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Ma guerre d’Algérie
J’ai 4 ans en 1945 quand la guerre se termine ; quelques années plus tard mes
parents m’ont parlé des tickets de rationnement, des alertes aux bombardements,
des marches dans la campagne pour aller se réfugier dans les fermes, des avions
bombardant la ligne de chemin de fer située à 1 kilomètre ; des patrouilles
allemandes et des barrages. J’ai compris que je fus un enfant dans la guerre… la
seconde « mondiale », celle des fours crématoires de funeste mémoire.
Depuis l’âge de 16 ans, j’avais manqué aucune manifestation contre la guerre
d’Algérie, je reçois, à 20 ans à peine, ma feuille de mobilisation pour l'Algérie. Le
train qui nous conduit à Marseille est arrêté par une manifestation au milieu de Partis
Politiques et de Rappelés contre la Guerre d'Algérie, la manifestation dégénère, il y a
des personnes en travers des voies… Quelques heures plus tard nous sommes à
Marseille… et l’attente pour l’embarquement vers l’Algérie (française).
Alors que j'arrive en civil sur cette terre déchirée par plus de 5 ans… d’une
guerre qui ne voulait pas dire son nom, je ne me doute pas qu'au même moment, un
autre garçon de mon âge prend lui le chemin du Djebel pour défendre sa Liberté… la
vraie… celle de débarrasser son Pays du colonialisme.
Arrivant dans un pays où je ne vois que des exploités et des dominés, les
souvenirs de mon enfance me remontent à la mémoire, je sens que je vais être
obligé de faire des choses contraires à mon idéal de paix et de tolérance, j'ai déjà le
sentiment de ne pas me trouver du bon côté, comme les Allemands en France, j'ai
participé aux opérations de contrôle, les armes à la main , j'ai fouillé au corps «des
hommes qui pouvaient être mon père, mon grand
père
J'avais honte d'être là, je sentais que leur histoire allait devenir la mienne, c'est
vrai comme me disait un pied noir, qu'ils avaient repoussés les lions qui étaient aux
portes d'Oran, sous entendant, que leur présence avait contribué au développement
du pays, OUI, c'est vrai, il y avait les hommes et les sous hommes ceux qui
commandaient et ceux qui travaillaient dans les régions déjà développées, pour le
reste, c'était encore le désert, OUI l'injustice et les inégalités étaient criantes. Oui j'ai
connu des gens, qui se croyaient supérieurs et qui traitaient les "Indigènes" de
quantités négligeables… Le comble du comble lorsque j’ai appris que la France
coloniale utilisait, à la manière des nazis… des fours crématoires… les fours à
chaux… pour brûler des corps…
OUI j’ai compris que je n’étais pas du bon côté… et j’avais honte !!!
De retour en France, j'ai eu beaucoup de difficulté à me réadapter à la vie civile,
je trouvais difficilement le sommeil, le moindre bruit me faisait réagir… Ma
participation à cette guerre d’Algérie et mon statut de combattant, je ne l’ai pas
choisi, je l’ai donc subi et je le regrette
Michel Dandelot « La guerre d’Algérie » Bernard Crochet et Gérard
Piouffre Nov'edi
Texte :
La Révolution armée déclenchée en novembre 1954 a permis à tout le peuple algérien de
s’unir comme un seul homme debout pour affronter l’ennemi. Toutes les régions du pays se
sont mobilisées autour des moudjahidines qui ont mené une lutte héroïque pour que le
drapeau algérien flotte, aujourd’hui, à travers le pays et dans le monde. Le moudjahid Rachid
Adjaoud témoigne de cette guerre menée dans la région de la Soummam, jadis nommée Petite
Kabylie. Il dira à cet effet : «La lutte pour la libération dans la vallée de la Soummam a
commencé dès le début du déclenchement de la Révolution. Les premiers militants qui étaient
structurés au sein de l’Organisation secrète 5 ou dans le parti MTLD- PPA furent les
précurseurs des actions politiques et militaires dans la région, à l’exemple de Abderrahmane
Mira, Si Hemimi Fadhel, Si Mohand Akli Naït Kabbache et les autres. Dès le début de l’année
1955, la tâche principale était de convaincre les populations du bon droit de l’action armée par
une campagne d’information et de sensibilisation car personne ne connaissait encore par qui
la révolution est déclenchée. Les premiers commissaires politiques chargés de cette action ont
été choisis pour leur connaissance du terrain et leur grand savoir-faire en matière de
récupération psychologique des populations. Le Congrès de la Soummam, qui a été préparé
dans la plus grande clandestinité, à quelques kilomètres des postes militaires français de
Taourit, Akbou, Takrietz et Seddouk, a été une réussite complète et s’est déroulé sans aucun
incident notable. De ce fait, grâce à l’application des résolutions et à la nouvelle organisation
de la wilaya, la lutte armée s’est amplifiée et des succès importants ont été remportés tout au
long des années 1956 et 1957.»
Le moudjahid Adjaoud se souvient encore de tous les détails, même minimes, en ajoutant :
«C’est aussi après le Congrès de la Soummam que de grandes opérations aéroportées ont été
déclenchées, croyant que les ‘chefs rebelles’ étaient encore là. L’opération «Duffour», qui a
commencé dans la vallée de la Soummam, s’est terminée aux confins des Bibans et sur les
hauts plateaux de Sétif et Bordj Bou-Arréridj sans qu’aucun de nos responsables ne soit
touché.» Abordant le côté renseignement et communication lors de la guerre de Libération,
l’orateur précisera : «En ce qui concerne la propagande, il existe au niveau de la wilaya au PC
d’Akfadou et de Bounaâmane un service de presse très efficace.
Des tracts sont souvent diffusés à l’intention des populations et des moudjahidine et le
journal El Moudjahid paraît mensuellement. Ce journal rapporte les actions militaires de
l’Armée de libération nationale (ALN) et les atrocités commises par l’armée française. Il
relate également l’activité diplomatique de nos dirigeants à l’extérieur. Il faut préciser qu’en
ce qui concerne le service de presse, le colonel Amirouche a regroupé tous les intellectuels
qui se trouvaient au maquis pour en faire des conseillers et diriger ce service au niveau de la
wilaya. Parmi eux, je citerai Tahar Amirouchène, Hocine Sahli, maître Benabid Youcef, le
professeur Amardjia, les instituteurs Hamel, Ferhani ; il y en avait d’autres car l’état-major
du colonel Amirouche était très important.»
M. Laouer. El Moudjahid 01-11-2012
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Depuis toute petite, j’ai été baignée de récits sur la guerre d’Algérie. Chaque fois que je me
retrouve avec ma grand-mère et le mot « guerre » retentit, cela lui remémore de mauvais
souvenirs. Les horreurs qu’elle a vues ou subies m’ont fait vivre cette guerre à travers ses
histoires, sa mémoire. Des images qu’elle n’oubliera jamais.
« A l’époque j’avais 15 ans, c’était en 1955 à Biskra. Pendant 40 jours, on nous a interdit
de fermer la porte de chez nous. L’armée française entrait en pleine nuit, nous réveillait en
sursaut, tirait nos couvertures, nous giflait, pour qu’on leur dise où se cachaient les membres
du FLN. On n’avait pas le droit de protester sinon on se prenait des coups.
« Et ils n’y allaient pas de main morte. Pour nous rabaisser, ils allaient dans la cuisine,
prenait nos aliments. Ils en faisaient un tas au sol et ils marchaient dessus. On pleurait, car
privés de nourriture, sans emploi, obligés de suivre les ordres des Français, nous n’allions pas
manger pendant des jours…
« Ils essayaient par tous les moyens de nous montrer qu’ils étaient plus forts que nous. A 6
heures du matin, les parachutistes nous faisaient sortir de force de nos maisons et jusqu’à 21
heures, nous n’avions pas le droit d’y entrer. On nous laissait sans boire ni manger comme des
animaux. On nous prenait nos terres et les harkis dénonçaient leurs frères de pays. »
A chaque fois qu’elle parle de cela, des larmes inondent ses yeux. Ses lèvres se pincent et je
sens de la haine l’envahir. Un acte horrible s’est déroulé sous ses yeux. Elle me raconte : «
Ma fille, j’ai vu deux soldats français qui regardaient une femme enceinte de 7 mois, ils se
demandaient, c’est une fille ou un garçon ? Ils pariaient dessus et d’un coup sec, sans
hésitation, lui ouvraient le ventre, en disant “Ah tu vois c’est moi qui avais raison”.
Elle ajoute : « Ils attrapaient des hommes au hasard, les soupçonnant de faire partie du FLN
et les électrocutaient en riant. Jusqu’à la mort. Un jour, chez nos voisins, nous avons vu
l’armée française entrer d’un coup, fusil en main. C’était une mère veuve qui avait trois fils.
Un harki avait dit à l’armée que ses fils étaient membres du FLN. Un par un, ils ont été tués
devant leur mère. Le chagrin et les nerfs l’ont tellement fait pleurer qu’elle est devenue
aveugle. »
« Des horreurs, elle en a vu. Peut-être que dans un an, j’en saurai plus à force de tomber sur
des histoires de la guerre d’Algérie à la télévision ou à la radio. Jusqu’à présent la mémoire
pleine, ma grand-mère n’oubliera jamais les atrocités dont elle a été témoin quand elle avait
15 ans. Malheureusement, elle est déçue car la France ne veut pas reconnaitre les massacres
qu’elle a commis et qu’elle donne ce qu’elle doit à tous ces tirailleurs algériens qui ont
combattu aux côtés de la France durant les guerres du 20e siècle. »
Inès El Laboudy, publié dans Liberté le mardi 14
décembre 2010.
La journée du Moudjahid
La célébration de cette journée dédiée au Moudjahid en commémoration de deux dates
importantes dans l’histoire de la lutte du peuple Algérien, procède de l'intérêt accordé à ses
valeurs intrinsèques qui illustrent sa force de combat pour la patrie et la liberté.
Cette occasion mémorable nous amène à méditer le haut génie qui a inspiré la
génération de Novembre et qui a permis d'amorcer un tournant décisif dans l'histoire de notre
glorieuse guerre, à travers deux dates historiques celles du 20 août 1955 et du 20 août 1956
qui donnèrent lieu à des résultats importants et positifs sur les plans interne et externe.
Il est aussi important d'évoquer le contexte historique du 61ème anniversaire de la
tenue du congrès de la Soummam et du 62ème anniversaire de l’offensive du Nord-
Constantinois pour mettre en exergue leur portée et leur dimension symboliques et contempler
la grandeur des réalisations accomplies par le peuple algérien qui a soutenu ses dirigeants à
une époque difficile et avec des moyens personnels.
L’offensive dans la région du Nord-Constantinois en août 1955 a montré la témérité de
nos vaillants moudjahidines et la clairvoyance de leurs glorieux chefs. Elle a révélé la parfaite
fusion du peuple algérien avec l’Armée de libération nationale (ALN) composée de ses
enfants, une fusion qui a formellement contribué à convaincre le monde que le combat
libérateur déclenché le 1er novembre 1954 était la lutte d'un peuple tout entier.(…)
En effet, notre glorieuse révolution a eu le mérite de briser le mur de l'hégémonie*
imposée aux peuples opprimés dans différentes contrées du monde. Elle a contribué à
consacrer le droit des peuples colonisés à la liberté et à l'indépendance, à travers la fameuse
résolution des Nations Unies de décembre 1960.
Le peuple algérien valeureux et reconnaissant à ce jour envers les frères et amis qui
ont soutenu sa glorieuse révolution, est l'artisan d'une guerre exceptionnelle qu'il a menée
grâce aux sacrifices incommensurables de citoyens innocents et des vaillants chouhada. (…)
En dépit des différentes analyses et lectures faites autour du Congrès de la révolution
(le 20 août 1956), il reste qu'il s'agit d'un événement à marquer d'une pierre blanche dans
l'épopée *de la glorieuse révolution de Novembre 1954.
Extrait du message du M . Abdelaziz Bouteflika, publié le 20/08/2017.
Texte :
La philosophie du colonialisme Français dans sa conquête de l’Algérie
Le colonel Montagnac a dit : « Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux
Arabes. Tuer tous les hommes jusqu' à l’âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les
enfants, en charger des bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs; en un mot,
anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens. »(…). Le Général De
Rovigo : « puisque on ne les civilisera pas, il faut les refouler loin comme des bêtes féroces
qui abandonnent le voisinage des lieux habités(…)»
Ferhat Abbas a écrit: « Lorsqu’un Algérien dit qu’il est Arabe, les juristes français lui
répondent : Non, tu es Français ! Et lorsqu’il vient réclamer les mêmes droits accordés aux
Français, les mêmes juristes lui rétorquent : C’est impossible, tu es Arabe !... Aux yeux de la
loi coloniale, il n’est plus Algérien et n’est pas encore Français. Non, il n'est rien, au plan
national ou civil. Il est désormais dépourvu de tout. C’est-à-dire qu’il n'est chez lui, ni en
Algérie, ni en France, ni n’a aucune patrie nulle part ailleurs. C’est ici que réside la réalité
du drame vécue par les Algériens et dont découlent tous les autres drames ».
C’est sur ces méthodes que la France coloniale a fondé sa stratégie de conquête,
d’occupation et de colonisation de l’Algérie, en codifiant le pillage de ses richesses,
l’asservissement de ses enfants, leur appauvrissement à la limite de la famine. Profitant de
leur détresse incommensurable, les autorités coloniales n’ont pas hésité à incorporer les jeunes
Algériens de force pour aller défendre les couleurs de la France impériale sur les champs de
bataille qui faisaient rage dans le vieux continent, de 1870 à 1945.
Par Aissa Kasmi (ancien cadre supérieur de la DGSN)
In Mémoria, n°41, Novembre 2015
Texte :
La grève insurrectionnelle
Une effervescence régnait dans le quartier. Apparemment, un évènement se préparait. Je
découvris pour la première fois un tract de l’organisation du FLN que Hocine me remit pour
le lire et le diffuser discrètement. Il était demandé à la population de se préparer à observer
une grève générale de huit jours à partir du 27 février 1957, date à laquelle l’Assemblée
générale de l’ONU devait débattre de la question algérienne.
Les cellules de résistants qui, jusque-là, activaient clandestinement, sortirent pour
expliquer aux gens ce mouvement qui allait constituer, pour les moudjehidine, du djebel ou de
la ville, un acte de solidarité majeur et encouragement envers le mouvement de libération
nationale, contredisant l’allégation coloniale selon laquelle le peuple algérien n’était pas
solidaire des rebelles qu’elle appelait « fellagas ».
Le jour J, la Casbah était méconnaissable. J’avais le sentiment d’être dans un autre monde.
C’était une ville morte. La rue Randon présentait un visage inhabituel avec ses rideaux
baissés. Au fond, chacun était conscient que les forces armées et la police coloniale n’allaient
pas demeurer les bras croisés. Une riposte se préparait à coup sûr. Discrètement, la population
s’organisa pour assurer une surveillance de jour comme de nuit, guettant le moindre
mouvement dans le camp ennemi.
La réaction de l’armée ne se fit pas attendre. Elle fut brutale, sauvage, et le colonialisme
qui n’attendait qu’une occasion pour faire une démonstration de force, ne s’en priva pas. Je
découvrais sa véritable incarnation : hideuse, raciste, convulsée à la fois de rage et de terreur.
La grève des huis jours sonna comme un démenti cinglant aux fantasmes d’une Algérie
éternellement française. Les portes défoncées à coups de crosses et coups de pied, des rideaux
de fer des magasins relevés ou arrachés de leurs rails ; les perquisitions systématiques des
maisons avec des arrestations massives de personnes sorties de leurs domiciles quelques fois
en pyjamas, pourêtre entassés comme du bétail dans des camions militaires. Ce jour-là, je
découvris la véritable nature humaine. A une allure folle, les masques tombaient.
Texte :
La déclaration du 1er novembre 1954 montre, d’une façon explicite, la volonté des
Algériens de casser le joug du colonialisme, par les armes, pour arracher leur liberté. Le
déclenchement de la guerre de libération était le thème "principal et unique" retenu "à
l’unanimité" lors de la réunion historique du groupe des 22 en juin 1954 à Alger. Les
participants à cette réunion, ont accepté "à l’unanimité et avec enthousiasme" le passage à la
lutte armée, parce qu’ils étaient convaincus que c’était le seul moyen de se libérer du joug
colonial.
La date du déclenchement de la lutte armée était "minutieusement préparée" et
constituait "un pas grandiose" accompli par le peuple algérien pour le recouvrement de la
liberté spoliée et la concrétisation de l’indépendance. La répression et les souffrances subies
au quotidien ont poussé le peuple algérien à accueillir la lutte armée "avec une joie immense".
La révolution algérienne s’est distinguée des autres révolutions par ses principes et sa
détermination. A Mostaganem, l’évènement est d’autant plus important, pour sortir les
martyrs du Dahra de l’oubli. Appelé nuit de la Toussaint par les coloniaux, nuit de l’espoir
pour le peuple Algérien, qui a fait battre le cœur de ces hommes. Premier coup de feu, à
23 heures 45 en cette veille de novembre et pour être précis le 31octobre, sur le nommé
Laurent qui se dirigeait vers Khadra (ex Picard située à prés de 80km de Mostaganem). Il sera
aussi le mois de la déferlante coloniale, et des arrestations de Belhamiti, Sahraoui Aek,
Meziane Boutaiba, Senouci, Hassaine, et ce, dès les premiers jours. Cet interlude historique,
sera ponctué par de nombreux crimes perpétrés contre des civils par l’autorité coloniale dans
la région de Sidi Ali « ex Cassaigne », Hadjadj « ex Bosquet », Benabdelmalek Ramdane « ex
Ouillis », Sidi Lakhdar « ex Lapasset », Douar Esmara, Ouled El Hadj pour ne citer que ceux-
là. Dans cette région les coloniaux, tuaient pour le plaisir et c’est ce qui ressort de certains
témoignages, surtout concernant le Criminel De Jeanson, propriétaire à l’époque d’une ferme
aux abords de Hadjadj plage (ex Bosquet). Il sera l’auteur de nombreux crimes perpétrés
contre la population de Hadjadj, commettant des assassinats, et c’est dans la forêt d’Ain
Brahim plage, qu’il s’adonnait à son jeu de massacre, à savoir tuer des innocents.
La région de Sidi Ali « ex Cassaigne » quant à elle s’illustrait par son camp de la mort
où les prisonniers subissaient les pires tortures, disparaissaient ou assassinés sans aucune
forme de procès. Connue pour être une zone très sensible, l’armée coloniale y était
concentrée, de par le renforcement des unités de spahis et du 2ème bureau réputés pour leurs
atrocités. Le choix de ce camp dans la Région, n’était pas fortuite pour ne pas oublier de citer
entre autres la prison d’Oued El Kheir située à point zéro aussi réputée pour les tortures et les
sévisses.
Kamel.M .El watan-. Mardi 30 Octobre 2012
19 juin 1956 : pour la première fois dans cette guerre, la guillotine entre en action. Zabana
et Ferradj ont la tête coupée, au nom de la loi française. Ainsi, le statut de combattants de
guerre ne sera pas réservé aux nationalistes.
Djamila Briki, qui fut, aux premiers jours de juillet 62, ma première amie de la Casbah,
livre ses souvenirs qui seront heureusement consignés avec ceux de plusieurs autres
Algériennes par Djamila Minne- Amrane_ sur les nouveaux rites funéraires qui s’instaurent
aux portes de la prison Barberousse : « Les familles des condamnés à mort allaient tous les
matins à Barberousse, car, lorsqu’il y avait des exécutions, c’était affiché sur la
porte. Nous allions tous les matins pour voir s’il y avait ces fiches blanches sur la porte ; des
fois, il y en avait trois, quatre, chaque exécuté avait sa fiche personnelle. Nous n’étions jamais
prévenues, il fallait aller lire les noms sur la porte. C’était la chose la plus horrible. Et
l’eau !... Quand il y avait plein d’eau devant la porte, c’était parce qu’ils avaient nettoyé le
sang à grande eau avec tuyau. »
Peu après, un gardien sortait et appelait la famille du guillotiné de l’aube : il rendait les
affaires personnelles du mort à sa femme ou à sa mère. Les femmes ne pleuraient pas ; leurs
compagnes, venues aux nouvelles, les entouraient et allaient ensuite jusque chez elles pour la
viellée religieuse.
Le corps de l’exécuté n’était jamais remis aux siens ; l’administration pénitentiaire se
chargeait seule de l’inhumation au cimetière d’El-Alia. On ne donnait que le numéro de la
tombe aux femmes qui s’y rendaient le lendemain.
Assia Djebar, Le Blanc de l’Algérie, éditions Albin Michel,