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L’approche performantielle
de la durabilité des bétons
Résumé
Parallèlement à l’approche prescriptive basée sur des obligations de moyens, de
nouvelles méthodes reposant sur une approche performantielle de la durabilité
sont développées aujourd’hui. L’approche performantielle est une démarche glo-
bale qui permet de prendre en compte tous les aspects technico-économiques
spécifiques à chaque ouvrage (importance de l’ouvrage, environnement, sollici-
tations physico-chimiques et mécaniques, risques induits, durée de vie deman-
dée). Ces approches reposent sur de nouveaux concepts (méthodologie
« comparative » ou « complète ») et outils (indicateurs de durabilité, essais de
performance et de caractérisation). Elles sont d’ores et déjà intégrées à des de-
grés variables dans les normes européennes et dans d’autres textes couramment
utilisés (« Recommandations pour la durabilité des bétons durcis soumis au
gel », « Recommandations pour la prévention des désordres liés à l’alcali-
réaction »). La constitution de bases de données et la définition de modèles phy-
sico-chimiques pertinents sont deux facteurs clé pour une plus grande utilisation
de l’approche performantielle.
Mots-clés
APPROCHE PERFORMANTIELLE, INDICATEURS, ESSAI DE PERFORMANCE, RECOMMAN-
DATIONS, MODÈLES.
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LA DURABILITÉ DES BÉTONS
1. INTRODUCTION
Les méthodologies mises en œuvre afin de maîtriser la durabilité des ouvrages en
béton peuvent revêtir quatre niveaux de complexité [AND 06] :
– le niveau 1 correspond à une approche prescriptive essentiellement basée sur
des obligations de moyens ;
– le niveau 2 repose sur l’utilisation d’indicateurs de durabilité ou d’essais de
performance ; à ce stade, la durée de vie1 n’est pas encore quantifiée ;
– le niveau 3 implique l’utilisation de modèles de durabilité déterministes ;
– le niveau 4 correspond à l’utilisation de modèles probabilistes2.
Ce classement relatif à la complexité de la méthodologie n’est valable que pour
un type de modèle donné (modèle empirique ou physico-chimique). Les modèles
empiriques probabilistes sont d’un niveau de complexité supérieur (niveau 4) aux
modèles empiriques déterministes (niveau 3). Ils ne sont pas nécessairement et
même rarement plus complexes que les modèles déterministes physico-chimiques
qui permettent d’appréhender plus finement les mécanismes.
La durabilité du béton a longtemps été appréhendée sur le plan normatif en adop-
tant une approche de niveau 1, c’est-à-dire en ne considérant principalement que
les paramètres liés à la formulation du béton et certaines propriétés mécaniques
telles que la résistance caractéristique à la compression. L’application de valeur
limite à des paramètres de formulation constitue des obligations de moyens. Cel-
les-ci portent le plus souvent sur le rapport Eau/Ciment (ou Eeff/Liantéq3 dans la
norme NF EN 206-14), le dosage en ciment ou Liantéq, la nature et la proportion
d’additions par rapport à la quantité de ciment. Les avantages de l’approche basée
sur des obligations de moyens sont de bénéficier d’un retour d’expérience consé-
quent et d’être utilisable facilement par les industriels. Les paramètres pour les-
quels des exigences sont requises sont compatibles avec le suivi effectué lors de
la fabrication des bétons tels que les pesées des constituants, l’acquisition des
données sur leur teneur en eau et les contrôles sur le béton durci.
Les limites de l’approche basée sur des obligations de moyens sont de ne pas lais-
ser suffisamment la porte ouverte à l’innovation et à des préoccupations émergen-
tes comme le développement durable. Contrairement à l’approche perfor-
mantielle, elle ne permet pas non plus de prendre en compte l’ensemble des fac-
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L’approche performantielle de la durabilité des bétons
teurs liés aux formules de béton et aux procédés de fabrication. Enfin, le domaine
d’application de ce type d’approche concerne essentiellement les ouvrages tradi-
tionnels pour lesquels des durées de vie conventionnelles s’appliquent. Dans le
cas des ouvrages soumis à des sollicitations particulières ou lorsqu’une durée de
vie significativement plus importante est souhaitée par le maître d’ouvrage, il
peut être utile, voire nécessaire, de mettre en œuvre une démarche plus complète
s’appuyant sur une approche performantielle.
L’approche performantielle consiste à appréhender la durabilité des bétons en
considérant non pas les seules données liées à la formulation mais certaines ca-
ractéristiques ou propriétés du matériau dont on sait qu’elles présentent un intérêt
pour prévoir l’évolution de celui-ci lorsqu’il est exposé à des conditions environ-
nementales données. Différents concepts sont aujourd’hui développés afin de
pouvoir mettre en œuvre une approche performantielle de la durabilité. Les deux
principaux concepts correspondent, d’une part, à la méthode basée sur des indica-
teurs de durabilité et, d’autre part, au système reposant sur l’utilisation des essais
de performance. Notons que ces concepts ne sont pas opposés ni contradictoires,
mais bien au contraire très complémentaires. Certains textes couramment cités
dans les cahiers des charges des maîtres d’ouvrage, telles que les recommanda-
tions du LCPC pour la durabilité des bétons durcis soumis au gel [REC 03] et la
prévention des désordres liés à l’alcali-réaction [REC 94], utilisent de manière
conjointe ces deux concepts ainsi que certaines obligations de moyens (voir § 2.3
et 2.4), on parle alors d’approche mixte.
Le paragraphe 2 a pour objectif de présenter les outils (indicateurs de durabilité,
essais de performance, modèles de durabilité) déjà utilisés dans le cadre de l’ap-
proche performantielle. Le paragraphe 3 expose des exemples d’approches déve-
loppées en France et à l’étranger. Enfin, des cas d’ouvrages pour lesquels une
approche performantielle de la durabilité du béton a été utilisée sont exposés au
paragraphe 4.
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méthodes d’essai pratiquées plus couramment ou plus facilement dans certains la-
boratoires, pour des paramètres plus adaptés au problème posé ou aux modèles
mis en oeuvre, ou lorsque des méthodes fournissant des données plus complètes
sont requises. Les indicateurs de substitution pourront être utilisés directement
(notamment pour un simple classement de bétons, à condition bien entendu qu’un
système de classement soit disponible) ou permettre, via des méthodes indirectes,
d’accéder aux indicateurs de durabilité généraux.
On trouvera donc parmi les indicateurs de substitution :
– la porosité accessible au mercure (mode opératoire RGCU Grandubé, 2007
[GRA 07]) ;
– la résistivité électrique [AND 01] ; à noter que ce paramètre est considéré
comme un des indicateurs de base dans l’approche performantielle développée
par l’Institut des sciences de la construction Eduardo Torroja (voir § 8.2.5) ;
– la quantité d’électricité selon l’essai AASHTO (norme ASTM C1202) ;
– le coefficient de diffusion du CO2 [PAP91] (mode opératoire LPC, 2006) ;
– le coefficient de diffusion de l’eau tritiée ;
– le coefficient d’absorption capillaire (mode opératoire AFPC-AFREM, 1997
[AFP 97]).
2.2. Les essais de performance et de caractérisation
Les essais de performance permettent d’évaluer le comportement d’un béton sou-
mis à des sollicitations physico-chimiques du même type que celles auxquelles
l’ouvrage sera exposé, mais souvent amplifiées. Ces essais ont pour vocation pre-
mière de permettre un classement pertinent des bétons vis-à-vis de leur résistance
à une agression particulière.
Les essais sont conçus pour accroître l’intensité de la sollicitation, qu’elle soit
physique ou chimique. La difficulté dans la mise au point de ces essais est de ne
pas provoquer de phénomènes parasites du fait de la méthode d’accélération. Des
essais reposent sur la répétition de cycles pour lesquels les conditions varient de
manière importante: cycle de gel-dégel, cycles d’humidification/séchage…
D’autres consistent à disposer les échantillons de béton dans un milieu tel que la
quantité de béton qui réagit par unité de temps est importante : carbonatation ac-
célérée, essai de performance pour l’alcali-réaction, essai de lixiviation à pH
constant. Certains essais utilisent les deux principes. C’est le cas pour le mode
opératoire développé par le LCPC dont l’objectif est de caractériser le comporte-
ment d’un béton soumis à un échauffement vis-à-vis des risques liés à la réaction
sulfatiqus interne [LPC 07, PAV 03].
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LA DURABILITÉ DES BÉTONS
1. Normes NF P18-424 « Bétons - Essais de gel sur béton durci. Gel dans l’eau, dégel dans l’eau »,
NF P18-425 « Bétons - Essais de gel sur béton durci. Gel dans l’air, dégel dans l’eau » et XP P18-
420 « Bétons - Essais d’écaillage des surfaces de béton durci exposées au gel en présence d’une
solution saline ».
2. Norme FD P 18-456 « Réactivité d’une formule de béton vis-à-vis de l’alcali-réaction ».
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d’une part, de la fidélité avec laquelle les mécanismes qui opèrent in situ sont re-
produits et, d’autre part, des conditions aux limites retenues qui ne doivent pas
trop s’éloigner de la réalité. Les essais de performance pour le gel interne reposent
ainsi sur la réalisation d’une succession de cycles de gel-dégel à des températures
susceptibles d’être rencontrées plutôt que sur un nombre de phase de gel réduit
mais à une température excessivement basse. On retiendra toutefois que la repré-
sentativité des essais de performance basés sur un vieillissement « accéléré » vis-
à-vis des phénomènes en conditions réelles peut être discutée dans la mesure où
ces essais sont susceptibles d’induire une évolution de la microstructure et des
propriétés du matériau différente par rapport à un vieillissement naturel. Des mo-
difications microstructurales ont été observées sur des matériaux soumis à un es-
sai de carbonatation accéléré à forte teneur en CO2. Une gangue de CaCO3 se
forme autour des cristaux de Ca(OH)2 empêchant une carbonatation totale
[RAF02]. La sévérité d’un essai ne peut être évaluée qu’en étudiant la réponse de
l’essai de performance pour des formules de béton dont on connaît le comporte-
ment in situ avec suffisamment de recul (au moins 10 ans). Cela implique de met-
tre en oeuvre l’essai avant même de connaître son degré de sévérité, d’où
l’importance des études qui précèdent l’incorporation des essais de performance
dans les textes.
Qu’ils soient utilisés seuls ou en complément avec des obligations de moyens ou
des indicateurs de durabilité, les essais de performance peuvent s’insérer dans
deux types de méthodologie : une méthodologie qui peut être qualifiée de
« comparative » et une méthodologie « complète » au sens où elle intègre l’apport
des modèles de durabilité.
La méthodologie « comparative » consiste à tester deux formules de béton. L’une
est conforme aux obligations de moyens définies dans les normes actuelles.
L’autre, pour laquelle on cherche à statuer sur sa durabilité, déroge à une ou plu-
sieurs obligations de moyens. L’essai de performance permet de comparer les
comportements des deux bétons et de s’assurer que la nouvelle formule ne pré-
sente pas de risque de moindre durabilité plus important que celle répondant aux
exigences habituelles.
La méthode « complète » repose sur le fait de définir pour un essai de performan-
ce la valeur limite permettant de distinguer les bétons durables des bétons moins
durables. Cette méthode nécessite de disposer de données issues du terrain en
nombre suffisant pour pouvoir apprécier la sévérité de l’essai. Elle est utilisée ac-
tuellement pour la résistance des bétons au gel. Ainsi, les recommandations pour
la durabilité des bétons durcis soumis au gel précisent que le gonflement mesuré
lors des essais P18-424 ou P18-425 ne doit pas dépasser 400 µm/m lors des épreu-
ves d’étude et de convenance. En ce qui concerne la résistance du béton en pré-
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d’environnement
à 120 ans à 100 ans à 50 ans
Type
→
exceptionnels ouvrages et ouvrages
de génie civil
carbonatation (e = 30 mm)
Corrosion induite par
peau < 9 peau < 12
peau < 14 (6) peau < 16 peau < 16 Humide (HR > 80 %) 2
kliq < 0,01 kgaz < 100
peau < 9
peau < 9 peau < 12 (7) Modérément humide
kgaz < 10 peau < 14 (5) peau < 15 3
kgaz < 10 (4) kgaz < 100 (8) (65<HR< 80 %)
kliq < 0,01
peau < 9
peau < 9
Da(mig) < 1 peau < 12 (7) Cycles fréquents
kgaz < 10 peau < 14 (6) peau < 16 4
kgaz < 10 kliq < 0,1 (9) d’humidification/séchage
kliq < 0,01
kliq < 0,01
peau < 9 peau < 12
5.1
Da(mig) < 10 Da(mig) < 20
[Cl−]
Corrosion induite par les chlorures
peau < 14 peau < 15 peau < 16
kgaz < 10
faible(1) Exposition
kliq < 0,01 kliq < 0,1 (3) aux sels marins
5
peau < 9 peau < 9 ou de dévergla-
peau < 11 5.2 çage
Da(mig) < 1 Da(mig) < 1
(e = 50 mm)
(1) Concentration en Cl libres à la surface Cs ≤ 10 g.L–1. (2) Concentration en Cl libres à la surface Cs ≥ 100 g.L–1.
(3) Alternative kgaz < 100·10–18 m2. (4) Alternative : kliq < 0,01·10-18 m2. (5) Alternative p < 15 % et [Ca(OH)2] ≥ 25 %.
(6) Alternative p < 16 % et [Ca(OH) 2] ≥ 25 %. (7) Alternative p < 14 % et [Ca(OH) 2] ≥ 25 %.
(8) Alternative kgaz < 300·10–18 m2 et [Ca(OH)2] ≥ 25 %.
(9) Alternatives a) kgaz < 100·10-18 m2; b) kgaz < 300·10-18 m2 et [Ca(OH) 2] ≥ 25 %.
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10
Coefficient de diffusion effectif des chlorures
M
1
(10–12 m2 . s–1)
0,1
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LA DURABILITÉ DES BÉTONS
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L’approche performantielle de la durabilité des bétons
3 000
2 750
Allongement (μm/m) après 300 cycles
2 500
2 250
2 000
1 750
1 500
1 250
1 000
750
500
400
250
Lcrit
0
0 200 400 600 800
Facteur d'espacement L (μm)
295
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1. Essai qui, selon le FD P18-452, met en œuvre une procédure fortement accélérée capable de dia-
gnostiquer, en moins d’une semaine, la réactivité aux alcalins d’un granulat en NR, PR ou PRP.
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L’approche performantielle de la durabilité des bétons
toire ou sur ouvrages existants, afin de ré-évaluer par exemple la durée de vie
[SIL 06].
Le troisième niveau repose sur l’utilisation de modèles de carbonatation ou de pé-
nétration des chlorures. Le principe est de s’assurer que tout au long de la durée
de vie de l’ouvrage, la résistance (R) restera supérieure à la sollicitation (S). Il est
important de distinguer les modèles relevant d’une approche empirique des mo-
dèles plus complexes intégrant les mécanismes physico-chimiques. Les modèles
les plus simples sont basés sur les lois de Fick. Les profondeurs de carbonatation
ou concentration en chlorures sont donc fonction de la racine du temps. Le
niveau 3 est généralement utilisé aujourd’hui lorsque la durée de vie visée est par-
ticulièrement élevée, c’est-à-dire au-delà de 100 ans (exemple du pont sur le Ta-
ge). Les modèles de durabilité utilisent pour la plupart des paramètres de calage
permettant de prendre en compte des facteurs telles que la cure, l’évolution des
propriétés des bétons au cours du temps, des conditions environnementales diffi-
ciles à modéliser (cycles d’humidification/séchage par exemple). Des études sont
encore nécessaires aujourd’hui pour calibrer les modèles de durabilité.
La méthodologie mise en œuvre pour le niveau 4 est plus sophistiquée puisqu’elle
fait intervenir des modèles probabilistes. La démarche probabiliste, pour appré-
hender la durabilité des ouvrages en béton, commence à être utilisée dans le cadre
de la normalisation (exemple de l’Eurocode 2 « Enrobage des armatures »).
Contrairement à l’approche déterministe où des valeurs uniques (les moyennes)
sont attribuées aux paramètres d’entrée des modèles, l’approche probabiliste
prend en compte la variabilité des phénomènes en représentant certaines gran-
deurs par la loi de distribution de sa valeur (densité de probabilité de la variable
aléatoire). Selon l’approche probabiliste, un ouvrage est réputé sûr si sa probabi-
lité de défaillance, Pf, est inférieure à une valeur donnée à l’avance, la probabilité
cible Pfcible (risque de défaillance acceptable). La probabilité de défaillance de
l’élément est liée au dépassement de la résistance par la sollicitation selon la re-
lation :
Pf (t) = P (R(t) < S(t)) = P ( R(t) – S(t) < 0 )
Les fonctions R(t) et S(t) correspondent respectivement à l’évolution dans le
temps de la résistance de la structure et des sollicitations extérieures.
La valeur de la probabilité cible est conditionnée par de nombreux facteurs, va-
riant selon l’ouvrage, ses caractéristiques d’implantation et ses propriétés de ser-
vice, tels que :
– la durée de vie escomptée ;
– les risques de vieillissement ;
– les conséquences engendrées par la dégradation de l’ouvrage ;
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Indice de fiabilité
1,5 2,3 3,8 4,26 4,8
(β)
Probabilité de
défaillance (Pf)
0,067 10-2 7.10-5 10-5 10-6
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de la durée de vie visée, ou bien de quantifier pour un béton donné et une durée
de vie fixée quelle doit être l’enrobage minimal. Ces valeurs sont calculées en ad-
mettant une probabilité de défaillance de 10 % ce qui correspond à un indice de
fiabilité (β) de 1,3. Notons que dans le cas d’une approche purement déterministe,
la probabilité de défaillance admise par défaut est égale à 50 %.
À titre d’exemple, l’application de cette approche à un ouvrage pour lequel une
durée de vie souhaitée est de 100 ans, relevant des classes d’exposition XS2 ou
XD2, constitué d’un béton à base de ciment CEM I et pour lequel l’enrobage est
inférieur ou égal à 50 mm conduit à un coefficient de diffusion apparent des chlo-
rures (D0) maximal de 6.10–12 m2.s–1.
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LA DURABILITÉ DES BÉTONS
5. CONCLUSION
La démarche performantielle est une démarche globale qui permet de prendre en
compte tous les aspects technico-économiques spécifiques à chaque ouvrage (im-
portance de l’ouvrage, environnement, sollicitations physico-chimiques et méca-
niques, risques induits, durée de vie demandée).
Le fait que des durées de vie élevées soient requises pour de plus en plus d’ouvra-
ges, l’utilisation croissante de nouveaux bétons, la nécessité d’accroître la diver-
sité des réponses possibles pour les constructeurs de manière à répondre mieux
aux défis que pose le développement durable renforcent l’intérêt d’appréhender
la durabilité des bétons selon une approche davantage performantielle. Parallèle-
300
L’approche performantielle de la durabilité des bétons
ment, les travaux menés depuis une quinzaine d’années dans les laboratoires ont
permis de développer des méthodologies et des modes opératoires fiables adaptés
aux besoins des utilisateurs.
On le voit à travers les exemples de démarches proposées, il n’existe pas un type
d’approche performantielle mais plusieurs. Ces approches diffèrent par les outils
utilisés, les thématiques de durabilité traitées, par les durées de vie qu’elles se don-
nent comme objectif de maîtriser et bien entendu par leur domaine d’application.
L’approche performantielle est d’ores et déjà citée et utilisée dans des textes nor-
matifs couramment repris dans les cahiers des charges des ouvrages en béton. Il
est nécessaire cependant de préciser encore davantage, notamment dans des nor-
mes, comment les différentes méthodologies peuvent être mises en place. Des
modes opératoires fiables ont ainsi été élaborés et on dispose pour nombre d’entre
eux d’un retour d’expérience significatif. Les plus pertinents d’entre eux au re-
gard de leur intérêt pour l’approche performantielle feront prochainement l’objet
de normes européennes ou nationales.
La constitution de bases de données est un facteur clé pour l’utilisation de l’ap-
proche performantielle dans un contexte normatif. Cette étape est nécessaire pour
statuer sur la pertinence des valeurs seuils associés aux indicateurs de durabilité
ou aux essais de performance.
Une autre condition nécessaire réside dans le fait de disposer de modèles de du-
rabilité rendant compte des phénomènes intervenant in situ. Les modèles physico-
chimiques sophistiqués développés récemment, couplant plusieurs processus,
oeuvrent dans ce sens. Une description probabiliste contribuera de plus à une bon-
ne prise en compte de la variabilité des paramètres d’entrée des modèles in situ.
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