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9 TECHNIQUES DE MANIPULATION
Pour installer son emprise, le pervers narcissique utilise et met en place un certain
nombre de techniques de manipulation.
Toutes ces techniques de manipulation vous sont expliquées afin que vous sachiez
mieux les percevoir et les détecter.
Sommaire
1. Le chantage affectif
2. La culpabilisation
3. La mise en dépendance
4. Le mensonge
5. Le dénigrement
6. Le renversement
7. L’isolement
8. Le vérrouillage
9. La dévalorisation
LE CHANTAGE AFFECTIF
Le chantage affectif fait partie des techniques de manipulation mentale qu’un
manipulateur manie à merveille. D’où cette instabilité permanente des victimes qui les
plonge dans une forme d’usure ou de chaos psychologique invivable qui va les maintenir
sous emprise. Vivre le grand amour avec le prince charmant a pour elles un prix : celui de
satisfaire à toutes ses exigences de tyran…
Mais le chantage affectif d’un manipulateur pervers inclut aussi souvent la menace : « il
est hors de question que tu dises non », ou la dévalorisation : “je ne sais vraiment pas ce
que je fais encore avec toi “.
LA POSITION DE LA VICTIME
Subir les chantages affectifs d’un pervers narcissique est l’on s’en doute éprouvant,
même si ces prédateurs savent faire alterner les moments de calme entre leurs
différentes attaques. Le chantage affectif n’est qu’une arme parmi d’autres dans la
panoplie du manipulateur pour faire vivre l’enfer à ses victimes.
Peu à peu celles-ci risquent d’abdiquer et de renoncer à se battre, cédant à tous les
caprices de leur bourreau. Mais il est possible de prendre conscience de la présence d’un
chantage émotionnel par certains signes, certaines intuitions. Souvent, la victime se sent
mal à l’aise et en porte-à-faux avec elle-même : elle s’en veut d’avoir obéi, mais il est trop
tard. Ces sentiments sont un signal qu’elle est souvent en train de se trahir et qu’elle vit un
leurre. Parfois, elle se sent aussi partagée, entre la peur de décevoir le pervers et sa
propre volonté.
Elle peut aussi être en colère de se sentir manipulée et ressentir de la culpabilité vis-à-vis
d’elle-même ce qui l’installe dans le doute et la honte. Toutes ces émotions sont très
néfastes et portent atteinte à l’estime de soi des victimes. Pourtant, elles sont aussi
autant d’indices qui révèlent la présence de la manipulation et suggèrent par leur
inconfort psychologique, un certain besoin d’en sortir. Mais il est difficile de sortir de
l’emprise d’un pervers maître-chanteur, car il menace souvent, se plaint sans arrêt, et
déploie une énergie considérable à isoler ses victimes.
Alors que faire pour résister à ces chantages ? D’abord sûrement ne pas réagir et refuser
d’être l’otage de la violence affective perpétrée par l’autre. Il faut aussi se poser des
questions sur la façon dont l’autre formule ses demandes, s’il y met de la menace et
pourquoi se sent-on obligé d’obéir. Les victimes qui obtempèrent aux désirs d’un
partenaire toxique doivent aussi se demander pourquoi elles acceptent et ne pas se
cacher qu’elles subissent contrainte et emprise.
Résister au chantage d’un grand manipulateur nécessite de mettre beaucoup de
défenses psychiques en œuvre : notamment apprendre à dire non et à considérer et
respecter ses besoins avant ceux de l’autre. Le travail avec un thérapeute aide à trouver
ces repères qui font souvent défaut aux victimes de partenaires maîtres dans l’art de
manipuler leurs sentiments.
LA CULPABILISATION
La culpabilisation fait certainement partie des techniques de manipulation les plus
redoutées du pervers narcissique, car elle crée un conflit douloureux au cœur même du
psychisme de la victime. Elle s’installe sous forme d’une véritable pollution émotionnelle
qui « ronge » de l’intérieur et consume jusqu’à la dépression.
La culpabilisation est une utilisation de la culpabilité par les manipulateurs, faisant d’elle
une arme psychologique redoutable pour maintenir une victime sous leur emprise. Elle
s’appuie sur les failles narcissiques de leur proie, soient sur les blessures psychiques du
passé qui lui font toujours ressentir de la culpabilité.
Dès lors, la culpabilisation de l’autre répond pour eux à la stratégie du bouc émissaire, ce
qui fait dire à toute personne manipulée que son partenaire pervers ne lui reproche que
ce qu’il fait, ou ce qu’il est précisément lui-même !
Cette responsabilité d’imperfection, c’est l’autre qui doit la porter pour que lui ou elle
puisse se sentir fort. Le besoin de détruire est au cœur même de cette logique perverse,
car l’être manipulateur fera toujours endosser à l’autre, non seulement ses faiblesses,
mais aussi la responsabilité de la violence que cela génère en lui :
« Je ne voulais pas te frapper, mais tu vois bien, c’est toi qui m’y pousse à chaque fois… »
« Tu dis que je ne t’écoute pas, que je ne t’accorde pas d’attention, mais c’est de ta faute,
c’est parce que ce que tu dis n’est pas intéressant ».
« Tu me reproches de ne jamais te dire des mots d’amour, mais c’est de ta faute, car tu ne
fais rien pour ça ! ».
« Si je ne veux pas d’enfant avec toi, c’est de ta faute, c’est parce que tu ne ferais pas une
bonne mère. Tu ne t’occupes déjà pas très bien de moi alors, qu’est-ce que cela donnerait
avec des enfants ! ».
La culpabilisation dans la perversion narcissique est donc du grand art, car introduite au
départ par la séduction et le chantage affectif, elle semble innocente. Elle relève pourtant
d’une technique de manipulation agressive ayant comme finalité l’emprise.
On peut parler d’un jeu pervers, avec au départ une phase d’observation qui consiste pour
le pervers manipulateur à se tenir aux aguets des moindres erreurs, faiblesses ou
fatigues chez sa proie. Le but étant de la faire culpabiliser systématiquement, et le plus
possible, pour que le malaise s’installe chez elle de façon diffuse et de plus en plus
prononcée. Cela fonctionne quand, sans cesse prises en faute, les victimes en viennent à
se questionner, à douter, à croire que sur certains points, l’autre a peut-être raison. En fait,
le pervers narcissique devient omniprésent dans leur esprit et minées par la culpabilité,
elles cèdent ensuite à la dévalorisation.
Pourtant, lorsqu’elles cèdent à ces sirènes, elles ont beaucoup à perdre, car la dépression
va venir s’installer sur le terrain de la culpabilité. Ayant dû enterrer leur amour propre et
abdiquer toute estime d’elles-mêmes, elles se retrouvent au final vidées, anéanties,
privées des ressources intérieures que confère une bonne estime de soi.
SORTIR DE LA CULPABILITÉ
La culpabilité est l’un des sentiments les plus difficiles à vivre et dont tout le monde
éprouve le besoin de se débarrasser sitôt qu’il l’éprouve. L’individu est divisé entre ce qu’il
ressent et le fait de refuser ce ressenti, ce qui explique que la situation devient
rapidement intenable sur le plan psychologique.
LA MISE EN DÉPENDANCE
La mise en dépendance affective par un manipulateur marque le point d’orgue de la
manipulation psychologique. Sans elle, pas de véritable emprise possible. C’est la raison
qui explique que la dépendance affective est nécessaire à la relation pour le pervers
narcissique et qu’il ne prospecte au départ, que des victimes présentant cette sensibilité.
Même si le problème n’est que léger, il saura le flairer pour le réveiller et l’exacerber, de
manière à asseoir son pouvoir.
Le premier miroir dans lequel l’enfant va se voir, est le regard de la mère posé sur lui. Il va
fonctionner comme un miroir. Si ce regard est bienveillant, valorisant, l’enfant va s’y voir
de façon positive et, se sentant aimé, va pouvoir s’aimer lui-même.
Si ce regard est absent, ou ne renvoie pas une image valorisée à l’enfant, l’enfant, et
ensuite l’adulte, va avoir du mal à s’aimer lui-même et aura donc besoin du regard d’un
autre pour le faire. C’est une position de dépendance ; l’enfant est anxieux, il se sent seul
et vide. Il va donc tomber dans une addiction affective à la mère, à fortiori aux parents. Le
manque qu’il cherche à combler le poursuivra jusque dans ses relations amoureuses à
l’âge adulte et se cristallisera en blessure d’abandon.
LA TIMIDITÉ ET LA MALADRESSE
Le manque d’assurance est à coup sûr l’indice qui met les manipulateurs sur la trace
d’une proie, surtout lorsqu’il contraste avec les qualités d’une personne, qui, en
apparence, semble avoir tout, ou du moins beaucoup pour elle. Car cela trahit souvent,
qu’en dépit de toutes ses qualités, cette personne n’a pas reçu tout l’amour dont elle a eu
besoin. Et c’est un signal fort pour un manipulateur pervers qui pense alors pouvoir jouer
les sauveurs en s’emparant de ce manque.
LA GÉNÉROSITÉ
Elle est souvent mal dosée chez les dépendants affectifs, qui confondent leurs besoins
avec ceux de leur partenaire. Une propension à « donner trop » sera vue comme une
faiblesse chez les manipulateurs affectifs qui voient en elle le signe prometteur d’une
emprise facile, car, qui dit donner trop dit attendre beaucoup !
LE BESOIN DE PROTECTION
Ce besoin est particulièrement cher à l’homme manipulateur, car bien des femmes
l’éprouvent toujours aujourd’hui. Il s’alimente souvent d’un sentiment de n’être pas ou peu
capable d’effectuer des actes de la vie courante. Cela peut concerner des choses très
simples (comme ouvrir un bocal), aux défis plus compliqués, comme réussir un examen.
Or, qu’y voit un manipulateur ? L’occasion de monnayer son aide contre une soumission
totale. Comme par exemple, avec une victime qu’il soutient pour passer un concours s’il
calcule qu’en retour, elle sera plus tard sous son contrôle pour pourvoir entièrement à ses
besoin. « Tu n’aurais jamais réussi sans moi », lui dira t’il plus tard…
LA SOLITUDE
Ce malaise s’accompagne souvent de la peur du rejet et de sentiments d’indignité et de
culpabilité. Il concerne beaucoup de personnes fragilisées par la vie, ce qui explique qu’il
attire naturellement les prédateurs affectifs et autres manipulateurs narcissiques. Ils se
feront forts, en effet, d’être omniprésents dans la vie de ces personnes, les comblant, au
début de la relation, de mille choses agréables : sorties, cadeaux, compliments… Au
regard de la situation de ces personnes, ces choses vont naturellement créer de la
dépendance. Éblouies par tant d’attentions aussi inattendues, celles-ci tombent, de fait,
dans le piège de la séduction.
EMPRISE ET DÉPENDANCE
La mise en dépendance des victimes passe donc par l’illusion que leur manque est
comblé. Jamais elles ne se seront senties autant aimées, du moins, le croient-elles. Le
problème va venir de la nature de la relation qui s’est installée avec le pervers, relation
fusionnelle comme celle mère/nourrisson, cause de la dépendance. À ce stade, l’emprise
est installée, et le pervers n’a pas plus qu’à jouer sur cette corde sensible pour obtenir
systématiquement d’elles tout ce qu’il veut. Pourquoi ?
Les manipulateurs utilisent d’ailleurs pour cela divers procédés dont celui de souffler le
chaud et le froid. Cela consiste à alterner « la carotte et le bâton », de manière à prendre
la victime à revers entre des périodes de complicité et d’effusion de tendresse et des
crises de folie et d’agressivité insupportable. Déstabilisée, la victime ne sait plus que
penser et s’enfonce dans la culpabilisation. Le trouble vient du fait qu’il est difficile de
croire à la perversion d’un partenaire, qui sait se montrer par ailleurs si gentil. La
confusion psychologique s’installe et brouille peu à peu la réflexion, ce qui engendre aussi
de la dévalorisation, du déni de soi et la tendance à culpabiliser toujours davantage…
EN SORTIR
Il est difficile pour les victimes de rompre quand la dépendance affective à un
manipulateur est installée. La situation est bloquée et l’on observe un problème d’altérité
de part et d’autre de la relation. Pour le manipulateur dénué d’empathie, la personne de
l’autre n’existe pas. Quant au sujet manipulé, il ne met pas suffisamment de distance
entre lui et son objet d’attachement, paré, dans son inconscient, de toutes les qualités de
ses rêves.
Pour démasquer leur partenaire et se libérer de l’emprise, les victimes doivent affronter
cette fragilité qui les a amenées à ne plus exister que dans le regard de cet homme, ou
de cette femme manipulatrice. Ce travail se fait en thérapie et permet de découvrir que
derrière le rôle de victime, chacun porte une responsabilité inconsciente dans ce qui lui
arrive. Le savoir permet d’en finir avec la manipulation mentale, source de ce type de
relation hautement toxique.
LE MENSONGE
Le pervers narcissique est un menteur pathologique. Le mensonge fait partie de son
attirail de manipulateur pour piéger sentimentalement ses victimes et les attirer dans une
relation d’emprise. Il lui sera facile, ensuite, d’amplifier la violence psychologique en
installant le doute dans chaque instant de la relation et en brouillant les pistes dans leur
conscience.
Les pervers narcissiques mentent tout aussi habilement au niveau de leurs valeurs,
s’attachant à se montrer très persuasifs dans ce domaine. Ils jurent (mais exigent
surtout) : fidélité, loyauté, amour éternel… Ils gagent ainsi la confiance de leurs victimes
et de leur entourage qui les mettent sur un piédestal. Pourtant, tout cela n’est que
stratégie : ils ne partagent nullement les valeurs des autres, et il est juste de se
demander si leur manière de les « surjouer » n’est pas pour eux, la meilleure façon de
s’en moquer. Il faut rappeler, en effet, qu’ils excellent dans l’infidélité, la tricherie et les
doubles vies.
Il va donc garder sa victime prisonnière d’une relation qui n’est qu’une vaste supercherie
et où au fond, celle-ci sera seule. Pour cela, il se repose sur la dépendance affective qu’il
aura attisée grâce au mensonge et qu’il ne va cesser de faire prospérer, encore grâce à
lui.
Comme nous l’avons vu, il sait subtilement faire interférer la vérité avec ses tromperies,
ce qui trouble, en permanence, la conscience de ses victimes. Elles ne sont jamais sûres
au fond d’elles-mêmes d’avoir complètement raison, ni entendu ce qu’elles ont entendu.
Inconfort d’autant plus dur à vivre, qu’il s’ingénie de manière à systématiquement les faire
culpabiliser : mentant en leur en attribuant la faute… Son stratagème mensonger préféré
est pour cela le renversement des rôles qui lui permet de s’attribuer le rôle de la victime.
L’occasion pour lui d’inventer des florilèges de mensonges destinés à justifier son
comportement violent, immature et immoral. Il adopte pour cela un discours
moralisateur qui se sert de la culpabilité, en employant abondamment le « tu » : « C’est
de ta faute», « tu fais toujours ça », « tu m’y as forcé »… » On parle d’identification
projective en psychologie dans ce cas, ou du mécanisme qui cherche à faire endosser à
l’autre, les tares que l’on porte en soi et qui s’avèrent psychologiquement impossibles à
supporter.
Parmi les autres stratagèmes mensongers du pervers narcissique, se trouvent aussi les
promesses nombreuses, et non tenues, sa tendance à prêcher le faux pour savoir le vrai
et son aveuglement lorsqu’il s’agit de se remettre en question. Le plus épuisant reste
certainement d’argumenter avec lui : il a réponse à tout et adore se battre. L’exercice se
révèle épuisant et surtout stérile ; jamais ce menteur pathologique ne reconnaîtra le
moindre tords. Les victimes qui argumentent avec un tel personnage le font d’ailleurs,
moins pour lui faire entendre raison, que parce qu’elles ont besoin, en réalité, de réaliser
l’étendue du problème. En appeler à sa responsabilité est vain, il a toujours raison et
réponse à tout, et en dépit de toute logique. Essayer d’aller au fond des problèmes avec
lui ne va servir en définitive qu’à une chose : découvrir le vaste puits de néant et le
manque d’empathie qu’il tente de cacher.
MENSONGE ET DESTRUCTION
Là où un simple menteur pathologique ment pour attirer l’attention, le pervers
manipulateur ment lui, profondément pour tromper et détruire. Il ne se contente pas de
déstabiliser ses victimes et de brouiller leur discernement, il cherche aussi à leur faire
assimiler ses croyances mensongères. Croyances qu’il articule avec leur dépendance
affective pour s’attaquer à leur estime de soi.
Les pervers narcissiques sont d’habiles menteurs, qui possèdent une palette de
personnages étendue et se glissent facilement dans la peau de tous ces personnages.
Ils croient eux-mêmes en leurs propres mensonges, ce qui est leur plus grande force. Il
est difficile pour les victimes de détecter le mensonge, prisonnières qu’elles sont d’une
illusion de relation, bâtie sur leur propre innocence. Plus que les outrances de leur
partenaire, c’est le mépris de leur propre honnêteté et l’abrogation de toute logique chez
lui qui s’avère au final ce qu’il y a de plus destructeur.
LE DÉNIGREMENT
Le dénigrement d’un pervers narcissique consiste à détruire l’image de l’autre. Il projette
dans son ou sa partenaire tout ce qu’il ne supporte pas en lui-même pour arriver à se
grandir. Il s’agit d’un comportement destructeur dans un couple car l’autre assimile peu à
peu cette image toxique de lui-même. Il s’agit aussi d’une technique de manipulation
notoire.
LE DÉNIGREMENT EN PSYCHANALYSE
La psychanalyse nous enseigne que le dénigrement adulte est un héritage du
dénigrement de l’enfant par ses parents. Il est possible que ce dernier ne soit pas
accueilli positivement dans le monde réel et qu’il fasse l’objet de critiques négatives par
ses parents. Cela crée une faille narcissique au cœur de l’enfant. Autrement dit, il a un
manque d’amour de lui-même. Et cette faille narcissique est la même que celle de ses
parents, eux aussi mal-aimés dans leur enfance. Le dénigrement se transmet d’une
génération à une autre et d’une victime à une autre. L’enfant victime de dénigrement peut
développer un fonctionnement pervers narcissique à l’âge adulte et faire subir à sa propre
victime ce qu’il a lui-même vécu étant petit.
LA CRITIQUE
La critique systématique ne laisse jamais une victime indemne. Elle est d’autant plus
dangereuse qu’au départ, elle s’est crue aimée pour elle-même par son manipulateur
d’amant. Notons que la critique des pervers narcissiques ne s’exerce pas toujours de
manière directe, mais sera souvent subtilement dosée en fonction des besoins affectifs
ressentis chez le partenaire manipulé. C’est le compliment attendu, qui sera tout de suite
contredit par un sous-entendu laconique et perfide. Ce type de manipulation vexatoire,
plus sûrement encore que le dénigrement direct sait se faire discret pour mieux se
répéter, et saper doucement mais inexorablement toute confiance en soi chez les
victimes.
Les humiliations publiques permettent d’ailleurs aux pervers narcissiques de vérifier que
ce conditionnement psychologique est bien installé chez leurs victimes. Il leur suffit pour
cela de les traiter de façon humiliante devant témoins et de vérifier qu’elles ne répliquent
pas. C’est l’homme pervers narcissique, par exemple, qui affuble sa femme d’un
sobriquet ridicule, avec l’assentiment et sous les sarcasmes de ses amis.
Or, une fois cela fait, l’emprise amoureuse s’installe et le manipulateur pervers peut
entamer son jeu de massacre. Après un certain temps, la victime va constater qu’il
déteste en elle tout ce qu’il disait aimer au départ. Le dénigrement apparait d’abord de
façon mesurée, sous couvert d’humour ou de second degré, pour devenir de plus en plus
appuyé.
Et il va s’en prendre bien plus qu’à ses qualités : c’est à sa personnalité toute entière et à
ce qu’elle a de plus profond et de plus cher auquel il veut s’attaquer. L’objectif est la
destruction complète de sa cible. Par exemple, sa générosité sera travestie en défaut
ridicule à ses yeux : « Tu es trop gentille, tu te fais avoir tout le temps, tu es une idiote ! ».
« Si tu pouvais arrêter avec tous tes bisous et câlins, tu me maternes comme un enfant, ça
m’énerve ! ».
Sortir de cette impasse nécessite de l’aide et peut prendre des années. Le soutien d’un
psychologue spécialiste de la perversion narcissique est un bon appui. Les proches qui
ont été circonvenus par le pervers n’étant pas souvent, du moins au départ, forcément
capables de comprendre ce que les victimes endurent.
LE RENVERSEMENT
L’identification projective du pervers narcissique, c’est ce petit jeu qu’il joue pour inverser
les rôles, soit s’attribuer le rôle de la victime en renversant les tords sur son partenaire,
qu’il accuse d’être son bourreau. Pour effrayant qu’il soit, ce mode de fonctionnement est
identifié en psychologie comme un mode de défense psychique émanant d’une
personnalité pathologique.
Pourquoi faire cela ? Parce que contenir sa souffrance en soi est insupportable, alors je
m’en échappe en la jetant au visage d’autrui. Comme l’explique la psychanalyste Chantal
Wagner : « Organisé sous un mode narcissique déficitaire, le Moi pervers lutte contre une
menace d’effondrement via les procédés du déni et de l’expulsion projective de ses
rejetons psychiques les plus toxiques. »
Ce qui se cache derrière tout cela, c’est qu’il est impossible au manipulateur narcissique
de voir en lui la moindre faiblesse qui porterait atteinte à son narcissisme : cela lui fait
vivre un enfer. Dès lors, la relation fusionnelle où il va pouvoir exporter chez l’autre toutes
ses pulsions indésirables lui est indispensable. S’il souhaite ne « faire qu’un » avec sa
victime, c’est pour une bonne raison : il sera la meilleure partie du tout, et l’autre sera la
mauvaise, la fautive.
L’identification projective fait partie de ce que l’on nomme les mécanismes de défense du
pervers. Elle puise sa source dans son manque d’altérité et dans un certain sentiment de
persécution. C’est un mécanisme psychique courant que l’on retrouve dans certains types
d’organisations marqués par la paranoïa : les sectes ou les familles toxiques, où l’on crée
un « enfant symptôme » que l’on charge de devenir fou à la place des autres.
Elle sera pour lui le prolongement de sa propre image et servira à donner vie à celle-ci. Or,
il a besoin pour cela de victimes qu’il envie pour leur vitalité « saine », celles avec qui
inverser les rôles lui promet un gain de narcissisme intéressant. Tout se passe comme
si, à travers le reflet faussé de l’identification projective, écraser son partenaire prend
valeur pour lui d’un rachat de virginité.
Cette manipulation est d’autant plus dangereuse qu’elle n’est pas massive au départ,
mais prend forme par petites touches dans la relation pour devenir progressivement une
habitude.
Ce qui s’opère, c’est le transfert du mode de pensée du pervers à sa victime. Il tente de lui
faire perdre pied progressivement en faussant ses repères par des renversements de
valeurs continuels.
Les victimes qui succombent sont peu à peu privées de leurs facultés psychiques :
discernement, capacités de réaction, sens critique…. Tout ce qui faisait la force de leur
personnalité s’émousse. Petit à petit, elles s’effacent au profit du pervers pour échapper
aux conflits intérieurs qu’il fait naître en elles. Difficile, en effet, d’accepter décemment le
système de valeurs qu’il leur propose, sans déroger à leurs propres valeurs. La confusion
qui en résulte aboutit à une véritable violence psychologique qui peut mener à des
comportements pathologiques et à de gros troubles psychiques comme la dépression
ou le suicide.
L’ISOLEMENT
La séquestration psychologique ou l’isolement de la victime, est une étape essentielle
dans un processus de mise sous emprise. Elle revêt un caractère stratégique et reste
l’indice qu’un pallier de plus se franchit dans la manipulation. Car c’est en la coupant de
toutes ses bases, qu’un manipulateur narcissique s’arroge les pleins pouvoirs dans la vie
de sa victime.
À son instar, l’adulte pervers narcissique se croira tout permis avec sa victime et lui
dictera sa loi. Ici, l’enfant et l’adulte fantasment une réalité où les objets leur appartiennent
et où tous les droits sur eux leur sont permis. La victime est donc un objet qui n’aura pas
dépassé le concept de jouet chez le pervers narcissique, qui ne la reconnaît pas comme
personne.
elle le rassure que personne ne lui ravira la proie avant la phase finale de destruction,
un peu à l’image des grands fauves dans la jungle qui se cachent pour festoyer ;
pour jouir de l’impunité et du secret d’une vie conjugale pour perpétrer ses
agissements : insultes, sévices psychologiques, maltraitances…
et pour que personne ne découvre sa nature violente et ne jette à bat le masque qu’il
porte en société.
Lorsqu’il isole physiquement sa victime, ce n’est donc pas sans exercer parallèlement sur
elle un redoublement de violences psychologiques afin d’accentuer sa domination au
sein du couple. La séquestration psychologique s’article pour cela aux autres techniques
de manipulation que nous avons déjà exposées sur ce site : dénigrement, identification
projective et verrouillage psychologique. La perte d’estime de soi, de valeurs personnelles
et de discernement qui résultant de ce harcèlement et des violences répétées vont
pétrifier la victime, la priver de toute réaction salutaire, de manière à ce que le piège se
referme sur elle incognito.
Les amis ou proches collègues par contre, poseront des problèmes au manipulateur.
Plus difficiles à cerner que la famille, et peut-être plus perspicaces dans bien des cas, ils
sont souvent dans son viseur. Mais il sait très bien jouer sur l’intimidation et manipuler sa
victime pour les éloigner, notamment par le chantage affectif et en s’érigeant en sacro-
sainte victime :
« Je ne veux plus aller dîner chez tes amis. Tu as vu comment ils me traitent ? Ils n’arrêtent
pas de me juger alors qu’ils ne me connaissent pas. J’ai bien vu qu’ils ne m’aimaient alors
que je ne leur ai rien fait ! »
Si cela n’est pas suffisant, il exerce d’autres pression psychologiques, telles que menacer
« c’est eux ou moi », ou orchestrer des complots et des brouilles, à coups de
mensonges éhontés qui exploiteront finement les faiblesses et les susceptibilités de
chacun.
Au final, la victime se retrouve seule, Elle vit dans la réclusion au domicile conjugal, où elle
s’isole elle-même. Privée des autres, elle s’enferme dans un silence coupable. Toutefois,
cette mise-à-pied lui permet d’éviter les jugements désapprobateurs de ses proches sur
sa difficulté à gérer cette relation infernale. Elle met aussi un mouchoir sur un dilemme
impossible : lui ou eux.
LE VÉRROUILLAGE
Verrouiller… L’entreprise du pervers narcissique n’est-elle pas, là, résumée ?Enfermer sa
victime à double tour et avaler la clef. L’emprisonner, verrouiller la serrure.
« Tu crois ta meilleure amie quand elle te dit que tu devrais me quitter, car je suis un
manipulateur, mais je te signale que tu es libre de partir, vas-y, quitte-moi si tu veux ! Si tu la
crois vraiment, qu’est-ce que tu fais encore là avec moi ? ».
Le premier est d’user d’un langage volontairement flou, invérifiable, qui sème le doute
et trouble immanquablement la conscience des victimes. Il sait aussi avoir recours à
toutes sortes de stratégies, comme changer de sujet, répondre à côté de la question
ou se mettre soudain à parler au téléphone avec une autre personne. En grand menteur
pathologique, il jongle aussi avec les mensonges, prétendant avoir dit noir, alors qu’il a
dit blanc, pour finir par prétendre qu’il n’a rien dit du tout.
Il déforme ensuite systématiquement les propos de ses victimes, leur prêtant toujours
les pires intentions.
Il aime par-dessus tout brouiller les pistes, de façon à ce que l’autre ne comprenne
même pas son discours. Il n’hésitera pas pour cela à faire étalage de termes savants
(même s’il les invente), où il noiera son auditoire, de manière à faire naître un certain
sentiment d’infériorité qui coupera court à toute réplique.
L’un de ses stratagèmes les plus redoutables est de se poser en victime, avec le
renversement des rôles et le travestissement de la vérité. Les victimes s’engluent en
général dans la culpabilité et perdent leurs convictions et leur discernement.
Il faut savoir que la communication d’un pervers narcissique avec sa victime s’alimente
de cette osmose qu’il a créée avec elle eu départ, et qui, inconsciemment, lui a permis
d’identifier ses failles narcissiques. Il bâtit ensuite sa communication avec elle sur cela,
en créant une forme de langage qui appuiera là où cela fait mal. Cette communication est
souvent comprise par les seules victimes, car elle n’est pas constituée de mots clairs,
mais d’inductions, de silences et de lourds sous-entendus qu’elles subissent au niveau
émotionnel.
Verrouillage, double bind, messages non-verbaux : en réalité, rien n’est jamais clair dans la
communication d’un pervers narcissique. Les victimes ont au final tout intérêt à rester
silencieuses pour ne pas lui révéler d’arguments qu’il utilisera à leur détriment.
Communiquer ne sert chez lui qu’à manipuler.
LA DÉVALORISATION
La dévalorisation dans le couple est un signal d’alarme, à la fois pour la personne en
proie à l’infériorisation et à la fois pour la relation. Dans le cas du rapport entre le pervers
narcissique et la personne-objet de son emprise, l’autodépréciation de la victime de
manipulation va de pair avec le dénigrement qu’elle subit la part de son bourreau. Déceler
les mécanismes qui poussent à se dévaloriser, c’est un premier pas vers
l’affranchissement salutaire. Étudions ce phénomène du rabaissement de soi pour mieux
le comprendre.
Finalement, la différence entre les deux profils défaillants narcissiques pris dans un cercle
vicieux réside dans l’action de nuire soit à autrui (pour le PN), soit à soi-même (pour la
victime).
L’APPEL À LA RÉASSURANCE
Derrière la complainte et les phrases assassines que l’hyponarcissique s’inflige, il y a
surtout une demande de réconfort. Le plus souvent, il faut voir au-delà du postulat “Je ne
suis pas assez bien”, un désir profond d’être contredit. La victime du pervers narcissique
espère créer chez son bourreau un instinct parental protecteur qui viendrait apaiser
cette “crise”, sous-tendant un état dépressif. Seulement, ce réflexe altruiste n’existe pas
chez le manipulateur affectif totalement dépourvu d’empathie. Il y verra, au contraire,
l’occasion rêvée de rabaisser une fois de plus sa proie dans un moment de fragilité
émotionnelle. Ainsi, se dévaloriser face à son tortionnaire psychologique, c’est se
mettre encore plus en danger.
C’est aussi, chez les victimes de PN, une façon de s’approprier leur dénigrement. Elles le
font elles-mêmes, pour ne pas avoir à l’endurer de la part de leur bourreau. Cette étape,
dans un processus qui s’apparente à une escalade vers l’autodisparition du moi (ou le
narcissisme négatif, selon le psychiatre et psychanalyste français André Green), semble
évidemment inquiétante. Pourtant, elle peut révéler en réalité un signe défensif positif
indiquant une volonté de se révolter contre la tyrannie subie.
Il s’agit de réapprendre à être honnête et cohérent avec soi-même et avec les autres.
Pour cela, il faut :
exprimer ses idées et ses envies de façon intelligible, sans crainte de leur interprétation
;
bannir les non-dits, surtout s’ils relèvent de la peur du conflit ;
reconnaitre les autres pour ce qu’ils sont (leur valeur, leurs opinions) et non pour ce que
l’on projette sur eux ;
respecter la place de chacun dans la relation, sans en faire un enjeu de pouvoir ou de
domination.
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