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Dans la déclaration qu'il fait cet après-midi devant l'Assemblée nationale M.

Guy
Mollet affirme notamment :

" Dans l'effort que nous allons entreprendre pour résoudre les difficultés algériennes
rien ne serait plus grave qu'un climat d'incompréhension ou de méfiance entre la
métropole et l'Algérie. Le risque n'est que trop réel.

Je revendique toute la responsabilité

Après avoir évoqué les manifestations qui ont marqué son arrivée à Alger et affirmé
qu'elles étaient l'expression de sentiments profonds, M. Guy Mollet poursuit :

" J'ai tenu compte de ces sentiments lorsque j'ai eu à prendre mes décisions. Aux
termes de la Constitution la responsabilité m'en incombait à moi seul, et je la
revendique toute entière...

" ...Le ministre résidant, le général Catroux, avec la rare élévation de pensée qui est la
sienne, s'est refusé à ce que son nom puisse devenir un thème de discorde avec ses
anciens camarades de combat. Il m'a demandé de lui rendre sa liberté.

" J'ai choisi.

" J'ai refusé à certains l'auréole du martyre ; je leur ai refusé les victimes qu'ils
annonçaient déjà. J*ai accepté la démission du général Catroux et je prends toute la
responsabilité de ma décision. "

La situation militaire

MContexte historique
Par Philippe Tétart

Dans son discours d'investiture du 1er février 1956, Guy Mollet affirme que "l'objectif de la
France (…) est, avant tout, de rétablir la paix et d'obtenir que cessent le terrorisme et la
répression aveugle". Cependant, un mois après l'épisode des tomates d'Alger (6 février), son
programme "cessez-le-feu, élections, négociations" ne répond plus à une logique de paix. Le
FLN n'accepte pas de faire taire les armes : il n'est pas question d'un cessez-le-feu. Surtout, le
FLN ne peut accepter un plan qui n'envisage pas l'indépendance. On évoque alors une
intégration assortie de solutions fédérales. Le vote de la loi des "pouvoirs spéciaux", le 12
mars 1956, aggrave la situation.

Requis par Robert Lacoste, résident à Alger, pour faire face à une recrudescence terroriste, ces
pouvoirs doivent permettre de développer une politique double : réforme et répression. Mais,
fort de l'autorité discrétionnaire qu'ils lui confèrent, Robert Lacoste en use d'abord pour tenter
de juguler l'insurrection. L'effort militaire prime. La logique de guerre domine et amène à
l'augmentation des forces déployées en Algérie : 200 000 soldats début 1956, 400 000 en
juillet. Un choix nécessaire pour "quadriller" systématiquement le terrain et vaincre
l'adversaire. En mars-avril 1956, c'est ce choix que le gouvernement doit justifier auprès d'une
opinion troublée par le coût de la guerre, par le maintien sous les drapeaux des classes 56 et
57, puis le rappel des classes 52, 53 et 54.
Discours de Charles de Gaulle (Alger, 4 juin 1958)

Je vous ai compris! Je sais ce qui s’est passé ici. Je vois ce que vous avez voulu faire. Je vois
que la route que vous avez ouverte en Algérie, c’est celle de la rénovation et de la fraternité.
Je dis la rénovation à tous égards. Mais très justement vous avez voulu que celle-ci commence
par le commencement, c’est-à-dire par nos institutions, et c’est pourquoi me voilà. Et je dis la
fraternité parce que vous offrez ce spectacle magnifique d’hommes qui, d’un bout à l’autre,
quelles que soient leurs communautés, communient dans la même ardeur et se tiennent par la
main. Eh bien! de tout cela, je prends acte au nom de la France et je déclare, qu’à partir
d’aujourd’hui, la France considère que, dans toute l’Algérie, il n’y a qu’une seule catégorie
d’habitants : il n’y a que des Français à part entière -, des Français à part entière, avec les
mêmes droits et les mêmes devoirs. Cela signifie qu’il faut ouvrir des voies qui, jusqu’à
présent, étaient fermées devant beaucoup. Cela signifie qu’il faut donner les moyens de vivre
à ceux qui ne les avaient pas. Cela signifie qu’il faut reconnaître la dignité de ceux à qui on la
contestait. Cela veut dire qui’il faut assurer une patrie à ceux qui pouvaient douter d’en avoir
une. L’armée, I’armée française, cohérente, ardente, disciplinée, sous les ordres de ses chefs,
l’armée éprouvée en tant de circonstances et qui n’en a pas moins accompli ici une oeuvre
magnifique de compréhension et de pacification, l’armée française a été sur cette terre le
ferment, le témoin, et elle est le garant, du mouvement qui s’y est développé. . Elle a su
endiguer le torrent pour en capter l’énergie. Je lui rends hommage. Je lui exprime ma
confiance. Je compte sur elle pour aujourd’hui et pour demain. Français à part entière, dans un
seul et même collège! Nous allons le montrer, pas plus tard que dans trois mois, dans
l’occasion solennelle où tous les Français, y compris les 10 millions de Français d’Algérie,
auront à décider de leur propre destin. Pour ces 10 millions de Français, leurs suffrages
compteront autant que les suffrages de tous les autres. Ils auront à designer, à élire, je le
répète, en un seul collège leurs représentants pour les pouvoirs publics, comme le feront tous
les autres Français. Avec ces représentants élus, nous verrons comment faire le reste. Ah!
puissent-ils participer en masse à cette immense démonstration tous ceux de vos villes, de vos
douars, de vos plaines, de vos djebels! Puissent-ils même y participer ceux qui, par désespoir,
ont cru devoir mener sur ce sol un combat dont je reconnais, moi, qu’il est courageux - car le
courage ne manque pas sur la terre d’Algérie -, qu’il est courageux mais qu’il n’en est pas
moins cruel et fratricide! Oui, moi, de Gaulle, à ceux-là, j’ouvre les portes de la
réconciliation. Jamais plus qu’ici et jamais plus que ce soir, je n’ai compris combien c’est
beau, combien c’est grand, combien c’est généreux, la France! Vive la République!

Légende: Le 4 juin 1958, le général de Gaulle prononce sur le Forum d'Alger un discours dans lequel il
déclare que l'Algérie n'est peuplée que de Français à part entière et dotés des mêmes droits et des
mêmes devoirs.

Source: GAULLE, Charles de. Discours et messages. Volume III: Avec le renouveau (1958-1962). Paris:
Plon, 1970. 443 p. ISBN 2-259-02264-2. p. 15 - 17. Copyright: (c) Editions Plon URL:
http://www.cvce.eu/obj/discours_de_charles_de_gaulle_alger_4_juin_1958- fr-0cced248-5cc4-
4699-8a37-87479048224c.html Date de dernière mise à jour: 01/03/2017

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