d'affaires relatives à des
crimes commis au Rwanda (48%) et en Syrie (20%). Une grande majorité de ces
procédures, initiées par la FIDH, se déroulent devant des tribunaux français.

La FIDH et le GAJ continuent d'être actifs dans le cadre des litiges relatifs à la Syrie.
En 2021, la FIDH a soutenu les témoignages de parties civiles, dont celui de son
organisation membre SCM, dans l'affaire Dabbagh, dans laquelle trois hauts
responsables du régime syrien ont été mis en examen. Elle a également permis
l'audition par des juges d'instruction français, de parties civiles dans l'enquête pénale
sur l'assassinat en Syrie des journalistes Rémi Ochlik, Marie Colvin et Edith Bouvier.
En mars 2021, une dizaine de victimes et de témoins ont été entendus dans le cadre
de l'affaire Jaysh al Islam. La FIDH a fermement dénoncé une campagne
d'intimidation, incluant des tentatives sérieuses d'intimidation de tous les témoins et
des parties civiles à la procédure de l'affaire Jaysh al Islam, et visant à discréditer le
travail effectué par les organisations plaignantes en faveur de la manifestation de la
vérité.

En 2021, la FIDH et le GAJ ont également exploré les moyens d'élargir le champ de
la responsabilité pour les crimes internationaux commis en Syrie. Des efforts
considérables ont été déployés dans la préparation d’une plainte déposée par la
FIDH et les organisations SCM (Syrie) et Memorial (Russie), en soutien à Abdullah
Elismail, le frère de Mohammed Elismail. La plainte a été déposée à Moscou en
mars 2021, auprès du Comité d'enquête de la Fédération de Russie, contre les
forces paramilitaires russes du groupe Wagner impliqués dans le meurtre cruel d’un
civil syrien perpétré en Syrie. Cette action en justice représente la toute première
tentative faire reconnaître la responsabilité d’un ressortissant russe dans le cadre de
crimes internationaux commis en Syrie. Depuis, les avocats d'Elismail ont demandé
à deux reprises (le 26 mars et le 13 octobre) que le Comité d'enquête leur transmette
des informations sur l'enregistrement de la plainte, le déroulement et les résultats de

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   54  


l'enquête préliminaire, ainsi que des copies des documents de procédure, mais en
vain. Trois plaintes ont ensuite été déposées auprès du tribunal de Basmanny, les 19
avril, 4 mai et 19 juillet. Par deux fois, elles ont été déboutées pour des raisons
techniques douteuses, et les avocats ont dû déployer des efforts sans précédents
pour obtenir des informations sur le sort des plaintes et les décisions justifiant leur
renvoi. Le 1er octobre 2021, l'avocat Piotr Zaikin s'est adressé au président du
tribunal de Basmanny en lui demandant de l'informer par écrit de la décision
concernant la troisième plainte. La stratégie de litige consiste à épuiser toutes les
voies de recours au niveau national avant d’envisager un dépôt de plainte contre la
Russie devant la Cour européenne des droits de l'Homme.

Dans l'affaire contre deux membres français d'ISIS, mis en examen en France pour
génocide et crimes contre l'humanité commis en Syrie et en Irak contre des Yazidis,
la FIDH a soutenu trois victimes yazidies qui ont témoigné lors d'une audience sur
les crimes sexistes qu'elles ont subis.

La FIDH et le GAJ ont également continué à suivre les différentes procédures en


cours auxquelles elle participe en tant que partie civile, dans le cadre du génocide
commis au Rwanda. Début 2021, dans l'affaire Turquoise, de nouveaux éléments
ont été révélés par un rapport rendu public par une commission mise en place par le
Président français sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsis de 1994.
Suite à ce rapport, la FIDH et son organisation membre en France, la Ligue des
droits de l’Homme, ont déposé une demande officielle de réouverture de l'instruction.
Cette demande été rejetée en mai 2021.

Le 3 décembre 2021, la FIDH et 10 autres ONG ont envoyé une lettre ouverte au
Président français pour dénoncer les implications d'un arrêt de la Cour de cassation
de novembre 2021 statuant que les tribunaux français ne sont pas compétents pour
connaître de cette affaire de crimes contre l'humanité contre un ressortissant syrien
arrêté en France en 2020, car les crimes contre l'humanité ne sont pas criminalisés
par le droit syrien. La FIDH a alors étudié la possibilité de revoir la décision de la
Cour de cassation de novembre 2021 pour la contester en raison d'une erreur de
procédure.

Pour répondre à la situation au Bélarus et aux graves violations des droits humains
passées et présentes, la FIDH a étudié les voies de contentieux auprès d’une
juridiction extra-territoriale et a rejoint le Conseil consultatif de la Plateforme
internationale de responsabilité au Bélarus, une base de données créée grâce à un
financement de l'UE qui collecte et protège les preuves des violations des droits
humains perpétrées au Bélarus depuis le début des manifestations en 2020. La
plateforme Bélarus est gérée par l'organisation danoise Dignity.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   55  


Enfin, la FIDH a appuyé la rédaction et la publication de la Revue annuelle de la
compétence universelle 2021, publiée début 2022, qui décrit les principaux
développements dans les affaires de compétence universelle (CU), partout dans le
monde, et qui plaide pour des procédures significatives et efficaces centrées sur les
victimes.

Devant la Cour pénale internationale


Devant la Cour pénale internationale, la FIDH et ses membres ont soumis des
communications au titre de l'article 15 et des observations Amicus Curiae dans le
cadre de différents dossiers pour lesquels les victimes n'ont pas pu accéder à des
mécanismes de justice efficaces au niveau national ; la FIDH demande à la Cour de
mener des enquêtes sérieuses et/ou d’entamer des poursuites.

Suite à un important travail de documentation (dans le pays et à distance) sur les


crimes internationaux commis notamment en Libye, en Colombie et au Mexique, la
FIDH et ses organisations membres ont soumis cinq communications (y compris
confidentielles) au titre de l'article 15 au Bureau du Procureur de la CPI. Suite à ces
communications, une série de réunions a été organisée avec des collaborateurs du
Bureau du Procureur, y compris des enquêteurs, afin de discuter des conclusions et
de faire pression soit pour l'ouverture d'une enquête, soit pour le déploiement de
mesures d'enquête et de poursuite efficaces dans les dossiers en cours.

En 2021, la FIDH est également intervenue en tant qu'Amicus Curiae dans trois
affaires importantes de la CPI et portant sur l’Afghanistan, le Soudan (dans l'affaire
Abd Al Rahman), et l’Ouganda (dans l'affaire Ongwen). Dans le cadre de l’affaire
Soudan/Darfour portée devant la CPI, le premier suspect soudanais, Ali
Muhammad Ali Abd-Al-Rahman a été déféré à la Cour en 2020. Dans le cadre de
l'affaire Al Rahman, les victimes pouvaient demander à participer en tant que
victimes à l'audience de lecture de l’acte d’accusation qui était prévue le 24 mai
2021. La FIDH a demandé l'autorisation de participer à l’audience en tant qu'Amicus
Curiae, afin de convaincre le Juge de la mise en état de revenir sur sa décision du 18
janvier 2021 de nommer le Bureau du Conseil Public pour les Victimes unique
représentant légal pour toutes les victimes dans le cadre de l’audience de lecture de
l’acte d’accusation contre Al Rahman, et pour plaider pour le droit des victimes à
choisir leur conseil et pour une participation et une représentation légale des victimes
à la CPI.

Le 10 mai 2021, la FIDH et OPEN ASIA/Armanshahr ont transmis une demande


d'autorisation de soumettre des observations, en qualité d'Amicus Curiae, à la
Chambre préliminaire de la CPI, dans le cadre de la situation en Afghanistan, sur
les questions suivantes : (1) les droits des victimes au stade de l'enquête ; (2)

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   56  


l'importance de dresser un plan clair et d'établir un canal de communication avec les
victimes à ce stade de la procédure ; et (3) l'impact de la demande de report du
gouvernement afghan et de l'interprétation de l'article 18(2) par le Bureau du
Procureur sur les droits des victimes. Cette demande visait également à soutenir les
représentant·es légaux des victimes dans leur appel à plus de transparence et de
droits participatifs effectifs des victimes au cours de l'enquête, ouverte depuis mars
2020, et sur le processus de report demandé par le gouvernement afghan.
Les deux demandes d'intervention, dont le but était de clarifier les droits des victimes
à une participation réelle, à une représentation légale et à l'information, ont été
rejetées par la Chambre de la CPI auxquelles ces deux demandes avaient été
renvoyées.

Le 7 juin 2021, la FIDH a rejoint REDRESS et d'autres ONG internationales et


ougandaises et a soumis une demande d'intervention en tant qu'amicus curiae dans
l'affaire Ongwen en Ouganda, sur la question des réparations. Les juges de la CPI
avaient appelé les parties intéressées à soumettre des observations sur les mesures
de réparation adéquates pour les victimes dans cette affaire spécifique où l'accusé a
été reconnu coupable de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre, et
condamné à 25 ans de prison.

En dehors des communications au titre de l'article 15 et des Amicus Curiae, la FIDH


et ses organisations membres ont rédigé d'autres types de communications à la CPI.
Le 30 septembre 2021, la FIDH et le CAJAR (Colectivo de Abogados José Alvear
Restrepo) ont soumis un rapport confidentiel au Bureau du Procureur de la CPI, en
réponse à son invitation aux parties à contribuer à l'élaboration d'un cadre de
référence pour la situation en Colombie. L'objectif du rapport était de fournir au
Bureau du Procureur un ensemble de critères susceptibles de faciliter l'analyse
menée lors de la phase d'examen préliminaire afin d'éviter des examens
préliminaires trop poussés des situations nationales. Toutefois, le 28 octobre 2021, le
Procureur de la CPI a clos la phase d’examen préliminaire de la situation en
Colombie sans ouvrir d'enquête, et a signé un accord de coopération avec le
gouvernement qui définit la prochaine étape ayant pour objectifs de soutenir les
efforts du pays pour faire progresser la justice transitionnelle.

Enfin, la FIDH et ses organisations membres ont continué à suivre divers dossiers
déposés auprès de la CPI, notamment ceux portant sur l'Afghanistan et la
Palestine, en particulier depuis la décision historique du 5 février 2021 de la Cour
confirmant que la compétence territoriale de la Cour dans l'enquête sur les crimes
internationaux commis en Palestine, s'étendait à Gaza et à la Cisjordanie, y compris
Jérusalem-Est. Cette décision a été suivie de l'annonce par le Procureur de la CPI, le
3 mars 2021, de l'ouverture d'une enquête spécifique sur la situation de l'État de
Palestine. Dans la dossier de la République centrafricaine, tout en appelant encore

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   57  


à une plus grande responsabilité, y compris au niveau national, la FIDH, la LCDH
(Ligue centrafricaine des droits de l'homme) et l'OCDH (Observatoire centrafricain
des droits de l'homme) ont salué l'arrestation et le déferrement à la CPI du premier
ex-Seleka (après que deux anti-balakas ont été arrêtés et déferrés en 2020),
marquant une nouvelle et importante étape vers une responsabilité égale pour les
crimes commis sur le territoire, pour toutes les parties au conflit.

Plaidoyer pour le renforcement des mécanismes de justice internationale - En


2021, la FIDH a mené des activités de plaidoyer pour renforcer les mécanismes de
justice internationale. Ces mécanismes, plus particulièrement la CPI, ont subi des
pressions et des attaques croissantes de la part d'États tels que les États-Unis qui
s'opposent à des enquêtes qui pourraient viser leurs ressortissants. Les tactiques
d'intimidation se sont intensifiées jusqu'à l'adoption par l'administration Trump, en
juin 2020, du décret n° 13928 et des sanctions qui en découlent. Face à deux procès
aux États-Unis et à de nombreux appels de groupes de défense des droits humains,
(dont la FIDH et ses membres), de juristes, d'associations d'avocats, de
fonctionnaires de l'ONU et d'États membres de la CPI du monde entier, le
gouvernement Biden a abrogé ce décret n° 13928 et a ainsi levé les sanctions de
Trump contre la CPI le 2 avril 2021. En amont de cette décision, la FIDH et 28 de ses
organisations membres avaient exhorté les États-Unis à travailler de manière
constructive avec la CPI et à démontrer leur engagement à rendre des comptes pour
les crimes internationaux graves, y compris ceux commis par les plus puissants.

En amont de la 20ème Assemblée des États parties au Statut de la CPI, qui s’est
tenue à La Haye du 6 au 11 décembre 2021, la FIDH a publié le 18 novembre son
document de position contenant six recommandations clés aux États parties pour
renforcer le travail de la Cour dans les domaines suivants : coopération, rôle des
victimes dans les procédures de la CPI, égalité des sexes, élections, et évaluation et
mise en œuvre des conclusions et recommandations suite à l'examen mené par des
expert·es indépendant·es. Le document de position a été distribué aux ONG et aux
États parties, ainsi qu'aux fonctionnaires de la Cour, et ses recommandations ont été
présentées dans divers discours lors de la réunion plénière et lors d'événements
parallèles virtuels. La FIDH a organisé quatre événements parallèles sur : (1)
l'examen de la CPI par des expert·es indépendant·es, avec le soutien et la
participation des États parties ; (2) l'héritage du mandat de la procureure de la CPI
Fatou Bensouda, en ce qui concerne les crimes sexuels et sexistes, les examens
préliminaires et la sensibilisation des victimes et des communautés affectées ; (3) la
complémentarité (en Guinée, en Colombie, au Soudan et au Venezuela) ; et (4) les
crimes contre les migrants et les réfugiés dans le cadre de l'enquête de la CPI sur la
Libye. Le 8 décembre, Guissou Jahangiri, vice-président de la FIDH et directeur
d'OPEN ASIA | Armanshahr, a lu la déclaration de la FIDH lors du débat général, via
une vidéo préenregistrée.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   58  


Pour renforcer ses activités de plaidoyer, la FIDH et ses organisations membres ont
publié une série de rapports et de notes, et ont renforcé leur engagement auprès des
institutions clés :

Vers une véritable reconnaissance des droits des victimes par les juges de la
CPI
De la sensibilisation précoce aux réparations, les juges ont la plus haute autorité au
sein de la CPI. Ils ont le devoir et l’honneur de s'assurer que justice soit rendue, non
seulement pour les victimes mais aussi avec les victimes. Le 4 juin 2021, la FIDH a
publié un rapport intitulé « À qui la Cour appartient-elle ? Manuel judiciaire sur les
droits des victimes à la Cour pénale internationale ». Ce rapport porte sur les droits
des victimes à la CPI, il présente les leçons tirées des pratiques passées de la Cour
et formule des recommandations concrètes pouvant être mises en œuvre par les
Chambres de la CPI afin de favoriser une meilleure participation et représentation
des victimes afin qu’elles puissent obtenir réparation. L’évènement organisé au mo-
ment de la publication du rapport en juin a permis d'entendre des praticiens ayant
une expérience directe du travail avec les survivant·es, des expert·es et des repré-
sentant·es de la CPI. Cela a permis des discussions approfondies sur ce sujet très
important.

Vers des politiques et stratégies de poursuites plus efficaces pour la CPI


En 2021, la FIDH, conjointement avec des organisations membres et partenaires, a
dressé un bilan approfondi de la politique, de la stratégie et des pratiques du Bureau
du Procureur pendant le mandat de la Procureure Fatou Bensouda sur trois
questions clé : les enquêtes et les poursuites relatives aux crimes sexuels et basés
sur le genre, les examens préliminaires et la sensibilisation. Ces documents ont pour
but de formuler des recommandations au nouveau Procureur de la CPI.

Vers une prise en compte plus significative de l'expertise des ONG, des
victimes et des communautés affectées
La FIDH est restée très impliquée auprès des Mécanismes d'examen des expert·es
indépendant·es, des points focaux de la Cour et d'autres acteurs clés mandatés pour
évaluer les recommandations et discuter de leur éventuelle mise en œuvre
conformément à un plan de travail publié en juillet 2021. En raison de son
implication, la FIDH est devenue co-responsable, avec Human Rights Watch, d'une
« équipe de révision », issue de la société civile, dont l’objectif est d'assurer une
participation plus centrale et plus importante des ONG du monde entier aux
différents débats. Cela passe notamment par la « déconstruction » du processus, qui
est fort complexe, et par la définition de positions et de recommandations
communes.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   59  


Vers un engagement renforcé ou renouvelé des ONG avec l'IIIM-Syrie
La FIDH et les organisations membres et partenaires travaillant sur la Syrie et l'Irak
ont continué, tout au long de l'année 2021, à coopérer avec le Mécanisme
international, impartial et indépendant (IIIM), contribuant ainsi à l'enquête et à la
poursuite des personnes responsables de crimes internationaux perpétrés en Syrie
depuis mars 2011. Des réunions à distance ont permis de continuer à soutenir et à
interagir avec les acteurs de terrain et d’assurer la transmission d’informations au
IIIM par les organisations membres et partenaires de la FIDH en Irak et en Syrie
(SCM et Kinyat).

La FIDH a poursuivi son travail régulier avec le réseau européen sur le génocide, un
réseau d'unités nationales sur les crimes de guerre dans les États membres et
observateurs de l'UE, lors de réunions semestrielles auxquelles seules certaines
ONG ont le droit de participer ou ont le statut d’observateur.

Un membre du Conseil des organisations populaires et autochtones du Honduras manifeste à l'extérieur le tribunal où doit
s'ouvrir le procès des accusés du meurtre de l'environnementaliste indigène hondurienne Berta Caceres devrait s'ouvrir à
Tegucigalpa le 15 octobre 2018. © Orlando Sierra/AFP

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   60  


COUP DE PROJECTEUR SUR LES IMPACTS ET SUR LES
RESULTATS SIGNIFICATIFS

Objectif 1 - Documenter les crimes les plus graves

Résultat escompté 1.1 : Établir les faits et les responsabilités pour les crimes les plus
graves

RESPONSABILITE DES CRIMES CONTRE LES MIGRANT·ES ET LES

REFUGIE·ES EN LIBYE
Les crimes contre les migrant·es, les réfugié·es et les demandeur·es d'asile constituent de graves violations
des droits humains et peuvent s'apparenter à des crimes contre l'humanité et à des crimes de guerre, dont la
gravité ne peut être rejetée au motif que le voyage des victimes commence alors qu’ils/elles franchissent
une frontière internationale. C'est ce qui a conduit le Bureau du Procureur de la CPI, après que le Conseil de
sécurité de l’ONU lui a demandé dès 2011 de se pencher sur la situation en Lybie, à ouvrir une enquête sur
les crimes commis dans le contexte des manifestations qui ont conduit au renversement du régime de
Kadhafi, à s'intéresser aux crimes commis contre les migrant·es et les réfugié·es par les milices et les
groupes armés en Libye. La mise en esclavage des migrant·es et autres crimes connexes peuvent
s'apparenter à des crimes contre l'humanité qui exigent une action internationale et engagent la
responsabilité des auteurs. La FIDH, après avoir discuté des objectifs avec son organisation partenaire
Avocats pour la justice en Libye (LFJL) et le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits
humains (ECCHR) et après avoir convenu avec eux de la méthodologie à suivre, a décidé d'entreprendre une
mission d'enquête conjointe pour documenter les crimes contre les migrants et les réfugiés en Libye.
Compte tenu des restrictions liées à la pandémie de Covid-19, cette mission et les entretiens avec les
survivants en Europe et dans d'autres pays en dehors de la Libye ont été principalement réalisés à distance.
Près de 15 survivants ont été interrogés au cours de cette mission. Ces entretiens ont été transcrits,
analysés et sauvegardés de manière sécurisée, pour alimenter et illustrer l'analyse juridique.

En novembre 2021, une fois achevé cet énorme travail de recherche documentaire et d'établissement des faits -
travail qui avait débuté en octobre 2020 - la FIDH, la LFJL et l'ECCHR ont déposé une communication
confidentielle au titre de l'article 15 auprès du Bureau du Procureur de la CPI. La communication – longue de
près de 300 pages - contient une analyse factuelle et juridique très détaillée des crimes commis à l'encontre
des migrant·es et des réfugié·es pendant leur voyage en Libye. Ces crimes sont décrits comme des crimes
contre l'humanité et la communication identifie une liste de 19 auteurs présumés. Cette communication a
immédiatement donné lieu à des réunions à huis clos avec le Bureau du Procureur, notamment avec les
enquêteurs travaillant sur la situation en Libye, et notre travail a été mentionné dans la déclaration du Procureur
au Conseil de sécurité en avril 2022. Notre documentation a également suscité l'intérêt d'autres parties
prenantes, qu'il s'agisse de la Mission d'établissement des faits de l'ONU, des représentant·es des États ou des

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   61  


unités nationales chargées des crimes de guerre. Un travail de plaidoyer approfondi a également été mené
après le dépôt de notre communication, sur la base d'un rapport public publié par les trois organisations. Ce
rapport public reprend les principales conclusions de la communication au titre de l'article 15 et inclut une
analyse de la responsabilité de l'Union européenne et de ses États membres dans cette situation. Les trois
organisations ont également présenté leurs conclusions lors de plusieurs événements publics, notamment lors
de l'Assemblée des États parties de la CPI en décembre 2021.

Objectif 2 - Favoriser l'accès des victimes à la justice

Résultat escompté 2.1 : Engager la responsabilité pénale des auteurs des crimes les
plus graves.

OUVERTURE D'UNE ENQUETE SUR LE VENEZUELA PAR LA CPI


Le 5 novembre 2021, le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé l'ouverture d'une
enquête sur la possible commission de crimes contre l'humanité au Venezuela, à la suite d’un protocole d'accord
passé avec le gouvernement vénézuélien. Un examen préliminaire a débuté en février 2018, avec pour objectif
d'analyser les crimes qui auraient été commis au Venezuela depuis au moins avril 2017, dans le contexte des
manifestations qui ont eu lieu cette année-là. Plus tôt en 2021, la FIDH et PROVEA ont transmis leur analyse des
efforts déployés par la justice nationale, qui démontre que la justice vénézuélienne n’engage pas de véritables
procédures judiciaires pour poursuivre les auteurs de crimes internationaux commis sur son territoire. Le système
judiciaire actuel a été soumis au contrôle et aux pressions du pouvoir exécutif, ce qui se traduit par de graves
violations des procédures, des menaces à l'encontre des victimes et des témoins, de longs retards et des carences
structurelles en termes de ressources matérielles et humaines. C'est pourquoi la FIDH et son organisation membre
PROVEA se sont félicitées de cette décision de la CPI, qui apporte de l'espoir aux victimes de crimes graves
commis au Venezuela et se battent pour obtenir justice depuis de nombreuses années.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   62  


EN DEPIT DES ATTAQUES ET DES PRESSIONS ETATIQUES, LA CPI

OUVRE UNE ENQUETE ATTENDUE DE LONGUE DATE SUR LES

CRIMES INTERNATIONAUX COMMIS EN PALESTINE


Le 5 février 2021, les juges de la chambre préliminaire de la CPI ont décidé que la compétence de la Cour sur
la Palestine s'étend à Gaza et à la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et que le Procureur est donc légitime
à enquêter sur les crimes internationaux commis sur ces territoires. La FIDH a salué cette décision
historique, dans la lignée de ses observations d'Amicus Curiae déposées en mars 2020. « Avec la confirmation
par la Chambre préliminaire de la compétence territoriale de la CPI sur la Palestine, y compris les territoires
occupés, et l'absence de possibilité de recours en justice au niveau national, il est impératif que le Procureur
prenne immédiatement des mesures pour enquêter efficacement et poursuivre l'ensemble des crimes
internationaux commis en Palestine. Une enquête de la CPI sur la situation en Palestine constituerait une étape
historique pour redonner aux victimes un certain espoir de voir la justice prévaloir et de voir les responsabilités
établies » a déclaré Shawan Jabarin, secrétaire général de la FIDH et directeur général d'Al-Haq.

Le 3 mars 2021, le Procureur a annoncé l'ouverture d'une enquête à part entière sur la situation dans l'État de
Palestine depuis le 13 juin 2014.

Objectif 3 - Renforcer les mécanismes de justice

Résultat escompté 3.1 : Des mécanismes de lutte contre l'impunité créés ou


renforcés

BILAN DE L'HERITAGE DU PROCUREUR DE LA CPI, FATOU

BENSOUDA : CRIMES SEXUELS ET BASES SUR LE GENRE,

EXAMENS PRELIMINAIRES ET ACTIVITES DE SENSIBILISATION


Le mandat de la Procureure de la CPI Fatou Bensouda arrivant à son terme le 15 juin 2021, la FIDH a décidé de faire
le point sur les avancées et les échecs de la Cour au cours des 9 années de son mandat, dans trois domaines
spécifiques : l’établissement des responsabilités en matière des crimes sexuels et basés sur le genre, les examens
préliminaires et la sensibilisation des victimes et des communautés affectées. Pour chacun de ces domaines, la
FIDH a publié différents documents tout au long de l'année 2021, chacun de ces documents intégrant une analyse
et des recommandations à l'intention du prochain Procureur, Karim Khan. Les trois documents ont ensuite été
compilés dans un rapport lancé en décembre 2021, à l’occasion de l'Assemblée des États parties de la CPI.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   63  


Le premier document sur les enquêtes et les poursuites concernant les crimes sexuels et basés sur le genre
s’intitule « Lutte contre l’impunité pour les crimes sexuels et basés sur le genre relevant de la compétence de la
CPI : Une analyse de l'héritage du Procureur Bensouda ». Il a été rédigé en collaboration avec Women's Initiatives
for Gender Justice (WIGJ) et a été rendu public le 19 juin 2021, à l’occasion d'une conférence de haut niveau
réunissant la Procureure de la CPI Fatou Bensouda et le Procureur élu de la CPI Karim Khan. Cette conférence avait
été organisée pour marquer la journée internationale de lutte contre les violences sexuelles dans les conflits. La
présence des deux procureur·es était une occasion unique d'aborder ce sujet important et de discuter de la voie à
suivre. La conférence a été très suivie et de nombreuses parties prenantes ont manifesté leur intérêt eu égard aux
documents à paraître et traitant des examens préliminaires et des efforts de sensibilisation.

Les conclusions des deuxième et troisième documents sont basées sur des consultations en ligne avec des
organisations de la société civile, issues des différentes régions directement concernées par les sujets. Plus de 30
organisations, principalement des organisations membres de la FIDH, ont participé à ces consultations. Cet
exercice d'inventaire a fait l’objet d’un lancement international au mois de décembre qui a reçu un accueil très
favorable et qui a permis à toutes et tous d’exprimer un espoir partagé de voir s'améliorer les méthodes et les
résultats du Bureau du Procureur.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   64  


PRIORITE

PROMOUVOIR LE RESPECT DES DROITS


HUMAINS PAR LES ACTEURS
ECONOMIQUES

ANALYSE DES PROGRES REALISES EN 2021 A LA LUMIERE DES OBJECTIFS


ET DES DEFIS

L’une des priorités en 2021 a été de renforcer les interactions entre les membres et
les organisations partenaires pour tout ce qui touche à la responsabilité des
entreprises en matière de violations des droits humains. Ceci s’est traduit par des
échanges d'expériences et d'expertise, la publication de bulletins d'information et de
notes d’information. La FIDH a aidé à la création d'un groupe de travail thématique
inter-régional composé d'environ 55 organisations membres qui se sont réunies
régulièrement à distance pour discuter de questions telles que l'accès à la justice par
le biais de procédures contentieuses et de mécanismes non judiciaires ou les
initiatives de plaidoyer en faveur de normes contraignantes sur les entreprises et les
droits humains.

À l'occasion du 10ème anniversaire de l'adoption des Principes directeurs des Nations


unies relatifs aux entreprises et aux droits humains, la FIDH a publié une version
actualisée de sa ressource phare intitulée : « Entreprises et violations des droits de
l’Homme : Un guide sur les recours existants à l’attention des victimes et ONGs ». Le
guide a été remanié et est désormais disponible sous la forme d'un site web interactif,
ce qui le rend plus accessible et va en permettre une plus grande utilisation. Avec ce
guide, la FIDH cherche à fournir un outil pratique aux victimes et à leurs
représentant·es, aux ONG et aux autres groupes de la société civile, y compris les
syndicats, les mouvements sociaux et les militant·es, pour demander justice et obtenir
réparation pour les victimes de violations des droits humains impliquant des
entreprises multinationales. La publication de cette version actualisée du guide a été
accompagnée d'un webinaire sur la responsabilité des entreprises. Une centaine de
participant·es ont participé à ce séminaire, représentant les différentes parties
prenantes (société civile, représentant·es gouvernementaux, donateur.trices,
avocat·es, universitaires, investisseur·es...).

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   65  


Le travail de responsabilisation des entreprises s'est poursuivi par des
discussions directes avec les entreprises. La FIDH a continué à organiser des
réunions bilatérales régulières avec des entreprises (telles que Carrefour, Michelin,
Total, Vale, etc.) afin de renforcer leur travail sur la protection des droits humains. La
FIDH et son organisation membre en Ouganda, la Foundation for Human Rights
Initiative (FHRI), se sont engagées conjointement dans un plaidoyer auprès du géant
français de l'énergie Total à la suite du rapport publié en 2020 et intitulé « Nouveaux
gisements, même histoire ? À la croisée des chemins pour éviter la catastrophe en
Ouganda » et l'accélération des projets pétroliers en Afrique de l'Est par Total,
CNOOC et les gouvernements de Tanzanie et d'Ouganda. Les réunions de plaidoyer
menées avec Total ont contribué à une meilleure prise en compte des droits humains
par l'entreprise dans la mise en œuvre des recommandations contenues dans le
rapport. La FIDH et ses partenaires ont également poursuivi le dialogue avec Vale,
suite à leur travail sur le Brésil et plus particulièrement sur la communauté de Piquià
de Baixo.

Le travail de responsabilisation des entreprises s'est également poursuivi par le


biais de contentieux stratégiques, en étroite collaboration avec le Groupe d'action
judiciaire (GAJ) de la FIDH. Les contentieux contribuent directement à prévenir les
violations des droits humains liées aux activités des entreprises. En 2021, la FIDH et
ses organisations membres ont demandé des comptes à plusieurs entreprises
multinationales responsables de violations des droits humains, du droit à un
environnement sain et pour leur contribution au changement climatique dans trois
pays (Équateur, Chili, Colombie) avec cinq actions en justice qui ont été
accompagnées d’une campagne de communication intitulée : « Rendez-vous au
tribunal » (voir impact ci-dessous).

La FIDH est également intervenue en tant que tierce partie dans un procès contre
l'Italie et l'Allemagne devant la Cour européenne des droits de l’Homme au sujet de
la responsabilité du géant sidérurgique ThyssenKrupp pour des violations des
droits humains suite à un accident survenu dans une aciérie à Turin, en Italie, en
2007, qui a fait sept morts et un blessé. Dans la note Amicus Curiae soumise à la
Cour en mars 2021, la FIDH et son partenaire italien, Human Rights International
Corner (HRIC), ont insisté sur la nécessité de garantir l'accès à des recours
effectifs pour les victimes de violations transfrontalières des droits humains
découlant d'un comportement irresponsable des entreprises et de développer des
normes harmonisées et un système plus cohérent d'accès aux recours dans
tous les pays européens.

Au cours de l'année 2021, des progrès ont également été réalisés dans les affaires
de compétence extraterritoriale contre des entreprises et leurs dirigeants. Dans

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   66  


l'affaire BNP Paribas, relative à la complicité de crimes internationaux commis au
Darfour (Soudan), une information judiciaire a été ouverte en 2021 en France. En
juin et juillet 2021, quatre dirigeants de la société Amesys, ainsi que la société elle-
même, ont été mis en examen par les juges d'instruction pour complicité de tortures
commises en Libye sous le régime de Kadhafi. Toujours en juin et juillet 2021, quatre
cadres de la société Nexa Technologies (et en septembre 2021 la société elle-
même), ont été mis en examen pour complicité de torture et de disparitions forcées
commises en Égypte entre 2014 et 2021 (voir impacts ci-dessous). En novembre
2021, la FIDH et son Groupe d'action judiciaire (GAJ) ont organisé en Turquie une
réunion avec toutes les parties civiles représentées dans l'affaire Amesys, afin de
leur fournir des explications complètes sur les derniers développements judiciaires,
d'évaluer leur situation personnelle, notamment en termes de sécurité, et de recueillir
leur avis sur les prochaines étapes de la procédure.

Renforcer le cadre normatif relatif aux entreprises et aux droits humains - Les
efforts de la FIDH pour assurer la responsabilité des entreprises et améliorer l'accès
des victimes à la justice pour les violations résultant des activités des entreprises,
incluent le renforcement du cadre normatif national, régional et international relatif aux
entreprises et aux droits humains. En 2021, la FIDH et ses organisations membres ont
fourni de nombreuses notes juridiques et politiques ainsi que des propositions de texte
pour soutenir les États dans la rédaction d'un instrument juridiquement
contraignant sur les sociétés transnationales et autres entreprises
commerciales en matière de droits humains. Au niveau européen, la FIDH fait
partie du groupe informel d'ONG européennes travaillant sur la proposition de la
Commission européenne relative à la diligence raisonnable des entreprises en matière
de développement durable qui comprend une proposition de directive obligatoire sur la
diligence raisonnable en matière de droits humains et d'environnement dans l'UE.

La 7ème session du groupe intergouvernemental chargé de rédiger un traité


contraignant s'est tenue du 25 au 29 octobre 2021 aux Nations unies. Suite à un long
processus lancé en 2014, les discussions de cette session se sont déroulées dans
un format « hybride », les délégués des États et de la société civile participant à la
fois à Genève et en ligne. La FIDH a publié sa position et fait de nombreuses
déclarations orales au cours de la session, apportant des commentaires de fond et
des suggestions de rédaction sur le projet. La session s'est terminée par l'adoption
du rapport final de la septième session, appelant à une nouvelle session l'année
prochaine, à la publication d'un nouveau projet, à l'organisation de discussions
intersessions entre les États, mais aussi à la nomination d'un groupe
d'ambassadeurs qui agiront en tant « qu'Amis de la présidence » pour mener des
consultations avec les États sur le projet d'instrument juridique contraignant.

La FIDH a continué à œuvrer pour renforcer la prise en compte des droits humains

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   67  


dans le cadre des accords de commerce et d'investissement (Chine, Inde,
Mercosur, Vietnam, Corée du Sud) que l'UE négocie et conclut avec des pays tiers
(voir impact ci-dessous).

Investissement responsable - Afin d'encourager les entreprises et les investisseurs


à être plus actifs en matière de protection des droits humains et de l'environnement,
la FIDH est active dans des espaces renforcés de dialogue multi-acteurs entre
les membres et partenaires des groupes locaux de défense des droits humains et les
entreprises, investisseurs ou institutions nationales et internationales. À deux
reprises, la FIDH a informé 20 à 30 investisseurs privés de la situation au Myanmar
suite au coup d'État de 2021 afin d'identifier les leviers d'influence potentiels, compte
tenu du poids de certains de ces investisseurs dans le secteur pétrolier et gazier -
secteur qui bénéficie directement à la junte. Depuis 2021, en partenariat avec La
Banque Postale Asset Management, la FIDH a développé une méthodologie
spécifique pour mesurer et suivre la performance « droits humains » des entreprises
commerciales (actions) et des États (obligations). Toujours en 2021, la FIDH a
actualisé sa méthodologie pour évaluer les performances des entreprises dans les
portefeuilles d'investissement en incluant des critères spécifiques pour lutter contre
l'esclavage moderne et le travail forcé dans différents secteurs tels que le tourisme,
la construction, l'alimentation et les boissons, l'habillement et le textile.

• En février, la FIDH a publié sa notation non financière semestrielle des États


membres de l'Union européenne et du Royaume-Uni. Dans son rapport, la
FIDH classe les performances des États en fonction d'un critère
environnemental et de 12 critères relatifs aux droits humains, afin d'aider les
investisseurs qui investissent dans des obligations souveraines à utiliser leur
levier pour soutenir et promouvoir des pratiques étatiques responsables.
• Le 10 mai 2021, la FIDH a publié un rapport intitulé « Des politiques aux
incidences : analyse des risques d’esclavage moderne dans les portefeuilles
des entreprises » qui fournit des outils aux investisseurs pour identifier et
gérer les risques liés aux droits humains, y compris les risques d'esclavage
moderne, dans leurs portefeuilles d'investissement. Le rapport offre des
conseils du point de vue d'une organisation internationale des droits humains
qui travaille avec ses membres et les communautés du monde entier pour
protéger les droits humains contre les abus des entreprises. Les résultats du
rapport montrent que les investisseurs doivent améliorer les indicateurs qu'ils
prennent en compte lorsqu'ils évaluent les entreprises; être plus critiques
quant à la manière dont les entreprises mettent effectivement en place leurs
engagements en matière de droits humains ; et engager et consulter les
détenteurs de droits et les organisations sur le terrain dans la conception et la
mise en œuvre de mesures de prévention et d'atténuation. Le rapport a été
présenté lors d'un événement en ligne organisé par la FIDH en mai 2021, au

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   68  


cours duquel la FIDH a discuté avec un panel d'expert·es de la manière dont
les investisseurs peuvent analyser les risques d'esclavage moderne dans
leurs portefeuilles et entamer un dialogue avec les entreprises au sujet des
impacts graves sur les droits humains. Le panel était composé d'expert·es
dans le domaine des droits humains et des entreprises et de l'investissement
durable, de membres d'ONG, de chercheurs, d'investisseur·es ou de
membres d'alliances d'investisseur·es. Environ 190 participant·es,
représentant différents groupes de parties prenantes du monde entier, ont
assisté à l'événement.
• Le 20 septembre 2021, la coalition Don't Buy into Occupation a publié un
rapport sur les relations financières entre les entreprises impliquées dans la
colonisation israélienne illégale des territoires palestiniens occupés et les
institutions financières européennes. La coalition est un projet conjoint entre
25 organisations palestiniennes, régionales et européennes basées en
Belgique, en France, en Irlande, aux Pays-Bas, en Norvège, en Espagne et
au Royaume-Uni, dont la FIDH et ses organisations membres Al-Haq et
l'Institut du Caire pour les droits de l'Homme. Le rapport démontre que 672
institutions financières européennes ont des relations financières avec 50
entreprises qui sont activement impliquées dans les colonies israéliennes
illégales. Ces institutions financières ont fourni 114 milliards de dollars US
sous forme de prêts et de souscriptions et ont détenu 141 milliards de dollars
US d'investissements en actions et obligations de ces entreprises.

Promotion de la justiciabilité des droits économiques et sociaux - De nombreux


pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord connaissent de nouveaux mouvements
de protestation populaire, 10 ans après les révolutions arabes et dans le contexte de
la pandémie de COVID-19 ; en cause : les entraves aux droits économiques et
sociaux. En 2021, la FIDH et ses organisations membres ont commencé à faire un
état des lieux du creusement des inégalités d'accès aux droits économiques et
sociaux en Tunisie, au Maroc, en Egypte, au Liban et en Palestine.

Responsabilité des États pour les violations des droits humains liées à leurs
politiques économiques et à leurs activités commerciales - En Asie, les impacts
sur les droits humains et sur l'environnement des projets de l'Initiative Belt and Road
de la Chine dans les pays destinataires à travers l'Asie ont continué à être surveillés
et diffusés via la page web de la FIDH sur « l'Initiative Belt and Road et les droits
humains ». En 2021, la FIDH a également renforcé ses initiatives de plaidoyer autour
de la vente d'armes et d'équipements de surveillance par des entreprises françaises
à des pays comme l'Égypte, le Yémen, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes
unis - où les armes de fabrication française sont utilisées pour commettre des
violations graves et systématiques des droits humains ainsi que des crimes
internationaux. Le plaidoyer de la FIDH visait à renforcer le contrôle parlementaire

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   69  


sur les licences accordées par le gouvernement français (voir impact ci-dessous). Le
rapport intitulé « Ventes d'armes : La France et les Émirats arabes unis, partenaires
des crimes commis au Yémen ? » a été rendu public en décembre 2021. Ce rapport
est le produit de recherches menées entre avril 2019 et avril 2021 par la FIDH et ses
organisations membres du Yémen, des pays du Golfe et de France, respectivement
Mwatana for Human Rights, le Gulf Centre for Human Rights (GCHR) et la Ligue des
droits de l'Homme (LDH) en collaboration avec l'Observatoire des armements. Ce
travail révèle que les entreprises et l'État français n'ont pas respecté certains de leurs
engagements internationaux en matière de droits humains, ce qui les rend
potentiellement complices des crimes commis par les Émirats arabes unis.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   70  


COUP DE PROJECTEUR SUR LES IMPACTS ET SUR LES
RESULTATS SIGNIFICATIFS

Objectif 1. Promouvoir la responsabilisation des acteurs économiques

Résultat attendu 1.3 : la responsabilité des entreprises est engagée pour leurs
violations des droits humains et de l'environnement.

RENDEZ-VOUS AU TRIBUNAL : IL EST TEMPS DE RECONNAITRE

LE DROIT A UN ENVIRONNEMENT SAIN COMME UN DROIT

HUMAIN FONDAMENTAL ET DE TENIR LES ENTREPRISES

RESPONSABLES DE LEURS ACTES.


En septembre, la FIDH et ses organisations membres ont annoncé des dépôts de plainte coordonnés,
partout dans le monde, contre des entreprises. Ces plaintes ont été déposées par des communautés
affectées par la dégradation de l'environnement et le changement climatique. Ces actions en justice ont
marqué le lancement de la campagne #SeeYouInCourt (https://seeyouincourt.fidh.org/), une campagne
mondiale visant à demander aux entreprises de rendre des comptes sur leur contribution au changement
climatique et à la destruction de l'environnement.

Cinq actions en justice ont été engagées :

- Équateur : La communauté Waorani et nos organisations ont déposé plainte contre la société
PetroOriental pour sa contribution au changement climatique.
- Chili : Des ONG et des membres de la communauté de Quintero-Punchavi ont déposé une plainte contre
la société AES Gener (aujourd'hui AES Andes) et le gouvernement chilien pour négligence et inaction en ce
qui concerne les graves impacts environnementaux des centrales électriques au charbon.
- Colombie : #LaVerdadDelCarbon : Recours constitutionnel sur le droit de participation à l'exploitation
minière en Colombie.
- Chili : Au lendemain de la crise sanitaire d'Osorno, le géant de l'eau SUEZ a été convoqué sur la base de la
loi française sur le devoir de vigilance.
- Colombie : Des communautés indigènes ont demandé l'intervention de la Commission inter-américaine
des droits de l'homme pour éviter des dommages irréparables dus à l'exploitation minière dans la province
de Guajira.

Cette campagne et les efforts de plaidoyer menés par la FIDH et une coalition d'ONG qui se consacrent à
faire pression pour la reconnaissance du droit à un environnement sain au niveau international, ont

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   71  


contribué à franchir une étape historique au Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies, avec
l'adoption de deux résolutions approuvées par une majorité écrasante d'États. La première résolution
consacre le droit à un environnement propre, sain et durable comme un droit internationalement reconnu.
La deuxième résolution crée un mandat pour un·e rapporteur·e spécial·e (expert·e des Nations unies) pour
la promotion et la protection des droits humains dans le contexte du changement climatique. La
reconnaissance du droit à un environnement sain ouvrira la voie à la définition d'obligations pour les États
et la rédaction de lois environnementales plus contraignantes, ainsi que de mécanismes juridiques
permettant de faire appliquer ces lois. Une telle reconnaissance est particulièrement importante pour les
communautés touchées par des entreprises polluantes et pour les militant·es des droits humains et de
l'environnement qui luttent chaque jour pour protéger la planète.

SURVEILLANCE ET TORTURE EN EGYPTE ET EN LIBYE : MISE EN

EXAMEN DES DIRIGEANTS D'AMESYS ET DE NEXA

TECHNOLOGIES
En juin 2021, quatre dirigeants d'Amesys et de Nexa Technologies ont été mis en examen par les juges
d'instruction du pôle « Crimes contre l'humanité et crimes de guerre » du tribunal de grande instance de
Paris, pour complicité de torture dans le volet libyen de l'enquête et pour complicité de torture et de
disparition forcée dans le volet égyptien. Les deux sociétés ont également été mises en examen en juillet et
septembre 2021. Elles sont accusées d'avoir fourni des technologies de surveillance à des régimes
autoritaires en Libye et en Égypte.

Ces mises en examen font suite à deux plaintes distinctes déposées par la FIDH et la Ligue française des
droits de l'homme (LDH), qui dénonçaient les entreprises pour la vente de technologies de surveillance au
régime libyen de Mouammar Kadhafi (en 2011) et au régime égyptien d'Abdel Fattah al-Sisi (en 2014).

Le 19 octobre 2011, nos organisations ont déposé une première plainte contre Amesys à la suite des
révélations publiées dans le Wall Street Journal et par WikiLeaks. En 2013, la FIDH a accompagné des
victimes libyennes du régime Kadhafi qui ont témoigné devant des juges de la manière dont elles avaient été
identifiées puis arrêtées et torturées, après avoir fait l'objet d'une surveillance par les services de sécurité
libyens.

Le 9 novembre 2017, la FIDH et la LDH, avec le soutien du Cairo Institute for Human Rights Studies, ont déposé
une seconde plainte auprès du pôle crimes contre l'humanité et crimes de guerre du TGI de Paris concernant
la participation de cette même société (devenue depuis Nexa Technologies) aux opérations répressives
menées par le régime de al-Sisi, à travers la vente de matériel de surveillance. Cette demande d'ouverture
d'une nouvelle enquête pour des faits de complicité de torture et de disparitions forcées commis en Égypte
faisait suite aux révélations du journal français Télérama en juillet 2017, selon lesquelles la société Amesys
avait « changé de nom et d'actionnaires pour vendre ses services au nouveau gouvernement égyptien - sans
que l'État français y trouve à redire ».

En mai 2017, Amesys a été placé sous le statut de témoin assisté pour complicité d'actes de torture commis

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   72  


en Libye entre 2007 et 2011.

Depuis, nos organisations et les parties civiles qui ont eu le courage de témoigner devant la justice française
attendent l'évolution de ces dossiers, et ont exprimé à plusieurs reprises leur incompréhension face à la
lenteur de la justice.

Objectif 2 : Promouvoir la protection des droits humains, en particulier


des droits économiques, sociaux et culturels, dans les politiques
économiques des États.

2.2. Résultat escompté : des accords de commerce et d'investissement qui


prennent mieux en compte la protection des droits humains.

ACCORD GLOBAL SUR LES INVESTISSEMENTS NEGOCIE ENTRE

L'UE ET LA CHINE
La FIDH et ses organisations membres, Human Rights in China (HRIC) et International Campaign for Tibet (ICT),
ont dénoncé les violations des droits humains commises depuis longtemps en Chine, la discrimination
systématique à l'encontre des Ouïghours, le travail forcé et l'absence de résultats de la politique européenne,
dite politique du « business as usual », qui repose principalement sur un dialogue inefficace avec les
autorités chinoises.

Ils ont dénoncé le projet d'accord global sur les investissements négocié entre l'UE et la Chine comme étant
incapable de garantir que les investissements encouragés dans le cadre de l'accord seraient conformes au
droit international. Ils ont appelé l'UE à adopter une position plus ferme par le biais d'une lettre officielle, d'un
certain nombre de réunions informelles avec les États membres de l'UE et les membres du Parlement
européen, d’une prise de parole devant la Commission européenne et d'une audition au Parlement européen,
lors de laquelle l’organisation HRIC a démontré pourquoi il était impossible pour l'UE d’aller de l’avant avec
un tel accord dans le contexte actuel et compte tenu de l'absence de garanties en matière de droits humains.

Dans le cadre d'un durcissement de sa position à l'égard de la Chine, l'UE a adopté des sanctions à l'encontre
de quatre personnes et d'une entité chinoises au titre de son régime mondial de sanctions pour atteinte aux
droits humains, pour leur rôle dans les graves violations des droits humains commises à l'encontre des
Ouïghours et des personnes issues d'autres minorités ethniques musulmanes dans la région chinoise du
Xinjiang. Cette initiative s’est traduite par une plus grande défiance du régime chinois. En mai 2021, le
Parlement européen a gelé le processus de négociation de l'Accord global sur les investissements entre l'UE
et la Chine, en votant une résolution au libellé très fort qui fait écho à certains commentaires de la FIDH sur
les lacunes du projet d'accord en matière de droits humains. Les droits humains sont bien au cœur de cette
résolution, ce qui constitue un pas important dans la bonne direction.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   73  


ACCORD COMMERCIAL ENTRE L'UE ET LE MERCOSUR ET

EVALUATION DE L'IMPACT SUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE


En 2020, la FIDH et d'autres organisations de défense des droits humains et de l'environnement ont déposé
une plainte auprès du Médiateur européen contre la Commission pour son incapacité à réaliser une étude
d'impact sur le développement durable (EIDD). Suite à ce dépôt de plainte, en mars 2021, le Médiateur
européen s'est fait l'écho de la FIDH et a conclu à une mauvaise administration de la part de la Commission
européenne pour son incapacité à réaliser une évaluation de l'impact sur le développement durable.

La FIDH a fait valoir qu'en ne finalisant pas l'évaluation, la Commission n'a pas respecté ses propres lignes
directrices sur les EIDD et a agi en violation du droit européen. Ce point de vue a été confirmé par le
Médiateur qui a estimé que « l'échec de la Commission à s'assurer qu’une EIDD soit finalisée en temps utile
constitue un cas de mauvaise administration ». Le Médiateur a donc demandé à la Commission de s'assurer
qu'à l'avenir, les EIDD soient réalisées avant la conclusion des négociations commerciales, et a réaffirmé que
la réalisation d'une telle EIDD est essentielle pour évaluer l'impact social et environnemental de l'accord
commercial négocié entre l'UE et le Mercosur, le bloc commercial sud-américain composé de l'Argentine, du
Brésil, du Paraguay et de l'Uruguay.

2.3. Responsabilité des États pour les violations des droits humains liées à leurs
politiques économiques et à leurs activités commerciales.

PLAINTE COLLECTIVE AUPRES DU COMITE EUROPEEN DES

DROITS SOCIAUX CONCERNANT L'ACCES A L'EDUCATION DES

ENFANTS HANDICAPES MENTAUX EN BELGIQUE


Le mercredi 3 février 2021, le Comité européen des Droits sociaux a rendu publique sa décision concernant
la réclamation collective dans l’affaire FIDH et Inclusion Europe c. Belgique. Au terme d’une procédure de
plus de 4 ans, le Comité a donné raison aux organisations réclamantes et condamne ainsi la Belgique, et
plus particulièrement la Fédération Wallonie-Bruxelles, pour le manque d’efforts consentis pour l’inclusion
scolaire des élèves en situation de handicap intellectuel. La plainte déposée alléguait que la Belgique est en
violation de la Charte sociale européenne, et qu’elle ne respecte pas ses obligations résultant des articles 15
(droit des personnes handicapées à l'autonomie, à l'intégration sociale et à la participation à la vie de la
communauté) et 17 (droit des enfants et des adolescent.es à une protection sociale, juridique et
économique) de la Charte sociale européenne révisée. La FIDH et son organisation membre belge, la Ligue
des droits humains (LDH), plaident depuis longtemps pour une politique plus inclusive envers les personnes
handicapées en Belgique.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   74  


RAPPORT FINANCIER 2021

DEPENSES TOTALES PAR PRIORITE TOTAL 2020 % TOTAL 2021 %

SOUTIEN AUX DEFENSEUR·ES DES DROITS HUMAINS 685 276 10 % 897 586 12 %

FAVORISER UN ENVIRONNEMENT PROPICE A LA 1 847 805 26 % 2 191 337 29 %

DEMOCRATIE ET LA LIBERTE

PROMOUVOIR LES DROITS DES FEMMES 234 206 3% 111 718 1%

LUTTER CONTRE L'IMPUNITE ET PROTEGER LES 1 192 936 17 % 1 634 638 18 %

POPULATIONS VICTIMES DES CRIMES LES PLUS

GRAVES

PROMOUVOIR LE RESPECT DES DROITS HUMAINS 263 948 4% 544 705 7%

PAR LES ACTEURS ECONOMIQUES

RÉSEAU DE LA FIDH 709 735 10 % 466 059 6%

RESEAU EXTERNE/ACTIONS DE SENSIBILISATION 495 046 7% 469 350 6%

LOGISTIQUE 206 185 3% 211 512 3%

LEVEE DE FONDS ET FRAIS ADMINISTRATIFS 1 196 185 17 % 1 087 170 15 %

AUTRES DEPENSES 235 910 3% 147 881 2%

TOTAL DÉPENSES (EN K€) 7 067 231 100 % 7 491 956 100 %
 

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   75  


 
 

RECETTES 2020 % 2021 %

COTISATIONS ET CONTRIBUTIONS DES 60 446 0,9 % 61 056 0,8 %


MEMBRES

DONS ET SUBVENTIONS FLÉCHÉS 4 358 731 65,4 % 5 116 277 68,2 %

DONS ET SUBVENTIONS NON FLÉCHÉS 1 784 843 26,8 % 1 910 242 25,4 %

AUTRES RECETTES 367 270 5,5 % 375 676 5,0 %

REVENUS FINANCIERS ET RECETTES 90 416 1,4 % 43 876 0,6 %


EXCEPTIONNELLES

TOTAL RECETTES 6 661 706 100 % 7 507 128 100 %

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   76  


REMERCIEMENTS

La FIDH est reconnaissante pour le soutien généreux et pluriel de ses donateurs et


bailleurs dont nous donnons la liste ci-dessous. Leur confiance nous a permis d’être
des acteur.ices du changement dans le domaine de la défense des droits humains
en 2021.

Institutions internationales et nationales

La Commission européenne, l'Agence suédoise de coopération internationale au


développement (Sida), l'Agence française de développement (AFD), le ministère
français de l'Europe et des Affaires étrangères, le ministère des Affaires étrangères
du Royaume des Pays-Bas, Irish Aid, National Endowment for Democracy (NED), la
Mairie de Paris, l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et
l'ambassade de Suisse à Bangkok.

Fondations, associations et autres institutions

Open Society Foundations ; Open Society Initiative for Europe (OSIFE) ; Oak
Foundation ; Bread for the World ; une fondation anonyme ; Freedom Fund ;
ClimateWorks Foundation ; (SAGE Fund ; Pan American Development Fund ;
Fondation de France ; Fondation Nicolas Puech ; Freedom House ; Front Line
Defenders ; Fondation Yo et Anne Marie Hamoud ; Fonds de renforcement
institutionnel et organisationnel (Coordination Sud).

Soutiens individuels

La FIDH tient à remercier ses donateurs réguliers et les plus de 1000 donateurs
individuels et investisseurs de son fonds éthique, SRI Human Rights (anciennement
Libertés & Solidarité).

Les entreprises qui nous soutiennent

Carrefour et La Banque Postale Asset Management (LBPAM).

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   77  


Soutiens en nature

Morgan, Lewis et Bockius UK LLP


Rébellion
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La FIDH tient également à remercier :


- ses interprètes, traductrices et traducteurs, stagiaires et autres bénévoles ;
- ses membres et partenaires - nos actions sont menées par nos organisations
membres et partenaires qui forment le cœur et l'âme de notre réseau. Nous les
remercions pour leur solidarité, leur courage et leur ténacité dans notre effort collectif
pour créer un monde équitable et juste.

RAPPORT  D’ACTIVITE  2021   78  


La FIDH fédère 192 organisations de défense

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