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@BEA_Aero
RAPPORT D’ENQUÊTE
Incident grave du Boeing 737-800
immatriculé CN-ROJ
et exploité par Royal Air Maroc
survenu le 30 décembre 2016
à Lyon-Saint Exupéry (69)
2
Table des matières
SYNOPSIS 8
ORGANISATION DE L’ENQUÊTE 11
1 - RENSEIGNEMENTS DE BASE 12
1.1 Déroulement du vol 12
1.1.1 L’approche à Paris-Orly 12
1.1.2 Le vol de croisière entre Paris-Orly et Lyon-Saint Exupéry 14
1.1.3 La première approche à Lyon-Saint Exupéry 14
1.1.4 La deuxième approche à Lyon-Saint Exupéry 17
1.2 Tués et blessés 19
1.3 Dommages à l’aéronef 19
1.4 Autres dommages 19
1.5 Renseignements sur le personnel 20
1.5.1 Équipage de conduite 20
1.5.2 Renseignements sur le personnel des services de contrôle de la
circulation aérienne de Lyon-Saint Exupéry 21
1.6 Renseignements sur l’aéronef 21
1.6.1 Cellule 22
1.6.2 Descriptions des systèmes 22
1.6.3 Opérations de maintenance 32
1.7 Renseignements météorologiques 38
1.7.1 Situation générale 38
1.7.2 Informations reçues par l’équipage 39
1.7.3 Conditions météorologiques régnant à destination
et au dégagement 40
1.8 Aides à la navigation 41
1.9 Télécommunications 42
1.10 Renseignements sur les aérodromes 42
1.10.1 Aérodrome Paris-Orly 42
1.10.2 Aérodrome Lyon-Saint Exupéry 42
1.11 Enregistreurs de bord 43
1.11.1 Enregistreurs de vol 43
1.11.2 Séquence des événements 43
1.12 Renseignements sur l’épave et sur l’impact 48
1.13 Renseignements médicaux et pathologiques 48
1.14 Incendie 48
3
1.15 Questions relatives à la survie des occupants 48
1.16 Essais et recherches 48
1.16.1 Examen des ADIRU 49
1.16.2 Examen des FCC 49
1.16.3 Causes des disparitions des directeurs de vol
et des désengagements de pilote automatique observés
dans les données QAR 52
1.16.4 Analyse des données QAR des autres vols 53
1.16.5 Analyse des reports équipage dans le compte rendu matériel 54
1.16.6 Analyse de l’étude de sécurité Boeing relative
au dysfonctionnement non détecté d’un ADIRU 55
1.16.7 Situation technique de l’avion après l’événement 57
1.17 Renseignements sur les organismes et la gestion 59
1.17.1 L’exploitant 59
1.17.2 Organisme chargé de la maintenance 67
1.17.3 Organismes de contrôle aérien 71
1.18 Renseignements supplémentaires 73
1.18.1 Témoignage du Commandant de bord 73
1.18.2 Témoignage de l’Officier pilote de ligne 75
1.18.3 Technicien de maintenance en ligne à Lyon-Saint Exupéry 76
1.18.4 Contrôleurs 76
2 - ANALYSE 78
2.1 Scénario 78
2.1.1 En croisière : Messages d’alerte FMC (IRS gauche) 78
2.1.2 Approche de catégorie 3 à Paris-Orly et impossibilité d’engager
les deux A/P 78
2.1.3 Le dégagement vers Lyon 79
2.1.4 Interruption de la première approche à Lyon
et alarme IRS FAULT 79
2.1.5 Deuxième approche à Lyon et non-stabilisation de l’approche 80
2.2 Conséquences et moyens de détection du dysfonctionnement
d’un ADIRU 81
2.2.1 Conséquences du dysfonctionnement d’un ADIRU 81
2.2.2 Surveillance interne à l’ADIRU et activation de l’alarme IR FAULT 83
2.3 Perte progressive de confiance dans l’avion et stress généré 84
2.4 Charge de travail et travail en équipage 86
2.5 Interface équipage / contrôle aérien 87
2.5.1 Transfert approche-tour 87
2.5.2 Échanges équipage-contrôle aérien 87
2.6 Pratiques de la RAM 87
2.6.1 Interception ILS 87
2.6.2 Report non systématique dans le TLB de dysfonctionnements
techniques rencontrés par les équipages de conduite 88
4
2.7 Maintenance de la RAM 89
2.7.1 Gestion de la panne du radioaltimètre 2 89
2.7.2 Maintenance en ligne à Lyon 90
3 - CONCLUSIONS 91
3.1 Faits établis par l’enquête 91
3.2 Facteurs contributifs 94
4 - RECOMMANDATIONS DE SECURITÉ 96
4.1 Réévaluation de l’étude de sécurité relative aux conséquences
de l’utilisation par le FCC d’une information erronée non détectée
provenant de l’ADIRU. 96
4.2 Surveillance interne à l’ADIRU et activation de l’alarme IRS FAULT 97
4.3 Procédures de report de pannes par les équipages de conduite de la
compagnie Royal Air Maroc 98
4.4 Traitement des pannes intermittentes à la compagnie Royal Air Maroc 99
4.5 Pratique de la compagnie lors d’interceptions de l’ILS 99
ANNEXES 102
5
Glossaire
Acronymes Version Anglaise Version Française
6
Acronymes Version Anglaise Version Française
7
Synopsis
Déroutement, dysfonctionnement IRS de l’ADIRU, remise
de gaz, approche non stabilisée en pilotage manuel et
conditions IMC, descente sous le plan nominal,
sortie de couche non axée, baïonnette, alerte MSAW,
alarmes EGPWS
Heure À 11 h 09(1) (1)
Sauf précision
contraire, les heures
Exploitant Royal Air Maroc figurant dans
Nature du vol Transport commercial de passagers ce rapport sont
exprimées en temps
Commandant de bord (PF) ; copilote (PM) ; 4 PNC;
Personnes à bord universel coordonné
149 passagers (UTC). Il convient
Conséquences et dommages Aucune d’y ajouter une
heure pour obtenir
l’heure en France
métropolitaine le jour
Le 30 décembre 2016, le Boeing 737-800, est en guidage vers l’ILS de la piste 06 de l’événement.
de Paris-Orly (94). Les conditions météorologiques imposent une approche aux
instruments de catégorie 3 (ILS CAT III).
Après avoir reçu la clairance d’approche, l’équipage tente à deux reprises d’engager
le deuxième pilote automatique (A/P B). La non-réception par le calculateur de
commande de vol (FCC B) des données du radioaltimètre (RA) 2 ne permet pas
l’engagement de l’A/P B et provoque le désengagement de l’A/P A.
L’équipage engage de nouveau l’A/P A, informe le contrôleur qu’il ne peut pas
effectuer une ILS CAT III, demande à interrompre l’approche et à dégager vers
l’aéroport Lyon-Saint Exupéry. Les conditions à Lyon permettent une approche ILS
CAT I, réalisable avec un seul A/P fonctionnel.
Lors de l’interception de l’ILS 35R à Lyon-Saint Exupéry, alors que l’A/P est passé en
mode d’interception et de suivi du signal radioélectrique du Localizer (mode VOR/
LOC vert), l’avion vire soudainement à droite avec une inclinaison de 30°, croise l’axe
du Localizer et s’en éloigne à un cap franchement divergent (cap 70°), sans qu’aucune
alarme ne se déclenche à bord. Ce virage à droite inopportun est commandé par
l’A/P du fait de données erronées en provenance du module IRS de la Centrale
aérodynamique et inertielle (ADIRU) gauche.
L’invalidité des données fournies par l’ADIRU gauche entraîne ensuite le
désengagement de l’A/P A. Le pilotage est alors effectué en manuel par le CdB avec
les directeurs de vol (F/D) affichés à l’écran de vol primaire (PFD).
L’équipage tente dans un premier temps de revenir sur l’axe. L’écart de trajectoire
rendant la poursuite de l’approche compromise, il interrompt l’approche puis engage
l’A/P B.
Alors que l’avion vient à nouveau d’être transféré à l’approche, l’alarme L IRS FAULT
se déclenche ce qui provoque le désengagement de l’A/P B, la disparition des
informations d’assiette, de roulis et de cap ainsi que des barres F/D sur le PFD gauche.
Le CdB pilote de nouveau en manuel tout en effectuant de mémoire une des actions
de la checklist IRS FAULT en plaçant le sélecteur IRS Transfer Switch sur BOTH ON R.
Ainsi, les deux FCC utilisent les données fournies par l’ADIRU droit. L’assiette, le roulis
et le cap sont de nouveau affichés sur le PFD gauche et les barres F/D réapparaissent. 8
Lors de la deuxième approche et de la phase d’interception vers le Localizer et
après avoir réengagé l’A/P B et transféré les commandes au copilote, le CdB indique
au contrôleur qu’il a des problèmes de positionnement. Le contrôleur poursuit le
guidage radar.
Au moment de la capture du Glide, l’A/P B se désengage automatiquement en raison
de la non-réception par le FCC B des données du RA 2. Les F/D disparaissent des
deux côtés. Le copilote transfère alors les commandes au CdB. Ce dernier indique
au contrôleur d’approche qu’il poursuit en pilotage manuel. Le vol est transféré au
contrôleur tour.
L’approche, en pilotage manuel et sans F/D, n’est pas stabilisée, aussi bien en ce
qui concerne l’axe d’approche, que la vitesse et la configuration avion. Plusieurs
alarmes EGPWS « SINK RATE », « GLIDE SLOPE » et « TOO LOW TERRAIN » se déclenchent
en finale. L’avion sort de la couche entre les pistes 35L et 35R, effectue une baïonnette
et atterrit sur la piste 35R.
Ont contribué à cet incident grave :
La concomitance de deux défaillances indépendantes au sein de deux systèmes
différents dont l’origine, l’absence de lien et les conséquences étaient difficiles
à établir pour l’équipage sans information adéquate dans la documentation
opérationnelle ni d’alarmes suffisamment saillantes émises par les systèmes
avion.
Une perte de confiance progressive de l’équipage dans les systèmes avion au
fil du vol engendrant un stress important et une focalisation de l’attention de
l’équipage sur le niveau de carburant restant.
La dégradation du CRM au sein de l’équipage lors d’une charge de travail devenue
très élevée en raison notamment de la nécessité de gérer la panne IRS FAULT
pendant la phase d’interruption de l’approche.
La logique de fonctionnement des FCC qui ne prévoit pas, conformément à
ses spécifications, de surveillance des données inertielles fournies par les ADIRU
hormis dans les cas d’approches avec les deux A/P engagés.
La logique de surveillance interne des ADIRU vis-à-vis de la validité des données
inertielles transmises aux autres systèmes. Les critères de déclenchement de
la panne Drift Angle, facteur déclencheur de l’alarme IRS FAULT, peuvent en
effet amener cette dernière à apparaître tardivement par rapport au début du
dysfonctionnement du module IR de l’ADIRU.
Le report non systématique par les équipages de dysfonctionnements techniques
sur le TLB tels que la disparition des F/D, les dysfonctionnements ADIRU et
les déconnexions automatiques de l’A/P.
La persistance de pannes intermittentes.
9
Le BEA a émis cinq recommandations de sécurité concernant :
Une réévaluation de l’étude de sécurité relative aux conséquences de l’utilisation
par le FCC d’une information erronée non détectée provenant de l’ADIRU.
La surveillance interne à l’ADIRU et l’activation de l’alarme IRS FAULT.
Les procédures de report de pannes par les équipages de conduite.
Le traitement des pannes intermittentes à la compagnie Royal Air Maroc.
La pratique de la compagnie lors d’interceptions de l’ILS.
Quatre enseignements de sécurité ont également été tirés de cet incident.
Ils concernent :
L’application des procédures de traitement de panne par les équipages.
L’entraînement des pilotes au pilotage manuel sans F/D en approche ILS avec
déconnexion subie de l’A/P.
L’importance de la maintenance en ligne.
La mise à jour de la documentation opérationnelle.
10
ORGANISATION DE L’ENQUÊTE
Le 2 janvier 2017 vers 11 h, les Services de la Navigation Aérienne Centre Est (SNA‑CE)
notifient au BEA une quasi-collision avec le sol survenue au vol RAM780S en approche
sur Lyon-Saint Exupéry.
Dans l’après-midi, le BEA initie un échange avec le bureau d’enquêtes marocain et
la compagnie Royal Air Maroc sur les circonstances de l’événement.
Le 5 janvier 2017, le BEA classifie l’événement comme un incident grave et ouvre
une enquête de sécurité. Les organismes d’enquête marocain (au titre de l’état
de l’exploitant) et américain (au titre de l’état de conception et de fabrication de
l’aéronef) sont notifiés et nomment chacun un représentant accrédité.
Les données de l’enregistreur QAR (identiques à celles de l’enregistreur de
paramètres FDR) ainsi que les données ATC ont pu être récupérées. Les données de
l’enregistreur phonique (CVR) n’ont pas été préservées par l’équipage de conduite
après l’événement.
Une équipe d’enquête a été constituée et s’est rendue à Lyon puis à Rabat pour
effectuer les premiers actes d’enquête.
Ce rapport contient cinq recommandations de sécurité.
11
1 - RENSEIGNEMENTS DE BASE
1.1 Déroulement du vol
Note : Ces informations sont issues des témoignages, des paramètres du QAR et Le copilote est
(2)
des enregistrements ATC (communications et radar). Les moments clés de l’événement également désigné
comme Officier pilote
sont assortis d’une lettre de couleur. Ces lettres sont reportées sur les trajectographies de
de ligne (OPL).
ce chapitre.
(3)
Le message IRS-L
DRIFT est émis par
Le 30 décembre 2016, le Boeing 737-800, immatriculé CN-ROJ décolle de l’aérodrome le FMC lorsque les
Rabat-Salé (Maroc) à 07 h 46 pour effectuer le vol RAM 780S, en transport commercial informations de
de passagers, à destination de l’aérodrome Paris-Orly (94). Le commandant de bord vitesse et/ou position
fournies par l’ADIRU
est PF et le copilote(2) est PM. L’A/P A est engagé après le décollage. gauche ne sont pas
cohérentes avec
L’équipage indique dans son témoignage qu’environ une heure après le décollage, celles fournies par
le message d’alerte IRS-L DRIFT (3) apparait sur le Tableau de commande et d’affichage l’ADIRU droit et celles
(CDU). Il cherche sans succès dans la documentation de bord la signification de élaborées à partir
des positions GNSS.
ce message(4). Il vérifie à plusieurs reprises la cohérence des informations de vitesse (4)
Le message
et de position sur le CDU et observe que le problème semble en voie de résolution. IRS-L DRIFT (ou
IRS-R DRIFT) est un
Environ deux heures après le décollage, l’équipage constate que le message « VERIFY nouveau message qui
POS : IRS-IRS » (5) apparaît sur le CDU. À Paris-Orly, les conditions météorologiques est apparu à partir
imposent une approche aux instruments de catégorie 3 (ILS CAT 3). L’équipage de la version U11
du FMC installé sur
indique qu’étant en descente vers Orly et connaissant ce message, il ne se réfère l’avion en mars 2016.
pas à la documentation. Considérant que les informations de vitesse sol des deux La documentation
IRS semblent converger, l’équipage décide de poursuivre l’approche et sélectionne opérationnelle
consultée par
l’aérodrome Lyon-Saint Exupéry en cas de dégagement. l’équipage durant le
vol n’était pas à jour.
1.1.1 L’approche à Paris-Orly Le message VERIFY
(5)
12
À 10 h 14 min 03, le contrôleur tour demande à l’équipage de rappeler à 5 NM
en finale et lui transmet une RVR de 375 m. L’équipage collationne puis demande Mode de guidage
(8)
s’il est autorisé pour l’approche ILS. Le contrôleur tour répond par la négative et qui permet d’activer
les captures
réitère la demande à l’équipage de rappeler à 5 NM. L’équipage répond qu’il descend automatiques du
à 4 000 ft. Le contrôleur l’autorise pour l’approche ILS CAT III. À cet instant l’équipage LOC et du Glide lors
arme le mode Approche (APP(8)) et l’avion commence sa descente finale (point C). d’une approche ILS.
13
1.1.2 Le vol de croisière entre Paris-Orly et Lyon-Saint Exupéry
À 10 h 31, l’équipage affiche la fréquence 114,75 MHz correspondant au VOR (10)
Un NOTAM
LSE de Lyon-Saint Exupéry sur le récepteur VOR de l’OPL. Le VOR reste inactif. indiquait que
jusqu’au 27 avril
Puis le CdB insère l’indicatif « LSE » en page FIX INFO sur le CDU afin de vérifier la 2017, le VOR LSE de
fréquence du VOR. Le système lui indique alors que le VOR « LSE » se trouve à plus de Lyon Saint-Exupery
3 000 NM.(10) de fréquence
114,75 MHz était
Pendant la descente et la préparation de l’approche ILS 35R à Lyon-Saint Exupéry, remplacé par un VOR
provisoire d’indicatif
l’équipage tente d’armer le système de freinage automatique et constate que le VMP associé à la
voyant ambre AUTOBRAKE DISARM s’allume. Il bascule le système sur OFF comme le fréquence 117,2 MHz.
prévoit la procédure. Ce NOTAM était
présent dans la
À 10 h 40 min 21, l’avion est transféré du centre de contrôle en route de Paris au partie « Area En
route – Destination
centre de contrôle en route de Marseille. Lors de la coordination, le contrôleur de – Destination
Paris informe son homologue de Marseille que le vol RAM 780S a eu des « difficultés Alternate » à la
pour atterrir à Orly et qu’il a dû remettre les gaz, en raison du brouillard ». fin du dossier de
vol et non dans la
partie « Destination
1.1.3 La première approche à Lyon-Saint Exupéry Alternate ».
Cette dernière partie
À 10 h 44 min 43, l’équipage est transféré au contrôle d’approche de Lyon-Saint des NOTAM n’avait
Exupéry. pas été consultée
par l’équipage
À 10 h 45 min 40, le contrôle d’approche de Lyon demande au vol RAM 780S de avant le départ.
14
À 10 h 59 min 52, l’équipage s’annonce en finale piste 35 R. Au même instant, Les examens
(11)
l’A/P A se désengage automatiquement(11) et l’automanette (A/T) est désengagée des deux FCC ont
montré que le
manuellement (point H). L’aéronef est à 3 000 ft. Six secondes plus tard, l’équipage désengagement de
informe le contrôleur qu’il remet les gaz. Le contrôleur tour lui répond qu’il n’est pas l’A/P A à cet instant
« du tout sur l’axe du Localizer » de la piste 35 R mais à « environ 1 NM à l’est »(12). est dû à l’invalidité
des données
Quelques instants plus tard, il indique à l’équipage qu’il se dirige désormais dans fournies par l’ADIRU
gauche au FCC A.
« la bonne direction ». Il lui précise qu’il peut éventuellement rappeler en vue de
l’aérodrome mais que la météo « n’est pas très bonne », avec une couverture nuageuse
(12)
Les données
QAR montrent que
à une hauteur de 500 ft et que sinon il faudra faire une nouvelle approche. L’équipage l’avion est en réalité à
demande à effectuer une nouvelle approche. À 11 h 00 min 42, le contrôleur lui 1,6 NM à l’est de l’axe.
demande de monter à 5 000 ft et de prendre le cap 360 (point I). L’altitude de 5 000 ft
est sélectionnée par l’équipage au MCP alors que l’avion passe 4 600 ft en montée.
15
Figure 2: Trajectoire d’approche à Lyon-Saint Exupéry
16
1.1.4 La deuxième approche à Lyon-Saint Exupéry
À 11 h 01 min 17, l’avion est transféré à nouveau au contrôleur d’approche. (13)
Le voyant ambre
L IRS FAULT s’allume
À 11 h 01 min 19, l’équipage engage l’A/P B (point J). L’avion se trouve alors à une sur le panneau
altitude d’environ 5 650 ft. L’avion arrête sa montée et commence à redescendre vers supérieur ainsi que
les voyants poussoir
5 000 ft. Master Caution et
le pavé IRS sur le
À 11 h 01 min 35, l’équipage contacte à nouveau l’approche. Au même moment System Annunciator
l’alarme L IRS FAULT se déclenche(13) ce qui provoque le désengagement de l’A/P Panel côté CdB.
B (point K), la disparition des F/D et des affichages de l’assiette, du roulis et du cap Lorsque le
(14)
sur le PFD côté gauche. Le contrôleur demande à l’équipage de tourner à droite au sélecteur est placé
cap 090 pour un nouveau guidage vers l’ILS 35R. Ce dernier collationne. sur la position BOTH
ON R, seules les
À 11 h 01 min 44, le CdB place le sélecteur IRS Transfer Switch sur « BOTH ON R (14)». données fournies par
l’ADIRU droit sont
L’alarme L IRS FAULT s’éteint(15). Les F/D côté gauche réapparaissent ainsi que les utilisées par les FCC.
affichages de l’assiette, du roulis et du cap. L’avion est en VMC, en pilotage manuel
et reprend une montée. (15)
La check-list de
secours à appliquer
À 11 h 02 min 06, l’A/T est engagée. lorsque l’alarme L IRS
FAULT se déclenche
À 11 h 02 min 11, l’A/P B est engagé. L’avion est à une altitude d’environ 6 500 ft. indique à l’équipage
Les modes actifs sont HDG et MCP SPD. Le cap sélecté est 090° et l’avion redescend que dans le cas où
l’usage de l’A/P est
vers l’altitude sélectée de 5 000 ft (point L). souhaité, l’équipage
doit basculer le
À 11 h 03 min 01, l’OPL demande un cap de rapprochement sous la forme « Air Maroc bouton IRS Transfer
780S, we need an…on demande un cap de rapprochement » (point M). L’avion vole Switch du côté de
l’ADIRU restant au
alors au cap 090°, à une altitude de 5 000 ft. Le contrôleur demande à l’équipage de
panneau supérieur
tourner à droite au cap 180° et s’il souhaite avoir la trajectoire d’approche la plus et désengager
courte possible. L’équipage ne répond pas à cette demande. Le contrôleur lui donne l’A/P avant la
phase d’approche
alors le cap 200°.
(voir § 1.6.2.2.4).
À 11 h 03 min 12, l’amortisseur de lacet se désengage(16). (16)
Lorsqu’un seul
ADIRU est valide,
À 11 h 04 min 20, le contrôle l’autorise à descendre à 3 000 ft, puis lui demande de l’engagement de
tourner à gauche au cap 180° pour pouvoir intercepter correctement. l’amortisseur de lacet
n’est possible que
Le CdB indique alors avoir transféré les commandes à l’OPL. si l’A/P n’a pas été
engagé depuis au
À 11 h 05 min 42, le contrôle demande à l’équipage de tourner à droite au cap 240°. moins une minute.
Le CdB collationne le message. L’amortisseur de
lacet est désengagé
À 11 h 06 min 32, le contrôle demande à l’équipage de tourner à droite au cap 320° automatiquement
par l’avion une
et l’autorise à l’approche ILS pour la piste 35 R. minute après
l’engagement de
À 11 h 07 min 30, l’équipage demande un guidage radar. Le contrôleur indique à l’A/P (voir § 1.6.2.2.2)
l’équipage qu’il est sur le cap d’interception de l’ILS. L’équipage lui indique qu’il a des
problèmes de positionnement (point N). Le contrôleur répond qu’il devrait prendre
le cap 355°.
À 11 h 07 min 36, à 8 NM du seuil de piste, l’équipage arme le mode VOR/LOC.
Trente secondes plus tard, le mode VOR/LOC s’active (point O). L’équipage engage
le mode APP trois secondes plus tard.
À 11 h 08 min 15, le contrôleur demande si l’avion a intercepté le signal du Glide.
Le CdB répond qu’ils ont capturé le signal du Localizer mais pas encore celui du Glide.
17
À 11 h 08 min 28, le mode G/S s’engage Au même instant, l’A/P B se désengage (17)
Les examens des
automatiquement(17) (point P). À cet instant, les F/D en tangage et en roulis ont deux FCC ont montré
disparu sur les PFD gauche et droit. À son initiative, l’OPL transfère les commandes qu’à cet instant le
désengagement
au CdB. de l’A/P B est dû à
la non-réception
À 11 h 08 min 30, le CdB informe le contrôleur d’approche qu’ils poursuivent par le FCC B des
l’approche en manuel. Le contrôleur demande si cela signifie qu’ils ont visuel ; données du RA 2.
l’équipage répond par la négative. Le CdB ajoute qu’il continue en manuel et
demande en français « confirmez si on est sur le bon Glide et le bon LOC ». La suite
des échanges avec le contrôleur d’approche se fait en français. Le contrôleur répond
qu’il est dans l’incapacité de confirmer si le signal capté par l’avion est bien celui de
l’ILS 35 R mais que, compte tenu de la position de l’aéronef au radar, il devrait être
sur le Glide.
À 11 h 08 min 36, l’équipage commande la sortie des trains d’atterrissage.
À 11 h 08 min 58, le contrôleur demande à l’équipage s’il a la vue du sol, l’équipage
répond par la négative. Le contrôleur demande alors à l’équipage ses intentions. Le CdB
répond qu’il continue manuellement sur le Localizer et le Glide. À 11 h 09 min 09,
le contrôleur d’approche transfère le vol à la tour de Lyon. L’avion passe 2 350 ft
en descente.
À 11 h 09 m 28, l’alerte EGPWS « Glideslope » se déclenche dans le poste de pilotage
alors que l’avion se trouve à une altitude de 1 750 ft (hauteur radio-sonde de 950 ft)
et 2 points sous le glide. Une seconde après, une alarme d’altitude minimale de
sécurité (MSAW) se déclenche sur l’écran radar du contrôleur approche et dure environ
dix secondes (point Q). Au moment du déclenchement de cette alarme, vue par les
contrôleurs approche et tour, l’équipage n’est plus sur la fréquence d’approche et
n’a pas encore contacté la tour.
À 11 h 09 min 33, l’équipage déconnecte l’A/T.
À 11 h 09 min 48, quelques secondes après la fin de l’alarme MSAW, l’OPL contacte
la tour. La suite des échanges se fait en anglais et se poursuivra ainsi jusqu’à
(18)
L’écoute de
l’enregistrement
l’atterrissage. Le contrôleur tour demande à l’équipage s’il a la piste en vue. radio ATC montre
qu’à partir de cet
À 11 h 09 m 56, l’équipage répond que ce n’est pas encore le cas. Quatre secondes instant et jusqu’à
plus tard, l’alerte EGPWS « Sink rate » s’active. À ce moment l’avion est à une altitude l’atterrissage,
de 1 480 ft (environ 710 ft radio-sonde), avec une vitesse indiquée de 162 kt les communications
bord se font sur
en augmentation, un taux de descente d’environ 2 250 ft/min. Il est au cap 345° et un ton hésitant
à environ 2,1 NM du seuil (point R). et angoissé.
Les messages
À 11 h 10 min 02, l’OPL annonce « We are….we are…..Go around Air Maroc »(18). sont quant à eux
Deux secondes plus tard, l’alerte EGPWS « Glideslope » s’active alors que l’avion difficilement
compréhensibles.
se trouve à une hauteur radio-sonde de 560 ft avec une déviation de 1,3 point Le message de
en dessous du glide. Le contrôleur tour indique à l’équipage que l’intensité lumineuse remise des gaz
du balisage de piste est à son maximum, qu’ils sont à 2 NM du seuil de la piste 35 R n’est notamment
pas compris par
et lui demande de rappeler piste ou balisage de piste en vue. L’avion poursuit le contrôle.
sa descente.
18
À 11 h 10 min 14, l’alerte EGPWS « Glideslope » s’active de nouveau. L’avion se trouve
alors à une hauteur de 400 ft et 1,4 point en dessous du glide avec une vitesse
indiquée de 178 kt, entre les axes des deux pistes et à une distance d’environ 1,4 NM
du seuil de la piste 35 R (point S). Au même instant, l’équipage annonce qu’il « poursuit
l’atterrissage » et puis « qu’il poursuit la manœuvre ». Il effectue une baïonnette à droite
pour s’aligner avec la piste 35 R. Il indique à nouveau au contrôle qu’il continue leur
manœuvre (sans autre précision).
À 11 h 10 min 20, l’alerte EGPWS « Too low terrain » se déclenche. L’avion se trouve
alors à une hauteur de 240 ft.
À 11 h 10 min 29, le contrôleur demande s’ils ont le balisage d’approche en vue.
L’équipage répond par l’affirmative. À ce moment, l’aéronef vient de s’aligner sur
l’axe de la piste 35 R, à environ 1 000 m du seuil et à une hauteur d’environ 180 ft.
La vitesse indiquée est de 180 kt. Trois secondes plus tard, l’alerte EGPWS « Too low
terrain » s’active (point T).
À 11 h 10 min 34, le contrôleur autorise l’avion à l’atterrissage. Une seconde après,
l’alerte EGPWS « Too low terrain » s’active de nouveau. L’avion se trouve alors à une
hauteur d’environ 150 ft.
À 11 h 10 min 38, l’équipage sélectionne les volets en position 40. Une seconde après,
l’alerte EGPWS « Sink rate » s’active. L’avion se trouve alors à une hauteur d’environ
80 ft avec un taux de descente d’environ 1 050 ft/min (point U).
À 11 h 10 min 40, l’avion passe le seuil de piste à une hauteur d’environ 60 ft.
Huit secondes plus tard, il touche la piste environ 160 m après la zone de toucher
des roues de la piste 35 R à une vitesse indiquée de 159 kt (point V). L’avion dégage
la piste à environ 900 m de l’extrémité de piste.
Membres d’équipage - - 6
Passagers - - 149
Autres personnes - - -
19
1.5 Renseignements sur le personnel
1.5.1 Équipage de conduite
1.5.1.1 Commandant de bord
Âge : 47 ans
Aptitude médicale de classe 1 établie le 25/05/2016 et valide jusqu’au
31/05/2017.
Compétence linguistique en langue anglaise de niveau 5 obtenue le 15/12/2011
et valide jusqu’au 31/12/2017.
Licence
ATPL (A) délivrée le 5/11/2010 par l’autorité de l’aviation civile du Maroc.
Qualifications
Vol aux instruments valide jusqu’au 30/09/2017.
LVP (approches CAT II et III) valide jusqu’au 31/03/2017.
De type B73C valide jusqu’au 30/09/2017.
Stage
Stage CRM réalisé le 29/03/2016 et valide jusqu’au 31/03/2017.
Contrôle
Dernier contrôle hors ligne réalisé le 05/09/2016 au simulateur.
Dernier contrôle en vol réalisé le 11/10/2016.
Expérience
Totale : 14 885 heures de vol, dont 4 535 en qualité de CdB.
Sur type B737 : 6 641 heures de vol, dont 4 003 en qualité de CdB.
Dans les 28 derniers jours : 62 heures, 20 atterrissages et 20 décollages.
Dans les 7 derniers jours : 18 heures, 7 atterrissages et 7 décollages.
1.5.1.2 Copilote
Âge : 30 ans
Aptitude médicale de classe 1 établie le 06/05/2016 et valide jusqu’au
31/05/2017.
Compétence linguistique en langue anglaise de niveau 4 obtenue le 16/06/2016
et valide jusqu’au 30/06/2019.
Licence
CPL (A) délivrée le 28/05/2010 par l’autorité de l’aviation civile du Maroc.
Qualifications
Vol aux instruments valide jusqu’au 30/04/2017.
LVP (approches CAT II et III) valide jusqu’au 30/04/2017.
De type B73C jusqu’au 30/04/2017.
Stage
Stage CRM réalisé le 12/01/2016 et valide jusqu’au 31/01/2017.
20
Contrôle
Dernier contrôle hors ligne réalisé le 05/10/2016, au simulateur.
Dernier contrôle en vol réalisé le 08/03/2016.
Expérience
9 ans en tant que premier contrôleur à Paris-Charles de Gaulle entre 2002
et 2012.
1 an de détachement à la Qualité de Service à Paris-Charles de Gaulle.
Expérience
Premier contrôleur à la tour de contrôle de Strasbourg Entzheim de 1997 à 2008.
Instructeur Circulation Aérienne à l’École Nationale de l’Aviation Civile de 2008
à 2012.
21
1.6.1 Cellule
Constructeur Boeing
Type 737-800-85P
SN : 33 979
Numéro de série(19) (19)
Le SN est unique
LN : 1 963 pour tous les avions
Immatriculation CN-ROJ construits par
Premier vol 31/05/2006 Boeing, tandis que
le LN (Line Number)
Mise en service par l’exploitant 31/03/2007 est un SN par type
N°0173 du 12/06/2006 délivré par Direction de avion Boeing.
Certificat de navigabilité
l’Aéronautique Civile Marocaine
Certificat d’examen de navigabilité N°35/16 valable jusqu’au 08/02/2017
Utilisation depuis visite grand entretien 9 308 heures de vol et 3 994 cycles de vol
Utilisation au 30/12/2016 35 628 heures de vol et 15 223 cycles de vol
Le CN-ROJ est équipé d’un calculateur de gestion du vol (FMC(20)) qui utilise les Une architecture
(20)
informations du plan de vol renseignées par l’équipage, les données fournies par système composée
de deux FMC est
d’autres systèmes, ainsi que les informations contenues dans sa base de données proposée en option
de navigation afin de calculer la position de l’avion et les commandes en assiette, sur les Boeing 737NG.
roulis et poussée nécessaires pour le suivi d’une trajectoire optimisée. Le FMC envoie
ces commandes aux calculateurs de commande de vol (FCC).
L’équipage utilise les deux CDU pour interagir avec le FMC et renseigner les
informations du plan de vol :
22
1.6.2.1.2 Messages d’alerte FMC IRS-L DRIFT et VERIFY POS : IRS-IRS
Le message IRS-L DRIFT, reçu par l’équipage en croisière vers Paris-Orly, indique
que les informations de vitesse et/ou position fournies par l’ADIRU gauche ne sont
pas cohérentes avec celles fournies par l’ADIRU droit et celles élaborées à partir
des positions GNSS, les deux dernières devant être cohérentes entre elles. Dans ce cas,
le FMC utilise uniquement les données fournies par l’ADIRU droit.
Le message VERIFY POS : IRS-IRS apparaît lorsque la différence entre la position fournie
par les deux ADIRU est supérieure à 10 NM pendant 40 s.
Le Manuel d’exploitation des équipages (FCOM) § 11.60.2 indique que ces messages
concernent des conditions affectant significativement le fonctionnement du FMC.
Lorsque les conditions d’activation sont rencontrées :
les messages d’alertes associés sont affichés sur chaque CDU,
le voyant d’alerte FMC ambre de chaque côté du tableau de bord s’allume
(voir Figure 4), et
les voyants MSG (couleur blanche) sur chaque CDU s’allument.
Les messages disparaissent quand l’équipage appuie sur la touche CLR du CDU ou
si les conditions d’apparition des messages ne sont plus présentes.
D’autre part, l’équipage peut à tout moment consulter les messages actifs, c’est‑à‑dire
dont les conditions d’activation sont toujours présentes, en affichant la page
MESSAGE RECALL via la page INIT/REF INDEX.
Cette checklist figure dans le mémento de l’équipage (QRH) et concerne les messages
FMC IRS-L DRIFT et VERIFY POS : IRS-IRS.
Ces deux messages renvoient vers la procédure FMC Navigation Check de la partie
Supplementary Procedure du FCOM.
Celle-ci demande de déterminer la position réelle de l’avion et de la comparer avec
celle calculée par le FMC. Pour déterminer la position réelle de l’avion, la procédure
recommande de s’appuyer sur les aides de navigation radio comme les VOR/ADF,
des points de référence au sol, et les informations radar à disposition des contrôleurs
aériens. La procédure demande également de comparer la position FMC avec
les positions IRS et de basculer la position FMC vers l’une des positions IRS en cas
d’indisponibilité des moyens de radionavigation.
Le message d’alerte IRS-L DRIFT n’existait pas dans la documentation opérationnelle
à disposition de l’équipage. Ce message a été introduit dans le FMC version U11
installée sur l’avion en mars 2016.
La publication des mises à jour de la documentation opérationnelle fournie par Boeing
a lieu tous les six mois. Lorsqu’une compagnie applique un Bulletin de service (SB)
qui implique des modifications dans la documentation opérationnelle (c’est le cas
avec la version U11 du FMC), elle doit en notifier Boeing par l’intermédiaire du site
internet MyBoeingFleet, qui pourra alors préparer la mise à jour de la documentation
opérationnelle de la compagnie et la lui fournir lors de la prochaine date de
publication programmée.
23
Boeing a été informé sur le site MyBoeingFleet de la fin de l’installation de la version
U11 du FMC sur la flotte B 737 de la RAM en octobre 2017 et n’a pas trouvé d’autre
notification de la part de l’opérateur. C’est la raison pour laquelle la documentation
opérationnelle de la RAM n’a été ni mise à jour, ni fournie et que celle à disposition
de l’équipage le jour de l’incident grave ne contenait pas de référence au message
d’alerte IRS-L DRIFT.
Seul le message d’alerte VERIFY POS : IRS-IRS (introduit avec la version U10.7 du FMC)
était présent dans la liste du FCOM, section « Systems Description » (§ 11.60.13).
Voir annexe 5 : procédure « FMC Navigation Check ».
Le Boeing 737-800 est équipé de deux ADIRU (gauche et droit). Les ADIRU fournissent
à d’autres systèmes de l’avion les informations inertielles, ainsi que les informations
anémométriques.
Chaque ADIRU comprend deux sous-ensembles :
Un sous-ensemble en charge d’élaborer les informations de référence inertielles :
IR (Inertial Reference) ;
Un sous-ensemble en charge d’élaborer les informations de référence
anémométriques : ADR (Air Data Reference).
24
1.6.2.2.2 Sous-ensemble IR
Le sous-ensemble IR est constitué de trois gyromètres laser (RG : Ring laser Gyros) et
de trois accéléromètres linéaires orientés suivant les trois axes du référentiel avion.
Les données fournies aux autres systèmes avion par le sous-ensemble IR d’une unité
ADIRU incluent :
les angles d’assiette, de roulis et de lacet ;
la latitude et la longitude ;
le cap magnétique et le cap vrai ;
les accélérations linéaires ;
les vitesses angulaires ;
la vitesse sol ;
la vitesse verticale ;
l’angle de route.
Ces données sont notamment utilisées par :
les deux DEU pour l’affichage des données de vol sur les écrans EFIS, en particulier
les attitudes et le cap ;
les deux FCC pour le calcul des commandes A/P et F/D ;
le FMC pour le calcul de position ;
le système de freinage automatique.
Une panne critique inertielle de l’ADIRU est une panne qui affecte les fonctions
inertielles primaires telles que les attitudes, le cap, les vitesses angulaires ou
les accélérations.
Lorsqu’une telle panne est détectée par le test interne de l’ADIRU, le voyant
IRS FAULT associé à l’ADIRU en panne, situé sur le panneau supérieur, est allumé
ainsi que les voyants Master Caution sur le tableau de bord et le voyant IRS sur le
système annonciateur côté gauche (voir Figure 5 et Figure 6). Les voyants Master
Caution restent allumés jusqu’à ce qu’un pilote appuie sur l’un d’entre eux ou
jusqu’à ce que leurs conditions d’extinction soient rencontrées. D’autre part, toutes
les données fournies par un sous-ensemble IR subissant une panne critique sont
déclarées invalides et ne seront donc plus utilisées par les autres systèmes.
Lors du vol de l’événement, l’alarme IRS FAULT a été causée par la surveillance
Drift Angle de l’ADIRU gauche qui se déclenche lorsque la différence entre la route
vraie et le cap vrai de l’avion est supérieure à 60° et la vitesse sol est supérieure à
200 kt.
25
1.6.2.2.4 Checklist IRS FAULT
Le QRH à bord de l’avion inclut la checklist de secours IRS FAULT.
À la lecture de la checklist, deux cas se présentent :
Si l’usage du pilote automatique est souhaité pour la suite du vol :
26
Figure 5 : Voyant « Master Caution Push to reset » et système annonciateur avec le voyant IRS
sur le tableau de bord côté gauche
Figure 6 : Voyant IRS FAULT sur l’IRS Mode Selector Unit sur le panneau supérieur
27
1.6.2.3 Calculateurs de commande de vol (FCC)
1.6.2.3.1 Description générale
Pour les fonctions de pilote automatique (A/P), chaque FCC envoie les commandes
qu’il élabore à ses actionneurs hydrauliques sur les axes de tangage et de roulis qui
déplacent les surfaces de contrôles au travers de deux circuits hydrauliques.
Afin de réaliser les fonctions de pilote automatique et de directeur de vol, les FCC
acquièrent les données nécessaires auprès de différents calculateurs, en particulier
les ADIRU, les récepteurs VHF NAV (VOR et ILS), et les radioaltimètres.
Pour élaborer les ordres des A/P et des F/D, chaque FCC utilise entre autres des
informations fournies par les ADIRU. Ces informations sont notamment utilisées pour
le guidage lors d’une approche ILS.
Ces informations sont déclarées valides ou invalides par l’ADIRU. Conformément
à ses spécifications, le FCC ne vérifie pas la validité des données en provenance
d’un ADIRU, hormis dans les cas d’approches avec les deux A/P engagés.
28
La position du bouton « IRS Transfer Switch » (situé sur le panneau supérieur) détermine
la source des informations inertielles (ADIRU gauche ou droit) utilisées par les FCC.
Le tableau suivant illustre les différentes configurations pouvant être rencontrées :
Position A/P A A/P B
bouton « IRS (ordre A/P A (ordre A/P B
F/D A F/D B
Transfer longitudinal et (ordre latéral) longitudinal et (ordre latéral)
Switch » directionnel) directionnel)
NORMAL gauche droit droit gauche gauche droit
BOTH ON L gauche gauche gauche gauche gauche gauche
BOTH ON R droit droit droit droit droit droit
29
1.6.2.3.4 Interface FCC – Radioaltimètres
Le Boeing 737-800 est équipé de deux radioaltimètres (RA 1 et RA 2) indépendants
fournissant la radio altitude à leur FCC associé. Les données du RA 1 (respectivement
RA 2) sont fournies au FCC A (respectivement FCC B). Elles sont notamment utilisées
pour le guidage lors d’une approche ILS.
En cas de non-réception par un FCC de données de radio altitude due à un
dysfonctionnement du RA ou à un problème de communication entre le FCC et
le radioaltimètre, l’A/P associé se désengagera après la capture du LOC et du Glide.
Ce dysfonctionnement entraînera également une perte de l’affichage des directeurs
de vol associé au radioaltimètre défaillant.
Si l’alarme survient en vol, le QRH indique qu’il faut positionner le sélecteur AUTO
BRAKE sur OFF puis sélectionner à nouveau le niveau de freinage souhaité. Si le voyant
d’alarme s’éteint, le problème est résolu. Dans le cas contraire, la checklist indique
de positionner le sélecteur AUTO BRAKE sur OFF et d’utiliser le freinage manuel pour
l’atterrissage.
30
Figure 8 : Voyant ambre AUTOBRAKE DISARM
L’EGPWS est un système qui fournit des alertes visuelles et vocales dans des conditions
de vol potentiellement dangereuses qui pourraient conduire à une collision avec
le sol.
Deux types d’alertes sont générées par l’EGPWS :
Les alertes réactives basées sur la valeur ou l’évolution de la radio altitude en
fonction d’autres paramètres tels que l’altitude, la vitesse air, les déviations par
rapport au plan de descente, ou la configuration de l’avion ;
Les alertes prédictives basées sur la connaissance du relief à proximité de la
position de l’avion. Le relief est renseigné dans une base de données terrain de
couverture mondiale.
1.6.2.5.2 Messages d’alerte EGPWS GLIDESLOPE, SINK RATE et TOO LOW TERRAIN
L’alerte auditive « GLIDESLOPE » est une alerte réactive générée lorsque l’avion
se trouve en dessous d’un certain seuil sous le plan de descente de l’ILS.
Elle s’accompagne de l’allumage de deux voyants lumineux BELOW GLIDESLOPE
P-INHIBIT situés sur les panneaux d’instruments gauche (au-dessus du PFD) et droit
(au-dessus du ND).
L’alerte auditive « SINK RATE » est une alerte réactive générée lorsque le taux de
descente de l’avion devient excessif. Elle s’accompagne de l’affichage du message
PULL UP sur la partie centrale (indicateur d’attitudes) des deux PFD.
L’alerte auditive « TOO LOW TERRAIN » émise lors de cet événement est une alerte
prédictive générée lorsque l’avion se trouve à une hauteur trop faible par rapport
à la distance qui le sépare d’un aérodrome. Elle s’accompagne de l’affichage du
message PULL UP sur la partie centrale (indicateur d’attitudes) des deux PFD.
31
Source : FCOM 737-800 de l’exploitant. Copyright © Boeing. Used with permission.
Figure 9: Affichage du message PULL UP sur le PFD lors de l’activation des alertes SINK RATE
et TOO LOW TERRAIN
Pour ces alertes, la procédure figurant dans le « Policy Manual » en § 8.3.5.2, ainsi
que dans le QRH partie Maneuvers-Non Normal Maneuvers - MAN 1.5, demande
à l’équipage de corriger la trajectoire de l’avion, sa configuration, ou sa vitesse.
(21)
AMP : L’Aircraft
1.6.3 Opérations de maintenance Maintenance
Program a été établi
1.6.3.1 Opérations d’entretien afin de donner une
vue coordonnée de
Des visites journalières et hebdomadaires permettent d’assurer des tâches de toutes les tâches
de maintenance
maintenance préventive et de corriger les problèmes rapportés après le vol par à accomplir
les équipages. périodiquement
sur les systèmes,
Des visites de type A, réparties en 8 sous-visites (de A01 à A08) ont lieu toutes les la structure, ou les
650 heures de vol. Des visites de type C, réparties en 21 sous-visites (de C01 à C21) moteurs dans le but
de détecter ou de
ont lieu toutes les 5 000 heures de vol ou au maximum tous les 18 mois. prévenir toute panne
pouvant affecter
La nature des tâches à réaliser pour chaque visite est établie par la fonction Gestion la navigabilité
de flotte de la Royal Air Maroc conformément aux périodicités fixées dans l’AMP(21). de l’avion.
32
1.6.3.3 Actions de maintenance réalisées sur l’avion avant le départ
L’examen, par l’équipe d’enquête, des documents de maintenance et du programme Partie du
(22)
L’ADIRU gauche déposé le 14 décembre 2016 a été expertisé par KLM engineering
& maintenance. L’expertise a révélé la présence de traces de liquide inconnu sur les
cartes électroniques calculateur.
Aucun autre report n’est effectué jusqu’au jour de l’événement.
Le 30 décembre 2016, l’avion a décollé de Rabat-Salé sans action de maintenance
différée.
33
1.6.3.4 Maintenance en ligne à LYS
1.6.3.4.1 Rôle du Maintenance Control Center (MCC)
34
1.6.3.5 Procédure Boeing de recherche de pannes liées aux ADIRS
La documentation applicable de Boeing pour une recherche de pannes est le Manuel
de localisation des pannes (FIM). La section 34-21 est dédiée aux ADIRS (Air Data
Inertial Reference System).
À la suite d’un report par l’équipage, la maintenance doit rechercher dans la liste
des pannes observées (Observed Fault List) la procédure de recherche de pannes à
appliquer.
Pour le message d’alerte FMC VERIFY POS : IRS-IRS, il faut appliquer la tâche 836.
Pour la panne L IRS FAULT, il s’agit de la tâche 803.
1.6.3.5.1 Procédure VERIFY POSITION shows on the CDU, and POS SHIFT page shows large Titre de la
(26)
ADIRU drift – Fault Isolation FIM 34-21 tâche 836(26) procédure liée au
message VERIFY
Cette tâche demande la réalisation de deux tâches du Manuel de maintenance POS : IRS-IRS.
(AMM) consistant en la vérification des erreurs de positionnement radial par l’IR pour
la première et la vérification des erreurs de vitesse sol résiduelle pour la seconde.
Si les erreurs de positionnement radial ou de vitesse sol résiduelle sont supérieures
aux seuils définis dans la procédure, l’ADIRU devra être changé. C’est le cas par
exemple si l’erreur de vitesse sol résiduelle est supérieure à 21 kt à l’issue d’un vol.
Ainsi, un report pilote du message FMC VERIFY POS : IRS-IRS pourra conduire au
remplacement de l’ADIRU en cause.
35
1.6.3.5.3 Procédure ADIRS BITE FIM 34-21 tâche 801
Cette procédure permet de visualiser sur le CDU, pour chaque ADIRU, les messages
de pannes enregistrés et leur code d’identification. Pour récupérer les messages de
panne de l’ADIRU gauche, il faut dans le menu ADIRS BITE aller dans le sous-menu
ADIRS-L.
L’enregistrement des pannes est divisé en deux sections, les pannes actives au
moment de la réalisation de la tâche de maintenance (section « CURRENT STATUS »)
et les pannes détectées lors des vols précédents (section « INFLIGHT FAULTS »).
La procédure indique de rechercher dans un premier temps dans la section CURRENT
STATUS afin d’identifier d’éventuelles pannes actives et d’appliquer les procédures
de recherche de pannes associées. Si aucune panne n’est récupérée, l’opérateur doit
alors se reporter à la seconde section, INFLIGHT FAULTS, afin de récupérer le message
de panne enregistré lors du vol durant lequel la panne est survenue. La procédure
indique alors d’appliquer la tâche FIM associée au message de panne.
Lorsque la panne IR FAULT est active, le message de panne IR Failure apparaîtra à
la fois dans la section CURRENT STATUS et dans la section INFLIGHT FAULTS.
36
1.6.3.6 Procédure Boeing de recherche de pannes liées aux automatismes
Lors du mois précédent l’événement, ainsi qu’après l’événement, le TLB indique à
plusieurs reprises des problèmes rencontrés par les équipages avec l’utilisation des
automatismes (en particulier A/P et F/D). Pour résoudre ces problèmes la maintenance
a indiqué avoir effectué à chaque fois la procédure BITE du DFCS. Cette opération
correspond à la tâche 801 de la FIM 22-11. Elle permet d’accéder à l’historique des
pannes enregistrées et aux pannes actives en lien avec les automatismes au moment
de la réalisation de la tâche.
Les pannes actives sont affichées dans la section « CURRENT STATUS ». L’historique (27)
Pannes
des pannes enregistrées se trouve dans la section « FAULT HISTORY SORTED BY FLIGHT enregistrées dans
l’historique organisé
LEG » et la section « FAULT HISTORY SORTED BY FLIGHT DECK EFFECT »(27). par vol ou par « effet
cockpit » (« Flight Deck
La séquence normale de cette procédure commence par la revue de ces dernières. Effect » en anglais).
Si des pannes sont enregistrées, l’opérateur de maintenance doit identifier
l’Élément remplaçable en escale (LRU) (par exemple FCC, MMR, RA) qui est
suspecté. L’opérateur est alors invité à réaliser le test associé dit LRU test :
Si le LRU test passe (TEST PASSED affiché sur le CDU), la procédure Boeing indique
que le DFCS BITE n’a pas trouvé de problème avec le LRU suspecté. Cette panne
peut être soit une panne intermittente, soit une panne qui n’apparaît qu’en
condition de vol. La procédure indique qu’il est possible d’effectuer la procédure
BITE d’autres systèmes (comme le FMC ou l’A/T par exemple) ou d’effectuer
un auto-test du LRU dont la panne a été enregistrée précédemment.
Si le LRU test échoue (TEST FAILED affiché sur le CDU), il faut appliquer les
tâches associées au message de panne relevé durant le test afin de les corriger.
La procédure inclut la liste exhaustive des messages de pannes potentiellement
enregistrés et leur tâche associée.
Si aucune panne n’est enregistrée dans l’historique, l’opérateur doit alors
interroger le système sur les pannes en cours. Depuis le menu CURRENT STATUS,
l’autotest du DFCS (Current Status Quick Test) est automatiquement réalisé dans
un premier temps. Puis, les tests additionnels applicables doivent être effectués
et sélectionnés parmi les cinq proposés (Current Status Additional Test) :
AUTOPILOT, FLIGHT DIRECTOR, MACH TRIM SYSTEM, SPEED TRIM SYSTEM et ALT
ALERT. Les tests additionnels sont des tests réalisés de manière non automatique.
37
Copyright © Boeing. Used with permission.
Figure 11: Menu principal du test DFCS BITE - extrait documentation Boeing
38
Figure 12 : Carte TEMSI France valable le 30/12/2016 à 9 heures
39
1.7.2.2 Informations reçues pendant le vol
L’équipage a indiqué qu’il s’était procuré en vol les informations relatives aux
conditions météorologiques sur les aérodromes de dégagement sur le trajet et
de dégagement à destination (voir § 1.18).
Un NOTAM présent dans le dossier de vol précisait que le VOR/DME d’indicatif « OL »
et de fréquence 111.200 Mhz était en test et ne devait pas être utilisé du fait de
fausses indications possibles.
Ce VOR n’a pas été sélecté par l’équipage au cours de l’approche.
VOR/DME « LSE » (Lyon St-Exupery) :
Le VOR mobile provisoire VMP qui remplace LSE émet sur la fréquence 117.2 et
est placé à proximité du VOR/DME LSE désactivé.
Dans ce cadre, les trajectoires des différentes procédures de vol aux instruments
restaient identiques.
Cette information et les changements afférents à l’information aéronautique étaient
disponibles via le supplément AIP 219/16.
De plus, la période d’indisponibilité du VOR/DME LSE ainsi que la mise en service du
VOR/DME VMP étaient annoncées par NOTAM. Ce NOTAM se trouvait dans la partie
en-route « destination alternate(s) » du dossier de vol de l’équipage, que ce dernier
n’a pas consultée (voir §1.18).
Aucun dysfonctionnement des autres moyens de radionavigation au sol associés aux
procédures d’approches (voir § 1.10) n’a été reporté le jour de l’événement.
41
1.9 Télécommunications
À partir de la demande d’interruption de l’approche à Paris-Orly, et jusqu’à
l’atterrissage à Lyon, l’équipage a été successivement en contact avec les organismes
du contrôle suivant :
Orly Tour ;
Orly Approche ;
Centre de contrôle en route de Paris ;
Centre de contrôle en route de Marseille ;
Lyon Approche ;
Lyon Tour.
Voir retranscription des échanges radiotéléphoniques en annexe 1.
42
L’axe d’approche de la procédure ILS 35R est orienté au 354°. La trajectoire
d’approche interrompue publiée est de poursuivre dans l’axe en montée vers 5 000 ft
et de prévoir un guidage radar par les services ATC.
Les minima publiés pour un appareil de type Boeing 737 sont les suivants :
Altitude (Hauteur) de la DA
Approche RVR (m)
ou MDA (ft)
ILS 1 020 (200) 550
LOC 1 250 (430) 1 300
VOR 1 260 (440) 1 300
44
Première approche Lyon ILS CAT III RWY 35R
A/P A engagé (modes MCP SPD/HDG, ALT SEL 3 000 ft, SPD SEL 210 kt),
F/D A et B engagés, A/T engagée
Altitude QNH
1°038 (ft) Vitesse
Heure UTC Événements
(QNH identique conventionnelle (kt)
à Orly et Lyon)
Le mode ALT HOLD
10 h 58 min 52 3 008 213
s’engage.
10 h 58 min 55 3 000 212 Le mode VOR/LOC est armé.
Sélection des volets en
10 h 59 min 06 3 000 210
position 1.
La vitesse air sélectionnée
10 h 59 min 19 3 027 210
est de 185 kt.
Le mode VOR/LOC s’engage.
10 h 59 min 20 3 027 210 Le paramètre « F/D ROLL R »
se met à osciller (BOV).
L’avion se met en virage
à droite jusqu’à une
10 h 59 min 22 3 024 210 inclinaison maximale de
30.4° atteinte
à 10 h 59 min 33.
Sélection des volets en
10 h 59 min 31 3 025 200
position 5.
La vitesse air sélectionnée
10 h 59 min 33 3 028 198
est de 171 kt.
Après avoir atteint le cap
maximal de 070°, l’avion
se met en virage à gauche
10 h 59 min 45
jusqu’à une inclinaison
maximale de 27.1° atteinte à
10 h 59 min 50.
10 h 59 min 52 3 048 180 A/P A désengagé.
10 h 59 min 56 3 036 179 A/T est désengagée.
L’altitude sélectionnée est
11 h 00 min 49 4 624 189
de 5 000 ft.
Le mode VOR/LOC est
désengagé.
11 h 00 min 50 4 657 189 Le mode HDG est engagé.
Le paramètre « F/D ROLL R »
s’arrête d’osciller.
La vitesse air sélectionnée
est de 188 kt.
11 h 00 min 53 4 770 188
Le mode ALT ACQUIRE
s’engage.
11 h 01 min 03 5 200 182 Le cap 0° est sélecté.
11 h 01 min 19 5 674 187 A/P B engagé.
Sélection des volets en
11 h 01 min 27 5 850 189
position 1.
11 h 01 min 35 5 836 203 A/P B désengagé.
45
Le paramètre « IR FAULT »
est déclenché pendant
11 secondes.
Les paramètres
« F/D ROLL L » et
« F/D PITCH L » se mettent à
11 h 01 min 36 5 821 205 osciller (BOV).
Les paramètres « CAPTAIN
DISPLAY PITCH ATT »,
« CAPTAIN DISPLAY ROLL »
et « CAPTAIN DISPLAY
HEADING » se mettent à
osciller (NCD – FW)
Le paramètre « IRS Transfer
11 h 01 min 47 5 770 223 Switch » est enregistré à
« BOTH ON R ».
11 h 01 min 50 5 821 225 Le cap 90° est sélecté.
11 h 01 min 57 6 054 223 Le mode V/S est engagé.
La vitesse air sélectionnée
est de 222 kt.
11 h 02 min 00 6 178 221 Le mode MCP SPD est
engagé (LVL CHG activé à
bord).
11 h 02 min 06 6 399 216 A/T engagée.
11 h 02 min 11 6 476 208 A/P B engagé.
L’altitude sélectionnée est
11 h 02 min 15 6 410 207
de 4 000 ft.
Sélection des volets en
11 h 02 min 31 5 760 218
position 0.
La vitesse air sélectionnée
11 h 02 min 35 5 647 218
est de 210 kt.
11 h 03 min 12 4 884 216 Le Yaw Damper désengagé.
11 h 03 min 20 4 781 214 Le cap 180° est sélecté.
L’altitude sélectionnée est
11 h 03 min 47 4 418 210
de 5 000 ft.
11 h 03 min 49 4 401 210 Le cap 200° est sélecté.
L’altitude sélectionnée est
11 h 04 min 17 4 634 210
de 4 000 ft.
L’altitude sélectionnée est
11 h 04 min 29 4 825 210
de 3 000 ft.
11 h 04 min 53 4 419 211 Le cap 180° est sélecté.
11 h 05 min 53 3 517 210 Le cap 240° est sélecté.
46
Deuxième approche Lyon ILS CAT I RWY 35R
A/P B engagé (modes MCP SPD/HDG, ALT SEL 3 000 ft, SPD SEL 210 kt),
F/D A et B engagés, A/T engagée
Altitude QNH
1°038 (ft) Vitesse
Heure UTC Événements
(QNH identique conventionnelle (kt)
à Orly et Lyon)
Sélection des volets en
11 h 06 min 08 3 239 210
position 1.
La vitesse air sélectionnée
11 h 06 min 12 3 172 211
est de 186 kt.
Le mode ALT ACQUIRE
11 h 06 min 25 3 037 203
s’engage.
Sélection des volets en
11 h 06 min 27 3 021 202
position 5.
Le mode ALT HOLD
11 h 06 min 28 3 016 201
s’engage.
La vitesse air sélectionnée
11 h 06 min 30 3 016 199
est de 170 kt.
11 h 07 min 36 3 021 171 Le mode VOR/LOC est armé.
Le mode VOR/LOC s’engage.
11 h 08 min 09 3 022 171 Le paramètre « F/D ROLL R »
se met à osciller (BOV).
11 h 08 min 12 3 024 171 Le mode G/S est armé.
Le mode G/S s’engage.
Les paramètres
« F/D PITCH R »,
11 h 08 min 28 3 023 170 « F/D PITCH L » et
« F/D ROLL L » se mettent à
osciller (BOV).
A/P B désengagé.
Les trains d’atterrissage sont
11 h 08 min 39 2 956 172
verrouillés bas.
Sélection des volets en
11 h 09 min 04 2 447 177
position 15.
La vitesse air sélectionnée
11 h 09 min 08 2 348 178
est de 156 kt.
Sélection des volets en
11 h 09 min 20 2 031 180
position 30.
Sortie des aérofreins jusqu’à
11 h 09 min 26 1 811 183
11 h 09 min 46.
1 745 EGPWS Alert GLIDESLOPE
11 h 09 min 28 184
(RA = 949) pendant 1 à 2 secondes.
1 478 GPWS Warning SINK RATE
11 h 10 min 00 162
(RA = 710) pendant 2 à 4 secondes.
1 420 GPWS Alert GLIDESLOPE
11 h 10 min 04 167
(RA = 560) pendant 1 à 2 secondes.
1 263 GPWS Alert GLIDESLOPE
11 h 10 min 14 178
(RA = 403) pendant 1 à 2 secondes.
GPWS Warning TOO LOW
1 182
11 h 10 min 20 178 TERRAIN pendant
(RA = 242)
3 à 5 secondes.
47
GPWS Warning TOO LOW
1 062
11 h 10 min 32 180 TERRAIN pendant
(RA = 180)
1 à 3 secondes.
GPWS Warning TOO LOW
1 011
11 h 10 min 35 178 TERRAIN pendant 3 à 5
(RA = 147)
secondes.
949 Sélection des volets en
11 h 10 min 38 177
(RA = 116) position 40.
930 GPWS Warning SINK RATE
11 h 10 min 39 175
(RA = 82) pendant 2 à 4 secondes.
11 h 10 min 51 825 159 Toucher des roues.
1.14 Incendie
Sans Objet.
48
1.16.1 Examen des ADIRU
Les deux ADIRU ont été envoyés par l’exploitant vers le centre d’Honeywell situé
aux États-Unis à Coon Rapids, Minnesota. Les examens ont eu lieu les 8 et 9 mai 2017
en présence du BEA.
Les mémoires non volatiles (NVM) contenant les données des BITE des deux ADIRU
ont été lues. Leur contenu a pu être ensuite analysé :
Aucun message de panne n’était enregistré dans le BITE de l’ADIRU droit et
les tests après maintenance (ATP) n’ont pas mis en évidence d’erreurs ou de
dysfonctionnement.
Le contenu des NVM de l’ADIRU gauche présentait plusieurs messages de panne
dont un le jour de l’événement : « Drift Angle ». Ce message de panne a été
enregistré également par le BITE de l’ADIRU gauche lors d’un vol le 01/01/2017.
Il se traduit par l’illumination du voyant L IRS FAULT sur le panneau supérieur du
cockpit, des voyants Master Caution sur le tableau de bord et du voyant IRS sur
le système annonciateur côté gauche (voir § 1.6.2.2.3).
La vitesse sol résiduelle enregistrée dans l’ADIRU gauche à la fin du vol de
l’événement était de 187 kt.
La position de l’avion enregistrée dans l’ADIRU gauche au parking à l’aéroport de
Lyon était à environ 64 NM de la position réelle de l’avion.
Des examens supplémentaires ont été menés par Honeywell sur l’ADIRU gauche
pendant plusieurs semaines entre les mois de juin et août 2017 afin de reproduire
la panne « Drift Angle » et d’identifier la cause de cette panne.
L’ensemble des tests réalisés sur cette unité n’a pas permis d’identifier de composants
défectueux qui pourraient expliquer ce message de panne.
Néanmoins, Honeywell a précisé que la cause de la panne pouvait être due à la
défaillance soit d’un gyromètre, soit d’un accéléromètre.
Les paramètres QAR montrent que les attitudes ainsi que le cap fournis par l’ADIRU
gauche sont cohérents. Une défaillance d’un gyromètre semble donc pouvoir être
écartée.
Par conséquent, il est probable que le message de panne « Drift Angle » soit lié
à une défaillance d’un accéléromètre qui pourrait expliquer les valeurs résiduelles de
vitesse sol et de position enregistrées à la fin du vol à Lyon.
49
En revanche, le contenu des NVM du BITE de chacun des FCC a révélé de nombreux
messages de panne datant du jour de l’événement mais également présents sur toute
la durée d’enregistrement du BITE (du 20/04/2015 au 04/05/2017 pour le FCC A, et du
01/01/2015 au 27/01/2017 pour le FCC B).
Ces messages de panne concernent principalement les équipements suivants (dans
l’ordre croissant du nombre de messages) :
L’ADIRU gauche ;
Le RA 2 ;
Le panneau de contrôle 1 de réglage des moyens de navigation : VHF/NAV Control
Panel 1 ;
Le panneau de contrôle 2 de réglage des moyens de navigation : VHF/NAV Control
Panel 2 ;
Le récepteur 1 des signaux des moyens de navigation : Multi Mode Receiver 1 ;
Le récepteur 2 des signaux des moyens de navigation : Multi Mode Receiver 2.
Ces messages de panne sont associés, dans la plupart des cas, aux effets suivants
sur les fonctions assurées par les FCC (effets observés en particulier lors du vol de
l’événement) :
Déconnexion de l’A/P ;
Suppression de l’affichage d’une ou plusieurs barres de tendance des F/D.
Le tableau ci-dessous rassemble les informations recueillies par le BEA afin d’expliquer
l’origine de ces messages de panne :
Équipement FCC Date des messages Causes des messages
Ces messages sont liés au message de
panne « Drift Angle » enregistré aux
mêmes dates par le BITE de l’ADIRU
gauche (voir § 1.16.1).
Pour le vol de l’événement, les messages
de panne indiquent l’invalidité du cap
ou de la route au moment du virage à
droite et de la déconnexion de l’A/P lors
30/12/2016
ADIRU gauche A&B de la première approche à Lyon. Le cap
01/01/2017
de l’ADIRU gauche est enregistré dans
le QAR et est correct ce qui permet de
conclure sur l’invalidité de la route (non
enregistrée dans le QAR). D’autre part,
Boeing et Rockwell Collins ont réussi
à reproduire cette situation au travers
d’une simulation avec des valeurs de
route volontairement biaisées.
50
Le RA 2 présent sur le CN-ROJ au
moment de l’événement a été
installé le 10/12/2016. Or les premiers
messages de panne relatifs au RA 2
Plusieurs occurrences ont été enregistrés sur le CN-ROJ dès
entre le 26/06/2016 le 26/06/2016. Il semble donc que
et le 02/01/2017 ces messages ne soient pas dus à
et en particulier une défaillance du RAe. D’autre part,
RA 2 B les antennes du RA 2 ont été vérifiées
lors du vol de
l’événement (FCC B le 16/01/2017 par la maintenance de
déposé du CN-ROJ l’exploitant sans révéler de défaut.
le 03/01/2017) Sur la base de ces éléments, il paraît
probable que ces messages de panne
aient été causés par un problème de
communication entre le RA 2 et le
FCC B.
FCC A : de très
nombreuses
occurrences entre
le 20/04/2015 et le
04/05/2017 et en
particulier lors du vol
VHF/NAV Control de l’événement
A&B
Panel 1 FCC B : de très
nombreuses
occurrences entre
le 01/01/2015 et le
23/06/2015 et une
occurrence lors du vol
de l’événement
De très nombreuses L’enquête a montré que ces messages
occurrences entre de panne sont la conséquence d’une
VHF/NAV Control le 23/06/2015 et le procédure opérationnelle de la
B compagnie qui demande aux PM de
Panel 2 26/01/2017 et en
particulier lors du vol régler le VOR/DME de l’aérodrome de
de l’événement destination au cours des approches ILS
afin de vérifier la capture du bon signal
FCC A : de très glide. L’origine de ces messages est
nombreuses détaillée dans le paragraphe suivant.
occurrences entre
le 20/04/2015 et le
Multi Mode 04/05/2017
A&B
Receiver 1 FCC B : de très
nombreuses
occurrences entre
le 01/01/2015 et le
23/06/2015
De très nombreuses
occurrences entre
Multi Mode le 23/06/2015 et le
B
Receiver 2 26/01/2017 et en
particulier lors du vol
de l’événement
51
1.16.3 Causes des disparitions des directeurs de vol et des désengagements de
pilote automatique observés dans les données QAR
Lors de l’analyse des données QAR, de multiples disparitions des F/D et
désengagements d’A/P ont été constatés lors du vol de l’événement mais également
au cours de plusieurs autres vols précédant et suivant celui de l’événement.
Les examens des deux FCC ont permis d’en comprendre les causes, au nombre de
quatre lors du vol de l’événement :
Cas 1 : L’application par les équipages d’une pratique usuelle de l’opérateur qui
consiste à retarder l’affichage de la fréquence du Localizer sur l’ensemble de
navigation du PM et de garder l’affichage d’une fréquence VOR sur cet ensemble.
Cette méthode permet de garder un VOR affiché dans l’avion afin que le pilote
ait une meilleure représentation de sa position par-rapport à l’aérodrome,
puisse vérifier l’anticipation de virage nécessaire pour un bon alignement sur
le Localizer et éventuellement la capture du bon signal Glide à l’aide du DME (28)
Pour rappel,
associé au VOR dans le cas où l’ILS ne comporte pas de DME. En effet, la sélection l’affichage d’une
sur le panneau de contrôle du côté PM d’une fréquence active autre que celle fréquence VOR sur
de l’ILS lors de l’interception de celui-ci, entraîne la disparition, de ce côté, du un des panneaux
de commande
F/D en roulis au moment de l’engagement du mode VOR/LOC et du F/D en des moyens de
tangage au moment de l’engagement du mode Glideslope (G/S). Cette méthode radionavigation
de travail correspond à une ancienne pratique utilisée également dans d’autres empêche
l’engagement
compagnies, notamment françaises dans le passé. La procédure actuelle présente des deux A/P,
dans le FCOM (voir § 1.17.1.3.1.1) demande l’affichage des fréquences Localizer nécessaire pour les
sur les deux ensembles de navigation avant l’interception du Localizer(28). approches CAT III.
Cas 2 : Le non-armement du mode APP qui empêche l’engagement des deux A/P.
Cas 3 : La non-réception par le FCC B des données du RA 2 qui entraîne la disparition
des F/D sur le PFD droit, le désengagement de l’A/P B, et le désengagement des
deux A/P lorsqu’ils sont tous les deux engagés.
Cas 4 : La transmission de données inertielles erronées de l’ADIRU gauche aux
FCC A et B qui provoque la disparition des F/D sur le PFD gauche, le désengagement
de l’A/P A, et le désengagement de l’A/P B.
La séquence des perturbations des automatismes lors du vol de l’événement est
la suivante :
Approche à Paris-Orly
À 10 h 10 min 53, l’équipage arme le mode VOR/LOC. La fréquence active sur
le panneau de contrôle des moyens de radionavigation côté gauche est celle de
l’ILS 06, tandis que la fréquence active côté droit est celle du DME (POY) d’Orly.
À 10 h 11 min 33, le mode VOR/LOC est engagé et l’avion vire à droite. À cet instant le
directeur de vol en roulis (barre de tendance verticale) disparaît sur le PFD droit (cas 1).
Puis onze secondes plus tard, la fréquence de l’ILS 06 est activée côté droit, mais F/D
en roulis ne réapparaît pas (cas 3).
À 10 h 12 min 58, à l’engagement de l’A/P B, l’A/P A se désengage. De la même façon,
neuf secondes plus tard, la nouvelle tentative d’engagements successifs des deux
A/P engendre le désengagement de l’A/P B (cas 2).
52
À 10 h 14 min 53, l’équipage est autorisé à l’approche ILS CAT III. À cet instant
l’équipage sélectionne le mode Approche, ce qui a pour effet d’armer le mode G/S.
Le mode G/S est engagé, le F/D en tangage (barre horizontale) disparaît sur le PFD
droit (cas 3).
À 10 h 15 min 47, l’A/P A se désengage (cas 3).
À 10 h 15 min 58, l’A/P B puis l’A/P A se désengagent (cas 3).
Approches à Lyon
À 10h 58 min 26, l’équipage est autorisé ILS 35R à Lyon. Il affiche la fréquence de
l’ILS de la piste 35R (à la place de la fréquence du VOR-DME LSE) sur le panneau
de contrôle des moyens de radionavigation côté gauche et droit. L’avion intercepte
l’altitude de 3 000 ft puis l’équipage arme le mode VOR/LOC.
À 10 h 59 min 19, le mode VOR/LOC s’engage. Au même instant, le F/D en roulis
disparaît sur le PFD droit (cas 3).
À 10 h 59 min 52, l’A/P A se désengage (cas 4).
À 11 h 01 min 35, l’alarme L IRS FAULT engendre le désengagement de l’A/P B (cas 4).
À 11 h 08 min 09, le mode VOR/LOC est engagé. Au même instant, le F/D en roulis
disparaît sur le PFD droit (cas 3). L’équipage active le mode App trois secondes après
ce qui a pour effet d’armer le mode G/S.
À 11 h 08 min 28, le mode G/S est engagé. Au même instant, l’A/P B est
automatiquement désengagé et le F/D en tangage disparaît sur le PFD droit (cas 3).
À cet instant les F/D en roulis et en tangage disparaissent également sur le PFD
gauche pour une raison qui n’a pas pu être expliquée au cours de l’enquête.
Synthèse
Il apparaît que la plupart des disparitions de F/D sont dues à la non-réception par
le FCC B des données du RA 2 (cas 3).
Ce mode de panne explique également la majorité des désengagements d’A/P.
53
L’alarme L IRS FAULT se déclenche au cours d’un vol le 1 er janvier 2017.
L’alarme EGPWS « SINK RATE » se déclenche au cours de l’approche finale du vol
suivant celui de l’incident entre Lyon et Paris-Orly effectué par le même équipage.
54
1.16.6 Analyse de l’étude de sécurité Boeing relative au dysfonctionnement
non détecté d’un ADIRU
Lors de la 1ère approche à Lyon, réalisée avec l’A/P A engagé, l’ADIRU gauche qui
subissait des problèmes internes durant ce vol a fourni des informations erronées
marquées valides au FCC A. Le FCC A qui prend en compte directement ces
informations sans vérification supplémentaire, a envoyé un ordre de commande
erroné.
Des problèmes similaires ont pu être observés au cours de sept vols entre le
26 décembre 2016 et le 2 janvier 2017.
Boeing a présenté une synthèse de l’étude de sécurité réalisée pour évaluer le risque
lié à un départ en virage non commandé sous A/P, provoqué par la non-détection
d’une information inertielle erronée.
Ces effets sont classés par Boeing comme « mineurs » ou « majeurs »(29) en fonction (29)
Cette classification
de la phase de vol. Ils sont classés « majeurs » en phase d’approche. Dans ce cas, est définie dans
la réglementation
l’utilisation par le FCC d’une information inertielle erronée non détectée ne doit pas de certification
se produire plus de 10-5 fois par heure de vol environ. américaine Federal
Aviation Regulations
Cette classification repose sur les considérations de conception suivantes : Part 25 § 1309.
L’utilisation d’un seul A/P est autorisée au-dessus de 400 ft après décollage et
jusqu’à 158 ft en approche.
Une information inertielle erronée non détectée transmise par un ADIRU à un
FCC ne peut provoquer un « hardover » que sur un seul axe (tangage ou roulis).
En effet, pour élaborer ses ordres en tangages et en roulis, le FCC A (B) utilise les
informations inertielles transmises respectivement par l’ADIRU gauche (droit) et
l’ADIRU droit (gauche).
L’amortisseur de lacet surveille et compare les données fournies par les deux
ADIRU. Lorsqu’un seul ADIRU est valide, il n’est pas possible de maintenir engagés
à la fois le pilote automatique et l’amortisseur de lacet. Ce choix de conception
permet de garantir qu’une information inertielle erronée ne pourra pas perturber
la trajectoire de l’avion sur les trois axes simultanément.
Ces choix de conception permettent de diminuer la gravité des effets du danger en
limitant le nombre d’axes avion simultanément impactés par le dysfonctionnement
non détecté d’un ADIRU. Ils n’apportent en revanche aucun moyen de détection et
ne permettent donc pas de limiter le temps d’exposition à ce danger.
55
Le seul moyen de détection de ce danger identifié dans l’étude de sécurité est la
surveillance par l’équipage :
Les pilotes sont entraînés pour surveiller la trajectoire de l’avion, sa vitesse,
son altitude et corriger toute déviation par rapport au plan de vol prévu.
Boeing a identifié de plus, dans le cas d’une approche, les moyens en réduction de
risque suivant :
Affichage des données inertielles de l’autre ADIRU sur le PFD et l’écran de
navigation (ND) opposés et des données inertielles de l’instrument de secours ;
Affichage des déviations ILS sur les PFD, ND, et sur l’instrument de secours ;
Affichage de la position de l’avion sur les ND ;
Surveillance par le TCAS ;
Surveillance par le GPWS ;
Surveillance par l’ATC.
basé uniquement sur la capacité de l’équipage de détecter et corriger toute déviation nature des pannes
de trajectoire par rapport au plan de vol prévu. L’efficacité de ce moyen repose systèmes des
deux accidents du
principalement sur le temps de détection et le temps de réaction de l’équipage. Le Boeing 737 Max soit
présupposé dans l’étude de sécurité est que ces temps seront suffisamment courts pour différente de celle
éviter que ce danger n’évolue vers une situation dangereuse, voire catastrophique. de l’incident grave
survenu au CN-ROJ,
D’une façon plus générale, il s’agit d’un présupposé du modèle de sécurité développé certaines analyses et
recommandations
et utilisé dans le cadre de la certification du Boeing 737. Sa validité est discutée émises dans la JATR
dans la publication appelée JATR présentant les travaux menés conjointement par sont applicables
dix autorités de l’aviation civile, ainsi que la NASA et le NTSB à la suite des accidents également aux
avions de type
du Boeing 737 Max survenus en Indonésie et en Éthiopie(30). Dans leur rapport, Boeing 737-NG.
ces autorités(31) indiquent que les candidats à l’obtention d’un certificat de type
délivré par l’Agence américaine en charge de l’Aviation civile (FAA) ont pour habitude Ces autorités
(31)
d’utiliser les temps de détection et de réaction définis dans le guide de la FAA AC seront désignées
comme « autorités
25-7D développé pour la réalisation des essais en vol. Ce guide préconise d’utiliser
conjointes » dans la
un temps de détection d’une seconde et un temps de réaction de trois secondes. suite du rapport.
Or, les autorités conjointes soulignent le fait que ces temps sont utilisés lors de la
conception des avions et en particulier dans les études de sécurité bien que l’AC 25-7D
soit destiné à la réalisation des essais en vol.
56
D’autre part, les autorités conjointes n’ont trouvé aucune étude permettant de Casner, S.M.,
(32)
justifier ces temps de réaction et détection. En revanche, une étude de la NASA (32) R.W. Geven, and
K.T. Williams (2013).
et l’analyse de plusieurs accidents montrent que les équipages peuvent prendre un The Effectiveness of
temps significativement plus long que ceux définis dans l’AC 25-7D pour détecter et Airline Pilot Training
réagir suite à un dysfonctionnement. for Abnormal Events,
Human Factors,
Enfin, les autorités conjointes rappellent que le présupposé selon lequel l’équipage 55, 477-485-33.
surveille de façon permanente le fonctionnement des automatismes, et en particulier
qu’il est capable de réagir en moins de quatre secondes, date de plusieurs décennies,
à une époque où la fiabilité des systèmes nécessitait une surveillance constante de
leur bon fonctionnement. Ce présupposé n’est peut-être plus valable de nos jours.
Les autorités conjointes ont donc fait plusieurs recommandations à la FAA sur
ce sujet :
La FAA devrait établir des temps appropriés de détection et de réaction par
les équipages, basés sur des études scientifiques en prenant en considération
l’environnement opérationnel, les circonstances dans lesquelles le
dysfonctionnement peut survenir, et l’effet de surprise (Recommandation R2.8).
Dans le cadre du processus de certification des avions de transport commercial,
la FAA devrait examiner tous les dangers classés « majeur » pour lesquels un
moyen essentiel d’atténuation est l’action de l’équipage afin d’évaluer s’ils sont
potentiellement catastrophiques. La FAA devrait évaluer les effets du danger et
les moyens d’atténuation au niveau avion, y compris les effets sur l’équipage et
l’environnement cockpit, afin de déterminer si des caractéristiques de conception
supplémentaires sont nécessaires (Recommandation R6.2).
57
1.16.7.2 Actions de maintenance réalisées début 2017
Après le jour de l’événement, les équipages en fonction sur le CN-ROJ ont été
confrontés à plusieurs reprises à des désengagements automatiques de l’A/P.
L’exploitant a alors effectué les actions de maintenance présentées dans le tableau
ci-dessous :
Date Description Actions de maintenance
- ILS APP MODE UNVAILABLE IN
BOTH A/P A AND B
- IRS-L DRIFT MSG VERIFY-POS :
IRS L
02/01/17 Remplacement du FCC B
- A/P B DISCONNECTED AT G/S
CAPTURE
- A/P DISCONNECTED AT G/S
CAPTURE
- REF MORE COMPLAINTS A/P B
- Remplacement du Multi Mode Receiver 1 ;
DISCONNECD AT FINAL
06/01/17 - Remplacement du VHF/NAV Control Panel 1.
- IRS L DRIFT MSG FMC VERIFY
- Remplacement ADIRU gauche.
POS IRS LH
- Vérification du câblage entre le RA 2 et
les FCC A et B ;
- Dépose/remontage des deux antennes
A/P B DISENGAGE AFTER G/S associées au RA 2 pour inspection et
16/01/17
CAPTURE nettoyage ;
- Permutation temporaire des RA 1 et 2 pour
réaliser le test BITE DFCS. Aucune panne
relevée.
LEFT IRS DRIFTED ON GROUND BY - Dépose ADIRU droit (pour enquête) et
23/01/17 MORE THAN 6 WITH MSG IRS POS remplacement
ORIGIN DESAGREE - Remplacement ADIRU gauche.
- Vérification du câblage entre le Multi Mode
Receiver 2 et le FCC B ;
ON APP A/P RIGHT SIDE - Vérification du câblage entre les VHF/NAV
06/02/17
DISENGAGE STP Control Panel 1 et 2 et le FCC B ;
- Remplacement du Multi Mode Receiver 2 ;
- Remplacement du VHF/NAV Control Panel 2.
- Inspection détaillée des antennes associées
au RA 2 ;
DUE TO RECCURENT MSG
- Remplacement des antennes associées au
11/02/17 SHOWED ON RH DFCS FAULT
RA 2 ;
HISTORY AT DESCENT PHASES
- Vérification du câblage entre le RA 2 et les
FCC A et B.
AUTO PILOT B DISENGAGED ON
22/02/17 - Remplacement du RA 2.
MODE APP AND NO FD BARS
Ces différentes actions de maintenance n’ont pas révélé de défaillance sur les systèmes
inspectés pouvant expliquer les problèmes rencontrés lors du vol de l’événement.
Néanmoins, la compagnie Royal Air Maroc a indiqué au BEA que les problèmes de
désengagement automatique de l’A/P rencontrés sur le CN-ROJ ont disparu après le
22 février 2017, date de remplacement du RA 2.
58
1.17 Renseignements sur les organismes et la gestion
1.17.1 L’exploitant
1.17.1.1 Description générale
La compagnie Royal Air Maroc, RAM, compagnie aérienne nationale marocaine, a (34)
On entend par CTE
été créée le 29 juin 1957 et est basée à l’aérodrome Mohammed V - Nouasser de le permis autorisant
un exploitant
Casablanca.
marocain à effectuer
des services aériens
Le jour de l’incident grave, elle disposait d’un Certificat technique d’exploitation
de transport public
(CTE)(34) (n°CN XC01/96) établi par le Ministère de l’Équipement, du Transport et de (passagers, cargo
la Logistique du Royaume du Maroc, le 24 juin 2015 et valable jusqu’au 26 juin 2017. et poste), de taxi et
de travail aériens.
Elle est autorisée à effectuer du transport commercial de passagers et de fret, lors de
Le même document
vols domestiques ou internationaux. Une annexe à ce certificat précise que l’avion est dénommé permis
CN-ROJ détenait une autorisation pour les approches aux instruments CAT I à IIIA. d’exploitation
aérienne (AOC)
Au moment de l’événement, la compagnie exploitait 48 avions Boeing et Embraer, par l’Annexe 6 à la
Convention relative
dont 36 avions de type Boeing 737-700 (6) et 737-800 (30).
à l’aviation civile
internationale.
La compagnie détient la certification IOSA depuis 2005.
59
Le chapitre 11.5 indique les mesures à prendre en cas d’incident grave :
60
1.17.1.3 Procédures de vol
1.17.1.3.1 Procédures normales
1.17.1.3.1.1 Configuration et préparation de l’approche pour une procédure ILS de catégorie I
La procédure Descente du FCOM indique en page NP 21.40 que lors de la descente,
il faut qu’entre autres :
Le PF et le PM appellent (touche Recall) et revoient l’ensemble des voyants
systèmes ; (35)
L’affichage
le PF et le PM affichent et vérifient les moyens de radionavigation ainsi que des fréquences
les axes affichés pour l’approche. Localizer sur les
deux ensembles de
La procédure App (FCOM NP.21.42) indique que, pour une approche ILS, l’équipage navigation remplace
de fait les fréquences
doit afficher les fréquences Localizer(35) avant le Repère d’approche initiale (IAF) ou VOR éventuellement
bien avant le début du guidage vers l’axe d’approche finale en cas de guidage radar. affichées.
Le FCOM indique (36) en page NP.21.44 les configurations et vitesses types pour une (36)
La compagnie
approche ILS CAT I : précise que ce
canevas est à utiliser
Sélecter les volets 1 et vitesse « 1 » (Vref40 + 50) puis volets 5 et vitesse « 5 » comme un guide,
pouvant être laissé
(Vref40 + 30) avant l’interception du Loc ;
à l’appréciation du
Commander la sortie des trains d’atterrissage et sélecter les volets 15 et vitesse CdB, permettant de
« 15 » (Vref40 + 20) lorsque le Glide est actif, placer le switch Engine start sur CONT ; respecter les critères
de stabilisation,
Armer les speed brakes ;
à 1 000 ft AAL en
À la capture du Glide, sélecter les volets en configuration prévue pour l’atterrissage IMC ou 500 ft AAL
et la VAPP = Vref+ facteur de vent ; en VMC, qui sont
eux obligatoires.
Afficher l’altitude de remise des gaz au MCP ;
Effectuer la CL Avant Atterrissage (Landing checklist) ;
Au repère d’approche finale (FAF ou FAP), vérifier l’altitude de passage ;
Désengager l’A/P et l’A/T au plus tard à la DA.
Lors de la 2ème approche ILS CAT I piste 35R à Lyon-Saint Exupery, les paramètres
suivants ont été observés (Vref40 = 135 kt) :
Volets 1 et vitesse sélectée de 186 kt, puis volets 5 et vitesse sélectée de 170 kt.
Commande de la sortie des trains d’atterrissage juste après l’engagement du
mode G/S. Environ 30 secondes après, sélection des volets 15 et vitesse sélectée
de 156 kt.
Speed brakes non armés.
Volets 30 et vitesse sélectée non modifiée 52 secondes après l’engagement du
mode G/S. Les volets 40 sont sélectés à une hauteur d’environ 115 ft.
Affichage altitude 2 700 ft au MCP (altitude approche interrompue 5 000 ft) ;
Inconnu (pas de CVR).
Altitude de 2 270ft à D4.5 LSN (d’après la carte d’approche, à ce repère l’altitude
doit être de 2 260 ft).
A/P / A/T déconnectés pendant toute l’approche finale.
61
1.17.1.3.1.2 Stabilisation de l’approche
Le manuel d’exploitation de la RAM (Policy Manual) traite dans son chapitre 13.1.1.6
des généralités concernant la réaction souhaitée de l’équipage à une alarme ou
une situation anormale ainsi que le traitement associé.
Ce canevas s’applique notamment lors de la survenue de l’alarme L IRS FAULT, comme
celle qui s’est produite à 11 h 01 min 36 lors de la première approche à Lyon.
Ce canevas préconisait à l’équipage de :
Annoncer et identifier l’alarme L IRS FAULT sur le panneau supérieur et effacer
l’alarme MASTER CAUTION ;
Confirmer ou redéfinir les tâches PF et PM (CdB) : le PF assure normalement le
suivi de la trajectoire, le pilotage et la navigation et le PM les communications ;
Appeler la Checklist « IRS FAULT » présente dans le QRH (PF) ;
Lire et effectuer la Checklist « IRS FAULT » du QRH avec la vérification mutuelle
adaptée (PM) ;
Vérifier que les breakers relatifs à l’IRS gauche sont bien enclenchés ;
Faire un bilan technique, économique, commercial et humain ;
Prendre en compte les considérations opérationnelles :
Limitations
Carburant
Météorologie (aérodromes de destination et de déroutement)
Transport et hébergement passagers
Consulter le CCO de la compagnie si possible ;
Prendre une décision ;
Informer la compagnie, l’ATC, les passagers.
Cette philosophie générale s’applique également dans le cas des messages
FMC IRS-L DRIFT et VERIFY POS : IRS-IRS.
63
1.17.1.4.2 Entraînement périodique
L’entraînement périodique comprend chaque année :
Un cours de rafraîchissement au sol des connaissances théoriques incluant
les systèmes avion ainsi que l’étude des procédures normales, anormales, et
d’urgence de l’exploitant, les formations marchandises dangereuses et sûreté
(ces deux dernières formations se font lors de cycles de deux ans).
Deux entraînements sur simulateur de vol. Ce programme est établi de
façon à ce que toutes les défaillances majeures des systèmes de l’avion, ainsi
que les procédures associées soient couvertes au cours des trois années.
Ces entraînements comprennent également les procédures par faible visibilité
(LVP) et CAT II et III). Le chapitre 2.4.1.2 de l’Operations Manual Part D indique que
l’entraînement au simulateur devra inclure une réversion vers le pilotage manuel
et des approches avec panne des équipements de pilotage automatique à basse
altitude.
Un entraînement sécurité sauvetage et sureté.
Un entraînement à la gestion des ressources de l’équipage (CRM) ; il est précisé
que la radiotéléphonie est obligatoirement effectuée en langue anglaise.
64
1.17.1.4.5 Cycles ECP réalisés par l’équipage
L’ensemble du dossier de formation de l’équipage a été examiné lors de l’enquête.
Le tableau ci-dessous indique lors de quelles séances semestrielles sont étudiés les
items relatifs à l’A/P ainsi que les pannes des centrales de navigation.
65
1.17.1.5 Emport et gestion carburant
1.17.1.5.1 Aspects règlementaires
66
1.17.1.5.3 Gestion du carburant en vol
Le manuel d’exploitation de la RAM donne les consignes aux pilotes concernant la
gestion du carburant en vol (Policy Manual § 8.1.7.5 et 8.3.7).
Le CdB doit contrôler régulièrement la quantité de carburant réelle en comparaison
de la consommation prévue, vérifier que le carburant restant est suffisant pour
terminer le vol et prévoir d’atterrir à destination ou bien au dégagement avec une
quantité de carburant au moins égale à la réserve finale qui était de 1 100 kg.
Si la quantité de carburant à bord risque d’amener à passer le seuil de la piste
d’atterrissage avec une quantité de carburant inférieure à la réserve finale, l’équipage
doit déclarer une situation d’urgence (MAYDAY).
Le manuel précise que pour entamer un dégagement, la quantité de carburant
présente dans l’avion doit être au moins égale à la réserve finale additionnée de
la réserve de dégagement (§ 8.1.7.5.3), soit pour ce vol une quantité minimum de
3 200 kg à Paris-Orly lors de la décision de dégagement vers Lyon.
Dans le cas présent, les quantités de carburant présentes en vol, enregistrées dans
le QAR, étaient :
À Orly au moment du dégagement vers Lyon : 4 300 kg ;
À Lyon au moment du déclenchement de l’alarme IRS FAULT : 2 600 kg ;
Au moment de l’atterrissage : 2 180 kg.
67
Le Manuel de maintenance en ligne de la RAM (MML - amendé le 29 avril 2015, Désigné par
(38)
révision 0) prescrit notamment les procédures applicables pour le travail en CRM au sein de la
compagnie. Pour
maintenance en ligne. La maintenance en ligne couvre en outre les rectifications éviter la confusion
de défauts reportés dans le compte rendu matériel (38) ou observés lors de visites avec la gestion
journalières ou hebdomadaires. des ressources de
l’équipage désignée
Une formation est donnée au sein de chaque nouveau sous-traitant de la maintenance CRM dans le rapport,
cet acronyme n’est
par un membre du département technique de la RAM ; un certificat est délivré suite pas repris ici.
à cette formation.
Un CD-ROM contenant la documentation technique nécessaire à la maintenance au
format pdf est mis à disposition en permanence dans le poste de pilotage des avions
de la RAM. Il contient notamment les documentations AMM, IPC, WDM, FIM et SSM.
1.17.2.1 Aviacare
La société Aviacare, sous-traitant de la RAM au moment de l’événement, assurait
la maintenance en ligne à Lyon-Saint Exupéry. Celle-ci était agréée EASA PART 145.
Conformément à la procédure, un questionnaire lui avait été envoyé en mai 2015.
Avant cette date, la maintenance à Lyon était réalisée par la société Atis Derichbourg.
La société Aviacare a déposé le bilan en mars 2017. Un seul questionnaire a donc été
rempli par Aviacare.
68
Figure 13 : Extrait documentation RAM - MOE / L2.3
La partie L2.3 du MOE traite du suivi des défauts et des défauts répétitifs pour
l’entretien en ligne. Il est mentionné que : « La coordination entre le personnel APRS
en entretien en ligne et l’opérateur pour la rectification et le report des défauts est
assurée par le centre de maintenance (MCC). Pour les défauts importants et dépannages
complexes, ils font appel à la fonction Maintenance Support qui, par téléphone, fax, télex
et moyens HF, les assiste techniquement 24 heures / 24 et 7 jours / 7 ».
Il est précisé que la fonction Maintenance Support de la RAM dispose en outre des
TLB et de l’historique des dépannages dans le système informatique AMOS.
Il est indiqué que pour les exploitants sous-contrat, des procédures pour traiter des
défauts pour l’entretien en ligne peuvent être établies.
69
Le chapitre 8.1.11 du Manuel d’Exploitation de la RAM indique que :
« Pour chaque vol, le TLB est renseigné par le CDB et signé par lui, notamment en ce qui
concerne :
Le nom du CDB.
La date, numéro et l’étape du vol.
Le temps de vol (airborne).
La quantité de carburant prévue d’embarquer.
La quantité de carburant embarquée lors de l’avitaillement.
La quantité de carburant disponible dans les réservoirs au commencement de
l’avitaillement.
Les détails de tout défaut susceptible d’affecter la navigabilité ou la sécurité de
l’exploitation, y compris les systèmes de sécurité. Dans le cas où aucune plainte
n’aurait été signalée pendant l’étape, la mention ‘RAS’ ou ‘NIL’ sera inscrite dans la
case ‘REP’. Tout renseignement porté sur le TLB ne doit pas être effaçable, il peut être
corrigé en cas d’erreur à condition que la correction soit identifiable et que l’erreur
reste lisible ».
Dans le Manuel de Maintenance de l’Exploitant (MME), il est précisé que toutes les
plaintes ainsi que leur traitement des défauts ponctuels et répétitifs signalés sur
le TLB sont enregistrés sur AMOS.
70
En effet, le 10 décembre, la carte de travail associée aux actions de maintenance
effectuées indique que le DFCS BITE a réalisé son autotest avec succès pour les voies A
et B. Des pannes liées au FCC A et au FCC B sont enregistrées. L’équipage a mentionné
que le voyant ambre relatif au RA 2 avait été allumé pendant la déconnexion A/P.
Le RA 2 a été remplacé.
Le 25 décembre, le TLB précise que le DFCS BITE a été réalisé et que les tests
(probablement autotests) ont été effectués avec succès alors que cette panne a bien
été enregistrée ce jour-là.
Le 2 janvier, les équipages reportent dans le TLB les messages suivant pour des vols
différents :
« ILS APP MODE UNAVAILABLE IN BOTH A/P A AND B »
« IRS-L DRIFT MSG VERIFY POS : IRS L »
« A/P B DISCONNECTED AT G/S CAPTURE »
« A/P B DISCONNECTED AT G/S CAPTURE »
Le message 52 RADIO ALT-2 (J1B-B04,A04) NO RADIO ALT DATA, responsable de la
déconnexion de l’A/P B est enregistré à plusieurs reprises dans le BITE du FCC B
ce jour‑là. Au sol, les BITE du DFCS sont passés et il n’est pas mentionné dans le TLB que
ce message ait été relevé par la maintenance. En revanche, le FCC B a été remplacé.
71
1.17.3.2 Procédures de contrôle
1.17.3.2.1 Procédures de guidage vers l’ILS
L’arrêté du 6 juillet 1992 relatif aux procédures pour les organismes rendant les
services de la circulation aérienne aux aéronefs de la circulation aérienne générale
(RCA 3) stipule notamment :
Qu’un aéronef qui utilise une aide d’approche finale dont les données sont
interprétées par le pilote doit recevoir pour consigne de rappeler lorsqu’il est
bien établi sur la trajectoire d’approche finale. Le guidage radar prend fin à ce
moment. (§ 10.7.4.2).
Que la clairance d’approche est délivrée :
avant l’IAF pour un aéronef autorisé à effectuer une procédure d’approche
aux instruments complète ;
en cas de guidage radar la délivrance d’une clairance d’approche peut être
différée jusqu’à la dernière clairance de guidage (§ 4.3.1.5).
Si l’aéronef n’est pas en guidage radar, le contrôleur doit en cas d’alarme MSAW :
Aviser immédiatement le pilote qu’une alerte relief a été générée ;
Donner l’instruction au pilote de vérifier immédiatement le niveau ou l’altitude
de l’aéronef ;
Fournir le QNH.
72
1.18 Renseignements supplémentaires
1.18.1 Témoignage du Commandant de bord
Au niveau de la préparation du vol, le CdB explique qu’il a récupéré le plan de
vol technique sur sa tablette. Le plan de vol mentionnait deux aérodromes de
dégagement (Nantes-Atlantique et Lyon-Saint Exupery). Il ajoute qu’en raison des
mauvaises conditions météorologiques à Paris-Orly, il a demandé une tonne de
carburant discrétionnaire au lieu des 500 kg qu’il ajoute habituellement. Il s’attendait
à faire une approche CAT III à Paris-Orly.
Le CdB indique que pendant les actions au sol, les voyants LNAV(39) sont passés Mode de
(39)
directement en vert lors de leur armement. Il a déconnecté le mode LNAV et l’a remis navigation pour
lequel le FMS produit
à environ 400 ft d’altitude. un guidage latéral.
Il explique qu’environ une heure après le décollage, il a constaté l’apparition du
message « L IRS DRIFT » sur le CDU. Il n’a pas trouvé ce message dans la documentation
présente dans sa tablette. Il précise que la position et la vitesse indiquées par l’IRS
gauche variaient et que la position de l’IRS droit était normale. À ce moment, il a pensé
que l’IRS gauche était en train de se corriger et de se rapprocher de la position réelle
de l’avion. La position de l’IRS gauche a rejoint puis dépassé la position réelle de
l’avion. Il espérait que le problème se corrige avant la finale à Paris-Orly.
Ensuite le message « Check IRS Position »(40) est apparu. Il indique que c’est un message Il s’agit en fait
(40)
qui survient peu fréquemment et qui disparaît lorsque les moyens de positionnement du message VERIFY
POS : IRS-IRS.
se recalent, généralement avec l’affichage d’un moyen de radio navigation.
Il explique que lors du briefing arrivée, les conditions météorologiques sur
l’aérodrome de Nantes étaient défavorables, Lyon était en CAT I. Il ajoute que les
messages d’observations des aérodromes de Marseille et de Bordeaux indiquaient
CAVOK. Il précise que les dégagements sur ces deux villes n’étaient pas prévus sur
le plan de vol. Il explique que l’approche CAT I à Lyon convenait ; le TGV permettant
éventuellement d’acheminer les passagers jusqu’à Paris. Malgré sa préférence pour
Bordeaux, il a confirmé le dégagement vers Lyon en cas de problème à Paris-Orly afin
de rester conforme au plan de vol.
Lors de l’approche ILS CAT III pour la piste 06 à Paris-Orly, au moment où il active l’A/P
B, celui-ci s’est déconnecté. L’équipage a remis les gaz immédiatement et a demandé
le dégagement vers l’aérodrome de Lyon. Il ne se rappelle pas avoir indiqué au
contrôleur la nature du problème. Il ajoute que c’est lors du dégagement vers Lyon
que la gestion du carburant est devenue une préoccupation.
Le pilote indique que lors de la descente le sélecteur Auto-brake a été positionné
sur 3. Le voyant AUTOBRAKE DISARM est apparu, et le sélecteur a été placé sur « OFF ».
Par ailleurs, lorsqu’il a sélectionné le VOR LSE sur le CDU, le système lui a indiqué
que le moyen de radionavigation se trouvait à une distance de 3 000 NM. Il précise
que le NOTAM indiquant le remplacement du VOR LSE par VMP était dans la partie
« En route » et non dans la partie « Terminal » du plan de vol. Ces deux éléments ont
été décrits comme stressant.
73
Il explique que l’approche s’effectue en IMC, avec un guidage radar vers la piste 35R.
L’ILS est capturé en mode VOR/LOC avec l’autopilote engagé. L’avion a viré à droite
au lieu de tourner à gauche. Le CdB indique que cet événement était particulièrement
stressant. Il pense que cette manœuvre intempestive est liée à la réception d’un signal
inadéquat du LOC et a indiqué à la tour un problème de trajectoire, avant de remettre
les gaz.
Lors de l’interruption de l’approche, le voyant L IRS FAULT s’est allumé. Il a placé
le commutateur IRS TRANSFER sur « BOTH ON R » et a enclenché l’A/P B. Il précise
qu’il n’a pas pris la checklist par manque de temps et car la pression temporelle
était forte.
Peu après l’OPL et le CdB ont changé de rôles : l’OPL est passé PF. À ce moment,
le CdB indique avoir eu des doutes sur la position de l’avion et a questionné
l’opportunité d’une nouvelle approche à Lyon face à un dégagement vers l’aérodrome
de Marseille Provence. Il précise que l’ACARS affiche alors le message « ACARS
NO COM » ; en conséquence l’équipage disposait uniquement des informations
météorologiques relatives à la dernière heure à Marseille. Ce nouvel événement
a encore inquiété d’avantage le commandant de bord quant à l’état technique de
l’avion et de ses systèmes.
Il indique que la Tour de Lyon a demandé leurs intentions. Il a décidé de refaire une
approche à Lyon. Il précise que l’équipage a reçu des caps de rapprochement avec
l’A/P B en fonctionnement.
Il précise qu’après la capture du signal radio du LOC, l’A/P s’est déconnecté lors de
l’interception du GS ; l’OPL a alors annoncé « commandes à gauche » et le CdB est
redevenu PF. L’avion était dans la couche et en configuration « Flaps 5 ». Il indique
qu’il avait des doutes sur la position de l’avion, que la charge de travail était très
élevée et que la quantité de carburant restante à bord était une préoccupation
supplémentaire pour lui. Il ajoute qu’il a alors entendu de nombreuses alarmes, parmi
lesquelles, l’alarme de proximité sol « Terrain » et « Glide Slope » ; il ne se rappelle
pas avoir entendu de message « PULL UP » mais qu’il était possible qu’elle se soit
déclenchée.
Le CdB explique que l’avion est sorti de la couche à une hauteur d’environ 400 ft et à
gauche de l’axe de la piste 35R. Il a accepté la proposition du contrôleur tour d’effectuer
une baïonnette vers la piste 35R. Il précise qu’il avait conscience que l’avion n’était
pas stabilisé mais qu’il a préféré corriger la trajectoire et atterrir en raison du niveau
de stress généré par les deux approches aux instruments et interrompues, déjà
effectuées. Il ajoute qu’après l’atterrissage, il a constaté un message de bas niveau
carburant dans un des réservoirs ; il n’a rien constaté de particulier à propos des
directeurs de vols (F/Ds). Il explique qu’ils se sont « battus avec la machine » et
qu’ils étaient « heureux de toucher le sol ».
Une fois l’avion au parking, l’équipage a sollicité l’entreprise réalisant l’entretien hors
base pour l’exploitant. Un technicien est intervenu et a redémarré les IRS. Le CdB
indique qu’il n’était pas satisfait de l’intervention et a appelé les services techniques
de l’exploitant à la base. Ces derniers ont demandé au technicien de se rendre dans
la soute avionique afin de chercher d’éventuelles traces d’eau sur les IRS (en raison
d’événements antérieurs).
74
Le technicien a indiqué qu’il n’y avait pas de trace d’eau. Le CdB a alors pris la
décision de décoller en direction de l’aérodrome Paris Orly en prenant un total de
10 tonnes de carburant (pour pouvoir dégager n’importe où si besoin) et en raison
de l’amélioration des conditions météorologiques (approche CAT I).
Le vol entre Lyon et Orly s’est déroulé sans particularité. En revanche, le CdB explique
que lors du vol retour entre Orly et Marrakech, en finale, avec l’OPL PF et l’A/P B
en fonctionnement, le F/D a disparu puis l’A/P s’est déconnecté lors de l’interception
de l’ILS et qu’il l’a retranscrit dans le TLB. Il précise que l’atterrissage s’est déroulé en
condition VMC sans problème.
75
Le CdB (PF) a mis le commutateur IRS TRANSFER sur « BOTH ON R ». Puis les rôles PF et
PM ont été échangés. Il indique que lors de la deuxième approche, à l’interception du
LOC, l’A/P s’est de nouveau désengagé ; il précise que les F/D ont disparu des deux
côtés. Il ajoute que le CdB a repris les commandes après la sortie du premier cran de
volets et que l’approche a été réalisée en manuel, sans A/P, ni F/D. Il précise qu’il n’a
pas annoncé les écarts du LOC et du GLIDE car le PF était en train de corriger. Ensuite,
il a entendu des alarmes « GLIDE SLOPE » et « PULL UP »(41). À la suite de cette dernière (41)
L’enquête
alarme, il a annoncé une nouvelle interruption de l’approche ; concomitamment, a montré que
l’alarme auditive
les deux pilotes ont vu la piste et le PF fait une baïonnette avant d’atterrir. Il précise « Too Low Terrain »
qu’ils ont préféré atterrir pour ne pas poursuivre plus longtemps avec une machine avait été générée
dégradée. et qu’elle avait
été accompagnée
L’OPL évoque un événement très stressant avec beaucoup de systèmes qui ne de l’affichage du
message PULL UP
fonctionnaient pas. sur la partie
centrale (indicateur
Il précise que l’équipage n’a pas transmis de message « PAN PAN » pour une « simple d’attitudes) des
panne d’A/P ». Il estime qu’il restait environ 1 900 kg de carburant après l’atterrissage deux PFD. Il n’y a
à Lyon. pas eu d’alarme
auditive « PULL UP »
Il ajoute qu’après l’incident, le CdB a appelé la compagnie par téléphone. Ils n’ont pas (voir § 1.6.2.3).
évoqué la survenue d’alarmes GPWS, ni la nécessité de bloquer le CVR.
1.18.4 Contrôleurs
1.18.4.1 Contrôleur d’approche (INI) de Lyon-Saint Exupéry
Note : Lors de l’événement, les secteurs INI E, INI W et ITM sont regroupés sous
la dénomination INI et la position de contrôle correspondante est armée par un contrôleur
et un assistant.
76
Le contrôleur INI a donc demandé à son assistant de proposer au contrôleur LOC de
reprendre l’avion en compte à l’approche.
Le contrôleur note qu’à son retour sur la fréquence INI, le pilote communiquait en
français.
Il lui a paru très stressé. Le contrôleur en a déduit qu’il était pressé, pensant qu’il
n’avait pas beaucoup de carburant.
Sans insister afin de ne pas augmenter la charge de travail à bord, le contrôleur
indique avoir pris l’aéronef en guidage radar et lui avoir donné un cap d’interception.
Il ajoute que le pilote lui a demandé s’il était bien aligné sur l’axe ILS. Le contrôleur lui
a répondu en indiquant la fréquence correcte de l’ILS. Le pilote lui a alors dit qu’il ne
captait pas le Localiser, mais qu’il continuait « en manuel ».
Ayant des doutes sur la signification de cette dernière phrase, le contrôleur a
demandé s’il s’agissait d’une approche à vue. Il souligne avoir demandé si l’équipage
avait le visuel sur les installations car il doutait de ce fait compte tenu des conditions
météorologiques, et avoir proposé l’option de l’approche interrompue.
Il a ensuite appelé la Tour qui lui a demandé de transférer l’avion.
Une alarme MSAW s’est déclenchée mais il n’avait plus l’avion en fréquence.
Le contrôleur ajoute que l’équipage n’a jamais exprimé clairement le souci à bord,
ce qui ne lui a pas permis de l’aider davantage.
77
2 - ANALYSE
2.1 Scénario
2.1.1 En croisière : Messages d’alerte FMC (IRS gauche)
Environ une heure après le décollage, le calculateur de gestion de vol (FMC) a
détecté une vitesse et une position incohérentes de l’avion provenant de la centrale
inertielle (IRS) gauche. Le message d’alerte IRS-L DRIFT s’est affiché sur l’écran de
la console centrale (CDU). Ne trouvant pas la procédure associée à ce message
dans la documentation bord, l’équipage a fait des actions de mémoire consistant
à vérifier la position donnée par les IRS. Il est apparu que l’IRS gauche indiquait des
valeurs erronées et fluctuantes de position et de vitesse. L’équipage a observé que
le problème semblait être en cours de résolution.
En descente vers Paris-Orly, un second message d’alerte est apparu sur le CDU
(VERIFY POS : IRS-IRS). En raison de l’absence d’alarmes Master Caution et IRS FAULT,
l’équipage a considéré que l’IRS fonctionnait et que les valeurs allaient redevenir
cohérentes avant l’arrivée à Paris-Orly.
L’équipage a décidé de poursuivre l’arrivée à Paris-Orly pour une approche ILS 06
de CAT III et de dégager sur Lyon en cas de problème durant l’approche.
l’aéroport Lyon-Saint Exupéry. Les conditions à Lyon permettaient une approche ILS du délestage
CAT I, réalisable avec un seul A/P fonctionnel. prévu de 2 100 kg
entre Orly et Lyon
Au moment de l’interruption de l’approche à Paris-Orly vers Lyon, la quantité de (incluant l’approche
à Lyon) et d’une
carburant à bord permettait un temps d’attente prévisionnel de 27 minutes à Lyon (42), consommation en
avant d’effectuer l’approche et d’atterrir au dégagement avec la réserve finale de attente de 40 kg/mn.
1 100 kg.
78
2.1.3 Le dégagement vers Lyon
Lors du dégagement et de la préparation de l’approche ILS 35R à Lyon-Saint
Exupéry, l’équipage a indiqué avoir tenté sans succès d’armer le système de freinage
automatique et a constaté que le voyant ambre AUTOBRAKE DISARM s’allumait.
Le non-fonctionnement du système de freinage automatique était possiblement lié
au dysfonctionnement de l’IRS gauche.
La documentation du constructeur n’indiquant pas de conséquences possibles sur
le système de freinage automatique suite aux messages FMC IRS-L DRIFT et VERIFY POS :
IRS-IRS, et le voyant IRS FAULT n’étant pas allumé, l’équipage n’avait pas de moyen
d’anticiper la survenue du non-armement du système de freinage automatique et
d’être informé du dysfonctionnement de l’IRS gauche qui semble néanmoins présent
à cet instant.
L’affichage par erreur du VOR LSE combinée avec l’indication du CDU que le VOR LSE
se situait à une distance improbable, ont créé ensuite des doutes pour l’équipage sur
la position de l’avion donnée par le FMS.
79
Vingt secondes après son action sur le sélecteur IRS Transfer Switch, le CdB a engagé
l’A/T et l’A/P B. L’avion qui était monté à une altitude d’environ 6 500 ft a amorcé une
descente afin de revenir vers 5 000 ft.
Le CdB a transféré les commandes à l’OPL puis a tenté d’utiliser le système ACARS afin
d’obtenir les dernières informations météorologiques pour un éventuel dégagement
vers Marseille. Le système a alors affiché le message « ACARS NO COM ».
Le CdB, qui a indiqué être préoccupé par le carburant durant cette phase, a décidé
d’effectuer une seconde approche à Lyon-Saint Exupéry.
À cet instant, la réserve de dégagement de 2 100 kg avait été consommée comme En tenant
(43)
prévu et la quantité de carburant présente à bord permettait une attente de compte d’une
27 minutes avant d’effectuer une nouvelle approche à Lyon (43) et atterrir avec au quantité nécessaire
de 400 kg pour
moins la réserve finale de 1 100 kg. effectuer la deuxième
approche à Lyon.
Durant cette phase, l’équipage n’a pas exécuté la checklist « IRS FAULT » dans le QRH,
par manque de temps selon lui, ce qui ne lui a pas permis d’avoir conscience des
limitations concernant l’utilisation de l’A/P en approche imposées par le constructeur.
80
Le CdB précisera plus tard qu’il avait conscience que l’avion n’était pas stabilisé mais
qu’il a préféré corriger la trajectoire et atterrir en raison du niveau de stress généré
par les deux approches interrompues déjà effectuées.
81
C’est ce qui s’est produit lors de la première approche à Lyon avec le FCC A engagé.
Les ordres du F/D étaient erronés et l’A/P a dirigé l’avion sur une trajectoire quasiment
perpendiculaire à celle qu’il aurait dû suivre. Ce phénomène a également pu être
observé à un degré moindre au cours du même vol à Paris-Orly lorsque l’avion a suivi
une trajectoire en « S » autour de l’axe du Localizer au moment de son interception.
Au total, entre le 26 décembre 2016 et le 2 janvier 2017, sept vols ont été identifiés
au cours desquels l’A/P a rencontré des difficultés similaires pour intercepter l’axe du
Localizer lors d’approche ILS, avec parfois la nécessité pour l’équipage de reprendre
la main afin de corriger la trajectoire de l’avion. Les trajectoires erratiques qui en ont
résulté étaient fort probablement dues au dysfonctionnement de l’IR gauche.
Tant que l’ADIRU ne se déclarera pas en panne, des systèmes qui ne testent pas
les informations qu’il leur transmet (cas des FCC hormis dans les cas d’approches
avec les deux A/P engagés), utilisent des données potentiellement erronées, ce
qui constitue un danger. Ce dernier peut avoir des conséquences significatives sur
la conduite du vol, en particulier lorsqu’il survient en phase d’approche. Par exemple :
Dans le cas d’approches parallèles simultanées d’un aéroport à fort trafic, cela
pourrait conduire à un conflit entre plusieurs avions. En outre, si ce conflit se
produit à basse hauteur, les systèmes TCAS des avions concernés n’émettront pas
d’avis de résolution.
Dans le cas d’une approche d’un aéroport avec du relief environnant, cela
pourrait conduire à une trajectoire de l’avion en direction du relief nécessitant
une manœuvre d’urgence afin de l’éviter.
Les effets et la gravité de ce danger ont été évalués par Boeing en réalisant une analyse
de sécurité lors de la conception du FCC (voir § 1.16.6). La gravité retenue est « majeure
» en phase d’approche. Cette évaluation repose sur des choix de conception qui
permettent d’atténuer les conséquences du danger, mais également sur l’hypothèse
qu’il sera finalement détecté par l’équipage qui est entraîné pour surveiller la
trajectoire de l’avion, sa vitesse, son altitude et corriger toute déviation par rapport
au plan de vol prévu. La détection repose donc uniquement sur l’équipage et aucune
fonction de surveillance et de détection de ce type de danger n’a été intégrée dans
le FCC, hormis dans les cas d’approches avec les deux A/P engagés. L’équipage ne
peut donc savoir qu’une information inertielle est erronée que si celle-ci est déclarée
invalide par l’ADIRU, à la différence d’autres systèmes comme le FMC ou le système
de freinage automatique.
La validité du présupposé selon lequel l’équipage de conduite surveille constamment
les automatismes et est prêt à réagir immédiatement en cas de dysfonctionnement
est questionnée dans la publication appelée JATR présentant les travaux menés
conjointement par dix autorités de l’aviation civile, ainsi que la NASA et le NTSB
à la suite des accidents du Boeing 737 Max survenus en Indonésie et en Éthiopie
(voir § 1.16.6.3). Cet incident grave ainsi que les observations faites par les autorités
conjointes démontrent que les temps de détection et de réaction par les équipages
peuvent être significativement plus longs que les hypothèses retenues lors de la
conception de l’avion et dans les études de sécurité. Ce constat peut alors remettre
en question la classification des dangers ayant pour seul moyen de détection la
surveillance de l’équipage.
82
2.2.2 Surveillance interne à l’ADIRU et activation de l’alarme IR FAULT
La dérive inhérente à toute centrale inertielle ne peut pas être détectée par l’ADIRU
lui-même car il n’a pas de référence. Le FMC est capable de le faire car il a accès
à d’autres sources d’informations que sont la position GNSS et la position élaborée
à partir de VOR-DME.
L’ADIRU peut en revanche vérifier la cohérence de certains de ses paramètres.
C’est ce qui est fait par exemple avec le cap et la route et qui donne lieu à l’émission
du message de panne DRIFT ANGLE et à l’activation de l’alarme IRS FAULT lorsque la
différence entre ces deux paramètres est supérieure à 60° et que la vitesse sol de
l’avion est supérieure à 200 kt.
Toutefois, la définition des critères de déclenchement de la panne DRIFT ANGLE est
telle que cette dernière ne peut apparaître que tardivement par rapport au début
du dysfonctionnement du module IR de l’ADIRU. En effet, un écart de plus de 60°
entre le cap et la route constitue une différence significative.
En outre, en cas de défaillance de l’ADIRU semblable à celle rencontrée au cours
de ce vol, cette différence ne sera pas systématiquement atteinte. Cela implique
que ce type de dysfonctionnement de l’ADIRU peut ne pas être détecté ni par
les équipages, ni par certains systèmes utilisateurs des données fournies par l’ADIRU
qui continueront par conséquent à les utiliser. C’est ainsi que, lors de cet événement,
le FCC A a utilisé des données erronées en provenance de l’ADIRU gauche jusqu’à
ce qu’il se déclare en panne, en émettant le message DRIFT ANGLE, alors même que
son dysfonctionnement s’est manifesté 2 min 15 auparavant au moment de la mise
en virage à droite de l’avion au cours de l’interception de l’axe du Localizer, mais
aussi plusieurs dizaines de minutes plus tôt au moment de la tentative d’armement
du système de freinage automatique et lors de l’apparition des messages d’alertes
FMC.
De même, le message de panne DRIFT ANGLE ne pourra pas être émis en phase
d’approche finale puisque la vitesse sol de l’avion sera inférieure à 200 kt. Ce fut
le cas lors d’un vol le 26 décembre 2016, soit quatre jours avant celui de l’événement,
au cours duquel l’avion a tourné à droite avec l’A/P A engagé alors qu’il allait capturer
l’axe du Localizer. Cette évolution inattendue de l’avion est probablement due
au dysfonctionnement de l’IR gauche mais la vitesse de l’avion était d’environ 180 kt
à ce moment-là et le message de panne DRIFT ANGLE, facteur déclencheur de l’alarme
IRS FAULT, ne pouvait donc pas être activé.
L’AAIB a souligné également ce délai significatif entre le début du dysfonctionnement https://assets.
(44)
de l’ADIRU et l’apparition de la panne DRIFT ANGLE dans son rapport d’enquête publishing.service.gov
concernant l’incident grave du Boeing 737-800 immatriculé EI-GJT(44) survenu le .uk/media/5f58dab2
d3bf7f7232e7e631/
9 octobre 2018 en croisière. Boeing_737-8AS_
EI-GJT_12-19.pdf
En conclusion, l’absence de vérification par les FCC de la validité des données
inertielles transmises par l’ADIRU, hormis dans les cas d’approches avec les deux
A/P engagés, ainsi que la logique de surveillance interne à l’ADIRU vis-à-vis de la
panne DRIFT ANGLE peuvent entraîner l’utilisation par les FCC, pendant une durée
prolongée, de données inertielles erronées en cas de dysfonctionnement du module
IR, et être à l’origine de perturbations significatives de la trajectoire de l’avion,
en particulier en phase d’approche finale.
83
2.3 Perte progressive de confiance dans l’avion et stress généré
Les deux pilotes ont, au cours de leurs entretiens, témoigné du stress important
qu’ils ont ressenti. L’OPL évoque « un événement très stressant avec beaucoup de
systèmes qui ne fonctionnent pas », le CdB explique qu’ils se sont « battus avec la
machine » et qu’ils étaient « heureux de toucher le sol ».
Au cours de la première partie du vol, l’équipage est confronté à des perturbations
mineures. Les deux premiers messages du FMC, IRS-L DRIFT et VERIFY POS : IRS-IRS, n’ont
dans un premier temps pas d’impact sur la gestion du vol, les pilotes constatent des
incohérences de vitesse de l’IRS gauche et des différences de position entre les deux
IRS puis observent que le problème semble être en cours de résolution. Un premier
élément perturbateur est l’absence de description du message IRS-L DRIFT dans la
documentation. Le deuxième message n’est lui pas inhabituel, il survient de temps
en temps et conduit également l’équipage à surveiller la cohérence des données
provenant des deux IRS.
La première déviation lors de la capture du LOC à Paris-Orly ne semble pas être
marquante pour l’équipage, il ne répond pas au contrôleur sur cet aspect et ne
l’évoque pas ensuite en entretien. Il était alors quasi impossible à l’équipage de faire
le lien entre cette déviation et les messages reçus précédemment. L’impossibilité
d’engager les deux A/P en raison du mode APP non armé, n’est pas non plus évoquée
par l’équipage en entretien, il s’agit d’une perturbation opérationnelle mineure qui
ne porte à aucune conséquence au moment où elle se produit. Elle peut cependant
instiller un doute au sein de l’équipage sur sa maîtrise de la situation ou être assimilée
ensuite aux autres désengagements d’A/P.
Aucun élément ne permet à l’équipage de comprendre que par la suite le
désengagement de l’A/P lors de la capture du LOC à Paris-Orly est dû au problème du
RA 2. Aucun message n’est émis dans le cockpit pour en expliquer l’origine.
L’interruption d’une approche CAT I et un dégagement, s’ils sont des événements
prévus, n’en sont pas moins des événements peu fréquents et très consommateurs
de ressources pour un équipage. Le CdB explique que l’équipage a commencé à être
préoccupé par le carburant à ce moment. L’aérodrome de Lyon est prévu comme
aérodrome de dégagement et la quantité de carburant nécessaire est présente
à bord. Le carburant est cependant prévu pour une seule approche à l’aérodrome de
dégagement.
Il est probable qu’à cet instant l’équipage s’inquiète de la quantité restante de
carburant à bord en cas d’éventuels imprévus.
Lors de la descente, un message de non-armement du système de freinage
automatique (AUTOBRAKE DISARM) survient. Puis lorsque le VOR sélectionné dans
le CDU est indiqué à une distance de plus de 3 000 NM, l’équipage dont le niveau de
confiance dans l’avion est déjà dégradé attribue ce nouveau dysfonctionnement aux
systèmes de positionnement de l’avion, sans pouvoir en expliquer l’origine.
84
L’équipage peut alors avoir en tête pour aborder la nouvelle approche sur Lyon :
une météo « convenable », une possible dérive de l’IRS gauche, un possible problème
d’A/P, un système autobrake non disponible et des moyens de navigation présentant
potentiellement des dysfonctionnements. Or, outre la perception d’éléments et
leur compréhension, l’une des composantes fondamentales de la conscience de la
situation est la possibilité de prévoir leur état dans un futur proche. Cette projection
était impossible pour l’équipage puisque certains dysfonctionnements étaient
difficilement explicables. Pour d’autres, comme les problèmes de VOR, qui sont
des moyens radioélectriques avec leur fréquence propre et indépendants des
informations données par l’IRS, un biais de confirmation a pu les amener à interpréter
toute perturbation comme révélatrice d’un nouveau dysfonctionnement des
systèmes de l’avion.
Cette difficulté à se construire une conscience de la situation adéquate peut expliquer
le stress graduellement ressenti par l’équipage. Le stress résulte de façon générale de
l’interaction entre l’évaluation d’une situation, la capacité à y faire face et la perception
de l’importance d’y faire face. Or dans le contexte du vol, l’équipage pouvait juger
la situation menaçante d’autant plus que les dysfonctionnements paraissaient
sans lien et ainsi d’autant plus difficiles à prévoir ; l’importance d’y faire face étant,
de plus, accrue par la préoccupation pour le carburant. Cette préoccupation suit
un cercle vicieux : l’appréhension sur le manque de carburant engendre une pression
temporelle qui conduit l’équipage à estimer qu’il est important de faire face vite et
cette pression temporelle ressentie le conduit à ne pas objectiver le problème et
à en surestimer l’importance.
L’interruption de la première approche à Lyon, à la suite de la déviation importante
de trajectoire et du désengagement de l’A/P, a constitué un point de basculement où
le stress ressenti par l’équipage a atteint un niveau tel qu’il en a impacté la gestion
du vol. Ce niveau de stress dépassé est évoqué dans le témoignage de l’équipage et
peut également être observé dans les communications avec le contrôle, que ce soit
dans le ton employé ou les demandes effectuées.
Cela s’est également traduit par une dissociation de l’équipage, la charge de travail
n’était plus répartie, les checklists et les procédures de traitement de panne non
effectuées en raison de la pression temporelle perçue, et le CdB semblant agir seul
par exemple après le transfert des commandes par l’OPL durant la seconde approche
à Lyon (voir § 2.4). Les conséquences du stress sur la conduite du vol sont manifestes :
un dépassement du niveau autorisé de plus de 1 500ft, une approche non stabilisée
au-delà du plancher de stabilisation défini par la compagnie et de multiples écarts
à l’origine des alarmes EGPWS.
Au cours du vol, l’équipage a été confronté à différents dysfonctionnements, soit
liés à des défaillances techniques soit de nature opérationnelle. Confronté à des
dysfonctionnements qu’il ne pouvait expliquer, prévoir ou lier entre eux, son niveau
de confiance dans l’avion s’est progressivement dégradé, son attention s’est
notamment focalisée sur un niveau de carburant qu’il croyait insuffisant. Chaque
instant retardant l’atterrissage risquait de voir apparaître de nouvelles pannes.
L’équipage est ainsi passé progressivement d’une gestion classique en mode normal,
en début de vol, à une gestion en mode « urgence » les conduisant à vouloir à atterrir
le plus vite possible.
85
Or, les conditions météorologiques sur l’aéroport utilisé pour le dégagement
permettaient une approche CAT I, pouvant être effectuée en pilotage manuel et le
carburant restant à bord permettait d’effectuer une attente et une poursuite du vol
sans précipitation.
Un décalage s’est donc créé entre l’état effectif de l’avion et la perception qu’en a eu
l’équipage.
86
2.5 Interface équipage / contrôle aérien
2.5.1 Transfert approche-tour
À Paris-Orly, après avoir reçu la confirmation que l’avion avait bien intercepté
le Localizer, le contrôleur d’approche a transféré le vol au contrôleur tour sans
avoir préalablement fourni la clairance d’approche. Ceci a eu pour effet de
retarder l’armement du mode APP par l’équipage. Lors de la première approche à
Lyon-Saint Exupéry, le contrôleur d’approche a transféré le vol au contrôleur tour sans
lui avoir demandé préalablement de rappeler établi sur le Localizer. Immédiatement
après ce transfert, l’avion a effectué un virage inattendu dans le sens opposé au
virage d’interception du Localizer et s’est éloigné franchement de l’axe. Le contrôleur
d’approche s’en est rendu compte et a tenté de rappeler l’équipage. Celui-ci avait
déjà quitté la fréquence. Le contrôleur tour a été contacté quelques instants plus tard
par l’équipage qui s’est annoncé dans un premier temps en finale pour la piste 35R
avant d’annoncer six secondes plus tard qu’il remettait les gaz, ce qui a nécessité un
nouveau transfert sur l’approche. Un maintien de l’avion sur la fréquence approche,
maintien nécessaire et règlementaire car l’avion n’était pas établi sur le Localizer,
pouvait permettre une meilleure continuité dans la gestion du vol et alléger ainsi
la charge de travail à bord.
87
Le FCOM précise par ailleurs à cet égard que des fréquences différentes sur les deux
récepteurs VHF NAV peuvent entraîner une différence d’affichage des F/D gauche et
droit et affecter les opérations de l’A/P engagé.
Cette pratique peut créer aussi une accoutumance des équipages au phénomène de
disparition des F/D. Ainsi, celle-ci peut ne plus constituer une défaillance de systèmes
nécessitant un report systématique dans le TLB alors que, comme le montre cette
enquête, ces disparitions peuvent être la conséquence de problèmes techniques
nécessitant l’intervention de la maintenance.
Enfin, en provoquant l’enregistrement dans les BITE FCC de nombreux messages de
panne relatifs aux MMR et aux panneaux de contrôle des moyens de radionavigation
(VHF NAV), cette pratique a induit en erreur la maintenance de la RAM qui a pensé
que ces systèmes connaissaient des problèmes techniques.
88
2.7 Maintenance de la RAM
2.7.1 Gestion de la panne du radioaltimètre 2
L’examen des FCC effectué après l’incident a montré que le RA 2 du CN-ROJ
rencontrait des dysfonctionnements depuis le 26 juin 2016, soit six mois environ avant
l’événement. Ces dysfonctionnements, traduits par le message de panne RADIO ALT-2
(J1B-B04, A04) dans le BITE du FCC B, étaient dus à la non-réception par le FCC B de
données valides issues du RA 2. Ces messages de panne ont des conséquences sur
les automatismes : disparition de l’affichage de F/D et/ou désengagement de l’A/P
en phase d’approche.
Jusqu’à la veille de l’événement, cette panne liée au RA 2 avait été enregistrée
35 fois durant ces six derniers mois dont 16 fois depuis le 9 décembre. Lors du vol
de l’événement cette même panne, RADIO ALT-2 (J1B-B04, A04) a été enregistrée à
sept reprises dans le FCC B. (45)
La compagnie
Bien que non systématiquement reportés par les équipages dans le TLB, a indiqué que les
techniciens en base
ces dysfonctionnements l’ont été à l’issue de vols effectués les 10, 12 et 25 décembre. sont désormais
Dans les TLB de ces vols, toutes les étapes des opérations de maintenance n’ont équipés de tablette
pas été indiquées systématiquement, ce qui n’a pas permis au BEA de suivre le afin de retranscrire
les opérations et
cheminement complet de chaque action de maintenance. La RAM a indiqué au BEA les résultats au
que la réponse sur les TLB représente l’action de maintenance finale/majeure réalisée fur et à mesure
dès le retour dans les locaux techniques (45). La lecture des documents de maintenance des opérations
ce qui n’était pas
laisse supposer que lors des tests au sol, la panne n’est pas réapparue, indiquant de le cas à l’époque
ce fait que, conformément à la FIM, elle était soit intermittente, soit n’apparaissant de l’incident.
qu’en condition de vol.
La procédure Boeing indique que, dans ce cas, les techniciens de maintenance
doivent suivre la politique de la compagnie en matière de traitement des pannes
intermittentes, utiliser leur jugement et l’historique de la maintenance de la
compagnie et assurer un suivi particulier de l’avion en question.
À la suite du report par un équipage d’un problème lié au RA 2 le 10 décembre
2016, la compagnie RAM a procédé au remplacement de celui-ci. La panne s’est
néanmoins reproduite le 12 décembre 2016. L’origine de la panne n’a donc pas été
supprimée. Celle-ci s’est ensuite reproduite le 25 décembre 2016 après 54 vols sans
problème. Le FCC B sera lui remplacé trois jours après l’événement, le 2 janvier 2017,
sans que le problème ne disparaisse. Il est par conséquent fort probable que le
dysfonctionnement ne provenait ni du RA 2 ni du FCC B mais de la connexion entre
les deux.
Bien qu’apparue à de multiples reprises et ses conséquences notifiées par les
équipages, cette panne n’a pas pu être résolue par la maintenance en base,
aboutissant, le jour de l’événement à un avion dégradé, présentant des problèmes
d’automatisme principalement en phase d’approche.
89
2.7.2 Maintenance en ligne à Lyon
Lors des actions de maintenance réalisées à Lyon-Saint Exupéry à l’issue du vol de
l’événement, le technicien a indiqué au BEA avoir uniquement redémarré l’IR gauche
comme suite aux instructions fournies par le centre de maintenance (MCC) de la RAM
par téléphone, et il a indiqué ne pas avoir utilisé de documentation. Or, le technicien,
de par sa qualification et la documentation fournie par la compagnie, avait les moyens
de gérer cette panne de façon autonome, contrairement à ses indications.
Comme le préconise la documentation du constructeur, le report par l’équipage
du message L IRS FAULT dans le TLB aurait dû le conduire à effectuer la procédure
IR Failure – Fault isolation (FIM 34-21 tâche 803) et vérifier si la panne de l’ADIRU
gauche était toujours active. Dans un tel cas, la recherche aurait été effectuée sur
d’éventuelles autres pannes actives. Puis si ces résolutions ne permettaient pas
d’effacer la panne IR Failure du CDU, la procédure aurait exigé dans un second temps
le remplacement de l’ADIRU gauche.
Bien que ces procédures n’aient pas été rigoureusement appliquées, elles n’auraient
probablement pas eu d’effet dans le cas présent puisqu’après le redémarrage des
IRS par le technicien de maintenance, aucun voyant n’indiquait au sol de panne
L IRS FAULT. Cette panne n’était fort probablement pas active au sol et était donc
une panne intermittente. Cela est renforcé par le fait que durant le vol suivant
l’événement, la panne L IRS FAULT ne s’est pas déclenchée.
Néanmoins, il est intéressant de noter qu’un compte rendu de l’équipage concernant
les messages FMC reçus en vol (IRS-L DRIFT et VERIFY POS : IRS-IRS) aurait amené la
maintenance à effectuer une tâche aboutissant au changement de l’ADIRU gauche.
En tout état de cause, l’analyse des données du QAR et des messages de panne
enregistrés dans le BITE de l’ADIRU gauche montrera que l’ADIRU gauche
dysfonctionnera à nouveau deux jours après l’événement, le 1er janvier 2017,
en déclenchant l’alarme L IRS FAULT. Le lendemain, le 2 janvier, un message
IRS-L DRIFT MSG VERIFY POS : IRS L sera également mentionné par l’équipage dans
le TLB.
90
3 - CONCLUSIONS
3.1 Faits établis par l’enquête
L’équipage de conduite détenait les licences et les qualifications nécessaires
pour effectuer le vol.
L’avion avait un certificat de navigabilité en état de validité.
L’avion a décollé de l’aérodrome Rabat-Salé sans action de maintenance différée.
Environ une heure après le décollage, le message d’alerte FMC IRS-L DRIFT est
apparu à bord. L’équipage a cherché, sans succès, la signification de ce message
dans la documentation de bord. Il a ensuite observé que le problème semblait
être en voie de résolution.
Le message d’alerte FMC IRS-L DRIFT (ou IRS-R DRIFT) est un nouveau message
apparu à partir d’une nouvelle version du calculateur de gestion de vol (FMC)
installé sur l’avion en mars 2016. Il ne figurait pas dans la documentation de bord.
La compagnie Royal Air Maroc (RAM) n’avait pas informé Boeing de l’application
d’un bulletin de service (SB) relatif à l’installation de la version U11 du FMC.
Cette notification était nécessaire à la réalisation de la modification de la
documentation opérationnelle par Boeing.
Pendant la descente vers Paris-Orly, où les approches de catégorie 3 (CAT III)
étaient en vigueur, l’équipage a constaté l’apparition du message FMC VERIFY
POS : IRS-IRS sur les tableaux de commande et d’affichage (CDU). Connaissant
ce message, il ne s’est pas référé à la documentation. Constatant que les
informations de vitesse des deux centrales à inertie (IRS) convergeaient et
allaient redevenir cohérentes avant l’arrivée à Paris-Orly, l’équipage a décidé de
poursuivre l’approche et a sélectionné l’aéroport Lyon-Saint Exupéry en cas de
dégagement.
Une fois le mode approche armé (APP), l’équipage n’a pu engager les deux pilotes
automatiques (A/P), condition nécessaire pour effectuer une approche CAT III,
en raison de la non-réception par l’un des calculateurs de commande de vol
(FCC B) des données du radioaltimètre (RA) 2.
L’équipage a interrompu l’approche et a demandé un dégagement sur l’aéroport
Lyon Saint-Exupéry. Les conditions météorologiques à Lyon permettaient une
approche de catégorie 1 (CAT I), ce qui n’imposait pas d’utiliser les deux A/P.
Pendant la descente vers l’aéroport Lyon-Saint Exupéry, l’équipage a tenté
d’armer le système de freinage automatique et a constaté l’allumage du voyant
ambre AUTOBRAKE DISARM.
Le contrôleur d’approche de Lyon-Saint Exupéry a transféré l’avion au contrôleur
tour, sans s’être assuré qu’il était établi sur le plan Localizer de la piste 35 R.
Lors de l’interception du Localizer, et alors que le mode VOR/LOC vert était
enclenché, l’avion a effectué un virage soudain dans le sens opposé au virage
d’interception du Localizer, a croisé l’axe du Localizer et s’en est éloigné.
Ce phénomène a été causé par des problèmes internes à l’ADIRU gauche. Celui-ci
a fourni des informations erronées au FCC A. Le FCC A a pris en compte ces
informations sans vérification supplémentaire et a envoyé un ordre de virage
inadéquat.
L’A/P A s’est ensuite désengagé en raison de l’invalidité des données fournies par
l’ADIRU gauche.
L’équipage a interrompu l’approche et a demandé à effectuer une nouvelle
approche.
91
L’équipage a engagé l’A/P B et a été transféré à l’approche pour un nouveau
circuit de présentation vers l’ILS.
Peu après le transfert à l’approche, l’alarme L IRS FAULT s’est déclenchée et a
provoqué le désengagement de l’A/P B. Cette alarme est intervenue 2 min 15
après l’ordre de virage inadéquat lors de l’interception ILS.
L’équipage n’a pas consulté la checklist IRS FAULT, par manque de temps selon
lui. Il était préoccupé par ailleurs par la quantité de carburant restant à bord.
Le commandant de bord (CdB) a placé de mémoire le sélecteur IRS Transfer Switch
sur BOTH ON R. La checklist indique qu’il n’est pas possible d’utiliser le système
de pilotage automatique pour l’approche et demande de le déconnecter avant
celle-ci (« Deferred item »).
L’écoute des enregistrements ATC met en évidence des communications dont
le ton, le contenu et le rythme sont révélateurs d’un haut niveau de stress à bord,
lors de la deuxième approche sur Lyon.
Ce stress résultait notamment des deux approches interrompues précédentes,
d’une perte de confiance progressive dans l’avion et ses systèmes et d’une
préoccupation quant au carburant restant.
L’enquête a montré que le carburant restant au moment de l’alarme IRS FAULT
permettait une attente de plus de vingt minutes avant de débuter la deuxième
approche et d’atterrir avant d’atteindre la réserve finale.
L’équipage a débuté l’approche finale vers Lyon avec une configuration vitesse/
volets non standard par rapport aux dispositions du Manuel d’exploitation des
équipages (FCOM).
Alors que l’équipage suivait le cap d’interception vers le Localizer, le CdB a
demandé un guidage radar en indiquant qu’il rencontrait des problèmes de
positionnement.
Juste après la capture du Glide, l’A/P B s’est désengagé. Ce désengagement a été
causé par la non-réception par le FCC B des données du RA 2.
La déconnexion de l’A/P B a entraîné le transfert des commandes du copilote
(OPL) au CdB et la poursuite de l’approche finale ILS, sans références visuelles
extérieures, en pilotage manuel, sans directeur de vol (F/D).
Le CdB a indiqué au contrôle qu’il poursuivait l’approche en pilotage manuel.
Plusieurs alertes du système d’avertisseur de proximité de sol (EGPWS) (« GLIDE
SLOPE », « TOO LOW TERRAIN » et « SINK RATE ») et d’altitude minimale de sécurité
(MSAW) se sont déclenchées durant l’approche finale.
Au moment du déclenchement de l’alarme MSAW, vue par les contrôleurs
approche et tour, l’équipage n’était plus sur la fréquence d’approche et n’avait
pas encore contacté la tour.
L’avion n’était pas stabilisé selon les critères de la compagnie lors du passage des
1 000 ft AGL.
La remise de gaz annoncée par l’OPL n’a pas été suivie par le CdB qui, à la vue
de la piste, concomitante à l’annonce faite par l’OPL, a décidé de réaliser une
« baïonnette ».
Selon le CdB, l’avion est sorti de la couche à environ 400 ft. Celui-ci a annoncé
qu’il poursuivait l’atterrissage.
L’avion est sorti de la couche entre les deux axes de piste et le CdB (PF) a effectué
une « baïonnette » à droite pour s’aligner sur la piste 35 R.
92
L’avion a atterri à environ 600 m du seuil de la piste 35 R et à une vitesse indiquée
de 159 kt.
La quantité de carburant restant à l’atterrissage est de 2 180 kg, supérieure à
la réserve finale (1 100 kg). Au sol, un message de bas niveau carburant a été
constaté dans un des réservoirs.
Le stress et la surcharge de travail se sont traduits par à une dissociation de
l’équipage, la Gestion des ressources de l’équipage (CRM) étant devenu défaillante.
L’ensemble des tests réalisés sur l’ADIRU gauche défectueux n’a pas permis
d’identifier l’origine des messages de panne émis au cours de ce vol, le changement
de cap soudain survenu au moment de l’interception du Localizer lors de la
première approche à Lyon-Saint Exupéry, puis les deux désengagements d’A/P.
L’analyse des données QAR met en évidence une probable défaillance d’un
accéléromètre.
L’enquête n’a pas permis d’identifier l’origine des messages de panne relatifs à
la non-réception par le FCC B de données en provenance du RA 2. Il a été établi
que le RA 2 n’était pas en cause. Il paraît probable que ces messages de panne
aient été causés par un problème de communication entre le RA 2 et le FCC B.
Ces dysfonctionnements ont été à l’origine de plusieurs cas de disparitions
des F/D et de deux désengagements d’A/P : l’un à Paris -Orly, l’autre à Lyon-Saint
Exupéry.
L’absence de vérification par les FCC, conformément aux spécifications, de
la validité des données inertielles transmises par l’ADIRU (hormis dans les cas
d’approches avec les deux A/P engagés), ainsi que la logique de surveillance
interne à l’ADIRU vis-à-vis de la panne DRIFT ANGLE peuvent entraîner l’utilisation
par les FCC, pendant une durée prolongée, de données inertielles erronées en
cas de dysfonctionnement du module IR, et être à l’origine de perturbations
significatives de la trajectoire de l’avion, en particulier en phase d’approche finale.
Une pratique de la compagnie demande au PM de régler un VOR/DME au cours
des approches ILS ce qui a pour effet de causer la disparition des F/D dans les
phases d’interception de l’ILS.
L’absence d’échanges explicites entre l’équipage et le contrôle aérien sur la
nature des problèmes rencontrés à bord n’a pas permis aux contrôleurs aériens
de fournir une assistance adaptée à l’équipage.
Les dysfonctionnements et anomalies rencontrés par les équipages n’ont pas été
systématiquement reportés sur les documents prévus à cet effet (en particulier
sur la partie TLB du compte rendu matériel) ;
Les éléments recueillis dans la documentation de maintenance lors de l’enquête
n’ont pas permis de vérifier si les procédures de maintenance relatives aux pannes
reportées par les équipages sur le CN-ROJ, lors de vols précédents, avaient été
appliquées dans leur totalité par la compagnie RAM.
Les tests effectués indiquent que la panne associée au RA 2 n’était pas confirmée
au sol et qu’elle était par conséquent de nature intermittente. Cette panne
pouvait, au travers du Tableau de commande et d’affichage (CDU), être relevée
systématiquement par la maintenance dans l’historique de pannes (procédure
DFCS BITE).
93
Les messages de panne enregistrés par les mémoires non volatiles (BITE) des FCC
indiquent que la panne intermittente lié au RA 2 était présente sur le CN-ROJ
depuis au moins six mois.
Le technicien de la société de maintenance en ligne à Lyon, détenteur d’une
licence Part 66, avait la qualification nécessaire pour effectuer la gestion de la
panne L IRS FAULT.
La documentation de maintenance nécessaire, bien que non consultée par le
technicien, était disponible.
L’équipage du CN-ROJ n’a pas préservé le CVR à l’issue du vol, contrairement aux
préconisations de la compagnie en cas d’incident grave.
94
Facteurs contributifs
Ont contribué à cet incident grave :
La concomitance de deux défaillances indépendantes au sein de deux systèmes
différents dont l’origine, l’absence de lien et les conséquences étaient difficiles
à établir pour l’équipage sans information adéquate dans la documentation
opérationnelle ni d’alarmes suffisamment saillantes émises par les systèmes
avion.
Une perte de confiance progressive de l’équipage dans les systèmes avion au
fil du vol engendrant un stress important et une focalisation de l’attention de
l’équipage sur le niveau de carburant restant.
La dégradation du CRM au sein de l’équipage lors d’une charge de travail devenue
très élevée en raison notamment de la nécessité de gérer la panne IRS FAULT
pendant la phase d’interruption de l’approche.
La logique de fonctionnement des FCC qui ne prévoit pas, conformément à ses
spécifications, de surveillance des données inertielles fournies par les ADIRU,
hormis dans les cas d’approches avec les deux A/P engagés.
La logique de surveillance interne des ADIRU vis-à-vis de la validité des données
inertielles transmises aux autres systèmes. Les critères de déclenchement de
la panne Drift Angle, facteur déclencheur de l’alarme IRS FAULT, peuvent en
effet amener cette dernière à apparaître tardivement par rapport au début du
dysfonctionnement du module IR de l’ADIRU.
Le report non systématique par les équipages de dysfonctionnements techniques
sur le TLB tels que la disparition des F/D, les dysfonctionnements ADIRU et les
déconnexions automatiques de l’A/P.
La persistance de pannes intermittentes.
95
4 - RECOMMANDATIONS DE SECURITÉ
Rappel : conformément aux dispositions de l’article 17.3 du règlement n° 996/2010 du
Parlement européen et du Conseil du 20 octobre 2010 sur les enquêtes et la prévention
des accidents et des incidents dans l’aviation civile, une recommandation de sécurité ne
constitue en aucun cas une présomption de faute ou de responsabilité dans un accident,
un incident grave ou un incident. Les destinataires des recommandations de sécurité
rendent compte à l’autorité responsable des enquêtes de sécurité qui les a émises,
des mesures prises ou à l’étude pour assurer leur mise en œuvre, dans les conditions
prévues par l’article 18 du règlement précité.
96
Un dysfonctionnement avec effet classé « majeur » ne doit pas se produire à une
fréquence supérieure à 10-5 fois par heure de vol environ.
La probabilité de la transmission par un ADIRU d’une information inertielle erronée «
non détectée » a été estimée par l’équipementier à 1,22.10 -5 par heure de vol. Le calcul
par Boeing de la probabilité d’occurrence de ce même danger durant une phase
d’approche est de 2,44.10-6.
Il s’agit d’une estimation réalisée lors de la phase de conception de l’ADIRU qui n’a
pas été vérifiée ni mise à jour a posteriori sur la base du retour d’événements en
service en raison de la nature « non détectée » de ce danger.
En conséquence, le BEA recommande que :
considérant que le seul moyen de détection du danger « utilisation par
le le calculateur de commande de vol (FCC) d’une information inertielle
erronée non détectée » est la surveillance et la réaction par l’équipage et
qu’il permet de classer « majeurs » les effets de ce danger ;
considérant que cet incident pose question sur les hypothèses de temps
de réaction d’un équipage prises en compte lors de la certification de
l’avion pour contrer un tel dysfonctionnement ;
considérant que les autorités conjointes, à l’origine du JATR publié
à la suite des accidents de Boeing 737-Max survenus en Indonésie et
en Éthiopie ont également questionné le présupposé selon lequel
l’équipage de conduite surveille constamment les automatismes et est
prêt à réagir immédiatement en cas de dysfonctionnement ;
97
En outre, en cas de défaillance de l’ADIRU semblable à celle rencontrée au cours de
ce vol, cette différence ne sera pas systématiquement atteinte. Cela implique que
ce type de dysfonctionnement de l’ADIRU peut ne pas être détecté par certains
systèmes utilisateurs des données fournies par l’ADIRU qui continueront par
conséquent à les utiliser.
De même, le message de panne DRIFT ANGLE ne pourra pas être émis en phase
d’approche finale puisque la vitesse sol de l’avion sera inférieure à 200 kt.
En conséquence, le BEA recommande que :
considérant que l’alarme IRS FAULT apparaît tardivement par rapport
au début du dysfonctionnement du module IR de l’ADIRU et que des
données erronées de l’ADIRU peuvent continuer à être utilisées par
certains systèmes bord ;
98
En conséquence, le BEA recommande que :
considérant que le report non systématique des dysfonctionnements
techniques par les équipages ne facilite pas l’identification et le
traitement de pannes intermittentes;
99
En outre, cette pratique peut créer une accoutumance des équipages au phénomène
de disparition des F/D et ne plus donner lieu à un report systématique dans le TLB alors
que, comme le montre cette enquête, ces disparitions peuvent être la conséquence
de problèmes techniques nécessitant l’intervention de la maintenance.
En conséquence, le BEA recommande que :
pour que les procédures d’interception de l’ILS n’engendrent pas de
disparitions de directeurs de vol (F/D) et n’affectent pas les opérations
du pilote automatique (A/P) engagé ;
5 - ENSEIGNEMENTS DE SÉCURITÉ
5.1 Application des procédures de traitement de panne par les équipages
L’enquête a montré que l’équipage de conduite n’avait pas « appelé » la check-list
appropriée et a effectué de mémoire un des items de celle-ci. L’équipage n’a par
ailleurs pas effectué de bilan technique et opérationnel tel que demandé par le
manuel d’exploitation.
En cas de panne, sauf cas d’urgence et selon les circonstances, l’application
exhaustive de la procédure de traitement de la panne reste le moyen le plus adapté
de poursuivre le vol en toute sécurité, tout en ayant traité les conséquences directes
et indirectes de la panne.
100
5.3 Suivi des procédures lors de la maintenance en ligne
À l’issue du report par l’équipage de la survenue de la panne « L IRS FAULT »
le technicien de maintenance à Lyon-Saint Exupéry, n’a pas effectué la recherche de
panne pourtant demandée dans la documentation technique et aux procédures de
maintenance approuvées, fournies par la compagnie.
La maintenance en ligne, effectuée par un technicien qualifié, employé par une
société agréée Part 145, permet une recherche de pannes conforme aux procédures
de maintenance approuvées. La maintenance en ligne est un maillon important dans
la chaîne de la sécurité aérienne.
101
ANNEXES
Annexe 1
Retranscription des échanges radiotéléphoniques
Annexe 2
Planches de paramètres QAR
Annexe 3
Check-List QRH « IRS FAULT »
Annexe 4
Extrait Policy Manual de la RAM
Réaction et traitement d’une situation anormale
Annexe 5
Procédure « FMC Navigation Check »
102
ANNEXE 1
Retranscription des échanges radiotéléphoniques
AVERTISSEMENT
Ce qui suit représente la transcription des éléments qui ont pu être compris au cours de
l'exploitation de l’enregistrement des communications radios d’un ou des organismes de
contrôle (ATC).
L'attention du lecteur est attirée sur le fait que l'enregistrement et la transcription
d'un enregistrement ATC ne constituent qu'un reflet partiel des événements. En
conséquence, l'interprétation d'un tel document requiert la plus extrême prudence.
GLOSSAIRE
() Les mots ou groupes de mots placés entre parenthèses n’ont pu être établis
avec certitude
102
103
Modèle de rapport type OACI
- 103 -
104
Modèle de rapport type OACI
- 104 -
105
Modèle de rapport type OACI
- 105 -
106
Modèle de rapport type OACI
- 106 -
107
Modèle de rapport type OACI
- 107 -
108
Modèle de rapport type OACI
- 108 -
109
Modèle de rapport type OACI
- 109 -
110
Modèle de rapport type OACI
- 110 -
111
Modèle de rapport type OACI
- 111 -
112
Modèle de rapport type OACI
- 112 -
113
ANNEXE 2
Planches de paramètres QAR
114
Figure 15 : Approche Orly - Latéral
115
Figure 16 : Première approche Lyon - Longitudinal
116
Figure 17 : Première approche Lyon - Latéral
117
Figure 18 : Deuxième approche Lyon - Longitudinal
118
Figure 19 : Deuxième approche Lyon - Latéral
119
Figure 20 : Deuxième approche Lyon - alarmes EGPWS
120
ANNEXE 3
Modèle de rapport type OACI
CHECK-LIST « IRS FAULT » - Extrait du QRH version 4.3.1
Modèle de rapport type OACI
Note du BEA : les items 1 à 5 de la check list « IRS FAULT » concernent la survenue de la
Note du BEA : les items 1 à 5 de la checkpannelistau« sol
IRS FAULT » concernent la survenue de la panne
Note du BEA : les items 1 à 5 de la check list « IRS FAULT » concernent la survenue de la
au sol. panne au sol
- 122 -
- 122 -
121
Modèle de rapport type OACI
- 124 -
122
ANNEXE 4
Extrait Policy Manual de la RAM - Réaction et traitement d’une situation anormale
Modèle de rapport type OACI
- 127 -
123
ANNEXE 5
Procédure « FMC Navigation Check »
124
Bureau d’Enquêtes et d’Analyses
pour la sécurité de l’aviation civile
10 rue de Paris
Zone Sud - Bâtiment 153
Aéroport du Bourget
93352 Le Bourget Cedex - France
T : +33 1 49 92 72 00 - F : +33 1 49 92 72 03
www.bea.aero