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CHAPITRE 8

L’approche performantielle
de la durabilité des bétons

V. BAROGHEL-BOUNY, F. CUSSIGH, P. ROUGEAU

Résumé
Parallèlement à l’approche prescriptive basée sur des obligations de moyens, de
nouvelles méthodes reposant sur une approche performantielle de la durabilité
sont développées aujourd’hui. L’approche performantielle est une démarche glo-
bale qui permet de prendre en compte tous les aspects technico-économiques
spécifiques à chaque ouvrage (importance de l’ouvrage, environnement, sollici-
tations physico-chimiques et mécaniques, risques induits, durée de vie deman-
dée). Ces approches reposent sur de nouveaux concepts (méthodologie
« comparative » ou « complète ») et outils (indicateurs de durabilité, essais de
performance et de caractérisation). Elles sont d’ores et déjà intégrées à des de-
grés variables dans les normes européennes et dans d’autres textes couramment
utilisés (« Recommandations pour la durabilité des bétons durcis soumis au
gel », « Recommandations pour la prévention des désordres liés à l’alcali-
réaction »). La constitution de bases de données et la définition de modèles phy-
sico-chimiques pertinents sont deux facteurs clé pour une plus grande utilisation
de l’approche performantielle.
Mots-clés
APPROCHE PERFORMANTIELLE, INDICATEURS, ESSAI DE PERFORMANCE, RECOMMAN-
DATIONS, MODÈLES.

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LA DURABILITÉ DES BÉTONS

1. INTRODUCTION
Les méthodologies mises en œuvre afin de maîtriser la durabilité des ouvrages en
béton peuvent revêtir quatre niveaux de complexité [AND 06] :
– le niveau 1 correspond à une approche prescriptive essentiellement basée sur
des obligations de moyens ;
– le niveau 2 repose sur l’utilisation d’indicateurs de durabilité ou d’essais de
performance ; à ce stade, la durée de vie1 n’est pas encore quantifiée ;
– le niveau 3 implique l’utilisation de modèles de durabilité déterministes ;
– le niveau 4 correspond à l’utilisation de modèles probabilistes2.
Ce classement relatif à la complexité de la méthodologie n’est valable que pour
un type de modèle donné (modèle empirique ou physico-chimique). Les modèles
empiriques probabilistes sont d’un niveau de complexité supérieur (niveau 4) aux
modèles empiriques déterministes (niveau 3). Ils ne sont pas nécessairement et
même rarement plus complexes que les modèles déterministes physico-chimiques
qui permettent d’appréhender plus finement les mécanismes.
La durabilité du béton a longtemps été appréhendée sur le plan normatif en adop-
tant une approche de niveau 1, c’est-à-dire en ne considérant principalement que
les paramètres liés à la formulation du béton et certaines propriétés mécaniques
telles que la résistance caractéristique à la compression. L’application de valeur
limite à des paramètres de formulation constitue des obligations de moyens. Cel-
les-ci portent le plus souvent sur le rapport Eau/Ciment (ou Eeff/Liantéq3 dans la
norme NF EN 206-14), le dosage en ciment ou Liantéq, la nature et la proportion
d’additions par rapport à la quantité de ciment. Les avantages de l’approche basée
sur des obligations de moyens sont de bénéficier d’un retour d’expérience consé-
quent et d’être utilisable facilement par les industriels. Les paramètres pour les-
quels des exigences sont requises sont compatibles avec le suivi effectué lors de
la fabrication des bétons tels que les pesées des constituants, l’acquisition des
données sur leur teneur en eau et les contrôles sur le béton durci.
Les limites de l’approche basée sur des obligations de moyens sont de ne pas lais-
ser suffisamment la porte ouverte à l’innovation et à des préoccupations émergen-
tes comme le développement durable. Contrairement à l’approche perfor-
mantielle, elle ne permet pas non plus de prendre en compte l’ensemble des fac-

1. Au sens de « durée d’utilisation de projet » tel que défini au chapitre 7, § 2.1.2.


2. Voir § 2.5.
3. Liantéq = C + kA, C = Ciment, A = Addition, k = coefficient dépendant du type d’addition.
4. Norme NF EN 206-1 Béton, partie 1 « Spécification, performances, production et conformité ».

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L’approche performantielle de la durabilité des bétons

teurs liés aux formules de béton et aux procédés de fabrication. Enfin, le domaine
d’application de ce type d’approche concerne essentiellement les ouvrages tradi-
tionnels pour lesquels des durées de vie conventionnelles s’appliquent. Dans le
cas des ouvrages soumis à des sollicitations particulières ou lorsqu’une durée de
vie significativement plus importante est souhaitée par le maître d’ouvrage, il
peut être utile, voire nécessaire, de mettre en œuvre une démarche plus complète
s’appuyant sur une approche performantielle.
L’approche performantielle consiste à appréhender la durabilité des bétons en
considérant non pas les seules données liées à la formulation mais certaines ca-
ractéristiques ou propriétés du matériau dont on sait qu’elles présentent un intérêt
pour prévoir l’évolution de celui-ci lorsqu’il est exposé à des conditions environ-
nementales données. Différents concepts sont aujourd’hui développés afin de
pouvoir mettre en œuvre une approche performantielle de la durabilité. Les deux
principaux concepts correspondent, d’une part, à la méthode basée sur des indica-
teurs de durabilité et, d’autre part, au système reposant sur l’utilisation des essais
de performance. Notons que ces concepts ne sont pas opposés ni contradictoires,
mais bien au contraire très complémentaires. Certains textes couramment cités
dans les cahiers des charges des maîtres d’ouvrage, telles que les recommanda-
tions du LCPC pour la durabilité des bétons durcis soumis au gel [REC 03] et la
prévention des désordres liés à l’alcali-réaction [REC 94], utilisent de manière
conjointe ces deux concepts ainsi que certaines obligations de moyens (voir § 2.3
et 2.4), on parle alors d’approche mixte.
Le paragraphe 2 a pour objectif de présenter les outils (indicateurs de durabilité,
essais de performance, modèles de durabilité) déjà utilisés dans le cadre de l’ap-
proche performantielle. Le paragraphe 3 expose des exemples d’approches déve-
loppées en France et à l’étranger. Enfin, des cas d’ouvrages pour lesquels une
approche performantielle de la durabilité du béton a été utilisée sont exposés au
paragraphe 4.

2. LES OUTILS DE L’APPROCHE PERFORMANTIELLE


Différents outils existent aujourd’hui pour appréhender la durabilité du béton se-
lon une approche performantielle. L’objectif n’est pas ici de décrire dans le détail
les modes opératoires ou les modèles de durabilité. Il s’agit plutôt de préciser leur
finalité, comment on les utilise dans le cadre d’une approche performantielle,
leurs avantages et leurs limites.
2.1. Les indicateurs de durabilité
Les indicateurs de durabilité sont des paramètres qui apparaissent comme fonda-
mentaux dans l’évaluation et la prédiction de la durabilité du matériau et de la

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LA DURABILITÉ DES BÉTONS

structure vis-à-vis du processus de dégradation considéré [BAR 06]. Ces paramè-


tres doivent être aisément quantifiables à partir d’essais de laboratoire pratiqués
sur des éprouvettes ou sur des prélèvements, de façon reproductible et selon des
modes opératoires bien définis.
Deux catégories d’indicateurs de durabilité sont distingués dans le guide AFGC
Conception des bétons pour une durée de vie donnée des ouvrages [BAR 04a] :
– les indicateurs de durabilité généraux (valables pour la plupart des dégrada-
tions) ;
– et les indicateurs de durabilité spécifiques à un processus de dégradation donné
(par exemple l’alcali-réaction).
Les indicateurs de durabilité généraux sont des paramètres déterminants pour la
durabilité des bétons, utilisables aussi bien pour la prévention de la corrosion des
armatures, de l’alcali-réaction ou de toute autre dégradation. Les indicateurs gé-
néraux définis dans le guide AFGC sont les suivants :
– la porosité accessible à l’eau (mode opératoire AFPC-AFREM, 1997
[AFP97]);
– le coefficient de diffusion (apparent ou effectif) des ions chlorure (mode opéra-
toire RGCU Grandubé, 2007 [GRA 07]) ;
– la perméabilité aux gaz (mode opératoire AFPC-AFREM, 1997 [AFP 97]) ;
– la perméabilité à l’eau liquide ;
– la teneur en portlandite [Ca(OH)2] (mode opératoire RGCU Grandubé, 2007
[GRA 07]).
Selon le processus de dégradation considéré, il peut s’avérer nécessaire de com-
pléter le panel d’indicateurs généraux par des indicateurs spécifiques à ce proces-
sus. Dans le cas de la prévention des dégradations dues à l’alcali-réaction, les
indicateurs spécifiques retenus peuvent être classés en deux catégories :
– les indicateurs chimiques (relatifs aux constituants du béton) spécifiques à
l’alcali-réaction tels que la quantité de silice libérée par les granulats en fonction
du temps (cinétique) et la concentration en alcalins équivalents actifs de la solu-
tion interstitielle ;
– les indicateurs globaux et macroscopiques (relatif au béton durci) tel que les
variations dimensionnelles des éprouvettes de béton (essai de gonflement d’une
formule de béton vis-à-vis de l’alcali-réaction, faisant l’objet de la norme NF
P18-454).
Le guide AFGC introduit également la notion d’indicateurs de substitution. La
démarche proposée ayant pour vocation de rester très souple et modulable afin de
s’adapter aux besoins de chaque utilisateur, il peut être envisagé de remplacer la
détermination directe de certains des indicateurs de durabilité généraux proposés
par celle de paramètres de substitution. Ce pourra notamment être le cas pour des

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L’approche performantielle de la durabilité des bétons

méthodes d’essai pratiquées plus couramment ou plus facilement dans certains la-
boratoires, pour des paramètres plus adaptés au problème posé ou aux modèles
mis en oeuvre, ou lorsque des méthodes fournissant des données plus complètes
sont requises. Les indicateurs de substitution pourront être utilisés directement
(notamment pour un simple classement de bétons, à condition bien entendu qu’un
système de classement soit disponible) ou permettre, via des méthodes indirectes,
d’accéder aux indicateurs de durabilité généraux.
On trouvera donc parmi les indicateurs de substitution :
– la porosité accessible au mercure (mode opératoire RGCU Grandubé, 2007
[GRA 07]) ;
– la résistivité électrique [AND 01] ; à noter que ce paramètre est considéré
comme un des indicateurs de base dans l’approche performantielle développée
par l’Institut des sciences de la construction Eduardo Torroja (voir § 8.2.5) ;
– la quantité d’électricité selon l’essai AASHTO (norme ASTM C1202) ;
– le coefficient de diffusion du CO2 [PAP91] (mode opératoire LPC, 2006) ;
– le coefficient de diffusion de l’eau tritiée ;
– le coefficient d’absorption capillaire (mode opératoire AFPC-AFREM, 1997
[AFP 97]).
2.2. Les essais de performance et de caractérisation
Les essais de performance permettent d’évaluer le comportement d’un béton sou-
mis à des sollicitations physico-chimiques du même type que celles auxquelles
l’ouvrage sera exposé, mais souvent amplifiées. Ces essais ont pour vocation pre-
mière de permettre un classement pertinent des bétons vis-à-vis de leur résistance
à une agression particulière.
Les essais sont conçus pour accroître l’intensité de la sollicitation, qu’elle soit
physique ou chimique. La difficulté dans la mise au point de ces essais est de ne
pas provoquer de phénomènes parasites du fait de la méthode d’accélération. Des
essais reposent sur la répétition de cycles pour lesquels les conditions varient de
manière importante: cycle de gel-dégel, cycles d’humidification/séchage…
D’autres consistent à disposer les échantillons de béton dans un milieu tel que la
quantité de béton qui réagit par unité de temps est importante : carbonatation ac-
célérée, essai de performance pour l’alcali-réaction, essai de lixiviation à pH
constant. Certains essais utilisent les deux principes. C’est le cas pour le mode
opératoire développé par le LCPC dont l’objectif est de caractériser le comporte-
ment d’un béton soumis à un échauffement vis-à-vis des risques liés à la réaction
sulfatiqus interne [LPC 07, PAV 03].

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LA DURABILITÉ DES BÉTONS

De nombreux essais de performance et de caractérisation existent donc déjà. Cer-


tains d’entre eux sont normalisés et utilisés dans des recommandations françaises
sur la durabilité des bétons (alcali-réaction, gel et sels de déverglaçage…).
Les principaux essais de performance et de caractérisation utilisés aujourd’hui
sont les suivants :
– les essais destinés à appréhender la durabilité du béton au gel ; ces essais font
l’objet de normes1 ; à ce jour, un débat est ouvert dans l’hexagone pour savoir
s’il convient de considérer ces modes opératoires comme des essais aptes à être
utilisés pour statuer sur la performance du béton in situ ou bien s’il s’agit plutôt
d’essais de caractérisation du béton dans des conditions de laboratoire ; une com-
paraison effectuée entre des résultats d’écaillage en laboratoire et des observa-
tions in situ avait en tout cas montré une bonne cohérence sur un ensemble de
quinze bétons étudiés dans le cadre du Projet national BHP 2000 [BAR 04b] ;
– le test de performance permettant de qualifier une formule de béton vis-à-vis
des risques liés à l’alcali-réaction2 ;
– l’essai de carbonatation accélérée (mode opératoire AFPC-AFREM, 1997
[AFP 97]).
Les essais suivants ont été développés plus récemment :
– le mode opératoire LPC n°66 « Réactivité d’une formule de béton vis-à-vis
d’une réaction sulfatique interne » destiné à qualifier l’adéquation entre un béton
et un échauffement (pièce massive coulé en place ou élément préfabriqué faisant
l’objet d’un traitement thermique) [LPC 07] ;
– l’essai de lixiviation à pH constant [FRA 07].
Il reste des agressions pour lesquelles des travaux sont en cours au moment de
l’édition de cet ouvrage, afin de disposer d’un essai de vieillissement accéléré per-
tinent :
– attaque sulfatique externe ;
– attaque par l’eau de mer ;
– action des sels de déverglaçage en cas de gel modéré.
Il va de soi que les essais de performance doivent être robustes. Les modes opé-
ratoires sont élaborés pour atteindre une répétabilité et une reproductibilité opti-
males. La représentativité et la sévérité des essais de performance sont deux
autres aspects importants. La représentativité d’un essai de performance dépend,

1. Normes NF P18-424 « Bétons - Essais de gel sur béton durci. Gel dans l’eau, dégel dans l’eau »,
NF P18-425 « Bétons - Essais de gel sur béton durci. Gel dans l’air, dégel dans l’eau » et XP P18-
420 « Bétons - Essais d’écaillage des surfaces de béton durci exposées au gel en présence d’une
solution saline ».
2. Norme FD P 18-456 « Réactivité d’une formule de béton vis-à-vis de l’alcali-réaction ».

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L’approche performantielle de la durabilité des bétons

d’une part, de la fidélité avec laquelle les mécanismes qui opèrent in situ sont re-
produits et, d’autre part, des conditions aux limites retenues qui ne doivent pas
trop s’éloigner de la réalité. Les essais de performance pour le gel interne reposent
ainsi sur la réalisation d’une succession de cycles de gel-dégel à des températures
susceptibles d’être rencontrées plutôt que sur un nombre de phase de gel réduit
mais à une température excessivement basse. On retiendra toutefois que la repré-
sentativité des essais de performance basés sur un vieillissement « accéléré » vis-
à-vis des phénomènes en conditions réelles peut être discutée dans la mesure où
ces essais sont susceptibles d’induire une évolution de la microstructure et des
propriétés du matériau différente par rapport à un vieillissement naturel. Des mo-
difications microstructurales ont été observées sur des matériaux soumis à un es-
sai de carbonatation accéléré à forte teneur en CO2. Une gangue de CaCO3 se
forme autour des cristaux de Ca(OH)2 empêchant une carbonatation totale
[RAF02]. La sévérité d’un essai ne peut être évaluée qu’en étudiant la réponse de
l’essai de performance pour des formules de béton dont on connaît le comporte-
ment in situ avec suffisamment de recul (au moins 10 ans). Cela implique de met-
tre en oeuvre l’essai avant même de connaître son degré de sévérité, d’où
l’importance des études qui précèdent l’incorporation des essais de performance
dans les textes.
Qu’ils soient utilisés seuls ou en complément avec des obligations de moyens ou
des indicateurs de durabilité, les essais de performance peuvent s’insérer dans
deux types de méthodologie : une méthodologie qui peut être qualifiée de
« comparative » et une méthodologie « complète » au sens où elle intègre l’apport
des modèles de durabilité.
La méthodologie « comparative » consiste à tester deux formules de béton. L’une
est conforme aux obligations de moyens définies dans les normes actuelles.
L’autre, pour laquelle on cherche à statuer sur sa durabilité, déroge à une ou plu-
sieurs obligations de moyens. L’essai de performance permet de comparer les
comportements des deux bétons et de s’assurer que la nouvelle formule ne pré-
sente pas de risque de moindre durabilité plus important que celle répondant aux
exigences habituelles.
La méthode « complète » repose sur le fait de définir pour un essai de performan-
ce la valeur limite permettant de distinguer les bétons durables des bétons moins
durables. Cette méthode nécessite de disposer de données issues du terrain en
nombre suffisant pour pouvoir apprécier la sévérité de l’essai. Elle est utilisée ac-
tuellement pour la résistance des bétons au gel. Ainsi, les recommandations pour
la durabilité des bétons durcis soumis au gel précisent que le gonflement mesuré
lors des essais P18-424 ou P18-425 ne doit pas dépasser 400 µm/m lors des épreu-
ves d’étude et de convenance. En ce qui concerne la résistance du béton en pré-

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LA DURABILITÉ DES BÉTONS

sence de sels de déverglaçage (mode opératoire XP P18-420), les pertes de


matières mesurées à l’issue des 56 cycles doivent être inférieures à 600 g/m2.
Quelle que soit la méthode envisagée quant à la façon d’utiliser l’essai de perfor-
mance, il est nécessaire de considérer les incertitudes de mesure associées aux
modes opératoires. La fiabilité de l’approche performantielle en dépend, tout
comme l’approche basée sur les obligations de moyen nécessite de prendre en
compte les précisions des équipements pour les pesées lorsqu’elle s’appuie par
exemple sur les dosages minimaux en liantéq.

2.3. Intérêt des modèles de durabilité pour l’approche


performantielle de la durabilité
Il existe de nombreux modèles de durabilité développés pour prévoir la pénétra-
tion d’espèces chimiques à l’origine de la corrosion des armatures (dioxyde de
carbone, chlorures) et, le comportement des bétons vis-à-vis du gel, des attaques
chimiques ou des réactions internes telle que l’alcali-réaction. L’objectif n’est pas
ici de décrire ces modèles ou de présenter une liste exhaustive. Il s’agit plutôt de
préciser comment les modèles de durabilité peuvent être utilisés dans le cadre
d’une démarche performantielle. Les modèles de durabilité ne sont pas nécessai-
res au déroulement de l’approche performantielle « comparative ». La comparai-
son des valeurs des indicateurs de durabilité ou des résultats obtenus à l’issue des
essais de performance permet de vérifier que les nouvelles compositions sont po-
tentiellement aussi durables que celles répondant aux exigences de moyens des
normes actuelles. L’approche performantielle « complète » repose elle sur l’utili-
sation de modèles prédictifs. Il s’agit à l’aide de ces outils de définir pour chaque
classe d’exposition concernée des valeurs seuils associées à chaque indicateur de
durabilité ou essai de performance. Les modèles ne sont utilisés que pour valider
les seuils choisis. Une fois les seuils choisis, on procède ici aussi par comparaison.
Le guide AFGC Conception des bétons pour une durée de vie donnée des ouvra-
ges repose sur ce principe.

3. EXEMPLES D’APPROCHES PERFORMANTIELLES


ET D’APPROCHES MIXTES
3.1. Approche performantielle et prédictive basée sur les indicateurs
de durabilité et sur les témoins de durée de vie (guide AFGC)
Le guide AFGC Conception des bétons pour une durée de vie donnée des ouvra-
ges [AFP 97] a été élaboré sur la base des connaissances scientifiques et techni-
ques acquises en France et à l’étranger jusqu’à sa date de rédaction. Les
recommandations proposées viennent en complément des règles de l’art habituel-

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L’approche performantielle de la durabilité des bétons

les qui permettent d’assurer la qualité du béton et contribuent à sa durabilité.


L’approche performantielle décrite permet de qualifier une formule de béton pour
la construction d’un ouvrage donné. Elle s’adresse en priorité aux ouvrages stra-
tégiques ou aux ouvrages dont la durée de vie escomptée est supérieure à la durée
de vie minimale de 50 ans. Si l’on peut considérer dans un premier temps que,
pour les ouvrages courants, les documents réglementaires et normatifs existants
suffisent, il paraît important toutefois de généraliser cette approche le plus rapi-
dement possible à tous les ouvrages, selon un niveau d’exigence ad hoc. En effet,
une telle approche offre la possibilité de prendre en compte non seulement des pa-
ramètres techniques pertinents ainsi que la durée de vie, mais également des pa-
ramètres socio-économiques (importance économique de l’ouvrage, impact sur
l’environnement, insertion dans le tissu urbain, risques d’agression divers, durée
de vie, esthétique…).
Les formules de béton considérées dans le guide AFGC sont celles des ouvrages
courants de bâtiment (C20/25, C25/30) et de génie civil (C30/37, C40/50), la
gamme étant toutefois étendue aux bétons à hautes performances (à partir des
C60/75) et aux bétons à très hautes performances. Les recommandations de
l’AFGC [AFG 02] sur les BFUP (bétons fibrés à ultrahautes performances) intè-
grent également les indicateurs du guide AFGC Conception des bétons pour une
durée de vie donnée des ouvrages.
Étant élaborée dans un cadre prénormatif, il est souhaitable que cette démarche
serve également de base à l’évolution de certains textes, tels que les « Recomman-
dations pour la prévention des désordres dus à l’alcali-réaction » ou les normes
relatives au matériau béton (NF EN 206-1 notamment). Par exemple, les exigen-
ces de moyens (dosage minimal, rapport E/C maximal…), prévalant à l’heure ac-
tuelle dans les textes, feraient place dans une certaine mesure à des critères
(performantiels) relatifs à des propriétés de durabilité. Ces critères seraient adap-
tés à la durée de vie requise pour l’ouvrage considéré.
Le guide AFGC a pour objet de proposer une méthodologie pour l’obtention d’un
béton apte à prémunir les ouvrages des dégradations liées à la corrosion des arma-
tures et à l’alcali-réaction. L’approche proposée est une démarche performantiel-
le, basée sur des propriétés relatives à la durabilité du matériau sain, plus
précisément sur la notion d’indicateurs de durabilité. La sélection d’un nombre ré-
duit d’indicateurs de durabilité et la spécification de critères d’acceptation (en ter-
mes de classes et/ou de valeurs limites) pour ces indicateurs, en fonction du type
d’environnement et de la durée de vie exigée, constituent les deux étapes majeu-
res dans l’élaboration de la démarche performantielle proposée.

289
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

La démarche proposée comprendra en général les étapes suivantes :


• étape 1 : définition de la catégorie de l’ouvrage (importance économique et
stratégique) et en particulier sélection de la durée de vie à exiger ; cette première
étape conditionne l’importance des moyens à mettre en œuvre pour atteindre
l’objectif de durabilité souhaité (application simple de la norme ou renforcement
par rapport aux spécifications de base, choix des matériaux, étendue du pro-
gramme d’essais, moyens de calcul à mettre en œuvre…) ;
• étape 2 : définition des conditions environnementales générales (ouvrage) et
particulières (parties d’ouvrage), incluant par exemple le type d’agressivité
(milieu marin…), les variations de l’humidité relative et de la température du
milieu environnant. Le type d’environnement correspondant sera alors défini
(choix des classes d’exposition) ;
• étape 3 : définition des risques de dégradation liés à la corrosion des armatures
et/ou l’alcali-réaction (par exemple, corrosion des armatures et/ou alcali-réac-
tion, dans le cas du guide AFGC) ;
• étape 4 : choix des indicateurs de durabilité pour le béton (des paramètres
complémentaires peuvent éventuellement être ajoutés), en fonction des caracté-
ristiques (mécaniques, physiques, chimiques et économiques) de l’ouvrage et de
son environnement et choix des dispositions constructives (enrobage…) ;
• étape 5 : sélection des spécifications relatives aux indicateurs de durabilité
(définis à l’étape 4) en fonction de l’importance de l’ouvrage et de la durée de
vie exigée (fixés à l’étape 1), du type d’environnement (défini à l’étape 2), des
risques de dégradation (identifiés à l’étape 3) et des dispositions constructives
(définies à l’étape 4) ;
• étape 6 : choix des formules des bétons devant satisfaire aux critères fixés (à
l’étape 5) ;
• étape 7 : qualification des formules de béton (choisies à l’étape 6) par des
essais réalisés en laboratoire sur des éprouvettes conservées dans les conditions
et pendant la durée (90 jours) préconisées dans le guide AFGC,
• étape 8 : choix d’un modèle prédictif de durée de vie, où les indicateurs sélec-
tionnés (ou au moins certains d’entre eux) apparaissent en temps que données
d’entrée ;
• étape 9 : selon le stade à partir duquel on met en œuvre la démarche :
– phase de conception (amont = avant la construction) : prédiction de la dura-
bilité (durée de vie probable), calibration et validation ultérieure des modè-
les par des contrôles a posteriori sur ouvrage et un suivi dans le temps de
l’ouvrage,
– phase d’expertise d’un ouvrage existant (dégradé ou non) : analyse de l’état
actuel (diagnostic) et prédiction de son évolution future en évaluant par
exemple sa capacité portante de service résiduelle (pronostic).

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L’approche performantielle de la durabilité des bétons

Il est possible d’appliquer la démarche de façon itérative, afin d’optimiser la con-


ception et la rendre économique. Il est à noter que la durée de vie de la structure
ne pourra être atteinte que si l’ensemble de la conception, la réalisation et la main-
tenance prend en compte les exigences prédéfinies (citons notamment l’importan-
ce de la cure et le respect des valeurs d’enrobage).
Des valeurs limites ont pu être proposées en fonction du type d’environnement et
de la durée de vie exigée (tableau 8.1). Ces valeurs ont été validées en utilisant
des modèles de carbonatation et de pénétration des chlorures.
Tableau 8.1 : exemples de valeurs limites proposées
en fonction du type d’environnement et de la durée de vie exigée [BAR 04a].
> 120 ans de 100 de 50 de 30 < 30 ans Durée de vie exigée

d’environnement
à 120 ans à 100 ans à 50 ans

Ouvrages dits Grands Bâtiment Bâtiment Catégorie d’ouvrage

Type

exceptionnels ouvrages et ouvrages
de génie civil

Niveau 5 Niveau 4 Niveau 3 Niveau 2 Niveau 1 ← Niveau d’exigence


peau < 9 peau < 12 (6) Sec et très sec (HR<65%)
peau < 14 peau < 16 peau < 16 1
kgaz < 10 kgaz < 100 ou humide en permanence

carbonatation (e = 30 mm)
Corrosion induite par
peau < 9 peau < 12
peau < 14 (6) peau < 16 peau < 16 Humide (HR > 80 %) 2
kliq < 0,01 kgaz < 100
peau < 9
peau < 9 peau < 12 (7) Modérément humide
kgaz < 10 peau < 14 (5) peau < 15 3
kgaz < 10 (4) kgaz < 100 (8) (65<HR< 80 %)
kliq < 0,01
peau < 9
peau < 9
Da(mig) < 1 peau < 12 (7) Cycles fréquents
kgaz < 10 peau < 14 (6) peau < 16 4
kgaz < 10 kliq < 0,1 (9) d’humidification/séchage
kliq < 0,01
kliq < 0,01
peau < 9 peau < 12
5.1
Da(mig) < 10 Da(mig) < 20
[Cl−]
Corrosion induite par les chlorures
peau < 14 peau < 15 peau < 16
kgaz < 10
faible(1) Exposition
kliq < 0,01 kliq < 0,1 (3) aux sels marins
5
peau < 9 peau < 9 ou de dévergla-
peau < 11 5.2 çage
Da(mig) < 1 Da(mig) < 1
(e = 50 mm)

Da(mig) < 2 peau < 11 peau < 14 [Cl−]


kgaz < 10 kgaz < 10
kliq < 0,1 (3) forte(2)
kliq < 0,01 kliq < 0,01
peau < 9 peau < 12 peau < 13 Immersion dans l’eau
peau < 13 peau < 15 6
Da(mig) < 1 Da(mig) < 5 Da(mig) < 7 contenant des chlorures
peau < 9 peau < 10
peau < 11
Da(mig) < 1 Da(mig) < 2
Da(mig) < 3 peau < 11 peau < 14 Zone de marnage 7
kgaz < 10 kgaz < 100
kliq < 0,1 (3)
kliq < 0,01 kliq < 0,05

(1) Concentration en Cl libres à la surface Cs ≤ 10 g.L–1. (2) Concentration en Cl libres à la surface Cs ≥ 100 g.L–1.
(3) Alternative kgaz < 100·10–18 m2. (4) Alternative : kliq < 0,01·10-18 m2. (5) Alternative p < 15 % et [Ca(OH)2] ≥ 25 %.
(6) Alternative p < 16 % et [Ca(OH) 2] ≥ 25 %. (7) Alternative p < 14 % et [Ca(OH) 2] ≥ 25 %.
(8) Alternative kgaz < 300·10–18 m2 et [Ca(OH)2] ≥ 25 %.
(9) Alternatives a) kgaz < 100·10-18 m2; b) kgaz < 300·10-18 m2 et [Ca(OH) 2] ≥ 25 %.

291
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

On dispose aujourd’hui de données permettant de situer les performances des bétons.


C’est le cas notamment en ce qui concerne la diffusion des chlorures (figure 8.1). Les
coefficients de diffusion ont été mesurés par migration sous champ électrique en régi-
me stationnaire sur des échantillons de béton âgés de 90 jours par trois méthodes dif-
férentes. Le mode opératoire utilisé fait l’objet d’une méthode d’essai décrite dans
l’ouvrage de synthèse des travaux du projet RGCU « GranDuBé » [GRA 07].

10
Coefficient de diffusion effectif des chlorures

M
1
(10–12 m2 . s–1)

0,1

Ds(mig) titration amont


Ds(mig) conduc aval VH
Ds(mig) titration aval
0,01
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130

Résistance mécanique à la compression moyenne (MPa) à 28 jours

L = Durabilité « potentielle » faible ; M = Durabilité « potentielle » moyenne ;


H = Durabilité « potentielle » élevée ; VH = Durabilité « potentielle » très élevée
Figure 8.1 : exemple de classes de durabilité « potentielle » de durabilité
appliquées au coefficient de diffusion effectif des chlorures [BAR 06].

3.2. L’approche performantielle dans les nouvelles normes


européennes
Même si les spécifications des bétons de structure pour atteindre une durée de vie
des structures de 50 ans sont exprimées principalement sous formes de contraintes
de formulation (prescriptions de moyens : tableaux NA.F.1 et NA.F.2), la norme
NF EN 206-1 Béton, partie 1 « Spécification, performances, production et
conformité » autorise l’emploi d’une approche performantielle. Celle-ci peut
prendre deux formes, la première est comparative et est intitulée « concept de per-
formance équivalente du béton », la seconde est plus générale et décrite sous les
termes « méthodes de conception performantielles ». Le contexte normatif fait
l’objet du chapitre 7 de ce livre.
Le concept de performance équivalente du béton est défini au paragraphe 5.2.5.3
de la norme NF EN 206-1. Celle-ci précise qu’« il doit être prouvé que le béton a

292
L’approche performantielle de la durabilité des bétons

une équivalence de performance avec celle d’un béton de référence, en particulier


pour ce qui concerne son comportement vis-à-vis des agressions de l’environne-
ment et sa durabilité, conformément aux exigences pour la classe d’exposition
concernée ». Pour démontrer l’équivalence de performance, il convient donc de
disposer, d’une part, d’essais approuvés et vérifiés s’inspirant des conditions réel-
les et, d’autre part, de justifier des choix pertinents pour les bétons de référence
(des indications sont données dans l’annexe E de la norme). Cette approche est
mentionnée en particulier pour l’incorporation d’additions en substitution du ci-
ment dans des formulations non conformes aux prescriptions des tableaux NA.F.1
et NA.F.2.
Les méthodes de conception performantielles sont décrites au paragraphe 5.3.3 de
la norme NF EN 206-1 : « Les exigences relatives aux classes d’exposition peu-
vent être établies en utilisant les méthodes de conception performantielles pour la
durabilité et elles peuvent être établies en termes de paramètres performantiels,
par exemple une mesure d’écaillage dans un essai de gel-dégel. L’annexe J (in-
formative) de la présente norme donne des conseils relatifs à l’utilisation d’une
autre méthode de conception en fonction des performances pour la durabilité ».
Cette annexe J explicite deux voies de justification de la durabilité :
– des méthodes basées sur des essais approuvés et vérifiés représentatifs des con-
ditions réelles, et contenant des critères de performance approuvés ;
– ou bien des méthodes basées sur des modèles analytiques étalonnés par rapport
à des résultats d’essais représentatifs des conditions réelles rencontrées dans la
pratique.
On retrouve ici l’approche performantielle et prédictive basée sur les indicateurs
de durabilité et sur les témoins de durée de vie introduite au chapitre précédent.
En ce qui concerne l’approche basée sur des essais de vieillissement accéléré, il
est possible de s’inspirer de la méthode comparative correspondant au concept de
performance équivalente du béton lorsque les critères de performance ne sont pas
encore bien établis.
Les normes destinées aux produits préfabriqués en béton, dont la norme
NF EN 133691, intègrent également le plus souvent une démarche performantiel-
le. De nombreux produits en béton préfabriqués sont en effet couverts par des nor-
mes ou d’autres textes qui traitent la durabilité en spécifiant des niveaux de
performances à atteindre. Ceci permet de prendre en compte l’ensemble des fac-
teurs liés aux formules de béton et aux procédés de fabrication. La différence es-
sentielle entre les tableaux NA.F.1 et NA.F.2 des normes NF EN 206-1 et

1. NF EN 13369 Règles communes pour les produits préfabriqués en béton.

293
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

NF EN 13369 réside ainsi dans le remplacement du dosage minimal en Liantéq


par un critère sur l’absorption d’eau maximale (voir chapitre 7 du présent ouvrage
sur les normes).
3.3. Recommandations pour la durabilité des bétons durcis
soumis au gel
L’approche sur laquelle s’appuie les « Recommandations pour la durabilité des
bétons durcis soumis au gel » [REC 03] peut être qualifiée de mixte dans la me-
sure où elle combine à plusieurs reprises et selon des formes différentes des obli-
gations de moyens et une approche performantielle. L’approche mixte prend trois
formes différentes dans les recommandations :
– utilisation simultanée de plusieurs obligations de moyens et d’un essai de per-
formance ;
– utilisation de l’approche performantielle comme une solution alternative à une
des obligations de moyens ;
– définition d’une valeur limite associée à une obligation de moyen à l’aide d’un
essai sur béton durci.
La première forme d’approche mixte est utilisée pour appréhender la durabilité
des bétons soumis à l’action du gel en présence des sels de déverglaçage. Le fac-
teur d’espacement entre les bulles d’air, nommé également Lbarre, est une donnée
essentielle pour la durabilité des bétons soumis à l’action du gel. Cette caractéris-
tique des bétons qui résulte essentiellement de l’ajout d’un entraîneur d’air de-
vient de ce fait une obligation de moyen quand une valeur limite est spécifiée.
Dans les recommandations, une exigence sur le facteur d’espacement est utilisée
tant pour la résistance au gel interne que pour la prévention des risques d’écaillage
liés à l’action du gel en présence des sels de déverglaçage. Pour ce dernier type
d’environnement, les recommandations fixent comme conditions d’acceptation
d’un béton une limite sur le facteur d’espacement, des critères sur les constituants
(notamment le ciment et les granulats) et l’obtention d’un résultat satisfaisant
après réalisation d’un essai de performance selon la norme XP P18-420.
La deuxième forme d’approche mixte est appliquée notamment pour les BHP
dont le rapport E/C est inférieur à 0,32. Compte tenu des caractéristiques de leur
réseau poreux, ces matériaux contiennent une quantité d’eau gelable naturelle-
ment faible. Aucune valeur limite sur le facteur d’espacement n’est requise pour
ces bétons, ce qui ne veut pas dire pour autant que ces bétons sont formulés sans
entraîneur d’air. La satisfaction de ces BHP à un essai de résistance au gel est con-
sidérée comme suffisante.
Le troisième type d’approche mixte concerne la définition de la valeur limite spé-
cifiée pour le facteur d’espacement. Pour la résistance du béton au gel interne, les

294
L’approche performantielle de la durabilité des bétons

recommandations prévoient que la valeur limite du facteur d’espacement puisse


être revue à la hausse après vérification du bon comportement du béton suite à
l’application d’un essai réalisé selon la norme P18-424 ou P18-425. La norme
P18-424 est appliquée dans le cas de gel sévère avec une forte saturation en eau
du béton. La norme P18-425 est adaptée au gel modéré (quel que soit le degré de
saturation en eau du béton) et au gel interne avec une saturation modérée. Le fac-
teur d’espacement critique est ainsi recherché. Il est défini comme étant la valeur
du facteur d’espacement correspondant à la valeur maximale admissible de l’al-
longement relatif à l’issue des 300 cycles de gel-dégel (figure 8.2).

3 000

2 750
Allongement (μm/m) après 300 cycles

2 500

2 250

2 000

1 750

1 500

1 250

1 000

750

500
400
250
Lcrit
0
0 200 400 600 800
Facteur d'espacement L (μm)

Figure 8.2 : détermination de la valeur du facteur d’espacement critique


à l’aide d’un essai de caractérisation de la tenue au gel du béton.

3.4. Recommandations pour la prévention des désordres


liés à l’alcali-réaction
Les « Recommandations pour la prévention des désordres liés à l’alcali-réaction »
[REC 94] utilisent également une approche mixte. Le schéma décisionnel destiné
à qualifier les granulats au regard de leur caractère potentiellement réactif (PR),
potentiellement réactif à effet de pessimum (PRP) ou non réactif (NR) est décrit
dans la norme FD P18-452. Il comprend à la fois des critères sur la composition
minéralogique des granulats qui s’apparentent à des obligations de moyen et sur
l’utilisation d’essais dits de performance.

295
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

Dans la démarche de qualification des granulats, les essais de performance sont


utilisables lorsque l’étude pétrographique met en évidence que la quantité d’espè-
ces minérales réactives est supérieure à 4 %. La réalisation d’un essai dit
« crible »1 permet d’apporter des réponses quant au comportement d’un granulat
dans un environnement chimique et physique propice au développement de l’al-
cali-réaction. L’essai de référence correspond à l’essai accéléré à l’autoclave sur
mortier réalisé selon le mode opératoire de la norme XP P18-594.
L’acceptation ou non d’une formulation de béton repose également sur une dé-
marche qui autorise une analyse sur les constituants ou la satisfaction à un critère
de performance. Les recommandations distinguent trois niveaux de prévention
(A, B et C) qui dépendent de la catégorie d’ouvrage et de l’environnement. Pour
le niveau de prévention B, la formule est en effet considérée comme acceptable
lorsqu’une des conditions suivantes est remplie : les granulats sont non réactifs,
les conditions particulières aux granulats PRP sont satisfaites, il existe des réfé-
rences d’emploi convaincantes, le bilan des alcalins est favorable, des additions
minérales inhibitrices sont utilisées en quantité suffisante ou bien la formule sa-
tisfait à un critère de performance.
3.5. Les différentes méthodologies pour la durabilité des bétons selon
l’Institut des sciences de la construction Eduardo Torroja en Espagne
Bien qu’ouvrant la porte à l’approche performantielle, la norme NF EN 206-1 re-
lève majoritairement du niveau 1, défini par [AND 06], puisqu’elle comporte es-
sentiellement des exigences liées aux caractéristiques de la composition du béton:
dosages minimaux en liant équivalent (Liantéq), rapports Eauefficace/Liantéq maxi-
maux, classes de résistance à la compression minimales. Dans certains cas (atta-
ques chimiques notamment), la norme précise quelles doivent être les natures de
ciment à utiliser. Cette approche, reposant sur l’expérience acquise, est peu adap-
tée lorsque la durée de vie dépasse 50 ans.
Le niveau 2 comprend les approches basées sur des indicateurs de durabilité ou
sur l’utilisation d’essais de performance [AND 06]. Les indicateurs de durabilité
cités par l’auteur correspondent à la porosité, la perméabilité, la résistivité et la
diffusivité. La résistivité électrique est considérée par « l’école espagnole » com-
me un indicateur de durabilité pertinent car ce paramètre quantifie la connectivité
du réseau poreux du matériau. Il est de plus un paramètre majeur contrôlant la cor-
rosion des armatures, et la mesure, non destructive, peut être réalisée en labora-

1. Essai qui, selon le FD P18-452, met en œuvre une procédure fortement accélérée capable de dia-
gnostiquer, en moins d’une semaine, la réactivité aux alcalins d’un granulat en NR, PR ou PRP.

296
L’approche performantielle de la durabilité des bétons

toire ou sur ouvrages existants, afin de ré-évaluer par exemple la durée de vie
[SIL 06].
Le troisième niveau repose sur l’utilisation de modèles de carbonatation ou de pé-
nétration des chlorures. Le principe est de s’assurer que tout au long de la durée
de vie de l’ouvrage, la résistance (R) restera supérieure à la sollicitation (S). Il est
important de distinguer les modèles relevant d’une approche empirique des mo-
dèles plus complexes intégrant les mécanismes physico-chimiques. Les modèles
les plus simples sont basés sur les lois de Fick. Les profondeurs de carbonatation
ou concentration en chlorures sont donc fonction de la racine du temps. Le
niveau 3 est généralement utilisé aujourd’hui lorsque la durée de vie visée est par-
ticulièrement élevée, c’est-à-dire au-delà de 100 ans (exemple du pont sur le Ta-
ge). Les modèles de durabilité utilisent pour la plupart des paramètres de calage
permettant de prendre en compte des facteurs telles que la cure, l’évolution des
propriétés des bétons au cours du temps, des conditions environnementales diffi-
ciles à modéliser (cycles d’humidification/séchage par exemple). Des études sont
encore nécessaires aujourd’hui pour calibrer les modèles de durabilité.
La méthodologie mise en œuvre pour le niveau 4 est plus sophistiquée puisqu’elle
fait intervenir des modèles probabilistes. La démarche probabiliste, pour appré-
hender la durabilité des ouvrages en béton, commence à être utilisée dans le cadre
de la normalisation (exemple de l’Eurocode 2 « Enrobage des armatures »).
Contrairement à l’approche déterministe où des valeurs uniques (les moyennes)
sont attribuées aux paramètres d’entrée des modèles, l’approche probabiliste
prend en compte la variabilité des phénomènes en représentant certaines gran-
deurs par la loi de distribution de sa valeur (densité de probabilité de la variable
aléatoire). Selon l’approche probabiliste, un ouvrage est réputé sûr si sa probabi-
lité de défaillance, Pf, est inférieure à une valeur donnée à l’avance, la probabilité
cible Pfcible (risque de défaillance acceptable). La probabilité de défaillance de
l’élément est liée au dépassement de la résistance par la sollicitation selon la re-
lation :
Pf (t) = P (R(t) < S(t)) = P ( R(t) – S(t) < 0 )
Les fonctions R(t) et S(t) correspondent respectivement à l’évolution dans le
temps de la résistance de la structure et des sollicitations extérieures.
La valeur de la probabilité cible est conditionnée par de nombreux facteurs, va-
riant selon l’ouvrage, ses caractéristiques d’implantation et ses propriétés de ser-
vice, tels que :
– la durée de vie escomptée ;
– les risques de vieillissement ;
– les conséquences engendrées par la dégradation de l’ouvrage ;

297
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

– des critères économiques (valeur de remplacement, coût d’entretien,…).


Cela implique de définir une probabilité de défaillance acceptable à laquelle corres-
pond un indice de fiabilité (tableau 8.2). L’indice de fiabilité représente le nombre
d’écarts types entre la valeur moyenne de la marge de sécurité M (M = R – S) et la
défaillance Df (R = S) ; R et S représentant respectivement les facteurs résistants de
la structure et les actions sollicitantes.
Tableau 8.2 : indices de fiabilité et probabilité de défaillance correspondante [AND 06].

Indice de fiabilité
1,5 2,3 3,8 4,26 4,8
(β)
Probabilité de
défaillance (Pf)
0,067 10-2 7.10-5 10-5 10-6

3.6. Approche développée par les Pays-Bas pour les risques


de corrosion des armatures liés à la présence de chlorures
Les recommandations définies aux Pays-Bas pour maîtriser la durabilité des
ouvrages en béton concernés par les classes d’exposition XD (chlorures ayant une
origine autre que marine, sels de déverglaçage par exemple) et XS (chlorures pré-
sents dans l’eau de mer) s’appuient sur la méthodologie développée au sein du
projet européen Duracrete [POL06]. Une approche probabiliste est utilisée pour
optimiser l’enrobage, le coefficient de diffusion des chlorures dans le béton et la
nature du liant en fonction de la durée de vie visée. Le modèle retenu pour la dif-
fusion des chlorures est un modèle empirique. Il correspond à l’équation ci-des-
sous :
⎛ ⎞
x
C ( x, t ) = C s – ( C s – Ci )erf ⎜ -----------------------------------------⎟
⎜ n ⎟
⎝ 4kD 0 ( t 0 ⁄ t ) ⋅ t⎠
avec :
C(x,t), la concentration en chlorures au temps t et à la profondeur x ;
Cs, la concentration en chlorures à la surface ;
Ci, la concentration en chlorures initiale ;
k un coefficient de correction dépendant de la nature du liant, des conditions en-
vironnementales de l’ouvrage et de la cure du béton ;
D0, le coefficient de diffusion apparent des chlorures mesuré à 28 jours ;
n, un coefficient prenant en compte le taux d’hydratation du liant.
Cette approche permet soit de déterminer des valeurs de coefficient de diffusion
des chlorures à ne pas dépasser, en fonction de la nature du liant, de l’enrobage et

298
L’approche performantielle de la durabilité des bétons

de la durée de vie visée, ou bien de quantifier pour un béton donné et une durée
de vie fixée quelle doit être l’enrobage minimal. Ces valeurs sont calculées en ad-
mettant une probabilité de défaillance de 10 % ce qui correspond à un indice de
fiabilité (β) de 1,3. Notons que dans le cas d’une approche purement déterministe,
la probabilité de défaillance admise par défaut est égale à 50 %.
À titre d’exemple, l’application de cette approche à un ouvrage pour lequel une
durée de vie souhaitée est de 100 ans, relevant des classes d’exposition XS2 ou
XD2, constitué d’un béton à base de ciment CEM I et pour lequel l’enrobage est
inférieur ou égal à 50 mm conduit à un coefficient de diffusion apparent des chlo-
rures (D0) maximal de 6.10–12 m2.s–1.

4. EXEMPLES D’APPLICATION SUR DES OUVRAGES


4.1. Le pont sur le Tage et le viaduc de Millau
Le pont sur le Tage à Lisbonne (mis en service en 1998) a été un des premiers
ouvrages dont la durabilité ait été justifiée sur la base d’une approche performan-
tielle [HOR 97]. S’agissant d’un ouvrage en milieu marin, le risque principal est
la corrosion des armatures liée à la pénétration des chlorures. Pour le viaduc de
Millau (ouvert au trafic en 2004), qui a lui aussi un objectif de durée de vie de
120 ans, les conditions d’exposition sont à la fois plus diverses et moins sévères.
L’approche performantielle a été utilisée pour justifier la résistance au gel du bé-
ton des piles qui a été formulé sur la base d’un béton B60 sans fumée de silice
(ciment CEM I PM ES sans addition) et sans entraîneur d’air, suivant les disposi-
tions des recommandations du LCPC pour la durabilité des bétons durcis soumis
au gel [REC 03]. Les indicateurs de durabilité sélectionnés dans le guide AFGC
ont également été mesurés et comparés à des seuils préétablis, en particulier pour
le béton des piles (perméabilité à l’oxygène, coefficient de diffusion des ions
chlorure, porosité à l’eau).
4.2. Le pont de Rion-Antirion en Grèce
Comme pour le pont sur le Tage à Lisbonne, le pont de Rion-Antirion (ouvert au
trafic en 2004) est un ouvrage en milieu marin réalisé en béton à hautes perfor-
mances. La durée de vie escomptée est de 120 ans et cette valeur a été directement
comparée au temps nécessaire à l’obtention d’un seuil critique de concentration
en chlorures au niveau des premières nappes d’armatures, en fonction de l’expo-
sition des différentes parties d’ouvrage. Toutes les formules de béton utilisées ont
fait l’objet de l’essai dit RCPT selon la norme ASTM C1202 (mesure de la quan-
tité d’électricité ayant traversé l’échantillon) et les plus exposées ont donné lieu à
des mesures de coefficient de diffusion des chlorures à différentes échéances de

299
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

maturation du matériau permettant par modélisation un calcul prédictif de la ci-


nétique de pénétration des chlorures. Ainsi, dans la zone de marnage qui est la
plus critique, l’utilisation d’un béton de classe C45/55 composé de ciment à forte
teneur en laitier (62 %) et de granulats calcaires avec un rapport eau sur ciment
légèrement inférieur à 0,40 a permis de justifier une teneur en chlorures totaux in-
férieure à 0,4 % par rapport à la masse de ciment au bout de 120 ans pour un en-
robage minimal de 70 mm. Les caractéristiques de durabilité n’ont pas été
déterminées sur des éprouvettes de laboratoire mais ont été vérifiées sur ouvrage
(maquettes ou échelle 1) ainsi que leur homogénéité.
4.3. Le pont de la Confédération
Le pont de la Confédération au Canada (aussi appelé pont de l’île du Prince-
Édouard), inauguré en 1997, a été pour sa part dimensionné vis-à-vis des risques de
corrosion des armatures et des risques d’abrasion par action de la glace au niveau
de la base de ses appuis, pour une durée de vie de 100 ans. Pour ce qui est de l’abra-
sion, un béton à hautes performances de plus de 90 MPa de résistance en compres-
sion incorporant des granulats très résistants et de la fumée de silice a été mis en
œuvre. En parallèle, une approche performantielle a été employée pour maîtriser les
risques de corrosion des armatures. Un modèle a été utilisé pour calculer l’évolution
des profils de teneur en chlorures en fonction du temps. Au préalable, les coeffi-
cients de diffusion des chlorures ont été mesurés pour les différentes formules de
béton. Celles-ci correspondent à des BHP dont la résistance spécifiée était en géné-
ral de 55 MPa (formulations avec ciment Portland, fumée de silice, cendres volan-
tes et entraîneur d’air). Les calculs ont montré qu’une teneur critique en chlorures
totaux de 0,4 % par rapport à la masse de ciment ne serait pas atteinte avant 60 ans
pour un enrobage de 75 mm, et il a été pris en compte ensuite que la très forte ré-
sistivité électrique des bétons utilisés conduirait à un délai fortement prolongé entre
la période de dépassivation et l’apparition des premiers éclatements.

5. CONCLUSION
La démarche performantielle est une démarche globale qui permet de prendre en
compte tous les aspects technico-économiques spécifiques à chaque ouvrage (im-
portance de l’ouvrage, environnement, sollicitations physico-chimiques et méca-
niques, risques induits, durée de vie demandée).
Le fait que des durées de vie élevées soient requises pour de plus en plus d’ouvra-
ges, l’utilisation croissante de nouveaux bétons, la nécessité d’accroître la diver-
sité des réponses possibles pour les constructeurs de manière à répondre mieux
aux défis que pose le développement durable renforcent l’intérêt d’appréhender
la durabilité des bétons selon une approche davantage performantielle. Parallèle-

300
L’approche performantielle de la durabilité des bétons

ment, les travaux menés depuis une quinzaine d’années dans les laboratoires ont
permis de développer des méthodologies et des modes opératoires fiables adaptés
aux besoins des utilisateurs.
On le voit à travers les exemples de démarches proposées, il n’existe pas un type
d’approche performantielle mais plusieurs. Ces approches diffèrent par les outils
utilisés, les thématiques de durabilité traitées, par les durées de vie qu’elles se don-
nent comme objectif de maîtriser et bien entendu par leur domaine d’application.
L’approche performantielle est d’ores et déjà citée et utilisée dans des textes nor-
matifs couramment repris dans les cahiers des charges des ouvrages en béton. Il
est nécessaire cependant de préciser encore davantage, notamment dans des nor-
mes, comment les différentes méthodologies peuvent être mises en place. Des
modes opératoires fiables ont ainsi été élaborés et on dispose pour nombre d’entre
eux d’un retour d’expérience significatif. Les plus pertinents d’entre eux au re-
gard de leur intérêt pour l’approche performantielle feront prochainement l’objet
de normes européennes ou nationales.
La constitution de bases de données est un facteur clé pour l’utilisation de l’ap-
proche performantielle dans un contexte normatif. Cette étape est nécessaire pour
statuer sur la pertinence des valeurs seuils associés aux indicateurs de durabilité
ou aux essais de performance.
Une autre condition nécessaire réside dans le fait de disposer de modèles de du-
rabilité rendant compte des phénomènes intervenant in situ. Les modèles physico-
chimiques sophistiqués développés récemment, couplant plusieurs processus,
oeuvrent dans ce sens. Une description probabiliste contribuera de plus à une bon-
ne prise en compte de la variabilité des paramètres d’entrée des modèles in situ.

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