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MINISTÈRE DE LA FONCTION PUBL.

IQUE RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE


-------------------- Union-Discipline-Travail
ÉCOLE NATIONALE D’ADMINISTRATION
-------------------

EXERCICES CORRIGÉS AUX CONCOURS D’ENTRÉE AU CYCLE


SUPÉRIEUR ET MOYEN SUPERIEUR DE L’ENA EN 2024
………………………
UNITÉ PÉDAGOGIQUE DE :
VIE CONSTITUTIONNELLE ET ADMINISTRATIVE
(VICA)

FORMATEURS :
Dr NOUAKO NOULA LAMA
M. ASSI N’CHO BAPTISTE
Dr KASSI N’GUESSAN MICHEL
Me EFFOSSOU EFFEBI
M. DEHOULE BEHIBRO PHILIPPE

EXERCICES CORRIGÉS

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SUJETS CORRIGES EN DROIT CONSTITUTIONNEL
SUJET I : DISTINCTION CONFEDERATION ET FEDERATION D’ETATS
Le pouvoir politique, objet du droit constitutionnel, s’exerce dans le cadre
de l’Etat. Juridiquement, l’Etat se définit comme une personne morale de droit
public titulaire de souveraineté. Pour que l’Etat puisse exister, trois conditions
doivent satisfaites à savoir l’existence d’une population, d’un territoire, et d’un
Gouvernement. Il existe deux types d’Etats, à savoir : les Etats unitaires qui, du
reste, sont les plus nombreux, et les Etats composés constitués de la fédération
d’Etats et de la confédération d’Etats. L’intérêt de ce sujet réside dans la proximité
entre ces deux formes d’Etats. Cette proximité ne fera pas perdre de vue la
distinction qu’on pourrait établir entre les deux. D’où la question de savoir sur
quels critères peut-on se fonder pour distinguer la confédération de la fédération
d’Etats ?
Ces deux formes d’Etats peuvent être distinguées tant au niveau de leur
organisation qu’au niveau de leur fonctionnement.
I Distinction du point de vue de leur organisation
Relativement à leur organisation, la confédération d’Etat est un composé
d’Etats, tandis que la fédération d’Etats est un Etat composé.
A- La confédération d’Etats, un composé d’Etats

L’Etat composé de structure simple est incarné par la confédération d’Etats.


Celle-ci est constituée d’Etats décidant de mettre en commun certaines
compétences. Pour les compétences qui ne sont pas concernées, les Etats restent
indépendants, c’est-à-dire qu’ils peuvent intervenir souverainement dans ces
domaines.

L’acte fondateur de la confédération est un traité, un acte de droit


international. Cette forme d’organisation ne fonctionne pas généralement de façon
durable, soit la confédération se désintègre faute d’accord entre ses membres, soit
elle évolue vers une autre forme d’Etat, le plus souvent vers la forme fédérale.

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B- La fédération d’Etats, un Etat composé

La fédération est une association d’Etats qui ont décidé volontairement de


créer des organes communs auxquels ils délèguent une plus ou moins grande
partie de leurs compétences. Dans la fédération, les Etats parties décident de
l’abandon (ou de la mise en commun quant à leur exercice) d’une partie de leurs
compétences. La fédération naît à partir d’une constitution et c’est elle (la
constitution) qui fixe la répartition des compétences entre les Etats fédérés et
l’Etat fédéral. On rencontre deux sortes de fédérations : la fédération par
association et la fédération par dissociation.
La fédération par association est un groupement entre Etats auparavant
distincts qui recherchent une plus grande efficacité par une maîtrise commune de
leur destin (USA, Canada).
Quant à la fédération par dissociation, elle fait suite à la désintégration d’un
Etat unitaire avec la création de nouvelles entités appelées Etats fédérés.
Le second critère de distinction est relatif à leur fonctionnement.
II Distinction du point de vue leur fonctionnement
A ce niveau, on observe que les principes gouvernant les deux formes
d’Etats sont différents.
A- Les principes gouvernant la confédération
La confédération repose sur deux principes qui sont : le principe d’égalité
et le principe du retrait.
En effet, pour le bon fonctionnement de la confédération, les Etats
confédéraux créent des organes qui exercent leur compétence dans les domaines
bien limités. En règle générale, ces domaines sont celui de la monnaie et de la
défense. Au sein de ces organes, les Etats confédérés sont représentés sur une base
égalitaire, et les décisions sont prises à l’unanimité. C’est la manifestation du
principe d’égalité.

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L’une des particularités de la confédération est sa flexibilité. En effet, les
Etats ont la possibilité de se retirer à tout moment de la confédération. C’est le
principe du libre retrait.
Les deux principes ci-dessus présentés ne se rencontrent pas dans la
fédération.
B- Les principes gouvernant la fédération
La fédération repose sur trois principes : le principe d’autonomie, le
principe de participation et le principe de superposition
Le principe d’autonomie signifie que chaque Etat fédéré a des
compétences propres qui sont distinctes des compétences de l’Etat fédéral. Au
regard de cette répartition, l’Etat fédéral a une compétence d’attribution tandis
que les Etats fédérés disposent d’une compétence dite de droit commun.
Le principe de participation veut que les Etats fédérés participent à la vie
politique et juridique de l’Etat fédéral. C’est la raison pour laquelle la Parlement
est organisé selon le principe du bicaméralisme.
Le principe de superposition veut que l’Etat fédéral dispose seul de la
souveraineté plénière. Il est seul sur la scène internationale au point de faire
figure d’Etat unitaire.

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SUJET II : LE PEUPLE DANS L’ELABORATION DE LA CONSTITUTION

Tout Etat dispose d’un corps de règles, écrites ou non, destinées à fixer les
modalités d’acquisition et d’exercice du pouvoir politique : c’est la Constitution.
Elle est fondatrice de l’Etat dont elle consacre la naissance. Mais, elle peut
également être un acte fondateur d’un nouveau régime au sein d’un Etat existant.
L’élaboration ou l’établissement de la constitution concerne les Etats qui n’ont
pas ou n’ont plus de constitution. Elle est l’œuvre du pouvoir constituant
originaire. Ce pouvoir peut être confié au peuple, c’est-à-dire à l’ensemble des
citoyens. L’intérêt de ce sujet est d’apprécier la légitimité des différents modes
d’élaboration de la constitution. La question que pose ce sujet est la suivante : le
peuple participe-t-il toujours à l’élaboration de la constitution ?
Il existe plusieurs procédés d’établissement de la constitution. Certains
exclus la participation du peuple, tandis que les autres y sont favorables.

I Les procédés excluant le peuple de l’élaboration de la constitution

Les procédés excluant le peuple de l’élaboration de la constitution sont


qualifiés de non-démocratiques ou d’autoritaires. Ce sont l’octroi et le pacte
constitutionnel.
A L’octroi

L’octroi est l’illustration la plus achevée des procédés autoritaires. Dans ce


procédé, l’élaboration de la constitution relève d’une seule volonté, d’un acte
unilatéral du ou des titulaires du pouvoir. Un homme ou un groupe d’individus
élabore la constitution et la donne au peuple. L’octroi se distingue du pacte
constitutionnel.

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B Le pacte constitutionnel

Dans le pacte constitutionnel, la constitution est, comme dans le cas


précédent, l’œuvre d’un seul homme ; mais ici le peuple est invité à l’approuver
à la fin. De ce fait le peuple légitime, la constitution mais en réalité, il ne joue
qu’un rôle passif puisqu’il n’est consulté qu’après que la constitution ait été
élaborée par le détenteur du pouvoir politique. Malgré tout, il existe tout de même
des procédés qui incluent le peuple dans l’élaboration de la constitution.
II Les procédés incluant le peuple dans l’élaboration de la constitution
Les procédés incluant le peuple sont qualifiés de démocratiques. Tantôt le
peuple intervient au début de l’élaboration de la constitution, tantôt il intervient
au début et à la fin du processus.
A Le procédé incluant le peuple au début de l’élaboration de la constitution
Le procédé dont il s’agit est celui de l’Assemblée Constituante souveraine
Il consiste à confier le soin d’élaborer la constitution à une assemblée dite
constituante spécialement désignée à cet effet. Cette assemblée est ad’ hoc, c’est-
à-dire non permanente. C’est le peuple souverain qui lui donne mandat pour agir
à son nom. Cette assemblée est souveraine car elle élabore et vote la constitution.
Une fois la constitution votée, cette assemblée disparaît.
Le second procédé démocratique lui, inclut le peuple au début et à la fin de
l’élaboration de la constitution.
B Le procédé incluant le peuple au début et à la fin de l’élaboration
Le procédé incluant le peuple au début et à la fin de l’élaboration de la
constitution est la technique de l’Assemblée Constituante non souveraine ou du
référendum constituant. Il apparaît comme le mode le plus démocratique
d’établissement des constitutions car il associe le peuple du début à la fin du
processus. Dans ce procédé, la constitution est rédigée par une assemblée
constituante mais non souveraine. C’est le peuple qui va valider la constitution

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par la voie du référendum. La constitution ainsi établie devient la loi
fondamentale, la loi suprême de l’Etat.

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SUJETS CORRIGES EN DROIT ADMINISTRATIF
SUJET I : QUELLE EST LA PLACE DU DROIT ECRIT EN
DROIT ADMINISTRATIF ?

C’est un truisme de dire que le droit administratif est un droit jurisprudentiel.


C’est même l’un de ses caractères qui est généralement mis en avant et qui a contribué
au rayonnement du Conseil d’Etat et du Tribunal des Conflits, tant en France qu’à
l’étranger. La doctrine dans son ensemble, a pendant longtemps célébré cette
caractéristique du droit administratif. Le caractère jurisprudentiel du droit administratif
tient, selon Georges BURDEAU, à une idée de structure et non au fait de concevoir la
matière comme un droit entièrement jurisprudentiel. La principale source de ce droit est
constituée par la jurisprudence. Le droit écrit, c’est-à-dire les textes, n’ayant qu’un
caractère secondaire.
Dès lors, pourquoi s’interroger sur une place du droit écrit en droit administratif ?
Une telle question a-t-elle un intérêt ? La réponse n’est-elle pas déjà connue ?
Certes, il ne fait pas de doute que le droit écrit a eu peu de place en droit
administratif. Mais, une analyse peu poussée montre qu’il faut nuancer les choses.
Ainsi, si dans le passé, le droit écrit a occupé peu de place en droit administratif,
aujourd’hui, force est de reconnaître que cette place est de plus en plus prépondérante.

I-. Une place à l’origine secondaire


Le droit écrit avait une place secondaire en droit administratif parce qu’il
n’existait presque pas. Pour combler ce vide, le rôle créateur du juge administratif a été
déterminant.
A- La quasi inexistence du droit écrit
La principale raison qui, en son temps, a fait que l’écrit occupait une place
négligeable en droit administratif était la suivante. En effet, à l’origine, les textes étaient
rares et lorsqu’ils existaient, ne réglaient que des cas particuliers. Par conséquent, une
grande masse de cas litigieux qui impliquaient l’administration était hors du champ
d’application des textes. Cette situation a eu pour conséquence l’intervention du juge
administratif pour remédier à l’absence de texte.

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B- Le rôle créateur du juge administratif
Dans une telle hypothèse, il est revenu au juge administratif de poser les règles
de cette discipline. Le droit administratif doit à la jurisprudence d’avoir existé dès le
19ème siècle en tant que discipline structurée et spécifique. L’acte administratif, le contrat
administratif, le domaine public, la responsabilité administrative …, ces notions et
régimes juridiques ont été forgés par le juge administratif.
II- Une place aujourd’hui prépondérante
Aujourd’hui, c’est la situation inverse qui se présente. On assiste à une importante
croissante du droit écrit alors que les incertitudes de la jurisprudence se font constater.
A- L’importante croissante du droit écrit
Si hier le droit écrit était quasi inexistant, aujourd’hui, on note plutôt une
prolifération des textes voire, une inflation du droit écrit. En outre, il y a des matières
qui ont été très peu pénétrées par la jurisprudence : l’urbanisme,
l’environnement…Enfin, le droit administratif est fortement influencé par le droit
international et, notamment, par le droit communautaire comme on l’observe en France.
B- Les incertitudes de la jurisprudence
Le droit administratif est de moins en moins jurisprudentiel. Il est passé l’époque
des grands arrêts : aujourd’hui, la jurisprudence se fait de plus en plus discrète. Par
ailleurs, elle présente des défauts : ce n’est pas un droit accessible surtout pour le profane
et il a un caractère rétroactif. On terminera en faisant remarquer que contrairement au
droit administratif français, le droit administratif ivoirien n’a pas un caractère
jurisprudentiel prononcé. Le volume de la jurisprudence n’est pas aussi important.

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SUJET II LA PRESENCE D’UNE PERSONNE PUBLIQUE AU
CONTRAT SUFFIT-ELLE POUR QUALIFIER LE
CONTRAT D’ADMINISTRATIF ?

La principale mission assignée à l’administration est celle de rendre service aux


administrés, c’est la mission de service public. Le service public est par définition, une
activité d’intérêt général exercée par l’administration ou par une personne publique sous
le contrôle de l’administration. Lorsque le service public est géré par une personne
privée, cela suppose que cette dernière a passé avec l’administration un contrat. En
général, ces contrats sont qualifiés d’administratifs. L’intérêt de ce sujet est de montrer
que les contrats passés par l’administration ne sont pas forcément des contrats
administratifs. La question qui se pose est de savoir si le fait que l’administration soit
partie à un contrat suffit pour qualifier ce contrat d’administratif.

Pour le juge administratif, la présence de l’administration au contrat est une


condition nécessaire, mais cette condition reste insuffisante.

I La présence d’une personne publique, une condition nécessaire

La présence d’une personne publique est exigée dans le contrat administratif. Il


existe, tout de même, une exception à ce principe.

A Le principe de l’exigence d’une personne publique

Il est de principe qu’un contrat ne peut être administratif que si l’un au moins des
contractants est une personne publique.

Il résulte de ce qui précède que les contrats conclus entre deux personnes
publiques sont en principe des contrats administratifs, sauf si par leur objet, ils ne font
naître entre les parties que des rapports de droit privé.

Que les contrats entre deux personnes privées sont des contrats privés. Ils ne
peuvent pas être des contrats administratifs mêmes s’ils renferment des clauses
exorbitantes de droit ou s’ils ont pour objet l’exécution d’un service public.

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Cette règle est assortie d’exception.

B L’exception au principe

La dérogation à ce principe vient de ce que un contrat passé par deux personnes


privées peut être administratif si l’une des personnes privées contractantes est le
mandataire ou le représentant d’une personne publique.

Cette solution réservée à la construction de routes et d’autoroutes a été étendue


aux marchés de travaux de construction de tunnels routiers et à la réalisation de travaux
d’équipement ou d’assainissement.

II La présence d’une personne publique, une condition insuffisante

La présence d’une personne publique est une condition insuffisante. Il faudrait


adjoindre des conditions relatives au contenu du contrat. Il s’agit de critères alternatifs.
Soit le juge retient l’objet du contrat, soit il retient la présence de clauses exorbitantes
de droit commun, soit il retient le régime exorbitant.

A La prise en compte de l’objet du contrat

Suivant le critère relatif à l’objet, un contrat passé par une personne publique est
reconnu administratif dès lors qu’il a pour objet de confier au cocontractant l’exécution
même du service public. Si l’objet du contrat ne porte pas sur l’exécution du service
public, en ce moment, le juge recherche la présence d’une clause exorbitante.

B La présence d’une clause exorbitante

A défaut de porter sur l’exécution du service public, le contrat peut être considéré
comme administratif dès lors qu’il renferme des clauses exorbitantes de droit commun.
Il s’agit de stipulations contractuelles qui ne se rencontrent pas en droit privé. Elles
s’analysent, généralement, en de prérogatives de puissance publique reconnues à
l’administration.

A défaut de clause exorbitante, le juge a recours au régime exorbitant de droit


commun.

C L’existence d’un régime exorbitant de droit commun

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Le régime exorbitant de droit commun s’entend du cadre juridique fixé par les
lois et règlements et comportant pour les parties au contrat des droits et des obligations
qui sont étrangers aux relations entre particuliers.

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