Cinq Petits Cochons

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Séquence pédagogique 1

Agatha Christie
Cinq petits cochons
Dossier réalisé par Fabien Clavel.

Le Livre de Poche, n° 4800, 288 pages.


 
Introduction L’étude des Cinq petits cochons d’Agatha Christie en 4e permet d’aborder le travail sur le
roman policier dans le cadre du questionnement complémentaire portant sur la ville. Cette
lecture offre l’occasion d’étudier les différences entre le genre policier et le roman d’aventure,
d’approfondir les connaissances des élèves sur le registre réaliste et d’effectuer un travail sur
le narrateur et le point de vue.
Plan de la séquence 2

Introduction

I. Biographie de l’autrice
Activité 1

 
II. Résumé de l’ouvrage
Activité 2
 
III. Un roman policier
Activités 3, 4, 5
 
IV. Le réalisme
Activités 6 et 7
 
V. Narrateur et point de vue
Activités 8 à 12
 
Pour aller plus loin
I. Biographie de l’autrice 3

Agatha Miller est née en 1890 à Torquay (Angleterre). Enfant solitaire, elle passe ses jeunes
années dans sa ville natale, effectuant quelques voyages en France et en Égypte. En 1910,
immobilisée par une maladie, elle commence à écrire et découvre les romans policiers. En
1914, elle épouse le beau lieutenant Archibald Christie au moment où celui-ci doit partir
au combat. Elle-même sert comme infirmière bénévole puis comme assistante-chimiste, ce
qui lui permet de découvrir le monde des poisons.
C’est pendant la guerre qu’elle écrit son premier roman policier, La Mystérieuse Affaire de
Styles, dans lequel apparaît pour la première fois le détective Hercule Poirot, vaguement
inspiré des nombreux Belges réfugiés à Torquay. Publiés dès 1920 au rythme d’un roman
par an, ses livres connaissent rapidement le succès.
En 1926, Agatha Christie est marquée par la mort de sa mère et doit faire face à l’infi-
délité de son mari. Elle disparaît mystérieusement pendant douze jours, prétendant avoir
été frappée d’amnésie. Par la suite, ses livres auront de plus en plus de succès. Son mari
obtient le divorce en 1928.
En 1930, elle rencontre l’archéologue Max Mallowan, qu’elle épouse la même année. Elle
l’accompagne dans ses campagnes de fouilles au Moyen-Orient, ce qui l’inspirera pour
l’écriture de plusieurs ouvrages. C’est une époque faste, durant laquelle elle publie certains
de ses romans les plus célèbres : Le Crime de l’Orient-Express (1934), Mort sur le Nil (1937),
 
Ils étaient dix (1939). Elle invente le personnage de Miss Marple et publie également sous
le pseudonyme de Mary Westmacott.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle travaille comme préparatrice dans la pharmacie
de l’University College Hospital. Ses romans comportent une plus grande part d’intrigues
d’espionnage. Elle en écrit deux mettant en scène les dernières apparitions de ses deux
enquêteurs fétiches : Hercule Poirot quitte la scène et La Dernière Énigme de Miss Marple.
 
Ces manuscrits sont destinés à une publication posthume.
Lorsqu’elle meurt en 1976, elle est l’un des écrivains les plus lus au monde. Nombre de
ses œuvres ont été adaptées au théâtre, au cinéma, à la télévision, en bande dessinée et en
jeu vidéo.

Activité 1 Rédigez une bio-bibliographie de l’autrice en effectuant une recherche en ligne. Listez éga-
lement les romans dans lesquels Hercule Poirot apparaît.

II. Résumé de l’ouvrage


Publié en 1942, Cinq petits cochons est l’un des tout premiers cold cases (terme anglais dési-
gnant des affaires anciennes non élucidées) : l’intrigue repose sur une enquête commencée
 
seize années auparavant. Cela influe sur la structure du livre. Nous ne pouvons proposer ici
un véritable résumé, qui serait trop fastidieux car de nombreuses informations sont répétées
et les mêmes scènes racontées plusieurs fois au fil du texte.

Introduction (p. 9) : Carla Lemarchand vient trouver Hercule Poirot pour qu’il enquête
sur le meurtre de son père, advenu seize ans plus tôt et dont sa mère a, selon elle, été
accusée à tort.

Livre I
1. L’avocat de la défense (p. 19)
 
2. L’accusation (p. 31)
 
3. Le jeune avoué (p. 38)
 
4. Le vieil avoué (p. 44)
 
4

5. Le superintendant de police (p. 51)

 
6. Premier petit cochon est allé au marché (p. 72) : Philip Blake

 
 
7. Deuxième petit cochon n’est pas sorti de chez lui (p. 87) : Meredith Blake

 
 
8. Troisième petit cochon a mangé tout le pâté (p. 122) : Lady Dittisham (Elsa Greer)

 
 
9. Quatrième petit cochon n’a rien eu pour lui (p. 137) : Cecilia Williams

 
 
10. Cinquième petit cochon a pleuré groui, groui, groui... (p. 155) : Angela Warren

 
 
Livre II
Hercule Poirot a demandé aux témoins de rédiger leurs souvenirs
1. Récit de Philip Blake (p. 171)

 
2. Récit de Meredith Blake (p. 194)

 
3. Récit de Lady Dittisham (p. 208)

 
4. Récit de Cecilia Williams (p. 220)

 
5. Récit d’Angela Warren (p. 231)
 
Livre III
1. Conclusions (p. 239) : nouvelle réunion avec Carla Lemarchand.
 
 
2. Hercule Poirot pose cinq questions (p. 244) : le détective interroge de nouveau les cinq
 
 
protagonistes.
3. Reconstitution (p. 253) : Poirot convoque tous les témoins pour leur faire part de ses
 
 
conclusions. Angela semble la principale suspecte.
4. Vérité (p. 271) : révélation du nom de la véritable meurtrière.
 
 
5. Épilogue (p. 281)
 
Activité 2 Établissez le sommaire détaillé du livre avec la pagination.

III. Un roman policier


Cinq petits cochons est d’abord un roman policier. On y retrouve les différents éléments du
genre :
 
– Crime (l’empoisonnement d’Amyas Crale)

– Mobile (Amyas Crale voulait quitter sa maîtresse une fois le tableau terminé)

– Suspects (les cinq petits cochons)

– Enquêteur (Poirot)

– Coupable (Lady Dittisham)

– Preuve (la bouteille de bière dont on a essuyé les empreintes)

– Indice (le mot d’Amyas disant que « tout a mauvais goût aujourd’hui »)



Activité 3 Précisez les éléments du roman policier : crime, mobile, suspects, enquêteur, coupable,
 
preuves, indices.

Le tableau suivant permet d’établir d’autres caractéristiques du genre (nous donnons celles
du roman d’aventure à titre de comparaison) :
 
5

Récit policier Récit d’aventure


Les ressorts L’énigme, le mystère, l’analyse intellec- Le suspense
tuelle
L’intrigue Une enquête Des péripéties, souvent violentes
Le héros Un détective, un policier, un journaliste Un héros défendant le camp du
(pas forcément impliqué dans l’énigme) bien
Le décor Social, réaliste Exotique, spectaculaire, souvent
peu réaliste
L’enjeu Trouver le ou les coupables La survie, la découverte, le voyage

Ici, nous voyons bien que l’intérêt du lecteur n’est pas maintenu par un enchaînement
de péripéties violentes : les événements se sont déroulés seize ans auparavant. C’est
 
véritablement l’enquête qui est mise en avant. D’ailleurs, dans les premiers chapitres,
nous avons même une « enquête sur l’enquête », puisque Poirot interroge les protago-


nistes du procès.
Le personnage de Poirot permet aussi de se situer dans le roman policier : il est un enquê-

 
teur qui assure qu’« il n’y a pas que les muscles qui comptent [...]. C’est ça (il tapota son

crâne en forme d’œuf) mon instrument de travail ! » (p. 10 11). Quant à l’enjeu, il s’agit


 

de trouver le véritable coupable de l’assassinat d’Amyas Crale afin de disculper son épouse
(« Ma mère était innocente », p. 15).


 
Activité 4 Reproduisez le tableau comparatif entre récit policier et récit d’aventure. Complétez-le en
prenant pour modèles ce roman et un roman d’aventure (par exemple, L’Aiguille creuse de
Maurice Leblanc).

Agatha Christie a été accusée, notamment avec Le Meurtre de Roger Ackroyd, de ne pas
respecter certaines règles du roman policier. Si l’on s’appuie sur le « Décalogue » de Ronald


Knox (1888 1957), elle en respecte ici tous les éléments.

Établi en 1929, le Décalogue de Knox établit une liste de 10 principes à suivre pour écrire
 
une nouvelle ou un roman policier :
 
« 1. Le criminel doit être quelqu’un mentionné plus tôt dans l’histoire, mais pas

quelqu’un dont le lecteur a pu suivre les pensées. »

Le criminel est mentionné dès le début puisqu’il est l’un des cinq petits cochons. Il est
d’ailleurs remarquable que l’autrice parvienne à maintenir l’indécision tout au long du livre
avec un si petit nombre de suspects.
« 2. Le détective ne doit pas utiliser de techniques surnaturelles pour résoudre une

affaire. »

Poirot n’utilise que son intelligence et la psychologie humaine pour résoudre l’enquête.
« 3. L’usage de plus d’un passage secret ne saurait être toléré. Même dans le cas d’un

seul passage secret, il faudrait que l’action se passe dans une maison où la présence de
ce type de dispositif était prévisible. »

Aucun passage secret n’est utilisé dans le roman.
« 4. Des poisons inconnus ne peuvent être utilisés, ni aucune machine, de telle sorte

que le lecteur ne soit pas embarrassé par une longue explication scientifique en
conclusion. »

Le poison utilisé est la cicutine, ou ciguë, connu depuis l’Antiquité – Meredith Blake lit le
 
passage du Phédon de Platon où Socrate boit le poison.
« 5. Aucun Chinois ne doit figurer dans l’histoire. »


6

Cette règle, ici respectée, date d’une époque où un personnage chinois maléfique constituait
un cliché raciste éculé.
« 6. Aucun accident ne doit aider le détective. De même, on ne doit avoir recours à


aucune intuition divine inexplicable. Toutes ses intuitions doivent avoir une origine
et se confirmer par la suite. »


Une fois de plus, les informations d’Hercule Poirot viennent uniquement de ses entretiens
avec les suspects.
« 7. Le détective ne doit pas commettre lui-même le crime. »


L’assassin n’est pas Poirot.
« 8. Le détective ne doit pas utiliser des indices qui n’ont pas été présentés au lecteur

pour résoudre l’affaire. »


Tous les indices qui permettent à Poirot d’identifier Lady Dittisham ont été donnés au
cours de l’enquête.
« 9. Les observateurs ont le droit de tirer et présenter leurs propres conclusions. »


Poirot interroge les suspects et leur demande de revenir sur leurs déclarations à deux reprises.
Certains ont leur propre opinion : par exemple, pour Philip Blake et Cecilia Williams,
 
Caroline Crane est bien coupable.
« 10. Il ne doit pas être fait usage de jumeaux et d’habiles déguisements. »


On ne trouve ni jumeaux ni déguisements dans ce roman.

Activité 5 Dans le cadre d’un débat oral, vérifiez si les dix lois de Knox sont respectées dans ce
roman.

IV. Le réalisme
Nous n’avons pas encore insisté sur l’aspect réaliste du roman, qui l’éloigne tout à fait
du roman d’aventure. L’intrigue se déroule dans la propriété familiale d’Alderbury et au
manoir de Handcross. Il s’agit donc bien de lieux domestiques. L’autre lieu important est
la cour du procès, qui est un lieu professionnel. La temporalité est celle des loisirs puisque
la famille et les amis se retrouvent, mais aussi celle du travail puisque l’on voit le peintre
poursuivre son tableau.
Les relations entre les personnages sont d’ailleurs familiales :
 
?

Philip Blake Meredith Blake


?

Lady Dittisham – Elsa Greer… Amyas Crale Caroline Crane Angela Warren

Cecilia Williams Carla Lemarchand


7

Activité 6 Établissez l’arbre généalogique des personnages.

Le corps est présent dans le texte puisque l’on croit Amyas victime d’indigestion quand il
est empoisonné. La jeune Angela a une large cicatrice sur le visage et a perdu un œil suite
au mouvement d’humeur de sa sœur.
Les personnages sont ancrés socialement, à commencer par les personnes impliquées dans le
procès, qui sont désignées dans les titres de chapitres par leur fonction. Amyas Crale est peintre,
Cecilia Williams est gouvernante, Angela Warren est archéologue, etc. Ils sont motivés par un
désir de réussite sociale, notamment Lady Dittisham qui cherchait un bon parti et l’a obtenu
par son mariage. Carla Lemarchand, elle, veut simplement pouvoir se marier, sans arrière-pensée.
Les lieux sont situés dans le Devon (Angleterre). Les événements sont datés de « sep-


tembre 19… » (p. 220). De plus, afin de rendre la fiction plus vraisemblable, le roman
 

 
propose de nombreux documents : les lettres écrites par Caroline Crane à sa fille puis à sa

 
sœur, les témoignages écrits des cinq petits cochons, le dossier du superintendant.

Activité 7 Prouvez que le roman est bien réaliste en vous appuyant sur les éléments suivants :

 
1. La représentation du réel
a. les lieux (domestiques, professionnels, de rencontre, de loisirs…)
b. le temps (travail, événements familiaux, fêtes…)
c. le corps (appétits, besoins, dégradations…)
2. Les personnages
a. leur niveau et leur ancrage sociaux
b. leurs motivations immédiates et concrètes
c. leur désir de réussite sociale
3. Les effets de réalisme
a. le détail vrai (l’ancrage géographique et historique, les objets)
b. le langage

V. Narrateur et point de vue


Le texte est rédigé avec un narrateur extérieur adoptant un point de vue interne à Hercule
Poirot : c’est-à-dire que nous avons accès aux pensées de celui-ci et seulement de celui-ci.
 
Activité 8 Relisez l’introduction p. 9 18 et montrez qu’il s’agit d’un narrateur extérieur avec un point
 

de vue interne.

Cependant, la plupart des informations nous sont données à travers les dialogues qui com-
posent l’immense majorité du texte. C’est ce qui lui donne sa grande fluidité et son caractère
accessible. Agatha Christie a d’ailleurs également écrit pour le théâtre et adapté plusieurs de
ses romans pour la scène.

Activité 9 Classez les verbes de paroles rencontrés dans le texte dans le tableau suivant :
 
Annonçant un type de phrase (exclamative,
interrogative, déclarative, injonctive)
Annonçant une réponse
8

Précisant l’humeur du locuteur

Précisant l’intention du locuteur

Précisant le ton adopté par le locuteur

Précisant la manière d’articuler du locuteur

Activité 10 Imaginez le dialogue entre Caroline Crale et l’avocat général Humphrey Rudolph en repre-
nant les éléments des pages 32 et 33. Utilisez des propositions incises et des verbes de
 
 
paroles variés.

La construction du roman est particulière parce qu’elle donne à plusieurs reprises de nom-
breuses informations. Certaines scènes sont également restituées plusieurs fois. On appelle
cela une scène répétitive. Cependant, les unes et les autres ne sont jamais racontées de
la même manière puisque le point de vue change. On retrouve ce dispositif dans le film
Rashomon (Akira Kurosawa, 1950), qui l’a rendu célèbre. Le roman lui-même s’appuie
sur une comptine enfantine que parents et enfants doivent chanter en désignant un à un
les orteils.

Activité 11 Prenez la scène de la mort du peintre et comparez les versions dans les cinq premiers inter-
rogatoires (Livre I, chapitres 6 à 10).

Activité 12 Imaginez une scène d’accident perçue par trois témoins différents qui éclairent chacun la
scène d’une manière différente.
En conclusion, ce roman, s’il n’est pas le plus connu de son autrice, mérite d’être redécouvert
pour sa grande originalité et son efficacité impressionnante de roman policier.

Pour aller plus loin


Agatha Christie a utilisé le principe du cold case dans d’autres romans :
 
– Némésis (1971)

– Une mémoire d’éléphant (1972)

– La Dernière Énigme (1976)

Agatha Christie a utilisé le principe de la comptine dans d’autres romans et nouvelles :
 
– Ils étaient dix (1939)

– Un, Deux, Trois... (1940)

– Trois Souris... (1950)

Une série policière est entièrement fondée sur ce concept :
 
– Cold Case : Affaires classées (7 saisons, 2003 2010)

 

9

Plusieurs films utilisent « l’effet Rashomon » :



 
– Rashomon (Akira Kurosawa, 1950)


– Hero (Zhang Yimou, 2002)

– Le Dernier Duel (Ridley Scott, 2021)

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