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Considérations sur Le foyer chrétien (2000), notamment le théâtre, Foyer

d'immoralité, écrit par Sr Ellen G. White.

Par Osée Jorsley MORVAN


Éducateur, E-MBA
oseejorsleymorvan@gmail.com
Le 25-11-2022

Le théâtre, foyer d’immoralité «Parmi les sources de plaisir les plus dangereuses se
trouve le théâtre. Au lieu d’être une école de moralité et de vertu, comme on le prétend si
souvent, il est le foyer même de l’immoralité. Les spectacles qu’on y donne renforcent les
habitudes vicieuses et la tendance au péché. Des chansons vulgaires, des gestes, des
expressions, des attitudes obscènes dépravent l’imagination et détruisent la moralité. Tous
les jeunes qui ont l’habitude d’assister à de telles exhibitions auront des mœurs corrompues.
Il n’y a pas d’influence plus puissante pour empoisonner l’imagination, détruire les
aspirations religieuses et émousser le goût des plaisirs tranquilles et des sobres réalités de
la vie, que celle des représentations théâtrales. Le désir de voir ces scènes augmente
chaque fois qu’on le satisfait, comme le désir de boissons enivrantes s’accroît à mesure
qu’on en fait usage. La seule sauvegarde consiste à fuir le théâtre, le cirque et tous les
autres lieux où l’on s’amuse d’une façon douteuse.» (Ellen G. White, Foyer chrétien,
DAMMARIE-LES-LYS CEDEX, France, 2000)

Nous avons sélectionné cette citation, tirée du livre foyer chrétien, parce qu'il fait l'objet de
débat au sein de l'église du reste. Certes dans le texte, il y a une mise en garde. Cependant
il faut bien l'appréhender pour comprendre les dimensions de cette alerte afin d'éviter de
mésinterpréter la pensée de l'auteure. Lire c'est avant tout réfléchir avec un auteur voire
discuter avec lui. Ce n'est pas une chose facile surtout lorsqu'on a affaire à un auteur tel que
la sœur White, puisqu'on ne peut en tant qu'adventiste du Septième jour perdre de vue notre
fameux «à la loi et au témoignage». C'est dans cet ordre d'idées que nous présentons,
humblement et sans écarter l'esprit prophétique, cinq (5) considérations autour du texte en
question qui sont les finalités d'une discussion entre Ellen G. White et nous.

1. Le texte fait mention du théâtre comme salle de théâtre ou comme spectacle


théâtral.
Sr White précisait que «Parmi les sources de plaisir les plus dangereuses se trouve le
théâtre. Au lieu d’être une école de moralité et de vertu, comme on le prétend si souvent, il
est le foyer même de l’immoralité. Les spectacles qu’on y donne renforcent les
habitudes vicieuses et la tendance au péché.» Où est-ce qu'on peut trouver des spectacles
du genre? Par rapport à la progression du texte, évidemment la réponse à cette question est
au théâtre (le lieu). Toujours d'après l'auteure, il a été mentionné dans un paragraphe plus
haut que: «Le chrétien véritable refusera de pénétrer dans tout lieu de plaisir et de participer
à tout divertissement sur lesquels il ne puisse demander la bénédiction de Dieu. On ne le
verra ni au théâtre ni dans une salle de billard ou au bowling.»

À l'époque où la sœur White faisait cette déclaration soit en 1881 nous rapporte Brian E.
Strayer, ses contemporains américains qui furent des pasteurs, prédicateurs et enseignants
chrétiens, dénoncent pour leur part l'influence négative des spectacles de théâtre sur les
jeunes. Ce qui constitue une preuve historique par rapport au constat du problème lié aux
représentations théâtrales dans l'espace américain. Il a été dénoncé par plus d'un, qu'il y a
un danger dans le contenu présenté dans les salles de théâtre. De tel tableau théâtral
expose « des chansons vulgaires, des gestes, des expressions, des attitudes obscènes…»
D'après Strayer, «Dans les années 1910, les écoles adventistes mentionnaient salles de
danse et de billard, cafés (salons) et salles de cinéma sur la liste des endroits interdits.»
Les dirigeants de ces écoles adventistes, par conséquent, tenaient à protéger les enfants de
Dieu face aux influences négatives de l'époque. Il n'était pas admissible de les éduquer pour
cette terre et l'au-delà tout en les exposant aux choses immorales qui se trouvent dans
d'autres endroits. Donc il fallait présenter au prime abord les règles du jeu. (Brian E. Strayer,
Les adventistes et le cinéma : un siècle de changement, le 8 mars, 2020, en ligne le 11 mars
2020).

D'un pays à un autre, d'une société à une autre, d'une époque à une autre, nous pouvons
admettre qu'il y a un certain changement par rapport à la problématique posée depuis 1881.
Aujourd'hui il existe des spectacles de théâtre qui prônent des valeurs morales. C'est-à-dire
dans l'histoire, à travers des protagonistes, il y a une lutte entre les valeurs. Le bien et le
mal, où le bien finit par triompher. L'amour et la haine, ou l'amour finit par triompher.
L'altruisme et l'égoïsme pour ne citer que ceux-là. En outre, nous tenons à préciser que le
problème posé par la Sr White est toujours percutant dans la réalité. Ils sont presque rares
des spectacles de théâtre qui présentent des tableaux faisant la promotion pour des valeurs
morales qui sont tout aussi des valeurs chrétiennes. Au regard de l'évolution du droit, une
valeur peut être morale sans être pour autant une valeur chrétienne. Existe-il des valeurs à
la fois chrétiennes et morales dans la pièce de théâtre Mariage pour tous, ou lui et lui, elle et
elle? Certes, il s'agit là d'un autre débat sur lequel nous pourrons nous attarder une
prochaine fois. Pour l'instant notre intérêt se porte sur la pensée de la Sœur White:

2. Les salles de théâtre ou de spectacle sont présentées comme des foyers


d'immoralité à éviter.
3. Le texte ne s’adresse pas aux acteurs de ce modèle de théâtre qui prêchent
l'immoralité mais plutôt aux spectateurs issus du foyer chrétien.

C'est ainsi que la Sr White recommande ceci aux jeunes adventistes : «La seule sauvegarde
consiste à fuir le théâtre, le cirque et tous les autres lieux où l’on s’amuse d’une façon
douteuse.» Le jeune ne peut en effet fuir une pratique qu'il a l'habitude de pratiquer. C’est
du non-sens. Par contre s'il s'agit d'un espace (salle de théâtre, cirque, salle de cinéma),
qu'on demande aux véritables chrétiens de fuir. Cela sous-entend que le jeune n'est pas vu
comme un acteur à part entière qui joue dans ce modèle théâtral mais de préférence un
spectateur entièrement à part, qui, ne se trouve pas dans son foyer.

4. Le texte ne fait pas mention du théâtre comme pratique chez les jeunes dans la
communauté adventiste.
5. Le texte n'interdit pas le théâtre comme pratique dans la communauté
adventiste.

Par rapport à ces deux dernières considérations, nous nous demandons est-ce qu’un
théâtre chrétien adventiste est possible?
Par ailleurs dans la Tragédie des siècles (1992) la sœur White parle des retombées
évangéliques de l'œuvre picturale de deux prédicateurs étrangers, qui ne pouvaient prêcher
que par le moyen artistique, à un moment donné, dans l’histoire de la réforme protestante.
Dans les lignes suivantes, Sr White montre à quel point elle n’a aucun problème avec l’art
pourvu que l’artiste mette sainement son talent au service de l'évangile au lieu de faire la
promotion pour l'immoralité. En voici un extrait:

«En ce temps-là, arrivèrent d’Angleterre à Prague deux savants étrangers qui, ayant reçu la
lumière, venaient la répandre dans ce lointain pays. Ayant attaqué ouvertement la
suprématie du pape, ils furent réduits au silence par les autorités; mais ne voulant
pas abandonner leur entreprise, ils eurent recours à un autre moyen de propagande.
Artistes aussi bien que prédicateurs, ils mirent à profit leur talent et peignirent deux
tableaux sur une muraille exposée au public. Un de ces tableaux représentait l’entrée de
Jésus à Jérusalem, “plein de douceur, et monté sur un âne ”, et suivi de ses disciples nu-
pieds et grossièrement vêtus. Sur l’autre, on voyait une procession pontificale; en tête, le
pape couvert de son plus fastueux costume, la triple couronne sur la tête; il était monté sur
un coursier richement caparaçonné, précédé de trompettes et suivi de cardinaux
somptueusement vêtus. Il y avait dans cette décoration murale un sermon à la portée
de toutes les classes de la société, et dont la morale n’échappait à personne. La foule
se rassemblait devant ces tableaux. Plusieurs étaient profondément impressionnés par le
contraste entre l’humilité du Maître et l’orgueil du pape, son soi-disant serviteur. Devant
l’agitation qui se produisait dans Prague, les deux étrangers jugèrent prudent, pour leur
sécurité, de s’éloigner. Mais l’enseignement qu’ils avaient donné ne fut pas oublié.
Leurs tableaux frappèrent Hus qui se mit à étudier plus soigneusement les Écritures
et les écrits de Wiclef. Bien qu’il ne fût pas encore en faveur de toutes les réformes
préconisées par ce dernier, il voyait plus clairement la véritable nature de la papauté,
et il se mit à dénoncer avec énergie l’orgueil, l’ambition et la corruption de la
hiérarchie.» (Ellen G. White, Les Presses de l’Association Imprimerie du Pacifique,
Tragédie des siècles, Boise, Idaho, 1990, pages 101-124)

Nous avons exposé nos cinq considérations sur la citation de Sr White. Tout d'abord ce que
le texte dit (1; 2; 3), ensuite ce qu'il ne dit pas (3; 4) et ce enfin qu'il nous laisse de penser
(4; 5). Nous pouvons déduire que l'auteure n'a aucun problème avec l'art en soi, de surcroît
le théâtre comme genre artistique. Par contre la problématique qu'elle a développé se trouve
au niveau du milieu et du contenu faisant l'éloge de l'immortalité. Est-ce qu'un autre milieu
ou des contenus prônant des valeurs morales et chrétiennes ne pourraient pas faire la
différence ? Tout comme l'œuvre picturale était considérée comme un sermon dans l'histoire
de la réforme protestante, de même une pièce de théâtre adventiste ne pourrait-elle pas
aider le public à mieux comprendre l'histoire du Mouvement Adventiste ou n'importe quelle
belle histoire des Saintes Écritures?

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