Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 4

CHAPITRE 17

Arya se tint droite calma la chamade de son cœur. Elle se concentra et ralentit progressivement son
rythme cardiaque.

La pièce était gigantesque. Un large tapis pourpre et or était déroulé jusqu’au fond. Jusqu’au siège
royal finement ouvragé.

Jusqu’à l’Alpha.

Dragan, Kaelig, Wilhen et Brunhild avancèrent. Arya les imita. Arrivés à une dizaine de mètres de
l’Alpha, ils plièrent le genou et s’inclinèrent.

− Levez-vous.

Ils obéirent et se tinrent droits. L’Alpha avait une véritable carrure d’athlète. Larges épaules et
pectoraux puissants tendant son vêtement à craquer, il était imposant. Sa tête était coiffée d’un
casque représentant une tête de tigre rugissante. Son visage était dissimulé par un masque qui
laissait ses lèvres et son menton à l’air libre. Il ressemblait à une statue empreinte d’un réalisme
troublant.

− Qui es-tu ? demanda-t-il d’une voix de ténor.

− Arya.

Il sourit.

− Vous pouvez y aller, sauf Arya.

Une fois seuls, l’Alpha déclara :

− Tu me rappelles quelqu’un, jeune femme.

L’elfe ne dit rien.

− As-tu un parent Métamorphe ?

− Mon père, Evandar.

L’Alpha réfléchit un moment.

− Oui, je me souviens de ce nom. Evandar était un Puma. Ton père a été Alpha avant moi. Il a par la
suite abdiqué en faveur du trône des elfes. Son propre père était Métamorphe. Je suis le successeur
d’Evandar, mais je n’étais que Soldat. Apprends, jeune femme, que chaque Famille est divisée en
trois. L’Illabefactus en est le chef de Famille, qui a sous ses ordres un Général Mâle et un Général
Femelle. Deux de tes amis sont Généraux : Kaelig et Wilhen. Dragan est Soldat et Brunhild a
catégoriquement refusé une promotion. En tant que fille d’Alpha, tu pourrais être Illabefactus. Mais
tu devras faire tes preuves. Tu vas être conduite à tes appartements et tu apprendras nos règles. Tu
passeras l’Épreuve.

− Je ne suis ici que pour deux semaines.

− Je sais. Et tu repartiras avec une armée de Métamorphes. Va.

Arya se releva et partit.

***

La porte s’ouvrit et une femme entra. Arya leva la tête. Assise sur son lit, elle resta immobile. La
femme était grande et avait un corps de liane. Elle était vêtue de cuir, portait un tissu vert jade à la
taille pour ceinture et des guêtres écrues sur ses bottes. Son masque – le même que celui de l’Alpha
– avait des yeux de jade. Elle le retira :

− Je suis Orane de la Panthère Blanche. Pendant ces deux semaines, je t’apprendrai. Suis-moi, dit-elle
en remettant son masque.

Elles sortirent et s’engagèrent dans un dédale de couloirs. Elles croisèrent de nombreux


Métamorphes, tous accompagnés d’un prédateur. Toutes les femmes portaient un masque.

− Comment…

− Chez les Métamorphes, les femmes portent un masque de couleur argentée, et dont les yeux sont
la pierre représentative de la Famille, expliqua Orane. La Panthère Blanche a le Jade, et le Tigre
Blanc, le Rubis, entre autres. L’origine du port du masque est tant lointaine que teintée de mystère.
D’aucuns prétendent que c’est parce que les femmes sont les plus importantes chez les
Métamorphes, au contraire de d’autres races comme les Humains. Cela dit, nombre d’Illabefactus
sont des mâles. Alors il faut savoir faire la part des choses.

− Et pour l’Âme ?

− La mienne est partie chasser. Tu auras la tienne quand tu passeras l’Épreuve.

− Qu’est-ce exactement ?

− Un Labyrinthe. Je ne peux pas t’en dire plus.

Le reste du trajet se passa en silence. Les deux femmes arrivèrent à un terrain d’entraînement
désert. Orane fit face à Arya et lui dit :

− En garde.

L’elfe obéit. Elle dégaina son épée et la Métamorphe fit de même.

Aussitôt, Orane bondit. Arya para une première attaque, puis une deuxième. Elle roula, feinta,
esquiva. À chaque fois, Orane stoppait sa lame et Arya peinait à parer efficacement celle de la
Métamorphe. Orane portait des coups puissants. Elle tournoya et porta une offensive meurtrière.
Arya recula précipitamment. Elle grogna et riposta avec fougue. Ce fut ainsi pendant près d’un quart
d’heure. Au bout d’un moment, Arya désarma Orane.
Et ce qu’elle vit la laissa perplexe.

Orane se jeta sur elle et dans un même mouvement, se transforma.

Arya se retrouva à terre, coincée sous la masse d’une énorme Panthère Blanche aux yeux de jade.

− Tu es morte fit l’animal.

Il s’assit et Arya se releva, furieuse de s’être faite surprendre.

− Tu n’avais pas le droit.

− Si.

− Mais…

− Et toi aussi, la coupa Orane en se retransformant. Si tu veux être efficace, tu dois accepter cette
part de toi, pas la rejeter. On recommence.

Résignée, Arya se mit en garde.

***

Arya ouvrit les yeux. Brunhild, au-dessus d’elle, sourit :

− Alors ? Comment s’est passée ta première journée ?

− Mal. Orane m’a battue à plate couture.

− Tu verras, tu finiras par lui rendre la pareille. Quand tu accepteras le fauve en toi, ma chère. Moi,
c’est comme ça que je t’aime.

Elle se rapprocha et chuchota à son oreille :

− Sauvage et indomptable.

Brunhild l’embrassa et les deux femmes passèrent une nuit d’amour à se bercer de tendres caresses.

***

Eragon s’assit.

Le rêve qu’il venait de faire était toujours présent en lui.

Déjà trois jours qu’Arya était partie.

Trois longues journées.

Une éternité.

Elle lui manquait atrocement. Il avait besoin d’elle. Quel idiot il avait été de laisser Trianna
l’embrasser, et Arya se détourner de lui pour prendre une amante.
Il referma les yeux.

Il ne lui restait plus qu’à attendre.

Vous aimerez peut-être aussi