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CHAPITRE 7

La durabilité dans le contexte


normatif européen

P. ROUGEAU, P. GUIRAUD

Résumé
Les ouvrages en béton disposent aujourd’hui d’un nouveau support normatif très
complet, constitué de normes européennes et de référentiels français. Cet en-
semble de textes couvre le dimensionnement des ouvrages en béton (avec les
Eurocodes), les constituants du béton (dont la norme NF EN 197-1 pour les ci-
ments, les normes NF EN 12620 et XP P18-545 pour les granulats et la norme
NF EN 934-2 pour les adjuvants), le béton et en particulier sa durabilité (norme
NF EN 206-1, fascicule de documentation FD P18-011, recommandations sur
l’alcali-réaction, le gel-dégel, la réaction sulfatique interne), les produits en béton
(dont la norme NF EN 13369) et leur utilisation dans les ouvrages (Fascicule 65A,
DTU…). Ces normes et référentiels se complètent de manière cohérente et per-
mettent in fine de mieux appréhender et de mieux maîtriser la durabilité des struc-
tures en béton.
Mots-clés
CONTEXTE NORMATIF, NORMES, RECOMMANDATIONS, EUROCODES, NF EN 206-1,
NF EN 13369, FD P18-011, FASCICULE 65A, MARQUAGE CE

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LA DURABILITÉ DES BÉTONS

Définitions
ˆ Directive
Une directive européenne ou directive communautaire est un texte législatif voté
par le parlement européen et qui rentre en vigueur après transposition obligatoire
dans la réglementation de chaque État membre de l’Union européenne.
ˆ Norme - Généralités
Une norme est un « document établi par consensus, qui fournit, pour des usages
communs et répétés, des règles, des lignes directrices ou des caractéristiques, pour
des activités ou leurs résultats, garantissant un niveau d’ordre optimal dans un
contexte donné. » (extrait du Guide ISO/CEI 2)
La norme propose des solutions à des questions techniques et commerciales con-
cernant les produits, les biens d’équipement et les services. Elle établit un com-
promis entre l’état de la technique et les contraintes économiques à un moment
donné. La norme peut ainsi s’entendre comme un document de référence sur un
sujet donné, dont elle reflète l’état de l’art, de la technique et du savoir-faire.
En règle générale, la norme est d’application volontaire. Elle peut être rendue
d’application obligatoire par les pouvoirs publics, notamment lorsqu’elle porte
sur des aspects liés à la sécurité et les conditions liées aux marchés publics.
C’est un document de référence utilisé notamment dans le cadre des marchés pu-
blics ou dans celui du commerce international et sur lequel s’appuie la plupart des
contrats commerciaux. Elle est utilisée comme la référence incontestable simpli-
fiant et clarifiant les relations contractuelles entre partenaires de la vie économi-
que. C’est un document pouvant être utilisé pour étudier la jurisprudence.
ˆ Norme harmonisée
Les spécifications techniques qui servent de référentiel pour mettre sur le marché
des produits satisfaisant aux exigences essentielles définies dans une directive
sont établies au travers de normes dites harmonisées. Une annexe nommée « ZA »
énumère les parties harmonisées (articles) de la norme volontaire. Cette annexe
est reprise dans les réglementations des États membres et permet par son respect
l’apposition du marquage CE sur les produits, les articles concernés par cette an-
nexe deviennent réglementaires tandis que le reste de la norme demeure volontai-
re. L’annexe ZA précise également, pour chaque caractéristique et usage du
produit, le rôle et les tâches respectives du fabricant et de l’organisme notifié
(lorsqu’il est prévu).
ˆ Norme française homologuée
Une norme française homologuée est un document à contenu normatif dont la va-
leur technique est suffisamment reconnue, et pour lequel une officialisation des
pouvoirs publics est nécessaire ou souhaitable en raison de sa destination (réfé-

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La durabilité dans le contexte normatif européen

rence dans la réglementation, secteur des marchés publics, base pour l’attribution
de la marque NF, intérêt public…).
Un projet de norme non homologué peut être publié sous forme de norme expéri-
mentale lorsqu’il est nécessaire de le soumettre à une période de mise à l’épreuve
avant d’en conserver son contenu, tel quel ou révisé.
ˆ Fascicule de documentation
Un fascicule de documentation est un document de référence à caractère essen-
tiellement informatif. Il a pour but la diffusion des connaissances auprès des pro-
fessions.
ˆ Recommandation
Il existe des textes qui énoncent des dispositions relevant de l’état de l’art mais
qui ne sont ni réglementaires, ni normatifs. Ces textes sont publiés notamment par
l’AFNOR (fascicules de documentation), le LCPC et/ou le SETRA.

1. INTRODUCTION
Un ouvrage doit résister au cours du temps aux diverses agressions ou sollicita-
tions (physiques, mécaniques, chimiques…), c’est-à-dire aux charges auxquelles
il est soumis, ainsi qu’aux actions diverses telles que le vent, la pluie, le froid, la
chaleur, le milieu ambiant… tout en conservant son esthétique. Il doit satisfaire,
avec un niveau constant, les besoins des utilisateurs au cours du temps.
Il est possible désormais de définir des objectifs de durabilité et de choisir avec
précision les caractéristiques du béton en fonction de l’agressivité du milieu dans
lequel se trouve l’ouvrage et d’optimiser ses caractéristiques afin de les adapter à
la durée d’utilisation souhaitée. Les spécifications concernent la nature et le do-
sage minimal en ciment, la compacité minimale, la valeur maximale du rapport
Eau/Ciment, l’enrobage minimal des armatures et la teneur maximale en chloru-
res dans le béton.
Les connaissances actuelles sur les ciments et les bétons permettent d’optimiser
et d’adapter la composition et la formulation des bétons aux contraintes environ-
nementales auxquelles ils seront soumis, tout en respectant les critères de perfor-
mances mécaniques.
Un contexte normatif et réglementaire encadre désormais l’utilisation du matériau
béton. Les normes pour le béton, d’une part, et les normes pour les produits en
béton, d’autre part, ainsi que les recommandations constituent un ensemble cohé-
rent, homogène, logique et complet (voir figure 7.1) qui permet de prendre en
compte, dès la conception, tous les critères de durabilité.

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LA DURABILITÉ DES BÉTONS

Cette évolution s’inscrit dans une logique de progrès visant à optimiser la qualité
des bétons et à maîtriser la durabilité des ouvrages.

STRUCTURE EN BÉTON

NORMES DE NORMES
DIMENSIONNEMENT D'EXÉCUTION

Normes Normes DTU


Norme béton NF pour les produits et fascicules
EN 206-1 préfabriqués pour la réalisation
en béton des ouvrages
avec des produits
préfabriqués

Normes Fascicules
sur les constituants de recommandations
du béton

Figure 7.1 : le dispositif normatif du béton.

2. LES SPÉCIFICATIONS RELATIVES À LA DURABILITÉ


DANS LES NORMES DE DIMENSIONNEMENT
2.1. Les normes de dimensionnement
2.1.1. Présentation générale
Les normes Eurocodes ont pour objet d’harmoniser les règles de conception et de
calcul au sein des différents états de la communauté européenne et de contribuer
ainsi à la création du marché unique de la construction.
Ces normes européennes forment un ensemble cohérent et homogène de règles
techniques harmonisées pour la conception et le calcul des structures de génie ci-
vil et des bâtiments.
Elles font appel à une approche semi-probabiliste de sécurité des constructions
(méthode des coefficients partiels) avec des méthodes de dimensionnement fon-
dées sur le concept des états limites (états limites de service et états limites ulti-
mes).
Elles fournissent une série de méthodes et de règles techniques communes à tous
les pays européens pour calculer la stabilité, la résistance mécanique et la sécurité
incendie des éléments ayant une fonction structurelle dans un ouvrage de cons-

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La durabilité dans le contexte normatif européen

truction en conformité avec les exigences essentielles de la directive sur les pro-
duits de construction (DPC : CCE 89/106, directive du 21 décembre 1988).
Les Eurocodes constituent un ensemble de 58 normes regroupées en 10 docu-
ments (EN 1990 à EN 1999), parmi lesquelles on trouve :
• NF EN 1990 Eurocode 0 : Bases de calcul des structures ;
• NF EN 1991 Eurocode 1 : Actions sur les structures ;
• NF EN 1992 Eurocode 2 : Calcul des structures en béton ;
• NF EN 1996 Eurocode 6 : Ouvrages en maçonnerie ;
• NF EN 1997 Eurocode 7 : Calcul géotechnique ;
• NF EN 1998 Eurocode 8 : Calcul des structures pour leur résistance aux séismes.
Les normes françaises Eurocodes (NF EN 1990 par exemple) sont constituées de
la norme européenne (EN 1990), complétée par l’annexe nationale française. Cet-
te annexe précise en particulier les paramètres, les valeurs, les procédures et les
données climatiques à utiliser pour le calcul des structures en France (paramètres
déterminés au niveau national, NDP, laissés au libre choix de chaque pays).
Nota. En France, pour les ouvrages en béton, elles vont se substituer progressive-
ment aux règles actuelles de dimensionnement (règles BAEL et BPEL).

La directive sur les produits de construction


(CCE/89/106, directive du 21 décembre 1988)
La directive « Produits de construction » couvre tous les produits destinés à être in-
corporés durablement dans un bâtiment ou un ouvrage de génie civil, dès lors qu’ils
peuvent avoir une incidence sur la sécurité, la santé, l’environnement ou l’isolation.
Les produits de construction visés par cette directive doivent être conçus de telle sorte
que les ouvrages dans lesquels ils sont utilisés satisfassent aux exigences essentielles
suivantes :
1) la résistance mécanique et la stabilité ;
2) la sécurité en cas d’incendie ;
3) l’hygiène, la santé et l’environnement ;
4) la sécurité d’utilisation ;
5) la protection contre le bruit ;
6) l’économie d’énergie et l’isolation thermique.
Les produits concernés doivent porter le marquage CE symbolisant la conformité à
ces dispositions.
Les différents articles des normes Eurocodes se décomposent en deux principales
catégories, les principes et les règles d’application :
– les principes (P) sont des énoncés d’ordre général et des définitions ou des
prescriptions qui ne comportent pas d’alternative ;
– les règles d’application sont conformes aux principes. Il est possible d’utiliser
d’autres règles sous réserve de démontrer leur conformité aux principes.

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LA DURABILITÉ DES BÉTONS

2.1.2. L’Eurocode 0
L’Eurocode 0 (norme NF EN 1990 « Bases de calcul des structures ») décrit les
principes et les exigences pour la sécurité, l’aptitude au service et la durabilité des
structures. Il est appliqué conjointement avec les autres Eurocodes.
Le dimensionnement d’une structure est associé à la notion de durée d’utilisation
de projet (durée pendant laquelle la structure ou une de ses parties est censée pou-
voir être utilisée comme prévu en faisant l’objet de la maintenance escomptée,
mais sans qu’il soit nécessaire d’effectuer des réparations majeures) et de fiabilité
(capacité d’une structure ou d’un élément structural à satisfaire aux exigences
spécifiées, pour lesquelles il ou elle a été conçu(e)).
La fiabilité de la structure suppose un dimensionnement conforme aux normes
Eurocodes et la mise en œuvre de mesures appropriées en matière d’exécution et
de gestion de la qualité. Elle s’exprime en terme de probabilité.
La maintenance couvre l’ensemble des opérations effectuées pendant la durée
d’utilisation de la structure, afin de lui permettre de satisfaire aux exigences de
fiabilité.
L’Eurocode 0 pose comme exigences de base :
• Article 2.1.1 (P)
« Une structure doit être conçue et réalisée de sorte que, pendant la durée d’utili-
sation de projet (cf. tableau 7.1) escomptée, avec des niveaux de fiabilité appro-
priés et de façon économique :
– elle résiste à toutes les actions et influences susceptibles d’intervenir pendant
son exécution et son utilisation ;
– elle reste adaptée à l’usage pour lequel elle a été conçue. »
Tableau 7.1 : durée indicative d’utilisation de projet selon norme NF EN 1990
(Tableau 2.1 NF).

Durée indicative
Catégorie de durée
d’utilisation de projet Exemples
d’utilisation de projet
(années)

1 10 Structures provisoires

2 25 Éléments structuraux remplaçables

3 25 Structures agricoles et similaires

4 50 Bâtiments et autres structures courantes


Bâtiments monumentaux
5 100
Ponts et autres ouvrages de génie civil

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La durabilité dans le contexte normatif européen

• Article 2.1.2 (P)


« Une structure doit être conçue et dimensionnée pour avoir une résistance struc-
turale, une aptitude au service et une durabilité de niveaux appropriés. »
Nota. La notion de durée d’utilisation de projet n’a pas de portée juridique liée à des
textes législatifs et réglementaires traitant de responsabilité ou de garantie. Les ter-
mes de « durée de vie » ou « durée de service » sont parfois utilisés pour désigner
la même notion. Dans ce livre, ces trois expressions recouvrent le même sens, celui
indiqué dans la norme NF EN 1990.
L’article 2.4 de l’Eurocode 0 définit la notion de durabilité de la structure.
• Article 2.4.1 (P)
« La structure doit être projetée de sorte que sa détérioration, pendant la durée
d’utilisation de projet, n’abaisse pas ses performances au dessous de celles es-
comptées, compte tenu de l’environnement et du niveau de maintenance
escompté. »
Les exigences de durabilité doivent être prises en compte en particulier dans :
– les conditions d’environnement ;
– la conception de la structure et le choix du système structural ;
– le choix des matériaux ;
– les dispositions constructives ;
– l’exécution et la maîtrise de la qualité de la mise en œuvre ;
– les mesures de protection spécifiques,
– la maintenance…
Pour atteindre la durée d’utilisation de projet requise pour la structure, des dispo-
sitions appropriées doivent être prises afin de protéger chaque élément structural
des actions environnementales et maîtriser leurs effets sur la durabilité.
2.1.3. L’Eurocode 1
L’Eurocode 1 (norme NF EN 1991) traite des actions pour le calcul des structures.
Il est composé de 10 normes qui définissent les actions pour la conception struc-
turale des bâtiments et des ouvrages de génie civil, en particulier :
– les poids volumiques des matériaux de construction et des matériaux stockés ;
– le poids propre des éléments de construction ;
– les charges d’exploitation à prendre en compte pour les bâtiments ;
– les charges de neige, du vent, dues au trafic.
Les annexes nationales précisent les actions à appliquer sur le territoire français
telles que par exemple les charges de neige et des charges spécifiques d’exploita-
tion.

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LA DURABILITÉ DES BÉTONS

2.1.4. L’Eurocode 2
La norme de base pour le calcul des structures en béton est l’Eurocode 2 (norme
NF EN 1992 « Calcul des structures en béton »).
L’Eurocode 2 comprend quatre normes :
• NF EN 1992-1-1 : Règles générales et règles pour les bâtiments ;
• NF EN 1992-1-2 : Règles générales - Calcul du comportement au feu ;
• NF EN 1992-2 : Ponts - Calcul et dispositions constructives ;
• NF EN 1992-3 : Silos et réservoirs.
Ces normes permettent le calcul des bâtiments et des ouvrages de génie civil en
béton non armé, en béton armé ou en béton précontraint. Elles s’appliquent aussi
pour le dimensionnement des produits préfabriqués en béton.
Elles traitent, en conformité avec l’Eurocode 0, des principes et des exigences
pour la sécurité, l’aptitude au service, la durabilité et la résistance au feu des struc-
tures en béton. Les autres exigences, telles que celles relatives aux isolations ther-
miques et acoustiques, par exemple, n’y sont pas traitées.
2.1.4.1. Eurocode 2 partie 1-1
La norme NF EN 1992-1-1 définit les principes généraux du calcul des structures
et les règles spécifiques pour les bâtiments.
Les principes relatifs à la durabilité font l’objet de la section 4 (durabilité et enro-
bage des armatures). Ces principes conformes à ceux de la section 2 de la norme
NF EN 1990 introduisent pour la conception vis-à-vis de la durabilité, la prise en
compte des actions environnementales et de la durée d’utilisation de projet.
Article 4.1 (1) (P): « Une structure durable doit satisfaire aux exigences d’aptitu-
de au service, de résistance et de stabilité pendant toute la durée d’utilisation de
projet, sans perte significative de fonctionnalité ni maintenance imprévue
excessive. »
L’article 4.2 reprend les classes d’exposition définies dans la norme NF EN 206-1.
Cette classification est fonction des actions environnementales auxquelles sont sou-
mis l’ouvrage ou les parties d’ouvrages.
Les exigences relatives à la durabilité (article 4.3) sont basées sur la mise en œu-
vre de dispositions appropriées afin de protéger chaque partie d’ouvrage des ac-
tions environnementales. Ces dispositions sont à prendre tout au long du cycle de
conception jusqu’à la réalisation de l’ouvrage, en passant par le choix des maté-
riaux, des dispositions constructives, des procédures de maîtrise de la qualité et
de contrôles d’inspection.

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La durabilité dans le contexte normatif européen

La norme décrit (article 4.4) les règles de détermination de l’enrobage nominal du


béton.
L’article 7.3 (maîtrise de la fissuration) précise que la fissuration doit être limitée
pour ne pas porter atteinte à la durabilité de la structure. Des limites d’ouverture
des fissures en fonction du type de béton (béton armé, béton précontraint) et de la
classe d’exposition sont définies.
La section 8 prescrit les dispositions constructives relatives aux armatures de bé-
ton armé et de béton précontraint qui doivent être respectées pour satisfaire aux
exigences de durabilité.
L’annexe E prescrit des classes de résistance minimales en fonction de la classe
d’exposition pour assurer la durabilité de l’ouvrage.
2.1.4.2. Détermination de l’enrobage selon l’Eurocode 2
L’enrobage des armatures représente la distance entre la surface du béton et l’ar-
mature la plus proche (cadres, étriers, épingles, armatures de peau, etc.).
L’enrobage des armatures et les caractéristiques du béton d’enrobage sont des pa-
ramètres fondamentaux pour la maîtrise de la pérennité des ouvrages.
Les recommandations de l’Eurocode 2 en matière d’enrobage des bétons de struc-
tures sont novatrices. Elles visent, en conformité avec la norme NF EN 206-1 et
les normes des produits préfabriqués, à optimiser de manière pertinente la dura-
bilité des ouvrages. En effet, la détermination de la valeur de l’enrobage, qui doit
satisfaire en particulier aux exigences de bonnes transmissions des forces d’adhé-
rences et aux conditions d’environnement doit prendre en compte :
– la classe d’exposition dans laquelle se trouve l’ouvrage (ou la partie
d’ouvrage) ;
– la classe de résistance du béton ;
– le type de systèmes de contrôles qualité mis en œuvre pour assurer la régularité
des performances du béton et la maîtrise du positionnement des armatures ;
– le type d’armatures (précontraintes ou non) et leur nature (acier au carbone,
inox) et leur éventuelle protection contre la corrosion ;
– la maîtrise du positionnement des armatures.
La valeur de l’enrobage peut ainsi être réduite en particulier :
– si l’on choisit un béton présentant une classe de résistance à la compression
supérieure à la classe de référence (définie pour chaque classe d’exposition) ;
– s’il existe un système de contrôle de la qualité ;
– si l’on utilise des armatures inox.

257
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

L’Eurocode 2 permet aussi de dimensionner l’ouvrage pour une durée de service


supérieure en augmentant la valeur de l’enrobage (+ 10 mm pour passer de 50 à
100 ans).
Le LCPC a édité un guide technique intitulé Structures en béton conçues avec
l’Eurocode 2 - Note technique sur les dispositions relatives à l’enrobage pour
l’application en France. Les règles de calcul des enrobages de l’Eurocode 2 y
sont explicitées. Les spécificités nationales telles que la prise en compte des clas-
ses d’exposition liées aux environnements chimiquement agressifs sont présen-
tées.
2.1.4.3. Eurocode 2 partie 2
L’Eurocode 2 partie 2 (NF EN 1992-2) définit les principes, les règles de concep-
tion et les dispositions spécifiques pour les ponts en béton non armé, en béton
armé et en béton précontraint constitué de granulats de masse volumique tradi-
tionnelle ou légers.
Il précise (section 4 article 4.2) les exigences sur les conditions d’environnement,
en particulier, relatives aux classes d’exposition pour les surfaces de béton proté-
gées par une étanchéité ou exposées aux agressions des sels de déverglaçage. Ces
exigences ont été complétées dans l’Annexe nationale française :
– classe d’exposition pour surfaces protégées par une étanchéité, XC3 ;
– distances de l’effet des sels de déverglaçage par rapport à la chaussée (6 m
dans le sens horizontal et dans le sens vertical) ;
– classes d’exposition pour surfaces soumises directement aux sels de dévergla-
çage : XD3 et XF2 ou XF4.
La section 8 concerne les dispositions constructives relatives aux armatures de bé-
ton armé et de précontrainte.

3. LES SPÉCIFICATIONS RELATIVES À LA DURABILITÉ


DANS LES NORMES SUR LES CONSTITUANTS DES BÉTONS
Les constituants du béton (ciments, granulats, adjuvants…) font l’objet de normes
qui précisent en particulier les spécifications relatives à la durabilité du béton.
3.1. Les normes ciments
3.1.1. La norme NF EN 197-1
La norme NF EN 197-1 Ciment, partie 1 « Composition, spécifications et critères
de conformité des ciments courants » définit cinq types de ciments courants selon
leur composition :

258
La durabilité dans le contexte normatif européen

• CEM I Ciment Portland


• CEM II Ciment Portland composé
• CEM III Ciment de haut-fourneau
• CEM IV Ciment pouzzolanique
• CEM V Ciment composé
Elle est subdivisée en trois rubriques :
– la première partie est descriptive, elle définit les constituants du ciment (clin-
ker Portland, laitier granulé de haut-fourneau, pouzzolanes, cendres volantes sili-
cieuses ou calciques, schistes calcinés, calcaires, fumées de silice, sulfate de
calcium) et délimite les différents types de ciments courants ;
– la deuxième partie définit les classes de résistance (32,5 N/32,5 R/42,5 N/42,5
R/52,5 N/52,5 R) et les spécifications mécaniques et physico-chimiques ;
– la troisième partie est consacrée aux critères de conformité, aux fréquences
d’essais et aux valeurs limites.
Cette norme précise en particulier (article 7.4) quelques exigences de durabilité :
– le ciment a une influence sur la durabilité du béton notamment dans les condi-
tions environnementales sévères (gel, attaques chimiques) ;
– le choix du ciment adapté et en particulier le type et la classe de résistance est
fonction de son utilisation, de l’application et de la classe d’exposition. Il doit
tenir compte des normes et règlements en vigueur sur le lieu d’utilisation du
béton.
Les ciments courants font l’objet d’un marquage CE réglementaire et obligatoire.
Ce marquage atteste de leur conformité à la norme harmonisée EN 197-1 et per-
met à ces ciments de circuler librement au sein de l’espace économique européen.
Le marquage CE atteste que les ciments respectent les exigences essentielles de
la Directive sur les Produits de Construction (DPC) en matière de santé, sécurité
et respect de l’environnement.
La marque NF (démarche volontaire du fabricant), complémentaire du marquage
CE, atteste que les ciments offrent des garanties complémentaires sur leur com-
position, leurs performances et leurs contrôles et qu’ils sont conformes au niveau
de qualité requis par le marché français en fonction des conditions climatiques et
environnementales ainsi que des techniques de mise en œuvre.
3.1.2. Les autres normes sur les ciments
Les ciments courants répondent aux exigences des emplois usuels. Les ouvrages
soumis à des agressions spécifiques peuvent nécessiter le recours à des ciments
présentant une caractéristique particulière du fait de leur composition. En présen-
ce d’un facteur agressif pouvant entraîner la dissolution de la portlandite, on pré-
férera des ciments conduisant à une faible teneur en portlandite. Vis-à-vis des

259
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

agressions dues aux milieux marins ou aux eaux sulfatées, on utilisera respective-
ment des ciments prise mer (PM) ou résistant aux eaux sulfatées (ES).
Pour certaines classes d’exposition ou certains ouvrages particuliers, des exigen-
ces relatives aux caractéristiques des ciments peuvent être requises. Les ciments
possédant ces caractéristiques font l’objet de normes spécifiques.
• Ciments pour travaux à la mer (PM) NF P15-317
Ces ciments présentent des teneurs limitées en aluminate tricalcique (C3A) qui
leur permettent de conférer au béton une résistance accrue à l’agression des ions
sulfate en présence d’ions chlorure, au cours de la prise et ultérieurement.
• Les ciments pour travaux en eaux à haute teneur en sulfates (ES) NF P15-319
Ces ciments présentent des teneurs limitées en aluminate tricalcique (C3A).
• Les ciments à teneur en sulfures limitée (CP) NF P15-318
Ces ciments ont une teneur en sulfures limitée. La norme prévoit deux classes no-
tées CP1 et CP2 : cette limitation permet d’éviter un risque de réaction provo-
quant un dégagement d’hydrogène pouvant fragiliser l’acier sous contrainte.
• Les ciments de haut-fourneau à faible résistance à court terme NF EN 197-4.
Le processus d’hydratation de ces ciments est ralenti à court terme du fait de la
composition, la finesse ou la réactivité des constituants. Ces ciments sont en parti-
culier adaptés pour le bétonnage en période estivale ou la réalisation de pièces
massives car ils permettent de limiter la valeur de la température au cœur du béton.
3.2. Les normes granulats
3.2.1. La norme NF EN 12620 (granulats pour béton)
La norme NF EN 12620 définit les termes relatifs aux granulats pour béton rele-
vant de la Directive sur les Produits de Construction. Elle prescrit des catégories
de valeurs maximales pour chaque caractéristique physique ou mécanique, spéci-
fiant les granulats et les fillers utilisés dans la fabrication des bétons. Elle concer-
ne en particulier les bétons conformes à la norme NF EN 206-1, les granulats
entrant dans la composition des produits préfabriqués en béton et les bétons rou-
tiers. Elle précise les caractéristiques physiques et chimiques relatives à l’évalua-
tion de la conformité des granulats et au système de maîtrise de la production.
Elle spécifie des exigences relatives à la durabilité (article 5.7) concernant :
– la résistance des gravillons au gel-dégel ;
– la stabilité volumique et le retrait au séchage ;
– la réaction alcali-silice.

260
La durabilité dans le contexte normatif européen

3.2.2. La norme XP P18-545 (granulats, éléments de définition,


conformité et codification)
La norme XP P18-545 définit les règles générales permettant d’effectuer les con-
trôles des granulats. Elle regroupe en codes les catégories définies dans la norme
NF EN 12620 pour les divers usages possibles (granulats pour chaussées, pour bé-
ton de ciment, pour mortiers, etc.). Elle définit des critères de régularité et de con-
formité et les fiches techniques produit.
Elle précise article 10.7 (applications à certains usages) des spécifications sur les
granulats pour certaines classes d’exposition (XF3 et XF4) et certains types
d’ouvrages.
3.3. La norme adjuvants pour béton
La norme de référence pour les adjuvants est la norme NF EN 934-2. Elle fixe les
exigences sur les adjuvants et spécifie les caractéristiques et les critères de con-
formité.

4. LES RECOMMANDATIONS ET LES FASCICULES


DE DOCUMENTATION
En France, des documents spécifiques, recommandations et fascicules de docu-
mentation, synthétisent des principes de prévention pour des problématiques de
durabilité en complétant les normes européennes.
4.1. Les recommandations pour la prévention contre les phénomènes
d’alcali-réaction
Les recommandations relatives à la prévention contre les phénomènes d’alcali-
réaction font l’objet d’un fascicule édité par le LCPC en juin 1994 intitulé Recom-
mandations pour les préventions des désordres dus à l’alcali-réaction.
Le principe de la démarche préventive consiste à ne pas se retrouver dans une si-
tuation dans laquelle sont présentes simultanément les trois conditions nécessai-
res à l’amorçage de la réaction. Il convient donc d’éviter la conjonction des trois
facteurs : eau (condition d’humidité relative supérieure à 80-85 %)/quantité d’al-
calins dans le béton importante/silice réactive (présence de granulats réactifs).
La méthode de prévention se décline en deux étapes. Elle consiste en fonction de
l’environnement (classe 1 à 4, tableau 7.2) et du type d’ouvrage (type I à III, tableau
7.3) à déterminer le niveau de prévention à atteindre (A, B ou C, tableau 7.4), puis
vérifier que la formulation prévue pour le béton est satisfaisante.
Elle permet donc de mettre en œuvre des recommandations de prévention adap-
tées à l’importance de l’ouvrage et à son environnement (voir aussi chapitre 11).

261
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

Tableau 7.2 : classe d’environnement vis-à-vis des phénomènes d’alcali-réaction.

Classe Environnement
1 Sec ou peu humide (hygrométrie inférieure à 80 %)
2 Hygrométrie supérieure à 80 % ou en contact avec l’eau
3 Hygrométrie supérieure à 80 % et avec gel et fondants
4 Marin

Tableau 7.3 : types d’ouvrage vis-à-vis des phénomènes d’alcali-réaction.


Types
Niveau de risque Exemples d’ouvrages
d’ouvrages
Éléments non porteurs
Risques d’apparition des désordres
I La plupart des produits préfabriqués
faibles ou acceptables
en béton
Risques d’apparition de désordres La plupart des ouvrages de génie
II
peu tolérables civil
Risques d’apparition de désordres
III Tunnels, barrages, ponts, viaducs
inacceptables

Tableau 7.4 : niveau de prévention vis-à-vis des phénomènes d’alcali-réaction.

Classe d’exposition
Types d’ouvrages
1 2 3 4
I A A A A
II A B B B
III C C C C

Les recommandations à appliquer sont fonction du niveau de prévention :


– niveau A : pas de spécification particulière ;
– niveau B : six possibilités d’acceptation de la formule béton ;
– niveau C : granulats non réactifs (granulats PRP1 sous conditions).
Pour valider une composition, il convient de répondre au moins une fois positive-
ment à l’une des six questions :
– l’étude du dossier granulats montre-t-elle que les granulats sont non réactifs ?
– la formulation satisfait-elle à un critère analytique (bilan des alcalins) ?
– la formulation satisfait-elle à un critère de performance ?

1. Granulat PRP : voir définition au paragraphe 2.8.3.1, chapitre 11.

262
La durabilité dans le contexte normatif européen

– la formulation présente-t-elle des références d’emplois suffisamment convain-


cantes ?
– le béton contient-il des additions minérales inhibitrices en proportions suffi-
santes ?
– les conditions particulières aux granulats PRP sont-elles satisfaisantes ?
La norme NF EN 206-1 donne des recommandations relatives à la réaction alcali-
silice (article NA 5.2.3.4) en précisant que le niveau de prévention à mettre en œu-
vre doit être adapté à l’importance stratégique de l’ouvrage, aux risques de désor-
dre et à leurs conséquences, en fonction en particulier du type d’ouvrage, du
niveau d’entretien (et des conditions d’accessibilité et d’intervention sur l’ouvra-
ge) et de la durée d’utilisation de projet souhaitée.
4.2. Les recommandations pour la durabilité des bétons durcis
soumis au gel
Les recommandations de niveau national relatives à la prévention contre les mé-
canismes développés par le gel font l’objet d’un guide technique édité par le
LCPC en décembre 2003 intitulé Recommandations pour la durabilité des bétons
durcis soumis au gel. Les recommandations concernent les bétons réalisés sur
chantier, en usines de préfabrication et en centrales de béton prêt à l’emploi pour
les ouvrages relevant du domaine du génie civil, et conçus pour une durée d’uti-
lisation de projet de 100 ans. Les produits préfabriqués disposant d’une certifica-
tion intégrant les risques liés au gel-dégel ne sont pas concernés par ces
recommandations.
Ce document précise les dispositions relatives à l’élaboration des bétons tradi-
tionnels, des bétons à hautes performances et des bétons à technologie spécifique:
béton à démoulage immédiat (bétons fabriqués en usine de préfabrication), bétons
moulés sur site avec une machine à coffrage glissant et bétons projetés.
Les principes de prévention s’appliquent aux ouvrages non protégés des intempé-
ries ou au contact avec l’eau ou les rejaillissements de saumure et soumis à deux
types d’exposition spécifiques : le gel pur ou le gel pur en présence de sels de dé-
verglaçage.
Les recommandations s’appuient pour les granulats sur les normes NF EN 12620
et XP P18-545 ainsi que sur la norme NF EN 1367-1 pour la sensibilité au gel.
Elles définissent les essais à mettre en œuvre ainsi que les caractéristiques à exi-
ger sur le béton durci (facteur d’espacement des bulles d’air). Les essais perfor-
mantiels sont basés sur des cycles de gel-dégel en présence ou non de sels de
déverglaçage.

263
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

La méthode consiste à définir le type de béton à mettre en œuvre en fonction des


niveaux de gel (gel sévère et gel modéré) – niveau précisé dans la carte des zones
de gel en France (cf. norme NF EN 206-1, fascicule de documentation P18-326
et figure 10.43 du chapitre 10) – et des niveaux de salage (salage peu fréquent,
salage fréquent, salage très fréquent) – niveau précisé dans le document SETRA
Aide à l’élaboration du dossier d’organisation, de la viabilité hivernale. Les zo-
nes de gel faible ne sont pas concernées par ces recommandations (voir aussi cha-
pitre 10).
Selon le niveau de gel auquel est soumis l’ouvrage et le niveau de salage, on dis-
tingue quatre types de bétons.
Tableau 7.5 : type de bétons définis selon les niveaux de gel et de salage.

Niveau de gel
Niveau de salage
Modéré Sévère
Peu fréquent Béton adapté* Béton G
Béton adapté* avec :
Fréquent teneur en air minimale = 4 % Béton G + S
ou essais de performance
Très fréquent Béton G + S Béton G + S

* Béton adapté : béton conforme aux normes en vigueur, (norme NF EN 206-1, normes de produit)
et possédant une bonne compacité.

Seuls les bétons G et G + S font l’objet de prescriptions particulières.


Les recommandations concernent la formulation, les spécifications sur les cons-
tituants (ciments, granulats, additions), les spécifications exigées sur le béton dur-
ci ainsi que la fabrication, la mise en œuvre et les dispositions constructives.
Le guide technique consacre aussi un chapitre spécifique aux modalités de réali-
sations des épreuves d’étude et de convenance, et donne des éléments pour la mise
en place d’un plan de contrôle de la qualité des bétons.
4.3. Le fascicule de documentation FD P18-011
Le fascicule de documentation FD P 18-011 « Béton - Définition et classification
des environnements chimiquement agressifs - Recommandations pour la formu-
lation des bétons » définit des environnements agressifs pour les bétons armés et
les bétons précontraints et les classes d’agressivités correspondantes. Il recom-
mande des mesures préventives pour la formulation des bétons résistants à ces en-
vironnements agressifs.

264
La durabilité dans le contexte normatif européen

La norme NF EN 206-1 spécifie, dans les tableaux NA.F.1 et NA.F.2, des exigen-
ces relatives aux bétons en fonction des classes d’exposition. Elle précise, pour
les classes d’exposition XA1, XA2 et XA3 qu’il convient de se référer au fasci-
cule P18-011 pour le choix du ciment.
Le fascicule de documentation FD P18-011 distingue trois types d’environne-
ments agressifs :
– les milieux gazeux : gaz, vapeurs ;
– les milieux liquides : eaux pures, eaux de mer, solutions de sels, d’acides ou de
bases, eaux résiduaires, liquides organiques (huiles, pétrole, solvants) ;
– les milieux solides : sols naturels ou remblais dont l’agressivité, conditionnée à
la présence d’eau, est fonction de la composition de la solution intergranulaire et
de sa circulation éventuelle.
Pour chaque niveau d’agressivité, le fascicule donne des recommandations sur le
choix du type de ciment pour les milieux contenant des sulfates, l’eau de mer et
les solutions acides (voir aussi chapitre 12).
4.4. Les recommandations pour la prévention des désordres
dus à la réaction sulfatique interne (ou formation différée d’ettringite)
Un document synthétisant les recommandations à mettre en œuvre pour éviter les
phénomènes de gonflement interne sulfatique a été publié en 2007 par le LCPC.
Il propose une démarche préventive en matière de protection contre des risques
de formation différée d’ettringite, adaptée de celle qui a été mise au point pour la
prévention des désordres dus à l’alcali-réaction.
La démarche se fait en deux temps :
– détermination du niveau de prévention à atteindre en fonction de la catégorie
d’ouvrage et de sa classe d’exposition ;
– orientation vers la (ou les) solution(s) possible(s) en fonction du niveau de pré-
vention retenue (voir chapitre 11).

5. LA NORME NF EN 206-1
5.1. Présentation générale
La résistance du béton aux diverses conditions environnementales auxquelles il
est soumis pendant la durée d’utilisation prévue de la structure est conditionnée
notamment par le respect de spécifications sur le béton.
Ces exigences concernent en particulier les bétons structuraux de bâtiments et
d’ouvrages de génie civil. Pour ces bétons, les spécifications sont définies dans la
norme NF EN 206-1 ou dans les normes de produit :

265
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

« Les bétons coulés en place qu’ils soient réalisés par un producteur de béton prêt
à l’emploi ou sur le chantier, destinés aux bâtiments et ouvrages de génie civil
sont gouvernés par la norme NF EN 206-1, dont l’édition française est parue en
avril 2004 et qui est d’application effective depuis le 1er janvier 2005, pour les
produits préfabriqués structuraux en béton, autres que les blocs, les normes euro-
péennes harmonisées s’appuient sur la norme NF EN 13369, laquelle précise et
complète, pour les aspects concernant les produits préfabriqués structuraux, la
norme NF EN 206-1. »
Pour les autres produits préfabriqués, dont les blocs, il existe des normes euro-
péennes harmonisées qui contiennent en elles-mêmes toutes les spécifications né-
cessaires. Les produits en béton sont conformes à leurs normes respectives.
La norme NF EN 206-1 (Béton, partie 1 « Spécifications, performances, produc-
tion et conformité ») définit pour les bétons de structures en plus des spécifica-
tions relatives au béton, les responsabilités du prescripteur (responsable de la
spécification du béton) et du producteur (responsable de la conformité et du con-
trôle de la production).
Elle fournit des règles précises concernant la spécification, la production, la li-
vraison et le contrôle de la conformité des bétons. Elle s’applique lorsque le lieu
d’utilisation du béton est la France.
Elle est composée de la norme européenne EN 206-1 et de l’Annexe nationale
française indispensable pour son utilisation en France, qui spécifie les disposi-
tions complémentaires à respecter en tenant compte des spécificités climatiques
et géographiques françaises.
Le respect de la norme NF EN 206-1 est exigé par les textes concernant l’exécu-
tion des ouvrages et des structures en béton, en particulier le fascicule 65 et le
DTU 21 (norme NF P18-201) mis à jour et adaptés pour en préciser les modalités
d’application. Pour les produits préfabriqués, le respect des normes européennes
harmonisées est exigé par les textes concernant l’exécution des ouvrages et des
structures en béton, en particulier les fascicules (29, 31, 62, 64, 65, 70) et les nor-
mes DTU. Le code des assurances précise que leur non-respect déchoit l’assuré
de ses droits.
Elle prend en compte la notion de durabilité en s’appuyant sur la notion de classe
d’exposition.
Elle impose au prescripteur de définir les risques d’agressions et d’attaques aux-
quels le béton de l’ouvrage ou de chaque partie d’ouvrage va être exposé pendant
la durée d’utilisation de la structure.
Elle permet, en combinant les classes d’exposition, de définir avec précision l’en-
vironnement de chaque partie d’ouvrage et donc de prescrire un béton parfaite-

266
La durabilité dans le contexte normatif européen

ment adapté. Elle spécifie, en termes de composition et de performance, des


formules de béton adaptées pour chaque classe d’exposition.
5.2. Les bétons concernés par la norme NF EN 206-1
La norme NF EN 206-1 couvre :
– les bétons dont l’air occlus (autre que l’air entraîné) est négligeable les bétons
de masse volumique normale (masse volumique comprise entre 2000 et
2600 kg/m3) ;
– les bétons lourds (masse volumique supérieure à 2 600 kg/m3) ;
– les bétons légers (masse volumique comprise entre 800 et 2 000 kg/m3).
Elle ne concerne pas les bétons non structuraux et les bétons particuliers tels que
les bétons de tranchée, de remplissage, de calage, de propreté, caverneux réalisés
avec des granulats non minéraux, aérés…
Des exigences complémentaires sont données dans d’autres normes européennes
spécifiques pour des applications particulières, tels que par exemple les bétons
destinés aux chaussées routières.
5.3. Les classes d’exposition des bétons
La norme NF EN 206-1 définit des classes d’exposition en fonction des actions
dues à l’environnement auxquelles les bétons de l’ouvrage ou de la partie de
l’ouvrage vont être soumis pendant leur durée de service.
Elle définit 18 classes d’exposition regroupées en 6 familles par risque de corro-
sion, d’attaques ou d’agressions dépendant des actions et conditions environne-
mentales auxquelles le béton de l’ouvrage, ou de la partie de l’ouvrage, est
soumis:
• Classe XO : aucun risque de corrosion ou d’attaque ;
• Classe XC : corrosion induite par carbonatation ;
• Classe XD : corrosion induite par les chlorures ayant une origine autre que
marine ;
• Classe XS : corrosion induite par les chlorures présents dans l’eau de mer ;
• Classe XF : attaque gel / dégel avec ou sans agent de déverglaçage ;
• Classe XA : attaques chimiques.
En France, l’Annexe nationale a adapté les classes d’exposition au contexte cli-
matique et géographique français.
La norme décrit, pour chaque classe d’exposition, l’environnement et le type de
béton concerné et donne des exemples d’ouvrages ou de partie d’ouvrage à titre
informatif.

267
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

Les classes d’exposition prennent notamment en compte l’humidité relative du


milieu et les éventuels cycles d’humidification/séchage.
La prise en compte de l’environnement dans lequel va être situé l’ouvrage et les
risques d’agressions et d’attaques auxquels il va être exposé pendant sa durée de
service, va permettre d’optimiser les performances du béton et sa durabilité.
Une même partie d’ouvrage peut être exposée à des classes d’exposition différen-
tes.
La combinaison des classes d’exposition permet donc de définir avec précision
l’environnement de chaque partie d’ouvrage.
À chacune des classes correspondent des spécifications sur la composition du bé-
ton et la classe de résistance, sous forme de valeurs limites et d’exigences mini-
males. Le béton doit donc respecter toutes les exigences prévues pour chaque
classe d’exposition.
La précision par le prescripteur des paramètres permettant la détermination des
classes d’exposition est donc fondamentale pour chaque projet. Le choix des clas-
ses d’exposition est de sa responsabilité.
5.4. Les exigences liées aux classes d’exposition
La norme NF EN 206-1 spécifie les exigences applicables :
– aux constituants du béton ;
– aux propriétés du béton frais et durci et à leur vérification ;
– aux limitations imposées à la composition du béton ;
– à la spécification du béton ;
– à la livraison du béton frais ;
– aux procédures de contrôle de production ;
– aux critères de conformité et à l’évaluation de la conformité.
La résistance du béton aux diverses conditions environnementales auxquelles il
est soumis impose le respect d’exigences précises traduites sous forme de proprié-
té du béton et de valeurs limites de composition.
Ces exigences propres à chaque classe d’exposition doivent être spécifiées en ter-
mes de :
– type et classe de constituants permis ;
– rapport maximal eau/ciment ;
– dosage minimal en ciment (ou absorption d’eau maximale dans les cas des pro-
duits structuraux préfabriqués) ;
– résistance minimale à la compression du béton ;
et, dans certains cas :
– teneur minimale en air du béton ou résistance à des essais de gel-dégel.

268
La durabilité dans le contexte normatif européen

Les exigences de durabilité du béton doivent prendre en compte la durée de ser-


vice prévue des structures dans des conditions d’entretien optimales.
5.5. Les trois types de béton
La norme NF EN 206-1 décline trois types de béton prêts à l’emploi ou fabriqué
sur chantier.
ˆ Les bétons à composition prescrite (BCP)
Bétons pour lesquels la composition et les constituants à utiliser sont spécifiés par
le prescripteur au producteur. Le producteur est responsable de fournir un béton
respectant cette composition. La responsabilité du prescripteur est de réaliser une
étude de formulation et d’établir la composition détaillée du béton qu’il doit four-
nir au producteur.
ˆ Les bétons à propriétés spécifiées (BPS)
Bétons pour lesquels les propriétés requises et les caractéristiques supplémentai-
res sont spécifiées par le prescripteur au producteur. Le producteur est responsa-
ble de fournir un béton satisfaisant à ces exigences.
ˆ Les bétons à composition prescrite dans une norme
Bétons dont la composition est définie dans une norme applicable là où le béton
est utilisé (en France, l’un des exemples est la norme NF P18-201 - DTU 21 qui
spécifie (article 4.5.3) des compositions de béton pour des applications particuliè-
res (ouvrages de catégorie A). Le prescripteur a la responsabilité dans ce cas de
sélectionner, dans la norme, la composition appropriée à l’ouvrage.
5.6. Les tâches et responsabilité des acteurs
La norme NF EN 206-1 distingue les notions de prescripteur, de producteur du
béton et d’utilisateur. Elle définit et donc clarifie les tâches et les responsabilités
de chaque acteur.
Le prescripteur du béton doit prescrire toutes les exigences pertinentes nécessai-
res à l’obtention des propriétés du béton, à sa mise en place, ou à tout autre trai-
tement ultérieur ou pour obtenir un aspect architectonique. Il doit prendre en
compte en particulier : l’utilisation du béton frais et durci, les conditions de cure,
les agressions environnementales auxquelles la structure sera exposée, toutes les
exigences sur les granulats apparents ou la finition des surfaces, toutes les exigen-
ces liées aux enrobages.

269
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

5.7. La classification des bétons


5.7.1. Les classes de résistance des bétons
La résistance des bétons durcis à 28 jours peut être mesurée sur des éprouvettes
cylindriques ou cubiques, elle peut donc être définie par deux valeurs : fck-cyl et
fck-cube.
La norme NF EN 206-1 propose deux familles de classes de résistance en fonction
de la masse volumique du béton, qui correspondent à la résistance caractéristique
que doit atteindre le béton à 28 jours :
– la classe de résistance à la compression des bétons de masse volumique nor-
male et des bétons lourds est désignée par la lettre C suivie des valeurs fck-cyl et
fck-cube ;
– la classe de résistance des bétons légers est désignée par les lettres LC suivies
des valeurs fck-cyl et fck-cube.
Elle définit respectivement seize classes de résistance pour les bétons de masse
volumique normale et les bétons lourds de C 8/10 à C 100/115 et quatorze classes
pour les bétons légers de LC 8/9 à LC 80/88.
5.7.3. Les classes de teneurs en chlorures
La norme NF EN 206-1 définit les teneurs maximales en ions chlorure du béton
à respecter en fonction de son type d’utilisation. Elle définit quatre classes de te-
neur :
– Cl 0,20 pour les bétons contenant des armatures de précontrainte en acier ;
– Cl 0,40 pour les bétons contenant des armatures en acier ou des pièces métalli-
ques noyées ;
– Cl 0,65 pour les bétons contenant des armatures en acier ou des pièces métalli-
ques noyées et formulés avec des ciments de type CEM III ;
– Cl 1,0 pour les bétons ne contenant ni armature en acier, ni pièces métalliques
noyées.
Les classes de chlorures permettent d’adapter la composition du béton en fonction
des risques de corrosion des armatures.
La teneur maximale en ions chlorure est définie en pourcentage de la masse du
ciment. La teneur en chlorure du béton correspond à la somme des chlorures ap-
portés par tous les constituants.
5.7.4. Les valeurs limites pour le classement des attaques chimiques
La norme NF EN 206-1 définit les valeurs limites des paramètres correspondants
aux attaques chimiques. Ces seuils correspondent à des caractéristiques chimi-
ques des eaux de surfaces et souterraines ou des sols.

270
La durabilité dans le contexte normatif européen

Pour ce type d’environnement, l’Annexe nationale renvoie au fascicule de docu-


mentation FD P18-011 « Bétons - Définition et classification des environnements
chimiquement agressifs - Recommandations pour la formulation des bétons », no-
tamment pour le choix de ciments.
Nota. Le choix de la classe se fait par rapport à la caractéristique chimique condui-
sant à l’agression la plus élevée.

5.8. Les exigences sur les constituants


5.8.1. Le choix du ciment
Le choix du ciment doit prendre en considération :
– les contraintes d’exécution de l’ouvrage,
– l’utilisation finale du béton ;
– les conditions de cure ;
– les dimensions de la structure (développement de chaleur) ;
– les agressions environnementales auxquelles la structure est exposée ;
– la réactivité potentielle des granulats aux alcalins des constituants.
5.8.2. Le choix des granulats
Le type, la dimension et les catégories de granulats doivent être sélectionnés en
tenant compte :
– des contraintes d’exécution de l’ouvrage ;
– de l’utilisation finale du béton ;
– des conditions environnementales auxquelles sera soumis le béton ;
– de toutes les exigences liées aux traitements de surface appliqués au béton frais
ou durci.
5.9. Les valeurs limites spécifiées applicables à la composition
et aux propriétés des bétons
La norme NF EN 206-1 définit des valeurs limites spécifiées relatives à la com-
position et aux propriétés du béton en fonction de chaque classe d’exposition dans
deux tableaux (NA.F.1 et NA.F.2). Ces valeurs sont basées sur une durée d’utili-
sation de la structure de 50 ans. Dans le cas des produits de structure préfabriqués,
le préfabricant a la possibilité d’utiliser au choix les exigences de l’un ou l’autre
des deux tableaux. Pour chaque type de produit préfabriqué, une procédure docu-
mentée doit mentionner le tableau auquel il est fait référence.
Les exigences minimales en fonction des classes d’exposition ne sont pas les mê-
mes dans l’ensemble des pays couverts par l’EN 206-1 compte tenu des particu-
larités climatiques, géologiques et des techniques de construction spécifiques à
chaque pays.

271
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

Les tableaux NA.F.1 et NA.F.2 précisent en fonction de chaque classe d’exposi-


tion :
– le rapport Eauefficace/liant équivalent maximal ;
– la classe de résistance minimale du béton ;
– la teneur minimale en air (le cas échéant).
Ils comportent d’autres exigences, en particulier sur les additions et la nature des
ciments à utiliser.
Le tableau NA.F.1 précise aussi la teneur minimale en liant équivalent.
Le tableau NA.F.2, relatif aux produits préfabriqués en béton en usine introduit l’ab-
sorption d’eau maximale du béton en tant qu’indicateur de la compacité du béton.
La quantité de liant équivalent (Liantéq) correspond à la qualité de ciment (C) ma-
jorée par la quantité d’addition (A) pondérée par un coefficient (k) fonction de
chaque type d’addition (Liantéq = C + k.A).
Les tableaux NA.F.1 et NA.F.2 précisent les quantités maximales autorisées pour
le calcul du Liantéq pour chaque addition (cendres volantes, fumées de silice, lai-
tier moulu, addition calcaire ou siliceuse).
La norme NF EN 206-1 constitue une évolution importante dans la manière de
prescrire, formuler, fabriquer et contrôler les bétons au service de la qualité et
de la performance des bétons.
Elle définit des exigences (de moyens) pour la durabilité des structures, prend en
compte avec précision la notion de classes d’exposition, introduit les classes de
résistance pour les bétons légers et de nouvelles classes de résistance du béton
(jusqu’à 100 MPa), impose des exigences sévères sur les contrôles de fabrication,
(volume de contrôle augmenté et critères de conformité renforcés) prend en
compte des additions dans la détermination du rapport eau /ciment, précise la
répartition des responsabilités entre le prescripteur, le producteur et l’utilisa-
teur et le rôle de chaque intervenant, définit des dispositions relatives aux essais
de conformité, à l’évaluation de la conformité, aux critères de conformité et aux
essais d’identification.
Elle permet d’augmenter les performances du béton, de renforcer la régularité
de ses caractéristiques, sa qualité et donc d’améliorer la durabilité des ouvrages.
Un béton conforme aux valeurs limites spécifiées, est capable de satisfaire les exi-
gences de durabilité par rapport à l’utilisation envisagée dans les conditions en-
vironnementales si :
– l’épaisseur de béton recouvrant l’armature est adaptée aux conditions envi-
ronnementales ;
– les classes d’exposition ont été correctement sélectionnées ;
– il est correctement mis en place, vibré et soumis à une cure adaptée ;
– la maintenance préventive est réalisée.

272
La durabilité dans le contexte normatif européen

6. LES NORMES POUR LES PRODUITS PRÉFABRIQUÉS


EN BÉTON
6.1. Les normes de produits européennes
Les normes de référence pour les produits préfabriqués en usine sont les normes
de produit. Ces normes définissent complètement les caractéristiques des produits
et leurs constituants.
La plupart des normes de produit dispose d’une partie harmonisée qui ouvre au
marquage CE (tableau 7.6). De nombreuses normes sont dites « autoportantes »,
car elles contiennent en elles-mêmes toutes les spécifications nécessaires. C’est
le cas pour les blocs par exemple.
En ce qui concerne les produits préfabriqués structuraux en béton, autres que les
blocs, les normes européennes harmonisées s’appuient sur la norme NF EN 13369.
La norme NF EN 13369 précise et complète, pour les aspects concernant les produits
préfabriqués structuraux, la norme NF EN 206-1. Les normes des produits structu-
raux renvoient, directement ou via la norme NF EN 13369, à l’édition nationale de
l’Eurocode 2. Les normes de produit complètent s’il y a lieu ces textes, leur avant-
propos national précise certaines pratiques nationales.
Les normes de produits, les normes sur les bétons et les constituants ainsi que les
Eurocodes, constituent pour les éléments préfabriqués de structure, un cadre co-
hérent au niveau européen.
Pour la satisfaction des exigences essentielles telles que la résistance mécanique,
la résistance au feu et la durabilité, les normes de produits font généralement ré-
férence à la norme NF EN 13369 ainsi qu’aux Eurocodes et à leurs annexes na-
tionales. Le cas échéant, l’avant propos national de la norme de produit stipule le
texte à appliquer. Les éventuelles dispositions informatives relatives à l’ouvrage
réalisé avec les produits peuvent être reprises dans la norme NF DTU qui traitera
de la conception de l’ouvrage et de la mise en œuvre des produits.

273
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

Tableau 7.6 : les normes de produits harmonisés.

Les principales normes de produits Les principales normes (1, 2) de produits


harmonisées se référant aux règles com-
harmonisées « autoportantes » (1)
munes (NF EN 13369)

• Blocs en béton NF EN 771-3/4/5(2) • Cadres sous chaussées NF EN 14844


• Caniveaux hydrauliques NF EN 1433 • Caillebotis pour bétail NF EN 12737(3)
• Carreaux de mosaïque NF EN 13748-1/2 • Candélabres en béton NF EN 40-4
• Conduits de fumée NF EN 1857/58 et 12446 • Mobilier urbain et de jardin NF EN 13198(3)
• Éléments pour clôtures NF EN 12839 • Dalles alvéolées NF EN 1168
• Éléments de béton de granulats légers • Éléments de fondation prEN 14991
à structure ouverte NF EN 1520 • Éléments de mur et façade prEN 14992
• Éléments préfabriqués en béton cellulaire • Éléments linéaires de structure NF EN 13225
autoclavé armé prEN 12602 • Éléments spéciaux de toiture NF EN 13693
• Fosses septiques NF EN 12566-1 • Escaliers prEN 14843
• Linteaux NF EN 845-2 • Pieux de fondation NF EN 12794
• Produits de voirie NF EN 1338/39/40(2) • Éléments de ponts prEN 15050
• Séparateurs de liquides légers NF EN 858-1(2) • Éléments de planchers nervurés
NF EN 13224
• Séparateurs à graisse prEN 1825-1(2)
• Poutrelles et entrevous pour systèmes de
• Traverses de chemin de fer NF EN 13230-1/5
planchers prEN 15037-1/5
• Tuiles en béton NF EN 490
• Prédalles pour systèmes de planchers
• Tuyaux, regards, boîtes NF EN 1916/17(2) NF EN 13747
• Poteaux et mâts NF EN 12843

(1) Parues ou en cours.


(2) Des compléments nationaux d’application existent.
(3) Non harmonisée.

6.2. Le marquage CE
Les normes de produits comportent une partie harmonisée dont le respect, attesté par
le marquage obligatoire CE, permet la libre circulation du produit au sein de l’Union
européenne (l’annexe ZA de la norme définit les clauses harmonisées et les modali-
tés du marquage CE). Des annexes informatives fournissent des informations com-
plémentaires destinées généralement à la conception de l’ouvrage. Cette conformité
des produits est attestée par le marquage réglementaire CE, le cas échéant complété
par une certification volontaire. La certification volontaire complémentaire (NF par
exemple) attestera que le produit est conforme à la norme produit et apte à être mis
en œuvre selon la norme NF DTU ou le document d’application.
6.3. La norme NF EN 13369
La norme NF EN 13369 « Règles communes pour les produits préfabriqués en
béton » est la norme de base pour toutes les normes de produits structuraux. Elle
précise les exigences relatives aux constituants et au béton, ainsi que les condi-
tions générales d’application des Eurocodes pour le dimensionnement des pro-

274
La durabilité dans le contexte normatif européen

duits préfabriqués en béton. Les règles communes servent également de texte de


référence pour les produits non couverts par des normes ou des agréments techni-
ques européens (ATE).
La norme NF EN 13369 spécifie la terminologie, les prescriptions, les critères re-
latifs aux performances de base, les méthodes de vérification et d’évaluation de
la conformité pour la fabrication de produits préfabriqués en béton en usine. Elle
précise certaines spécifications de fabrication des produits.
6.3.1. Les principales exigences par rapport aux constituants
La norme NF EN 13369 spécifie que le béton est réalisé à partir de constituants
dont l’aptitude à l’emploi est établie. Cette aptitude est établie dès lors que le
constituant respecte l’un des textes ci-après définissant son utilisation dans le bé-
ton ou les produits en béton :
– une norme européenne ou internationale (ISO) spécifique au constituant ;
– ou une norme ou des prescriptions nationales en vigueur sur le lieu d’utilisa-
tion du produit en béton ;
– ou un agrément technique européen (ATE).
6.3.2. Les classes d’exposition
La nouvelle définition des classes d’exposition donnée dans la norme NF EN 206-
1, et utilisée tant par la norme NF EN 13369 que par l’Eurocode 2, constitue un
progrès important, car elle va faciliter la passation des marchés et permettre de
prescrire des produits structuraux parfaitement adaptés aux agressions auxquelles
ils seront soumis pendant la durée d’utilisation prévue de l’ouvrage.
La résistance du béton aux diverses conditions environnementales auxquelles il
est soumis pendant la durée de vie prévue de la structure est conditionnée, notam-
ment par le respect de spécifications sur le béton. Ces spécifications concernant
le béton doivent être adaptées aux conditions susceptibles d’être rencontrées dans
chaque pays européen. Il est donc nécessaire de se référer aux éditions nationales
des normes EN 206-1 et EN 13369 en vigueur dans le pays concerné.
Comme les normes spécifient complètement les exigences relatives au produit
fini prêt à être mis en œuvre, la seule référence à la norme du produit suffit pour
la passation des marchés. Si le marché fait référence à la norme NF EN 206-1, la
conformité des produits en béton aux normes européennes correspondantes (nor-
me de produits ou en l’absence, norme NF EN 13369) vaut donc satisfaction à la
norme NF EN 206-1.
Lorsque les produits en béton préfabriqués structuraux sont couverts par une nor-
me de produit fixant des exigences de durabilité spécifiques alors seules celles-ci
s’appliquent. Dans les autres cas, il est possible d’utiliser les spécifications rela-

275
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

tives à la composition et aux performances du béton définies dans la norme NF


EN 13369.
Celles-ci concernent notamment :
– le type et les classes de constituants ;
– le rapport maximal Eau efficace/liant équivalent ;
– le dosage minimal en liant équivalent ou l’absorption d’eau maximale ;
– la résistance minimale à la compression du béton.
Ces spécifications sont définies dans deux tableaux (NA.F.1 et NA.F.2) communs
aux normes NF EN 206-1 et NF EN 13369. Les spécifications du tableau N.A.F.2
reposent sur une approche performantielle de la durabilité qui permet de prendre
en compte l’ensemble des facteurs liés aux formules de béton et aux procédés de
fabrication.
Les principales différences du tableau NA.F.2 par rapport au tableau NA.F.1 con-
cernent :
– la prescription de valeurs d’absorption d’eau maximales en remplacement des
dosages minimaux en liant équivalent ;
– des limites sur les rapports Eau efficace/Liant équivalent plus contraignantes ;
– la possibilité pour les classes XF d’utiliser des essais de performance : XP P18-
420, XP P18-424 et XP P18-425 ;
– des classes de résistances minimales plus élevées pour les classes d’exposition
XC, XS, XD et XF.
6.3.3. Les autres prescriptions de la norme NF en 13369
pour la durabilité
6.3.3.1. Accélération de l’hydratation par traitement thermique
et protection contre la dessiccation (cure)
Les prescriptions relatives au traitement thermique, procédé largement employé
pour la fabrication des produits structuraux en béton, visent à garantir une bonne
durabilité des produits en assurant en particulier :
– l’obtention de la résistance mécanique requise ;
– la mise en œuvre de cycles de traitement (préchauffage, vitesse de montée en
température, température maximale, refroidissement) limitant les risques de
microfissures ou de porosité excessive ;
– que les conditions limites conduisant à des risques de fissuration par formation
différée d’ettringite soient évitées.
Les prescriptions relatives à la cure, permettent d’éviter que les surfaces des pro-
duits ne soient soumises à une dessiccation pouvant conduire à une fissuration du
béton ou à une altération de l’hydratation du liant. Des mesures de protection ap-

276
La durabilité dans le contexte normatif européen

propriées pour limiter la dessiccation (précisées dans le tableau 2 de la norme NF


EN 13369) doivent être prises jusqu’à obtention d’une résistance minimale (spé-
cifiée dans le tableau 1 de la norme NF EN 13369) du béton. Cette résistance mi-
nimale est adaptée aux futures conditions environnementales du produit dans
l’ouvrage.
6.3.3.2. Incidence des classes d’exposition sur l’enrobage minimal
des aciers
La norme NF EN 13369 indique les valeurs minimales d’enrobage des armatures
en référence à la norme EN 1992-1-1 (Eurocode 2). Pour chaque classe d’exposi-
tion (XO, XC, XD ou XS), l’enrobage minimal est spécifié en tenant compte de
la résistance du béton et du type d’armatures (précontraintes ou passive). Pour les
classes d’exposition XA et XF, l’exigence sur l’enrobage résulte de la classe d’ex-
position retenue vis-à-vis de la corrosion des armatures (XC ou XD). D’autres
conditions peuvent être données dans les normes de produits.
6.3.3.3. Concept de performance équivalente du béton
L’industriel a la possibilité de définir les spécifications relatives aux classes d’ex-
position en utilisant les méthodes de conception performantielles pour la durabi-
lité. Elles sont établies en termes de paramètres performantiels par les normes de
produits.

7. LES DOCUMENTS ET NORMES RELATIFS À L’EXÉCUTION


DES OUVRAGES
Quelles que soient les précautions prises pour adapter et optimiser la formulation
du béton, il ne pourra assurer sa fonction durablement que si les « règles de l’art »
ont été respectées lors de sa mise en œuvre (vibration correcte, cure adaptée, prise
en compte des conditions climatiques lors du bétonnage, retrait maîtrisé, respect
des valeurs d’enrobage des armatures, etc.). Pour obtenir la durabilité spécifiée, il
convient de respecter les recommandations ou les normes d’exécution des ouvra-
ges.
7.1. Norme NF P18-201 (DTU 21)
La norme NF P18-201 définit les conditions d’exécution des bâtiments en béton
et en béton armé. Elle fixe les contrôles techniques minimaux que l’entreprise doit
mettre en œuvre en particulier sur le béton, qui doit être conforme à la norme NF
EN 206-1.

277
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

Elle définit, chapitre 4, les spécifications et caractéristiques minimales du béton,


qui sont fonction, en particulier, de l’importance de l’ouvrage à réaliser et de la
classe d’exposition.
Elle définit, chapitre 5.3, les spécifications relatives au béton, concernant la fabri-
cation, le transport, la mise en place, les reprises de bétonnage, les effets des con-
ditions ambiantes et le décoffrage.
Le chapitre 6.5 traite du contrôle de fabrication du béton.
7.2. Fascicule 65
Le fascicule 65 qui concerne l’exécution des ouvrages de génie civil en béton
armé ou précontraint est en cours de révision au moment de l’édition de cet ouvra-
ge pour être mis en adéquation avec l’ensemble du nouveau contexte normatif.
7.3. Norme NF EN 13670-1
La norme NF EN 13670-1 Exécution des ouvrages en béton définit les prescrip-
tions pour l’exécution des ouvrages en béton (béton armé, béton précontraint), en
conformité avec les normes Eurocode EN 1992-1 et EN 1994-1 respectivement
pour les structures en béton et les parties en béton des structures mixtes.
Elle couvre l’exécution des bétons coulés en place et la mise en place des produits
préfabriqués en béton pour la réalisation de béton et de structures de génie civil.
Elle complète certaines spécifications de la norme NF EN 206-1.
Elle permet de définir des exigences techniques pour l’exécution et le contrôle et
l’inspection des ouvrages.
Le chapitre 8 « Opérations de bétonnage » définit les recommandations relatives:
– à la livraison, à la réception et transport sur le chantier du béton frais ;
– aux opérations préliminaires de bétonnage ;
– à la mise en place et au compactage : ces opérations doivent « être effectuées
de manière à respecter les tolérances d’enrobage et à assurer un durcissement et
une durabilité satisfaisants du béton » ;
– à la cure et à la protection : le béton doit faire l’objet d’une cure « afin d’assu-
rer une durabilité convenable de la zone superficielle » ;
– aux opérations après bétonnage.
La durée minimale de la cure est fonction de la classe d’exposition.
Le tableau NA.3.E1 définit les délais de cure minimaux à respecter en fonction de
la température de la surface du béton et du développement de la résistance du béton.
Le chapitre 11 définit les inspections des matériaux, des produits et des phases
d’exécution (inspections visuelles, contrôles, mesures).

278
7.4. Autres référentiels pour la réalisation des ouvrages
avec des produits en bétons
Les autres référentiels utilisés pour la réalisation des ouvrages avec des produits
préfabriqués sont :
• pour la fondation
– DTU 13.12 Règles pour le calcul des fondations superficielles (P 11-711),
– DTU 13.11 Fondations superficielles (P 11-211),
– DTU 13.2 Fondations profondes (P 11-212-2) ;
• pour la maçonnerie
– DTU 20.1 Ouvrages en maçonnerie de petits éléments - Parois et murs (P
10-202),
– DTU 20.12 Gros œuvre en maçonnerie des toitures destinées à recevoir un
revêtement d’étanchéité (P 10-203),
– DTU 26.1 Enduits aux mortiers de ciment, de chaux… (P 15-201),
– Fascicule 64 ;
• pour les murs et façades
– DTU 21 Exécution des ouvrages en béton (P 18-201),
– DTU 22.1 Murs extérieurs en panneaux préfabriqués de grandes dimen-
sions (P 10-210) ;
• pour les éléments de structure
– DTU 23.2 Planchers à dalles alvéolées préfabriqués en béton (P 19-201),
– DTU 23.3 Ossatures en éléments industrialisés en béton,
– prDTU 23.5 Planchers à poutrelles et entrevous préfabriqués en béton,
– prDTU 23.4 Planchers à pédalles préfabriquées en béton,
– Fascicule 62 ;
• pour la fumisterie
– DTU 24.1 Travaux de fumisterie (P 51-201),
– DTU 24.2 Travaux d’âtrerie (P 51-202);
• pour la couverture
– DTU 40.24 Couvertures en tuiles en béton à glissement et à emboîtement
longitudinal (P 31-207-1),
– DTU 40.241 Couvertures en tuiles plates en béton à glissement et à emboî-
tement longitudinal (P 31-205),
– DTU 40.25 Couvertures en tuiles plates en béton (P 31-206) ;
• pour l’épuration
– DTU 64.1 Mise en œuvre des dispositifs d’assainissement autonomes -
Maison d’habitation (P 16-603),

279
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

– Norme XP P 16-442 Mise en œuvre des séparateurs de liquides légers et


débourbeurs,
– Norme NF EN 858-2 Séparateurs de liquides légers : installation, service et
entretien,
– Norme NF EN 1825-2 Séparateurs à graisse : installation, service et entre-
tien ;
• pour l’assainissement
– Fascicule 70,
– NF EN 1610 Mise en œuvre et essais des branchements et collecteurs,
– NF EN 1295 Calcul de la résistance mécanique des canalisations enterrées,
– NF EN 752 Réseaux d’évacuation et d’assainissement,
• pour la voirie et les revêtements de sol
– Norme NF P 98-335 Chaussées urbaines - Mise en œuvre des pavés et dal-
les en béton,
– Norme NF P 98-082 Dimensionnement des structures de chaussée,
– Fascicules 29 et 31,
– DTU 52.1 Revêtements de sol scellés (P 61-202).

8. CONCLUSION
Les ouvrages en béton disposent aujourd’hui d’un nouveau support normatif
complet constitué majoritairement de normes européennes complétées par des ré-
férentiels nationaux. S’appuyant sur le retour d’expérience et sur les travaux
d’études et de recherches menées durant ces dernières décennies, ce nouveau con-
texte normatif est une réelle avancée pour les utilisateurs. Cet ensemble de textes
couvre en effet les différents aspects liés à la construction des ouvrages, depuis le
dimensionnement des structures jusqu’au choix des constituants du béton, sa for-
mulation et sa mise en place.
Dans le domaine de la durabilité, les normes NF EN 206-1 et NF EN 13369, en
particulier, constituent une évolution importante dans la manière de prescrire, de
formuler et fabriquer les bétons et produits structuraux. Le fascicule de documen-
tation FD P18-011 et les recommandations du LCPC sont des documents de réfé-
rence incontournables pour appréhender la durabilité des bétons exposés aux
environnement chimiquement agressifs, au gel-dégel ou susceptibles de présenter
un risque vis-à-vis de l’alcali-réaction ou de la réactions sulfatique interne.
Bien entendu, ces normes et ces référentiels sont amenés à évoluer au cours des
prochaines années pour tenir compte, notamment, des nouvelles propriétés et per-
formances des bétons.

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