La fertilisation azotée

du maïs
#CultivonsLavenir

A la veille d’une évolution probable de la

réglementation, l’ammonitrate une solution
d’avenir !
Un vent de changement pourrait bientôt souffler sur les pratiques de fertilisation azotée.
En France, le Plan national de Réduction des Emissions de Polluants Atmosphériques (PREPA),
publié en 2017, s’est concrétisé par l’élaboration d’un guide des bonnes pratiques agricoles pour
l’amélioration de la qualité de l’air et son volet sur le choix et l’utilisation des engrais azotés.
Présage t’-il de l’arrivée d’une nouvelle réglementation, alors que l’Allemagne a déjà
rendu obligatoire l’enfouissement de l’urée ou le recours aux inhibiteurs d’uréase ?
A l’aube de cette réforme probable, comment adapter les pratiques pour continuer à couvrir
les besoins du maïs et garantir le rendement?
C’est l’occasion de s’interroger sur les itinéraires techniques et les avantages technico-
économiques de certaines pratiques : avez-vous pensé à l’ammonitrate ?

Knowledge grows - Le savoir se cultive

Sommaire

1. Les engrais azotés en ligne de mire

du PREPA, plan de lutte contre les
polluants atmosphériques.

2. Volatilisation ammoniacale :
toutes les formes d’azote ne sont
pas équivalentes.

3. Quelles conséquences pour la

culture du maïs ?

4. L’ammonitrate : la solution
technique et économique

4.1- Quel équipement utiliser pour

épandre l’ammonitrate ?

4.2- Plus cher à l’unité mais plus

avantageux économiquement.

5. Impact environnemental :
avantages de l’ammonitrate

6. En résumé

En résumé
 1. Les engrais azotés en ligne de mire du PREPA, plan de
lutte contre les polluants atmosphériques.

L’épandage d’azote uréique, est source de pertes d’azote dans l’atmosphère par volatilisation
ammoniacale. Un plan a été adopté pour limiter ce phénomène. L’utilisation de l’urée,
notamment, pourrait être davantage encadrée.

L’ammoniac (NH3) est un gaz réactif et irritant, Enfouissement ou inhibiteurs d’uréase

néfaste pour les écosystèmes et la santé humaine. obligatoires en Allemagne.
Le secteur agricole est le principal responsable des
émissions d’ammoniac provenant principalement Bien que n’ayant pas encore de contraintes
des effluents d’élevage. réglementaires, ce plan préconise un certain
nombre de mesures applicables aux engrais
Toutefois, les épandages d’engrais azotés
minéraux dans le cadre de la réduction des
minéraux ont aussi leur part de responsabilité.
émissions d’ammoniac.
En effet, l’urée et la solution azotée (50 % d’urée)
Un guide des bonnes pratiques agricoles pour
sont particulièrement sujettes à la volatilisation,
l’amélioration de la qualité de l’air est disponible
responsable de l’émission d’importantes quantités
sur le site de l’Ademe. Parmi celles-ci, figurent
de NH3 dans l’atmosphère.
l’enfouissement de l’urée et de la solution azotée
ou l’addition à l’urée d’un inhibiteur d’uréase,
Soucieuse d’agir pour la qualité de l’air, l’Union
deux mesures efficaces, qui sont d’application
européenne a fixé en 2001 des plafonds
obligatoire en Allemagne depuis janvier 2020.
d’émissions par pays pour les principaux
polluants. Révisée en 2016, la directive NEC
Cependant, une étude (Citepa/Unifa 2018) a
(National Emission Ceilings) a été transposée
montré que le recours systématique à ces deux
l’année suivante en France sous la forme d’un
pratiques pour réduire les émissions de NH3
Plan national de Réduction des Émissions des
liées à l’utilisation d’urée et de solution azotée
Polluants Atmosphériques, autrement dit PREPA.
ne seraient pas suffisant pour atteindre les
objectifs nationaux. Ainsi, seule l’augmentation
en parallèle de la part des ammonitrates,
peu sensibles à la volatilisation, permettrait
d’atteindre les objectifs du PREPA.

Vers un encadrement plus strict de l’urée ?

« Il est très probable que de nouvelles contraintes réglementaires apparaissent dans un proche
avenir concernant l’utilisation de l’urée. Mais rendre obligatoire son enfouissement ou l’addition
d’inhibiteurs d’uréase, comme déjà c’est le cas en Allemagne, ne résoudra pas tout. Pour tenir
ses engagements internationaux, la France devra augmenter la part d’ammonitrates utilisés
sur le marché des engrais azotés à un niveau comparable à celui observé dans les années 2000.
L’industrie européenne est prête à répondre à cette demande car toutes ses capacités de production
sont restées intactes depuis cette époque.»
Pascal Bordes, responsable agronomie, veille et développement - Yara® France
 2. Volatilisation ammoniacale : toutes les formes d’azote
ne sont pas équivalentes

En matière de fertilisation minérale des cultures, la pollution de l’air par l’ammoniac provient
en grande partie de l’utilisation d’urée et de solution azotée. L’ammonitrate est l’engrais le
moins sensible au phénomène de volatilisation avec 1,3 % de pertes seulement.

Pour comprendre pourquoi l’urée et la solution
azotée, en particulier, émettent de l’ammoniac,
il faut se pencher sur leur composition et les
mécanismes de transformation de l’azote dans
le sol. Ces deux engrais contiennent de l’azote
uréique que les plantes sont incapables d’absorber
directement. Pour devenir assimilable, celui-ci
doit être préalablement transformé en ammonium
par des enzymes, avant d’être changé en nitrates.
C’est au cours de ce processus, appelé hydrolyse,
que les pertes d’ammoniac par volatilisation
interviennent, plus ou moins importantes selon
les conditions de sol (pH, CEC, humidité etc.)
ou de climat (températures élevées, vent etc.).
L’azote nitrique est directement assimilable
par les végétaux
À l’inverse, l’azote nitrique de l’ammonitrate est
directement assimilable par les plantes et n’est que
très peu sensible au phénomène de volatilisation
ammoniacale. La fraction ammoniacale de
l’ammonitrate, intéressante pour son assimilation
prolongée, n’est pas le résultat de l’hydrolyse de
l’urée et est moins sensible à la volatilisation.
Au final, l’ammonitrate s’avère être l’un des
engrais azotés les moins émetteurs d’ammoniac.

Solution
Ammo. azotée Urée
Volatilisation NH3 Pollution Acidification Eutrophisation

CO(NH2)2 Hydrolyse

+ –
NH4 Nitrification NO3

Ammonium
Nitrate

Schéma 1 : Impact environnemental des différentes formes d’azote. Source : Yara®

 Même enfouie ou inhibée, l’urée reste nettement plus sensible à la
volatilisation ammoniacale que l’azote nitrique
Incorporer l’urée ou la solution azotée à 10 – 15 cm de profondeur dans le sol réduit jusqu’à
70 % les pertes par volatilisation. Mais même dans ces conditions, les émissions d’ammoniac
restent plus de 3 fois supérieures à celles de l’ammonitrate ! Un binage superficiel (2 ou
3 cm) présente quant à lui un effet limité.
Ajoutés à l’urée, les inhibiteurs d’uréase permettent de diminuer jusqu’à 70 % les pertes par
volatilisation. Cependant, la dégradation des inhibiteurs au contact de l’urée pendant le stockage
diminue leur efficacité dans le temps. Ce phénomène est même aggravé dans le cas d’un mélange
avec la solution azotée ce qui, de fait, en proscrit l’utilisation.

Quelles sont les principales formes d’engrais azotés ?

Volatilisation
Composition (% de perte N ) (1)
Forme
Mode
Formes d’azote Application en plein sur
d’application sols pH ≤ 7
Titre (% de N) Densité
Conditions climatiques
moyennes
Urée Urée Solide (perlée, granulée) Centrifuge 13 %

46 % de N Densité 0,73 à 0,78 Pneumatique

Enfouissement
(10 à 15 cm)
Urée inhibée Urée + Solide (granulée) Centrifuge 4,6 %
Inhibiteurs d’uréase
Densité 0,73 à 0,78 Pneumatique
46 % de N
Solution azotée 50 % urée Liquide Pulvérisation 8,2 %
25 % azote ammoniacal (avant semis)
25 % azote nitrique Densité 1,3
Pendillards
30 % de N (p/v)
Enfouissement
(10 à 15 cm)
Ammonitrate 50 % azote ammoniacal Solide (perlée, granulée) Centrifuge
50 % azote nitrique
Densité (0,9 à 1) Pneumatique
Haut dosage :
33,5 % de N 1,3 %

Moyen dosage : 0,7 %

27 % de N

(1) Source : https://www.eea.europa.eu/publications/emep-eea-guidebook-2019

 3. Quelles conséquences pour la culture du maïs ?

En France, les pratiques de fertilisation azotée du maïs varient selon les bassins de production.
Toutefois, la forme d’engrais la plus utilisée sur cette culture reste l’urée, majoritairement
épandue en plein avec un épandeur centrifuge. Ce mode d’application, privilégié pour son
débit de chantier élevé, est aussi celui qui expose le plus l’urée au phénomène de volatilisation
ammoniacale. Sans être interdit, il est désormais fortement déconseillé.

Très pratiquée dans le Sud-Ouest, l’incorporation Application : à chaque technique ses

de l’urée dans le sol entre 10 et 15 cm de profondeur
limite la volatilisation. L’enfouissement nécessite
un matériel spécifique et implique un temps de
travail, ainsi qu’une consommation de carburant,
très supérieurs à un épandage en plein. Un simple
binage, trop superficiel n’est pas efficace pour
réduire les pertes d’azote dans l’air et ne peut se
substituer à l’enfouissement.
L’utilisation des inhibiteurs d’uréase avec l’urée
permet de réduire de manière significative la
volatilisation ammoniacale tout en pratiquant
l’épandage en plein mais elle entraine aussi un
surcoût. De plus, ces molécules se dégradent
naturellement dans le temps au contact de l’urée ce
qui peut poser un problème d’efficacité notamment
en cas de stockage prolongé et exclu de les utiliser
en mélange avec de la solution azotée qui les rend
rapidement inopérantes.
avantages et inconvénients
De toutes les solutions préconisées par le guide
des bonnes pratiques du PREPA, remplacer les
formes les plus émissives comme l’urée par de
l’ammonitrate est la plus performante.
Très peu sensible à la volatilisation ammoniacale,
ce dernier est de loin l’engrais azoté le plus
efficace d’un point de vue agronomique ou
environnemental. Polyvalent, il peut être utilisé
indifféremment avec tous types de distributeurs
d’engrais solide sans qu’il soit nécessaire de
l’enfouir.
Au-delà de l’impact environnemental, le mode
d’application joue aussi sur la performance
du chantier d’épandage. Aux stades précoces
du maïs (2-4 feuilles), les applications en plein
sont préférées à l’enfouissement pour la vitesse
d’intervention et pour ne pas déchausser les
jeunes pieds.
Avantage : ammonitrate, cependant l’épandage
en plein au stade 6-8 feuilles est à éviter pour ne
pas entraîner de brûlures au niveau du cornet.
Il est nécessaire alors d’utiliser une rampe munie
de pendillards pour le localiser dans l’inter-rang.
Essais sur maïs grain 2010 – 2016 (France) : rendement moyen selon la forme d’azote apportée

La solution azotée donne de meilleurs résultats que l’urée mais moins que l’ammonitrate.
L’enfouissement de l’ammonitrate ne présente pas d’intérêt en termes de rendement.
145.0

140.0
137.9

134.2 134.2
Rendement (q/ha)

135.0
132.5
130.8 130.5
130.0 128.9

125.0

120.0

115.0
Ammonitrate Ammonitrate Ammonitrate Urée Urée Solution azotée Solution azotée
4F 6-8 F enfouie 6-8 F enfouie 6-8 F enfouie

Fractionnement des apports azotés : ne pas négliger le stade 2-4 feuilles

« La meilleure stratégie de fertilisation consiste à fractionner les apports d’azote. Sur maïs,
ceux-ci se font traditionnellement en deux temps : au semis puis au stade bourgeon‑formation de
l’épi à 6-8 feuilles. Aujourd’hui, l’apport au stade 2-4 feuilles se développe pour ne pas négliger
l’intervalle entre le semis et le stade 6-8 feuilles. Une croissance rapide du maïs, sans interruption
jusqu’au sevrage, permet de gagner en rendement et de réduire l’humidité à la récolte. Pour un
apport moyen de 180 unités, il est de plus en plus courant de fractionner en 40 unités au semis, puis
30 unités au stade 2-4 feuilles. Le solde sera appliqué dès 6-8 feuilles ou au-delà. L’ammonitrate
est l’engrais azoté qui convient le mieux. L’azote nitrique qu’il contient est disponible tout de
suite pour les racines et il est très mobile. Les cultures démarrent plus vite, particulièrement les
semis réalisés en conditions froides et humides. Il est également recommandé pour les apports
tardifs sous le feuillage en pleine phase de croissance végétative. »
Cédric Boudes, Chargé de Marketing Opérationnel Yara® France
 4. L’ammonitrate, la solution technique et économique

L’urée est historiquement la forme d’engrais majoritaire sur maïs. Et si le PREPA et les
obligations réglementaires qu’il préfigure étaient l’occasion de passer à une forme d’engrais
moins émissive ? Supérieur à l’urée sur le plan physique (densité, régularité) et chimique
(assimilation rapide, faible volatilisation ammoniacale), l’ammonitrate possède de nombreux
avantages.

Une implantation rapide du maïs grâce à YaraMila® NP Loc

YaraMila® NP Loc est une gamme d’engrais composés apportant l’ensemble des nutriments
nécessaires au bon démarrage du maïs. Riche en azote nitrique immédiatement assimilable et en
phosphore soluble qui accélère le développement des racines, il favorise la vigueur du maïs en
début de cycle.
L’azote ammoniacal moins rapidement assimilé permet, quant à lui une action prolongée, pour
assurer la nutrition des cultures sur la durée. Complémenté en zinc, YaraMila® NP Loc palie aux
carences en cet élément, fréquentes sur maïs. La présence de soufre favorise l’absorption de l’azote.
YaraMila® NP Loc existe aussi dans une version complémentée en magnésium.
Il est recommandé d’apporter YaraMila® NP Loc à 5 cm de la raie de semis et à 5 cm de profondeur.
Il convient également en apport intermédiaire, en plein au stade 2-4 feuilles.

4.1 Quel équipement utiliser pour épandre l’ammonitrate ?

L’ammonitrate peut s’utiliser avec tout type de distributeurs d’engrais. Il ouvre aussi des
opportunités techniques comme la fertilisation localisée sous le feuillage.

Si l’épandage d’urée en plein avec un distributeur Dans le Sud-Ouest, de nombreux maïsiculteurs

centrifuge semble à terme, gravement compromis
par une nouvelle réglementation sur la qualité
de l’air, ce mode d’application reste parfaitement
adapté à l’ammonitrate aux premiers apports.
En revanche, il est déconseillé en post-levée à
cause du risque de brûlures des feuilles au niveau
du cornet.
utilisent un enfouisseur pour incorporer l’urée
au sol. Cette pratique n’est pas nécessaire avec
l’ammonitrate car il est très peu sensible à la
volatilisation ammoniacale ce qui lui permet
d’être épandu en surface tout en conservant de
meilleures performances que l’urée, même enfouie.
Rien n’interdit cependant, aux agriculteurs qui en
sont déjà équipés, d’utiliser leur localisateur pour
épandre l’ammonitrate, après l’avoir modifié en
démontant les coutres enfouisseurs.
Un enfouisseur spécialement adapté à
l’ammonitrate
Grâce à des déflecteurs, l’ammonitrate est
déposé au pied de la plante, sous le feuillage.
Cette technique limite les repousses d’adventices
et réduit d’autant le coût de désherbage.
Les dents à l’arrière de l’outil assurent le binage
et l’absence de coutres améliore le débit de
chantier. Plusieurs essais ont montré un gain
moyen de rendement de 3 q/ha sur maïs.

Des pendillards pour les apports sous le

feuillage
Avec l’ammonitrate, la fertilisation des inter-
rangs peut s’effectuer aussi à l’aide d’un
épandeur pneumatique muni de pendillards.
Cette technique permet de localiser l’azote, au
stade 6-8 feuilles tout en conservant un débit de
chantier élevé.

Les différents types d’équipements

Débit de
Largeur max. Notes
chantier
Epandeur centrifuge 51 m Elevé Déconseillé au-delà du stade 6 feuilles (risque de brûlures).
Précision dépendante de la densité du produit utilisé, du vent
et de la qualité du matériel.
Rampe pneumatique 36 m Intermédiaire L’utilisation de pendillards permet la fertilisation sous le
feuillage jusqu’au stade tardif limite passage tracteur.
Polyvalence engrais / amendements / graines.
Enfouisseur 10 rangs Faible Binage des inter-rangs et fissuration du sol.
Consommation accrue de carburant.
Usure des pièces.
Pulvérisateur 44 m Intermédiaire Engrais liquide uniquement.
Sensible à la dérive.
Brûlures sur feuilles.
Stockage et ravitaillement contraignants.
4.2. Plus cher à l’unité mais plus avantageux économiquement
L’ammonitrate est économiquement plus avantageux que les engrais à base d’azote uréique,
pourtant moins coûteux à l’unité d’azote. En effet, mieux valorisé par les plantes, son impact
sur le rendement compense les écarts de prix.

C’est une réalité : le choix de la forme d’engrais
dépend souvent de son prix d’achat. Selon le
rapport d’étude « Guide des bonnes pratiques
agricoles pour l’amélioration de la qualité de
l’air » (Ademe), le remplacement de l’urée ou
de la solution azotée par des ammonitrates
représenterait un surcoût de 10 % à 30 %.
En effet, l’ammonitrate est généralement plus cher
à l’unité d’azote que les autres engrais azotés, mais
il compense cet écart par sa meilleure efficacité
agronomique. De l’azote qui ne se volatilise pas,
c’est autant d’unités gagnées par les plantes et de
quintaux supplémentaires en fin de campagne.
Le surcoût produit lié au passage à l’ammonitrate
équivaut en moyenne à 2,5 q/ha de maïs par rapport
à l’urée mais une éventuelle obligation d’enfouir
l’urée ou la solution azotée rendrait leur mise
en œuvre plus coûteuse. Quant à l’urée inhibée,
son prix est supérieur à celui de l’urée classique :
+ 0,12 €/kg d’azote selon les estimations, le
ramenant à niveau très proche de l’ammonitrate.
Moins d’engrais pour un même niveau de
rendement
L’efficacité agronomique de l’ammonitrate
permet d’abaisser la quantité d’azote apportée
sans pénaliser le rendement. Les essais ont
ainsi démontré la possibilité d’atteindre un
rendement identique avec 30 unités de moins
sous forme d’ammonitrate. Dans les faits,
la diminution de la dose d’azote est peu
pratiquée. Passer de l’urée à l’ammonitrate
sans modifier le dosage génère, en moyenne,
9q/ha supplémentaires à la récolte, compensant
ainsi largement le surcoût de l’ammonitrate à
l’achat.France
« Comme les prix des engrais azotés sont liés entre
eux, quand l’urée est chère, l’ammonitrate l’est
également et inversement. Ainsi, la différence de
coût de fumure est assez stable, en moyenne de
l’ordre de 30-40 €/ha, et la différence de marge
en faveur de l’ammonitrate aussi, entre 100 et
235 €/ha dans le contexte de nos essais. »
Marc Lambert, responsable agronomique Yara® France

Analyse économique de l’utilisation d’ammonitrate et d’urée pour la fertilisation du maïs

(*) En raison des fluctuations du cours mondial de l’azote et de la volatilité du marché, d’importantes variations
de prix peuvent intervenir.
Le gain d’efficacité de l’ammonitrate renforcé à la campagne suivante
L’effet « historique de la fertilisation » est également à prendre en compte. Un essai longue durée
sur monoculture de maïs comparant, pendant 6 ans, les effets d’une fertilisation urée sur urée face à
ammonitrate sur ammonitrate, a démontré année après année, la meilleure efficacité de l’ammonitrate
entraînant des gains de rendement très significatifs, supérieurs à ceux obtenus dans le cadre d’une
comparaison entre les deux formes lors d’essais annuels.

Comparaison ammonitrate-urée en plein sur maïs irrigué dans un essai longue durée (synthèse 6 années)
Effet sur le rendement (q/ha) et le niveau d’azote absorbé (kg/ha)
Rendement(q/ha) Azote absorbé (kg/ha)
160.0 144.1 300
139.7 270
Ammo post Ammo Ammo post Ammo 261
140.0 132.7
Urée post Urée 126.4 250 235
Urée post Urée
120.0 129.1 219
109.9
121.2 186
100.0 114.6 200 215
206
102.6 191
80.0 90.7 150 166
60.0 48.7 144
91
100
40.0
40.9
20.0 50 70

0.0 0
0 50 100 150 200 250 300 0 50 100 150 200 250 300
dose N (kg/ha) dose N (kg/ha)
0 x-80 x-40 x x+40 x+80 0 x-80 x-40 x x+40 x+80
Essai ADA : 4 modalités Castetis 64 limons sableux Essai ADA : 4 modalités Castetis 64 limons sableux
maïs grain irrigué monoculture maïs grain irrigué monoculture

En moyenne sur 6 ans, à la dose X (dose bilan soit 210 N),
la différence de rendement en faveur de l’ammonitrate
est de + 18,1 q, résultat d’une meilleure valorisation de
l’azote illustrée par une augmentation de l’azote absorbé
qui est de 235 N pour l’ammonitrate contre 191 N
seulement, pour l’urée. Cette meilleure performance de
l’ammonitrate s’explique par un effet cumulatif dont le
bénéfice peut se mesurer sur la campagne suivante.
La meilleure efficacité de l’azote dans le cas de
l’ammonitrate est due essentiellement à la faiblesse
des pertes par volatilisation ammoniacale qui conduit
à l’augmentation des stocks d’azote dans le sol après
récolte, notamment sous la forme de résidus de culture.
A la fois plus importants et plus riches en azote, ils
pourront être mobilisés par la culture de l’année n+1
après minéralisation.

Ammonitrate en plein vs urée en plein (essai sur 5 ans)

Effet sur le niveau d’azote absorbé ( CAU)
90%

81 %
80% 77 %
73 %
Ammo en plein 72 %
70%
65 %
Urée en plein

60%

56 %
50%
53 % 53 % 51 %
47 %
40%
0 50 100 150 200 250 300
dose N (kg/ha)
0 x-80 x-40 x x+40 x+80
Dose bilan
Essai ADA : 4 modalités Castetis 64 limons sableux - maïs grain irrigué monoculture

En moyenne sur 6 ans, les coefficients d’utilisation de l’azote (CAU) sont significativement plus
élevés avec l’ammonitrate pour une même dose apportée.
5.

5. Impact environnemental : avantages de l’ammonitrate

Très gourmande en énergie fossile, la fabrication
d’engrais azotés produit des gaz à effets de serre CO2
qui contribuent au changement climatique.
Yara® a développé une technologie de catalyseurs qui
réduit de 90 % les émissions de N2O, améliorant
l’empreinte carbone de ses ammonitrates selon les
Meilleures Technologies Disponibles (MTD).
Au stade de la production, les ammonitrates émettent
plus de CO2 que l’urée. En revanche, la situation
s’inverse au champ après l’épandage.
En effet, l’hydrolyse de l’urée dans le sol entraine le
rejet du CO2 contenu dans sa molécule.
L’urée émet aussi davantage de N2O par dénitrification,
de sorte qu’au global, l’empreinte carbone de
l’ammonitrate est inférieure à celle de l’urée.
La solution azotée, mélange d’urée et de nitrate
d’ammonium, présente un bilan intermédiaire entre
les deux formes.
L’ammonitrate émet moins de protoxyde d’azote au
champ
Par ailleurs, les pertes par volatilisation ammoniacale
et la moindre efficacité agronomique de l’urée ou
de la solution azotée sont souvent compensées par
des majorations de doses pouvant atteindre 10 à
15 %, ce qui augmente d’autant le niveau d’empreinte
carbone.

L’empreinte carbone : la filière maïs s’organise

En plus de la question de la volatilisation ammoniacale et de ses conséquences sur la qualité
de l’air et la santé humaine, l’enjeu du réchauffement climatique lié aux gaz à effet de
serre devient de plus en plus marquant pour le développement d’une agriculture durable.
A cet égard, de gros progrès ont été réalisés, tant du point de vue de la fabrication des engrais que
de leur utilisation au champ, et l’ammonitrate apporte globalement une réelle plus-value sur le
plan environnemental. La filière maïs est en pleine réflexion sur la manière de valoriser ces efforts.
La dimension aspect « empreinte carbone » devient de plus en plus importante pour le consommateur.

Marc Lambert, responsable agronomique Yara® France

 6. En résumé
En pratique
Débit de chantier : L’ammonitrate étant peu sensible
à la volatilisation ammoniacale, il peut être appliqué
en plein avec un épandeur centrifuge, profitant d’un
débit de chantier élevé. Une rampe pneumatique ou un
enfouisseur feront aussi l’affaire.
Précision d’épandage : Les granulés d’ammonitrate
sont très réguliers. Leur dureté et l’absence de poussières
garantissent un bon épandage même en grande largeur.
Plus dense que l’urée ou l’urée inhibée, l’ammonitrate
est plus précis à l’application et moins sensible au vent.
Au champ
Volatilité : Moins sensible à la volatilisation ammoniacale,
l’ammonitrate augmente la quantité d’azote disponible
pour les cultures.
Disponibilité : L’azote uréique doit d’abord être
hydrolysé, puis dégradé par les bactéries du sol.
Ces processus sont longs et retardent la mise à disposition
de l’azote. Composé pour moitié d’azote nitrique,
l’ammonitrate est immédiatement assimilable par les
cultures.
Mobilité : Contrairement aux formes uréiques
et ammoniacales, l’azote nitrique contenu dans
l’ammonitrate est mobile dans le sol. Il atteint ainsi
rapidement les racines des plantes et favorise leur
croissance.
Apports précoces : L’azote nitrique de l’ammonitrate,
directement assimilable par les jeunes plantes, assure le
meilleur démarrage possible.
Apports tardifs : Les besoins du maïs en azote sont
particulièrement importants entre les stades 6 feuilles
et floraison mâle. Sa disponibilité fait de l’ammonitrate
l’engrais le plus efficace pour les apports tardifs en
végétation. L’urée ou la solution azotée mettent
plus longtemps à se transformer en azote nitrique.
Par ailleurs, le risque de volatilisation est renforcé lors des
derniers apports car les températures sont plus élevées.
Continuité : L’ammonitrate contient de l’azote
ammoniacal pour une alimentation prolongée des
cultures. L’assimilation de l’azote nitrique par les plantes
laisse ainsi à l’ammonium le temps d’être nitrifié. Il est
alors à son tour disponible pour les cultures et prend le
relais dans la durée.
Conditions climatiques : Le maïs est semé au printemps
sur des sols qui se réchauffent. Dans ces conditions, le
risque de volatilisation est particulièrement élevé avec
l’urée. L’ammonitrate, moins sensible au phénomène,
est particulièrement recommandé sur les cultures d’été
comme le maïs.
Jusque dans la benne
Rendement : Mieux valorisé par les cultures et plus
précis à l’application, l’ammonitrate permet d’obtenir
des rendements identiques avec moins d’azote (30 N en
moins en moyenne) ou des rendements supérieurs avec
une dose identique d’azote (9 q/ ha supplémentaires en
moyenne).
Qualité : Sur maïs fourrage, la quantité d’azote absorbé
supérieure se traduit par des matières azotées totales
(MAT) et protéines digestibles (PDI) plus élevées.
De la production en passant par le transport,
le stockage, l’épandage et la valorisation par
les cultures, l’ammonitrate est de loin l’engrais
azoté dont l’impact carbone est le plus faible.
Polyvalent dans son utilisation, moins sensible à la
volatilisation ammoniacale, plus vite assimilé par
les cultures, son efficacité agronomique n’est plus
à démontrer. Si son prix à l’unité en décourage
encore certains, d’autres ont déjà franchi le pas
avec succès se fondant sur des gains de rendement
assurés et un moindre impact environnemental.
Et si cette fois, les contraintes environnementales
apportaient finalement un vrai bénéfice côté
producteur ?
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alimentaire et à la fourniture d’énergie renouvelable pour une population
mondiale en croissance. Forts d’une longue expérience de la production des
engrais et d’une solide connaissance de la nutrition des cultures, nous croyons
que les engrais minéraux font partie intégrante d’une agriculture durable sur le
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